CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Art funéraire
Défunts en prière devant la Crucifixion
pierre tombale de Saint-Gilles, 1522
   
Pierre tombale de Jean et Perrine Lorau (1522, église Saint-Gilles d'Etampes)
 Pierre tombale de Jean et Perrine Lorau, 1522
 
Pierre tombale de Jean Lorau, marchand vigneron
et de son épouse Perrine Archambault (1522)

Pierre tombale de Jean et Perrine Loec (1522, église Saint-Gilles d'Etampes)
     L’église Saint-Gilles d’Étampes avait conservé de nombreuses pierres tombales anciennes d’un grand intérêt archéologique: Léon Marquis en comptait vingt-deux en 1881. Certaines ont depuis disparu, à la suite du bombardement de juin 1944, mais la plupart demeurent, dont celle-ci, qui recouvrait les dépouilles de Jean Lorau, marchand vigneron mort le 4 septembre 1509, et de son épouse Perrine Archambault, décédée le 30 août 1522.

     C’est un témoignage émouvant de la piété de la défunte, et de la spiritualité catholique au début du XVIe siècle; son style légèrement rustique est au service d’une iconographie traditionnelle dont aucun détail n’est laissé au hasard.
 
     Dans le registre supérieur et en arrière-plan est représentée la Crucufixion. Le Christ est en croix, sous un phylactère qui porte INRI, c’est-à-dire Iesus Nazarenus Rex Iudeorum, «Jésus le Nazaréen, Roi des Juifs», pancarte clouée  sur l’ordre de Ponce Pilate. Il est ceint d’un simple pagne, la tête comme laurée d’une couronne d’épine radiante. Sa tête penchée dans la direction de sa mère, comme pour mimer à l’autre témoin de son supplice, Jean l’Apôtre, ce qu’il lui a dit selon son Évangile: «Voici ta mère.» (XIX, 27)
 
     Marie, à sa droite, la tête couverte d’un voile surmonté d’une auréole, tend vers lui ses mains jointes comme vers son Dieu. De l’autre côté, Jean, tout jeune encore selon la tradition, également auréolé, regarde effectivement plus Marie que Jésus, et sa main droite tient l’évangile qui raconte la scène, tandis que sa main gauche semble montrer Pierre, dans le registre inférieur, détenteur des clés du salut et garant de la communion des saints.

Pierre tombale de Jean et Perrine Loec (1522, église Saint-Gilles d'Etampes)
     Au-dessous, dans la partie centrale, juste sous la croix, quatre personnages sont agenouillés, deux adultes et deux enfants, qui sont les défunts et probablement leurs enfants. A gauche un homme encore jeune et imberbe prie les mains jointes, Jean Loec. Son saint patron a posé la main droite sur son épaule: c’est saint Jean Baptiste, barbu et chevelu, vêtu d’une simple tunique de peau qui laisse nus ses bras et jambes, et qui tient l’étendard du Précurseur, héraut de l’Évangile.

     Devant cet homme en prières, un garçon agenouillé tient et lit un livre d’oraison. Leur font face une femme également agenouillé et en prière, qui tient un long chapelet, Perrine. Son saint patron, saint Perre (Pierre), tenant une énorme clef qui symbolise son ministère, la protège comme son mari l’est par saint Jean Baptiste. Derrière elle une jeune fille tient et lit un livre du même genre que celui qui est très probablement son frère.

     La scène est encadrée par deux colonnes cannelées dont les chapiteaux de style corinthiens supportent une voûte ornée de motifs qui représentent peut-être des grappes de vigne, symbole de la profession du défunt, marchand vigneron, sans compter que la croix est souvent comparée allégoriquement à un pied de vigne, comme aussi l’Église et la communion des Saints, selon les paroles du Christ lui-même: «Je suis la vigne, vous les sarments» (Évangile de Jean XV, 5).



     Nous donnons ci-après la transcription qu’a donnée Léon Marquis de cette épitaphe dans les Rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, Brière, 1881, pp. 245-246.

     La onzième pierre à droite, qui est à côté de la porte latérale, côté du marché, est remarquable par son ancienneté et son grand nombre d’abréviations. A la partie supérieure sont gravées plu sieurs figures: le Christ en croix entouré de huit personnes de la Passion, parmi lesquels saint Pierre et Saint Jean-Baptiste, patrons du défunt et de la défunte. L’épitaphe suivante, en gothique ancienne, se lit au-dessous:

Cy devt gist honeste psone Jehan Lœc [Il faut lire en fait: Lorau (B.G.],
en son vivât marchant vignerô, demt à St Gilles d’Estâpes,
q. tpassa le IIIe ior de septèbre lâ mil vc IX,
et P.rine Archâbault sa fême, laqlle tpassa le XXX d’aoust vc XXII.
Prié Diev pr evlx.

     Ce qui signifie: [p.246]
     «Ci devant gît honnête personne Jean Loec
[Il faut lire en fait: Lorau (B.G.], en son vivant marchand vigneron, demeurant à Saint-Gilles d’Étampes, qui trépassa le quatrième jour de septembre l’an 1509, et Perrine Archambault sa femme, laquelle trépassa le 30 août 1522. Priez Dieu pour eux.»




Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribtion welcome.
    Source de l’image: cliché Bernard Gineste 2005.
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
 
     Léon MARQUIS, Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996; dont une saisie numérique en mode texte en cours  par le Corpus Étampois], pp. 245-246.

     Bernard GINESTE [éd.], «Défunts en prière devant la Crucifixion (pierre tombale de Saint-Gilles, 1522)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-16-pierretombale1522loec.html
, 2005.

Varia

     Léon MARQUIS, Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996; dont une saisie numérique en mode texte en cours  par le Corpus Étampois].

     E. COYECQUE, «Pierre tombale à Saint-Gilles d’Étampes», in Bulletin de la société de l’histoire de Paris et de l’Ile-de-France 41 (1914) 115 [à propos de laquelle de ses pierres tombales?].

     Lucien ROY, «Étampes: église Saint-Gilles, Gravure d’une pierre tombale, bas-côté sud (photographie du)», in Collection Lucien Roy (conservée par la Société Française d’Archéologie et Archives Photographiques, Médiathèque de l’architecture et du patrimoine, © CMN), http://www.culture.gouv.fr/Wave/image/memoire/0864/sap01_10l06032_v.jpg, en ligne en 2006.



Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribtion welcome.

  
Explicit
 
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail