Olivier Vachée, élève-pilote
à Étampes
Lettre à son père le colonel Vachée
Étampes, 24 juillet 1916
et autres documents relatifs à ce pilote
École militaire d’aviation
d’Étampes
École militaire d’aviation d’Étampes – Le vaguemestre –
Franchise militaire
F.M.
|
Étampes, Seine-et-Oise,
17h, 24.7.16 |
Colonel Vachée
Rue de l’Observatoire
Bourges, Cher
|
Le 24
juillet 16
Mon cher petit papa
J’ai fait un bon retour hier bien content de ma
journée. Ici rien de nouveau. J’ai volé ce matin et je vais
voler ce soir vers 5 heures. Pour le moment il fait très chaud et je
vais faire la sieste. Dominique Rougier (1) vient
déjeuner demain ici avec moi. Je t’embrasse de tout mon cœur et vous
aime tendrement tous les quatre (2).
— [Signé:] V. |
Bourges, Cher – 16h45, 25.7.16
|
(1) Il doit s’agir de Dominique Rougier
(1899-1977) alors âgé de près de 17 ans, né à
Brunoy, fils du général de brigade d’artillerie Marie-Eugène
Rougier (1863-1937), Jean-Baptiste Vachée étant lui-même
colonel d’artillerie (B.G.).
(2) Il semble qu’Olivier
Vacher a deux sœurs (voyez sa lettre à sa mère). (B.G.)
|
Résumé des faits que nous avons pu établir
Avant notre
lettre
|
Olivier Vachée
est né le 23 juin 1897 à
Paris 7e arrondissement, fils de Jean-Baptiste Vachée
(1856-1917), colonel d’artillerie, auteur de deux ouvrages sur l’histoire
militaire napoléonienne, et d’Elvina Bernard (1869-1958). Dès
août 1914, bien qu’âgé seulement de 17 ans et encore
simple étudiant, il se porte engagé volontaire à Bourges.
Il est affecté au 36e régiment de dragons. Il passe maréchal des logis le 28 novembre 1915. Le 15
juin 1916 il passe à l’aviation en qualité d’élève
pilote et arrive ainsi de Dijon à l’école militaire d’aviation
d’Étampes. Il semble passer le dimanche 23 juillet à Bourges
auprès de ses parents et de ses deux sœurs. |
|
Notre lettre
|
Le lundi 24 juillet
1916, il écrit une lettre à son père pour lui dire
que son retour à Étampes la veille s’est bien passé.
Ce matin il a volé et il doit encore voler vers 17 heures, mais d’ici
là il va faire la sieste parce qu’il fait chaud. Le lendemain mardi
25 juillet il attend la visite de son ami Dominique Rougier, âgé
de près de dix-sept ans, fils du général d’un général
de brigade d’artillerie qui doit être une connaissance de son père.
|
|
Après
cette lettre.
|
Olivier Vachée
obtiendra le 8 septembre 1916 son brevet de pilote, soit à Étampes
même, ou à Chateauroux où il passe ensuite. Il gagne
le 2e groupe d’aviation, avec le grade
de sous-lieutenant. Il écrit le 22 mars 1917
une lettre à sa mère depuis Tercenay dans le Doubs. Il espère
alors que son unité va être transférée au Valdahon,
à douze kilomètres de là, qui est mieux desservi par
le train. Il neige. Son père est sans doute malade dès ce moment.
Il meurt en tout cas de maladie le 30 décembre
1917 à Fleury les Aubrais, dans le Loiret.
Olivier Vallée lui-même meurt lors d’un combat aérien
le 15 juillet 1918 au dessus de Jonchéry (Marne)
et il est inhumé près de là à Coupeville. Son
acte de décès est transcrit à Bourges en 1919. Il semble
que son corps soit ensuite transféré et réinhumé
à Cérilly, dans l’Allier, qui paraît
le berceau de sa famille et où le monument aux morts porte son nom.
|
|
Documents et données utilisées
|
Renseignements
|
Sources
|
1897
|
Naissance:
«L’an mil huit cent quatre-vingt-dix-sept, le vingt-trois juin à
midi. Acte de naissance de Olivier Paul Emile Vachée, du sexe masculin,
né le vingt juin courant à onze heures trois quarts du matin,
avenue Duquesne, 40, fils de Jean Baptiste Modeste Eugène Vachée
âgé de quarante-un ans, capitaine d’artillerie breveté,
et de Marie Elisabeth Elvina Bernard, âgée de trente-quatre
ans, sans profession, mariés, domiciliés comme dessus. Dressé
par nous, Henri-Marc Louis Gustave Boucheron, adjoint au maire, officier
de l’état civil du septième arrondissement de Paris, officier
de l’instruction publique, sur la présentation de l’enfant, et, en
l’absence du père, sur la déclaration de Victor Bernard, âgé
de soixante-onze ans, ancien conservateur des forêts, chevalier de
la légion d’honneur, ayant assisté à l’accouchement,
demeurant à Cérilly (Allier), en présence de Alexandre
de Guiny, âgé de soixante-dix ans, ancien conservateur des forêts,
chevalier de la légion d’honneur, demeurant rue de Babylone 26, et
de Marcel Baudot, âgé de quarante-cinq ans, chef d’escadron
d’artillerie à l’Etat-major de l’armée, chevalier de la légion
d’honneur, demeurant avenue de Villars 5, témoins qui ont signé
avec le déclarant et nous après lecture. — [Signé:] V. Bernard — De Guiny — M. Baudot — Henri Boucheron.»
|
Registre des naissances
du 7e arrondissement de Paris, saisi par B.G., 2016.
|
1907 et 1913
|
Première publication
de son père: Étude du caractère
militaire du maréchal Davout, par le commandant Vachée (in-8°; 90 p.; extrait de la Revue militaire générale, mai-septembre
1907; lettre-préface du général Henri Bonnal, 1844-1917:
contient un choix de documents), avec une, Paris, Berger-Levrault, 1907. — Réédition en fac-similé (21 cm): Paris, Librairie des Deux Empires, 1999.
Deuxième publication de son père: Jean-Baptiste Vachée, Napoléon
en campagne, Paris-Nancy, Berger-Levrault,
1913. — Réédition
(23 cm; 205 p.): Paris, B. Giovanangeli, 2003. — Autre réédition (24 cm; 209 p.):
Paris, Éditions des Équateurs,
2012.
Traduction en anglais:
Frederic Lees, Napoleon at work, by
Colonel Vachée. Tr. from the French, with a foreward, by G. Frederic
Lees; with two maps of the imperial epoch and a sketch-map, also frontispiece
of Napoleon I. and his staff, after the picture by Meissoner (22 cm;
XX+324 p.), London, A. and C. Black, 1914. — Réédition:
Paperback, 2007.
Pour lire cet ouvrage en français: Gallica.
Pour lire cet ouvrage en anglais: Archive.org
|
|
1914
|
Engagé volontaire
à 17 ans: le 20 août 1914.
|
Cf. infra.
|
1915
|
Exemple de courage donné
par un de ses oncles: «Le commandant Paul Bernard, glorieusement
tombé devant l’ennemi, lors des récents combats [2 mots censurés].
Il appartenait à une des familles les plus anciennes et les plus
distinguées, était le fils de M. Victor Bernard, ancien conservateur
des forêts, le beau-frère du colonel d’artillerie, Eugène
Vachée, actuellement sur le front, l’oncle du jeune Olivier Vachée,
brigadier dans un régiment de dragons, engagé volontaire à
l’âge de dix-sept ans, également sur le front. Après
de solides études à la rue des Postes, M. Paul Bernard fut
admis à Saint-Cyr et sortit dans l’infanterie. Ce brave soldat fut
ravi de joie, lorsqu’en il fut, sur sa demande, envoyé au Maroc, sa
brillante conduite sur le champ de bataille lui valut son quatrième
galon et la croix de la Légion d’honneur. Il y a quelques mois, il
obtint de conduire à un feu encore plus meurtrier les braves soldats
qu’il avait su si bien préparer et dont il était si fier.
Il ne se faisait aucune illusion sur le sort qui l’attendait, et disait récemment
à un ami combien il serait fier de mourir pour la France; son idéal
fut réalisé dans cette bataille victorieuse [2 mots censurés]:
parti un des premiers à l’assaut, la tête de son bataillon
d’élite, il fut frappé d’une balle a la jambe, mais il refusa
de se faire panser, voulant continuer sa tâche héroïque,
malgré de grandes souffrances; peu de temps après, dans ce
sublime assaut, il tombait, frappé de quatre balles au front.»
|
Le Gaulois 50/13888
(23 octobre 1915), p. 3.
|
1916-1917
|
Aviateur: «Nom:
Vachée —Prénom : Olivier Paul Émile — Grade : Maréchal
des logis, le 28.11.15 — Recrutement : Bourges — Numéro matricule
au recrutement : 56 — Engagé le 20.8.14 au 26e Dragons — Passé
à l’Aviation le 15.6.16 en qualité de élève
pilote — Emploi à l’Aviation : pilote 8.9.16 — Division MF — Venu
de Chateauroux le 1.10.16 — Né le 20 juin 1897 à Paris — Célibataire
— Profession avant la mobilisation : Étudiant — Diverses mutations
depuis la Mobilisation : 26e Dragons – Dijon – Étampes – Chateauroux.
— Signature : O. Vachée — Adresse de la personne à aviser
: Colonel Vacher (père) rue de l’Observatoire, Bourges — Mutation
au G.D.E. : Parti F59 le 1.12.16. — Livret matricule : Arrivé le
5.10.16, parti le 13.3.17 à F.59. »
|
Fiche manuscrite de la «Base
de données des personnels naviguant ou au sol de l’aéronautique
militaire au cours de la Grande Guerre» mise en ligne par la Ministère
de la Défense sur son site Mémoire des hommes.
|
1916
|
Notre
lettre du 24 juillet 1916: «Le 24 juillet 16 — Mon cher petit papa — J’ai fait un bon retour hier bien content de ma journée.
Ici rien de nouveau. J’ai volé ce matin et je vais voler ce soir
vers 5 heures. Pour le moment il fait très chaud et je vais faire
la sieste. Dominique Rougier vient déjeuner demain ici avec moi.
Je t’embrasse de tout mon cœur et vous aime tendrement tous les quatre.
V.»
|
En vente en 2016 sur le site
d’enchères Delcampe (dont des scans ci-dessus)
|
1917, mars
|
Lettre à
sa mère du 22 mars 1917: «Le 22 mars 1917 — Ma chère
petit mère — J’ai reçu ta lettre du 17: elle m’a fait plaisir.
Lotte a bien raison de faire un peu de chant, c’est une bonne occupation,
et si elle arrive à quelques résultats ce sera très
chic. Si avec ça Pierre vient à la fin du mois, ce sera parfait.
De plus si la situation de papa est réglée dans quelque temps
et que nous puissions nous voir un peu je serai bien content. Je tacherai
d’arranger cela. D’ici quelques jours il est probable que nous allons nous
installer au Valdahon même; il sera plus pratique alors que j’essaye
d’aller vous voir. J’essayerai d’arranger ça. Ici rien de neuf. Depuis
hier il fait mauvais et ce soir il a neigé. Je vous embrasse de tout
mon cœur toutes les trois. — [Signé:] O. Vachée.»
|
En vente en 2016
sur le site d’enchères Delcampe (dont des scans ci-dessous)
|
1917, décembre
|
Fiche «non mort pour
la France» de son père: «Nom: Vachée — Prénoms:
Jean Baptiste Modeste Eugène — Grade: colonel — Corps: 37e artillerie
— né en 1856 — Décédé le 30 décembre
1917— à: Fleury les
Aubrais (Loiret), villa des Bruyères — par suite de: maladie — L’acte
de décès est-il parvenu?: oui.»
|
Fiche manuscrite mise en ligne
par la Ministère de la Défense sur son site Mémoire
des hommes.
|
1918
|
|
Insigne de l’escadrille SAL
14 d’Olivier Vachée: griffon tenant un écu aux armes de la
Lorraine.
|
1918
|
Première fiche «mort
pour la France»: «131.075 — Nom: Vachée — Prénoms: Olivier Paul Emile — Grade:
sous-lieutenant — Corps: 2e groupe d’aviation - Escad. SAL 14 — N° matricule: 16 au corps - classe
1917/14; 1942 au recrutement Bourges — Mort pour la France le 15 juillet 1918 à Coupeville (Marne)
— Genre de mort:
Tué à l’ennemi en combat aérien — Né le 20 juin 1897 à Paris,
département: Seine, arrondissement: 7e — Acte transcrit le 12 mai 1919 à Bourges (Cher).»
|
Fiche manuscrite mise en ligne
par la Ministère de la Défense sur son site Mémoire
des hommes.
|
1918
|
Deuxième fiche «mort
pour la France»: «131.075 — Nom: Vachée — Prénoms: Olivier Paul Emile — Grade:
sous-lieutenant Es. SAL 14 — Corps: 2e groupe Aviation - Vient du 26e Dragons
— N° matricule:
M 16 au corps - classe 1917; 1942 au recrutement Bourges — Mort pour la France le 15 juillet 1918
à Jonchéry (Marne) — Genre de mort: Inhumé à
Coupeville (Marne) — Né
le 20 juin 1897 à Paris 7e — Acte transcrit le 12 mai 1919 à Bourges (Cher).»
|
|
Vers 1920
|
Le nom d’Olivier Paul Emile
Vachée est mentionné sur le monuent aux morts de Cérilly
(Allier), où il serait enterré au Vieux Cimetière.
Si cette informmation est vérifiée son corps y aurait été
transféré depuis Coupeville après la fin des hostilités.
|
D’après le site MemorialGenWeb.
|
1958
|
Décès de sa
mère Elvina Bernard (1869-1958) |
|
|