BHASE n°29 (juin 2016)
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SOMMAIRE

Trilogie strépiniacoise

Introduction 3-6

I a. Alexandre Bouret : Quarante jours de cellule (1852)

7-32

b. Dossier sur le docteur Bouret (1818-1872) : 17 documents

33-59

II. Léon Marquis : Étréchy et les fiefs environnants (1895-1896)

60-101

III Henry Génois, artiste peintre strépiniacois (1847-1917) : 43 œuvres et documents.

103-187

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ISSN 2272-0685

Publication du Corpus Étampois

Directeur de publication : Bernard Gineste 12 rue des Glycines, 91150 Étampes redaction@corpusetampois.com

BHASE n°29

Bulletin historique et archéologique du Sud-Essonne


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publié par le Corpus Étampois

juin 2016


COMITÉ DE LECTURE


Bernard Gineste Bernard Métivier Bernard Minet

† Bernard Paillasson


Trilogie strépiniacoise

Introduction 3-6

I a. Alexandre Bouret : Quarante jours de cellule (1852)

7-32

b. Dossier sur le docteur Bouret (1818- 1872) : 17 documents

33-59

II. Léon Marquis : Étréchy et les fiefs environnants (1895-1896)

60-101

III Henry Génois, artiste peintre strépiniacois (1847-1917) : 43 œuvres et documents.

103-187



Introduction


Ce que strépiniacois veut dire — mot bizarre né d’une étourderie de scribe —, peu le savent, en dehors des Strépiniacois eux-mêmes — c’est-à-dire des habitants d’Étréchy1, commune et chef-lieu d’un canton de l’Essonne, immédiatement au nord de celui d’Étampes.


Voici donc une première trilogie strépiniacoise, un bouquet de trois études relatives à ce charmant village digne de toutes les attentions et de nombreuses études, passées comme à venir.


*


  1. Le docteur Bouret (1852)


    Et voici tout d’abord le docteur Bouret d’Étréchy qui prend la plume, dans la prison d’Étampes où il est incarcéré pour la deuxième fois. Il nous raconte ce qu’a été sa vie jusqu’alors, et pourquoi et comment il était devenu un dangereux révolutionnaire surveillé par la police.


    1 Dans le département du Cher les habitants d’Étréchy s’appellent les Étréchyssois, et dans celui de la Marne les Étréchiats.

    Mais voici que son ancien camarade au collège d’Étampes, Cyrille Brossard, depuis vicaire de la paroisse Saint-Basile, le visite dans sa prison et lui prête un gros ouvrage de controverse religieuse. Cette lecture est pour lui une révélation. Bouret abandonne la politique, et se fait catholique ; et il le fait savoir, par le récit autobiographique que nous rééditons ici.


    Ce témoignage eut un grand retentissement local puisqu’il connut deux éditions aujourd’hui introuvables, sinon sans doute chez quelques rares et discrets bibliophiles. Même l’exemplaire conservé à la Bibliothèque nationale est interdit de consultation, et nous avons dû nous contenter de visionner sur d’inconfortables écrans, les microfiches qui en ont été tirées il y a quelques décennies.


    Après en avoir saisi le texte manuellement, nous avons cru devoir l’éclaircir par quelques notes, et l’augmenter de quelques documents relatifs au docteur Bouret et à sa famille — car il est bien difficile d’être à la fois révolutionnaire et père d’une famille nombreuse, et bien difficile de conserver sa clientèle quand on est en prison.


    Sans nous limiter à l’état civil, nous avons donc été chercher son dossier d’écrou, ainsi que ce qui pouvait se trouver en matière d’instruction judiciaire, où l’on voit bien que notre homme était bien surveillé par la police politique du temps. Nous y joignons encore quelques documents sur son ami Cyrille Brossard, ami pieux, et riche autant que bienfaisant, qui depuis a donné son nom à une rue d’Étampes bien connue de tous les élèves du collège Guettard.


    *

  2. La monographie de Léon Marquis (1895-1896)


    Léon Marquis, érudit local bien connu, s’était fait connaître surtout en 1881 par une monographie monumentale consacrée à la ville d’Étampes. C’est tout naturellement qu’il s’intéressa ensuite à d’autres localités de l’ancien arrondissement d’Étampes, telles que Milly-la-Forêt ou Étréchy. Nous rééditons ici l’étude sur Étréchy qu’il publia en deux parties disjointes dans deux numéros successifs du Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix, en 1895 puis 1896.


    *


  3. Le peintre Henry Génois (1847-1916)


Henry-Liphard Génois était d’Étréchy, et c’était un artiste- peintre de talent.


À la vérité il n’a jamais de son son vivant atteint à une réelle célébrité ; et son décès est passé presque inaperçu. C’est d’une part qu’il n’était pas facile de se faire remarquer au milieu du grand tintamare impressionniste, quand on restait dans une veine plutôt classique ; d’autre part qu’Henry Génois est mort obscurément dans le village de ses ancêtres, alors que tous les esprits restaient sidérés par le carnage de Verdun.


Depuis lors il est tombé dans cette espèce d’oubli injuste qu’on appelle le purgatoire des artistes. Pourtant, nous avons quelques raisons de penser qu’après un siècle exactement passé dans les oubliettes de l’histoire de l’art, Henry Génois est en passe de retrouver la place qui lui est due au panthéon des artistes du Sud-Essonne.

On ne fera pas ici la synthèse de ce que furent la vie et l’œuvre d’Henry Génois, tâche prématurée, même si d’autres sans doute se contenteraient bien de ce que nous avons déjà trouvé, pour tenter cette synthèse. Quant à nous, pour l’instant, nous nous contentons de présenter au lecteur un assez riche dossier de quarante-trois documents rangés dans l’ordre chronologique. Nous invitons le lecteur à s’y promener avec nous, sur des traces presque effacées. Dans quelques années nous y reviendrons, avec, il faut l’espérer, de nouveaux documents, et surtout d’autres œuvres oubliées qui seront inévitablement rendues à l’habile pinceau du plus grand des artistes strépiniacois.


B. G., été 2016

QUARANTE JOURS

DE CELLULE

PAR


Le Docteur A. BOURET


Prix : 30 centimes, au profit des Prisonniers.


ÉTAMPES

CHEZ FORTIN, LIBRAIRE

ET CHEZ L’AUMÔNIER DE LA PRISON

1852


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  1. B. Cette croix triomphale, qui orne la couverture de l’ouvrage original, se retrouve aussi sur les lettres à entête de la paroisse Saint-Basile d’Étampes de l’époque. (B.G.)


    QUARANTE JOURS DE CELLULE


    *


    Retour sur Moi-même. — Ma Conversion.


    Celui qui change de convictions par faiblesse ou par calcul, est un lâche, ou un hypocrite. Celui qui le fait pour obéir à la voix de sa conscience a droit à l’estime de ses concitoyens.


    À MES AMIS


    Je n’ai pas la prétention d’occuper le public de moi ; aussi ce n’est pas à lui que j’adresse cet opuscule. J’ai eu dans le parti républicain, un certain nombre d’amis dont plusieurs étaient animés des intentions les plus pures et les plus sincères. Bien qu’à dater d’aujourd’hui, je sois mort à la politique, mon cœur conserve son ancienne amitié pour ceux qui en sont dignes ; je les prie de me conserver la leur, et je souhaite qu’ils reconnaissent ainsi que moi, qu’ils se sont trompés sur les

    moyens qui doivent conduire au but que nous désirons tous. |2


    *

    * *


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    I.


    RETOUR SUR MOI-MÊME


    Après avoir terminé mes études classiques2, je me rendis à Paris vers la fin de l’année 1834, pour y étudier la médecine. Je pris ma première inscription au mois de novembre, et j’entrai immédiatement, sous la direction d’un de mes parents, comme élève bénévole, à l’hôpital Saint-Louis. Je commençais aussitôt à me livrer aux petits pansements des malades, ainsi qu’à l’étude de l’anatomie ; en même temps, je suivais un cours de chimie et de physique à la Faculté.


    Nous nous trouvions à Paris un certain nombre de camarades de collège ; de temps en temps nous nous réunissions ; nous mettions en commun notre petite fortune, et nous improvisions des petits repas fraternels. Quels bons et joyeux soupers avons- nous faits ainsi !


    Le plus ordinairement c’était chez quelqu’un de nous qu’on se réunissait. Là, sans nappe, sans serviette (c’eût été trop de luxe), souvent n’ayant qu’une assiette ou un verre pour deux, assis sur quelques mauvaises chaises boiteuses, éclairés par une chandelle fixée dans une bouteille ou sur quelque crâne humain, combien avons-nous passé de gais moments, sans souci de


    2 Au collège d’Étampes, où il eut pour camarade Louis Cyrille Brossard, celui-là même qui a donné son nom à la rue par laquelle rentrent les élèves dans l’actuel collège Guettard.

    l’avenir et tout entiers au présent ! Hélas ! où sont ces joyeux amis, et combien dorment maintenant du sommeil éternel ! |3

    À ce moment, les échos du canon de Saint-Merry3 et de la fusillade de la rue Transnonain4 vibraient encore dans l’air ; la jeunesse des Écoles était encore agitée par les souvenirs récents de ces terribles luttes, auxquelles plusieurs des plus anciens d’entre nous avaient été mêlés. On s’échauffait à leurs récits ; on s’indignait contre ceux que nous appelions les tyrans et les massacreurs ; les chants patriotiques retentissaient, les verres étaient choqués en l’honneur des victimes et au prochain triomphe de la liberté, puis on se disait adieu jusqu’à une prochaine réunion.


    J’étais alors logé chez un parent qui devait peu contribuer à éteindre ou à modérer mes sentiments politiques. D’une âme ardente et généreuse, bouillant et plein de feu quoique approchant de la soixantaine, la politique corruptrice de Louis- Philippe5 lui inspirait le plus profond dégoût ; et je lui rends cette justice de dire qu’il le détestait le plus cordialement qu’il

    soit possible de détester un homme, et qu’il ne lui ménageait pas les épithètes.


    Nourri de ces idées, j’étais devenu républicain ; mais dans la république je ne voyais que le renversement de Louis-Philippe et de son système. Ce n’est que plus tard, et à mesure que je prenais connaissance des hommes et des choses, que mes idées prirent un cours et tendirent vers un but déterminé par la nature de mon organisation morale.


    3 C’est le 6 juin 1832 que la garde nationale n’avait pas hésité à canonner les barricades dressées par les insurgés à Saint-Merry (B.G.).

    4 Du 15 avril 1834 (B.G.)

    5 Louis Philippe Ier, dernier roi des Français, de 1830 à 1848 (B.G.).

    Je passai près de sept ans à Paris. Appelé à faire |4 le service à l’Hôtel-Dieu, et à la Charité, puis de nouveau à Saint-Louis, en enfin à la Pitié, je campai successivement dans différents quartiers de la capitale. Une circonstance heureuse se présenta pour moi : bien jeune encore, j’éprouvai un vif attachement pour la bonne, l’excellente femme6 que j’ai maintenant le

    bonheur d’avoir pour compagne ; je l’épousai même avant d’être reçu docteur. Cette liaison7 me mit à l’abri de ces pernicieuses connaissances que forment tant de jeunes gens, et qui non seulement les entraînent à négliger leurs études, mais aussi bien souvent les conduisent à la ruine de leur santé, de leur fortune et de leur cœur ; ainsi je menai rapidement mes études et à vingt-trois ans, le 1er juillet 1841, j’obtins mon diplôme. Depuis ce temps, je me suis fixé dans l’arrondissement d’Étampes8, où l’exercice pénible de ma profession m’a permis, malgré de cruelles vicissitudes9, d’élever une nombreuse famille10.


    C’est dans les années qui précédèrent la révolution de février que mes idées commencèrent à prendre une teinte socialiste. En


    6 Il épouse à Paris le 19 mai 1841 Clémence Louise Royer, alors enceinte de plus de cinq mois (B.G.).

    7 Curieuse apologie, sous la plume d’un nouveau converti, de l’union libre dans laquelle Bouret a vécu à Paris avant d’épouser la mère de son fils

    aîné alors enceinte de leur deuxième enfant (B.G.).

    8 Précisément à Étréchy (B.G.)

    9 Allusion possible au choléra qui frappe à nouveau la région d’Étampes en 1849, mais plutôt à ses deux incarcérations à Étampes (B.G.).

    10 1° Jules Clément Bouret naît à Paris le 8 septembre 1839 ; 2° Louis

    Alexandre à Saclas le 8 septembre 1841 ; les suivants à Étréchy : 3° Marie Julie le 8 décembre 1843 ; 4° Henry Émile le 26 mai 1845 ; 5° Ferdinand Alfred, apparemment surnommé Léopold, le 17 août 1846 ; 6° Clémence Louise dont sa femme est enceintee au moment où il écrit ces mots, le 29 juillet 1852.

    jetant les yeux autour de soi à cette époque, quel est le cœur bien placé qui ne se serait vivement ému au spectacle de la dégradation morale qui envahissait toute la société depuis le faîte jusqu’en ses bas-fonds, et à la vue de tant de crimes, de vices et de misères ? Un gouvernement corrupteur pesait sur la France, et sous son |5 influence démoralisatrice, les fièvres des

    spéculations immorales et d’un agiotage effréné avait envahi une partie de la société.


    Dans les grandes villes, le sort des ouvriers était des plus misérables : entassés par les nécessités de l’industrie, dans des bouges infects, ils s’abâtardissaient au physique et s’abrutissaient dans la misère et les vices qui en sont la suite. Les contestations entre eux et les maîtres renaissaient sans cesse, les grèves se multipliaient, et ne se terminaient pas toujours sans qu’il y eût du sang de versé. Les enfants eux- mêmes, ces pauvres enfants à qui la lumière, l’air et la liberté sont si nécessaires, étaient écrasés dans les fabriques sous le poids d’un travail trop précoce ; leur corps s’étiolait et leur intelligence était ensevelie sous la crasse de l’ignorance. Toutes ces causes exerçaient une influence si pernicieuse sur les jeunes générations que, dans certaines grandes villes manufacturières, il est arrivé plusieurs fois qu’on n’a pu former le contingent faute d’hommes valides. À la vérité, on publiait des lois sur le travail des enfants dans les manufactures, mais ces lois, déjà si peu efficaces, on ne le les faisait pas exécuter.


    La situation des habitants des campagnes n’était pas meilleure. Quoi de plus triste que l’existence des paysans, vivant à peine civilisés, dans leurs chaumières à demi ensevelies dans le fumier et les |6 immondices ; courbés sous un travail plus dur que celui de leurs bêtes de somme. Pour surcroît de maux, la disette et la famine frappaient déjà des provinces entières de leur aile funèbre. Qui ne se souvient de cette

    malheureuse année 1846-1847, l’année du pain cher, où le peuple pressé par la faim, mauvaise conseillère (malesuada fames11), commençait à se ruer sur ceux qu’on accusait d’être des accapareurs, et à en éventrer quelques-uns. Dans cette année de sinistre mémoire, des têtes roulaient sur l’échafaud, dans une ville de province, au milieu du serrement de cœur de la population qui pressentait déjà d’autres catastrophes.


    J’abrège cet affligeant tableau, qui, malheureusement, est encore vrai dans beaucoup de points.


    J’ai vu la plupart de ces misères ; mon cœur en a été affligé, j’ai cru qu’on pouvait y porter remède ; j’ai pensé qu’il y avait des améliorations à opérer dans cet état de choses, et des changements à faire dans l’ordre social ; je n’ai pas voulu croire, ainsi qu’on le répétait en hauts lieux, que tout allait pour le mieux ; voilà pourquoi je suis devenu socialiste. Si j’ai été coupable, c’est d’avoir eu la pensée d’améliorer le sort de mes semblables, en me trompant sur les moyens.


    J’ai payé de ma liberté, de mon sang, presque de ma vie, mon attachement à mes idées, parce qu’elles étaient sincères ; transporté sans jugement, je n’ai |7 jamais, dans les ennuis de dix-huit mois de captivité12, loin de tout ce que j’aimais au monde, fait entendre une plainte, exprimé un regret de ce que j’avais fait. Les hommes avaient pu me condamner sans m’entendre ; quant à moi, la pureté de mes intentions me


    11 Citation classique du poète latin Virgile, Énéide VI, 276 : « la faim mauvaise conseillère », épithète homérique alors connue de tous les écoliers.

    12 D’abord à Étampes, du 17 juillet au 15 octobre 1848, puis à Versailles, apparemment jusqu’en février 1849.

    justifiait à mes yeux, et me donnait la force du supporter courageusement l’adversité.


    Aujourd’hui encore, je crois que la société est bien souffrante ; mais je pense qu’il faut demander à une autre raison qu’à la raison humaine les remèdes qu’il convient de lui appliquer.


    De retour dans ma famille, je m’occupai surtout du soin de rétablir ma clientèle ; après deux années de travail assidu, j’y parvins. Au milieu des occupations que me donnait l’exercice de ma profession, mes convictions avaient toujours une grande place dans mon esprit.


    Mais l’âge mûrissait mes pensées, et bien souvent, en réfléchissant, j’étais obsédé par des doutes qui me poursuivaient et me plongeaient dans une profonde anxiété.


    Je commençais à croire que l’établissement des idées socialistes ne pourrait pas se faire sans une lutte à main armée.


Nous nous contentons ici de donner les références archivistiques disponibles sur le site internet des Archives départementales de l’Essonne.


Testament de Louis-Cyrille Brossard en date du 2 décembre 1884, chez maître Dardanne à Étampes : « Étampes III Gabriel Dardanne AD91 8U 52 (1874-1894) ».


Copie du répertoire des actes reçus par Me Gabriel Alphonse Louis Dardanne, notaire à Étampes, pendant l’année 1886 :

« N° du répertoire : 26. — Date : 22 [janvier 1886] — En minute : Dépôt de testament olographe — Noms, prénoms et


73 Frédéric Gatineau, Étampes en lieux en place, Étampes, A travers champs, 2003, p. 24.

domiciles des parties : Brossard (sr Louis Cyrille) domicilié à Étampes ; décédé à Paris, rue du faubourg Saint Denis, n°200 le 17 janvier 1886. »


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Saint-Étienne d’Étréchy (Gravure de Philip Henry Delamotte, 1854)

ÉTRÉCHY

ET LES FIEFS ENVIRONNANTS


Léon Marquis, 1896-1897


I.

LE BOURG ET SON PRIEURÉ


Ainsi que pour la plupart des anciennes localités, on ne connaît pas l’origine reculée de l’ancien bourg d’Étréchy près d’Étampes.


Remonte-t-il à l’époque de l’âge de pierre ? La découverte en ce lieu et aux environs de quelques instruments en pierre taillée et polie ne sont pas une preuve suffisante.


On ne peut non plus affirmer son existence à l’époque gallo- romaine ou à l’époque franque, malgré la découverte de quelques monnaies romaines et d’une petite monnaie d’or au type d’Anastase, frappée par un monétaire mérovingien et trouvée il y a peu d’années au fond d’un puisard.


L’Itinéraire d’Antonin et les Tables de Peutinger n’indiquent pas Étréchy sur le passage de la voie romaine de Lutèce à Genabum, et donnent seulement le nom de Salioclita comme lieu d’étape entre ces deux villes ; mais, selon toute apparence, elle passait par Étréchy, dont le nom même rappelle la position sur cette route74. Remarquons en outre qu’il était à la rencontre


74 Dutilleux. Les anciennes routes de S. et O. — 1881 in-8.

de la voie romaine et de l’ancien chemin du Gâtinais se dirigeant sur Chartres, comme nous le verrons par la suite.


En l’absence de preuves sérieuses, bornons là nos conjectures et constatons que ce bourg est très ancien et qu’il y a des preuves certaines de son existence sous le règne de Philippe Ier.


Autrefois Estrechi, Estrechy et Estréchy-le-Larron ; en latin Stripiniacum, Stripaniacum, Attichiacum, Estreciacum, Estrechiacum, Estorciacum.


Situé dans la Beauce gâtinaise et dans le Hurepoix, ce bourg était de la coutume, du bailliage et du doyenné d’Étampes, et |52 par suite du diocèse de Sens ; enfin, il appartenait à la fois à l’Orléanais et à la généralité de Paris75.


Nous ne confondrons pas cette localité avec deux autres du même nom qui en sont assez éloignées et qui sont situées l’une dans le Berry et l’autre dans la Champagne.


L’Église d’Étréchy est dédiée à Saint-Étienne et remonte à la fin du XIe siècle. Elle se compose d’une nef, d’un transept et de deux bas-côtés. Le clocher est une tour carrée assez élégante située au centre de l’église. Elle est percée de huit fenêtres ogivales à abat-son, dans le style du XIIe siècle. Ces fenêtres, accouplées deux à deux sur chacune des faces, ainsi que la forme de la toiture font de ce clocher un diminutif de celui de St-Basile d’Étampes.


À l’intérieur, on remarque plusieurs grandes et belles fenêtres ogivales et sur les parois latérales des murs des bas-côtés, des restes apparents d’anciens tombeaux arqués : il y en a encore

neuf à gauche qui sont assez bien conservés, mais on n’en découvre plus que trois à droite, les autres ayant à peu près disparu. Enfin, sur le sol et servant de dalles, se voient quelques pierres tombales assez anciennes, si on en juge par le peu qui reste des inscriptions. Ces pierres proviennent sans doute de l’ancien cimetière qui, comme c’était autrefois l’usage, était contigu à l’édifice.


Cette église dépendait du prieuré de St-Étienne d’Étréchy, de l’ordre de saint Benoît, bâti sur des terres données à l’abbaye de St-Germer de Flex en Beauvaisis, par un gentilhomme nommé Anselle ou Anseau, qui fut touché des vertus et de la sainteté des religieux de cette abbaye de bénédictins.


L’église d’Étréchy leur fut également donnée par Anseau et par Haymon qui en avaient chacun la moitié. Elle existait donc avant la donation qui remonte, selon toute apparence, à la fin du XIe siècle et qui posait cette condition qu’un certain nombre de moines quitteraient leur abbaye pour fonder une succursale à Étréchy, où s’établit en effet une colonie de religieux. L’ancien fief, qui existe encore, longe le mur septentrional de l’église et comprenait autrefois un corps-de-logis et une grange dans laquelle on déposait les dîmes. |53


Anseau fit peu de temps après à l’abbaye naissante une nouvelle donation, car il lui abandonna « les héritages et les biens qu’il avait au village de Morigny... »76.


Mais le séjour des moines à Étréchy fut de courte durée et ils allèrent s’installer à Morigny, invités, dit la chronique, par la beauté et la fertilité du lieu. Ils mirent aussitôt la main à l’œuvre

et en peu de temps, aidés de la charité des habitants d’Étampes et des environs, ils bâtirent une église et un monastère capable de contenir un nombre considérable de religieux.


« — Ô toi qui lis ceci, dit le chroniqueur du couvent, admire et loue la constance de nos prédécesseurs. Apprends comment ils surent par bien des fatigues et bien des labeurs se fixer dans ces lieux, et bâtir, des aumônes du pauvre, tous ces édifices qui frappent tes regards. Nul roi, nul comte, aucun puissant seigneur ne les a élevés77 ».


Mais, nous ne voulons pas écrire l’histoire de la célèbre abbaye de Bénédictins. Qu’il nous suffise de constater qu’elle a eu son origine à Étréchy vers la fin du règne de Philippe Ier et que ce prince fait mention de l’abbaye de Morigny dans plusieurs actes au commencement du XIIe siècle.


Le plus ancien est un acte approuvé par ce roi en l’année 1102, contenant bail, moyennant vingt sols de rente annuelle, d’une métairie située à Maisons-en-Beauce, par les religieuses de l’abbaye de Saint-Eloi de Paris, à l’abbaye de Morigny représentée par l’abbé Regnault, 1er abbé78.


La date de 1106, donnée dans plusieurs ouvrages, comme année de la fondation, est donc tout à fait erronée. Cette date est celle de la donation à l’abbaye de Morigny de l’église collégiale de St-Martin d’Etampes et de ses prébendes.


L’établissement religieux d’Étréchy fut conservé comme prieuré, et quelques bénédictins continuèrent d’y résider sous


77 De Montrond, Essai historique sur Étampes, 1836, in-8°, tome I. p. 99. Interprétation du liv. 2 de la Chronique de Morigny.

78 D. Fleureau, p. 498.

l’autorité d’un prieur claustral. Mais l’abbaye de Morigny exerçait sur le prieuré, qui lui était subordonné, des droits de juridiction, de redevance et de mense conventuelle ; réservant aussi les droits de |54 nomination non seulement au priorat, mais encore à la cure de St-Étienne.


D’après une charte datée de l’année 1120, le roi Louis-le-Gros prend sous sa protection et sauvegarde plusieurs terres, villages et églises des environs d’Étampes, notamment « le village de Morigny avec tous les droits appartenant à l’abbaye, ses métairies, le village de Bonvilliers… l’Église d’Étréchy, la dîme et tout ce qui en dépend, avec cent soixante hostes ou habitans qui doivent censive…79 ».

Vers l’année 1140, Thevin, 5e abbé de Morigny, fit embellir et agrandir les cours du prieuré d’Étréchy.


Quelques années plus tard, il y eut des contestations entre l’abbaye de Morigny et un nommé Guillaume, du bourg d’Étréchy, qui prétendait avoir des droits sur la justice et la prévôté d’Étréchy, mais le roi jugea lui-même le différend et Landry, 7e abbé de Morigny, ayant apporté des preuves de ses droits, Guillaume fut débouté de sa demande par des lettres patentes datées du Palais d’Étampes, en l’année 1158.


En 1161, Hugues de Toucy, archevêque de Sens, confirma à l’abbaye de Morigny la possession de l’église d’Étréchy80.


En l’an 1200, Pierre de Corbeil, archevêque de Sens, pour mettre un terme aux contestations qui avaient lieu entre l’abbaye de Morigny et le curé d’Étréchy, fit un règlement sur


79 D. Fleureau, p. 494.

80 D. Fleureau, pp. 512, 514 et 517.

leurs droits respectifs concernant les émoluments accordés au curé et au prieur d’Étréchy, pour les messes et offices religieux, droits payés en seigle, vin et argent.


En 1232, Robert II, 13e abbé de Morigny, fit faire un règlement en 11 articles pour la bonne administration de son abbaye. L’article 7 dit « qu’il unit au prieuré d’Étréchy la dîme du même lieu en échange de la terre de Parey ».


C’est pendant que Robert II était abbé de Morigny que Guillaume Menier, bailli et châtelain d’Étampes, fit à l’abbaye de Morigny deux donations : l’une de janvier 1230, d’un clos de vigne appelé le Clos Camel, situé à Fourchainville, près Villeconin, à condition de distribuer le vin en provenant pendant l’avent et le carême de chaque année dans le réfectoire

des religieux; l’autre, de |55 l’année 1232, de tout droit qu’il avait sur une métairie de Boinville près Châlo-St-Mard, à

condition également que le revenu en provenant serait employé à la nourriture des religieux pendant l’avent et le carême81.


Guillaume Menier était un personnage éminent, très considéré à la cour de Philippe-Auguste, car, d’après des actes de ce roi, on voit qu’il l’a choisi plusieurs fois comme arbitre avec frère Aimard, trésorier du Temple ou Guérin, évêque de Senlis, pour régler des différends entre des seigneurs et des hauts dignitaires de son temps.


Il est qualifié de châtelain d’Étampes en 120782, de bailli du roi en 1219 et 122183 et de châtelain et bailli d’Étampes de 1230 à 123284.


81 D. Fleureau, pp. 520, 527 et 526.

82 D. Fleureau, p. 597.

Or, la matrice en bronze du sceau de Guillaume Menier fut trouvée à Étréchy en 1832. C’est au cours de travaux pratiqués sur l’ancien cimetière contigu à l’église, pour la construction d’une école communale, que l’on découvrit un ossuaire ; et, parmi les ossements, on rencontra le dit sceau. D’après les recherches consciencieuses de M. le Dr Duhamel, l’ossuaire

provenait de sépultures existant dans l’intérieur de l’église et qui auraient été violées sous la Terreur.


L’ancien bailli avait-il une résidence à Étréchy, auquel cas il aurait eu son tombeau dans l’église du lieu, car sa famille semble être des environs ? Cela est possible, ou bien, le sceau aurait-il été confié à l’abbaye de Morigny, qui avait des fiefs à Étréchy, ainsi que le conjecture M. Dramard85 ? C’est ce que nous ne pouvons établir. N’est-il pas plus probable que

Guillaume Menier, bienfaiteur de l’abbaye de Morigny et du prieuré d’Étréchy, aura tenu à reposer près de ceux dont il avait voulu s’assurer, par ses libéralités, les prières et la reconnaissance ; et c’est là, du |56 reste, un usage constant dans l’histoire des fondations pieuses ? Cet objet très intéressant et en très bon état est conservé aujourd’hui au musée d’Etampes.


83 Delisle. Actes de Philippe-Aug. 1856, in-8.

84 Chronique de Morigny et D. Fleureau, p. 526.

85 Bull. du comité des travaux hist. et scientif. 1882, p. 70. Dans ce

bulletin et dans une feuille locale M. Dramard dit que le sceau en bronze a été découvert en 1866 par un maçon occupé à réparer un mur de soutènement, au sud-ouest de l’église ; notre compatriote a sans doute été induit en erreur, car M. Duhamel, qui habite la localité, doit avoir des données plus précises.

Ajoutons qu’un autre sceau analogue, mais en cire et plus petit, est appendu à une charte de l’année 1211 conservée aux Archives nationales86.

Au mois de juillet 124387, nous voyons Guillaume 1er, 15e abbé de Morigny, obliger par lettres données sous ses sceaux, le nommé Anseau, prieur d’Étréchy, de payer tous les ans à l’abbaye de Morigny 20 sols parisis de rente pour la nourriture des frères le jour anniversaire de la mort de Guyard Papillon. Le prieuré avait reçu de l’abbaye une vigne qui avait été achetée avec la somme léguée par Papillon pour la fondation de son anniversaire88.


Nous avons vu plus haut que les émoluments dus au prieur d’Étréchy étaient payés en vin, au commencement du XIIIe siècle; cela prouve qu’il y avait des vignes à Étréchy à cette époque.


Elles étaient même nombreuses encore au XVIe siècle, car dans des manuscrits du temps, il est souvent question du

« vignol » ou vignoble d’Étréchy. En 1573, Noël Blossier était vigneron dans ce lieu89.


86 Douet d’Arcq. — Collection de sceaux.

87 D’après D. Fleureau, il faut lire juin 1240 (p. 531), mais d’après les termes de la charte citée par M. Menault (Morigny et son abbaye, p. 129) c’est plutôt juillet 1243 qu’il faudrait lire.

88 D. Fleureau, p. 531.

89 Arch. de Seine-et-Oise. E - 4475, E - 4376.

En 1740, d’après une statistique officielle, il y avait encore

140 arpents de vigne produisant 420 muids de vin, année moyenne90.


En 1789, il en restait encore une certaine quantité ainsi que le constatent les cahiers de doléances de Vaucelas et Chauffour91.


Adam Allaire était prieur-curé d’Étréchy en 1370, d’après un sceau conservé aux archives de Seine-et-Oise92.


Dans une transaction du 26 mars 1391 entre Louis d’Évreux,

|57 comte d’Étampes et Guillaume III, 24e abbé de Morigny, au

sujet des droits de justice, on voit que le seigneur Louis d’Évreux « délaisse et abandonne aux religieux de Morigny et à leurs successeurs toute la justice et jurisdiction qu’il avait et pouvait avoir en toute la ville, paroisse et terroir, et en tous les fiefs et voiries de la dite ville d’Estrechy; sauf audit M. le comte, comme souverain, la voyrie de la grande rue de la dite ville, et toute justice haute, moyenne et basse en plusieurs fiefs et censives tenues par gentilhommes en la dite ville et terroir, qui en rien ne sont tenus ni mouvans des dits religieux, en fief et en censive... Auront les dits religieux, à toujours, toute justice haute, moyenne et basse en et sur tous leurs fiefs de la dite ville

et paroisse et territoire d’Estrechy…93 ».


90 Mém. manuscrit de la généralité de Paris en 1740 de l’intendant Hérault.

91 M. Legrand et L. Marquis. Le bailliage d’Étampes aux États généraux. Les cahiers des paroisses pp. 225 et 268.

92 Henri Stein. Quelques sceaux inédits du Gâtinais. Ann. de la Soc. hist.

du Gât., 1885, p. 270.

93 D. Fleureau, p. 541.

L’abbé Guillaume III aurait donc obtenu par cette transaction des avantages pour les droits de l’abbaye dans la paroisse d’Étréchy, sans compter d’autres droits de justice dans d’autres villages de Beauce et dans « la Foire d’Estampes, qui dure chacun an depuis le samedy après l’Ascension, soleil couchant, jusqu’à la veille de la Pentecoste, soleil couchant, et de tous les droits, profits et émolumens d’icelle foire...94 ».


En 1856, on découvrit dans l’église d’Étréchy, une matrice de sceau en bronze qui paraît être celui de Guillaume III, abbé de Morigny.


D’après le savant rapport de M. le docteur Duhamel, inséré vingt ans après dans une feuille locale, l’abbé Rames, curé d’Étréchy, en faisant pratiquer des fouilles dans un vaste caveau situé au-dessous de l’abside, fit mettre à découvert des squelettes mêlés à des gravois. Dans les déblais, qui furent transportés au dehors, un enfant ramassa le sceau en question qui est d’une belle conservation ; nous en donnons plus loin la reproduction.


Il a 20 millimètres de diamètre et 2 millimètres d’épaisseur. Il porte dans le champ, entre les majuscules P et G, une crosse abbatiale ornementée. Il est monté sur un manchon aplati, long de 28 millimètres et percé d’une ouverture à son extrémité95. |58


94 D. Fleureau, p. 541.

95 Ce sceau fait aujourd’hui partie des collections de notre collègue, M.

  1. Legrand, d’Étampes, auquel nous en devons la bienveillante communication. Nous sommes heureux d’ajouter qu’il nous a aidé de ses conseils judicieux, nous communiquant beaucoup de renseignements précieux et de notes intéressantes utilisées au cours de ce travail.

    Le style des lettres et la forme de la crosse font remonter le sceau à la fin du XIVe siècle. Les initiales P G peuvent signifier Pater Guillelmus, et c’est alors à Guillaume III, qui succéda à Jean de Jaussigny en 1373 et mourut vers 1398, qu’on devrait l’attribuer, d’autant plus que cet abbé a été enterré ailleurs qu’à Morigny, son nom ne figurant pas dans la liste des tombes qui se voyaient encore dans l’abbaye en 168396.


    image

    Enfin, on remarque sur les murs latéraux dans chacun des bas- côtés de l’église, des restes assez importants de pilastres et d’arcades formant saillie, qui indiquent certainement d’anciens tombeaux arqués ou Enfeux. C’est là que reposaient, selon toute apparence, les anciens prieurs et curés d’Étréchy; peut-être aussi l’abbé Guillaume III et quelques autres abbés de Morigny.


    L’hypothèse ainsi formulée ne serait pas trop hardie. Dom Fleureau nous apprend que le territoire d’Étréchy appartenait à plusieurs seigneurs à la fin du XVIIe siècle.


    Une partie relevait de Jean de Bauchar (ou Bochart), seigneur de Champigny, qui y exerçait justice haute, moyenne et basse, en titre de prévoté sur ses sujets. Un de ses ancêtres, Jean de


    96 D. Fleureau, p. 556.

    Bochart, 2me du nom, possédait Champigny dès le XVe siècle, par suite de son mariage avec Jeanne Simon, nièce de Jean Simon de Champigny, évêque de Paris, qui lui donna cette terre97. Trois ou quatre maisons étaient de la censive et justice du sieur Mérault, seigneur de Villeconin. Enfin, le roi avait censives sur toutes les maisons de la Grande-rue, de part et d’autre, depuis celle des Trois-Rois, jusqu’à |59 la porte de Paris, et le prévôt d’Etampes y avait juridiction98.


    D’après ceci, le bourg était fortifié et entouré, sinon de murailles flanquées de tours, au moins de fossés plus ou moins profonds.


    Le 21 mai 1573, Jean d’Orléans, seigneur de Bastardes, reçut l’hommage de Jacques d’Estampes de Valençay pour une dîme appelée « la dixme de bled d’Estréchy, mouvante du lieu seigneurial de Rere99 ».


    En 1700, le revenu du prieuré d’Étréchy était de 400 livres et l’abbé Nouet, docteur en Sorbonne, en était titulaire100.

    En 1740, la Prévôté d’Étréchy relevait du marquis de Talaru. Il y avait à cette époque sur ce territoire 166 arpents de prés et

    266 arpents de bois101.


    97 Moréri. Dict. Historiq., art. Bochart.

    98 D. Fleureau, p. 48.

    99 D’Hozier, Armorial de France, Reg. 3, 2e partie. Art. Orléans, p. 61. Le lieu de Rere dont il est ici question, est sans doute le même que Parey dont nous avons parlé précédemment à la date de 1232.

    100 De Boislisle. Mém. cité. p. 50.

    101 Mém. ms. cité.

    De 1713 à 1760 on sait qu’il y eut en France de grandes dissensions religieuses par suite de la publication de la célèbre Bulle Unigenitus du pape Clément XI102.


    Dès l’année 1717, dans un acte pardevant notaire, 23 prêtres d’Étampes et des environs font appel de la Bulle, et dans le nombre nous voyons l’abbé Navet, curé d’Étréchy103.


    La publication d’un nouveau catéchisme par l’archevêque de Sens ne calma pas les esprits, car 76 curés du diocèse de Sens signèrent des mémoires et des remontrances au sujet de la Bulle et de ce nouveau catéchisme. Nous n’entrerons pas dans le détail des troubles qui eurent lieu dans notre contrée notamment à la Ferté-Alais et chez les religieuses de la Congrégation à Étampes ; disons seulement qu’à cette époque, suivant une lettre d’un Récollet à l’archevêque de Sens du 5 août 1735, une assemblée aurait été tenue à Étréchy et présidée par un des plus

    célèbres docteurs parmi les appelants104. |60


    En 1755, la cure d’Étréchy valait 900 livres par an à son titulaire l’abbé Cassin et le revenu du prieuré était de 300 livres105.


    La maison prieurale, avec basse-cour, jardin et dépendances, fut vendue comme bien national en 1791 et adjugée le 23 mars au nommé Choiseau, moyennant 7.225 livres106.


    102 Nouvelles ecclésiastiques. Années 1731 et suiv.

    103 Lettre de MM. les doyens, chanoines... d’Étampes et du district à Mgr le cardinal de Noailles, par Voizot, doyen de Ste Croix, 1717.

    104 Nouv. eccl. Année 1738, p. 167.

    105 Hernandez, Descr. de la généralité de Paris, 1759, in-8.

    106 Arch. de Seine-et-Oise.

    Nous donnons ci-dessous quelques chiffres pour la population du bourg :

    En 1709 — 136 feux107.

    En 1740 — 177 feux, 537 habitants au-dessus de 8 ans, 90

    chevaux, 128 vaches, 275 moutons et 5 pourceaux108.

    En 1778 — 165 feux et 420 communiants109.

    En 1789 — 182 feux, d’après l’État des paroisses… qui ont envoyé des députés à l’assemblée des Trois États du 9 mars110.

    En 1810 — 969 habitants.

    En 1832 — 1.040 —

    En 1862 — 1.201 —

    En 1880 — 1.256 —

    En 1895 — 1.406 111


    On voit que la population a sensiblement augmenté dans ces derniers temps et surtout depuis la construction de charmantes villas auprès de la station du chemin de fer.


    *

    * *


    107 Saugrain. Dénombr. du royaume. 1709, in-12.

    108 Mém. ms. cité.

    109 Almanach de Sens pour 1778. Avant la révolution, la population de Vaucelas est comprise en dehors de celle de la paroisse.

    110 M. Legrand et L. Marquis. — Les Trois Etats du bailliage d’Etampes

    en 1789, pp. 5 et 6.

    111 Annuaires de Seine-et-Oise.

    II.

    LA MALADRERIE St NICOLAS D’ÉTRÉCHY


    Dès le XIIe siècle il y avait à Étréchy un hôpital ou une maladrerie dédiée à St Nicolas. En l’année 1173, un accord eut lieu entre Haimery, 8e abbé de Morigny et le maître de l’hôpital d’Étréchy, pour une terre dépendant de l’abbaye de Morigny qui avait été donnée à cet établissement hospitalier112. |61


    Lors de la rédaction de la coutume d’Étampes, le 20 septembre 1556, on voit comparaître en la salle du Séjour pour

    « l’État de l’Eglise » :

    « Messire François Merault, Maistre et Administrateur de la Maladrerie Saint Nicolas d’Estrechy... Le curé d’Estrechy, représenté par Messire Jean Houdon, son vicaire, assisté de Soreau son Procureur... »113


    C’est probablement dans cet hôpital qu’étaient soignés les blessés et les malades lors du passage des gens de guerre à Étréchy. Sans doute là aussi furent établies les cuisines où furent soignés et nourris les pauvres et les infirmes pendant la misère de 1652 et années suivantes, comme il sera dit ci-après, en parlant des gens de guerre à Étréchy.


    Suivant un arrêt du conseil du roi du 15 avril 1695, les biens de la maladrerie d’Étréchy furent réunis à l’Hôtel-Dieu d’Étampes, à charge de satisfaire aux prières, services de fondation et de recevoir les pauvres malades d’Étréchy, à


    112 D. Fleureau, p. 518.

    113 Coutume d’Étampes, 1720, in-8, p. 486.

    proportion du revenu de la maladrerie, lequel était alors de 100 livres114.


    Un autre hôpital a existé dans la Grande rue non loin de l’église d’après ce qu’a bien voulu nous dire un ancien maire d’Étréchy, mais nous n’avons trouvé ailleurs aucun autre renseignement à ce sujet.


    *

    * *


    114 Voir la pièce justificative A.

    Menault. Morigny et son abbaye, 1867, in-8, p. 206.

    III.

    LA CHAPELLE DES CORPS-SAINTS


    La maladrerie dont nous venons de dire quelques mots était située à droite de la route de Paris en partant d’Étampes, et à 1 kilomètre environ avant Étréchy; mais il y avait à gauche, à peu près en face, sur les bords d’un petit ruisseau affluent de la Juine115, la chapelle dite des Corps Saints sur laquelle on n’a également que très peu de documents, car D. Fleureau et de

    Montrond ont gardé le silence sur ces deux fiefs.


    Ajoutons que ce ruisseau s’appelle encore le Ruisseau des Corps-Saints. |62


    On sait cependant que la chapelle était de fondation royale et à la collation du roi et qu’elle rapportait environ 200 livres à son titulaire. En l’année 1658, Charton, grand pénitencier de Paris, en était chapelain et en 1695 elle était possédée par le sieur François, ès-chevalier116.


    Un miracle a été opéré, dit-on, à l’endroit appelé la Chapelle des Corps-Saints, soit que cette chapelle existât déjà, soit qu’elle ait été érigée à cette occasion.


    C’était un jour où l’on faisait la translation des reliques des Corps Saints ou Patrons de la ville d’Étampes dans une nouvelle châsse, à l’église Notre-Dame d’Étampes. Un


    115 Voir la carte de Cassini.

    116 Menault. Déjà cité, p. 206. Quesvers et Stein, Pouillé de Sens 1894, in-4°.

    bûcheron d’Étréchy en travaillant de son métier s’était coupé le pied d’un coup de hache et se sentant défaillir tant par la vivacité de la douleur que par la quantité de sang qu’il perdait, il invoqua les saints dont on transférait ce jour-là les reliques et il fut instantanément guéri.


    Nous trouvons la relation de ce miracle dans une notice sur les martyrs Can, Cantien et Cantianille, par l’abbé Bonvoisin, curé de Notre-Dame d’Étampes (1866, in-16), mais il n’y a aucune indication de la date à laquelle il a eu lieu. Nous y lisons que le récit a été puisé dans un vieil auteur. Est-ce dom Hardy ou Pierre Legendre qui ont publié la vie de ces martyrs, l’un en 1610, l’autre en 1650 ? ou bien, est-ce l’un des nombreux auteurs qui ont écrit sur le même sujet dans le courant du

    XVIIIe siècle ? D’autres plus heureux que nous trouveront sans doute la solution de ce problème.


    Les translations des reliques ayant eu lieu dans les années 1282, 1570 et 1620, c’est à l’une de ces trois dates qu’il faut, selon nous, rapporter le fait en question.


    Un procès qui eut lieu vers le commencement du XVIIIe siècle nous fournit quelques détails sur la Chapelle des Corps-Saints.


    Nous les trouvons dans un Mémoire imprimé, sans aucune indication de date ni de nom d’imprimeur, mais comme il est inséré dans des recueils de factums de la bibliothèque de l’Arsenal remontant la plupart aux dates de 1700 à 1725, nous pensons que celui qui nous occupe est de la même époque.


    Dans cette pièce très rare, Jean Lazare Henrion, prêtre, chapelain de la chapelle des Corps-Saints, et en cette qualité seigneur |63 du fief de Brétigny, conteste au marquis de Chalmoisel la possession de ce fief, et comme principale preuve

    à l’appui il cite le texte d’une pierre tombale adossée à un mur de la chapelle.


    Suivant cette inscription, Arnault de Viscaret aurait donné en toute propriété à la chapelle des Corps-Saints la seigneurie, les censives, rentes, revenus et héritages qu’il possédait à Étréchy et aux environs117.


    Nous ne connaissons pas l’issue de ce procès dans lequel le chapelain eut sans doute gain de cause.


    Le factum ne donne pas exactement le nom du défendeur qui était probablement Louis de Talaru, marquis de Chalmazel, comte de Chamarande en Hurepoix, fils de François Hubert de Talaru et de Marie d’Ornaison de Chamarande. Louis de Talaru marié en 1717 à Catherine d’Harcourt était un proche parent de Clair Gilbert d’Ornaison de Chamarante ou Chamarande, qui

    donna à la commune de Bonnes le nom de Chamarande, suivant arrêt du parlement de Paris du 5 avril 1686118.


    Un fragment de pierre tumulaire, trouvé auprès de la chapelle des Corps-Saints il y a quelques années, et paraissant provenir de cet édifice, porte l’inscription suivante :


    1. POVR LE SALVT DE LEVRS AMES LVI ET LEDIT AGEVYN LE..................

      ………………

      IIII sovs TOVRNOIS A PRENDRE ICELLE SOMME SVR CHATELOV DVG BOVT AVCT……………………...


      117 Voir la pièce justificative B.

      118 Moréri. Dict. hist. — La Chenaye Desbois. Dict. de la noblesse. Art. Talaru.

      Cette pierre, qui relate une fondation pieuse d’un sieur Angevin sur une terre sise à Chanteloup, paraît remonter à la fin du XVe siècle d’après la forme des lettres et le style de l’inscription.


      La chapelle des Corps-Saints fut adjugée comme bien national le 22 ventôse an deux, au nommé Favereau, agent national d’Étréchy, moyennant 805 livres119.


      Les objets du culte provenant de cette chapelle furent transportés à Étampes sous la Terreur. D’après la personne notable et digne de foi qui nous fournit ce détail, le fait était relaté dans un registre des délibérations du conseil municipal qui a été lacéré et perdu et |64 qui contenait, dit-on, des choses compromettantes pour les premières années de la gestion du

      maire Limet, qui remplit ses fonctions depuis la révolution jusqu’en 1832.


      La chapelle, qui a été démolie depuis 1791, était à quelques pas de la source du ruisseau, et avec les matériaux provenant de la démolition on construisit une maison sur son emplacement.


      *

      * *


      119 Arch. de Seine-et-Oise.

      IV.

      LA GRANDE ROUTE D’ÉTRÉCHY


      Quelques détails maintenant sur la grande route qui traverse Étréchy.


      En 1700, dans l’élection d’Étampes, le roi n’entretenait que le pavé depuis Étampes jusqu’à Étréchy.


      Un mémoire de l’intendant de la généralité de Paris à cette époque nous apprend que cette route n’était pas en très bon état.


      Ainsi, à la croix de « Vernaze » (sic), entre St-Lazare et les Capucins, il y a 12 toises de pavé à relever. À la porte d’Étréchy, du côté d’Étampes, entre la chapelle St-Nicolas et le moulin de Pierre-Brou, il y a 8 toises de pavé à relever et 8 autres toises, en sortant d’Étréchy, du côté de Paris. Il est

      nécessaire, dit le Mémoire, de travailler à ces articles, si S. M. passe dans la ville d’Étampes.120


      A la même époque, d’après le même document, le pont de Vaux, sur la Juine, était en bois et composé de 3 arches. On constate qu’il est en très mauvais état, ce qui fait de la dépense pour son entretien et on dit « qu’il est nécessaire de le construire en pierre, parce que c’est un grand passage pour tous les bestiaux qui viennent du Limousin et du Berry au marché de


      120 De Boislisle. Mém. des intendants 1881. in-4), tome I. p. 736.

      Sceaux et pour les vins du Gâtinais pour la provision de Paris121 ».


      Le grand passage dont il est question ici n’est autre que le 13e embranchement de la route de Paris à Étampes dont il est parlé plus loin. 646||16


      Le chemin du Gâtinais continuait de l’autre côté de la route de Paris et allait à Chartres en longeant les murs du parc du Roussay.


      D’après une lettre de Colbert à Ménars, intendant à Orléans, datée du 28 juin 1679, un arrêt du conseil du 21 avril 1671 prescrit aux voituriers qui retourneront à vide à Paris en passant par Étampes, d’y voiturer et décharger deux douzaines de gros pavés ou bordures et deux poinçons de sable... Colbert rappelant les termes de l’arrêt, donne ensuite des détails sur les meilleurs moyens de son exécution122.


      Le 11 juin 1689, de Creil, intendant à Orléans, écrivant au contrôleur général des finances, lui dit qu’un arrêt du 13 mai 1687 ordonne aux voituriers, allant à Paris par la route d’Orléans à Étampes, de consigner 3 liv. chacun avec engagement de charger à leur retour du sable à Étampes et des pavés à Étréchy pour l’entretien de la chaussée. Il ajoute que certains rouliers font une résistance opiniâtre et intentent une action aux commis chargés de recevoir les consignations123.


      121 De Boislisle... Déjà cité. p. 360.

      122 Lettres de Colbert, publiées par Clément. 1867, in-8°, tome 4, p. 484.

      123 De Boislisle. Correspondance des contrôleurs gén. des finances. 1883, in-4°, tome I, n° 717.

      Malgré ces mesures indiquées dans les lettres de Colbert, plusieurs arrêts rendus par le conseil d’état, notamment les 11 juillet 1681, 13 février 1683, 10 juin 1684, 13 mai 1697, 17 avril 1717 ; malgré une ordonnance du roi du 23 mai 1718 et surtout, d’après un autre arrêt du conseil du 19 août 1720, ordonnant que les charretiers refusant les corvées de pavés et de sable seront conduits dans les prisons d’Étampes et condamnés à 500 livres d’amende, il y eut toujours des charretiers, rouliers

      et voituriers récalcitrants qui se |17 servaient de toutes sortes de

      moyens pour éluder les peines portées par les arrêts et ordonnances124.


      Dans une pièce imprimée en 1783, portant bail à Edme Raymond pour l’entretien de la route de Paris à Orléans pendant neuf ans à compter du 1er avril 1781, moyennant 47.300 livres par an, on trouve le renseignement topographique suivant, sur la chapelle qui nous occupe et sur quelques noms géographiques :


      « Route de Paris à Étampes, 23e mille, 1er quart. Pavés et bordures de grès passant devant la chapelle Saint Cantien. À 163 toises, 3 pieds du 23e mille, 13e embranchement à gauche de la route, conduisant dans le Gâtinais par Gravelle...125 »


      On indique plus loin les endroits où doivent être pris les matériaux pour l’entretien des chaussées et l’on cite « les grès de St Martin d’Étréchy, à 1.300 toises de distance126. »


      124 De Lamare, Traité de la police, 1730, in fol°, tome IV, pp. 501 et 511.

      125 Département de Versailles. Inspection d’Étampes. Bail à Edme Raymond... Du 6 février 1781. — Paris, de l’Imp. royale, 1783, in-8° de

      236 pp. avec carte, page 26.

      126 Id., p. 206.

      Il est question ici de l’ermitage de St-Martin de la Roche près Fontaine-Livault127.


      Les bestiaux passent aujourd’hui par la voie ferrée ; quant aux vins du Gâtinais, ils n’existent plus guère que de souvenir !


      On sait que le culte des saints, appelés aussi « martyrs d’Étampes », était très en faveur au Moyen Âge ; s’il avait lieu seulement certains jours de l’année à l’église collégiale Notre- Dame d’Étampes, il semble qu’il n’en était pas de même à Étréchy, où la dévotion à la chapelle des Corps-Saints devait être permanente et à l’usage surtout des pèlerins et des nombreux passagers de la grande route de Paris à Orléans et du Gâtinais à Chartres.


      Cela explique, selon nous, pourquoi il y avait autrefois, dans notre contrée, un très grand nombre de personnes dont les prénoms étaient : Can, Cantien, Cancien, Cancian, Cantienne, Cancienne, Cancianne, etc... Ces surnoms fourmillent dans les anciens titres, surtout dans les aveux, dénombrements et actes de foi et hommage du XVIe siècle128. |18


      *

      * *


      127 Voir la carte de Cassini.

      128 Arch. de Seine-et-Oise. E, 3899 à 3904.

      V.

      LA COMMANDERIE DE CHAUFFOUR ET AUTRES FIEFS


      La commanderie de St Jean-de-Latran ou de l’Hôpital ancien, à Paris, se composait de sept membres ou commanderies dont l’une était la maison de Chauffour près d’Étréchy, qui se composait au XVe siècle d’une habitation près de l’église du lieu, et de 120 arpents de terre avec la haute, moyenne et basse justice, cens, rentes, fiefs et arrière-fiefs129.


      Le Commandeur avait la collation de la cure et de la dîme de tout le territoire de Chauffour, d’une partie de celui d’Étréchy jusqu’à la mare de Bretigny. Cette dîme était d’un grand rapport et formait le principal revenu de la maison.


      Elle avait appartenu aux religieux de Morigny qui l’avaient cédée en 1290 aux Hospitaliers de Paris.


      Une dame Mahaut de Neuviz avait, en juillet 1303, vendu aux Hospitaliers de Paris tout ce qu’elle possédait dans la châtellenie d’Étampes, en maisons, terres, cens et fiefs qui furent recueillis plus tard par la maison de Chauffour.


      Cette commanderie paraît avoir été très riche, car elle possédait des terres et seigneuries importantes, notamment à St- Évroult, Sermaise, Breuillet, Lardy, Villeconin et Bruyères-le- Châtel.


      En dépendaient également :


      129 Mannier. Les commanderies du grand prieuré de France, 1872, in-8, p. 43.

      Le fief de Fontaine-Livault qui comprenait le petit ermitage de St-Martin de la Roche ;


      La terre et seigneurie de Vaucelas, autrefois Vauceloys, dont dépendait encore au XVIIe siècle celle de Villeconin.


      La maison de Chauffour a été détruite au commencement du XVIe siècle, et ses terres furent affermées à divers particuliers, mais on ignore si elle a appartenu primitivement aux Templiers comme la plupart des maisons de l’ordre de Malte.


      En 1525, Georges de Cochefilet était seigneur de Vaucelas, Villeconin, Étréchy en partie et autres lieux. Plus tard, c’est André de Cochefilet, sans doute un de ses descendants, qui possède les mêmes fiefs. En 1654, Elisabeth de l’Aubespine de Vauvineux, sa veuve, est dame des dits lieux qui étaient possédés en 1683 par un sieur Mérault130. |19


      D’après un manuscrit des Archives du Loiret, Vaucelas a été réuni à la paroisse d’Étréchy en 1685131. Un mémoire inédit sur la généralité de Paris en 1740, nous apprend que Vaucelas était une collecte de cette paroisse et qu’elle avait pour décimateurs le prieur et le curé du lieu par moitié.


      En 1738, François de la Rochebrochard, chevalier, est qualifié de Grand Croix de l’ordre de Malte, bailli de Morée et commandeur de Saint Jean de Latran et de Chauffour132. Il est probable qu’il ne résidait pas à sa commanderie, car les chemins qui y conduisaient étaient, dit-on, d’un accès difficile et même impraticables.


      130 Dom Fleureau. Antiquités d’Étampes, p. 65.

      131 Archives du Loiret, A, 1237.

      132 Archives du Loiret. A, 1668 et 1195.

      Au Roussay, hameau dépendant d’Étréchy, on voit les ruines importantes d’un château qui aurait été construit par les Templiers, selon quelques dictionnaires géographiques, mais aucun document ne justifie cette assertion.


      Quoi qu’il en soit, la grande et belle ferme du Roussay a conservé l’aspect d’un véritable château fort. Il y a encore des fossés larges et profonds de 6 à 8 mètres, de hautes murailles et on devine des tourelles sous le lierre qui a tout envahi. On entre dans la ferme en passant sur un pont et on arrive à un grand corps-de-logis long de 20 mètres, large de 10, établi sur trois séries de caves superposées et contenant une grande salle ajourée d’une porte renaissance. Les fenêtres ont été mutilées, mais on remarque encore les grandes cheminées, les encadrements sculptés des larges portes et une partie de l’ancien carrelage.


      En 1558, d’après le Procès-verbal de rédaction de la coutume d’Étampes, Jacques de Paviot, écuyer, est seigneur du Roussay et de Boissy-le-Sec.


      C’est au Roussay, le 18 avril 1584, que le médecin Malmedy se coupa la gorge en désespoir des grandes dettes dont il était accablé133.


      Un seigneur du Roussay, probablement Guillaume Fournier, écuyer de Henry IV, n’est pas étranger à une découverte intéressante qui eut lieu en avril 1628 dans la chapelle de St Julien et de St Phalier, ancienne abbaye de religieuses située près d’Étréchy, |20 qui a été fondée, dit-on, par la reine Brunehaut. Ce seigneur faisait restaurer la chapelle, lorsque les


      133 Mémoires de Pierre de l’Estoile, coll. Petitot, tome I, p. 274.

      ouvriers découvrirent un coffret de plomb ou reliquaire que l’on ouvrit avec tout le cérémonial usité. Il contenait notamment des reliques de St Christophe et une inscription très ancienne. Le tout fut transporté à l’abbaye de Morigny, dit Dom Fleureau, et déposé dans la sacristie par les soins des religieux.


      En 1683, Jean de Beauchar, seigneur de Champigny et d’Étréchy en partie, était aussi seigneur du Roussay, où il avait justice moyenne et basse à cause de Madeleine Houël, son épouse134.


      En 1688, le comte d’Ornaison de Chamarande acheta la terre du Roussay, dans l’intérieur de laquelle il y avait une chapelle et des messes fondées, et obtint de l’archevêque de Sens que les offices fussent célébrés dans la chapelle du château de Chamarande135. On montre encore aujourd’hui l’emplacement de l’ancienne chapelle du Roussay.


      En 1740, le Roussay ou Rousset était une mairie relevant du marquis de Talaru136.


      La ferme du Roussay, ses bâtiments, .380 arpents de bois taillis et terres labourables, dépendant de l’abbaye de Morigny, furent vendus comme biens nationaux le 23 mars 1791, au nommé Bournisien (de Paris), moyennant la somme de 120.500 livres137.


      134 Dom Fleureau, p. 48.

      135 Lebeuf. Histoire du diocèse de Paris, 1ère édit., tome XI, p. I.

      136 Mém. manuscrit de l’Intendant Hérault, déjà cité.

      137 Archives de Seine-et-Oise.

      Le moulin de Pierre-Brou situé près d’Étréchy, sur la Juine, est assez ancien. Une pièce imprimée vers 1764 nous apprend que ce moulin existait au commencement du XVIIe siècle.


      Nicolas Lamoureux en était meunier, lorsque le 24 juillet 1745, l’une de ses voilures chargée de 15 sacs de blé fut saisie, rue de l’Étape à Étampes, où elle venait d’être chargée en l’hôtellerie des Bons-Enfants, par Pierre Sureau, huissier royal à Étampes, sur l’ordre des princes héritiers du duché d’Étampes, et en vertu d’une ordonnance du lieutenant général de la dite ville du 15 juillet précédent, défendant aux meuniers de chasser et enlever les grains, tant du marché que des maisons particulières, s’ils n’ont payé un abonnement.


      L’affaire traîna beaucoup en longueur, car Lamoureux présenta |21 requêtes sur requêtes, faisant appel devant le parlement. Dans l’une d’elles, du 16 mars 1752, il déclare que

      « depuis cent ans et plus les meuniers de Pierre-Brou, ses prédécesseurs, ni lui-même, n’ont payé aucuns droits d’abonnage ni autres droits aux seigneurs d’Étampes, ni aux receveurs de leurs domaines... ».


      Malgré cela, la cour confirma l’ordonnance de saisie par arrêt du 31 janvier 1763138.


      *

      * *


      138 Arrest de la cour de parlement concernant la quête et chasse des grains dans la ville et ressort d’Etampes. Du 31 janvier 1763. (Paris, s. d.) in-4° de 16 pp.


      VI.

      LES GENS DE GUERRE À ÉTRÉCHY


      Nous avons cité précédemment un acte du roi Louis-le-Gros daté de 1120 concernant l’église d’Étréchy. Il en existe un semblable de Louis VII, de 1145, et quelques autres peu importants de ce roi concernant Étréchy139. On trouve également dans le Cartulaire de Longpont, publié en 1879, quelques documents remontant au commencement du XIIe siècle et concernant des fondations pieuses, mais ils n’offrent qu’un intérêt secondaire, et il faut franchir plus de deux siècles pour avoir quelque chose de saillant à noter.


      Au XIVe siècle, pendant la guerre de Cent ans, nous trouvons un capitaine français, Regnault de Goillons, fait prisonnier à Étréchy par les Anglais ; ce fait est ainsi raconté dans une ancienne chronique normande :


      « Vers l’année 1359, un capitaine de Paris nommé Regnault de Goillons combattit les Anglais en Beauce près d’une ville que l’on appelle Estréchi. Les Anglais étaient environ onze cents combattants et les Français étaient en bien plus grand nombre. Beaucoup de ces derniers se débandèrent et s’enfuirent et malgré la bravoure de ceux qui étaient restés fidèles, la plupart furent tués ou faits prisonniers car les


      139 Luchaire. Étude sur les actes de Louis VII. 1885, in-fol. p. 130.

      Anglais gagnèrent cette journée où fut pris également le capitaine Regnault. »140


      Au XVe siècle, on peut relater plusieurs passages de rois de France à Étréchy. |22


      Charles VII a daté de cette localité, en septembre 1436, des Lettres pour les privilèges des habitants d’Orléans141.


      Six ordonnances du roi Louis XI sont également datées d’Étréchy en septembre 1461142.


      En avril 1465, un seigneur, résidant à Étréchy, nommé Pierre Paviot, maître d’hôtel de Charles duc de Berry, semble avoir joué dans la contrée un rôle de pacificateur lors de la guerre du Bien public. Il servit en effet de négociateur entre le roi et le duc de Berry, et entre Charles de Melun et Christophe de Bailleul, ainsi qu’il résulte des lettres de Charles de Melun à Paviot et des entrevues qui eurent lieu chez ce dernier à Étréchy143.


      Pierre Paviot était, croyons-nous, le second mari de Jacqueline de Dicy144, fille du capitaine de Corbeil Jean, dit Moreau de Dicy. Il habitait Étréchy, selon un registre conservé aux Archives nationales et peut-être le château du Roussay, car Jacques de Paviot, qui était sans doute un de ses descendants,


      140 A. Molinier. Chronique normande du XIVe siècle. Dans le Recueil de la Société de l’histoire de France.

      141 Blanchard. Compilation chronolog. 1715, in-fol. tome I, p. 251. D’Aubais. Pièces fugitives. 1759, tome I, p. 94.

      142 Pardessus. Ordonn. des rois de France. T. XV, pp. 102 à 118.

      143 Champollion-Figeac, Docum. historiques, extraits des bibliothèques. tome 2, p.194.

      144 Elle avait épousé en premières noces Mathurin de Douzonville.

      est qualifié seigneur du Roussay, comme nous l’avons déjà dit145.


      Est-ce au Roussay que Louis XI séjourna en septembre 1641 ; est-ce là qu’il établit sa résidence quand il s’arrêta à Étréchy le 14 juillet 1465 et le 27 novembre 1468 ?146 Ce qui est certain, c’est que la présence du roi à Étréchy en 1465 s’explique par celle des gens de guerre dans la contrée après la bataille de Montlhéry. On constate en effet la présence dans la forêt de Torfou, voisine d’Étréchy, de Louis de Luxembourg, comte de Saint-Pol qui, accompagné de quarante hommes d’armes, rejoignait l’armée des princes dans la ville d’Étampes147.


      En 1892, lors des fouilles pratiquées pour la construction d’un calorifère, dans la belle crypte de l’église d’Étréchy, on trouva parmi des ossements les monnaies et objets suivants : deux grands |23 blancs à la couronne, de Charles VI; un grand blanc de Henri VI, roi d’Angleterre, frappé à Rouen, et un poids tournois en plomb, avec fleur de lis pesant environ 220 grammes148.


      Ces objets, enfouis sans doute à une époque de troubles, attestent selon nous le passage des gens de guerre à Étréchy en 1465.


      Deux siècles après, le 23 avril 1652, l’armée des Princes ayant occupé la ville d’Étampes par surprise, Turenne résolut d’en entreprendre le siège.


      145 Anselme. Histoire généalogique, tome. 8. p. 471.

      146 Thoison. Les séjours des rois de France dans le Gâtinais. 1888, in-8.

      p. 32. Cet ouvrage ne parle pas du passage de Charles VII à Étréchy.

      147 Mémoires de Commines, liv. I, chap. 3.

      148 Ces renseignements sont dus à l’obligeance de M. le Dr Duhamel.

      Parti de Chastres (plus tard Arpajon), il arrivait à Étampes avec son armée en passant par Villeconin et Boissy-le-Sec ; profitant d’une revue que l’ennemi faisait en l’honneur de Mademoiselle (de Montpensier), il le surprend et le taille en pièces dans le faubourg Saint-Martin, tuant plus de six cents hommes et faisant plus de deux mille prisonniers149.


      L’armée du roi reprit ensuite la route de Paris, campa aux environs d’Étréchy et deux jours après elle arrivait à Palaiseau. Elle devait du reste revenir bientôt faire le siège d’Étampes, car le 26 mai, à la nouvelle que Turenne s’approchait d’Étréchy, le comte de Tavannes, enfermé à Étampes, se fortifiait à outrance, abattant les murs et les édifices et incendiant les maisons.


      Du 27 mai au 5 juin, il y eut des escarmouches où beaucoup furent tués ou blessés de part et d’autre150.


      Mais arrivons à un combat plus meurtrier rapporté par une Mazarinade dont nous donnons un extrait :


      « Le sixième de ce mois (juin 1652) jour de la petite feste Dieu, les troupes qui sont dans cette ville (d’Étampes), firent une sortie par la porte d’Orléans avec 200 chevaux..., pour charger les troupes Mazarines commandées par le maréchal de Turenne qu’elles repoussèrent hors de leurs retranchements et lignes, dans lesquelles il demeura bien deux cent cinquante des leurs tant tuez que blessez, entre lesquels il y en eust plusieurs de qualité... De laquelle sortie les ennemis n’ayant pu avoir leur revenche comme les autres précédentes, ils demeurèrent


      149 Dom Fleureau, p. 270.

      Lettre du roy envoyée à Mgr le Mal de l’Hopital sur ce qui s’est passé entre les deux armées aux environs d’Estampes. Paris, 1652, in-4° de 8 pp.

      150 Dom Fleureau, p. 273 à 279.

      tellement rebutez qu’ils commencèrent à se retirer de leurs retranchements le lendemain 7 de ce mois sur le midy et à faire défiler leur infanterie et charger leur bagage pour s’acheminer vers le village d’Estréchy, où ils furent poursuivis par notre cavalerie ; ils peuvent avoir perdu dans l’attaque de la ville d’Estampes trois mille hommes |24 et plus, particulièrement

      plusieurs personnes de condition, beaucoup de bagages, munitions de guerre, bombes, mortiers, grenades, poudre, mèches, et quantité d’armes qui sont demeurées en ceste ville, les advenues d’icelle estant pleines des fosses de leurs morts...151 »


      D’après Dom Fleureau, « les assiégés pensant qu’on levait le siège envoyèrent partout de l’infanterie pour escarmoucher, mais Turenne avait mis son armée en si bon ordre qu’il fut impossible de lui nuire, si ce n’est que l’on fit quelques prisonniers sur l’arrière-garde. Cette armée campa à Estréchy et passa le lendemain la rivière d’Estampes».152


      La levée du siège d’Étampes est racontée différemment et d’une façon plus explicite dans une autre Mazarinade ; nous y lisons en effet ce qui suit :


      « … Le vendredi 7 juin, Turenne fit travailler à la levée de ce siège et sur les quatre heures après midy il fit retirer la plupart de ses canons et munitions de guerre... Cela fait, la retraite fut sonnée par ses ordres aux quartiers du camp...

      L’infanterie commença à marcher vers Estréchy,... la cavalerie ensuite...


      151 Lettre envoyée à M. le duc de Beaufort sur la levée du siège de la ville d’Estampes... ensemble la marche de l’armée Mazarine vers le village d’Estréchy, Paris, 1652, in-4° de 7 pp.

      ... Cette armée n’estoit plus que de sept à huit mille hommes, de douze mille qu’elle estoit lorsqu’ils firent les approches de la ville...

      … Mais ceux d’Estampes qui les voyaient décamper ne manquèrent pas de s’apprester pour sortir.

      Pour cet effet, le comte de Tavannes fit mettre en estat toute la cavalerie avec les régimens de Languedoc, de Valois et trois autres qui faisoient près de quatre mille hommes, lesquels sortis, allèrent contre les ennemis et les chargèrent de telle

      sorte en queue, qu’ils en tuèrent plus de trois cents, les poursuivant jusques à Estrechy, l’espée aux reins. »153


      Après avoir campé à Étréchy et traversé la Juine, l’armée de Turenne alla à Itteville près de la Ferté-Alais ; elle se porta ensuite à Villeneuve-St-Georges à la rencontre des troupes du duc de Lorraine. La ville d’Étampes ne fut débarrassée de l’armée des princes que le 23 juin, ceux-ci craignant la rencontre des troupes royales154. Les environs d’Étampes eurent

      tellement à souffrir des effets de la guerre que la mortalité fut effrayante. Il en était de même, du |25 reste, dans tout le Hurepoix, ainsi que dans la Brie, la Bourgogne, la Picardie et la Champagne.


      « Les villages de Châtres, Linas, etc, sont déserts, et il faut faire ce qu’on fait dans les quarante lieues de pays de St- Quentin à Sédan, dans ces quartiers où l’on n’entend parler que de meurtres, pillages, voleries, violences et sacrilèges. A


      153 La levée du siège de la ville d’Estampes par le mareschal de Turenne avec la deffaite de son arrière-garde poursuivie jusqu’à Estréchy,... 1652, in-4° de 6 pp.

      Étréchy, les vivants sont mêlés avec les morts et le pays en est rempli »155.


      On vit alors saint Vincent de Paul apporter ses précieuses consolations et ses secours dans les localités les plus éprouvées, amener les filles et les pères de la Mission et des serviteurs appelés aéreux156 pour les seconder. Beaucoup de ces personnes charitables succombèrent à la tâche. En octobre 1652, l’un des missionnaires qui s’occupait des secours spirituels et temporels,

      ainsi que de la sépulture des cadavres corrompus, alla à Étréchy, en enterrer douze qui infectaient le pays, après quoi il tomba malade et mourut157.


      Pour les malades et les pauvres on avait établi à Étampes deux cuisines ; quatre autres à Étréchy, Villeconin, Guillerval et SaintArnoult. Des stations passagères de secours avaient été établies dans beaucoup de localités voisines, notamment à Boissy-le-Sec, Guillerval, Morigny, Champigny et Brières. Seule, la mort de saint Vincent de Paul, arrivée le 27 septembre

      1660, mit un arrêt dans le zèle déployé presque partout en France pour les œuvres charitables qu’il avait fondées158.


      La cuisine établie à Étréchy en 1652 était sans doute installée dans la maladrerie Saint-Nicolas ou dans l’Hôtel-Dieu d’Étréchy. Nous n’avons trouvé sur cette maladrerie qu’un seul


      155 Feillet. La misère au temps de la Fronde et St Vincent de Paul, in-4° édit., 1868, in-8°, p. 411.

      156 Parce qu’ils purifiaient l’air en enterrant les morts.

      157 Feillet, ouvrage cité, p. 413. — Collet, Vie de St Vincent de Paul. —

      Recueil des relations par les Missionnaires. 1655, in-4°.

      158 Feillet, id. p. 414, 446, 518. — Magasin charitable, janvier 1653.

      document constatant sa suppression et sa réunion à l’Hôtel-Dieu d’Étampes en juin 1699159.


      La réunion à l’Hôtel-Dieu d’Étampes des autres établissements hospitaliers d’Étampes et d’Étréchy faisait partie d’une mesure générale pour toute la France. |26


      En 1700, la ville d’Étréchy était désignée pour le logement d’une demi-compagnie de cavalerie160.


      En mars 1789, lors de la réunion de l’assemblée générale des trois états du bailliage d’Étampes dans l’église Sainte-Croix, on voit comparaître comme députés :

      Dans l’ordre du clergé, l’abbé Le Doux, curé d’Étréchy ;

      Dans l’ordre de la noblesse, César Marie de Chalmazel, marquis de Talaru, seigneur de Chamarande, Étréchy, Vaucelas, Mauchamp, représenté par Louis Nicolas de Bois Guyon, son procureur ;

      Et dans l’ordre du Tiers-État, Pierre Louis Choiseau et Marie Pierre Choiseau, père et fils, anciens maîtres de poste et cultivateurs, bourgeois d’Étréchy, députés de cette paroisse ; Louis Gilbon et Charles Simonneau, cultivateurs et députés de la communauté des habitants de Vaucelas161.


      159 Voir la pièce justificative C. — M. Mannier, qui a publié dans la Revue nobiliaire de 1879 un travail important sur les réunions des hôpitaux, ne semble pas avoir eu connaissance de la réunion de l’Hôtel-Dieu d’Étréchy.

      160 Boislisle. Mém. des Intend. des généralités, 1881, in-4°, tome 1, p. 167.

      161 Maxime Legrand et Léon Marquis. Les Trois Etats du Bailliage

      d’Étampes. 1892, in-8°, pp. 175, 251 et 195.

      Les cahiers des Paroisses, 1896, in-8°, pp. 263 et 269.

      Que dire d’Étréchy sous la Terreur? Son histoire est un peu celle de la plupart des autres petites villes.


      En 1793, la municipalité de cette commune, qu’on appelait alors Étréchy-la-Montagne, félicite la Convention et envoie à plusieurs reprises des députés à Paris pour assister aux séances de cette assemblée. L’abbé Ledoux, curé d’Étréchy, brûle ses lettres de prêtrise, poussé sans doute à cette extrémité par le terroriste Couturier qui était en mission dans les environs d’Étampes162.


      À cette époque néfaste, on avait sans doute caché les vases sacrés et les objets du culte provenant des édifices religieux, car vers l’année 1865, on a retrouvé à une certaine profondeur au- dessous du sol, près de la chapelle des Corps-Saints, un ciboire en vermeil très bas et qui, par son style, appartiendrait peut-être à l’époque mérovingienne. Par malheur, ce précieux vase a été échangé contre un autre moderne.


      Deux ouvrages, écrits il y a environ un siècle, citent la localité qui nous occupe.


      Dans Jeanne Royez ou la Bonne Mère, où l’auteur anonyme163 a |27 écrit en 1794 l’histoire de sa mère et raconté ses voyages en France, on lit qu’il a passé par Étampes en venant de Toury et d’Orléans et qu’il a été hébergé généreusement à Étréchy et à Saint-Mard (Chalo-Saint-Mard).164


      162 Procès-Verbaux de la Convention, tome 4, p. 263 ; tome 16, p. 202 ;

      tome 25, p. 224 ; tome 40, p. 95 ; tome 42, p. 276.

      163 François Marlin, connu sous le nom anagrammatique de Milran.

      164 Jeanne Royez... Paris, le Normand, 1814, 4 vol. in-12, tome 2, p. 231.

      « Voilà Étréchy, c’est un village pour moi d’un souvenir hospitalier, j’en parlerai ailleurs »165, s’écrie le même anonyme dans les Voyages d’un Français.166


      Nous avons dit que cette localité s’appelait autrefois Étrechy- le-Larron.

      D’après Dom Morin, historien du Gâtinais, elle était ainsi nommée parce que ses auberges et hôtelleries étaient remplies de filous et de joueurs qui dévalisaient les passants, de connivence avec les hôteliers167.

      S’il faut en croire l’abbé Lebeuf, historien du diocèse de Paris, la vallée de Torfou et la ville d’Étréchy étaient tristement célèbres du temps de la maréchale de Bassompierre (XVIIe siècle), par les meurtres et les vols de deux de ses gardes- chasse. Ces serviteurs indignes s’embusquaient sous une roche pour dévaliser et égorger les voyageurs. Ils s’affublaient d’habits de différents ordres et de livrées les plus distinguées, changeant de forme et de figure plusieurs fois par jour. Mais ils

      finirent par être découverts et arrêtés, puis traduits en justice et condamnés au dernier supplice.


      D’après une ancienne pièce imprimée devenue rare, dont le titre nous échappe et qui doit être réimprimée, un seigneur de Bois-Morand, passant à cheval sur la route de Paris, aurait été attaqué par des bandits, mais n’ayant pas eu le temps d’accomplir leur forfait par suite de l’arrivée fortuite d’autres passants, ils éventrèrent le cheval, puis cachèrent dans son abdomen, débarrassé des entrailles, Bois-Morand qui n’était


      165 Voir Jeanne Royez.

      166 Voyages d’un Français de 1775 à 1807. Paris, Guillaume, 1817, 4 vol. in-8°, tome I, p. 275.

      Quérard. Supercheries litt., art. Jeanne Royez.

      167 Dom Morin. Histoire du Gâtinais, p. 479.

      que blessé; après quoi ils recousurent le ventre de l’animal. Le cavalier, dit le narrateur, dut son salut à cette circonstance singulière, sinon invraisemblable, qu’il respirait par les fondements du cheval.


      Étréchy ne mérite plus son ancienne épithète, c’est aujourd’hui |28 une localité paisible où quelques bourgeois d’Étampes vont établir leur résidence.


      Louis-Isidore Foye, né à Étampes le 24 janvier 1779, sous- préfet d’Étampes en 1830 et député de cette ville de 1834 à 1837, mourut à Étréchy vers 1853.


      Le Dr Alexandre Bouret, né à Saclas, exerçait la médecine à Étréchy vers 1841 et mourut au même lieu en 1872. Bien connu par ses opinions avancées, il publia en 1851 une plaquette intitulée Quarante jours de cellule, où il raconte sa vie, son incarcération en 1851 pour raisons politiques, le revirement dans ses idées, et sa conversion par l’abbé Brossard, vicaire de Saint-Basile d’Étampes.


      Les habitants d’Étréchy se livrent à l’exploitation de pavés de grès, au commerce des chevaux, à l’agriculture et à la fabrication des meules de moulins ; mais cette dernière industrie a beaucoup souffert depuis la transformation des usines et l’adoption presque générale des cylindres, qui font, dit-on, de meilleure farine.


      Des fabriques d’un tout autre genre se sont quelquefois substituées aux moulins comme cela a eu lieu pour le moulin de Vaux, près d’Étréchy, qui est transformé en manufacture de bijouterie et d’articles pour bicyclettes.

      Nous nous arrêtons à cette chronique trop contemporaine. Nous voulions nous borner à noter quelques faits, et quelques personnages peu connus. Heureux si, entraîné par nos recherches, nous avons réussi en même temps à faire revivre certains monuments oubliés ou disparus et à mentionner certains détails qui paraissent avoir été inconnus de nos anciens historiens.


      L. MARQUIS.



      Henry Génois d’Étréchy artiste-peintre

      (1847-1916)


      Bernard Gineste


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      Quarante-trois documents


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      Le moulin de Pierrebrou en 1845 (détail d’une lithographie de Champin)


      1. Généalogie d’Henry Génois 168


        1. Jean Génois et son épouse Jacqueline Biaud, tous deux morts avant 1746, eurent pour enfant Jacques Génois.


        2. Jacques Génois, né vers 1725, fut marchand laboureur et marchand de chevaux et il décéda à Angerville le 17 juin 1796 à l’âge de 71 ans. Il avait épousé le 21 novembre 1746, à Angerville, Bonne Charlotte Adrienne Delamarre (1726-1800), qui lui donna quatorze enfants, dont l’aîné fut Jacques Edme Génois.


        3. Jacques Edme Génois, né le 11 août 1747 à Angerville, fut maître des petites écoles et il décéda le 26 juillet 1809 à Étréchy. Il avait épousé tout d’abord le 17 novembre 1772, à Étréchy, Marie Françoise Regien (1743-1779) ; puis le 26 octobre 1779, aussi à Étréchy, Marie Jeanne Simonneau (1751- 1802) qui lui donna huit enfants, dont le second, aîné des garçons, fut André Rose Maximilien Edme Génois.


        4. André Rose Maximilien Edme Génois, né le 4 août 1781 à Étréchy, fut garde-moulin au moulin de Pierrebrou et mourut à Étréchy le 19 février 1844. Il avait épousé le 9 juillet 1804, à Étréchy, Marie Thérèse Marguerite Brichard (1782-apr.1842), qui lui donna trois enfants, dont le troisième fut Alphonse Génois.


          168 Nous reprenons ici pour l’essentiel les informations mises en ligne par le généalogiste Bernard Griffoulière sur le site geneanet.org. complétées par ce que nous avons trouvé de notre côté sur Alphonse Génois et ses fils.

        5. Alphonse Génois, né le 17 mai 1814 à Étréchy fut d’abord garde-moulin à Étréchy, puis déménagea entre 1842 et 1847 à Paris où il fut apparemment boulanger et mourut propriétaire le 1er mars 1881. Il avait épousé le 27 septembre 1842, à Étréchy, Maxime Éliza Limet (1819-1891), lingère, qui lui donna apparemment six enfants, dont survécurent seulement deux

          garçons, Henry Liphard et Alphonse Maximilien.


        6. Henry Liphard Génois, né à Paris le 7 juin 1847, fut artiste peintre d’abord à Paris, d’où il déménagea entre 1891 et 1896 pour Étréchy, où il mourut veuf le 27 avril 1916. Il avait épousé à Paris le 1er décembre 1887 Marie Catherine Geisler, dite Marie Schvartz (1846-1904), couturière, dont il ne paraît pas avoir eu d’enfant.


          1. Mariage de ses parents — sept. 1842 169


            Du vingt sept septembre mil huit cent quarante deux à onze heures du matin sont comparus devant nous Frédéric Janicot adjoint remplissant les fonctions d’officier de l’état civil de la commune d’Étréchy en l’absence du maire

            Le sieur Genois Alphonse, garde moulin, demeurant chez son père à Pierrebrou commune d’Étréchy et précédemment à Gouvieux (Oise), né au dit Étréchy le dix sept mai mil huit cent quatorze, fils légitime de Genois André Rose Maximilien Edme ancien garde moulin agé de soixante un ans, et de Brichard Margueritte Thérèse, son épouse agée de soixante ans, presens et consentans

            Et demoiselle Limet Maxime Éliza, lingère demeurant chez son père à Étréchy où elle est née le vingt quatre janvier mil huit cent dix neuf, fille légitime de Limet François Liphard, mecanicien agé de cinquante deux ans et de Génois Marie Anne son épouse agé de cinquante cinq ans aussi présens et consentans

            Lesquels nous ont représenté un certificat délivré par le maire de Gouvieux (Oise) constatant que les publications du mariage projetté entre eux ont été faites en la dite commune sans opposition les dimanches onze et dix huit septembre présent mois

            Nous avons vérifié sur les registres de l’état civil de cette commune les actes de naissance des futurs et les publications faites sans opposition les dimanches quatre et onze de ce mois,


            169 État civil d’Étréchy, année 1842, n°53.

            nous nous sommes assuré ensuite que le futur avait satisfait à la loi du recrutement, classe de mil huit cent trente quatre.

            Après avoir visé ces pièces pour etre annexées nous avons donné lecture aux parties comparantes assistées des quatre témoins ci après nommés et qualifiés ainsi que du chapitre 6 du titre du mariage sur les droits et devoirs respectifs des époux.

            Ensuite nous avons reçu la déclaration du sieur Génois Alphonse qu’il prend pour sa légitime épouse demoiselle Limet Maxime Éliza et celle de la demoiselle Limet Maxime Éliza qu’elle prend pour son légitime époux le sieur Génois Alphonse En conséquence nous avons déclaré au nom de la loi que le sieur Génois Alphonse et la demoiselle Limet Maxime Éliza

            sont unis par le mariage

            Tout ce que dessus fait publiquement en la mairie d’Étréchy et en présence de messieurs Génois Honoré Zephir marchand de vins agé de trente sept ans, frère de l’époux demeurant à Pierrebrou, Lambert Louis cultivateur agé de cinquante quatre ans ami Genois Étienne François musicien, agé de cinquante sept ans, demeurant à la Ferté Aleps, oncle de l’époux, Davoine Louis Antoine marchand épicier mercier agé de trente cinq ans beau frère de l’épouse et Limet Louis rentier agé de cinquante quatre ans, cousin de l’épouse Grenet Henry Leon rentier âgé de trente sept ans, tous deux demeurant à Étréchy, lesquels ont signé avec les époux, le père de l’époux, les père et mère de l’épouse, et avec nous adjoint après lecture, la mère de l’époux a déclaré ne savoir signer.

            [Signé :] A. Genois – Al. Genois – M. Genois – L. Limet – L. Limet – H. Grenet – Genois – L. Genois – Davoine – Janicot.


          2. . Fratrie d’Henry Génois 170


            Après leur mariage le 27 septembre 1842 à Étréchy, Alphonse Génois et Éliza Limet partirent visiblement s’installer à Paris dans l’ancien douzième arrondissement.


            L’état civil de Paris antérieur à 1860 ayant été détruit lors des événements de la Commune en 1870, nous n’avons que des indications fragmentaires sur le nombre et le sort des enfants du couple, vu que leurs actes de naissance et de décès en bas âge n’ont pas tous été reconstitués. Je pense qu’Alphonse Génois a eu d’Éliza Limet six enfants, à des intervalles réguliers d’environ 18 mois, et que de ces six enfants seuls deux ont survécu, selon le scénario suivant.


            1° Alphonse Maximilien (premier du nom), né sans doute à Paris au milieu de l’année 1843, dont seul l’acte de décès a été reconstitué, du 16 février 1848, ancien 12e arrondissement.


            2° Un autre garçon, né fin 1844 ou début 1845, dont on n’a également que l’acte de décès reconstitué du 12 octobre 1845 (12e arrondissement ancien) avec un prénom illisible, peut-être Pierre.


            170 Nous reprenons ici pour l’essentiel les informations mises en ligne par le généalogiste Bernard Griffoulière sur le site geneanet.org, complétées par ce que nous avons trouvé de notre côté sur Alphonse et ses fils.

            3° Une fille née au milieu de l’année 1846, Clotilde, dont on n’a également que l’acte de décès reconstitué, du 31 août 1849, 12e arrondissement ancien.

            4° Liphard Henry, né le 7 juin 1847, 12e arrondissement ancien, qui est notre Henry Liphard, artiste peintre, qui mourra à Étréchy en 1916.


            5° Alphonse Maximilien (deuxième du nom), né le 20 décembre 1849 à Paris, 12e arrondissement ancien, qui sera boulanger à la suite de son père Alphonse, et qui assistera à l’inhumation de son frère Henri en 1916. Il avait épousé le 4 septembre 1877, à Étréchy, Eugénie Victoire Pinault (née en 1854 à Étréchy).


            6° Léon Émile, frère jumeau d’Alphonse, dont nous avons un acte de décès reconstitué du 6 octobre 1851 (avec une nouvelle interversion de prénoms, Émile Léon), 12e arrondissement ancien.


          3. Naissance à Paris — juin 1847 171


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          4. Naissance de son frère — déc. 1849 172


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          5. Études de peinture — ses maîtres 173


            Quel furent les maîtres d’Henry Génois ? Au commencement de sa carrière, c’est-à-dire de 1868 à 1870, il se présente comme

            « élève de MM. Cabanel et Hillemacher » ; dans la suite, il ne sera plus question que de Cabanel, plus

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            célèbre.


            Eugène Ernest Hillemacher (1818- 1887), né et mort à Paris, fut un peintre académique qui donna dans le portrait autant que dans la peinture d’histoire et de genre. Élève de Léon Cogniet à l’École des beaux-arts en 1838, et débutant au Salon en 1840, il connut un certain succès, c’est-à-dire de

            nombreuses commandes ; il obtint une médaille de seconde classe en 1848 et de première classe en

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            1861 et 1863.


            Alexandre Cabanel (1823-1889), né à Montpellier et mort à Paris, peintre académique célèbre sous le Second Empire, élève de François-Édouard Picot aux Beaux-Arts, second prix de Rome en 1845, il expose au Salon de 1863 une Naissance de Vénus qui le

            rendra célèbre, et le fait élire à l’Académie des Beaux-Arts. Dès lors professeur aux Beaux-Art, il enchaîne les distinctions et accumule les décorations, célébré par toute l’Europe et collectionné jusqu’aux États-Unis. Il sera un adversaire farouche du mouvement impressionniste.


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            La Naissance de Vénus, par Cabanel (1863)


          6. Condisciples et camarades 174


        Nous développons ci-après la liste des « vieux amis de l’atelier » que donnera Edmond Dupain dans son oraison funèbre prononcée en 1916 sur la tombe d’Henry Génois.


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        Peintre de talent, élève du maître Cabanel, il avait étudié à l’École des Beaux-Arts — avant la guerre de 1870 — à côté d’autres élèves qui avaient avec lui grandi et qui avaient atteint la célébrité ! Aussi lorsqu’il parlait de ses vieux amis de l’atelier, avec quel regain de satisfaction il évoquait leur souvenir, avec quel charme il en causait, comme il lui semblait revenir quarante ans en arrière et ressaisir toutes ces journées d’illusions et d’espérances !

        Lorsqu’il parlait de ses chers camarades Olivier Merson, Henri Regnault, Blanc Joseph, Benjamin Constant, Bastien Lepage, Roger Jourdain, Jadin Mangin, les sculpteurs Chrétien, Richou, l’architecte Saint-Germain et tant d’autres — ses yeux pétillaient de joie en soulevant le voile des années déjà tombées au rang des choses disparues !


        174 État civil reconstitué de Paris.

        1. Bastien-Lepage (Jules), peintre naturaliste (1848-1884), élève de Cabanel à partir de 1868.


        2. Chrétien (Eugène Ernest), sculpteur né à Elbeuf et mort à Paris (1840-1909), expose en 1868 au Salon un Suivant de Bacchus, puis y envoie des œuvres jusqu’à sa mort. Médaille de 2e classe au Salon de 1874 et une médaille de bronze à l’exposition universelle de 1889.


        3. Constant (Benjamin), peintre et graveur (1845-1902), entre en 1866 à l’École des Beaux-Arts où il est l’élève d’Alexandre Cabanel, à qui il succèdera. Médaille d’or de l’Exposition universelle de 1889 et du Salon de Paris de 1896, portraitiste recherché dans toute l’Europe.


        4. Dupain (Edmond), peintre (1847-1933), élève de Cabanel, professeur de dessin à l’École Polytechnique, peintre souvent médaillé.

          On lui doit notamment une huile sur toile de 65 cm sur 81 intitulée La vieille chapelle dans l’eau à Souzy près d’Étampes175, que probablement il peignit, à une date indéterminée, en compagnie de son ami Henry Génois.


        5. Blanc (Joseph), peintre (1846-1904), élève de Cabanel, lui-même nommé professeur à l’École des beaux-arts de Paris en 1889.


        6. Jourdain (Roger), peintre et illustrateur (1845-1918), élève de Cabanel, maire de Rueil-Malmaison de 1900 à 1906.


        7. Jadin-Mangin (Charles), peintre orientaliste (1849-1922), élève de Cabanel.


          175 Signalée par le site Artnet.com, sans plus de précision.

        8. Merson (Olivier), peintre et illustrateur (1846-1920), grand prix de Rome en 1869, médaille d’or de l’Exposition universelle de 1889, chef d’atelier à l’École des Beaux-Arts de 1905 à 1911.


        9. Regnault (Henri), peintre orientaliste (1843-1871), élève de Cabanel, prix de Rome 1866, tué lors de la bataille de Buzenval.


        10. Richou (Henry), sculpteur (1850-1929), élève de Monceau et Dumont, débute au Salon de 1877 ; photographe à Orléans puis à Étampes où il devient conseiller municipal.


        11. Saint-Germain (Henri Vincent Joseph Gault de), architecte (1810-1877), professeur d’architecture à l’École des Beaux- Arts, concepteur des hippodromes de Vincennes en 1863 et de Deauville en 1864.


          1. Œuvres exposées au Salon — 1868-1894


            1868 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de MM. Cabanel et Hillemacher. — Rue Saint-Dominique-Saint-Germain, 152. — 1062 — Tête de femme ; étude. »176


            1869 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de MM. Cabanel et Hillemacher. — Rue Grould-d’Arcy, 19 (Vaugirard). — 1022


            1870 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de MM. Cabanel et Hillemacher. — Boulevard de Vaugirard, 49. — 1156 — Le Christ descendu de la croix. »178


            1871 : Pas de Salon. — 1872-1874 : Génois n’expose pas.


            1875 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Avenue de Saxe, 39. — 895 — Portrait de M. A. Delzant. »179


            1876 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Boulevard de Vaugirard, 49. — 877 — Vénus trouve le corps d’Adonis. »180


            176 Explication des ouvrages de peinture et dessins, sculpture, architecture et gravure des artistes vivans exposés au palais des Champs Élysées le 1er mai 1868, Paris, Charles de Mourgues, 1868, p. 130.

            177 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1869, p. 138.

            178 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1870, p. 149.

            179 Explication des ouvrages…, Paris, Imprimerie nationale, 1875, p. 133.

            1877 : Henri Génois n’expose pas.


            1878 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Cherche-Midi, 100. — 999 — N. S. Jésus-Christ mis au tombeau. »181


            1879 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Cherche-Midi, 100. — 1348 — Le baptême de Jésus. »182


            1880 : [1. Peintures] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Cherche-Midi, 100. — 1584 — Jeanne travaille. H. 1m, 25. – L. 0m, 89. — 1585 — Toilette de Vénus. H. 1m, 16. – L. 0m, 89.

            [2. Dessins] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Cherche-Midi, 100. — 1814 — L’ami Fritz. »183


            1881 : [1. Peintures] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Cherche-Midi, 100. — 972 —Dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de cinq autres notables bourgeois de Calais, en 1347. « La Reine intervint alors, adonc la noble Reine d’Angleterre qui était moult enceinte et pleurait si tendrement qu’elle ne se pouvait soutenir ; se jeta à genoils devant le Roi, son Seigneur, et dit : Ah ! gentil sire, depuis que je repassais la mer en grand péril, je ne vous ai rien requis et demandé ; or, vous prie humblement et requiers en propre don, que pour le fils de Sainte Marie et pour l’amour de moi, vous


            180 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1876, p. 109.

            181 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1878, p. 88.

            182 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1879, p. 112.

            183 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1880, pp. 157 et 459.

            veuillez avoir de ces six hommes mercy. Le Roi attendit un peu pour parler.... » (Chroniques de Froissart.) »

            [2. Dessins] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — 2828 — Portrait de Mme J. C… ; pastel. »184


            1882 : [1. Peintures] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Moulin-de-Beurre, 12. — 1148 — La chasse au héron ; — moyen âge. »

            [2. Dessins] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — 2257 — Portrait de M. Auzoux ; pastel. » 185


            1883 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Moulin-de-Beurre, 12. — 1020 — Une chasse au moyen âge.186


            1884 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Moulin-de-Beurre, 12. — 1024 — Hallali !!! — Appartient à M. J. Mauby. »187


            1885 : [1. Peintures] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Moulin-de-Beurre, 12. — 1077 — * Après la chasse. »

            [2. Dessins] « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — 2827 — Portrait de Mlle L. S… ; pastel. »188


            1886 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue du Moulin-de-Beurre, 12. — 1033 — Portrait de M. Ch. De Saint-G… »189


            184 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1881, pp. 90 et 263.

            185 Explication des ouvrages…, Paris, Mourgues, 1882, pp. 100 et 285.

            186 Explication des ouvrages…, Paris, E. Bernard, 1883, p. 93.

            187 Explication des ouvrages…, Paris, E. Bernard, 1884, p. 94.

            188 Explication des ouvrages…, Paris, E. Bernard, 1885, pp. 95 et 250.

            1887 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Boulevard de Vaugirard, 120. — 1015 — Diane ; — retour de chasse. »190


            1888 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Boulevard de Vaugirard, 120. — 1098 — Portrait de Mme G… »191


            1889-1892 : Génois n’expose pas.


            1893 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue de Saint-Louis-en-l’Île, 70. — 784 — Portrait de Mme

            ***. »192


            1894 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Rue de Saint-Louis-en-l’Île, 70. — 803 — Portrait de Mme E. S.… »193


            1895-1900 : Génois n’expose plus.


            189 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1886, p. 85. 190 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1887, p. 85. 191 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1888, p. 89. 192 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1893, p. 71. 193 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1894, p. 68.


          2. Descente de croix — 1870


            Nous avons vu plus haut que selon le catalogue du Salon de 1870, Henri Genois y avait exposé une peinture intitulée Le Christ descendu de la croix.


            En 1880, cette même œuvre, alors titrée Descente de croix, et dont on rappelle bien qu’elle a été exposée au Salon de 1870, est signalée comme ornant l’église de Rosny-sous-Bois, après avoir séjourné dans celle de Saint-Pierre du Gros-Caillou.


            Elle est d’une longueur de 4, 25 m et orne à cette date le sanctuaire lui-même ; on note qu’elle a été commandée en 1878, ce qui doit s’entendre de la paroisse qui l’a demandée194. Il s’agit en effet de l’église Sainte-Geneviève de Rosny, qui avait été entièrement reconstruite à partir de 1857.


            M. Pierre Dijol, président et conservateur du Musée de l’Histoire de Rosny-sous-Bois, contacté au téléphone, a bien voulu nous indiquer que cette toile, qui était accrochée dans le transept gauche, a disparu à une date indéterminée des années 1950 ou 1960. Depuis une trentaine d’années qu’il s’intéresse sans relâche au patrimoine local, il n’a jamais pu mettre la main sur le moindre cliché qui puisse donner une idée de ce qu’était son apparence.


            194 Inventaire général des œuvres d’art décorant les édifices du département de la Seine dressé par le service des Beaux-Arts. Tome second, arrondissement de Sceaux, Paris, A. Chaix, 1880, pp. 384-385.


          3. Suzanne et les vieillards — sept. 1871


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            Cette huile sur toile de 114 cm sur 81, signée et datée de 1871, s’est vendue le 25 octobre 1998 à Lille, chez Mercier et Cie, sous le n°246, pour plus de 2000 euros.


          4. Hamlet et le Fossoyeur — 1871


            Des Catalogues des lots de la Loterie nationale en date de novembre 1871 et janvier 1872 citent une huile sur toile offerte par Henri Génois à une organisation caritative et patriotique, la Société de secours aux blessés militaires :


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            « 477. Génois (Henri), 49, b. de Vaugirard, Hamlet et le Fossoyeur, huile. »195


            195 Loterie nationale. Catalogue des lots. Paris, Janvier 1872, Paris, Chaix, novembre 1871, p. 20 ; janvier 1872, p. 7.


          5. Garçonnet couché sur des escaliers — 1872


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            Cette huile sur panneau de bois de 19 cm sur 25, signée et datée de 1872 en haut à gauche, s’est vendue le 9 mai 2012 à la Galerie Stuker de Berne sous le n°1094 et le titre : Kleiner Junge, auf der Treppe liegend, « Petit garçon couché sur les escaliers ».


          6. Témoin au mariage de son frère — 1877 196


            L’an mil huit cent soixante-dix-sept, le quatre septembre, à midi.

            Sont comparus devant nous, Louis Antoine Gardien, maire, officier de l’état civil de la commune d’Étréchy

            Le sieur Alphonse Maximilien Genois, boulanger, né à Paris, douxième arrondissement, le vingt décembre mil huit cent quarante neuf, y demeurant, boulevard de Vaugirard n°49 avec ses père et mère ; fils majeur de Alphonse Genois, propriétaire, âgé de soixante-trois ans et de Élisa Maxime Limet, sans profession, âgée de cinquante huit ans, ici présents et consentant au mariage de leur fils

            Et la demoiselle Eugénie Victoire Pinault, sans profession, née en cette commune le trente et un janvier mil huit cent cinquante quatre et y demeurant avec ses père et mère ; fille majeure de Charles Frédéric Pinault, propriétaire, âgé de soixante-trois ans et de Hortense Élisabeth Binois, sans profession âgée de soixante-trois ans, ici présents et consentant au mariage de leur fille

            Lesquels nous ont représenté leurs actes de naissance et les actes de publication faits en cette commune et en la mairie du quinzième arrondissement de Paris les dimanches dix neuf et vingt six août dernier sans qu’il soit survenu aucune opposition au mariage projeté

            Après avoir visé celles de ces pièces qui doivent être annexées nous avons de toutes donné lecture aux parties comparantes assistées des quatre témoins ci-après nommés et qualifiés ainsi


            196 État civil d’Étréchy pour 1877.

            que du chapitre six du titre du mariage sur les droits et devoirs respectifs des époux

            Les comparants de ce interpellés nous ont à l’instant représenté le certificat délivré le trente août dernier par maître Parquet notaire à Châlo Saint Mard constatant que le contrat de mariage des futurs a été passé le même jour devant le dit maître qui en a gardé minute.

            Ensuite nous avons reçu la déclaration du sieur Alphonse Maximilien Genois qu’il prend pour épouse la demoiselle Eugénie Victoire Pinault, et celle de la demoiselle Eugénie Victoire Pinault qu’elle prend pour époux le sieur Alphonse Maximilien Genois

            En conséquence de quoi nous avons déclaré au nom de la loi que le sieur Alphonse Maximilien Genois et la demoiselle Eugénie Victoire Pinault sont unis par le mariage.

            Tout ce que dessus fait publiquement en la salle de la mairie en présence de messieurs Henri Genois, peintre en paysages, âgé de trente ans, demeurant à Paris, boulevard de Vaugirard n°49, frère de l’époux ; Nicolas Georges Michaudon, négociant, âgé de cinquante-cinq ans, demeurant à Vitry (Seine) ami de l’époux ; Louis Chevallier marchand boulanger, âgé de quarante six ans, demeurant à Paris, rue Saint-Louis en l’Île n°72, beau frère de l’épouse et Louis Paul Daubignard, rentier, âgé de soixante ans, demeurant à Étréchy, ami de la famille de l’épouse.

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            Lesquels ont signé avec les époux et avec nous maire qui avons dressé le présent acte et en avons fait lecture aux parties et aux témoins. — [Signé :] Eugénie Pinault — A. Genois — Alphonse Genois — E. Limet — H.

            Binois — C. F. Pinault — H. Genois — Michaudon — Daubignard — L. Chevallier — Gardien.


          7. Mise au Tombeau — 1878


            Nous avons vu plus haut que selon le catalogue du Salon de 1878, Henri Genois y avait exposé une peinture intitulée N. S. Jésus-Christ mis au tombeau.


            Cette huile sur toile de 210 cm sur 310, avait été achetée par l’État le 30 octobre 1879, et mise en dépôt le 22 mars 1880 à la mairie de Coupelle-Vieille (Pas-de-Calais) 197.


            Elle ne serait plus localisée à ce jour.


            197 Archives nationales F/21/220, dossier 18 (d’après la base Arcade)


          8. Baptême de Jésus — 1879 198


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            Cette huile sur toile de 333 cm sur 215, signée et datée en bas à gauche Henry Génois, 1879, a été exposée au Salon de 1879 sous le n°1348. Elle a fait l’objet à cette occasion d’une critique en demi-teinte par le Dictionnaire Véron199 :


            198 Photographié par G. Michelez

            199 Dictionnaire Véron, ou Mémorial de l’art et des artistes contemporains. Organe de l’institut universel (Section des Beaux-Arts). Le Salon de 1879. 5e annuaire, Paris, M. Bazin, 1879, pp. 252-253.

            « GÉNOIS (Henry). — Le Baptême de Jésus est clair et très- aéré ; la figure du Dieu est pâle et manque de sang. Il s’incline avec douceur, et saint |253 Jean a l’air béat. Ce tableau est trop clair, et les personnages ne sont point dans le caractère religieux de la situation. Saint Jean devrait avoir un caractère sauvage, et le Christ toute la majesté écrasante d’un Dieu ! Malgré ces lacunes, il y a de l’étude et une fine exécution propre. »


            Achetée par l’État le 11 juillet 1879 (et alors photographiée avec d’autres achats de l’État par G. Michelez), elle a été mise en dépôt le 23 mars 1880 à la mairie de Putanges-Pont-Écrépin (Orne) 200.


            M. Gérard Grandsire, élu municipal en charge de la restauration des églises de cette commune, contacté au téléphone, nous assure qu’il n’existe plus aucune trace de cette peinture dans la commune, dont il a pourtant inventorié avec grand soin tout le mobilier subsistant. Mme Servanne Desmoulins-Hémery, conservatrice des antiquités et objets d’art de l’Orne, contactée de même, a bien voulu de son côté nous indiquer que la disparition de cette œuvre a été constatée

            précisément lors d’un inventaire réalisé en 1971.


            200 Archives nationales F/21/220, dossier 17 (d’après la base Arcade)


          9. Décès de son père — mars 1881 201


            L’an mil huit cent quatre vingt un le deux mars à dix heures un quart du matin. Acte de décès de Alphonse Genois âgé de soixante cinq ans propriétaire né à Étréchy, Seine-et-Oise, decedé en son domicile boulevard de Vaugirard 49 le premier mars courant à neuf heures du matin, fils de André Rose Maximilien Edme Genois et de Marguerite Therèse Brichard son épouse, tous deux cultivateurs, décédés, marié à Élisa Maxime Limet, agée de soixante un ans, propriétaire demeurant boulevard de Vaugirard 49, dressé par nous Léon Goyard adjoint au maire officier de l’état civil du quatorzième arrondissement de Paris, sur la declaration de Henri Genois agé de trente trois ans peintre demeurant boulevard de Vaugirard 49 et de Léon Terrier agé de quarante sept ans rentier demeurant rue de l’Église 60 lesquels ont signé avec nous après lecture. — [Signé :] Henry Genois — Terrier — Goyard.


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            201 État civil du 15e arrondissement de Paris, n°727.


          10. Eustache de Saint-Pierre — 1881


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            Cette huile sur toile de 325 cm sur 262, signée et daté à droite Henry Genois 1881, a été exposée au Salon de 1881 sous le n° 972 et avec le titre Dévouement d’Eustache de Saint-Pierre et de cinq autres notables bourgeois de Calais, en 1347, d’après les Chroniques de Froissart : « La Reine intervint alors, adonc la noble Reine d’Angleterre qui était moult enceinte et pleurait si tendrement qu’elle ne se pouvait soutenir ; se jeta à genoils

            devant le Roi, son Seigneur, et dit : Ah ! gentil sire, depuis que je repassais la mer en grand péril, je ne vous ai rien requis et demandé ; or, vous prie humblement et, requiers en propre don, que pour le fils de Sainte-Marie et pour l’amour de moi, vous veuillez avoir de ces six hommes mercy. Le Roi attendit un peu pour parler.... »


            Achetée par l’État202 le 5 juillet 1881 (et alors photographiée avec d’autres toiles par G. Michelez), elle a été mise en dépôt le 2 novembre 1882 au musée des Beaux-Arts d’Arras (Pas-de- Calais).


            En 2012, l’État a renoncé à ses droits sur ce tableau désormais en possession officielle et définitive du musée d’Arras203.

            Mme Marie Fouré, en charge du récolement des œuvres conservée par ce musée, a bien voulu nous indiquer, au téléphone, que cette huile signée en bas à droite fait partie de celles qui ont échappé à l’incendie destructeur de 1914, mais qu’elle est conservée aujourd’hui roulée et sous papier japon, de sorte qu’il est absolument impossible pour l’heure d’en réaliser de bonnes photographies.


            202 Cf. L’Année artistique 4 (1881-1882), p. 103 ; Le Temps 21/7368 (24

            juin 1881), p. 2 ; Le XIXe siècle 11/3465 (24 juin 1881), p. 2 ; etc.

            203 Bulletin officiel 209 (avril 2012), p. 69 : Annexe de l’arrêté MCCC1207059A du 30 mars 2012 portant transfert de propriété des biens appartenant à l’État pris en application des dispositions de l’article L. 451-9

            du Code du patrimoine (article 13 de la loi n° 2002-5 du 4 janvier 2002) (arrêté publié au JO du 12 avril 2012).


          11. La chasse au héron — 1882 204


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            204 Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l’école française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours. Architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes. Tome premier, Paris, Renouard, 1882, p. 633. Cette notice est résumée par Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, nouvelle édition, Paris, Gründ, 1976 (avec l’indication fort inexacte que Génois serait mort à Paris en 1910).

            Nous avons vu plus haut que selon le catalogue du Salon de 1882, Henri Genois y avait exposé une peinture intitulée La chasse au héron ; — moyen âge.


            C’est visiblement cette œuvre qui a inspiré une sérigraphie en noir et blanc publiée aux États-Unis vers 1907 et intitulée

            « Ladies Hunting, after painting by Henri Genois », dont nous donnons la reproduction ci-dessus.


            Cette lithographie a originellement servi à illustrer le cinquième tome d’une série de 10 volumes intitulée Woman in All Ages and in All Countries. Ce cinquième tome portait pour titre Women of Mediæval France, et avait été rédigé par Pierce Butler205.


            205 Elle fait partie d’une série intitulée Woman in All Ages and in All Countries (portfolio of 75 plates in crushed morocco case, limited to 26 copies), Philadelphia, G. Barrie & Sons, 1907 (volume of unbound matted plates ; folio, 15 x 12 x 3 inches, with 75 illustrations : 11 hand-colored plates and 64 black-and-white plates on silk ; Woman in All Ages was a 10- volume set of books published in 1907, written by Mitchell Carroll and numerous other authors ; special editions were issued with portfolio volumes of the plates from the books.)


          12. Encore au dictionnaire… — 1882 206


            En 1882 Henri Génois jouit à nouveau des honneurs d’un dictionnaire qui récapitule tout ce qu’il a exposé depuis 1868.


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            206 Émile Bellier de La Chavignerie et Louis Auvray, Dictionnaire général des artistes de l’école française depuis l’origine des arts du dessin jusqu’à nos jours. Architectes, peintres, sculpteurs, graveurs et lithographes. Tome premier, Paris, Renouard, 1882, p. 633. Cette notice est résumée par Emmanuel Bénézit, Dictionnaire critique et documentaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs de tous les temps et de tous les pays, nouvelle édition, Paris, Gründ, 1976 (avec l’indication fort inexacte que Génois serait mort à Paris en 1910).


          13. Membre de la Société des Artistes français

            — 1883-1916 207


            Henry Génois a été membre de la Société des Artistes français à partir de 1883, selon la doctorante Ruth Fiori, qui présente comme suit cette Société sur le site internet du Comité des travaux historiques et scientifiques :


            « Instaurée en 1881 par Jules Ferry, notamment pour gérer le Salon des artistes français, une exposition annuelle succédant au Salon de l’Académie des beaux-arts, héritière de l’Académie royale de peinture et de sculpture. »


            Il resta membre de cette Société jusqu’à sa mort, vu que le Compte-rendu des travaux de la Société des artistes français le cite en 1917 dans la liste de ses « membres décédés ou démissionnaires »208.


            207 Ruth Fiori, « Fiches prosopographiques », in « Dépouillement du Bulletin de la société des amis des monuments parisiens, en vue d’une thèse d’histoire de l’art, université Paris I, 2009 » (http://cths.fr).

            208 Compte-rendu des travaux de la Société des artistes français, 210 (mars 1916-mars 1917), p. 490.


          14. La Loi — 1885


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            En 1885 Henry Génois offrit une toile représentant La Loi « à la commune d’Étréchy », ainsi qu’il est indiqué en bas à droite de la dite toile au-dessus de la signature de l’artiste et de la date de l’œuvre.


            Sur un fond sombre, en pied, de face, debout sur un carrelage de marbre noir et blanc, devant un escalier de deux marches menant à un trône de marbre, se tient une jeune femme vêtue à l’antique d’une tunique ocre et d’une toge bleue, de nature des plus clairement allégorique.


            Le trône monumental de marbre dont elle paraît venir de descendre, orné d’accoudoirs en forme de molosses et surmonté de pommes de pin, indique assez sa majesté, soulignée encore par un diadème d’or.


            Surtout trois attributs la caractérisent nettement : l’épée, qui symbolise le pouvoir de vie et de mort

            sur les citoyens qui ne peuvent être que décapités, et non suppliciés ; la main de justice, symbole du pouvoir judiciaire et spécialement de sa capacité à suspendre l’exercice de la propriété individuelle ; et la table de la loi, symbole du caractère objectif et non arbitraire d’une loi qu’on a écrite pour que chacun puisse la connaître et l’invoquer.


            Ce corpus symbolique sous une apparence d’abstraction pure à dominante gréco-romaine, convoque en réalité toute notre histoire et tout l’enchevêtrement des origines de notre civilisation : hébraïques, grecques, romaines, chrétiennes et germaniques.


            La table de marbre sur laquelle s’appuie la main droite de notre jeune femme, et sur laquelle sont inscrits seulement les mots : LA LOI209, renvoie d’une part à la tradition romaine, selon laquelle dix decemvirs auraient pour la première fois rédigé vers 450 avant J.-C. et fait porter sur douze tables de pierre le texte d’une loi valable pour tous les citoyens. Mais elle

            renvoie aussi clairement à la loi hébraïque, biblique, dont le premier noyau aurait été rédigé par Dieu lui-même sur deux tables de pierre, descendues ensuite par Moïse de la montagne du Sinaï. Car notre personnage allégorique, descendant de son trône en présentant cette plaque aux citoyens d’Étréchy rassemblés dans la salle des mariages, n’est pas sans faire penser à Moïse dessendant du Sinaï pour faire connaître au peuple élu la teneur des dix commandements divins.


            209 Comme, rappelons-le, le fronton du Palais de Justice d’Étampes où est inscrit seulement, dans un triangle, le mot LEX.

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            Quant à la main de justice que notre jeune femme tient de l’autre côté, notre peintre lui a donné une longueur et des proportions telles qu’on croit voir au premier regard la déesse Athéna appuyée sur sa lance traditionnelle. Mais dès que le regard se fait plus attentif il distingue à son extrémité supérieure la forme spéciale du sceptre appelé main de justice, symbole purement médiéval, et non antique, d’origine germanique, de la monarchie française et spécialement de son pouvoir judiciaire ; représentation nettement christianisé par la position des doigts

            adoptée, et attestée depuis le XIIIe siècle. Car les trois doigts déployés, du pouce au majeur, symbolisaient originellement la

            Trinité, tandis que les deux doigts restants, pliés l’un contre l’autre, figuraient l’union de la nature humaine et de la nature divine dans la personne du Verbe incarné.


            Enfin le fond de grisaille uniforme devant lequel se dresse la Loi souligne puissamment son éclat nettement tricolore : les drapés bleu ciel de la toge, et ocre de sa tunique, alliés au teint laiteux de ses bras et de son col, évoquent irrésistiblement les trois couleurs du drapeau de la République Française, toute jeune encore en cette année 1885, en face de la statue de Marianne qui trône comme il se doit de l’autre côté de la salle des mariages de l’hôtel de ville d’Étréchy.


            Voilà pour l’idée, pour l’argumentation. Maintenant, si l’on cherche comment l’artiste a su rendre son propos attrayant, par la variété des formes et des couleurs, il faut spécialement considérer l’arrondi des formes girondes de cette séduisante Loi et des plis de son drapé, le volume des seins, la finesse de la taille, soulignée par un élégant baudrier de cuir serti de faunes d’argent et de losanges de rubis, qui ne sont pas sans connotations sensuelles, voire sexuelles, sous la lèvre carmin, l’œil glauque et le diadème d’or.

            L’épée, dont le tranchant s’allierait mal aux charmes de la féminité est seulement suggérée par sa garde et son manche serti de diamants, enfoncée profondément dans un fourreau que trahissent seulement quelques ondulations du drapé, sur la cuisse.


            B. G, 2016


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          15. Jeune fille au chien — juin-oct. 1885


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            Nous reproduisons ci-après telle quelle la notice mise en ligne par le vendeur de cette toile, sur le site d’enchères en ligne eBay à la fin de 2015 :


            « Superbe portrait mondain impressionniste de jeune fille, Henry Genois 1847-1910 — Superbe portrait d’une jeune fille dans un jardin, en robe de cérémonie, un éventail ou un carnet de bal à la main, avec son chien allongé à ses pieds. — Il est amusant de voir que cette toute jeune personne appartenant à la bourgeoisie ou à l’aristocratie a déjà une posture très mondaine. — La toile est signée en bas à droite Henry Genois et datée Juin 1885. — Ce peintre figure au Bénézit : né à Paris le 7 juin 1847 - mort à Paris en 1910, Henry Génois a été l’élève de Cabanel et de Hillemacher - Il a exposé au Salon à partir de 1868 - sociétaire des Artistes Français depuis 1883. - École française. — Sur sa toile d’origine ‘Mary et fils’ 26 rue Chaptal à Paris (cachet au dos) — En parfait état de conservation — La toile a été confiée à une restauratrice professionnelle il y a trois ou quatre ans : nettoyage de surface, allègement du vernis d’origine un peu jauni, revernissage,et bandes de tension en périphérie (frais : 450€) — Format 10 figure : 46cm X 54,5cm — Ravissant portrait dans des couleurs douces, la touche est de grande qualité, elle rappelle un peu Degas sur certains détails comme la robe, les mains, les bas et les chaussures, qui sont magnifiquement traités et le visage est vraiment joli. »


            Nous ajouterons seulement trois remarques à cette notice du vendeur :


            1° La toile est datée précisément et assez curieusement :

            « juin-8bre 1885 ».

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            2° Il est peut-être quelque peu excessif de qualifier cette œuvre d’impressionniste.


            3° Le sujet de cette toile est à rapprocher de celui de plusieurs œuvres d’un ami et collègue de Génois, Edmond Dupin, professeur de dessin à l’École Polytechnique, qui prononcera en 1916 son oraison funèbre, et dont plusieurs toiles représentent des personnages féminins accompagnés de chiens.


          16. Adhérent de la Société des amis des monuments parisiens — 1886-1900 210


            Henry a été membre de cette société de 1886 à 1900, selon la doctorante Ruth Fiori, qui l’a présentée comme suit, en 2009, sur le site internet du Comité des travaux historiques et scientifiques.


            « Fondée par Charles Normand, un jeune architecte diplômé de l’École des Beaux-Arts dans le but de veiller sur les œuvres d’art et sur la physionomie monumentale de Paris, la Société des Amis des Monuments parisiens avait pour principal objectif la lutte contre le vandalisme. Après une première réunion du comité d’organisation le 7 février 1884, sa création fut officialisée par un arrêté préfectoral le 27 avril 1885. Ancêtre pour Paris des associations de sauvegarde du patrimoine, elle a rassemblé jusqu’à plus de 600 adhérents (effectif important pour l’époque) et lancé, pour la première fois dans la capitale, des promenades, visites et excursions dont la dimension mondaine et le nombre des participants la différenciaient largement des activités des sociétés d’antiquaires ou de la société française d’archéologie. Les réunions et conférences avaient lieu au Cercle de la Librairie, 117 boulevard Saint-Germain. »


            210 Ruth Fiori, « Fiches prospographiques », in « Dépouillement du Bulletin de la société des amis des monuments parisiens, en vue d’une thèse d’histoire de l’art, université Paris I, 2009 » (http://cths.fr). Cf. par exemple Bulletin de la société des amis des monuments parisiens 11 (1897), p. 13.


          17. Diane — mai 1887


            Nous avons déjà cité le catalogue du Salon de 1887 : « Génois (Henri), né à Paris, élève de M. Cabanel. — Boulevard de Vaugirard, 120. — 1015 — Diane ; — retour de chasse. »211


            Cette toile est aussi mentionnée par Paul Heusy dans le feuilleton qu’il a consacré au Salon pour le journal Le Radical :


            « Aimez-vous les Dianes ? M. H. Génois vous en offre une, de couleur tendre. Voulez-vous un Ulysse avec un cyclope ? Adressez-vous à M. L. Schutzenberger. Préférez-vous un Achéron avec beaucoup de rouge ponceau ? La toile de M.

    2. Hidalgo fera votre affaire. »212


211 Explication des ouvrages…, Paris, Paul Dupont, 1887, p. 85.

212 Le Radical 7/130 (10 mai 1887), p., sous la rubrique : « Le Salon. III. L’allégorie et le passé (suite) ».


    1. Mariage — décembre 1887 213


      L’an mil huit cent quatre vingt sept, le premier décembre, à onze heures dix minutes du matin. — Acte de mariage de Liphard214 Henri Génois, né à Paris douzième arrondissement, le sept juin mil huit cent quarante sept, artiste peintre, demeurant à Paris, avec sa mère, 49, boulevard de Vaugirard, fils majeur de Alphonse Génois, décédé, et de Maxime Élisa Limet sa veuve, sans profession, présente et consentante, d’une part. Et de demoiselle Marie Catherine Geisler, née à Epping

      (Moselle) le huit juin mil huit cent quarante six, couturière, demeurant avec sa mère à Paris, rue Monttessuy, 20, fille majeure de Adam Geisler décédé215, et de Marguerite Engel216, sans profession, présente et consentante, d’autre part. Dressé par nous, Claude Arthur Sougy, adjoint au maire, officier

      d’académie, officier de l’état civil du septième arrondissement de Paris, qui avons procédé publiquement, en la mairie, à la célébration du mariage, dans la forme suivante : après avoir donné lecture aux parties : de leurs actes de naissance, des actes de décès de leurs pères, des publications faites en cette mairie et au quinzième arrondissement de Paris les dimanches vingt et


      213 Registre des mariages du XIIe arrondissement pour l’année 1887, n°698 : « Génois et Geisler ».

      214 La table décennale porte : « Léopold Henri ».

      215 Adam Geisler, né le 15 décembre 1823 à Epping (Moselle) et mort au même lieu le 2 décembre 1850 à l’âge de 26 ans, était maçon.

      216 Né le 30 janvier 1828 à Epping (Moselle), fille de Vincent César Engel (1783—1861), berger, et de Christine Schaff (1790-1832), ménagère.

      vingt sept novembre dernier, sans opposition ; toutes pièces dûment parafées, et du chapitre six du livre 1er du code civil, titre du mariage, sur les droits et devoirs respectifs des époux ; après avoir interpellé les futurs et leurs mères qui nous ont déclaré qu’il a été fait un contrat de mariage, hier, devant Me Dufour, notaire à Paris, qui en a délivré certificat à nous produit ; nous avons demandé aux futurs s’ils veulent se prendre pour époux, et, chacun ayant répondu affirmativement et séparément, à haute voix, nous avons prononcé, au nom de la

      loi, que Liphard Henri Génois et Marie Catherine Geisler sont unis en mariage, en présence de MM. Albert Rose, sous-chef aux travaux publics, marché Saint-Honoré, 21, âgé de quarante- six ans, ami de l’époux ; Armand Schwartz217, musicien, 20 rue Montessuy, âgé de vingt trois ans ; Pierre Schwartz, comptable, rue Montessuy, 20, âgé de trente ans ; Émile Schwartz,

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      musicien, rue Galilée, 10, âgé de vingt neuf ans, frères de l’épouse218, témoins qui ont signé avec les époux, leurs mères et nous après lecture. —

      [Signé :] Genois — M. C. Geisler — E. Limet — Engel

      — A. Rose — Schwartz — E. Schwartz — P. Schwartz —

      A. Sougy.


      217 Armand Victor Swartz, né le 20 juillet 1864 à Paris VIIe arrondissement, professeur de chant, épouse Marie Gabrielle Chatrigues à Paris VIIe le 23 juin 1892, puis Jeanne Louise Picardeau à Paris IIIe le 18 avril 1931 ; frère jumeau de Ferdinand Jules Swartz alias Ferdinand Schvartz (1864-1944), qui sera professeur de musique au collège d’Étampes.

      218 Frères utérins, car d’après l’état civil reconstitué de Paris, Marguerite

      Engel s’était remariée à Paris Ve arrondissement le 14 octobre 1856 avec Jean Schevartz (sic), alias Swartz.


      1. Ses alliés, les Schvartz 219


        Nous ne nous intéresserons pas ici à ses alliés du côté de son seul frère survivant, Alphonse. Notons seulement à cet égard qu’Alphonse Maximilien Génois, né à Paris le 20 décembre 1849, boulanger à Paris, où nous le voyons rentier en 1916, avait épousé le 4 septembre 1877, à Étréchy, Eugénie Victoire Pinault, elle-même née en 1854 à Étréchy.


        En revanche il y a plus à dire sur les frères de sa femme, ou plutôt sur ses demi-frères. En effet nous venons de voir que Marie Catherine Geisler était née en 1846 à Epping en Moselle en 1846, d’une première union de la couturière Marguerite Engel avec un maçon du pays, Adam Geisler, mort peu après à l’âge de 26 ans, à Epping, en 1850. Marguerite se remarie en 1856 à Paris avec Jean Swartz, alias Schwartz, alias Schevartz (sic), alias Schvartz, à qui elle donnera au moins deux fils jumeaux, Armand Victor et Ferdinand Jules, né le 20 juillet

        1864 à Paris VIIe arrondissement.


        De ces demi-beau-frères jumeaux, le premier, Armand sera professeur de chant à Paris, et le second, Ferdinand (1864- 1944), professeur de musique au collège d’Étampes, où il mourra victime du bombardement anglais du 10 mai 1944.


        219 Registre des mariages du XIIe arrondissement pour l’année 1887, n°698 : « Génois et Geisler ».


      2. Meules de foin — octobre 1890


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        Cette huile sur bois de 23,5 cm sur 40, signée et datée en bas à gauche « Henry Genois 8bre 90 », porterait au recto un portrait de jeune fille.


        Elle était en vente semble-t-il en février 2010 sur un site d’enchères allemand220, et faisait l’objet d’une requête d’information sur cet artiste alors très mal connu.


        220 http://www.beyars.com/.


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      3. Une Jeanne d’Arc — mai 1891 221


        Henry Génois ne recueille en 1891 qu’une très modeste mention honorable lors d’un concours artistique organisé en 1891 par l’Académie Champenoise :


        « Concours de l’Académie Champenoise. — Voici les récompenses décernées par l’Académie champenoise, le 10 mai 1891, pour le concours artistique sur Jeanne d’Arc. (…)

        « Peinture.

        « Prix d’honneur. Objet d’art en bronze ciselé, offert par M. Théodore Petitjean, de Reims : Mlle Léonide Bourges, d’Auvers-sur-Oise.

        « Premier prix. Médaille de vermeil offerte par Mme la princesse de Caraman-Chimay : Mlle Pauline Caspers, de Paris.

        « 2e prix. Médaille d’argent : M. Charles Royer, conservateur

        du Musée de Langres.

        « 3e prix. Médaille d’argent : M. Henri de Calmels, de Carbonne.

        « 4e prix. Médaille d’argent : Mlle Marie Besson, de Fontenay- sous-Bois (Seine).

        « 5e prix. Médailles de bronze : Union artistique de Vaucouleurs ; M. Auguste Cordier, de Paris.

        « Mentions honorables. MM. E. Forel, de Bordeaux ; Léonie Dusseuil, de Paris ; Jumelet, de Reims ; Henri Génois, de Paris. »


        221 Revue de Champagne et de Brie 16 (1891), pp. 525-526.


      4. Mort de sa mère — sept. 1891 222


        L’an mil huit cent quatre vingt onze, le dix septembre, à midi, par devant nous Eugène Joseph Duclair, maire et officier de l’état civil de la commune d’Étréchy sont comparus Léon Terrier, propriétaire, âgé de cinquante ans, et Albert Ros, aussi propriétaire et âgé de cinquante ans, tous deux demeurant en cette commune et neveux de la décédée, lesquels nous ont déclaré que Maxime Éliza Limet, rentière, âgée de soixante et onze ans, née en cette commune et y demeurant, fille de défunt François Liphard Limet et de défunte Marie Anne Genois, veuve de Alphonse Genois, est décédée aujourd’hui en son domicile, à huit heures du matin. Et après nous être assuré du décès, nous avons dressé le présent acte que les déclarants ont signé avec nous après lecture faite. — [Signé :] Duclair [paraphe] — A. Rose — Terrier.


        222 État civil d’Étréchy pour 1891, n°46.

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        L’actuel 10 rue Serpente à Étréchy sur le plan du cadastre de 1825


      5. Recensements de 1891 à 1901 223


        En 1891 on trouve à Étréchy au n°10 de la rue Serpente : Jean Demougeot, 58 ans, retraité chef de ménage ; Marie Larcher sa femme, 39 ans ; leurs deux enfants Gaston et Gabrielle Demougeot, 8 et 5 ans ; plus un autre ménage : Auguste Dupont, 69 ans, maçon, et sa femme Pauline Doucet, 64 ans.


        En 1896 on trouve à la même adresse : Henry Génois, 48 ans, artiste peintre, chef de ménage ; Marie Schvartz (sic)224, 55 ans son épouse ; Pauline Arnoult, 15 ans, domestique, leur employée ; plus : Jean Baptiste Demougeot, 62 ans, retraité aussi chef de ménage.


        En 1901, on y trouve : Henry Génois, 54 ans, artiste peintre ; Marie Schvartz (sic), 55 ans son épouse ; Félicie Picard, 24 ans, domestique leur employée.


        223 AD91 6M 131.

        224 Nous voyons par son acte de décès que le patronyme de la femme de

        Génois était Geisler, contrairement à ce qu’on lit dans le texte des recensements et sur la tombe de la famille à Étréchy, qui portent Schvartz.


      6. Exposition à Toulouse — 1894 225


        En 1894, Henry Génois expose au Salon de Toulouse deux peintures, avec les prix suivants :

        1. — Pivoines 400

        2. — Chrysanthèmes 200


          225 Exposition de 1894. Catalogue des ouvrages de peinture, sculpture, gravure et dessin exposés au Capitole, Toulouse, Union artistique de Toulouse, p. 45.


      7. Mariage à Étampes de son beau-frère Ferdinand Schvartz — décembre 1894 226


        L’an mil huit cent quatre vingt quatorze, le mercredi dix-neuf décembre, à deux heures du soir, par devant nous Édouard Joseph Béliard227, maire de la ville d’Étampes, officier de l’état civil de la dite ville, département de Seine-et-Oise, officier d’académie, sont comparus Ferdinand Jules Schvartz, professeur de musique228, âgé de trente ans, demeurant à Étampes, rue Magne numéro trois, né à Paris, septième arrondissement, le vingt juillet mil huit cent soixante quatre, fils majeur de Jean Schvartz, rentier, âgé de soixante dix sept ans, et de Marguerite Engel son épouse, sans profession, âgée de soixante-huit ans, demeurant ensemble à Étampes rue et numéro susdits, ici présents et consentants au mariage de leur fils. Et la demoiselle Louise Migneau, sans profession, âgée de vingt-un ans, domiciliée en cette ville rue de la Tannerie numéro treize et y étant née le dix août mil huit cent soixante-

        treize, fille majeure de Étienne Charles Migneau négociant en laine âgé de quarante-quatre ans et de Henriette Félicie Ruelle son épouse, sans profession, âgée de quarante trois ans, demeurant à Étampes rue de la Tannerie numéro susdit.


        226 Registre des mariages d’Étampes pour 1894, n°55.

        227 Rappelons que ce maire était aussi un artiste peintre notable, ami d’Émile Zola et de quantité de peintres impressionnistes.

        228 Professeur de musique au collège, Ferdinand Schvartz a été une figure

        importante de la vie culturelle étampoise, et c’était aussi un compositeur dont la BnF conserve la publication suivante : Soir de printemps. Valse de salon pour piano, par Ferdinand Schvartz (in-f°), Paris, T. Jouve, 1893.

        Lesquels nous ont présenté leurs actes de naissance, le consentement donné au présent mariage par les père et mère de la future devant maître Prat-Marca, notaire à Étampes le quatorze de ce mois, enregistré au même lieu le dix huit courant, un certificat délivré à la date de ce jour par le même notaire, constatant que les futurs époux ont fait un contrat de mariage devant lui le dit jour et les actes de publication du présent mariage faits en cette mairie les deux dimanches neuf et seize de ce mois, sans opposition. Et, après avoir visé ces pièces pour être annexées, sauf l’acte de naissance de la future que nous avons vérifié sur nos registres de l’état civil, nous avons donné lecture aux parties comparantes assistées des quatre témoins ci-après nommés et qualifiés ainsi que du chapitre six du titre du mariage sur les droits et devoirs respectifs des époux. Ensuite nous avons reçu la déclaration de Ferdinand Jules Schvartz qu’il prend pour épouse la demoiselle Louise Migneau, et celle de la demoiselle Louise Migneau qu’elle prend pour son époux Ferdinand Jules Schvartz. En conséquence nous avons déclaré, au nom de la loi, que Ferdinand Jules Schvartz et Louise Migneau sont unis par le mariage. Tout ce que dessus fait publiquement à Étampes, en l’hôtel de la mairie les dits jour, mois et an, en présence de Pierre Léon Schvartz, comptable, âgé de trente-huit ans, demeurant à Paris, rue Montessuy numéro vingt, septième arrondissement, Émile Jean Baptiste Schvartz, professeur au conservatoire de musique de Paris, y demeurant avenue Kléber numéro cent douze, huitième arrondissement, âgé de trente-sept ans, Armand Victor Schvartz, professeur de chant aux Écoles de la Ville de Paris, y demeurant rue de Grenelle numéro cent quatre-vingt-cinq, septième arrondissement, âgé de trente ans, tous trois frères de l’époux, et de Henri Liphard Génois, artiste peintre, âgé de quarante-sept ans, demeurant à Paris rue Saint- Louis en l’Isle, numéro soixante-dix, quatrième arrondissement, beau-frère de l’époux, qui ont signé avec les époux, les père et

        mère de l’époux et nous, maire sus-nommé, après lecture faite.

        • [Signé :] F. Schvartz — L. Migneau — Schvartz — Engel

        • Schvartz — Emile Schvartz — A. Schvartz — Henry Génois

        • E. Béliard.


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      8. Soirée mondaine — février 1904 229


        Deux journeaux parisiens se font l’écho d’une soirée à laquelle a assisté notre peintre la veille :


        La Presse : « Charmante matinée dramatique et musicale, hier, chez le docteur A. Penoyée. On donnait la représentation d’une pièce en cinq actes et six tableaux dont Jeanne d’Arc était l’héroïne. L’originalité du spectacle consistait en ce que les interprètes de ce drame étaient des pupazzi, dont la vérité d’attitude et l’exactitude historique des costumes dépassaient tout ce qui a été fait jusqu’à ce jour.

        « Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié ; le duc de Polignac, M. Odelin ; le peintre Henry Génois, étaient parmi les invités. »


        Gil Blas : « Hier, charmante matinée dramatique et musicale, sous la présidence de Mgr Foucault, évêque de Saint-Dié, chez le docteur A. Pénoyée. On donnait la représentation d’une pièce, en cinq actes et six tableaux, sur Jeanne d’Arc. L’originalité du spectacle consistait en ce que les interprètes du spectacle étaient des pupazzi, dont la vérité d’attitudes et l’exactitude historique de costumes dépassent ce qui s’est fait jusqu’ici. Le livret, la musique, les décors, les costumes, tous

        dus à l’habileté du docteur Pénoyée et de sa famille, ont obtenus un grand succès. Parmi les invités, citons : le duc de Polignac,

        M. Odelin, le peintre éminent Henry Génois, etc. »


        229 La Presse 4273 (10 février 1904), p. 3 et Gil Blas 26/8951 (10 février

        1904), p. 2.


      9. Décès de son épouse — juillet 1904 230


        L’an mil neuf cent quatre, le quatorze juillet à trois heures du soir, par devant nous Charles Trenet, maire et officier de l’état civil de la commune d’Étréchy, sont comparus Émile Seitz, employé âgé de vingt-neuf ans, domicilié au Vésinet, Seine-et- Oise, route de Montesson, numéro quatre-vingt-dix, et Charles Jules Vaury, chaînier, âgé de trente-huit ans, domicilié en cette commune, le premier beau-frère et le second voisin de la décédée, lesquels nous ont déclaré que Marie Catherine Geisler, sans profession, âgée de cinquante-huit ans, née à Epping, Bas- Rhin, pays annexé, domiciliée en cette commune, fille de Adam Geisler, et de Marguerite Engel, sans profession, épouse de Henry Liphard Génois, artiste peintre, âgé de cinquante-sept ans, avec lequel elle demeurait, est décédée aujourd’hui en son domicile à midi. Et après nous être assuré du décès, nous avons dressé le présent acte que les déclarants ont signé avec nous après lecture faite. — [Signé :] Ch. Vaury — E. Seitz — Ch. Trénet.


        230 État civil d’Étréchy pour 1904, n°35.

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        L’église d’Étréchy vers 1910 (cliché Rameau)

        Elle abritait au moins une toile de Génois aujourd’hui disparue


      10. Inventaire de 1906 231


        Nous savons par une allusion de l’Abeille-Réveil d’Étampes du 6 mai 1916 que l’église paroissiale d’Étréchy abritait un nombre indéterminé de toiles dues à Henry Génois. Malheureusement tout ce que comptait de toiles cette église a été dispersé sans laisser de traces dans les années 1960.


        On ne conserve qu’une liste de tableaux faite lors de l’inventaire de 1906, sans pouvoir déterminer à cette heure laquelle ou lesquelles de ces toiles étaient dues à Henry Génois


        42

        Un tableau (La purification)

        50 (fr.)

        43

        Un tableau (Vierge et St Jésus)

        50

        44

        Un tableau (Moine de Citeaux)

        50

        45

        Un tableau (Mater dolorosa)

        50

        46

        Un tableau (Ecce homo)

        50

        47

        Un tableau (Pêche miraculeuse)

        50

        48

        Un tableau (Deux Christs en croix)

        50

        49

        Un tableau (Martyre de St Etienne)

        50

        50

        Un tableau (gentilhomme 17e siècle)

        50


        Rappelons cependant que l’église paroissiale d’Étréchy est sous l’invocation de saint Étienne, et que par ailleurs Henry Génois avait bien exposé un Martyre de saint Étienne au salon de 1869.


        231 AD91 8V 3.


      11. Recensements de 1906 et 1911 232


        En 1906 on trouve à Étréchy, au n°10 de la rue Serpente, y vivant désormais seul, Henry Génois, né en 1847 à Paris, artiste peintre.


        En 1911, même situation.


      12. Annuaire des Beaux-Arts — 1911-1912 233


        L’Annuaire de la curiosité et des beaux-arts mentionne dans ses deux premiers numéros seulement, et avec une erreur d’adresse :


        « Génois (Henri) à Étréchy (Oise) [sic] A. F.234 »


        232 AD91 6M 131

        233 Annuaire de la curiosité et des beaux-arts. Paris, départements, étranger, Paris, Administration, 1911, p. 333 ; 1912, p. 438.

        234 Membre de la Société des Artistes Français.


      13. Trace d’un différend — 1912 235


        On conserve la trace d’un différend indéterminé porté par Henry Génois devant la Commission de la Société des artistes français dont il était membre depuis 1883, lors de la séance du 16 avril 1912.


        « La Commission, après examen, décide de poursuivre soit judiciairement, soit par règlement amiable, la solution des différends existant entre :

        « E. de Ruaz, graveur, et Borne.

        « E. Becker, graveur en médaille, et Chalin.

        « J. Lorieux, statuaire, et Allenni.

        « C. Pape, peintre, et Sarciron.

        « G. Bareau, statuaire, et Goldscheider.

        « H. Génois, peintre, et Higuet.

        « F. Planquette, peintre, et Dmes Bellet. |93

        « F. Stoll, statuaire, et Serre.

        « Mme Gruyer-Herbémont, peintre, et R. Schreiber.

        « A. L’Hoest, statuaire, et Legrain.

        « H. Lombard, statuaire, et Succ. Ch. Verminck. »


        235 Compte-rendu des travaux de la Société des artistes français

        (janvier-avril 1912), pp. 92-93.


      14. Décès à Étréchy — avril 1916 236


        Le vingt-sept avril mil neuf cent seize, onze heures du matin, Henry Liphard Génois, né à Paris, 7 rue Séverin le sept juin mil huit cent quarante-sept, artiste peintre, fils de Alphonse Génois et de Maxime Éliza Limet, son épouse, tous deux décédés, veuf de Marie Catherine Geisler, est décédé en son domicile, 10 rue Serpente. Dressé le vingt-huit avril mil neuf cent seize, neuf heures du matin, sur la déclaration de Alphonse Maximilien Génois, soixante-six ans, rentier, domicilié à Paris, 28, avenue des Gobelins, frère du défunt, et de Edmond Louis Dupain, soixante-neuf ans, artiste peintre, professeur à l’École polytechnique, domicilié à Paris, 152, boulevard Montparnasse, ami du défunt, qui, lecture faite, ont signé avec nous, Théodule Luzay, médaillé militaire, maire d’Étréchy. — [Signé :] A. Genois — Luzay — E. Dupain.


        236 État civil d’Étréchy pour 1916, n°19.


      15. Oraison funèbre — mai 1916 237


        DÉCÈS

        Henry Génois


        Samedi dernier ont eu lieu à Étréchy les obsèques de M. Henry Génois, artiste-peintre enlevé à l’affection des siens et de ses amis, après une courte maladie, en pleine sève, en pleine activité.

        Étréchy possède quelques-unes de ses œuvres, notamment dans l’église238 et dans la salle des mariages de la mairie.

        Au cimetière, son ami E. Dupin239, artiste-peintre, professeur de dessin à l’École Polytechnique, conduisant le deuil avec M.

        Richou, conseiller municipal d’Étampes, a prononcé les paroles d’adieu en ces termes :


        Mesdames, Messieurs,

        Ma surprise et ma peine sont bien grandes de me trouver auprès de cette tombe entr’ouverte, pour que mon vieil ami Henry Génois y prenne son dernier repos !

        Ce cher ami si vivant, si désireux de tout voir et de tout connaître ne doutait pas qu’une longue existence lui fût réservée !


        237 Abeille-Réveil d’Étampes 2/97 (6 mai 1916), pp. 2-3.

        238 Ce n’est plus le cas aujourd’hui, toutes les toiles présentes dans l’églie ayant été décrochées dans les années soixantes et depuis disparues (B. G.,

        2016)

        239 Lisez : Dupain.

        Il ne se préoccupait jamais que bientôt ou plus tard, il lui faudrait dire adieu : à ces chères campagnes, à ces belles verdures, à ces belles fleurs, qu’il aimait à soigner de ses mains habiles, qu’il aimait aussi voir grandir et éclore !

        Son Jardin ! Quand il avait dit ce mot, il lui semblait qu’il avait réuni là toutes les richesses et toutes les colorations que la nature doit répandre à profusion, pour le bonheur des yeux, dans ses odorantes allées ! Peintre de talent, élève du maître Cabanel, il avait étudié à l’École des Beaux-Arts — avant la guerre de 1870 — à côté d’autres élèves qui avaient avec lui grandi et qui avaient atteint la célébrité ! Aussi lorsqu’il parlait de ses vieux amis de l’atelier, avec quel regain de satisfaction il évoquait leur souvenir, avec quel charme il en causait, comme il lui semblait revenir quarante ans en arrière et ressaisir toutes ces journées d’illusions et d’espérances !

        Lorsqu’il parlait de ses chers camarades Olivier Merson, Henri Regnault, Blanc Joseph, Benjamin Constant, Bastien Lepage, Roger Jourdain, Jadin Mangin, les sculpteurs Chrétien, Richou, l’architecte Saint-Germain et tant d’autres — ses yeux pétillaient de joie en soulevant le voile des années déjà tombées au rang des choses disparues !

        Des voyages ! il en avait fait quelques-uns ! Voyages d’art ! Il avait vu et revu l’Italie, cette terre promise de tous ceux qui ont pour outil la palette ou l’ébauchoir. Rome, Venise, Florence ! Quels noms pleins de prestige !

        Comme il y avait recueilli des notes, des dessins, des projets ! Comme il avait vu, et comme il voyait aux sources mêmes tous les chefs-d’œuvre dont son imagination était pleine et rayonnante !

        Quelle mémoire précieuse il avait, ce vieil ami, comme toutes ces œuvres, comme tous ces chefs-d’œuvre étaient classés en lui, dans sa tête, et comme il aurait pu écrire des volumes, avec toutes les indications, toutes les notes prises sur le vif dans ses albums, dans ses carnets de route.

        Des villes chéries l’attiraient aussi : Toulon, Bandol, Gênes, les bords de la Méditerranée, il aurait voulu y revenir, y vivre pour peindre ces plages du soleil et des pins !

        Mais son charmant pays l’attirait, Étréchy le retenait, il y aimait tout le monde, il était le familier de tous et tous avaient ses bons mots, ses saluts en passant et son sourire plein de malice.

        Il revenait constamment chez lui, dans cette jolie petite ville aux environs boisés et pittoresques.

        Il y demeure pour toujours maintenant, auprès des siens, sous quelques pieds de terre et bien des fervents à sa mémoire viendront comme ce matin, comme aujourd’hui, lui porter encore des fleurs… des fleurs chéries !

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        Au nom de tous, cher ami, cher Henry Génois, Adieu !


        Paysage vénitien dû à Edmond Dupain et daté de 1913, probable souvenir d’un voyage peut-être fait en compagnie

        d’Henry Génois.


      16. Restauration de La Loi — 2011


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        Nous reprenons ici le texte du bulletin municipal d’Étréchy paru en janvier 2012240.



        Une nouvelle « Loi » !


        Henri Génois, un artiste strépiniacois, élève de Cabanel (peintre de Napoléon III) et de Hillemache, a exposé au Salon de Paris en 1868. Son œuvre, « La Loi » datée de 1885 est exposée depuis de nombreuses années à l’Hôtel de ville d’Étréchy. Elle vient de retrouver ses couleurs d’origine, grâce à une très récente restauration. Elle a également retrouvé sa place dans une salle des mariages entièrement refaite, du sol au plafond. Lors des mariages et cérémonies officielles, la Loi s’expose ainsi désormais aux regards de tous !


        « Étant donné l’état de conservation du support très satisfaisant, le tableau n’a pas eu besoin d’être rentoilé. Il a néanmoins fallu lui redonner sa planéité. De plus chaque étape du programme d’intervention a respecté scrupuleusement trois règles déontologiques de restauration : la réversibilité, la stabilité, et la lisibilité qui respecte l’œuvre originale afin d’en rétablir sa cohérence », explique Sonia Demianozuk, la restauratrice à qui a été confiée la toile. Le cliché ci- dessus montre à mi-intervention la restitution des couleurs d’origine. Celles que le peintre a voulu donner à son œuvre il y a plus d’un siècle.


        240 Vivre à Étréchy 35 (janvier 2012), p. 4.

        Nous reprenons maintenant le texte du Procès verbal du conseil municipal du vendredi 20 décembre 2013.



        L’an deux mil treize, le vendredi 20 décembre à 21 heures, le Conseil Municipal de la Commune d’Étréchy, légalement convoqué, s’est réuni salle du Conseil Municipal, sous la présidence de Monsieur le Maire, Julien Bourgeois.

        Délibération 073/2013 : « inscription au titre des monuments historiques (tableau ‘La Loi’ d’Henri Génois) », voir « délibération 014/2011 ».

        Demande de protection au titre des monuments historiques

        Mme Dailly présente le rapport.

        Par courrier en date du 21 novembre 2013, la Direction des archives et du patrimoine mobilier de l’Essonne nous sollicitait afin d’inscrire au titre des monuments historiques le tableau - « La loi » peint par Henri Génois en 1885.

        Il est donc proposé au Conseil de délibérer sur ce point. Considérant le courrier en date du 21 novembre 2013 de la Direction des archives et du patrimoine mobilier de

        l’Essonne,

        Considérant la proposition d’inscription au titre des monuments historiques de l’élément suivant : tableau :

        « La Loi » peint par Henri Génois, 1885.

        Après délibération, le Conseil Municipal, à l’unanimité, décide d’autoriser le Maire à accepter la proposition de protection au titre des monuments historiques de l’objet suivant - tableau : « La Loi » peint par Henri Génois, 1885.

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        Jérôme Guedj, alors président du Conseil général de l’Essonne, et Julien Bourgeois, alors maire d’Étréchy, devant La Loi de Henry Génois, le 15 décembre 2011 (Vivre à Étréchy 35, janvier 2012, p. 5)


      17. Vente d’une nature morte — février 2016


        Le 25 février 2016 s’est vendue à Paris chez Ader, sous le n°71, une huile sur toile de 50 cm sur 61, signée en bas à gauche « H. Génois », non datée.


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        C’est une Nature morte de pommes, poires, fruits et raisins sur un entablement de marbre.

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        Elle a été adjugée pour seulement 400 euros, et c’est grand pitié à mon sens qu’elle n’ait pas été acquise par le musée du Sud-Essonne.


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      18. Domicile à Étréchy — état en avril 2016


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        Le n°10 de la rue Serpente à Étréchy en avril 2016


      19. Tombeau familial — état en avril 2016


En avril 2016, les services techniques de la commune d’Étréchy m’ont aimablement informé de l’emplacement et du statut actuel de la tombe d’Henry Génois au cimetière de cette commune : « la concession de famille Genois concédée en mars 1881 a été notée en reprise en 1998. Le monument n’a pas été enlevé pour le moment mais est dans un triste état. »241


Muni d’une photo qui m’a permis de localiser cette tombe méconnaissable sous une épaisse couche de débris et de mousse, je l’ai sommairement déblayée et brossée d’herbes folles, tant et si bien que me sont apparues bien vite les inscriptions parfaitement conservées qui suivent :



Ici reposent Alphonse Genois décédé à Paris le 1er mars 1881 à l’âge de 66 ans. — Regrets éternels — Maxime Élisa Limet, femme Génois, décédée le 10 septembre 1891 à l’âge de 73 ans.

— Marie Schvartz, femme H. Génois, décédée le 14 juillet 1904 à l’âge de 58 ans. — Henri Génois, décédé le 27 avril 1916 dans sa 69e année. — Concession perpétuelle. — Veuve Berlière.


241 Courriel en date du 4 avril 2016 de Mme Clémentine Provenzano, aimablement accompagné d’un cliché de la tombe en question.

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Tombe d’Henry Génois au cimetière d’Étréchy. Au loin l’église.

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État de la tombe d’Henri Genois le 11 avril 2016 à 17 h

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Tombe d’Henri Genois le 11 avril 2016 à 17 h 30

Puisse l’âme noble de ce peintre oublié reposer encore de longues années en paix et sa tombe rester inviolée un siècle de plus.

Nous espérons avoir contribué par ce dossier documentaire à le faire sortir de l’ombre ; et que plusieurs particuliers nous feront connaître d’autres œuvres de cet artiste encore trop mal documenté.

Il est bien certain qu’à Étréchy même se conservent encore des œuvres inédites d’Henry Génois ; c’est également possible à Étampes et aux environs.


Bernard Gineste, avril 2016



Table des Matières

Introduction 3-6

I a. Alexandre Bouret : Quarante jours de cellule (1852)

7-32

b. Dossier sur le docteur Bouret (1818- 1872) : 17 documents

33-59

II. Léon Marquis : Étréchy et les fiefs environnants (1895-1896)

60-101

III Henry Génois, artiste peintre strépiniacois (1847-1917) : 43 œuvres et documents.

103-187



ISSN 2272-0685

Publication du Corpus Étampois

Directeur de publication : Bernard Gineste 12 rue des Glycines, 91150 Étampes redaction@corpusetampois.com


SOMMAIRE

Trilogie strépiniacoise

Introduction 3-6

I a. Alexandre Bouret : Quarante jours de cellule (1852)

7-32

b. Dossier sur le docteur Bouret (1818-1872) : 17 documents

33-59

II. Léon Marquis : Étréchy et les fiefs environnants (1895-1896)

60-101

III Henry Génois, artiste peintre strépiniacois (1847-1917) : 43 œuvres et documents.

103-187



BHASE n°29 (juin 2016)
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