CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Bernard Gineste et alii
Jean d’Étampes a-t-il vécu 361 ans?
ou: La légende du Mathusalem étampois
2003-2006 
   
Armoiries des Comtes Stampa
 Armoiries des Comtes Stampa

     A partir du treizième siècle, plusieurs chroniqueurs répercutent une étrange légende qui a survécu jusqu’à nos jours: un certain Jean des Temps aurait vécu 361 ans, de 778 à 1139.
     Au tournant des XVe et XVIe siècles, on en vient à identifier ce mystérieux Jean des Temps à un certain Jean d’Etampes, mentionné par différentes chartes et chroniques sous le règne de Philippe Ier.
     Par suite de différentes confusions, les données sur ce personnage improbable se font de plus en plus précises et détaillées, voire véritablement pittoresques.
     Dans la forme la plus élaborée de cette légende, ce Jean, qui aurait été l’un des douze preux de Charlemagne, qui se serait d’abord illustré vers l’an 800, lors d’un combat singulier où il tua le Calife de Cordoue. Il aurait fait souche ensuite dans la région de Milan, où il serait l’ancêtre des comtes Stampa. Enfin il aurait épousé Eustachie de Corbeil, identifiée pour l’occasion avec une prétendue fille du roi Philippe Ier du même nom, et ne serait mort qu’au début du règne de Louis VII (1137-1180), après avoir survécu à plus de 70 papes: par quoi il méritait bien d’être appelé Jean des Temps.
     Nous rangeons par ordre chonologique ce qui s’est écrit, à notre connaissance, de cet étrange personnage, et nous donnons nos propres conclusions provisoires en dernier lieu. Merci de nous signaler toute autre référence qui nous aurait échappé, spécialement les sources italiennes, qui paraissent les plus prolixes, et de nous faire parvenir les textes que nous signalons sans avoir le temps ou la possiblité de les consulter.
Bernard Gineste, 1ère édition, 2003
     Je dois ici remercier plusieurs personnes qui m’ont contacté et signalé de nouvelles sources, à savoir: Jesko Stampa, généalogiste allemand (novembre 2003), Giacomo Cavallo, érudit parisien (mars 2004), le comte Henri de Stampa (septembre-octobre 2004), dont nous reproduisons ci-dessous un fort intéressant courrier, et Typhaine Letisserand, étudiante en histoire (janvier 2006). On voudra bien excuser les coquilles, probablement nombreuses dans la présente seconde version, très volumineuse, de cette page. N’hésitez pas à nous les signaler.
     J’ai ajouté à cette compilation ce que disent de Jean des Temps Harcouet de Longueville et Fredric Hesselquist, élève de Carl von Linnée.
B.G., mai 2012.
 
De Jean des Temps à Jean d’Estempes
     Vincent de Beauvais.— Martin d’Oppavia.— Guillaume de Nangis.— Juan Gil de Zamora.— Sigimar de Kremsmünster.— Jean Lelong d’Ypres.— Autres chroniques flamandes.— Liber Terre Sancte d’Évreux.— Philippe de Bergame.— Fulgosius.— Johannes Nauclerus (Vergenhans).— Paul Émile.— Joachim Curius.— François de Belleforest.— Theodor Zwinger.— Giovanni Selino.— Paolo Morigia.— Jean Bodin.— Richard Verstegan.— Lewis Bayly.— Balthasar Exner.— Francis Bacon.— Thomas Browne.— Dom Basile Fleureau.— Pedro Calderón de la Barca.— Christian Friedrich Garman.— Henning Witte.— Johann Jacob Hofmann.— John Evelyn.Harcouet de Longueville.— Fredric Hasselquist.— Les Comtes Stampa.— Jean Paul.— Johann Georg Theodor Grässe.— Robert Leslie Ellis. Emilio Seletti.— Felix Liebrecht.— Edward Peacock & Abram Smythe Palmer.— Gaston Paris.— Volkrat Stampa..— Jesko Stampa.— Giacomo Cavallo.— Le comte Henri de Stampa.— Bernard Gineste.
01. Vincent de Beauvais, Chronique (avant 1264)
Vincent de Beauvais (édition de 1624)
     Vincent de Beauvais, savant dominicain, a étudié à Paris à la fin du règne de Philippe Auguste, avant d’entrer couvent des dominicains de Saint-Jacques à Paris en 1218. Familier de saint Louis, il a peut-être été le précepteur de ses enfants, et son bibliothécaire. Son œuvre est caractéristique de l’esprit du XIIIe siècle, tout occupé à classer et à organiser les nouveaux espaces intellectuels ouverts par le siècle précédent: c’est l’âge des encyclopédies.
     Sa notice est la plus ancienne connue à ce jour sur notre mystérieux personnage. Nous ne connaîtrons sans doute jamais ses sources. On peut se demander si une édition critique de cette chronique n’en viendrait pas à corriger le nombre de 341 en 361: en effet, toutes les chroniques qui paraissent ensuite s’inspirer de celle de Vincent de Beauvais portent ce dernier nombre.


Texte de l’édition de Douai (1624)
Traduction B. G. (2006)
     [An. Christ. 1139.] Anno domini 1139. habitaculum seruorum Dei in loco qui dicitur ad Montem Dei construitur. Florebat hoc tempore ecclesia Gallicana per viros religione ac sapientia illustres: Milonem Morinensem episcopum humilitatis virtute præcipuum. Aluisum
Atrebatentem liberalitate atque consilio ac facundia clarum. Godefridum Lingonensem, Hugonem Antisiodorensem, Ioslenum Suessionensem, Giffridum Carnotensem, Albericum Bituricensem Archiepiscopum, scientiaque literarum atque consilij prudentia clarissimum. Inter hos & alios multos tunc claros scientia viros, Bernardus Clareuallensis vir opinatissimæ religionis eminentissimè clarebat, qui multorum miraculorum patrator, & verbi Dei seruentissimus, prædicator, atque multorum monasteriorum fundator, animarum lucra maxima Dei exhibebat, adeo vt magistri scholarum cum magno clericorum comitatu, etiam de longinquis regionibus ad eius optabile magisterium confluentes, centenario vel etiam ampliori novitiorum numero domum probationis implerent, & vno die 40. monachi fierent.
     Eodem anno Ioannes de temporibus moritur, qui annis 341. vixerat à tempore Caroli magni cuius armiger fuerat.
     [An. Christi 1140.] Anno Domini 1140. cenobium sanctæ Mariæ de frigido monte fundatum est.
(p.1102)
     [1139] L’an du Seigneur 1139 fut construite la résidence des serviteurs de Dieu  qui s’appelle Mont-Dieu. En ce temps-là l’église gallicane s’illustrait par des hommes célèbres par leur piété et leur sagesse: Milon, évêque de Théouanne, caractérisé par la vertu d’humilité, Alvise d’Arras réputé pour sa libéralité, son bon sens et sa faconde, Geoffroy de Langres, Hugues d’Auxerre, Jocelin de Soissons, Geoffroy de Chartres, Aubry archevêque de Bourges, fort réputé pour sa connaissance des lettres et la sagesse de ses avis. Parmi ceux-ci et bien d’autres hommes réputés pour leur science, brillait par-dessus tout Bernard de Clairvaux, homme d’une piété des plus vantées, qui, accomplissant de nombreux miracles, servant mieux que personne la parole de Dieu et fondant de nombreux monastères, gagnait à Dieu de très nombreuses âmes, au point que des maîtres d’école accompagnés d’un grand nombre de clercs, affluant même de régions fort éloignées vers une autorité si désirable, emplissaient le logis des candidats d’un nombre de novices atteignant la centaine, voire davantage, et qu’en un seul jour il se fit quarante moines.
     La même année meurt Jean des Temps, qui avait vécu 341 ans, depuis l’époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer.
     [1140] L’an du Seigneur 1140 fut fondé le monastère de Notre-Dame de 
Froidemont.
Éditions
     LEANDER A SANCTO-MARTINO (Léandre de Saint-Martin, Leander of St-Martin, nom de religion de John JONES) [éd.], Bibliotheca Mundi, seu Speculi Maioris Vincentii Burgundi, præsulis Bellovacensis, ordinis Prædicatorum, theologi ac doctoris eximii, Tomus Quartus, qui Speculum Historiale inscribitur: in quo universa totius orbis, omniumque populorum ab orbe condito usque ad Auctoris tempus Historia continetur, pulcherrimum actionum civilium & ecclesiasticarum Theatrum. Omnia nunc accuratè recognitæ, distinctè ordinata, suis unicuique autori redditis exactè sententiis; summariis prætereà & observationibus, quibus anteà carebant, illustrata. Operà & studio Theologorum Benedictorum Collegii Vedastini in Alma Academia Duacensi [in-f°; pagination multiple (environ 2000 p. dont 1334 p. plus les index; «Bibliothèque du Monde, ou: Quatrième tome du Grand Miroir de Vincent de Bourgogne, évêque de Beauvais, qui est intitulé le Miroir Historique, dans lequel est contenue toute l’histoire du monde entier et de tous les peuples depuis la création du monde jusqu’à l’époque de l’auteur. Le tout étant maintenant vérifié et mis dans un ordre clair, chaque citation étant correctement attribuée à son auteur, et le tout étant en outre éclairci par des résumés et des remarques qui auparavant faisaient défaut. Par le travail et les recherches du collège des théologiens bénédictins de Saint-Vaast de l’académie de Douai»], Duaci (Douai), ex Officina Typographica Baltazaris Belleri (Balthazar Beller), sub Circino aureao. Anno M.DC.XXIV (1624) [dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=N081676, en ligne en 2006], p. 1102.
02. Martin d’Oppavia, Chronique (avant 1278).

Martin d'Opava (édition de 1925)
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     Martin de Troppau, ou d’Oppavia, selon qu’on adopte le nom germanique ou slave de cette localité de Bohème, actuellement située en Tchéquie, est un dominicain qui est mort à Rome, chapelain et pénitentiaire du pape, laissant plusieurs ouvrages, dont une Chronique. Il dépend visiblement de Vincent de Beauvais pour ce qui nous occupe.
     Les différences entre le texte (et le contexte) des notices de Vinccent de beauvais et de Martin d’Oppavia paraissent minimes mais sont en réalité considérables. Nous monterons dans nos propres conclusions que Matin d’Oppavia paraît beaucoup plus près du texte originel que Vincent de Beauvais, et que, correctement analysé, son texte tend à prouver que la date de la mort de Jean était originellement 1039, plutôt que 1139.


Texte de l’édition de Hanovre (1872)
Traduction et notes de B. G. (2006)
     [1138] Conradus II. imperavit annis 15. Huius tempore quidam magister Arnaldus nomine predicavit in urbe Roma, reprehendens divicias et superfluitates. Per cuius dicta multi magnates Romanorum sequebantur eum. Qui postea captus ad odium clericorum est suspensus. Huius tempore Ascalon capta est a christianis. Huius tempore anno Domini 1039. Iohannes de Temporibus, qui annis 361 vixerat a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat, est defunctus. [Un autre manuscrit où se passage est porté par une deuxième main porte: Huius tempore anno Domini 1039. Iohannes de Temporibus obiit, qui annis 361 vixerat a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat.] Hic Conradus rex in Frankenvort a sancto Bernardo cum cunctis pene principibus crucis caractere est insignitus, et illius temporibus socii peregrinacionis super numerum multiplicantur. Nam de Lothoringis, Flandria et Anglia cum 200 pene navibus proficiscuntur. Conradus itaque imperator cum innumerabili multitudine peregrinacionem aggressus, Yconium pervenit. Cui Ludovicus rex Francorum cum multa milicia per Ungariam descendens, ibidem advenit.
(M.G.H., t. XXII, p. 469)
     [1139] Conrad II [en fait Conrad III] fut empereur pendant quinze ans [1138-1152]. De son temps un certain écolâtre du nom d’Arnaud précha à Rome, réprouvant les richesses et le luxe. Entraîné par ses dires, nombre de magnats des Romains le suivaient. Mais ensuite il fut pris à faire haïr les clercs et suspendu. De son temps Ascalon fut prise par les chrétiens [en fait: 1153]. De son temps, l’an du Seigneur 1039 [sic: on notera que c’est Conrad II qui a régné de 1024 à 1039], mourut Jean des Temps, qui avait vécu 361 ans depuis l’époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer. Ce roi Conrad, à Franckfort, fut marqué du signe de la croix par saint Bernard avec presque tous les princes, et du temps de celui-ci ceux qui s’associent à la croisade se multiplient d’une manière incalculable. En effet ils partent de Lorraine, de Flandre et d’Angleterre à bord de près de 200 navires [1147]. Ainsi donc l’Empereur Conrad ayant entamé son expédition en compagnie d’une multitude innombrable, arrive à Iconium. Louis, roi des Francs, descendant pour le rejoindre par la Hongrie avec une armée innombrable, arrive au même endroit, etc.
Éditions
          Ludowicus (Ludwig) WEILAND [éd.], «Martini Oppaviensis Chronicon Pontificum et Imperatorum» («Chronique des papes et des empereurs par Martin d’Oppavia»), in Georgius Heinricus (Georg Heinrich) PERTZ (serenissimo Borussiae regi a consil. regim. int. bibliothecae regiae praefectus) [éd.], Monumenta Germaniae Historica, inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum, auspiciis Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum medii aevi. Scriptorum tomus XXII [VIII+564 p.], Hannoverae (Hanovre), impensis bibliopolii aulici Hahniani (Hahn), MDCCCLXXII (1872). [Réédition anastatique: Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1928. Dont une réédition en microfiches (15 micorfiches), Leiden, IDC, XXe siècle. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k93451j, en ligne en 2006], pp. 377-475, spécialement p. 469.
03. Guillaume de Nangis, Chronique (avant 1301)
Guillaume de Nangis (édition de 1722)
Guillaume de Nangis (édition de 1840)

     Guillaume de Nangis,  bénédictin de Saint-Denis, mort en 1300, fut garde des chartes de Saint-Denis de 1289 à 1299. On lui doit entre autres une Chronique des rois de France. Nous reproduisons un extrait assez large pour qu’on puisse mesurer à quel point il dépend ici de Vincent de Beauvais, cité plus haut, dont il reprend des phrases entières.

Texte de l’édition de Paris (1840)
Traduction de François Guizot (1825)
     MCXXXVIII. Petrus Leonis, qui per schisma papatum invaserat per octo annos, judicio Dei percussus interiit. Tunc Innocentius papa ordinatos ab eo degradavit, et ne ultra promoverentur ad ordines judicio Dei decrevit. Florebat hoc tempore Theobaldus comes Campaniæ, pater orphanorum, judex viduarum, cæcorum oculus, pes claudorum, in pauperibus sustinendis singulariter munificus, in construendis monasteriis et erga religiosos quoscumque largitate incomparabilis. Hic abbatiam sancti Florentii salmuriensis et abbatiam Eleemosynæ cisterciensis, ac plures alias construxit. Genuit autem ex Matilde uxore sua, nobili genere Teuthonicorum progenita, Henricum comitem Campaniæ, et Theobaldum comitem blesensem, ac Stephanum comitem Sacri-Cæsaris, Guillermum primò carnotensem electum, deinde senonensem archiepiscopum, post remensem; item Adelam reginam Francorum, comitissam de Pertico, comitissam Barri, ac uxorem ducis Burgundiæ.
     Florebat etiam Guillermus nivernensis comes insignis, cujus devotio mira enituit, dum de potenti principe sæculi factus est in Carthusia humilis pauper Christi. Florebat et sanctus Bernardus abbas Clarevallis, et sanctus Malachias in Hybernia, qui mortuum suscitavit. Florebat etiam magister Gilbertus cognomento Porree, tam liberalium artium quàm divinarum scripturarum doctor eximius, et fere incomparabiliter eruditus. Hic post magistrum Anselmum super psalterium et super epistolas Pauli ex dictis Sanctorum Patrum compactam edidit glossaturam.
     MCXXXIX. Obiit Johannes de Temporibus, qui vixerat annis trecentis sesaginta uno à tempore Karoli magni, cujus armiger fuerat. His temporibus quidam pseudo-imperator in partibus Alemanniæ surrexit, qui per aliquot annos apud Solodorum in reclusione vivens, [p.751], egressus inde imperatorem Henricum perditum se esse mentiendo dixit, et cùm multos seducendo sibi allexisset in tantum ut pro eo etiam graves pugnæ et homicidia
fierent, aliis eum recipientibus, aliis seductorum palam profitentibus, tandem declaratâ ejus falsitate, Cluniaci in monachum attonsus est.
     MCXL. Obiit magister Hugo sancti Victoris parisiensis canonicus regularis. Habitaculum servorum Dei carthusiensium in loco qui dicitur ad montem Dei construitur. Cœnobium sanctæ Mariæ Frigidimontis in episcopatu belvacensi cisterciensis ordinis fundatur. Henricus frater regis Franciæ Ludovici apud Clarevallem monachus effectus est, qui non multò pòst ad episcopatum belvacensem est assumptus; fueruntque præter istum Henricum alii fratres regis Franciæ, Robertus Drocarum comes, et Petrus dominus de Cortenayo. Innocentius papa fundavit apud Aquas-Salvias monasterium sancti Anastasii martyris, et constructis ibidem cœnobialibus mansionibus, petiit à Clarevalle conventum monachorum et abbatem. Missus est autem illuc cum conventu Bernardus pisanæ civitatis olim vicedominus, qui postmodùm fuit papa Eugenius.
     Florebat hoc tempore gallicana ecclesia per viros religione et sapientiâ. illustres, Milonem morinensem episcopum, humilitatis virtute præcipuum, Alvisum attrebatensem pontificem, liberalitate atque consilio et facundiâ clarum; Godefridum lingonensem; Hugonem autissiodorensem; Goslenum suessionensem; Gaufridum carnotensem episcopos; Albericum bituricensem archiepiscopum, scientiâ litterarum atque consilii prudentiâ clarissimum; Sugerium abbatem sancti Dionysii in Francia, virum eruditissimum. Inter hos et alios multos tunc claros scientiâ viros, Bernardus abbas Clarevallis vir opinatissimæ religionis eminentissime clarebat, qui multorum miraculorum patrator, ac verbi Dei servientissimus prædicator, atque plurimorum monasteriorum fundator, animarum Deo lucra maxima exhibebat; adeo ut magistri scholarum cum magno clericorum comitatu etiam de longinquis regionibus ad ejus optabile magisterium confluentes, centenario vel etiam ampliori novitiorum numero domum probationis implerent, et unâ die quadraginta monachi fierent. Florebat etiam magister Richardus de sancto Victore parisiensis canonicus regularis, qui in libris et tractatibus variis multa Ecclesiæ sanctæ utilia descripsit. Claruit præterea his temporibus Hugo de Folieto Sancti Petri corbiensis monachus, qui librum de claustro animæ et corporis composuit. Alii dicunt istum Hugonem in pago ambianensi fuisse canonicum regularem.

(Recueil des Historiens, t. XX, p. 750-751)
     [1138.] Pierre de Léon, qui s’était, par un schisme, emparé pendant huit ans du pontificat, mourut, frappé du jugement de Dieu. Alors le pape Innocent destitua ceux qu’il avait ordonnés, et les déclara, par le jugement de Dieu, incapables d’être élevés aux ordres de l’Eglise. Dans ce temps florissait Thibaut comte de Champagne, père des orphelins, le défenseur des veuves, l’œil des aveugles, le pied des boiteux, qui soutenait les pauvres avec une singulière munificence, et se montrait incomparablement libéral [p.20] à aider toutes sortes de religieux, et construisit des monastères. Il fit bâtir l’abbaye de Saint-Florent de Saumur, l’abbaye d’aumône de Cîteaux, et plusieurs autres. Il eut de Mathilde, sa noble épouse, allemande d’origine, Henri, comte de Champagne Thibaut, comte de Blois; Etienne, comte de Sancerre; Guillaume, qui fut d’abord élu archevêque de Chartres, ensuite archevêque de Sens, et après archevêque de Rheims; Adèle, reine des Français, comtesse du Perche, comtesse de Bar, et femme du duc de Bourgogne.
     En ce temps florissait aussi le noble Guillaume, comte de Nevers, qui fit éclater sa merveilleuse dévotion, en se rendant, de puissant prince du siècle qu’il était, humble pauvre du Christ au monastère des Chartreux. Dans ce temps florissait saint Bernard, abbé de Clairvaux, et saint Malachie en Hibernie, qui ressuscita un mort. Alors florissait aussi maître Gilbert, surnommé Porré, aussi célèbre, et presque aussi incomparable dans les arts libéraux que dans la science des divines Ecritures. Il continua, d’après les saints pères, les commentaires de maître Anselme sur le psautier et les épîtres de saint Paul.
     [1139.] A cette époque mourut Jean Des Temps, qui avait vécu trois cent soixante et un ans depuis le temps de Charlemagne, dont il avait été homme d’armes. Dans ce temps il s’éleva en Allemagne un faux empereur qui, après avoir vécu pendant quelques années dans la retraite à Soleure, en sortit, et prétendit faussement être l’empereur Henri, qui avait disparu. Ayant, par ses mensonges, séduit beaucoup de gens, il les attacha tellement à son parti, qu’il en advint de cruels et meurtriers combats, les uns le recevant, et [p.21] les autres le proclamant publiquement un imposteur; mais enfin son imposture fut reconnue, et il fut tonsuré moine de Cluny.
     [1140.] En ce temps mourut maître Hugues, chanoine régulier de Saint-Victor à Paris. On construisit dans un endroit appelé Montdieu une maison de serviteurs de Dieu de l’ordre des Chartreux. Le monastère de Sainte-Marie de Froidemont, de l’ordre de Cîteaux, fut fondé dans l’évêché de Beauvais. Henri, frère de Louis, roi de France, se fit moine à Clairvaux, et, peu de temps après, fut élevé à l’évêché de Beauvais. Outre ce Henri, le roi de France eut d’autres frères, Robert, comte de Dieux, et Pierre, seigneur de Courtenai. Le pape Innocent fonda le monastère de Saint-Anastase, martyr; et y ayant fait construire des demeures pour les moines, il demanda une 
société de moines et un abbé tirés de Clairvaux. On y envoya, avec une société de moines, Bernard, autrefois vicomte de la ville de Pise, qui dans la suite devint le pape Eugène.
     Dans ce temps des hommes célèbres par leur dévotion et leur sagesse faisaient fleurir l’Eglise française: c’était Milon, évêque des Morins, remarquable par sa vertueuse humilité: Éloi, évêque d’Arras, fameux par sa libéralité, sa sagesse et sa faconde; Geoffroi, évêque de Langres; Hugues, évêque d’Autun [distraction de Guizot: il s’agit d’Auxerre (B.G)], Goslin, évêque de Soissons; Geoffroi, évêque de Chartres; Aubry, archevêque de Bourges, homme savant et célèbre par la sagesse de ses conseils; Suger, abbé de Saint-Denis en France, homme très-érudit. Parmi eux et beaucoup d’autres hommes remarquables par leur science, brillait éminemment Bernard, abbé de [p.22] Clairvaux, homme de la plus éclatante dévotion, qui fit un grand nombre de miracles, prêcha avec la plus grande ferveur la parole de Dieu, fonda plusieurs monastères, et gagna à Dieu beaucoup d’âmes; au point que les maîtres des écoles, accompagnés d’un grand nombre de clercs, accourant en foule des nations lointaines se ranger sous son excellente domination, remplirent la maison d’épreuves de plus de cent novices, et que quarante se firent moines en un jour. On voyait aussi fleurir maître Richard, chanoine régulier de Saint-Victor de Paris, qui écrivit, dans différens livres et traités, beaucoup de choses utiles à la sainte Église. Dans ce temps brilla aussi Hugues de Feuillet, moine de Saint-Pierre de Corbeil, qui composa un livre de la prison de l’âme et du corps; d’autres disent que ce même Hugues fut chanoine régulier dans le territoire d’Amiens.
Éditions
     Première édition: Domnus Lucas D’ACHERIUS (Dom Luc d’Achery, bénédictin de la congrégation de Saint-Maur), [éd.], «Nangiacum Chronicon», in ID. [éd.], Veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis, maxime Benedictinorum, latuerant, Spicilegium... opera et studio D. Lucae d’Acherii,... [in-4°; 13 volumes; ouvrage communément appelé Spicilegium], Parisiis (Paris), apud C. Savreux, 1655-1677., in Spicilegium [in-4°], tome. XI, pp. 405-602.
     Deuxième édition: Ludovicus-Franciscus-Joseph de LA BARRE (Louis-François-Joseph de LA BARRE), Edmundus MARTENE (Edmond MARTÈNE, 1654-1739), Stephanus BALUZE (Étienne BALUZE, 1630-1718) [réviseurs & éd.], Domnus Lucas D’ACHERY (dom Luc D’ACHERY) [premer éditeur], «Nangiacum Chronicon», in ID. Spicilegium sive collectio veterum aliquot scriptorum qui in Galliae bibliothecis delituerant, olim editum operâ ac studio D. Lucæ d’Achery, prebyteri ac monachi ordinis sancti Benedicti, congregationis s. Mauri. Nova editio prior accuratior, & infinitis propè mendis ad fidem mss. Codicum, quorum varias lectiones V. C. Stephanus Baluze, ac R.P.D. Edmundus Martene collegerunt, expurgata, per Ludovicum-Franciscum-Joseph De La Barre, Tornacensem [in-8; 3 volumes], Parisiis (Paris), Montalant, 1721-1723. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF (curieusement, seulement des tomes II et III) sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k1085969 (tome II) et http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k108597p (tome III)], t. III, p. 1-53, spécialement p. 5. 
     Troisième édition: Pierre-Claude-François DAUNOU (1761-1840) & Joseph NAUDET (1786-1878) [éd.], «Suppleta pars prior Chronici Guillelmi de Nangiaco, ann. 1113-1226» (aliter: «Chronicon Guillelmi de Nangis, sive Nangiaci, monachi Sancti Dionysii in Francia, ordinis sancti Benedicti»), in ID. [éd.], Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus vigesimus – Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome vingtième, contenant la première livraison des monumens des règnes de Saint Louis, de Philippe le Hardi, de Philippe le Bel, de Louis X, de Philippe V et de Charles IV, depuis MCCXXVI, jusqu’en MCCCXXVIII, publié par MM. Daunou et Naudet, membres de l’Institut [in-8° (42 cm); LXVII+844 p.; 1 folio de frontispice; table p. LXVI], Paris, Imprimerie Royale, 1840 [dont une réédition en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey, sans date; dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k50138z, en ligne en 2006], pp. 725-763 (et non 752-763 comme indiqué par erreur par la BNF), spécialement pp. 750-751.
Traduction
     François GUIZOT [trad.], Chronique de Guillaume de Nangis [IX+421 p.; en fait traduction de la fin de cette chronique (de 1113 à 1301) et de sa première continuation (1301-1327)], Paris, J.-L.-J. Brière [«Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France depuis la fondation de la monarchie française jusqu’au 13e siècle, avec une introduction, des suppléments, des notices et des notes, par M. Guizot, professeur d’histoire moderne à l’Académie de Paris (1823-1835)» 13], 1825 [dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k946086, en ligne en 2004], p. 20.
Sur Guillaume de Nangis
     M. de SAINTE-PALAYE, «Mémoire sur la vie et les ouvrages de Guillaume de Nangis», in Mémoires de l’Académie des Inscriptions, tome VIII, pp. 560-578.
     DAUNOU & NAUDET, «Monitum», in op. cit., pp. 543-544.
     François GUIZOT, «Notice sur Guillaume de Nangis», in op. cit., pp. VII-IX.
04. Juan Gil de Zamora, Chronique (avant 1318)

     Juan Gil de Zamora, en latin Johannes Aegidius Zamorensis, en français parfois Egide de Zamore, était un  clerc séculier à Madrid, en 1266. Il entre dans les ordres en 1269-1270 et devient maître en théologie à Zamora en 1278. Ami et collaborateur du roi Alphonse X, c’est un encyclopédiste important, qui a notamment rédigé une Chronique.
     On remarquera que Juan Gil de Zamora présente la même anomalie que Martin d’Oppavia: il date la mort de Jean du règne de Conrad II, mais dans un contexte chronologique qui ne convient qu’à Conrad III, de sorte qu’on doit comme dans le cas précédent se demander où est l’erreur: ou bien le numéro de l’empereur est inexact, ou bien la notice a insérée au mauvais endroit dans leur source. Mais comme, chez Martin, la date également est aberrante dans le contexte (1039) et correspond au numéro de l’empereur (Conrad II), c’est la deuxième solution qui paraît la plus vraisemblable.

Édition Fita de 1884
Traduction B. G. (2006)
    [VII.] [19] Henrricus quartus Henrrici filius imperator, suscepto imperio, patrem suum capiens, in vinculis mori fecit. Huius temporibus papa Kalixtus, compostellanum episcopum, pro reverencia Beati Jacobi qui ibi quiescit, ad archiepiscopatus apicem sublimavit, [p.189] subiiciens Emeritanam provinciam sibi totam. Tempore Lotharii IIII, tanta siccitas in Francia fuit, ut flumina, lacus, fontes, et puttei siccarentur. Ignis quoque quod per rimas terram subintraverat, nec ymbribus, nec frigore nec arte aliqua biennio extingui potuit. Temporibus Conrradi secundi, Johannes de temporibus, qui annis CCCLXI vixerat, a tempore Karuli Magni cuius armiger fuerat, est defanctus.
     [VII.19] L’empereur Henri IV [Lisez Henri V, 1106-1125] fils d’Henri [Henri IV, 1056-1106], après avoir accédé à l’empire, capturant son père, le fit mourir en prison. De son temps le pape Calixte [1119-1124], par révérence pour saint Jacques qui repose là, éleva l’évéche de Compostelle au rang d’archevêché en lui soumettant toute la province de Mérida. Au temps de Lothaire IIII [Lisez Lothaire III, 1123-1137], il y eut en France une si grande sécheresse que les fleuves, les lacs, les sources et les puits s’asséchèrent. Aux temps de Conrad II [Même numéro aberrant que chez Martin d’Oppavia], Jean des Temps, qui avait vécu 361 ans, depuis le temps de Charlemagne dont il avait été écuyer, trépassa.
Éditions
     Manuscrit: Biblioteca de la Real Academia de la Historia, estante 23, grada 7. Códice A, 189, fol. 99-136 (copie déficiente du XIVe siècle).
     Fidel FITA, «Dos libros (inéditos) de Gil de Zamora: I. Liber de preconiis Hispanie. II. Liber de preconiis civitatis Numantine», in Boletín de la Real Academia de la Historia 5 (1884), pp. 131-200. Dont une réédition numérique en mode texte in FUNDACION BIBLIOTECA VIRTUAL MIGUEL DE CERVANTES, Biblioteca Virtual Miguel de CervantesLa Biblioteca de las Culturas Hispánicas, http://www.cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/12504986456704839654657/p0000017.htm#I_24_, en ligne en 2006.
05. Sigimar de Kremsmünster, Chronique (début du XIVe siècle)
Sigimar de Kremsmünster (édition de 1851)

     Wilhelm Wattenbach, qui a édité en 1851 pour les Monumenta Germaniae Historica différentes annales autrichiennes, et entre autres celle de Melk avec chacun de ses divers remaniements, a notamment publié dans ce cadre les additions qui ont été faites à cette chronique par un moine de Kremsmünster qu’il supppose être Sigimar, cellérier de ce monastère au début du XIVe siècle.

Texte de l’édition de Hanovre (1851)
Traduction B. G. (2006)
     1138. Hoc anno mortuus est Iohannes de temporibus, qui 361. annis vixerat, scilicet a tempore Karoli Magni, cuius armiger fuerat.
     Sanctus Bernardus floruit.

(M.G.H., t. IX, p. 554)
     1138. Cette année-là mourut Jean des temps, qui avait vécu 361 ans, à savoir depuis l’époque de Charlemagne, dont il avait été écuyer.
     C
est le temps de Saint Bernard. 
Éditions
               Wilhelmus (Wilhelm) WATTEBACH [éd.], «Annales Mellicenses a. 1-1124-1123: Auctarium Cremifanense a. 249-1217» [«Surplus de Kremsmünster pour les années 249-1217» (additions anonymes au canevas de la chronique de Melk, attribuées par l’éditeur précisément à Sigimar de Kremsmünster)], in Georgius Heinricus (Georg Heinrich) PERTZ (serenissimo Borussiae regi a consil. regim. int. bibliothecae regiae praefectus) [éd.], Monumenta Germaniae Historica, inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum, auspiciis Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum medii aevi. Scriptorum tomus IX [VIII+910 p.], Hannoverae (Hanovre), impensis bibliopolii aulici Hahniani (Hahn), MDCCCLI (1851) [Réédition anastatique: Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1925. Dont une réédition en microfiches (24 micorfiches), Leiden, IDC, sans date. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k934370, en ligne en 2006], pp. 550-554, spécialement p. 554.
06. Jean Lelong d’Ypres, Chronique de Saint-Bertin (avant 1383)
Chronique de Saint-Bertin par Jean lelong d'Ypres (mort en 1383)

     Jean Lelong était un moine du monastère de Saint-Bertin, à Saint-Omer, en Flandre, dont on date la mort de 1383. On lui doit une importante chronique, dite de Saint-Bertin. Comme Martin d’Oppavia et Juan Gil de Zamora il place la mort de Jean sous le règne de Conrad II (mort en 1039) alors qu’on est d’après la date qu’il donne sous Conrad III (1139).

Texte de l’édition de 1925
Traduction B. G. (2006)
     Leo vero noster indultum sibi privilegium a papa super hac sententia secum afferens, prospere gaudensque repatriavit. Quod privilegium sic incipit: Innocentius episcopus, servus servorum Dei, dilecto filio Leoni abbati Sancti Bertini eiusque successoribus regulariter substituendis in perpetuum. Que ad perpetuam ecclesiarum et cet. Datum Laterani anno Domini 1139. Item attulit litteras quibus papa mandat Theodorico comiti Flandrie, Sibille eius comitisse et baronibus per Flandriam constitutis iudicium predictum, mandans, ut hoc monasterium et abbatem eius in has sua iusticia manutenere defendereque curent. Itemque consimiles Willelmo castellano et tam majoribus quam minoribus ville Sancti Audomari; similes quoque Miloni episcopo, Philippo et Miloni archidiaconis et toto capitulo Minororum. Et hec tria eiusdem date cum originali sentencia predicta. Datum Laterani anno Domini 1139.
     Eodem anno ecclesia de Ardea, que nunc dicitur prioratus de Ardea, data est Theodorico abbati de Capella. Et eodem anno obiit Iohannes de Temporibus, qui fuerat armiger regis et imperatoris Karoli Magni, et ab eiusdem Karoli Magni tempore vixerat usque nunc, id est annis 361, hoc anno defunctus est, id est anno Domini 1139. Imperante Conrardo secundo necdum coronato.
(M.G.H., t. XXV, p. 801)
     Notre cher Léon apportant avec lui la charte qu’il s’était fait accorder par le Pape relativement à cette sentence, regagne heureusement et joyeusement sa patrie. Ce privilège commence ainsi: L’évêque Innocent, serviteur des serviteurs de Dieu, à son cher fils Léon abbé de Saint-Bertin et à ceux qui seront désignés de façon légitime pour lui succéder à jamais. Pour que des églises la perpétuelle etc. Donné au Latran l’an du Seigneur 1139. En outre il rapporta une charte dans laquelle le Pape ordonne au comte de Flandre Thierry, à sa comtesse Sybille et aux barons en fonction par toute la Flandre d’avoir soin de soutenir par leurs jugements et de défendre en ces matières ce monastère et son abbé. Et une autre charte semblable adressée au châtelain Guillaume et tant aux notables qu’à la population de la ville de Saint-Omer. Une autre aussi à l’évêque Milon, aux archidiacres Philippe et Milon et à toute l’assemblée du peuple. Et ces trois documents ont la même date que la susdite sentence: Donné au Latran l’an du Seigneur 1139.
     La même année l’église du Héron, qui s’appelle présentement le prieuré du Héron fut donnée à l’abbé Thierry de la Chapelle. Et la même année mourut Jean des Temps, qui avait été écuyer du roi et empereur Charlemagne, et qui avait vécu depuis le temps du dit Charlemagne jusqu’alors, soit 361 ans; il décéda cette année-là, c’est-à-dire l’an du Seigneur 1139, sous le règne de l’empereur Conrad II [à nouveau qui n’avait pas encore été couronné.
Éditions
     Oswald HILDER-EGGER [éd.], «XXX. Chronica monasterii Sancti Bertini auctore Iohanne Long»  [«Chronique de Saint-Bertin due à Jean Lelong»], in Monumenta Germaniae Historica, inde ab anno Christi quingentesimo usque ad annum millesimum et quingentesimum, auspiciis Societatis aperiendis fontibus rerum Germanicarum medii aevi. Scriptorum tomus XXV [VIII+957 p.], Leipzig, Karl W. Hiersemann, 1925. Dont une réédition en microfiches (24 micorfiches), Leiden, IDC, sans date. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k93454k, en ligne en 2006], pp. 736-866, spécialement p. 801.
07. Autres chroniques flamandes (?)

     Selon Felix Liebrecht (1879), cité par Gaston Paris (1891), ce sont des chroniques flamandes qui feraient mention de Jean des Temps. Il n’y aurait pas donc seulement la chronique de saint-Bertin que nous venons de citer à évoquer ce personnage, et nous faisons appel aux chercheurs qui tomberaient sur ces passages pour nous nous les signaler, au cas où le manque de rigueur de Gaston Paris ou de Liebrecht ne nous induirait pas ici en erreur.


Texte non disponible
Traduction à venir

 
Source:
     Felix LIEBRECHT, Zur Volkskunde. Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn, Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891].
     Gaston PARIS, Le Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
     Gaston PARIS, «Le juif errant» [réédition de deux études dont celle de 1891], in ID., Légendes du moyen âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux», «Le paradis de la reine Sibylle», «La légende du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions: 1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
     Réédition numérique en mode texte: François MORIN & Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm, en ligne en 2006.
08. Liber terre sancte Jerusalem d’Évreux (fin XIVe siècle)

       Dans une compilation de la fin du XIVe siècle conservée à Évreux signalé à Gaston Paris par son ami le comte Paul Riant (1836-1888), spécialiste de l’Orient latin, nous trouvons un guide du pélerin en Terre Sainte. On y donne l’adresse à Jérusalem du Juif errant qui aurait frappé le Christ sur son chemin de croix, Jean Boutedieu (entre la maison de Judas et celle du Mauvais Riche). Ce personnage du Juif errant (qui d’ailleurs n’est pas toujours juif) apparaît sous diverses formes et sous divers nom à partir du début du XIIIe siècle, et notamment celui de Jean Boutedieu, pour lequel se firent passer, semble-t-il divers imposteurs en divers temps.
     Notre compilateur introduit ici une glose où il exprime son incrédulité envers la légende de Jean Boutedieu, qui serait selon lui une déformation populaire de la réalité elle historique de Jean des Temps, personnage qu’il appelle curieusement pour sa part Jean Dévot-de-Dieu, et qui n’aurait vécu selon ses informations que 250 ans.


Texte donné en 1891 par Gaston Paris d’après Paul Riant
Traduction B. G. (2006)
L’une des notices ajoutées par le compilateur est celle qui nous intéresse: «Aussitôt après l’église du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen et la maison de Judas (Philippus, p. 52), on lit: Item magis ultra per eamdem viam est locus a vulgo [il manque évidemment dictus et un nom], ubi Johannes Buttadeus impellit (Lisez: impulit) Christum Dominum quando ibat ligatus ad mortem, insultando dicens Domino: Vade ultra, vade ad mortem! Cui respondit Dominus: Ego vado ad mortem, sed tu usque ad diem judicii non. Et, ut quidam dicunt simplices, visus est aliquando multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus, sano vocabulo appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer Karoli Magni et vixit CCL annis. Vient ensuite la maison du mauvais riche.»
     En outre plus loin dans la même rue se trouve un lieu vulgairement [lacune: appelé on ne sait comment], où Jean Boutedieu frappa notre Seigneur le Christ alors qu’il allait enchaîné à sa mort, en l’insultant et disant au Seigneur: Vas-y, va mourir! Le Seigneur lui répondit: Moi je vais mourir, mais toi, jusqu’au jour du Jugement, non. Et, à ce que rapportent les gens naïfs, il est apparu de temps à autres à de nombreuses personnes; mais ce qu’en disent les sages, c’est que le dit Jean, qu’on appelle sous un nom déformé Jean Boutedieu, s’appelle de son vrai nom Jean Dévot-de-Dieu, qu’il fut écuyer de Charlemagne et vécut 250 ans.

Éditions
     Gaston PARIS, Le Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
     Gaston PARIS, «Le juif errant» [réédition de deux études dont celle de 1891], in ID., Légendes du moyen âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux», «Le paradis de la reine Sibylle», «La légende du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions: 1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
     Réédition numérique en mode texte: François MORIN & Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm, en ligne en 2006.
Publications du Comte Riant pouvant présenter de l’intérêt pour l’interprétation de ce document:
     Paul-Édouard-Didier, comte RIANT, Archives de l’Orient latin [in-4°; 2 tomes], Paris, 1881-1883.
     Paul-Édouard-Didier, comte RIANT, Inventaire sommaire des manuscrits relatifs à l’histoire et à la géographie de l’Orient latin. I. France. A. Paris [in-4°; 81 p.; extrait des Archives de l’Orient latin publiées sous le patronage de la Société de l’Orient latin, t. II, 1882, pp. 131-204], Gênes, l’Institut royal des sourds-muets, 1882.
     Henri MICHELANT & Gaston RAYNAUD [auteurs], Paul-Édouard-Didier, comte RIANT [préfacier], Itinéraires de Jérusalem et descriptions de la Terre Sainte, rédigés en français aux XIe, XIIe et XIIIe siècles [gr. in-8°; XXXIII+283+12 p.], Genève, J. A. Fick [«Publications de la Société de l’Orient latin. Série géographique» III], 1882.

09. Philippe de Bergame, Chronique (1483)
Edition de 1506 de la Chronique de Jacques-Philippe de Bergame
Traduction italienne de la Chronique de Philippe de Bergame
Traduction italienne de la Chronique de Philippe de Bergame
les photographies du texte italien (édition non datée) nous ont été aimablement communiquées par M. le comte de Stampa (2004).

     Jacopo Filippo Foresti (1434-1520), en latin Jacobus Philippus Bergamensis, et en français Philippe de Bergame, naquit à Bergame, et y passa l’essentiel de sa vie au couvent Ermites de Saint-Augustin. Ce théologien et historiographe a surtout donné une Chronique qui a un connu un gros succès sous le nom de Supplément des Chroniques, et de nombreuses rééditions de 1483 à 1537, notamment à Paris, sans parler d’une traduction italienne elle-même plusieurs fois rééditée de 1491 à 1581, et d’une version espagnole en 1510. 
     Dans cette chronique, fort curieusement, la date de la mort de Jean des Temps est déplacée de 1139 aux alentours de 1144, probablement par suite d’une simple erreur matérielle, l’auteur ayant intercallé de nouveaux matériaux entre ses notes sur le règne de Conrad et la mention de la mort de Jean des Temps.

     On peut se demander la raison du succès d’une chronique qui paraît contenir tant d’erreurs matérielles que dans ce bref passage qui nous intéresse, on n’en trouve pas moins de quatre: date de la mort de Jean, numéro du pape Luce, calcul de la durée de son pontificat et occasion réelle de sa mort: tout cela est entièrement faux dans notre chronique!

Texte latin
Traduction B.G. (2006)
     [papa 176] Lucius papa eius nominis tertius natione bononiensis patre Alberto: post celestinum pontificem predictum: sedit mensibus .11. diebus .9. Hic tituli sancte crucis in hierusalem presbyter cardinalis fuit, Quam quidem basilicam ferme totam colapsam, propriis expensis restituit. Qui inito ponti. nil pretermisit: quod ad expeditionem hyerosolimitanam necessarium putabat. verum & ipse dum in his versaretur: peste absumit: & in laterensi basilica sepelitur
     Ioannes de t(em)p(or)ibus sic appellatus: ut Cronicæ omnes referunt: hoc eodem anno: cum .361. annis vixisset: in Galliis moritur: quem caroli magni Armigerum fuisse tradunt.
     [Pape n°176] Le pape Luce, troisième du nom [en réalité le deuxième (B.G.)], de nation bolognaise, fils d’Albert, après le susdit pape Célestin, siège 11 mois et 9 jours [en fait 3 jours: 12 mars 1144 - 15 février 1145 (B.G.)]. Il était cardinal-prêtre du titre de Sainte-Croix-de-Jérusalem. Cette église étant presque entièrement effondrée, il la fit restaurer à ses frais. Dès le commencement de son pontificat, il n’omis rien de ce qu’il pensait nécessaire à l’expédition de Jérusalem; mais lui aussi, alors qu’il s’en occupait, est emporté par la peste [En réalité il mourut au combat lors d’un assaut contre le Capitole où s’étaient retranchés ceux qui contestaient ses droits au pouvoir temporel (B.G.)], et il est enseveli dans la basilique du Latran.
     Jean des Temps, appelé ainsi au rapport de toutes les Chroniques, cette même année, alors qu’il avait vécu 361 ans, meurt en Gaule, lui dont on rapporte qu’il avait été écuyer de Charlemagne.

Version italienne
Traduction B.G. (2006)
     [Gioanni] Gioanni chiamatode Temporibus (come scriveno gli historici) essendo di età d’anni .361. mori in Franza quest’anno, & dicono che fu homo d’arme de Carolo chiamato sopranome Magno.
     [Jean] Jean, appelé de Temporibus (comme écrivent les historiens), étant âgé de 361 ans, meurt en France cette année-là, et on dit qu’il fut homme d’armes de Charles surnommé le Grand.
Éditions latines du vivant de l’auteur:
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS (Jacopo Filippo FORESTI, de Bergame, 1434-1520), Supplementum Chronicarum [in-f°; 180 ff. ; caractères gothiques; figures; l’auteur dit avoir achevé son ouvrage à Bergame le 3 des calendes de Juillet 1483, âgé de 49 ans], in civitate Venetiarum (Venise), per Bernardinum de Benaliis Bergomensem, 1483.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Fratris Iacobi Philippi Bergomensis ordinis Fratrum Eremitarum Diui Aug. in omnimoda historia nouissime congesta Supplementum cronicarum appellata liber primus feliciter incipit (f°22) [in-f° (31 cm); 23+358+1 ff.; le titre est au f°22], Brixiae (Brescia), per Boninum de Boninis de Ragusia, 1485.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Fratris Iacobi Philippi Bergomensis, Ordinis Fratrum Eremitarum Diui Augustini, In omnimoda historia nouissime congesta, Supplementum cronicarum appellata [in-f° (31 cm); 274 ff.; gravures sur bois], Venetiis (Venise), per Bernardinum de Benaliis Bergomensem, 1486.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Opus preclarum supplementum chronicarum vulgo appellatum in omnimoda historia novissime congesta fratris Jacobi Philippi Bergomensis, religionis heremitarum diui Augustini decoris [in-f° (31 cm); 12+261+1 ff.; gravures sur bois], Venetiis per Bernardum Rizum de Novaria, 1490. Dont une réédition en microfilm: Cambridge (Massassuchetts, U.S.A.), Omnisys [«Italian books before 1601» 441.5], vers 1990.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum chronicarum Jacobi Philippi Bergomensis (aliter: Supplementum chronicarum ab ipso mundi exordio usque ad annum 1490, editum à Jacobo-Philippo Bergomate) [in-f° (32 cm); 2+256+12 ff.; gravures sur bois], Venetiis (Venise), Bernardinus Ricius de Novaria, 1492.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Nouissime hytoriarum omnium repercussiones nouiter a Reuerendissimo Patre Jacobophilippo Bergomense, ordinis heremitarum edite, que supplementum supplementi cronicarum nuncupantur incipiendo ab exordio mundi usque in annum salutis nostre MCCCCCII [inf° (34 cm); 543+10 ff.; gravures sur bois], Venetiis (Venise), per Albertinum de Lissona Vercellensem, 1503.
     Autre édition vénitienne de la même année: [in-f°; 452+9 ff.; figures gravées sur bois et coloriées; initiales peintes], Venetiis, 1503.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum chronicarum [in-f°; à la page 440 (année 1493) on lit: «de quatuor permaximis insulis in India extra Orbem nuper inventis» (découverte de l’Amérique)].
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Novissime historiarum omnium repercussiones, noviter a reverendissimo patre Jacobo Philippo Bergomense,... edite, que supplementum supplementi cronicarum nuncupantur, incipiendo ab exordio mundi usque in annum salutis nostre 1502... [in-f°; 449 p; table; figures gravées sur bois], Venetiis (Venise), opera G. de Rusconibus, 1506 [Dont une réédition en microfilm: Cambridge (Massassuchetts, U.S.A.), Omnisys («Italian books before 1601» 99.1), vers 1990. Dont une réédition numérique par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k587732, en ligne en 2006], f°295, verso.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum supplementi chronicarum ab ipso mundi exordio usque ad redemptionis nostrae annum MCCCCCX editum et novissime recognitum et castigatum a... Jacobo Phillippo [sic] Bergomate,... [in-f°; 335 ff. ; gravures sur bois], Venetiis (Venise), impensa G. de Rusconibus, 1513.
Éditions latines posthumes:
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum chronicorum, omnes fere historias quae ab orbe condito hactenus gestae sunt, iucunda admodum dicendi breuitate complectens, opus... primum... a... Jacobo Philippo Bergomate,... conscriptum, deinde vero eruditorum quorundam diligentia... mendis... repurgatum, cui insuper addita est nostrorum temporum brevis quaedam accessio, eorum annorum... res... complectens quae ab anno 1500, ad annum 1535... gestae sunt (autre titre: Supplementum Chronicarum omnes fere historias quae ab orbe condito actenus Gestae sunt ineunda admodum brevitate complectens, repurgatum et Bernardini Bindoni, annorum 32 appendice auctum) [in-f° (35 cm); 18 pièces liminaires; 443 ff.], Parisiis (Paris), apud Simon. Colineum & apud Galiotum, 1535.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum chronicorum, Venetiis, 1547.
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Supplementum chronicarum [17 cm; pagination multiple ; reprodiction d’une édition non précisée par la catalogue de la Congress Library], Roma, Klaræ Augia, 1983.
Version numérique en mode texte en ligne:
     JACOBUS PHILIPPUS BERGAMENSIS, Novissime historiarum omnium repercussiones, noviter a reverendissimo patre Jacobo Philippo Bergomense,... edite, que supplementum supplementi cronicarum nuncupantur, incipiendo ab exordio mundi usque in annum salutis nostre 1502... [in-f°; 449 p; table; figures gravées sur bois], Venetiis (Venise), opera G. de Rusconibus, 1506 [Dont une réédition en microfilm: Cambridge (Massassuchetts, U.S.A.), Omnisys («Italian books before 1601» 99.1), vers 1990. Dont une réédition numérique par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k587732, en ligne en 2006], f°295, verso.
Versions italiennes:
     Francesco SANSOVINO Fiorentino (1521-1583) [trad.], Jacopo Filippo FORESTI da Bergamo (1434-1520) [premier auteur], Incomenza l’Opera dignissima et preclara chiamata supplemento de le Chroniche, in le quali se tracta in brevità d’ogni historia, comenzando dal principio del mondo fino al presente: compilata et facta per lo excellentissimo et famoso Doctor Messer Frate Iacobo Philippo da Bergamo: de l’ordine de gli Heremitani di Sancto Augustino.... et vulgarizzato per me Francesco C.(iei) Fiorentino [in-f°; le traducteur dit avoir fini son œuvre à Florence en janvier 1483, c’est-à-dire 1484], Venetia (Venise), Bernardino Rizo de Novara, 1491.
     Autres rééditions in-folio: [in-f°] Venetiis (Venise), 1500. Venetia (Venise), 1520; [in-f°; «vulgarizato et historiato cum la gionta per insino 1524»], Venetia (Venise), 1524. Venetia (Venise), 1535.[in-f°; «nuovamente revisto, vulgarizzato secondo il vero testo latino dell’ultima impressione fatta a Parigi. Et appresso l’addittione delle cose più memorabili accadute, o fatte per l’universo Mondo a tutto l’anno 1539»], Venezia (Venise), Bernardino Bindoni, 1540. Etc.
     Francesco SANSOVINO Fiorentino (1521-1583) [trad.], Jacopo Filippo FORESTI da Bergamo (1434-1520) [premier auteur], Sopplimento delle croniche universali del mondo... Tradotto da Francisco Sansovino… con un ritratto del più nobili città d’Italia... [in-4°; 2 volumes], Venetia (Venise), 1575. Réédition, 1581.
Version espagnole:
     Narcís VIÑOLES [trad.], JACOBUS PHILIPPUS Bergamensis (Jacopo Filippo FORESTI, de Bergame, 1434-1520), Suma de todas las cronicas del mundo, llamado en latin Supplementum cronicarum (por J. F. Foresti, traducido por N. Viñolas).— [autre titre:] Suma de los cronicas del mundo traduzido de lengua latina y toscana en esta castillana por Narcis Viñoles [in-f°; 446 ff.; table; caractères gothiques; figures gravées sur bois], Valencia (Valence), Gorge Costilla, 1510.
Sur Philippe de Bergame:
     P. David Aurelius PERINI (ordinis Erem. S. Augustini), «Foresti Fr. Iac. Philippus» [6 items bibliographiques], in ID., Bibliographia Augustiniana, cum notis biographicis. Scriptores Itali [in-8°; 4 volumes (t.1: A-Cyr, 1929; t.2: D-M, 1931; t.3: N-S, 1935; t.4: T-Z, 1937)]. Firenze (Florence), typis florentinis librariae editricis [«Biblioteca agostiniana. Serie 2a» 5], 1929-1937, tome II (1931) [dont une réédition numérique en mode texte par le Centro Studi Agostiniano “Cherubino Ghirardacci”, http://web.tiscali.it/ghirardacci/perini/perini2.htm, en ligne en 2006], pp. 77-79.
10. Nicole Gilles, Annales (avant 1503)

     Les Annales de François Nicolle, contrôleur du Trésor royal sous Charles VIII mort en 1503, passent pour la première Histoire de France, Cet ouvrage fut constamment réédité et remanié jusqu’en 1621. Il a adapté et complété les Grandes Chroniques de France.
     En fait je n’ai pas encore consulté ces Annales.


Texte non disponible
Traduction à venir

 
Éditions des Très élégantes Annales de Nicole Gilles (de 1520 à 1551)
     Nicole GILLES (vers 1425-1503), Les très élégantes, très véridiques et copieuses Annales des très preux, très nobles, très chrestiens et très excellens modérateurs des belliqueuses Gaules...  Depuis la triste desolation de la...cite de Troye jusques au regne du tres vertueux roy François... Compilées par... Nicole Gilles jusqu’au temps de très prudent et victorieux roy Loys unziesme et depuis additionnées selon les modernes hystoriens jusques en lan mil cinq cens et vingt [2 parties en 1 volume in-f°; caractères gothiques; encadrements gravés; figures], Paris, Galliot Du Pré, 1520. réédition: 1521. Réédition, 1527. Réédition: Les treselegantes… [in-f°; LXI+CLXVII ff.; caractères gothiques; deux cahiers de l’édition de 1531 insérés à la suite de celle de 1527], Paris, Galiot du Pre, 1531. Réédition: Les très élégantes…  jusques en l’an mil cinq cens XXXVI [in-f°, 2 parties en 1 volume (CXXXIII, CXLV ff.); feuillets imprimés recto-verso; illustrations], Paris, J. Longis, 1536. Réédition: Les très élégantes… Nouvellement reveues et corrigées sur les anciens originaulx oultre les précédentes impressions [2 tomes en 1 volume in-f°], Paris, à l’enseigne sainct Jehan Baptiste, 1538. réédition: Les très élégantes… jusques en l’an mil cinq cens XXXVI [in-f°], , à l’enseigne sainct Jehan-Baptiste, 1538. Réédition: Les très élégantes… et depuis additionnées selon les modernes hystoriens... mil D. XLIIIILes très élégantes… [in-f°], Paris,  J. Foucher, 1544. Réédition: Les tres elegantes… [in-f°], Paris, J. de Roigny & Galliot Du Pré & J. de Roigny, 1547. Réédition: Les Tres elegantes…, iusques en l’an mil cinq cens cinquante et un. Nouuellement reuues et corrigees sur les anciens originaulx, et amplifiees oultre les precedentes impressions [in f°; 145 ff. ; table], Paris, veufve Françoys Regnault & Massellin, 1551.
Éditions des Chroniques et Annales de Nicole Gilles et de leurs continuations avant Belleforest (de 1525 à 1621)
     Nicole GILLES (vers 1425-1503), Chroniques et annales de France [in-f°; 2 tomes en 1 volume], Paris, Galliot-Dupré, 1525.
     Nicole GILLES, Les Cronicques et annalles de France  [28 cm; 776 ff.; 2 parties en 1 volume (1: «Le Premier volume des Cronicques et annalles de Fra[n]ce augmentees en la fin du second volume daucuns faictz dignes de memoire des feux rois Charles huistieme Loys douziesme et Fracois premier du nom jusques en l’an mil V.C.XXX. A Paris M.V.C.XXX»; 2: «Le Second volume des Cronicques et annalles de Fra[n]ce augmentees en la fin dudit volume daucuns faictz dignes de memoire des feux rois Charles huytiesme, Loys douziesme et Fra[n]cois premier du nom jusques en lan mil cinq cens trente. Nouvellement imprime a Paris»], Paris, Philippe Le Noir, 1530.
     Nicole GILLES, Chroniques et annales de France [in-f°; 2 tomes en 1 volume], Paris, Gilles Gormontius, 1533.
     Nicole GILLES, Les Annales et cronicques de France, composées par feu... Nicolle Gilles,... - Le second volume des cronicques et annales de France, augmentées d’aucuns faitz... jusques en l’an mil cinq cens trente huyct [2 volumes in-f°], Paris, Galliot Du Pré, 1538 [l’exemplaire de Baluze est conservé par la BNF].
     Denis SAUVAGE (pseudonyme de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Annales et chroniques de France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du roy Loys XI, jadis composées par... maistre Nicole Gilles,... depuis additionnées selon les modernes historiens jusques en l’an mil cinq cens quarante et neuf, le tout nouvellement reveu et corrigé... par Denis Sauvage,... Le second volume des Croniques et annales de France, augmentées... d’aucuns faictz dignes de mémoire des feuz roys Charles huyctième, Françoys premier et Henry deuxième... jusques en l’an mil cinq cens quarante et neuf Nouvellement reveu et corrigé... par D. S. [Denis Sauvage] [2 parties en 1 volume in-f°; figures; tableaux généalogiques; armoiries], Paris, G. Du Pré, 1549.
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les... Annales et croniques des très chrestiens et excellens modérateurs des beliqueuses Gaules... jadis composées par... Nicole Gilles, et depuis additionnées... jusques en l’an mil cinq cens cinquante et un... [in-f°; 145 ff.; table], Paris, Vve F. Regnault & R. Masselin, 1551. monographie
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Annales et Croniques de France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du Roy Louis onziesme, jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,... Imprimees nouuellement sur la correction du Signeur Denis Sauvage de Fontenailles en Brie, et additionnees, selon les modernes historiens, iusques à cest an Mil cinq cens cinquante trois [2 tomes en 1 volume in-f°; 149 ff.; table; figures], Paris, V. Sertenas & Jean Macé, 1553.
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Annales et croniques de France, depuis la destruction de Troye jusques au temps du roy Louys onziesme jadis composées par... maistre Nicolle Gilles,... imprimées nouvellement sur la correction de M. Denis Sauvage,... et additionnées... jusques à cet an mil cinq cens soixante et deux... - Le Second volume des Annales et croniques de France, augmentées, en la fin dudict volume, d’aucuns faictz dignes de mémoire des feuz roys Henry deuxiesme, Francoys deuxiesme et Charles IX. du nom, jusques en l’an mil cinq cens soixante et deux, imprimées nouvellement sur la correction de M. Denis Sauvage,... [2 parties en 1 volume in-f°; figures; portraits; tableaux généalogiques; armoiries], Paris, G. Le Noir, 1562 [La BNF conserve un exemplaire annoté de Montaigne].
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de France, depuis la destruction de Troye, iusques au Roy Loys onziesme, jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,... Nouuellement imprimees sur la correction de maistre Denis Sauvage, de Fontenaille en Brie, et additionnees, tant par luy que par autres, selon les modernes historiens, iusques au Roy Charles neufiesme... Auec les effigies des Roys... [2 parties en 1 volume in-f° ; portraits], Paris, G. Buon, 1562-1566.
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de France, depuis la destruction de Troye jusqu’au roi Louis XI composées par Nicole Gilles, additionnées jusqu’au roi Charles IX, par Denis Sauvage, avec les effigies des rois au plus près du naturel [in-f°; 2 tomes en 1 volume], Paris, Duchemin, 1566.
     Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de France, depuis la destruction de Troye, iusques au Roy Loys onziesme, jadis composees par feu maistre Nicole Gilles,... Nouuellement imprimees sur la correction de maistre Denis Sauvage, de Fontenaille en Brie, et additionnees, tant par luy que par autres, selon les modernes historiens, iusques au Roy Charles neufiesme... Auec les effigies des Roys... [in-f°; table; 336 ff.; portraits], Paris, J. Ruelle, 1571. [in-f°; 2 parties en 1 volume; figures; encadrements gravés], Paris, à l’enseigne de l’Éléphant & à l’enseigne du Pellican, 1541-1544.
Version allemande des Chroniques de Nicole (1572) :
     Nicolaus FALCNER [trad.], Nicole GILLES [premier auteur], Frantzösische Chronica, oder volkommene Beschreibung aller nammhafftiger Gedechtnuss wirdiger Geschichten unnd Thaten so sich zum Theil von Anfang der Welt demnach under allen Fürsten und Königen... biss auff diss gegenwirtige 1572. Jar und Carolum den Neundten diss Nammens, jetzt regierenden König in Franckreich, zugetragen, gantz ordenlich begriffen... erstlich durch weiland Herren Nicolaum Gillem,... [in-f°; 2 volumes; portrait], Basel (Bâle), gedruckt bey N. Brylingers Ehrben, 1572.
Éditions des Chroniques et Annales de Nicole Gilles par Belleforest et ses continuateurs (1573-1551)
     François de BELLOREST [2e continuateur & éditeur], Denis SAUVAGE (pseudonyme de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et Annales de France dès l’origine des Francoys, et leur venue ès Gaules, Faictes iadis... par Nicole Gilles,... iusqu’au Roy Charles huictiesme, et depuis continuees par Denis Sauvage, iusqu’au Roy Francoys second. A present reuues, corrigees et augmentees... iusqu’au Roy Charles neufiesme régnant à présent... Par Françoys de Belle-Forest, comingeois. Avec les Genealogies et effigies des Roys... [in-f°; VIII+536 ff.; portrais], Paris, G. Buon, 1573.
     Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des Françoys et leur venue ès Gaules...... faictes jadis... par Nicole Gilles,... et depuis additionnées par Denis Sauvage... reveues... par F. de Belleforest,... augmentées et continuées... jusques au roy Henri III... par G. Chappuys... [in-f° ; pièces liminaires; table; 521 ff.; portraits], Paris, J. Cavellat, 1585.
     Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et Annales de France dez l’origine des Françoys et leur venuë ès Gaules, faictes jadis briefvement par Nicole Gilles,... jusqu’au roy Charles VIII et depuis additionnées par Denis Sauvage jusqu’au roy François II du nom, reveues, corrigées et augmentées... contenantes l’histoire universelle de France dès Pharamond jusqu’au roy Charles IX, par F. de Belleforests (sic), Comingeois, avec la suite et continuation d’icelles, depuis le roy Charles IX, jusques au roy... Louys XIII à présent régnant, par G. Chappuys,... et autres [in-f°; 2 parties en 1 volume in-f°], Paris, M. Sonnius & C. Rigaud & Sébastien Chappelet, 1617.
      Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur & éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de France... continuées par Denis Sauvage... et augmentées... jusqu’au Roy Charles neufième régnant à présent... [in-f°], Paris, P. Chevalier, 1621.
     Jean SAVARON (1566-1622) [4e continuateur & éditeur],  Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des Françoys par Nicole Gilles jusqu’au roi Charles VIII, additionnées par Denis Sauvage jusqu’à François II, revues et augmentées jusqu’à Charles IX, par F. de Belleforest avec la suite et continuation jusques au roy... Louis XIII... plus la saincteté du roy Louys dict Clovis, par M. Jean Savaron,...  [in-f°; pièces liminaires; 730 ff.; table], Paris, P. Chevalier, 1621.
11. Fulgosius, De dictis factisque memorabilibus (avant 1504)

     Battista Fregoso (1453-1504), surnommé en latin Fulgosius, fut doge de Gènes, et donna en italien plusieurs ouvrages dont un Recueil de Dits et faits mémorables (titre emprunté à un ouvrage du même genre de l’historien antique Valère-Maxime), qui fut traduit en latin par Camillo Ghilini et connut une dizaine d’éditions au XVIe siècle.

    Nous n’avons pas consulté cet ouvrage. Robert Leslie Ellis, éditeur de l’Historia Vitae de Francis Bacon en 1859 (page 146, note 6), le range au nombre de ceux qui pensent que le nom de Jean des Temps fut donné à Jean d’Étampes en raison de sa longévité.

Texte non disponible
Traduction à venir
     On dit que son nom était Jean de Stampis (D’Estampes), et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire. Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger], Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.
(Robert Leslie Ellis, 1859)
 

Notre source:
     Robert Leslie ELLIS [éd.], «Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in The works of Francis Bacon, etc. (voir infra), 1859 [mis en ligne sur le site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716, en ligne en 2006], p. 146, note 6.
Éditions:
     Camillus GILINUS (Camillo GHILINI) [traducteur en latin], Baptista FULGOSIUS (Batiista FREGOSO, doge de Gènes, 1453-1504) [auteur, en italien], De dictis factisque memorabilibus collectanea a Camillo Gilino Latina facta [in-f° (31 cm); 664 p.], Mediolani (Milan), Iacobus Ferrarius, 1509.
     Camillus GILINUS [trad.] & Baptista FULGOSIUS, Factorum dictorumque memorabilium libri IX [in-f°; 20+380+16+3 ff. + 154 p.], Parisiis (Paris), Petrus (Pierre) Cavellat, 1578 (relié avec:  De Magistratibus adeoque reipublicae romanae statu commentarii. Lausannae, excudebat Franciscus le Preux Ilustr. D. Bernensium Typographus, Parisiis, Cavelat, 1578) [Plusieurs rééditions par Cavellat (où seule la date est changée, à la plume), 1580-1599], p. 298.


12. Johannes Nauclerus, Chronique (avant 1510)

     Johann Vergenhans, en latin Johannes Nauclerus, chroniqueur allemand né vers 1430 en Souabe et mort vers 1510, professeur, puis chancelier de l’Université de Tübingen, a laissé une Chronique en latin, parue en 1516, qui va depuis Adam jusqu’en 1500.
     
Nauclerus mentionne le cas de Jean des Temps dans sa Chronique, selon Johann Jacob Hofmann, dans son Lexicon Universale paru en 1698, tome II, page 622 (voir ci-dessous).
     Merci à toute personne qui y aurait accès de nous en comuniquer le texte, voire un scan.


Texte non disponible
Traduction à venir

 
Notre source:
     Johann Jacob HOFMANN, Lexicon Universale,1698, tome II, page 622 (voir ci-dessous).
Éditions:
     Joannes NAUCLERUS (Johann VERGENHANS, mort en 1510), Memorabilium omnis aetatis et omnium gentium chronici commentarii a Ioanne Nauclero I.U. Doctore Tubing. Praeposito, & Universitatis Cancellario, digesti in annum Salutis M.D. [40 cm; 2 livres en 1 volume], Ex Tvbinga Sveviae vrbe (Tübingen), 1516.
     Johannes NAUCLERUS, Chronica D. Iohannis Navcleri ... svccinctim compraehendentia res memorabiles secvlorvm omnivm ac gentivm, ab initio mundi vsque ad annum Christi nati M.CCCCC. Nvnc, plvrimis locis, ex ipsis, vnde desumpta sunt, authoribus emendatis, & mendis, quæ irrepserant, sublatis, nouo insuper adiecto indice, emendatiùs ac elegantiùs quàm vnquam antehac excusa ... [in-f° (32 cm); 20 pièces liminaires; 1122 (en fait 1102) p.], Coloniæ (Köln, Cologne), apud G. Calenium, & hæredes Iohannis Quentel, 1579.
Aperçu en ligne de cet ouvrage:
     Per NAUCLÉR, «The World Chronicle», in ID., A Naucler Genealogy Home Page, http://web.telia.com/~u42300055/NAU/The_book.htm, en ligne en 2006.
13. Paul ÉmileDe rebus gestis Francorum (1519).

Paul-Emile, livre V, folio CXLI verso de l'édition de 1520 (Gallica)
Paul-Emile, livre V, folio CXLII recto de l'édition de 1520 (Gallica)

    Appelé en France sous Charles VIII pour composer une histoire érudite de ce pays, Paolo Emili (en latin Paulus Aemilius) a publié les quatre premiers volumes de son œuvre en 1517, les deux suivants en 1519, et laissa à sa mort en 1529 les matériaux suffisant pour en composer quatre autres, tâche qui fut entreprise par son ami et compatriote Zavarizzi. La première édition de l’œuvre complète prit place en 1539 chez Vascosan; à cette chronique furent reprochés son ton déclamatoire et son parti-pris pro-français mais elle demeure une source importante pour l’histoire du XVème siècle.
     Malheureusement nous ne disposons pour l’instant que du texte de l’édition de 1520 mis en ligne par la BNF sur son site Gallica, texte presque illisible à force de pâtés: l’édition en était typographiquement très mauvaise.

     Elle nous permet cependant en l’état de rectifier la citation tronquée et erronée que fait Gaston Paris (1891), d’après Graesse (1861), du passage relatif à Jean des Temps, et de mieux comprendre qu’ils ne l’ont fait l’hypothèse très ingénieuse et élégante de Paul-Émile, qui permet de ramener le nombre de 361 à 161, et de passer ainsi du surnaturel à l’extraordinaire.
     Paul-Émile suggère qu’il a pu y avoir une confusion entre deux Charles de la dynastie carolingienne, à savoir le premier, Charlemagne, et le dernier, Charles dit de Basse-Lorraine, compétiteur malheureux d’Hugues Capet, qui fut couronné en 988, un an après son rival, mais fut capturé et emprisonné par ce dernier en 991.
     De fait, un homme qui serait mort en 1139 à l’âge de 161 ans, et qui serait donc né vers 978, aurait eu de dix à treize ans pendant la période où Charles de Basse-Lorraine fut roi en même temps qu’Hugues Capet, à savoir de 988 à 991. Il aurait donc en être le page, voire même, en tirant sur les dates, l’écuyer.
     Par ailleurs, Paul Émile est le premier auteur à notre connaissance qui propose d’identifier Jean des Temps à un certain Jean d’Étampes.

     On notera que ceux des auteurs suivants qui citent Paul Émile
(voyez ci-dessous), à savoir au moins Fleureau (1668), Grässe (1840) et Gaston Paris (1891), ne prêtent pas tout le soin qu’il faudrait à sa lecture, pourtant des plus suggestives.
     1) Dom Basile Fleureau (1668) comprend mal le terme latin de virtus, qui signifie ici, selon toute apparence,
«prodige», et non pas «vaillance», de sorte que l’argument de Paul Emile, qui était logique (les historiens n’auraient pas manquer de signaler un tel prodige) devient très faible, voire illogique chez le savant barnabite (les historiens n’auraient pas manqué de signaler quelque trait de sa bravoure).
     2) Quant à Grässe (1841), servilement suivi par Gaston Paris (1891), il lit Paul Émile avec tellement d’inattention qu’il lui prête l’idée que, par Charlemagne, il faudrait entendre Charles le Simple; alors qu’en réalité cet auteur parle de Charles de Basse-Lorraine, petit-fils de Charles le Simple et rival d’Hugues Capet, hypothèse beucoup plus intéressante, et même si intéressante qu’on peut en venir à se demander si Paul Émile n’a pas trouvé la solution de cette énigme véritablement irritante de la longévité merveilleuse de Jean des Temps.

     Qui aurait à sa disposition une édition de Paul Émile plus lisible que celle qui a été mise en ligne par la BNF, et plus fiable que celle qu’ont utilisée par Grässe et Gston Paris?


Texte latin
Traduction B. G. (2006)
     Sub idem tempus obiit Ioannes a Stampis, quam per errorem a temporibus multi vocitant, ob diuturnam vitam. Plus trecentis sexaginta vixisse annis eum faciunt, sub Karolo Magno meruisse, Ludovico Crassi filio decessisse; cum interea nulla in tot motibus mentio eius facta fuerit, nec latere ignorarive potuisset virtus, que speci... ......clarissimi ....... ........ ..........isset, .....ius crediderim eum militasse sub Carolo Simplicis nepote, quem Regnum ..........cumque petentem & in Carolum Magnum originem suam referentem, Capetus Regni æmulus cepit (?), speque ..... ................orum ...... nec trecentorum sexaginta sed centum circiter & sexaginta annorum vitam ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum & memorabile sit.
(Livre V, édition de 1520, ff. CXLIv-CXLIIr)
     Vers la même époque mourut Jean d’Étampes, que par erreur beaucoup appellent des Temps, à cause de la longueur de sa vie. On le fait avoir vécu plus de trois cent soixante ans, avoir servi sous Charlemagne, être décédé sous Louis, fils de Louis le Gras; alors que dans l’intervalle, au milieu de tant de péripéties il n’a été fait aucune mention de lui, et que ce miracle n’aurait pu rester inaperçu ou inconnu... (une ligne illisible) ... je croirais qu’il a servi sous Charles le petit-fils de Charles le Simple, qui prétendait à la royauté ...... ....., qui faisait remonter son lignage à Charlemagne, et que Hugues Capet, son concurrent pour la royauté, captura ........... ; et qu’il n’a pas eu pour lot une vie de trois cent soixante ans mais de cent soixante ans environ, ce qui est encore considérable et mémorable en cet âge avancé du monde.
Manuscrits:
     Un manuscrit est conservé au musée Hunter de l’université de Glasgow (Pauli Aemilii Veronensis Galliæ Antiquitates, GB 0247 MS Hunter 11 (S.2.1), l’autre à la BNF.
Éditions:
     Paulus ÆMILIUS Veronensis (alias Paulus ÆMYLIUS, en italien Paolo EMILI, en français Paul ou Paule ÆMYLE ou ÆMILE ou EMILE ou ÉMILE, 1460-1529), Pauli Aemilii,... de Rebus gestis Francorum libri IIII... [in-f°; 124 ff.; 1 f° d’errata], Parisiis (Paris), in aedibus Jodoci Badii Ascensii (Josse Badius, du village bruxellois d’Asse), vers 1517.
     Paulus ÆMILIUS, Pauli Æmilii Veronensis  De rebus gestis francorum libri VII [in-f°; CCXVIII (218) ff.], Parisiis (Paris), in aedibus Jodoci Badii Ascensii, 1520 [dont un microfilm: Cambridge (Massachusetts, U.S.A.), Omnisys [«French books before 1601» 93.3], années 1990. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52692m/, en ligne en 2006], ff. CXLIv-CXLIIr.
     Daniel ZAVARISIUS (Danielo ZAVARIZZI) [continuateur] & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, †1570, auteur du Chronicon), De rebus gestis Francorum. Additum est de regibus item Francorum chronicon, ad haec usque tempora studiosissime deductum [auctore Joanne Tilio], cum rerum maxime insignium indice copiosissimo [in-f° (35 cm); IV+CCXLVIII+47 ff.; 2 parties en 1 vol. in-f°; première édition complète des 10 livres, avec la continuation par Zavarizzi couvrant les années 1488 à 1539 dans les 4 derniers livres; la page de titre porte après l’adresse: «cum privilegio Senatus»; pièces limininaires (privilège du Parlement de Paris accordé à Michel Vascosan pour deux ans; épître dédicatoire de M. Vascosan à François Ier ; Paris, le 3 des nones de mai 1539; liste des rois France de Pharamond à Charles VIII; préface de Paul Emile; avis de Daniel Zavarisius au lecteur (f° CCXLVIII); texte encadré; le Chronicon de Jean Du Tillet a un titre propre], Parisiis [Paris], ex officina Michaelis Vascosani (Michel Vascosan) & Galliot du Pré, 1539.
     Réédition: Parisiis (Paris), Michael Vascosanus & Johannes Roigny 1544 (où le Chronicon est de 1543).
     Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, premier continuateur du De rebus) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon) & Arnoldus FERRONUS Burdigalensis (Arnoul LE FERRON de Bordeaux, 1515-1563, deuxième continuateur), De rebus gestis Francorum Libri X. Chronicon de iisdem regibus, a Pharamundo usque ad Henricum II [relié avec:] Ferroni Arnoldis De rebus gestis Gallorum Libri quator, ad Historiam Pauli Aemilii additi [in-8° (16,5 cm sur 11,5); trois parties : 1) Paul Émile : 996 p. paginées 9+506 (1548) ; 2) Arnoul Le Ferron: Ferroni Arnoldis De rebus gestis Gallorum Libri quator, ad Historiam Pauli Aemilii additi: 140 p. numérotées 3-70 (1549); Jean du Tillet: Chronicon de Regibus Francorum, a Pharamundo usque ad Henricum II, 1+165+2 p. (1548)], Parisiis (Paris), Audoënus Parvus & Vascosanus, 1548-1549.
     Réédition: Lutetiæ (Paris), Michael Vascosanus, 1550.
     Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon) & Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur), Aemylii Historici clarissimi de rebus gestis Francorum…Additum est de regibus item Francorum Chronicon [relié avec:] Arnoldi Ferroni Burdigalen. regii consiliarii, De rebus gestis Gallorum libri IX ad historiam Pauli Æmylij additi, perducta historia usque ad tempora Henrici II. Francorum Regis. Tertia edio nunc recèns aucta & reconita [in-f°; 1 volume en deux parties (t.1: 4 ff. + 244 p. + 20 ff. + 32 ff.; t. 2: 183 p. + 8 ff. (index)], Parisiis (Paris), ex officina typographica Michaelis Vascosani (Michel Vascosan), 1550. Réédition: 1555.
     Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE), & Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon), Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum libri X. Arnoldi Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam Pauli Aemylii additi. Chronicon Jo. Tilii de regibus Francorum, a Pharamundo usque and Henricum II [in-8°; 448 ff.], Parisiis (Paris), apud Vascosanum, 1555.
     Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) & Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur), Pauli Aemylii Veronensis historici clariss. De rebus gestis Francorum libri X. Arnoldi Ferroni Burdigalensis regii consiliarii, de rebus item gestis gallorum libri IX ad historiam Pauli Aemylii additi, historia perducta a Pharamundo primo Francorum rege, usque ad Henricum secundum, Galliarum regem, 3a editio nunc recens aucta et recognita [in-f° ; 244+183 p.; index], Lutetiae Parisiorum (Paris), ex officina Vascosani, 1565. Réédition 1566.
     Johannes-Thomas FREIGIUS (Johann Thomas  FREIGE) [éditeur], Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, continuateur du De rebus) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE) & Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, continuateur de Paul Émile de Zavarizzi) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon), Historiae jam denuo emendatae Pauli Aemilii,... de Rebus gestis Francorum, a Pharamundo,... usque ad Carolum octavum, libri X. Arnoldi Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam Pauli Aemylii additi, a Carolo octavo usque ad Henricum II... Adjunctum est Chronicon Joan. Tilii de regibus Francorum [in-f°; 2 volumes], Basileae (Bâle), per S. Henricpetri, 1569.
     Daniel ZAVARISIUS (D. ZAVARIZZI, premier continuateur) & Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE), & Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur), Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum libri X. Arnoldi Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX, ad Historiam Pauli Aemylii additi. Chronicon Jo. Tilii de regibus Francorum, a Pharamundo usque and Henricum II [in-f°; pièces liminaires; 244 ff.; index; sans DU TILLET semble-t-il], Lutetiae Parisiorum (Paris), ex off. Vascosani, 1577.
     Jacob HENRICPETRI (Jabob Henric-Petri, éditeur & troisième continuateur), Arnoldus FERRONUS (Arnoul LE FERRON, deuxième continuateur), Daniel ZAVARISIUS (ZAVARIZZI, premier continuateur), Paulus AEMILIUS (Paul ÉMILE, premier auteur) & Johannes TILIUS (Jean du TILLET, auteur du Chronicon), Pauli Aemylii,... de Rebus gestis Francorum, a Pharamundo, primo rege, usque ad Carolum octavum, libri X. Arnoldi Ferroni,... de Rebus gestis Gallorum libri IX. ad Historiam Pauli Aemylii additi, a Carolo octavo usque ad Henricum II. Continuatio Jacobi Henricpetri,... ad Aemylium et Ferronum adjecta usque ad annum 1601. Ad hujus historiae lucem, in fine adjunctum est Chronicon Joan. Tilii de regibus Francorum a Pharamundo usque ad Henricum II. a. D. Jac. Henricpetri auctum usque ad Henricum IIII, cum omnium regum imaginibus... Editio ultima emendatior [in-f°; 2 volumes; figures], Basileae (Bâle), per S. Henricpetri, 1601.
Édition numérique en ligne:
     Paulus ÆMILIUS, Pauli Æmilii Veronensis  De rebus gestis francorum libri VII [in-f°; CCXVIII (218) ff.], Parisiis (Paris), in aedibus Jodoci Badii Ascensii, 1520. Dont un microfilm: Cambridge (Massachusetts, U.S.A.), Omnisys [«French books before 1601» 93.3], années 1990. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k52692m/, en ligne en 2006.
Traductions françaises
     Simon de MONTHIÈRES [trad.] & Paul ÉMILE [premier auteur], Deux livres de Paul Aemyle de l’Histoire de France... traduicts de latin en françois, par Simon de Monthiers [in-4°; pièces liminaires; 144 ff.], Paris, M. de Vascosan, 1556.
     Jean REGNART [trad.] & Paul ÆMILE [premier auteur], Les Cinq premiers livres de l’histoire française, traduits en françois du latin de Paul Aemile, par Jean Regnart [in-f°; pièces liminaires; 328 p.; index], Paris, M. Fezandat, 1556.
     Jean REGNART [trad.], Arnoul LE FERRON [deuxième continuateur], Daniel ZAVARIZZI [premier continuateur] & Paul ÉMILE [premier auteur], L’Histoire des faicts, gestes et conquestes des roys, princes, seigneur et peuple de France,... par... Paul Aemyle véronois,... mise en françois par Jean Regnart, gentilhomme angevin, en son vivant seigneur de la Mictière, avec la suyte de ladicte Histoire tirée du latin de feu Me Arnold Le Ferron, conseiller du roy à Bourdeaux... [in-f°; pièces liminaires; 687 p.; table; errata; privilège; en tête, vers latins signés: Jo. Auratus, Fed. Morellus, Ger. Sepinus Salmureus; vers français de Jacques Tahureau et d’Estienne Jodelle], Paris, F. Morel, 1581.
Traduction italienne:
     ANONYME [trad.], Historia delle cose di Francia raccolte fedelmente da Paolo Emilio da Verona, e recata hora a punto dall latina in questa nostra lingua volgare [in-8° (21 cm); 28+354+2 ff.],Venetia (Venise), Michele Tramezzino, 1549.
14. Joachim Curius, Gentis Silesiæ Annales (1571)

     Jaochim Curius est un historien polonais qui a publié en 1571 des Annales de la nation silésienne (Gentis Silesiae Annales). Rappelons que la Silésie (Śląsk en polonais, Sleszko en tchèque, Schlesien en allemand, Silesia en latin) est une région située pour l’essentiel au sud-ouest de la Pologne, une partie se trouvant au-delà de la frontière avec la République tchèque.
     Curius est le seul à notre connaissance à donner la date de 1151.
     On voudra bien bien remarquer trois choses: Conrad II est mort en 1039; Conrad III en février 1152; au Moyen Age l’année commençait en mars, et par suite on datait la mort de Conrad III de 1151, Il semble donc que Curius dépend d’une source qui datait la mort de Jean des Temps de la dernière année du règne de l’empereur Conrad. C’est-à-dire, originellement de 1039, comme nous le redirons dans nos conclusions


(Cité par Garmann en 1670, ci-dessous)
(Traduction B.G., 2006)
     Anno 1151, in Galliis vixit 372. annos Caroli Magni armiger Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. Part. 1. p. m. 46.).
     L’an 1151, dans les Gaules, mourut à l’âge de 372 ans l’écuyer de Charlemagne, Jean des Temps (Cureus, dans ses Annales de Silésie, part. 1, p. m. 46).
Notre source:
     Balthazar EXNERUS de Hirschberga (Balthazar EXNER, 1576-1624), Valerius Maximus christianus, hoc est Dictorum et factorum memorabilium unius atque alterius seculi impp., regum, principum, imprimis christianorum, libri novem [in-8° (14,5 cm sur 7,5); pièces liminaires; 427 p.], Hanoviae (Hanovre), apud D. et D. Aubrios et C. Schleichium, 1620. Réédition: Hanoviae (Hanovre), sumptibus J. Pressii, 1645. Dont une réédition numérique en mode image et en mode texte (de l’édition de 1620) par l’Université de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner.html, en ligne en 2006], spécialement: Livre VIII, chapitre XIX (De Senectute, «De la Vieillesse»), § 6 (Ioannes de Temporibus, «Jean des Temps») p. 381 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/books/exnervalerius_8.html#s396 en mode texte, http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/s397.html en mode image)]
Éditions
     Cureus, Joachim CUREUS, Gentis Silesiae Annales complectentes historiam de origine; propagatione et Migrationibus Gentis, et recitationem praecipuorum Eventuum, qui in Ecclesia et Republica, usque ad Necem Ludovici, hungariae et Bohemiae Regis, acciderunt. Contexti ex antiquitate Sacra et ethnica, et ex Scriptis recentioribus a Joachimo Cureo Freistadiensi, philosopho et Medico [in-f°; 393 p.; sujet: Histoire des états du roi de Prusse, avec celle des villes hanséatiques], Witebergae (Wittenberg), Joannes Crato), 1571.
     Heinrich RÄTEL [trad.], Joachim Cureus, Newe Cronica des Herzogthumbs Ober und Nieder Schlesien. Warhaffte und grüntliche beschreibung aus Göttlicher Schrifft, heidnischen und andern Alten und newen Historien (...) Verteutschet durch Heinrich Räteln [3 livres en un volume; 591 p. (en fait 606)], Leipzig, H. Grosse, 1601.
15. François de Belleforest, Annales (1579).

     François de Belleforest (1530-1583) fut un temps, à partir de 1568, historiographe du roi
Henri III, “mais l’infidélité de ses récits lui fit perdre cette place. Il se mit alors aux gages des libraires et inonda Paris de ses écrits” (Wikipedia).
     Il donna en 1573 une nouvelle réédition augmentée des Chroniques et Annales de France de Nicolas Gilles (vers 1425-1503). Cet ouvrage, que l’on considère à juste titre comme la première des Histoires de France, avait déjà connu de nombreuses rééditions augmentées, de 1520 à 1571, et en connut encore après Belleforst de 1585 à 1621.
     En 1579 Belleforest donna ses propres 
Grandes Annales et Histoire générale de France, depuis la venue générale des Francs en Gaule, jusqu’au règne du roi Henri (rééditées en 160).

     Bellorest (dont nous n’avons pas encore consulté le texte) est selon Fleureau (voir infra), est de ceux qui font de Jean d’Étampes un gendre de Philippe Ier, et le premier comte d’Étampes (qu’il ne fut jamais).
     Voici ce
qu’écrivait de ce Belleforest le comte d’Argenson, grand érudit du XVIIIe siècle, dans ses Réflexions sur les historiens françois et sur les qualités nécessaires pour composer l’histoire:
     «Belleforest fut homme de grand lecture & de peu de discernement. Ses Annales sont remplies de contes ridicules, il y a employé tous ceux qu’il avoit trouvés dans nos vieilles chroniques, il en a ajoûté beaucoup d’autres de son invention. Cela ne vient cependant ni d’ignorance, ni de malice; mais on cherchoit à plaire, & c’étoit la mode de ce temps-là; l’on ne se rendoit recommandable que par les fables


Texte non disponible
Traduction à venir
     «Belle-forest en ses Annales, assure qu’Eustache fut mariée à Jean, Seigneur d’Estampes, qui en faveur de ce mariage, en fut fait le premier Comte.»
(Fleureau, Antiquitez..., 1683, p. 76)
 

Réédition par Belleforest des Chroniques et Annales de Nicole Gilles (1573)
     François de BELLOREST [2e continuateur & éditeur], Denis SAUVAGE (pseudonyme de DU PARCQ, Champenois) [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et Annales de France dès l’origine des Francoys, et leur venue ès Gaules, Faictes iadis... par Nicole Gilles,... iusqu’au Roy Charles huictiesme, et depuis continuees par Denis Sauvage, iusqu’au Roy Francoys second. A present reuues, corrigees et augmentees... iusqu’au Roy Charles neufiesme régnant à présent... Par Françoys de Belle-Forest, comingeois. Avec les Genealogies et effigies des Roys... [in-f°; VIII+536 ff.; portrais], Paris, G. Buon, 1573.
     Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des Françoys et leur venue ès Gaules...... faictes jadis... par Nicole Gilles,... et depuis additionnées par Denis Sauvage... reveues... par F. de Belleforest,... augmentées et continuées... jusques au roy Henri III... par G. Chappuys... [in-f° ; pièces liminaires; table; 521 ff.; portraits], Paris, J. Cavellat, 1585.
     Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur et éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et Annales de France dez l’origine des Françoys et leur venuë ès Gaules, faictes jadis briefvement par Nicole Gilles,... jusqu’au roy Charles VIII et depuis additionnées par Denis Sauvage jusqu’au roy François II du nom, reveues, corrigées et augmentées... contenantes l’histoire universelle de France dès Pharamond jusqu’au roy Charles IX, par F. de Belleforests (sic), Comingeois, avec la suite et continuation d’icelles, depuis le roy Charles IX, jusques au roy... Louys XIII à présent régnant, par G. Chappuys,... et autres [in-f°; 2 parties en 1 volume in-f°], Paris, M. Sonnius & C. Rigaud & Sébastien Chappelet, 1617.
      Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur & éditeur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Croniques et annales de France... continuées par Denis Sauvage... et augmentées... jusqu’au Roy Charles neufième régnant à présent... [in-f°], Paris, P. Chevalier, 1621.
     Jean SAVARON (1566-1622) [4e continuateur & éditeur],  Gabriel CHAPPUYS (vers 1546-vers1613) [3e continuateur], François de BELLOREST [2e continuateur], Denis SAUVAGE [continuateur], Nicole GILLES [premier auteur], Les Chroniques et annales de France dez l’origine des Françoys par Nicole Gilles jusqu’au roi Charles VIII, additionnées par Denis Sauvage jusqu’à François II, revues et augmentées jusqu’à Charles IX, par F. de Belleforest avec la suite et continuation jusques au roy... Louis XIII... plus la saincteté du roy Louys dict Clovis, par M. Jean Savaron,...  [in-f°; pièces liminaires; 730 ff.; table], Paris, P. Chevalier, 1621.
Chronique de Belleforest (1579):
     François de BELLEFOREST, Les Grandes Annales et histoire générale de France, dès la venue des Francs en Gaule jusques au règne du Roy très-chrestien Henry III... par François de Belle-forest, commingeois... [2 volumes in-f°; pagination continue], Paris, G. Buon, 1579.
     Gabriel CHAPPUYS [continuateur & éditeur] & François de BELLEFOREST [premier auteur], Les Grandes Annales et l’Histoire générale de France par Fr. de Belleforest, augmentées par Gabr. Chappuys [2 volumes in-f°], Paris, G. Buon, 1600.
Édition numérique:
     Aucune à notre connaissance.
Sur Belleforest:
     René-Louis de VOYER, marquis d’ARGENSON, «Réflexions sur les historiens françois et sur les qualités nécessaires pour composer l’histoire (lû le 14 Mars 1755)», in Mémoires de l’Académie des Inscriptions, t. XXVIII, 1761 , pp. 627-646, spécialement p. 633 [dont une édition numérique en mode texte pour Cromohs par Guido Abbattista (Juin 1997), http://www.eliohs.unifi.it/testi/700/argenson/argenson.html].
16. Theodor Zwinger, Theatrum vitæ humanæ (1565)

     Théodore Zwinger l’Ancien (1533-1588), à ne pas confondre avec  Théodore Zwinger le jeune (1658-1724), est un savant suisse né à Bâle. Il suit à Paris les cours de Pierre Ramus, fait des études de médecine à Padoue et Venise et revient à Bâle comme membre de la faculté de médecine. Cet humaniste publie en 1565, en latin, un Théâtre de la Vie Humaine à caractère encyclopédique, dont le premier noyau était dû à Conrad Lycosthène (alias Wolffhardt), auteur fort goûté de Montaigne.

    Nous n’avons pas consulté cet ouvrage. Robert Leslie Ellis, éditeur de l’Historia Vitae de Francis Bacon en 1859 (page 146, note 6), le range au nombre de ceux qui pensent que le nom de Jean des Temps fut donné à Jean d’Étampes en raison de sa longévité.


Texte non disponible
Traduction à venir
     On dit que son nom était Jean de Stampis (D’Estampes), et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire. Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger], Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.
(Robert Leslie Ellis, 1859)
 

Notre source:
     Robert Leslie ELLIS [éd.], «Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in The works of Francis Bacon, etc. (voir infra), 1859 [mis en ligne sur le site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716, en ligne en 2006], p. 146, note 6.
Éditions (1565, 1571, 1586, 1604)
     Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore ZWINGER de Bâle, 1533-1588), Theatrum Vitae humanae, Basileæ (Bâle), Joannes Oporinus (Jean Oporin), 1565.
     Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore ZWINGER de Bâle), Theatrum Vitae humanae: hoc est Eorum omnium fere quae in hominem cadere possunt Bonorum atque Malorum exempla historica, Ethicae philosophiae praeceptis accommodata, et in XIX libros digesta, comprehendens Ut non immerito historiae Promptuarium, vitaeque humanae speculum nuncupari possit: Primum a Conrado Lycosthene Rubeaquense inchoatum: deinde Theodori Zwinggeri Philosophi et Medici Basiliensis studio et labore eiusque deductum, ut omnium ordinum hominibus ad vitam praeclare instituendam utile et jucundum sit futurum. Hac vero editione permultis locis et exemplis auctum et locupletatum a multis etiam haeresibus et erroribus, quae pio lectori et vero catholico nauseam movere potuissent, consulto vindicatum et repurgatum. Adiecto praeterea indice locupletissimo, cum rerum, tum nominum propriorum, eo studio arteque concinnato, ut omnia hoc opera contenta, tanquam per compendium, ordine alphabetico digesta Lectori exhibeat [«Théâtre de la Vie Humaine, c’est-à-dire exemples historiques de presque tous les biens et les maux qui peuvent arriver à l’homme, de sorte qu’on peut justement l’appeler Raccourci de l’histoire et Miroir de la vie humaine  tout d’abord commencé par Conrad Lycosthène de Rouffach, puis augmenté par les recherches et le travail de Theodor Zwinger, philosophe et médecin de Bâle, pour aider les hommes de toute condition à se donner une ligne de conduite claire et nette et à leur être agréable, augmenté et enrichi dans cette édition de très nombreux passages et exemples, censuré et expurgé aussi de nombreuses hérésies et erreurs qui auraient pu donner la nausée à un lecteur pieux et réellement catholique. On y a joint de plus un index très riche tant des matières que des noms propres, composé soigneusement et méthodiquement pour qu’il montre tout ce que contient cet ouvrage, à la manière d’un résumé, présenté par ordre alphabétique»], Parisiis (Paris), apud Nicolaum Chesneau (Nicolas Chesneau), M.D.LXXI (1571).
     Theodorus ZVINGERUS Basiliensis (Théodore ZWINGER de Bâle), Theatrum vitae humanae, Basileæ (Bâle), 1586.
     Jacobus ZVINGERUS (Jacod ZWINGER, fils de Theodor) [réviseur, éd.], Theodorus ZVINGERUS [Theodor Zwinger, premier auteur] Theatrvm hvmanae vitae Theodori Zuingeri Bas, tertiatione nouem volvimibvs locupletatum, interpolatum, renouatum, Jacobi Zvingeri fil. recognitione plurium imprimis recentiorum exemplorum auctario, titulorum & indicum certitudine ampliatum [37 cm; 29 tomes en 5 volumes], Basileæ (Bâle), per Sebastianvm Henricpetri, 1604.
17. Giovanni Selino (avant 1592)

     Jesko Stampa nous fait savoir que selon Paolo Morigia (1592), un certain Giovanni Selino (?), auteur d’un texte non identifié sur Charlemagne,
citait Jean d’Étampes comme l’un de douze pairs de Charlemagne. Nous n’avons pour l’heure trouvé aucune référence sur cet auteur.

Texte non disponible
Traduction à venir

 
Notre source:
Courriel de Jesko Stampa en date de 2003, selon qui Morigia, en 1592, cite, avec quatre autres documents du même genre, le témoignage de Giovanni Selino, che discrive la vita di Carlo Magno, narra che Giovanni de Stampa fu uno de dodici Conti del Sacro Imperio, l’un des douze comtes de l’Empire.
18. Paolo Morigia, Histoire de l’antiquité de Milan (1592)

     Paolo Morigia (1525-1604), Milanais de naissance, fut général et réformateur de la congrégation des Gesuati, ordre des séminaristes apostoliques de saint Jérôme fondé par le bienheureux Jean Colombini. Il a consacré plusieurs ouvrages à sa ville natale, dont une Histoire de l’Antiquité de Milan, divisée en quatre livres.
     Girolamo Tiraboschi, dans sa Storia della letterature italiana, publiée à Milan de 1772 à 1782, nous dit quelques mots de Paolo Morigia. Ce serait selon lui un historien totalement dépourvu d’esprit critique. Ceci considéré, il rassemblerait des données très intéressantes pour la connaissance de son temps, mélangées avec des relations fabuleuses et puériles qui témoignent d’une extrême crédulité. Quant à son Istoria delle antichità di Milano, il s’agirait essentiellement d’une collection d’histoires populaires et de fables en vogue dans le Milanais de son temps.

     Au chapitre 16 de cet ouvrage, intitulé «Dell´antichita e nobilita di casa Stampa», on lit que Jean d’Étampes, fut surnommé Giovanni de tempi «Jean des Temps», à cause de ses 361 ans (trecento sesant´un anno). Il ne serait mort que sous le pape Eugène III (1145-1153), après avoir été un compagnon de Charlemagne (qui régna de 768 à 814). Il serait l’ancêtre de la famille milanaise des comtes Stampa.

     Qui aurait à sa disposition l’Histoire de Milan par Paolo Morigia (récemment rééditée) et pourrait nous faire parvenir un scan des passages relatifs à la famille Stampa et à Jean d’Étampes?

Texte non disponible
Traduction à venir

 
Notre source:
     Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi dell´illustre casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino raccolte da Emilio Seletti, Milan, 1877 [dont un extrait en fac-similé donné par Volkratt STAMPA 1994, p. 29].
Éditions
     Paolo MORIGIA (1525-1604), Historia dell’antichità di Milano, diuisa in quattro libri, del r.p.f. Paolo Morigia Milanese dell’Ordine de’ giesuati di san Girolamo. Nella quale si racconta breuemente, et con bell’ordine da quante nationi questa città è stata signoreggiata, dal principio della sua fondazione sino l’anno presente MDXCI . Et chi primieramente diede il battesimo a’ Milanesi, col numero degli arciuescoui, santi, chiese, monasterij, discipline, case pie, & scuole ... Con due copiosissime tauole, vna de i capitoli, l’altra delle cose notabili [in-4°; 92+710+2+64 p.], In Venetia : appresso i Guerra : a instantia di Antonio de gli Antonij, 1592.
     Dont une réédition en fac-similé: Paolo Morigia, Historia dell’antichità di Milano (Venezia, appresso i Guerra, 1592) [804 p.], Sala Bolognese, Arnaldo Forni [«Historiæ Urbium & Regionum Italiæ rar.»], sans date (années 2000) [ISBN: 88-271-0233-7; 91 €].
Sur Morigia:
     Girolamo TIRABOSCHI (1731-1794), Storia della letterature italiana, Milan, 1772-1782, puis Modène, 1787-1794. [Jugement défavorable sur Morigia, cité sans référence par une page web].
19. Jean Bodin, Colloquium heptaplomeres (1593)

     Jean Bodin est un penseur important de la Renaissance, qui s’est intéressé à différents sujets. Outre son importante contribution à la pensée juridique et politique, qui porte sur le concept de souveraineté, il a écrit sur la démonologie. Dans un autre domaine, il a écrit en 1596 et diffusé sous le manteau un curieux dialogue à sept voix, le Colloquium heptaplomeron, qui n’a été publié qu’en 1858, à Leipzig, par Ludwig Noack.
     Ce dialogue met en scène un catholique (Coronaeus), un luthérien (Fridericus), un calviniste (Curtius), un païen (Senamus), un juif (Salomo), un musulman (Octavius), et pour finir un déiste (Toralba), à qui Bodin semble bien donner le beau rôle, et celui d’exprimer sa pensée profonde.


Texte de l’édition princeps de 1857 Traduction B. G. (2006)
    FRIDERICUS: Ego quidem pisces caeteris animantibus puriores esse duco, tum quia in elemento purissimo vivunt, tum etiam quod maris puritate sordes omnes non modo corporum, sed etiam animorum elui atque expiari putantur. Sed quod vitam terrestribus diuturniorem aquatilia ducant, vix est, ut mihi persuaderi possit, cum Elephantos centum annos supra viginti vivere consuesse proditum sit de Juba rege, rerum naturalium acerrimo venatore.
    FRÉDÉRIC [luthérien]: Pour ma part je pense que les poissons sont plus purs que tous les autres animaux, d’une part parce qu’ils vivent dans un élément très pur, et d’autre part parce que, selon la croyance générale, la pureté de la mer nettoie et purifie des souillures non seulement corporelles, mais aussi spirituelles. En revanche on me persuadera difficilement que les animaux aquatiques vivent plus longtemps que les animaux terrestres, alors que le roi Juba, ce chasseur très pointu d’observations scientifiques, rapporte que l’éléphant a coume de vivre plus de cent vingt ans.
     OCTAVIUS: Immo vero Apollonius Tyanaeus elephantum in India vidit, ut est apud Philostratum (1), qui ab Alexandro Magno ad sua [p.240] usque tempora vitae trecentos annos superarat (2). Quod Aristotelis opinioni quodammodo congruit; is enim tradit, nullum animal homine vivacius esse post elephantum.
     OCTAVIUS [musulman]: Bien plus, Apollonius de Tyane a vu un éléphant en Inde, à ce qu’on lit chez Philostrate (1), qui avait passé (2) trois cents ans de vie, du temps d’Alexandre le Grand jusqu’à son époque à lui. Ceci s’accorde avec une certaine opinion d’Aristote, car cet auteur rapporte qu’aucun animal ne vit plus longtemps que l’homme, après l’éléphant.
     FRIDERICUS: Certe vivacissimum esse animalium hominem, ex sacris litteris constat, scilicet primos illos humani generis creatores nongentos amplius annos vixisse ac nonnullos proxime ad annum millesimum accessisse.
     FRÉDÉRIC [luthérien]: Il est bien établi en effet par les saintes Écritures que l’animal qui vit le plus longtemps est l’homme, en ce que les fameux premiers parents du genre humains ont vécu plus de neuf cents ans, et que certains ont atteint près de mille ans.
     SENAMUS: Quid est igitur, quam ob rem diuturna vita tam brevi curriculo (3) conclusa sit, ut etiamnum Moses (4), qui libros originum et vitas diuturniores litteris mandavit, conqueratur, hominem robustiorum vitam vix ac ne vix quidem octogesimum annum superare.
     SÉNAMUS [païen]: Comment se fait-il donc, et qu’est-ce qui est cause que cette grande longévité ait été réduite à un cours  (3) tellement bref que le même Moïse  (4), qui a mis par écrit le livre de la Genèse et ces grandes longévités, se plaigne que l’homme ne puisse qu’à grand peine parfois dépasser la vie d’animaux plus robustes, et atteindre quatre-vingts ans?
     FRIDERICUS (5): Scio plerisque Epicuraeis (6) libros originum incredibiles videri et ea potissimum, quae de hominum diuturna vita prodita fuere. At Josephus, antiquitatum interpres optimus (7), ut ea, quae Moses scripserat, confirmaret, duodecim historias ab omnibus fere populis summae antiquitatis ac auctoritatis testes arcessere non dubitavit, scilicet Berosum Chaldaeum, Mochum, Hestiaeum, Hieronymum Aegyptium, Nicolaum Damascenum, Homerum, Hesiodum, Hecataeum, Hellanicum, Ephorum, Theopompum, Acesilaum (8), Xenophontem, qui homines aliquot non modo quadringentos et sexcentos annos, sed et nongentos excessisse prodiderunt. Quin etiam majorum (9) nostrorum aetate historicis nobilitatus est Miles, qui quod annos 369 explevisset, Johannes de Temporibus usurpatur (10). At nostra aetate, i.e. 1519, Franciscus Aluaresius (11) in Aethiopicis scripsit, Marcum Abnuam (12) pontificem maximum Abyssiniorum, anno centesimo quinquagesimo aetatis nondum senium prae se tulisse. Ex quo intelligitur, eos aberrare, qui longissimam hominis vitam post aquarum eluviones centum ac viginti circumscriptam fuisse putant, cum id tempus (13) hominum generi ad poenitentiam ante diluvia Dei concessu data esset (14).      FRIDERICUS [luthérien] (5): Je sais bien que les Épicuriens pour la plupart (6) ne tiennent pas pour fiable le livre de la Genèse, et surtout ce qu’on y rapporte de la longévité du genre humain. Cependant Flavius Josèphe, excellent traducteur des Antiquités (7), n’a pas hésité, afin de prouver ce qu’avait écrit Moïse, à citer à l’appui douze récits tirés de presque tous les peuples les plus anciens et les plus autorisés, à savoir: le Chaldéen Bérose, Mochus, Hestiée, Hiéronyme d’Égypte, Nicolas de Damas, Homère, Hésiode, Hécatée, Hellanicus, Éphore, Théopompe, Acésilas (8), Xénophon, auteurs au rapport desquels un certain nombre d’hommes ont dépassé non pas seulement quatre cents ou six cents ans, mais même neuf cents. Bien plus encore, à l’époque de nos aïeux (9), s’est rendu célèbre auprès des historiens un chevalier, que, parce qu’il a vécu 369 [sic] ans, on surnomme (10) Jean des Temps. Et de notre temps, c’est-à-dire en 1519, François Alvarez (11) a écrit, dans ses Éthiopiques, que Marc Abnoua (12), souverain pontife des Éthiopiens, n’avait pas encore vu venir la vieillesse à l’âge de cent cinquante ans. Cela nous fait comprendre qu’ils sont dans l’erreur, ceux qui pensent que la plus grande longévité humaine possible depuis le Déluge serait limitée à  cent vingt ans, alors que cette durée (13) était celle du genre humain, en vue qu’il fasse pénitence, avant que ne lui soit donné le Déluge avec la permission de Dieu (14).
     SALOMO: Illud philosophis constat inter ipsos, non modo certum vitae tempus omni animantium generi ab ipso conditore circumscriptum fuisse, verum etiam singulorum hominum annos, menses, dies, horas, momenta definita esse (15), quae tum virtutibus augeri, tum etiam flagitiis circumcidi sacra oracula declarant, sive in hoc cadaveris gurgustio, sive cadaveribus erepti. Sic tamen interpretor, ut hominis spirantis vita non excedat annos 969, quoniam Methusala is, qui vitam mortalium omnium longissime protraxit, non diutius vixit (16).
     SALOMON [juif]: C’est un point sur lequel les philosophes sont d’accord entre eux: non seulement une certaine durée de vie fixe a été déterminée par le créateur lui-même pour chaque espèce d’êtres vivants, mais encore les années, les mois, les jours, les heures et les minutes de chaque être humain ont été fixés (15): les saintes Écritures déclarent qu’ils sont autant prolongés par l’exercice des vertus, qu’ils sont aussi retranchés par celui des vices, que ce soit dans la tente de ce corps présent, ou bien une fois libérés de ce corps. Cependant je conclus que la vie d’un homme corporel ne peut excéder 969 ans, de ce que ce Mathusalem, qui de tous les mortels a joui de la plus grande longévité, n’a pas vécu plus longtemps (16).
     TORALBA: Vitam hanc diuturnam non naturae vi, sed procuratione [p.241] divina primis hominibus tributam fuisse existimo, ad artes et scientias constituendas ac praesertim ad coelestium motuum cognitionem.
     TORALBA [déiste]: Cette longévité, à mon avis, n’a pas été octroyée aux premiers hommes par un effet de la nature, mais par un dessein divin [p.241] en vue de mettre en place les techniques et les sciences, et principalement  la connaissance du mouvement des astres.
     NOTES
     
(1) Lib. 7, in vita Apollonii Tyanaei.  (2) Alibi: superabat. (3) Alibi: circulo.  (4) Ps. 90, qui est Mosi tributus. (5) Alius: SALOMO.  (6) Alibi: Epicuraeorum.  (7) Antiq. lib. IV., 5.  (8) Alius: Acasiceum.  (9) Alii: majori.  (10) Alibi: vocatur.  (11) Alius: Mauretius.  (12) Alibi: Albanum, vel: Atanam.  (13) Alibi: id.  (14) Genes. 6, 3 sqq. (15) Deuter. 6. 3. Regum 3. Josuae 14. 21. 29. Psalm. 14. 60. 72 et 108. Proverb. 6. 15. 28. (16) Alibi: ulterius non vixerit.
     NOTES: (1) Au livre 7 de la Vie d’Apollonius de Tyane(2) Variante: surpassait [superabat pour super(av)erat]. (3) Variante: le cycle [circulo pour curriculo](4) Psaume 90, qui est attribué à Moïse. (5) Variante: SALOMON(6) Variante: la plupart des Épicuriens [plerisque Epicuraeorum pour plerisque Epicuraeis](7) Antiquités de la Judée, livre IV, chapitre 5.  (8) Variante: Acasicée [Acasiceum pour Acesilaum](9) Variante: ancêtre [non sens: majori pour majorum](10) Variante: on nomme [vocatur pour usurpatur](11) Variante: Mauret [Mauretius pour Aluaresius](12) Variantes: Alban, Atana [Albanum ou Atanum pour Abnuam].  (13) Variante: alors que ceci [id pour id tempus]. (14) Genèse VI, 3 et suivants. (15) Deuteronome, ch. V; Troisième livre des Rois [c’est-à-dire le Premier selon le comput actuel, puisqu’on appelle désormais les deux premiers, selon l’usage juif et protestant, Livres de Samuel (B.G.)], ch. III. Josué, ch. XIV, XXI & XXIX. Psaumes XIV, LX, LXXII et CVIII. Proverbes ch. VI, XV et XXVIII. (16) Variante: n’a pas vécu au-delà [ulterius non vixerit pour non diutius vixit].
Éditions
     Manuscrits: BNF, ms. lat. 3259; ms. lat. 6564; ms. lat. 6565; ms. lat. 6566 ; ms. 6.
     Ludovicus NOAK (Ludwik Noack), Joannes Bodinus. Colloquium heptaplomeres de rerum sublimium arcanis abditis e codicibus manuscriptis Bibliothecae Academicae Gissensis cum varia lectione aliorum apographorum nunc primum typis describendum curavit Ludovicus Noak philisophiae doctor, in universitate Gissensi professor extraordinarius [in-8°], Suerini Megalogurgiensium (Schwerin), typis et impensis Friderici Guilelmi B??renprung & Parisiis (Paris), Fr. Klincksieck & Londini (Londres), D. Nuit, 1857 [Dont une réédition en fac-similé: Hildesheim & New-York, Georg Olms, 1970], pp. 239-241.
Traduction française anonyme:
     Manuscrit: BNF, ms. fr. 1923.
     Roger CHAUVIRÉ (né en 1880) [éd.], Colloque de Jean Bodin des secrets cachez des choses sublimes entre sept sçavans qui sont de différens sentimens (Traduction française du ’Colloquium heptaplomeres’) par Roger Chauviré [in-8°; 213 p.], Paris, L. Tenin, 1914.
     François BERRIOT (né en 1939) & alii [éd.], Jean Bodin. Colloque entre sept sçavans, qui sont de differens sentimens, des secrets cachez des choses relevées. Traduction anonyme du Colloquium heptaplomeres. Texte présenté et établi par François Berriot [26 cm; 591 p.], Genève, Droz & Champion [«Travaux d’humanisme et Renaissance» 204], 1984.
Sur le Colloquium:
     Claudio JANET (1844-1894), «L’Heptaplomères de Jean Bodin»in ID., Les Précurseurs de la franc-maçonnerie au XVIe et au XVIIe siècle [in-8°; 77 p.], Paris, Victor Palmé, 1887 [dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k62743w, en ligne en 2006], pp. 31-34.
     Gottschalk-Eduard GUHRAUER, Das Heptaplomeres des Jean Bodin: zur Geschichte der Kultur und Literatur im Jahrhundert der Reformation [LXXXVIII+277 p.; texte en latin et en allemand], Berlin, G. Eichler, 1841 [dont une réédition en fac-similé (23 cm): Genève, Slatkine reprints, 1971. Dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1985].
     Karl Friedrich FALTENBACHER (né en 1946), Das Colloquium Heptaplomeres, ein Religionsgespräch zwischen Scholastik und Aufklärung: Untersuchungen zur Thematik und zur Frage der Autorschaft [23 cm; 126 p.], Frankfurt am Main, P. Lang [«Publications universitaires européennes. Série 13, Langue et littérature françaises» / «Europäische Hochschulschriften. Reihe 13, Französische Sprache und Literatur» 127], 1988 [ISBN: 3-8204-9191-0].
     Karl Friedrich FALTENBACHER, Das Colloquium Heptaplomeres und das neue Weltbild Galileis. Zur Datierung, Autorschaft und Thematik des Siebenergesprächs [43 p.],  Mayence & Stuttgart, Franz Steiner [«Akademie der Wissenschaften und der Literatur: Abhandlungen der Geistes- und Sozialwissenschaftlichen Klasse» 1993/2], 1993. [L’auteur essaie de démontrer que le Colloquium n’est pas de Bodin.]
     Jean LETROUIT, «Jean Bodin, auteur du Colloquium heptplomeres», http://www.univ-paris12.fr/scd/lc4-2e.htm, en ligne en 2006 [Lestrouit réduit à néant la démonstration de Faltenbacher].
Varia:
     Pierre MESNARD, La Pensée religieuse de Bodin [in-8°; 45 p.; extrait de la Revue du XVIe siècle 16 (1929)], Paris, Honoré Champion, 1929.
     Eugénie DROZ, «Le Carme Jean Bodin, hérétique», in Bibliothèque d’Humanisme et de Renaissance X (1948), pp. 77-94.
     Ann M. BLAIR, «La nature théâtre de Dieu selon Jean Bodin», in Nouvelle Revue du XVIe siècle VII (1989), pp. 73-91.
20. Richard Verstegan, A Restitution of decayed intelligence... (1605)

     Richard Verstegan est un catholique anglais d’origine flamande, qui a vécu à une époque où les catholiques étaient persécutés en Grande-Bretagne: il a connu l’exil. Outre diverses publications qui lui ont été inspirées par sa piété, il a surtout donné en 1605, à Anvers, un ouvrage original, qui est peut-être la première tentative pour faire prendre conscience aux Anglo-Saxons de la richesse de leur patrimoine linguistique, coutumier et juridique, ce qui ne laisse pas d’étonner à une époque où le prestige du latin était partout si grand: A Restitution of decayed intelligence in antiquities, concerning the most noble and renowmed English nation
.
     Concernant le cas de Jean des Temps, il ne veut y voir qu’une démonstration donnée par la providence de la vérité des Saintes Écritures dans ce qu’elles nous disent de la longévité des patriarches antédiluviens.

Texte de l’édition de 1634, p. 323
Traduction B. G. (2006)
     Here by the way I must note unto the reader that Ioannes de temporibus, that is to say John of the times, who so was called for the sundry times or ages he lived, was Shield-knave unto the Emperour Charles the great, of whom he also was made knight. This man being of great temperancce, sobriety, and contentment of mind in his condition of life, but above all of a most excelling constitution of nature, residing partly in Germany where he was borne, and partly in France, lived unto the ninth yeere of the raigne of the Emperour Conrade, and died at the age of three hundreth threescore, and one yeere, seeming thereby a very miracle of nature, and one in whom it pleased God to represent unto later ages the long yeeres, and temperate lives of the ancient Patriarches.
(ici cité d’après Eason)
     Je dois ici au passage signaler au lecteur que Ioannes de Temporibus, c’est-à-dire Jean des Temps, qui fut ainsi appelé en raison des divers temps ou époques qu’il vécut, fut écuyer de Charlemagne, de qui il fut fait aussi chevalier. Cet homme, étant d’une grande tempérance et sobriété, et dont l’esprit se satisfaisait de ses conditions de vie, mais qui par-dessus tout était d’une constitution naturelle des plus excellentes, résidant pour partie en Allemagne, où il était né, et pour partie en France, vécut jusqu’à la neuvième année du règne de l’empereur Conrad, et mourut à l’âge de trois cent soixante et un ans, paraissant par là un véritable miracle de la nature, et une personne en qui il a plu à Dieu de montrer en des âges plus récents ce que furent les longues années et les vies tempérantes des anciens patriarches.
Notre source:
     James EASON (University of Chicago) [éd.], Pseudodoxia Epidemica: or, Enquiries into very many Received  Tenents and commonly presumed Truths. by Thomas Brown Knight, M. D. Based on The Sixth and Last Edition of 1672 [pages web; texte copieusement annoté en anglais], in UNIVERSITY OF CHICAGO, Sir Thomas Browne, http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudodoxia.html, en ligne en 2006, spécialement: «III.ix (pp. 135-140): Of the Deer», http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15, en ligne en 2006.
Éditions:
     Richard VERSTEGAN (pseudonyme de Richard ROWLANDS, 1550-1640), A Restitution of decayed intelligence in antiquities, concerning the most noble and renowmed English nation. By the studie and travaile of R. V. ... [in-4°; pièces liminaires; 339 p.; table; figures; ], Antwerp (Anvers), R. Bruney, 1605. Réédition: 1634 (alléguée par James EASON peut-être par erreur). Réédition [in-8°; pièces liminaires; 264 p.; figures], London (Londres), J. Kirton, 1655. Réedition [in-8°; pièces liminaires; 374 p.; table; figures]: London (Londres), S. Mearne, J. Martyn & H. Herringman, 1673.
     Extrait ici reproduit de la page 323 de l’édition de 1634, tiré d’une note de James EASON (de l’Universite de Chicago), à son édition en ligne du Pseudodoxia Epidemica de Thomas Brown (voyez infra), http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15, en ligne en 2006.
Sur Richard Verstegan:
     J.H. POLLEN, «Richard Verstegan (alias Rowlands)», in The Catholic Encyclopedia, Volume XV, New York, Robert Appleton, 1912 [dont une réédition numérique en mode texte par K. KNIGHT, in New Advent, http://www.newadvent.org/cathen/15377a.htm, 2003, en ligne en 2006.
21. Lewis Bayly, The Practice of Piety (1611)
Lewis Bayly (1611)

      Lewis Bayly, évêque anglican de Bangor, publia en 1612 un traité intitulé La pratique de la Piété, qui consacre beaucoup de place à la sainte communion. Il connut de nombreuses éditions (la 74e en 1821), dont une édition intégrale sur Internet, et de nombreuses traductions en divers langages.
       Concernant Jean des Temps, Lewis Bayly, voulant démonter l’excellence du chiffre sept, censé rythmer toute vie humaine, fait remarquer que le nombre des années de sa vie, à savoir 361, serait un multiple de sept. Ce faisant il commet une erreur de calcul ridicule, qui semble-t-il n’a jamais été observée de personne; car il dit que Jean des Temps serait mort dans le cinquante-troisième septenaire de sa vie: ce que ne serait exact que s’il avait vécu 371 ans.


Texte de l’édition de 1611
Traduction B. G. (2006)
     [Ten Reasons demonstrating the Commandment of the Sabbath to Be Moral.]
     [Dix raisons démontrant la moralité du commandement du Sabbat.]
     And the year of our Saviour Christ’s birth, being the three thousand nine hundred and forty-eighth of the world, was at the end of a sabbatical year, and the five hundred and sixty-fourth septenary of the world. Moses makes the common age of all men to be ten times seven 177 (Psal. xc), and every seventh year commonly produces some notable change or accident in man’s life: and no wonder; for, as Hippocrates affirms, a child in his mother’s womb, on the seventh day of his conception, has all his members finished, and from that day grows to the perfection of birth, which is always either the ninth or seventh month. At seven years old, the child casts his teeth, and receives new. And every seventh year after, there is some alteration or change in man’s life, especially at nine times seven, the climacteric year, which by experience is found to have been fatal to many of those learned men who have been the chiefest lights of the world;64 and if they escaped that year, yet most of them have departed this life in a septenary year. Lamech died in the year of his life seven hundred and seventy-seven. Methusalem, the longest liver of the sons of men, died when he began to enter his nine hundred and seventieth year. Abraham died when he had lived twenty-five times seven years; Jacob when he had lived twenty-one times seven years; David, after he had lived ten times seven years. So did Galen, so did Petrarch, who (as Bodin notes) died on the same day of the year that he was born: so did Queen Elizabeth, of blessed memory. Hippocrates died in the fifteenth septenary; Hierom and Isocrates in their thirteenth; Pliny, Bartolus, and Caesar, in their eighth septenary; and Johannes de temporibus, who lived three hundred and sixty-one years, died in the fifty-third septenary of his life. The like might be observed of innumerable others. And, indeed, the whole life of a man is measured by the Sabbath; for how many years soever a man lives here, yet his life is but a life of seven days multiplied: so that in the number of seven there is a mystical perfection, to which our understanding cannot attain.       Et l’année de la naissance de notre Sauveur Christ, étant la trois mille neuf cent et quarante-huitième du monde, était à la fin d’une année sabbatique et le cinq cent et  soixante-quatrième septénaire du monde. Moïse déclare l’âge commun de tous les hommes être dix fois sept (Psaume 90) et chaque septième année produit généralement quelque changement notable ou accident dans la vie de l’homme; et ce n’est pas étonnant; car, comme l’affirme Hippocrate, un enfant dans l’utérus de sa mère, le septième jour de sa conception, a tous ses membres finis et de ce jour s’achemine vers la perfection de sa naissance, qui a toujours lieu soit le neuvième ou bien le septième mois. À sept ans, l’enfant perd ses dents et en reçoit de nouvelles. Et chaque septième année après se produit quelque transformation ou changement dans la vie de l’homme, particulièrement à neuf fois sept, l’année cruciale, dont l’expérience montre qu’elle a été fatale à beaucoup de ces hommes instruits qui ont été les principales lumières du monde; et s’ils ont échappé à cette année, la plupart d’entre eux encore ont quitté cette vie lors une année septenaire. Lamech est mort l’an de sa vie sept cent soixante-dix-sept. Methusalem, celui qui a vécu le plus longtemps parmi les fils des hommes, est mort alors qu’il entrait dans sa neuf cent et  soixante-dixième année. Abraham est mort alors qu’il avait vécu vingt cinq fois sept ans; Jacob quand il avait vécu vingt et une fois sept ans; David, après qu’il avait vécu dix fois sept ans. De même pour Galien, pour Petrarque, qui (comme le remarque Bodin) est mort le même jour de l’année qu’il était né; de même pour la Reine Elisabeth, de sainte mémoire. Hippocrates est mort dans son quinzième septenaire; Jérôme et Isocrate dans leur treizième; Pline, Bartolus et César, dans leur huitième septenaire; et Johannes de temporibus, qui a vécu trois cent soixante et un ans, est mort dans le cinquante-troisième septénaire de sa vie. La même chose pourrait être observé d’innombrables autres. Et, en effet, toute la vie d’un homme est mesurée par le Sabbat; car combien d’années que puisse vivre un homme ici-bas, cependant sa vie n’est qu’une vie de sept jours, multipliée: de sorte qu’il se trouve dans le nombre sept une perfection mystique, que ne peut atteindre notre intelligence.
Éditions
     Lewis BAYLY (évêque de Bangor), The Practice of Piety, Directing a Christian Hom to Walk, that He May Please God, 1611. Dont de nombreuses rééditions. Dont des traductions en plusieurs langues européennes.
Version française:
     Jean VERNEUIL (ou VERNUEIL ou VERNUILH) [trad], La Pratique de piété addressant le chrestien au chemin qu’il doit tenir pour plaire à Dieu, escrite en anglois anglois par M. Louys Bayle... Traduite en françois par Jean Vernuilh,... sur la dernière édition. Septiesme édition françoise reveuë... de nouveau [in-12], Quévilly, 1635. Genève, P. Chouet, 1641. Rouen, J. Berthelin, 1645. Genève, P. Chouët, 1664. La Pratique de piété, etc. sur la dernière édition. IIe édition françoise reveue et corrigée de nouveau [in-12; XXII+696 p.], Rouen, R. Darb’, 1654. Devoirs de l’âme chrestienne, ou la Pratique de la piété... traduite de l’anglois de L. Bayle,... Dernière édition... mise en la pureté de la langue françoise [in-8°; 574 p.], Saumur & Charenton, O. de Varennes, 1668.
     Réédition: London (Londres), Hamilton, Adams & Co, 1842.
     Dont une réédition numérique en mode image et en mode texte: Grand Rapids (Michigan, USA), Christian Classics Ethereal Library, 2003, http://www.ccel.org/ccel/bayly/piety.iv.xi.i.html & http://www.ccel.org/ccel/bayly/piety/png/0215=177.htm, en ligne en 2006.    
22. Balthasar Exner (1620)
Balthasar Exner (1620)

     Balthasar Exner (1576-1624), théologien allemand, publia en 1620 à Hanovre un Valère-Maxime chrétien.
     Rappelons que l’historien antique Valère-Maxime a laissé, à l’usage des classes de rhétorique de son temps (c’est-à-dire du premier siècle de notre ère), un recueil de d’anecdotes historiques, les Factorum ac dictorum memorabilium libri IX.
     En d’autres termes, Exner introduit le cas de Jean des Temps dans la culture générale de tous les collégiens, afin qu’ils puissent en faire usage en temps que lieu commun, lorsqu’ils auront à composer quelque ouvrage ou discours.
     L’objectif est atteint à la génération suivante où nous verrons Henning Witte l’utiliser vers 1664 dans l’oraison funèbre d’un collègue octogénaire

Texte latin de 1620
Traduction B. G. (2006)
LIBER I. CAPUT XIX. DE SENECTUTE.
LIVRE III, CHAPITRE XIX. DE LA VIEILLESSE.
     SUMMARIA. 1. Caroli Magni. 2. Wilhelmi Ducis Brunsuicens. 3. Friderici III. Imp. 4. Othonis Ducis Sax. 5. Iodoci Brandeburg. 6. Ioan. de Temporibus.
     SUMMARIA. 1. Charlemagne. 2. Wilhelm, duc de Brunswick. 3. Frédéric III. empereur. 4. Othon, duc de Saxonie. 5. Josse de Brandebourg. 6. Jean des Temps.
     1. CArolus Magnus Rom. Imp. septuagenario maior, Aquisgrani expleuritide decessit, 5. Calend. Febr. annum circiter Christi 814.
     2. Wilhelmus Dux Brunsuicensis, Princeps bellicosissimus, ubi attigit annos nonaginta, decessit e vivis anno Christi 1482.
     3. Fridericus III. Imp. praefuit Imperio tribus annis perpetuis, et quinquaginta, mensibus 4. ac diebus 4. Natus annos 78. defunctus est.
     4. Otho Dux Saxoniae, Henrici Aucupis Imp. pater, cum illi offerretur administratio Rom. Imperii, et is senecta invalidus esset, excusatione aetatis usus: Si Germanicis rebus (inquit) usui dextra mea, ars rerum gerendarum esse posset, nullum corporis laborem, nullam animi sollicitudinem pro communi salute recusarem. Sed Imperio a familia Caroli translato alius nobis vir quaerendus, non qui ex Imperio [p.381] decus sibi expetat, sed Imperio adferat. Unde auctor fuit, ut Conradus I. Imp. crearetur.
     5. Iodocus Brandenburgensis Marchio, et Moraviae, Romanorum Rex a nonnullis proceribus Imperii electus: et provectioris iam aetatis, cum excessisset annum nonagesimum, obiit.
     6. Ioannes, de temporibus cognomento dictus, alias Polychronius, quan quam non fuit Princeps: tamen quia longaevus ad admirationem usque exstitit, non inconvenienter visum est fieri, ut et Principum catalogo in fine subscribatur, cum sit exemplum valde memorabile. Hic tempore Caroli Magni vixit, cuius etiam armiger fuisse legitur. Et cum communem hominum vivendi morem annos vitae trecentos sexaginta unum superasset, in Gallis moritur, Anno Christi 1146.
     1. Charlemagne empereur des Romains, âgé de plus de soixante-dix ans, mourut d’une pleurésie à Aix le 5 des calendes de février vers l’an 814.
     2. Guillaume, dux de Brunswick, prince fort belliqueux, lorsqu’il eut atteint les quatre-vingt-dix ans, quitta cette vie l’an du Christ 1482.
     3. L’empereur Frédéric III présida à l’Empire sans discontinuer cinquante et trois ans, 4 mois et 4 jours. Il décéda à l’âge de 78 ans.
     4. Othon, duc de Saxonie, père de l’empereur Henri l’Oiseleur, comme lui était offerte l’administration du Saint-Empire, et qu’il était impotent du fait de la vieillesse, tira excuse de son âge: Si, déclara-t-il, ma main droite, en qui réside l’art même du gouvernement, pouvait être de quelque usage aux intérêts de l’Allemagne, je ne refuserais à l’intérêt général aucune peine de mon corps ni souci de mon esprit. Mais puisque l’Empire a été soustrait à la famille de Charlemagne, c’est un autre homme qu’il nous faut rechercher, non pas un homme qui veuille tirer gloire de l’Empire, [p.381] mais qui en fasse la gloire. Par quoi il fut responsable du fait que Conrad Ier fut fait empereur.
     5. Josse, marquis de Brandebourg et de Moravie, une fois élu roi des Romains par un grand nombre des princes de l’Empire, d’un âge déjà trop avancé, puisqu’il avait dépassé sa quatre-vingt-dixième année, mourut.
     6. Jean, surnommé des Temps, autrement dit Polychrone, quoiqu’il ne fut pas prince et parce cependant il a été d’une longévité tellement étonnante, il ne paraîtra pas déplacé qu’il se fasse qu’il soit porté à la fin aussi d’une liste de princes, vu que cet exemple est tout à fait mémorable. Cet homme vécut à l’époque de Charlemagne, dont on lit qu’il avait été l’écuyer. Et comme il avait surpassé la commune manière de vivre des hommes, il mourut en Gaule l’an du Christ 1146.

Éditions
     Balthazar EXNERUS de Hirschberga (Balthazar EXNER, 1576-1624), Valerius Maximus christianus, hoc est Dictorum et factorum memorabilium unius atque alterius seculi impp., regum, principum, imprimis christianorum, libri novem [in-8° (14,5 cm sur 7,5); pièces liminaires; 427 p.], Hanoviae (Hanovre), apud D. et D. Aubrios et C. Schleichium, 1620. Réédition: Hanoviae (Hanovre), sumptibus J. Pressii, 1645. Dont une réédition numérique en mode image et en mode texte (de l’édition de 1620) par l’Université de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner.html, en ligne en 2006], spécialement: Livre VIII, chapitre XIX (De Senectute, «De la Vieillesse»), § 6 (Ioannes de Temporibus, «Jean des Temps») p. 381 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/books/exnervalerius_8.html#s396 en mode texte, http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/exner/exner1/s397.html en mode image)]
23. Francis Bacon, Historia Vitae et Mortis (1623)
  Edition de 1853
Edition de 1853

     Selon Bacon les objectifs de la médecine ne devraient pas seulement être de lutter contre les maladies et de conserver la santé, mais aussi d’augmenter la longévité de l’homme autant que possible. Il développe dans ce esprit une théorie de la longévité qui repose sur les bases aujourd’hui surannées de la médecine de son temps, et spécialement sur la croyance que la vie a ses principes essentiels dans les esprits animaux, fluides subtils qui habitent les êtres vivants, mais qui tendent progressivement à s’en échapper, notamment par les pores de la peau.
     Bacon a accumulé un très grand nombre d’exemples de longévité. Selon son éditeur Ellis (p.94) il n’est pas toujours facile de déterminer quelles sont ses sources : il semble qu’il a toujours noté, au gré de ses nombreuses lectures, tout ce qui se pouvait se rapporter à ce sujet, sans parler de nombreux emprunts à des auteurs classiques tels que Pline l’Ancien ou Valère-Maxime, Pétrarque et bien d’autres. Il apparaît que bon nombre de ses allégations sont de deuxième ou de troisième main.

     Bacon fait tenir à Jean des Temps des propos tout à fait originaux: ce chevalier aurait lui-même expliqué sa longévité en disant s’oindre d’huile et consommer du miel. Il va sans dire que cette pratique de l’onction d’huile va tout à fait dans le sens de la théorie de Bacon, puisqu’elle obstrue les pores de la peau et prévient donc l’exhalaison mortifère des esprits animaux.
     Mais d’où tire-t-il ce propose de Jean des Temps ? Il s’est tout simplement embrouillé dans ses notes. Car ces propos auraient en réalité été tenus, selon Pline l’Ancien, mille ans plus tôt, à l’empereur Auguste par un certain Pollion Romilius. Pollion Romilius que par ailleurs Bacon, à quelques lignes de là, confond allègrement avec son plus célèbre homonyme Asinius Pollion.

    Sir Francis Bacon, d’évidence, était plus un homme de système qu’un érudit minutieux. On reste frappé cependant par la niaiserie pathétique de ses conseils. Ce qui surprend surtout c’est le sentiment d’urgence qu’il éprouvait, et l’obession qu’il avait alors de divulguer au plus vite les magnifiques découvertes qu’il venait de faire, pour aider ses frères humains à retarder l’heure de leur mort. Quitte à ne pas se relire.

Édition anglaise non datée  Édition latine de 1859
Traduction B.G. (2006)
LENGTH AND SHORTNESS
OF LIFE IN MAN
LONGÆVITAS ET BREVITAS
VITÆ IN HOMINE.
LONGUEUR OU BRIÈVETÉ
DE LA VIE CHEZ L’HOMME
[...]
     19. The cases which follow, are promiscuous in their order, more doubtful in authority, and more scanty in observation. Arganthonius, king of Cadiz in Spain, lived 130 or (according to some) 140 years, for eighty of which he was on the throne. Of his manners, habits of life, and the time in which he lived, nothing is recorded. [.......]  
     A people of India called Pandorae are very long-lived, lasting even for 200 years. (a) They say also (which is more strange) that their hair, which is nearly white in boyhood, turns black in old age, before it grows hoary; though indeed it is common every-where for light hair in the boy to turn darker in the man. The Seres likewise, another Indian people, with their palm-wine, [p.265]
are reputed to live as long as 130 years.’ Euphranor the grammarian continued to teach in his school till he was above 100. (b) The elder Ovid, the father of the poet, lived 90 years; he was of a different character from his son, as he despised the Muses and dissuaded his son from poetry. (c) Asinius Pollio, the friend of Augustus, exceeded 100 years. (d) He was a man extremely luxurious, eloquent, and devoted to literature; but yet violent, proud, cruel, and selfish. It is a common idea that Seneca was very old, and no less than 114. But this cannot be true; for fir from being a decrepit old man when he was appointed tutor to Nero, he was on the contrary exceedingly active in the government. Besides, a little before, in the middle of the reign of Claudius, he was banished for adultery with some noble ladies, a thing not compatible with such an age. Johannes de Temporibus among all the men of later times is by tradition and common report reputed long-lived, even to a miracle or rather a fable, his age being said to be above 300. He was by birth a Frenchman, and served under Charlemagne. Gartius of Aretium, great grandfather to Petrarch, lived 104 years. He always enjoyed good health, and at the end felt a decay of strength rather than any malady; which is the true dissolution by old age. Many Venetians of high rank were long-lived; as the Doge Franciscus Donatus, Thomas Contarenus and Franciscus Molinus procurators of St. Mark, and others. But the most memorable instance is that of the Venetian Cornaro, who being of sickly body in his youth, began for the sake of his health to measure his meat and drink by weight. This custom led by degrees to a fixed diet, and the diet to a very long life, of even more than 100 years (e), with unimpaired faculties and constant health. Guillaume Postel, a Frenchman, in our time, lived nearly 120 years; the top of his moustache being still black, and not at all grey. He was a man of dis-ordered brain and unsound mind, a great traveller sad mathematician, and somewhat tainted with heresy.
     20. In England I imagine there is scarce any village of any size in which an octogenarian man or woman may not be found. A few years ago, at a May-game in Herefordshire, a morrice dance was performed by eight men, whose united ages made up 800 years; some of them’ exceeding 100, by as much as others fell short. [...]

(pp. 264-265 d’une édition non datée)
(p. 105 de l’édition de 1638)
[...]
     19. Quæ sequentur, ordine promiscua, fidei magis dubiæ, observatione magis jejuna, erunt. Rex Arganthonius, qui regnavit Gadibus in Hispania, centum et triginta, aut (ut alii volunt) quadraginta, annos vixit; ex quibus octoginta regnavit (1); de moribus ejus et vitia genere, et tempore quo vixit, siletur. [.......] Populus Indiæ, Pandoræ appellati, admodum longævi; etiam usque ad annum ducentesimum (2): addunt rem magis miram; [p.146] scilicet cum pueri fere candido capillo fuerint, senectute ante canitiem eos nigrescere solitos: id tamen ubique vulgare est, ut pueris capillitio candidiore virili ætate pili mutentur in obscurius. Etiam Seres, Indorum populus, cum vino suo ex palmis, longævi habiti sunt, usque ad annum centesimum tricesimum. (3) Euphranor grammaticus consenuit in schola, et docebat literas ultra annum centesimum. (4) Ovidius senior, poëtæ pater, nonaginta annos vixit (5); diversus a moribus filii, utpote qui Musas contempsit, et poëticem filio dissuasit. Asinius Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (6): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor; attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus. Invaluit opinio de Seneca, quod admodum annosus fuerit, usque ad annum centesimum decimum quartum (7); quod verum esse non potest, cum tantum absit ut senex decrepitus ad Neronis tyrocinium admotus sit, ut contra rebus gerendis strenue suffecerit; quinetiam paulo ante, medio tempore Claudii, exularit, ob adulteria aliquarum principum fœminarum; quod in talem ætatem non competit. Joannes de Temporibus, ex omnibus posterioribus sæculis, traditione quadam et opinione vulgari, usque ad miraculum, vel potius usque ad fabulam, longævus perhibetur, annorum supra trecentos (8): natione fuit Francus, militavit autem sub Carolo Magno. Gartius Aretinus, Petrarchæ proavus, ad centum et quatuor annos pervenit (9), [p.147] prospera semper usus valetudine, atque in extremis vires labantes sentiens potius quam morbum; quæ vera est resolutio per senium. Ex Venetis reperiuntur haud pauci longævi, etiam gradu eminentiori; Franciscus Donatus dux; Thomas Contarenus procurator S. Marci; Franciscus Molinus item procurator S. Marci (10); alii. At maxime memorabile est illud de Cornaro Veneto, qui corpore sub initio valetudinario, cœpit primum metiri cibum et potum ad certum pondus, in curam sanitatis: en cura transiit usu in diætam, et ex diæta in magnam longævitatem, usque ad annum centesimum et ultra (11), integris sensibus, et constanti valetudine. Gulielmus Postellus, nostra ætate, Gallus, ad centesimurn et prope vicesimum annum vixit (12); etiam summitatibus barbæ in labro superiore nonnihil nigrescentibus, neque prorsus canis: vir capite motus, et non integræ omnino phantasiæ; magnus peregrinator, et mathematicus, et hæretica pravitate nonnihil aspersus.
     20. Apud nos in Anglia, arbitror non existere villulam paulo populosiorem, in qua non reperiatur aliquis vir aut mulier ex octogenariis; etiam ante paucos annos, in agro Herefordiensi, inter ludos florales, instituta erat chorea et saltatio ex viris octo, quorum ætas simul computata octingentos annos complebat; cum quod alteris eorum ad centenarium deesset, alteris aliquibus superesset.
[...]
[...]
     § 19. Les cas qui suivent donnés sans ordre, seront d’une authenticité plus douteuse et moins bien renseignés. Le roi Arganthonius, qui régna à Cadix en Espagne, vécut 130 ou bien (selon d’autres) 140 ans, pendant quatre-vingts desquels il fut sur le trône. De ses habitudes, de sa manière de vivre, et du temps où il vécut, on ne dit rien. [... (nombreux autres cas...)] Un peuple de l’Inde appelé les Pandores sont d’une grande longévité, dépassant même les 200 ans. On dit aussi (ce qui est plus étonnant) que leurs cheveux, qui sont presque blancs dans l’enfance, virent au noir lors de la vieillesse: avant cela il sont blanc neigeux; il est vrai toutefois que c’est partout une chose commune que les cheveux clairs d’un enfant deviennent plus sombres à l’âge adulte. Pareillement les Sères, autre peuple de l’Inde, grâce à leur vin de palme, passent pour vivre non moins de 130 ans. Le grammairien Euphranor atteignit la vieillesse dans son école, et il enseignait les lettres à plus de cent ans. Ovide l’Ancien, père du poète, vécut 90 ans; il était d’un caractère différent de celui de son fils, car il méprisait les Muses et tenta de détourner son fils de la poésie. Asinius Pollion, l’ami d’Auguste, dépassa les 100 ans. C’était un homme vivant dans un luxe inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres, et cependant violent, fier, cruel et égoïste. C’est une idée répandue que Sénèque atteignit un grand âge, et pas moins de 144 ans. Mais cela ne peut être vrai tant il est invraisemblable qu’un vieillard décrépi, alors qu’au contraire il fut très énergique dans son gouvernement. Bien plus, peu de temps avant cela, vers le milieu du règne de Claude, il fut banni pour avoir commis l’adultère avec plusieurs femmes nobles, ce qui n’est pas compatible avec un âge si avancé. Jean des Temps, de tous siècles les plus récents, selon une certaine tradition et selon l’opinion commune, passe pour avoir joui d’une longévité qui tient du miracle, ou plutôt de la légende: plus de trois cents ans. Il fut Français de naissance et servit sous Charlemagne. Garzo d’Arezzo, grand’père de Pétrarque, vécut 104 ans. Il jouit toujours d’une bonne santé et à la fin éprouva une déperdition de ses forces que quelque maladie: c’est là le véritable effet destructeur du grand âge. Nombre de Vénitiens de haut rang ont vécu longtemps; ainsi les doges Francesco Donato, Thomas Contareno et Francesco Molino prévôts de San-Marco, et d’autres. Mais le plus mémorable exemple en est le Vénitien Cornaro qui, étant d’une constitution maladive dans l’enfance, commença dans l’intérêt de sa santé de mesurer en le pesant ce qu’il mangeait et buvait. Cette habitude le conduisit progressivement à un régime alimentaire régulier, et ce régime à une grande longévité, de plus de 100 ans, avec des facultés intactes et une santé constante. Guillaume Postel, un Français, de notre temps, a vécu près de 120 ans; le sommet de sa moustache était encore noir et ne grisonnait pas le moins du monde.  C’était un homme au cerveau dérangé et à l’esprit peu sensé, un grand voyageur, piètre mathématicien, et quelque peu teinté d’hérésie.
     § 20. Chez nous en Angleterre j’imagine qu’il n’est pas de village tant soit peu peuplé où l’on ne puisse trouver un homme ou une femme octogénaire. Il y a quelques années, lors d’un carnaval dans le
Herefordshire, une danse morris fut exécutée par huit hommes dont les âges additionnés atteignaient 800 ans, quelques-uns d’entre eux dépassant les 100 ans d’autant que les autres s’en approchaient. [...]
(a) Pliny, vii. 2.
(b) Suidas in v. Apion.
(c) Ovid. Tristia, iv. 10. 77
(d) Cf. Pliny, xxii. 53.
(e) Flourens, De la Longévité, p. 33.

     (1) Cicero, Herodotus, and Valerius Maximus agree in saying that Arganthonius lived a hundred and twenty years, and Pliny seems inclined to agree with item. He mentions however that Anacreon affirms that he lived to be a hundred and fifty. According to one account he died at a hundred and thirty. That he reigned eighty years is said by Cicero and Pliny. See Cicero De Senect. [19], Herodotus [l. 163], Val. Max. viii. 13., and Pliny, vii. 49.
     (2) Pliny, vii. 2.
     (3) “Onesicritus, quibus in locis Indiæ umbræ non sint, corpora hominum cubutorum quinum et hinorum palmorum existere et vivere annos centum et triginta,” &c.— Pliny, vii. 2. As the longevity of the Seres is mentioned in the preceding sentence, I believe that this is the passage which Bacon was thinking of, though we cannot account for his speaking of palm wine except by supposing that he mas misled by a hasty glance at the phrase “binorum palmorum.” Lucian in the Macrobii expressly says that the Sere were said to be a nation of water-drinkers. Palm wine was however, Pliny elsewhere says, common throughout the East.
     (4) Suidas in v. Apion.
     (5) Ovid., Tristia, iv. 10. 77.
     (6) Bacon manifestly confounds Asinius Polio with Pollio Romilius, of whom Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.”—Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio died, according to Eusebius, Chron. Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri makes him eighty-four.
     (7) The notion that the philosopher Seneca lived to a great age arose from confounding him with his father the rhetorician. Raphael Volaterranus (Comment. Urban. p. 223.) is said to te the first writer by whom they are distinguished. See Antonius, Bibl. Vet. Hisp. i. 4. 47. A hundred and eight years intervene between the death of Cicero and that of the younger Seneca. Now in the preface to the first book of Controversiæ Marcus Seneca says that he was old enough to have heard Cicero, though the civil war prevented his doing so. Between his birth therefore and his son’s death there can scarcely be less than a hundred and twenty years. Compare Cardan, Paralipomena, xiv. 8.

     (8) His name is said to have been Jean de Stampis (D’Estampes), and the change to Johannes de Temporibus is connected with his mythical longevity. See Zuingerus, Theatrum vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.
     (9) See Petrarch, Rerum memorandarum. § De Senectute; or Fulgosius, ubi modo.
     (10) These three persons are mentioned by Egnatius, Exempta illustr. Venetor. The longevity of the Venetians is noticed by Peter Ravennas.
     (11) “Cornaro mourut le 26 Avril, 1566. Je n’ai pu trouver la date précise de sa naissance. La Biographie Universelle le fait naître en 1467….. La Notice écrite par sa nièce, dit positivement cent ans, une autre Notice dit plus de cent ans, une troisième dit cent cinq”. — Flourens, De la Longévité, p. 33.
     (12) Postellus died in 1583, being then, according to the biographical dictionaries, more than seventy-one. Bacon’s statement is altogether incorrect. It is not improbable that Postel may have chosen to represent himself as much older than he really was. He was a man of great learning, but on some subjects scarcely sane: “quem insania ah omnis malitiæ suspicione vindicare poterit” is Joseph Scaliger’s judgment of him. See Morhof. Polyhistor. i. 4. 5.


THE OPERATION UPON
THE EXCLUSION OF THE AIR.
OPERATIO SUPER
EXCLUSIONEM AËRIS
LA PRATIQUE DE LA
PRÉSERVATION DE L’AIR AMBIANT
[p.] The History.

     1. Exclusion of the external air tends in two ways to pro-long life. First, because most of all things, next to the internal spirit, the external air (although it is as life to the human spirit, and contributes very much to health) preys upon the juices of the body and hastens its desiccation; whence the exclusion of the air conduces to longevity.
     2. The second effect of the exclusion of the air is much more deep and subtle; namely, that the body being closed up, and not perspiring, detains the spirit within, and turns it upon the harder parts of the body, which are thereby rendered soft and tender.
     3. The reason of this process is explained in the desiccation of inanimate bodies. And it may be taken for an infallible axiom, that the emission of the spirit dries bodies, but the detention thereof melts and softens them. And it may be further assumed that all heat properly attenuates and moistens, but contracts and dries only by accident. [...]
[p.175] Historia.

     1. Exclusio aëris ambientis ad diuturnitatem vitæ dupliciter innuit. Primo, quod maxime omnium, post spiritum innatum, aër extrinsecus (utcunque spiritum humanum quasi animet, et ad sanitatem plurimum conferat) succos corporis deprædatur, et desiccationem corporis accelerat; itaque exclusio aëris ad longitudinem vitæ confert.
     2. Alter effectus qui sequitur exclusionem aëris, subtilior multo est et profundior; scilicet quod corpus occlusum et non perspirans spiritum inclusum detinet, et in duriora corporis vertit; unde spiritus ea emollit et intenerat.
3. Hujus rei explicata est ratio in desiccatione inanimatorum; atque est axioma quasi infallibile, quod spiritus emissus corpora desiccat, detentus colliquat. et intenerat: atque illud insuper simul assumendum, quod calor omnis proprie attenuat [faut-il lire: attenerat? (B.G.)] et humectat, et per accidens tantum contrahit et desiccat. […]



 Exposé des faits.

     1. La préservation de l’air ambiant favorise de deux manière la longévité. D’abord par ce que, plus que tout, après l’esprit inné, l’air ambiant, même s’il donne vie en quelque sorte à l’esprit humain et contribue trés grandement à la santé, détériore les humeurs du corps et accélère le désèchement du corps: c’est pourquoi la préservation de l’air participe à la la longévité.
     2. Le deuxième effet qui découle de la préservation de l’air est beaucoup plus subtil et profond; c’est que le corps bien clos et sans transpiration retient enfermé l’esprit et le détourne vers les parties les plus dures du corps: ainsi elles les amoliit et les attendrit.
     3. L’explication de ce phénomène tient dans le désèchement des corps inanimés, et c’est un axiome quasiment infaillible que l’évaporation de l’esprit désèche les corps, tandis que sa conservation les humecte et les attendrit. Et on doit prendre en compte en outre que toute chaleur affaiblit
[faut-il corriger: attendrit? (B.G.)] et humecte, et que c’est seulement accidentellement qu’elle contracte et et désèche.  [...]
     10. As for filling up the pores, paints and such like thick unctuous substances, and (which may be most conveniently used) oil and fat things, no less preserve the substance of the body than oil colours and varnish preserve wood.
     11. The ancient Britons painted themselves with woad, -and were extremely long-lived. The Picts likewise had the same custom, and are even supposed by some to have derived their name from it.
     12. At this day the natives of Brazil and Virginia use to paint themselves, and are said, especially the former, to be very long-lived; insomuch that five years ago the French Jesuits met with some of them who remembered the building of Fernamburg, which happened 120 years before, they being then grown up.
     13. Johannes de Temporibus, who is said to have reached the age of three hundred, on being asked how he had preserved himself, is reported to have answered, "By oil without, and honey within."
     14. The Irish, especially the wild Irish, are, even to this day, very long lived. In truth, they say that within these few years the Countess of Desmond lived to 140, and shed her teeth three times. Now the Irish have a custom of standing naked before the fire, and rubbing and as it were pickling themselves with old salt butter. [...]
     16. Hippocrates’ advises to wear clean clothes neat to the skin in winter, but foul and smeared with oil in summer. The reason whereof appears to be, that in summer the spirits exhale most, and therefore the pores of the skin should be stopped.
(pp. 187-188 de l’édition de 1638)
     [p.176] 10. Quod ad oppletionem attinet; pigmenta, et hujusmodi spissamenta unctuosa, atque (quod commodissime in usu potest [p.177] esse) oleum et pinguia, non minus corporis substantiam conservant, quam pigmenta in oleo et vernix ligna.
     [p.177] 11. Britones antiqui corpus glasto pinguebat, et fuerunt ad modum longævi; quemadmodum et Picti, qui inde etiam nomen traxisse a nonnullis putantur. (1)
     12. Hodie se pingunt Brasilienses et Virginienses, qui sunt (præsertim illi priores) admodum longævi; adeo ut quinque abhinc annis Patres Galli nonnullos convenerint, qui ædificationem Fernamburgi, annis abhinc centum et viginti, ipsi ad tunc virilis ætatis, meminissent. (2)
     13. Joannes de Temporibus, qui dicitur ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus quomodo se conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus, melle. (3)
     14. Hiberni, præsertim sylvestres, etiam adhuc sunt valde vivaces; certe aiunt, paucis abhinc annis comitissam Desmondiæ vixisse ad annum centesimum quadragesimum, et ter per vices dentiisse. Hibernis autem mos est se nudos ante focum butyro salso et veteri fricare et quasi condire. [...]
     16. Hippocrates jubet vestes ad cutem hieme puras portare, æstate sordidas et oleo imbutas (5); hujus ratio videtur, quod per æstatem spiritus exhalant maxime; itaque pori cutis opplendi sunt.


     10. Pour ce qui concerne l’obturation (des pores de la peau), les fards et les onguents épais de ce genre, ainsi que l’huile et les les produits gras (qui sont d’un usage des plus aisés) ne préservent pas moins  le principes essentiels du corps que la peinture à l’huile et le vernis ne préservent le bois.
     11. Les anciens Bretons  se peignaient le corps de pastel, et jouissaient d’une très grande longévité; de même aussi les Pictes, dont beaucoup pensent qu’ils tirent de là leur nom.
     12. De nos jours se peignent les Brésiliens et les Virginiens, qui jouissent (surtout les premiers) d’une longévité considérable; à tel point qu’il y a cinq ans les Jésuites français en ont rencontré un certain nombre qui se souvenaient de l’édification de Fernambourg cent vingt ans plus tôt, alors qu’ils étaient eux-mêmes déjà adultes.
     13. Jean des temps, dont on dit qu’il a atteint l’âge de trois cents ans, comme on lui demandait comment il s’était préservé, répondit à ce qu’on dit: Dedans, du miel, dehors, de l’huile.
     14.  Les Irlandais, surtout ceux qui vivent dans les forêts, sont des plus vivaces; et bien l’on dit qu’il y a peu d’années de cela, la comtesse Desmond a vécu jusqu’à cent quarante ans, et qu’elle a eu trois poussées de dents. Or les Irlandais ont coutume, nus devant le foyer, de s’enduire d’un beurre salé et rance, et comme de s’en confire. [...]
    16. Hippocrate recommande de porter en hiver des vêtements propres sur la peau, mais en hiver des vêtements sales et imbibés d’huile; la raison paraît en être que les esprits s’évaporent surtout en été; et c’est pourquoi il faut alors obstruer les pores de la peau.

     (1) Legis in his work on Runes has auggested the idea that not only the Picts, but the Britons also derived their name from this practice. He connects, probably fancifully, the root brit with that of that of verb to write, remarking that, as we see in Greek, the ideas of writing and painting are cognate.
     (2) This statement, although doubtless resting on the authority of the Jesuit Fathers, appears to be at variance with chronology. It is true that Cabral took possession of Brasil on behalf of the Crown of Portugal as early as 1500, and that on Easter Sunday in that year he erected a stone cross where Quarto Seguro now stands. But neither that town nor any other appears to have been founded until at least thirty years later, after the division of the country into captaincies. In that of Pernambuco, Olinda was the first founded; and as the native name of its site was given to the captaincy of which it was the capital, it is doubtless to it that Bacon here refers. That its foundation should have been remembered by several persons among those whom the missionaries met with ninety years afterwards is quite crédible; but the story as it stands is at least exceedingly improbable. That the climate of Brazil favours longevity was long believed, and may perhaps be true. The notion is mentioned in Bacon’s essays.

     (3) This answer was originally given to Democritus (see the Geoponica, xv. 7. 6.); afterwards, with a slight modification, to Pollio Romilius. [See suprà. note p. 146.] I do not know by whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus.
     (4) Spenser mentions these habits of the Irish among the customs which he supposes them to have derived from Spain, for no other reason, apparently, than that they appear to him to be suitable to a warm climate. It is worthy of remark that Campion, writing about a quarter of a century earlier, affirms that the Irish had given up the use of saffron, and were learning to wash their linen. However the custom was retained in some parts of the country not only after Campion’s time, but till a much later period.

     (5) Hippocr. De salubri Diætâ. See note on Sylva Sylvarum, § 55. —J.S.

Éditions:
     Franciscus BACO baro de Verulamio, vice-comes Sancti Albani (Francis BACON, baron de Verulam, vicomte de St. Abans, 1561-1626), Historia vitae & mortis, sive, Titulus secundus in Historia naturali & experimentali ad condendam philosophiam: quae est Instaurationis magnae pars tertia [in-8°; 6+454 (en fait 458) p.], Londini (Londres), In officina Io. Haviland, impensis Matthaei Lownes, 1623.
     Franciscus BACO, Historia vitae et mortis [in-12 (11 cm); 476+52 p.], Lugduni Batavorum (Leyde), Ex officina Ioannis Maire, 1637.
     Barthol. MOSERUS [éd.] & Franciscus BACO, Historia vitae et mortis: cum annotatioinbus [sic] Barthol. Moseri, Med. D., nouiter in lucem data [in-12 (11 cm); 12+526+52], Dilingae (Dillingen), Typis academ., 1645.
     Franciscus BACO, Historia vitae et mortis [in-12 (15 cm); 201+47 p.], Amstelodami (Amsterdam), Apud Joannem Ravesteinium, 1663.
     Johannes Sigismundus HENNINGERO (Johann Sigismund HENNINGER) [éd.], Franciscus BACON, Historia vitae et mortis... [in-8°], Argentorati (Strasbourg), Theodoricus Lerse, 1712.
     Johannes Sigismundus HENNINGERUS (Johann Sigismund HENNINGER) [éd.], «Historia vitae et mortis, Francisci Baconis», in ID. [éd.], Santorio SANTORI (1561), Francis BACON (1561-1626), Helius Eobanus HESSUS (1488-1540) & Giovanni Battista FIERA (1469-1538)], Quadriga scriptorum diaeteticorum celebriorum, adcurante Joh. Sigismundo Henningero [in-8° (17 cm); 4 tomes en 1 volume (5 ff. + 45+20+93+268+125 p.); réunit 4 ouvrages publiés séparément en 1712 chez le même éditeur («De Conservanda bona valetudine», Liber Scholae Salernitanae; «De Statica medicina», ars Sanctorii Sanctorii; «Historia vitae et mortis», Francisci Baconis; «De Tuenda bona valetudine», libellus Eobani Hessi & «Coena», Baptistae Fierae Mantuani); index], Argentorati (Strasbourg), sumptibus Theodorici Lerse, 1713.
      Robert Leslie ELLIS [éd.], «Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in James SPEDDING (du Trinity College de Cambridge), Robert Leslie ELLIS (late fellow du Trinity College) & Douglas Denon HEATH (barrister-at-law, late fellow du Trinity College) [éd.], The works of Francis Bacon, baron of Verulam, viscount St. Alban, and Lord High Chancellor of England, collected and edited by James Spedding, of Trinity College, Cambridge, Robert Leslie Ellis, barrister-at-law, late-fellow of Trinity College, Cambridge and Douglas Denon Heath, late-fellow of Trinity College, Cambridge. Vol. II (The Second Volume. Philosophical Works. Part I. continued. Works published or designed for publication, as parts of the Instauration Magna [19 cm; 692 p.; œuvres complètes en latin et anglais (tome 2 de 14 volumes publiés de 1857 à 1874)], London (Londres), Longman & Co, Simpkin & Co, Hamilton & Co, Whittaker & Co, J. Bain, E. Hodgson, Washbourne & Co, Richardson Brothers, Houlston & Co, Bickers a Bush, Willis & Sotheran, J. Cornish, L. Booth, J. Snow, Aylott & Co, 1859 [dont une réédition en fac-similé: The works of Francis Bacon. Zweiter Band [692 p.], Stuttgart, Frommann & Holzboog, 1986 (ISBN: 3-7728-0025-4), dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716, en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
Version latine en ligne:
      BNF [éd.], «The works of Francis Bacon. Zweiter Band» [réédition numérique en mode image de l’édition ci-dessus], in Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716, en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
Version anglaise:
     Francis BACON, The historie of life and death: with observations naturall and experimentall for the prolonging of life, written by the Honorable Francis Lord Verulam, Viscount S. Alban [in-12 (14 cm); 14+323+1 p.], London, Humphrey Mosley, 1638, pp. 105 & 187-188.
     Francis BACON, History naturall and experimentall of life and death, or, Of the prolongation of life, written in Latine by the Right Honorable Francis Lo. Verulam, Vis-count St. Alban [in-12 (15 cm); 32+395(en fait 435)+3 p.], London (Londres), William Lee, and Humphrey Mosley, 1638.
     Francis BACON, Sylva sylvarum, or, A naturall history in ten centuries. Whereunto is newly added the History naturall and experimentall of life and death, or, Of the prolongation of life. Both written by the Right Honourable Francis Lo. Verulam, Viscount St. Alban. Published after the author’s death, by William Rawley ... Hereunto is now added an alphabeticall table of the principall things contained in the ten centuries [in-f° (29 cm); 9 pièces limiaires; 218+19 p.; 3 ff.+36 p.; 4 ff.+ 64 p.; 6e édition de l’ouvrage principal], London, William Lee, 1651.
     Francis BACON, Sylva sylvarum, or, A naturall history in ten centuries : whereunto is newly added the History naturall and experimentall of life and death, or, Of the prolongation of life. Both written by the Right Honorable Francis Lo. Verulam, Viscount St. Alban. Published after the author’s death by William Rawley ... Hereunto is now added an alphabeticall table of the principall things contained in the ten centuries [in-f° (29 cm); 218+19 p.; 3 ff.+36 p.; 4 ff.+ 64 p.; 7e édition de l’ouvrage principal], London, William Lee & Thomas Johnson, 1658.
     Francis BACON, Sylva sylvarum, or, A natural history in ten centuries : whereunto is newly added the History naturall and experimentall of life and death, or of the prolongation of life, both written by the Right Honourable Francis Lord Verulam, Viscount St. Alban ... ; hereunto is newly added an alphibetical table of the principal things contained in the ten centuries. The eighth edition, whereunto is added, Articles of enquiry touching metals and minerals [in-f° (30 cm); 18+218+24+221-228+2+8+64 p.; 1 planche; portrait], London (Londres), William Lee & Thomas Williams, 1664.
     Francis BACON, The historie of life and death [16 cm; 323 p.], Amsterdam, Theatrum Orbis Terrarum & New York, Da Capo Press, 1968.
     Francis BACON, The historie of life and death [21 cm; 323 p.],New York : Arno Press, 1977 [ISBN: 0405095546].
Version anglaise en ligne:
      Lawrence GERALD [éd.] «Francis Bacon’s History of Life and death, of the second title in Natural and Experimental History for the Foundation of Philosophy, being the third part ofthe Instauratio Magna» [saisie d’une édition de date non précisée], in sirbacon.org  (Sir Francis Bacon’s New Advancement of Learning), http://www.sirbacon.org/historylifedeath.htm, 2003, en ligne en 2006.
Traductions en français:
     J. BAUDOIN (vers 1590-1650) [trad.], Histoire de la vie et de la mort... composée par Mre François Bacon,... et fidèlement traduite par J. Baudoin [in-8°; XXI+510 p.], Paris, G. Loyson et J.-B. Loyson, 1647.
     Victor STAQUET [trad.], François Bacon,... Histoire de la vie et de la mort. Traduction nouvelle et intégrale du latin, d’après l’édition de 1637, par Victor Staquet [in-16 (17,5 cm sur 11); 191 p.], Bruxelles, Éditions La Boétie, 1945. 
24. Thomas Browne, Pseudodoxia Epidemica (1646)

     Sir Thomas Browne (1605-1682) est un écrivain anglais qui a touché à la médecine, à la religion, à la science et à l’ésotérisme. Ses principaux ouvrages sont la Religion du médecin (1642), traduit en français par Nicolas Lefebvre en 1668, et un essai sur les idées reçues, Pseudodoxia epidemica (1646), également traduit en français, par l’abbé Souchay en 1733 sous ce titre: Essai sur les erreurs populaires, ou Examen de plusieurs opinions reçues comme vrayes, qui sont fausses ou douteuses.
     Concernant le cas de Jean des Temps, il insiste surtout sur l’impossiblité de tirer des conclusions générales de faits isolés, quand bien même on ne mettrait pas en doute leur véracité.


Texte de la 6e édition (1672) Traduction B. G. (2006)
     And therefore in that account of Pliny, of a Deer with a Collar about his neck, put on by Alexander the Great, and taken alive an hundred years after, with other relations of this nature, we much suspect imposture or mistake. And if we grant their verity, they are but single relations, and very rare contingencies in individuals, not affording a regular deduction upon the species. For though Ulysses his Dog lived unto twenty, and the Athenian Mule unto fourscore, yet do we not measure their days by those years, or usually say, they live thus long. Nor can the three hundred years of John of times, or Nestor, overthrow the assertion of Moses*, or afford a reasonable encouragement beyond his septuagenary determination.
(III, IX, p. 135-140 de l’édition de 1672)
     Et c’est pourquoi dans ce récit de Pline d’un cerf portant un collier au cou que lui avait mis Alexandre le Grand, et capturé en vie une centaine d’année plus tard, comme pour les autres rapports du même genre, il nous faut suspecter soit une supercherie ou bien une erreur. Et si nous acceptons leur authenticité, ce ne sont que des rapports, et que des cas très rares concernant de simples individus, dont on ne peut pas tirer de déductions relatives à leurs espèces. Car, bien que pour Ulysse, son chien ait vécu plus de vingt ans, et le mulet athénien plus de quatre-vingts ans, nous ne pouvons cependant pas mesurer leurs jours par ces nombres d’années, ni dire communément qu’ils vivent si longtemps. Et les trois cents ans de Jean des Temps ou de Nestor ne peuvent l’emporter sur l’assertion de Moïse, ni procurer un soutien raisonnable au-delà de la limite de soixante-dix ans qu’il a formulée.
(III, IX, p. 135-140)
Note de l’auteur: * Psalm 90.
     Note de l’auteur [et de B.G.]* Psaume 90. [verset 1: Prière. De Moïse, homme de Dieu (...) versets 9-10: Sous ton courroux tous nos jours déclinent, nous consommons nos années comme un soupir. Le temps de nos années, quelque soixante-dix, quatre-vingt, si la vigueur y est. (...) verset 12: Fais-nous savoir comment compter nos jours, que nous venions de coeur à la sagesse. (Bible de Jérusalem)]
Éditions:
     Premières éditions: Thomas BROWNE (1605-1682), Pseudodoxia epidemica, or enquiries into very many received tenents and commonly presumed truths, by Thomas Browne, dr. of physik [in-f° (26 cm); pièces liminaires; 386 p.; table], London (Londres), E. Dod, 1646. Deuxième édition [28 cm; 329 p.; «2d ed. corr. and much enl. by the author. Together with some marginall observations»], London (Londres), E. Dod and N. Ekins, 1650. Troisième édition [in-f°; pièces liminaires; 326 p.; tables]: London (Londres), N. Ekins, 1658. Quatrième édition [22 cm; 8 pièces liminaires; pagination multiple; 2 planches; «The 4th ed. With marginal observations, and a table alphabetical. Whereunto are now added two discourses the one of Urn-burial, or sepulchrall urns, lately found in Norfolk. The other of The garden of Cyrus, or Network plantations of the antients. Both newly written by the same author»;], London (Londres), E. Dod, 1658. Sixième édition: Pseudodoxia, etc., together with the Religio medici [23 cm sur 17; 11 pièces liminaires; pagination multiple; «The 6th and last ed., cor. and enl. by the author, with many explanations, additions and alterations throughout, etc.»], London (Londres), N. Ekins, 1672.
     Édition critique: Robin ROBBINS [éd.], Sir Thomas Browne’s Pseudodoxia epidemica [23 cm; 2 volumes (LXI+1198 p.; 7 p. of planches; illustrations], Oxford, Clarendon Press & New York, Oxford University Press, 1981 [ISBN: 0198127065].
     Édition critique numérique en mode texte: James EASON (University of Chicago) [éd.], Pseudodoxia Epidemica: or, Enquiries into very many Received  Tenents and commonly presumed Truths. by Thomas Brown Knight, M. D. Based on The Sixth and Last Edition of 1672 [pages web; texte copieusement annoté en anglais], in UNIVERSITY OF CHICAGO, Sir Thomas Browne, http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudodoxia.html, en ligne en 2006, spécialement: «III.ix (pp. 135-140): Of the Deer», http://penelope.uchicago.edu/pseudodoxia/pseudo39.html#b15, en ligne en 2006.
Traductions françaises:
     Abbé Jean-Baptiste SOUCHAY [trad.], Essai sur les erreurs populaires, ou Examen de plusieurs opinions reçues comme vrayes, qui sont fausses ou douteuses, traduit de l’anglais de Thomas Brown [in-12; 2 volumes], Paris, Briasson, 1733. Réédition: 1738. 1741.
     Bernard HOEPFFER [trad.] & Catherine GOFFAUX [collaboratrice ], Thomas Browne. Pseudodoxia epidemica ou Examen de nombreuses idées reçues et de vérités généralement admises [22 cm; 963 p.; portrait; notes bibliographiques; index; lexique], Paris, J. Corti, 2004 [ISBN 2-7143-0849-X; 35 €].
25. Basile Fleureau, vers 1668
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes (édition posthume de 1683)

     Dom Basile Fleureau, dans ses Antiquitez de la Ville et du Duché d’Éstampes, parle une première fois de notre homme au début de son chapitre sur Philippe Ier, puis revient sur ce personnage à la fin de son chapitre sur Louis VII dit le Jeune. En bon connaisseur des chartes des onzième et douzième sièclees, il démontre que le véritable Jean d’Étampes d’une part n’a jamais été comte d’Étampes, et d’autre part qu’il n’a jamais été non plus le gendre du roi de France Philippe Ier, sa véritable épouse ayant été Eustachie de Corbeil, qui en aucun cas ne peut-être identifiée avec la prétendue fille de Philippe qui aurait porté ce nom, et dont l’existence même est plus que douteuse.
 
Première partie, chapitre XXIII, pp. 75-76
     Philippe I. ne se contentant pas de Berthe, sa legitime épouse, passant à Tours l’an 1091. fit enlever par un de ses Gentils-hommes, Bertrade de Monfort, femme de Fouques Réchin, ou l’Aspre, Comte d’Anjou, laquelle il épousa, au grand scandale de la France, & de toute l’Europe, après la mort de son mary, qui ne pouvant se venger de l’affront qu’il avoit receu de l’enlevement de sa femme, en mourut bien-tost après de déplaisir. Il y a de nos Historiens, qui ont laissé par écrit, que de ce mariage Philippe eut quatre enfans, deux garçons Philippe, & Fleury, & deux filles, Cecile, & Eustache. Dieu ayant eu en horreur l’incestueux adultere du Roy; a voulu que la memoire de ces deux Princes, soit entierement éteinte, sans qu’il reste d’eux, ny de posterité, que le seul nom. Cecile leur sœur fut mariée deux fois, la premiere, elle épousa Tancrede, Prince d’Antioche (Guill. de Tyr. lib. XI. c. 4.), neveu de [p.76] Boëmond, qui s’est si fort signalé dans les Croisades; & la seconde Bertrand, Comte de Tripoly, en Syrie. Belle-forest en ses Annales, assure qu’Eustache fut mariée à Jean, Seigneur d’Estampes, qui en faveur de ce mariage, en fut fait le premier Comte: Mais il se trompe; parce que cette Eustache est surnumeraire, entre les enfans de Philippe, & de Bertrade, que la plus commune opinion de nos Historien, & Genealogistes reduit seulement à deux garçons, & une fille. Et j’ay ci-devant remarqué, qu’il n’y a point eu de Comte, ny de Seigneur proprietaire de la ville d’Estampes que le Roy. Et nous verrons en traitant de l’Abbaye de Morigny, que le Roy Philippe, & Louis le Gros son fils, ont toûjours joüy de la ville d’Estampes: même du vivant de Jean, surnommé d’Estampes, qui fut mary d’une Eustache, non pas de France, mais de la maison de Corbeil, laquelle dans toutes les donations qu’elle a faites, avec son mary, à l’Abbaye d’Yerre en Brie, où elle est inhumée, n’a jamais pris la qualité, ni de fille, ni de sœur de Roy, ni de Princesse, ni de Comtesse: non plus que son mary celle de Comte d’Estampes.
(I, XXIII, pp. 75-76)
Première partie, chapitre XXIX, pp. 120-121
     Il y a des Annalistes qui rapportent la mort de Jean d’Estampes ou des Temps, à cause de sa longue vie, aux premieres années du regne de nôtre Roy Louis VII, & disent qu’il a  été homme d’armes de l’Empereur Charlemagne, & qu’il a vêcu trois cent soixante & un an; mais Paule Emile, & beaucoup d’autres ne sont pas de cette opinion, ne pouvant croire qu’il ait vêcu tant d’années sans s’étre rendu recommandable par quelque belle action, dont la memoire auroit passé à la posterité avec le nombre des années de sa vie, ce qui toutefois ne nous paroît point, n’en étant point fait mention dans l’Histoire. Quoy qu’il en soit de ce Jean d’Estampes. Il est assuré qu’il y a eu un autre Jean d’Estampes, qui vivoit au temps de nôtre Roy Louis VII. & de Louis VI. son Pere. Celuy-ci étoit tres-noble, & grand Seigneur, dont Sugger fait mention, au Livre premier de ce qu’il a fait pendant qu’il a gouverné son Abbaye. Où il dit qu’étant venu à Guillerval, qui est un Bourg à deux lieuës d’Estampes, il trouva cette terre en si mauvais état, & si négligée depuis plusieurs années, qu’il n’y avoit point de maison pour loger l’Abbé, ny de grange pour retirer les grains, ny aucun lieu pour la commodité du Seigneur, où il pût recevoir ses droits; ce qui l’obligea à acheter pour son Abbaye, une metairie de trois charuës, au sujet de laquelle il y avoit eu depuis quarante ans de tres-grands differends, & plusieurs combats entre Jean d’Estampes, fils de Payen, homme noble & vaillant, & un autre Gentil-homme, nommé de Piguiere, ou de Piviers, si la lettre G, du mot Piguerensem, doit être prise pour V, selon l’ancien usage, qui ne pûrent jamais être d’accord ensemble qu’en demeurant tous deux privez de cette terre. Et pour mieux assurer ce Contract il fut signé, selon l’usage du temps, par des parents, & des amis des parties contractantes, entr’autres par un nommé Baudouyn de Corbeil, ce qui me fait juger que ce Jean d’Estampes, dont nous parlons, étoit mary de Madame Eustache de Corbeil, dont il est dit dans les donations qu’elle a fait à l’Abbaye d’Yerre en Brie, que c’a été du consentement de Jean d’Estampes son mary, & des Baudouyn de Corbeil son Gendre, & d’Ameline sa femme, comme l’a remarqué le sieur de la Barre en son Histoire de Corbeil. Et il y a lieu de croire que Jean d’Estampes étoit son frère, [p.121 (et non 127)] ou du moins proche parent de Marc, Vicomte d’Estampes, dont il est fait une honnorable mention dans la Cronique de Morigny, liv. 2. & dont je parleray dans mes Observations sur la même Cronique.
(I, XXIX, pp. 120-121, la page 121 étant numérotée par erreur typographique 127)
Éditions:
     Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes, Paris, J.-B. Coignard, 1683 [réédition en fac-similé: Marseille, Lafittes reprints, 1997; réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE (éd.), «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2006], pp. 76 & 120.
26. Pedro Calderón de la Barca (1600-1681)

     Selon Felix Librecht (1879), cité par Gaston Paris (1891), un des nombreux drames de Calderón (mais lequel?) fait mention de notre personnage sous le nom de Juan de los Tiempos.
     Quelqu’un pourrait-il nous indiquer quel est ce drame de Calderó
n?

Selon Gaston Paris d’après Liebrecht
Traduction B. G. (2006)
... Juan de los Tiempos...
... Jean des Temps...
Source:
     Felix LIEBRECHT, Zur Volkskunde. Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn, Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891].
     Gaston PARIS, Le Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
     Gaston PARIS, «Le juif errant» [réédition de deux études dont celle de 1991], in ID., Légendes du moyen âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux», «Le paradis de la reine Sibylle», «La légende du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions: 1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
     Réédition numérique en mode texte: François MORIN & Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm, en ligne en 2006.
27. Christian Friedrich Garmann, De Miraculis Mortuorum, 1670
Garmann (1670)

     Christian Friedrich Garmann (1640-1708) paraît avoir été un médecin allemand, sur lequel je n’ai guère pu glaner de données, n’étant pas germanophne.


Version allemande de 2003
Texte latin de 1670
Version  B. G. (2006)
§. 7. [Daß sich das Leben über mehr als hundert Jahr erstrecken kann]
     Daß unser Leben aber nicht länger als hundert Jahre währen kann, wie es die Ägypter gezeigt haben, dem widerspricht die Erfahrung. Ich will nicht die Beispiele, welche die Historiker angemerkt, aufhäufen. Was die Menschen, die vor der Sintflut lebten, angeht, so ist die Sache klar. Im Jahr 1151 starb in Frankreich nach 372 Lebensjahren der Waffenträger Karls des Großen, Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. part.1. p.m. 46.). Wilhelm Barneslai starb in England nach Vollendung des 126. Jahres, als er in seinem hundersten Lebensjahr Witwer geworden war, heiratete er zum zweiten Mal (Olear.l.3. Itin. Muscov. Persiae. c.25. p.289.). Das Gleiche berichtet Borel (Cent.2. obs.39.p.138.) [und] unser [Landsmann] Sachs (c.l.p.507.§.8.). Über die Eingeborenen Brasiliens [berichtet] Guilhelm.Pis.(l.1.de Medicin.Brasil.p.6.), daß sie über das hunderste Jahr hinaus sich eines blühenden und langen Alters erfreuen. Er fügt hinzu, daß den dort lebenden Europäer dasselbe widerfährt. Folgende Gründe führt er an: (a) daß sie von athletischen Eltern abstammen; (b). sich nicht durch Sorgen abhärmen und keine Ausschweifungen kennen. (g). Immer dieselbe schlichte Nahrung und Kleidung beibehalten.(d). Daß ihnen Besitzstreben fehlt und sie sich freiwilliger Armut unterwerfen, so daß derjenige, der über mehr [Besitz] verfügt, denjenigen, die weniger haben, gern abgibt, wobei die Leichtigkeit zu geben und zu verlangen die gleiche ist.
     De Cordis in igne duratione, §7.

     Ultra Centum annos autem vitam nostram se non extendere posset, ut Ægypti docuerunt, experientia reclamat. Nolo Exempla coacervare ab historicis notata. De Antediluvianis res clara est. Anno 1151, in Galliis vixit 372. annos Caroli Magni armiger Johannes de Temporibus (Cureus Annal. Siles. Part. 1. p. m. 46.) Vvilhelm. Barneslai in Anglia 126. annos complevit, centesimo viduus factus conjugium iterum iniit. (Olear. l. 3 Itin. Muscov. Persiæ. c. 25. p. 289.) Gemella recitat Borellus (Cent. 2. obs. 39. p. 138.) Sachsius noster (c.1. p. 507. § 8.) De Brasilianis Gvilhelm. Pis. (l. 1. de Medecin. Brasil. p. 6.) qvod post centesimum ætatis annum viridi & longæva senectute potiantur. Addit idem Europæis ibidem degentibus contingere. Causas subdit has (a.) qvia athleticis nati parentibus (b.) curis non macerantur, & voluptates ignorant. (c.) Eodem semper victu & amictu eoque simplici gaudent. (d.) Nullus illis habendi amor, paupertatique se addicunt voluntariæ, ut, cui plus est, lubens impertiat aliis minus habentibus, pari dandi & poscendi facilitate.
§7. De ce que le cœur est fortifié par le feu (?)

     Que notre vie ne puisse pas s’étendre au-delà de cent ans, ainsi que l’enseignaient les Égyptiens, c’est ce qui demande vérification. Je ne veux pas accumuler les exemples notés par des historiens. En ce qui concerne les gens d’avant le Déluge, la chose est claire. L’an 1151, dans les Gaules, mourut à l’âge de 372 ans l’écuyer de Charlemagne, Jean des Temps (Cureus, dans ses Annales de Silésie, part. 1, p. m. 46). William Barneslai en Angleterre parvint à l’âge de 126 ans, et devenu veuf à l’âge de cent ans, se remaria (Olearius, Voyage à Moscou et en Perse, ch. 25, p. 289). Disent des choses analogues Borel (Cent. 2, obs. 39., p.138) et notre compatriote Sachs (ch. 1, p.. 507, § 8). Au sujet des Brésiliens, Guillaume de Pise (livre 1 de Médecine Brésilienne, p. 6) dit qu’ils restent verts après cent ans d’âge et qu’ils jouissent d’une longue vieillesse. Le même ajoute qu’il arrive la même chose aux Européens qui vivent là. Il y trouve les causes suivantes: (a) ils naissent de parents athlétiques; (b) ils ne se morfondent pas en soucis et ignorent les plaisirs; (c) ils se contentent d’une nourriture qui est toujours la même et d’un vêtement rudimentaire; (d) ils n’ont aucun désir de possession et s’adonnent à une pauvreté volontaire, de sorte que celui qui a plus donne volontiers aux autres qui ont moins, avec une égale facilité à donner et à réclamer.
Éditions
     L. Christianus Fridericus GARMANNUS (Christian Friedrich GARMANN, 1640-1708), De Miraculis Mortuorum [112 p.], Lipsiæ (Leipzig), impensis Christiani Kirchneri (Christian Kirchner), 1670, p. 69.
     L. Christianus Fridericus GARMANNUS, De Miraculis mortuorum [in-4°; pièces liminaires; 112 p.; index], Lipsiae (Leipzig), apud M. G. Weidmannum, 1687.
     Immanuel Heinrich GARMANN [éd.], L. Christ. Frid. Garmanni,... de Miraculis mortuorum libri tres, quibus praemissa dissertatio de cadavere et miraculis in genere, opus physico-medicum... editum a L. Immanueli Heinrico Garmanno,... [in-4°; pièces liminaires; 1244 p.; indices; portrait], Dresdae (Dresde) & Lipsiae (Leipzig), sumptibus J. C. Zimmermanni, 1709.
Réédition numérique en ligne: Silvio BENETELLO & Bernd HERRMANN [éd.], Christian Friedrich Garmann. De Miraculis Mortuorum: Über die Wunder[dinge] der Toten [288 p.; texte latin original en mode image et traduction allemande en mode texte au format PDF], Göttingen, Universitätsdrucke Göttingen, http://webdoc.sub.gwdg.de/univerlag/2003/garmann/pages_1-144.pdf & http://webdoc.sub.gwdg.de/univerlag/2003/garmann/pages_144-288.pdf, 2003, en ligne en 2006.
28. Henning Witte (1664)

     Henning Witte (1634-1696), dans cette oraison funèbre en l’honneur du professeur d’Histoire Reinhold Franckenberger (1585-1664), doyen de l’Académie de Wittenberg, mort à près de quatre-vingt ans, amasse un fleuve de lieux communs sur le grand âge, où l’exemple de Jean des Temps surgit tout naturellement, parmi d’autres auxquels il est déjà associé par des auteurs antérieurs, chez qui il puise abondamment son inspiration.

Texte de 1679 Traduction à venir
     RArissimum in nostra Universitate funus indictivum grandaevi adeo et incani Professoris Historiarum Publici, Viri Amplissimi, DN. REINHOLDI FRANCKENBERGERI, Collegii Philosophici et Academiae huius, post [p.440] divum AUGUSTUM BUCHNERUM (cuius magna semper apud posteros recordatio pervigebit) Senioris venerandi! cum octogenariam fere illam, et iam pridem, inter postremissimae aetatis fata habitam periodum attigisset, nudius octavus inde translatus ad aeternitatem, dies Nobis hodiernus imperat. Quoto enim cuique ex milibus hominum id cessit, ut tam vicinus saeculo propemodum exstiterit? et quota vero eorum pars est, qui dimidium aevi fere, in tam nobili officio transegerunt? Iam inde a temporibus diluvii istius, quod cum flagitiis suis orbem universum merserat, aetatem mortalium elanguisse, semperque lapsam in deteriora, historiae sacrae iuxta ac profanae referunt. Latere neminem signatus a Mose terminus humanae vitae potest. Hinc in Thalia etiam Historiarum parens, spatium vivendi longissimum periodo annorum octoginta finit. Grandaevus et dierum satur Propheta ille Regius, annos septuaginta natus audit. In omni Romanorum, Graecorum, Francorumque ac Germanorum Caesarum, quatuor solummodo inventi, octogesimum qui attigere: e Pontificibus Romanis quinque. Elisabetha Angliae Regina, isthaec supergressa sexum altera Semiramis, universos a Guilielmo Conquestore antecessores, vita, quidni et Imperii gloria? superavit. Vixit enimvero Davidis, regnaverat Augusti annos mulier. Adeo nimirum rara grandiorum natu exempla deprehendas, ut inter saeculorum miracula vulgo ponerentur. Sic prodigio Epimenides Cretensis fuit, quod sesquiseculo illius vita constitisset. Trecentos (DEI hominumque fidem!) annos, Caroli, a rebus gestis magni, armiger Iohannes de temporibus (sic vocabatur) et ultra aliquid exsuperasse traditur. Laurentium Orcadensem annos centum ac quadraginta iam emensum, saeva quoque hieme piscatum cum navicula prodîsse, Buchananus auctor est. Vidit apud Herefordienses, inter floreales ludos, institutam a senibus octo, quorum simul computata aetas, annos octingentos ipsos exaequaverat, choream, Verulamius. Ac nescio quid veluti praerogativae Britannis ad makrobiothta frequentiorem concesserit natura sollers? Wilhelmum Barnesloium, Equitem, post centum et viginti sex annorum spatia, annus M DCCLI. Angliae vitaeque exemit. Thomas quoque Parrius centum trigintaque superstes, ante hos nunc undetriginta annos diem ibidem obiit supremum. Nondumque adeo elapsum lustrum est, quo Lesburiensis in Northumbria Ecclesiastes, biennio [p.441] ante, quam finiretur (agebat tum enim duodecimum centesimumque annum) dentes aliquot et renatos etiam capillos sensit. Quas dum cumulatiores solito historias longaevorum hic atteximus, nemo facile miretur, qui et venerando Seni, et Historiarum diu satis merito Professori scriptionem funebrem esse adornandam cogitet.   Événement fort rare dans notre Académie, les funérailles d’une personne aussi âgée et chenue que le fonctionnaire et professeur d’histoire REINHOLD FRANCKENBERGER, personnage considérable, et, après le divin August Buchner [1591-1661] (dont le souvenir restera toujours grand et vivace auprès de la postérité), vénérable doyen du collège de Philosophie et de toute cette académie, puisqu’il avait presque atteint cet âge fameux de quatre-vingts, et depuis longtemps déjà la période qui pour fixée par le destin comme l’âge le plus extrême qui soit, entré depuis déjà huit jours dans l’éternité, le jour présent nous commande de les célébrer. En effet, sur mille personnes, à combien est-il arrivé d’approcher de si près le siècle? Et combien en est-il parmi eux qui aient passé presque un demi-siècle à occuper de si nobles fonctions? Dejà, depuis l’époque de ce Déluge qui avait englouti le monde entier et tous ses vices, l’histoire sainte, d’accord avec l’histoire profane, rapporte que la longévité des mortels s’est affaiblie, allant toujours de mal en pis. Nul ne peut ignorer le terme assigné par Moïse à la vie de l’homme [Psaume 90]. C’est pourquoi dans [son chapitre] Thalie, le père de l’Histoire [Hérodote] limite la plus longue étendue de la vie à une durée de quatre-vingts ans. Avancé en âge et rassasié de jours [1 Chroniques XXIX, 28], le fameux prophète-roi [David] se voit attribuer eu soixante-dix ans [donnée traditionnelle, non biblique]. Parmi tous les empereurs romains, grecs, et français autant qu’allemands, il s’en est trouvé seulement quatre qui atteignirent les quatre-vingt ans. Et cinq parmi les souverains-pontifes. La reine Élisabeth d’Angleterre [1533-1603], cette nouvelle Séraminis, sortant du rôle imparti à son sexe, surpassa en longévité tous ses prédécesseurs depuis Guillaume le Conquérant, et que n’en est-il pas de la gloire de son empire? Car c’est un fait: une femme a vécu aussi longtemps que David [70 ans] et régné aussi longtemps qu’Auguste [45 ans]. Les exemples qu’on trouverait de personnes plus âgées sont si extraordinairement rares qu’il sont été d’habitude rangés parmi les miracles de chaque siècle. Ainsi Épiménide de Crète fut tenu pour un prodige parce qu’il avait vécu un siècle et demi. C’est trois cents ans (au nom de Dieu et des hommes!) que, au rapport de l’histoire de Charlemagne, un chevalier Jean des Temps aurait vécu et davantage encore. Laurent des Orcades, âgé déjà de cent quarante ans partit pêcher en mer par une effroyable tempête, à ce qu’écrit Buchanan. Le vicomte de Verulam [Francis Bacon] a vu dans l’Herefordshire, lors de jeux floraux, un chœur de  huit vieillards, dont les âges additionnés atteignaient huit cents ans. Est-ce qu’une nature industrieuse accorderait aux Britanniques je ne sais quel privilège favorable au grand âge?  L’an 1751 enleva à l’Angleterre et à cette vie le chevalier William Barneslai, après une vie de cent vingt-six ans. Thomas Parrius aussi [†1616], ayant survécu cent trente ans, mourut au même endroit le tout dernier jour avant ces plus précisément cent vingt-neuf années. Et il n’y a pas cinq ans de cela, un ecclésiastique de Lesbury, en Northumbrie, deux ans avant de mourir (car il était alors âgé de cent douze ans), se vit repousser certaines dents et même des cheveux. Personne n’ira s’étonner que nous ayons ici aligné plus que de coutume des exemples de longévité, si l’on veut bien considérer qu’il fallait un ornement suffisamment conséquent à l’éloge funèbre d’un vénérable vieillard qui était aussi un professeur émérite d’histoire.  
Éditions:
     Henning WITTE, Memoriae renovatae decades [in-8; 2926 p.; 215 notices; 2 volumes (t.1: 606 p.; t.2: 628 p.); 4 parties (1: Memoriae philosophorum, oratorum, poetarum, historicorum, et philologorum nostri seculi clarissimorum renovatae decas prima - nona; 2: Memoriae medicorum nostri seculi clarissimorum renovatae decas prima - secunda; 3: Memoriae jurisconsultorum nostri seculi clarissimorum renovatae decas prima - quarta; 4: Memoriae theologorum nostri saeculi clarissimorum renovatae decas prima - sexta)], Königsberg &, Frankfurt (Francfort-sur-le-Main), Hallervord, 1677-1679 [dont une réédition numérique en mode image et en mode, mise en ligne par l’Université de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte.html, en ligne en 2006], t.II, 1679, p. 440 [http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte/witte2/s440.html (en mode image), et http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/witte/witte2/books/wittememoriae2_4_5.html (en mode texte)].

29. Johann Jacob Hofmann, Lexicon Universale (1698)
Lexicon Universale d'Hofmann, 1698, t. 2, p. 622

     Johann Jacob Homann, de Bâle, publia en 1698 la troisème et dernière édition de son Lexicon Universale, qui constitue une première tentative d’encyclopédie humaniste. Elle parut sous forme de quatre volumes de mille pages chacun.
     Jean des Temps y est simplement l’objet d’un renvoi aux chroniques de référence. Son âge y est curieusement réduit à 61 ans, sans doute par simple distraction, et de même pour la date de sa mort curieusement fixée à 1120: car on maintient qu’il a été un dignitaire de Charlemagne, affublé de plus du titre ronflant de stabuli præfectus, qui doit refléter l’allemand Stallmeister.


Texte de l’édition de Leyde (1698)
Traduction B. G. (2006)
     JOHANNES de Temporibus, Car. Mag. stabuli præfectus, Obiit A. C. 1120. Æt. 61. Vincentius Bellovacensis, Nauclerus, &c.
(Tomus II, pag. 622.)
     JEAN des Temps, préfet de l’étable [Stallmeister] de Charlemagne, mourut l’an du Christ 1120 [sic], à l’âge de 61 ans [sic]. Vincent de Beauvais, Nauclerus, etc.
(tome II, p. 622)
Éditions
     Johannes Jacobus HOFMANNUS (Johann Jacob HOFMANN, 1635-1706), Lexicon universale historico-geographico-chronologico-poetico-philologicum... opera et studio Joh. Jacobi Hofmanni [in-f°; 2 volumes], Basileae (Bâle), impensis J. H. Widerhold, 1677
     Johannes Jacobus HOFMANNUS (Johann Jacob HOFMANN), Lexici universalis historico-geographico-chronologico-poetico-philologici continuatio... opera et studio Joh. Jacobi Hofmanni [in-8°; 3 volumes], Basileae (Bâle), impensis J. H. Widerhold, 1683.
     Johannes Jacobus HOFMANNUS (Johann Jacob HOFMANN), Lexicon Universale, Historiam Sacram Et Profanam Omnis aevi, omniumque Gentium; Chronologiam Ad Haec Usque Tempora; Geographiam Et Veteris Et Novi Orbis; Principum Per Omnes Terras Familiarum [...] Genealogiam; Tum Mythologiam, Ritus, Caerimonias, Omnemque Veterum Antiquitatem [...]; Virorum [...] Celebrium Enarrationem [...]; Praeterea Animalium, Plantarum, Metallorum, Lapidum, Gemmarum, Nomina, Naturas, Vires Explanans. - Editio Absolutissima [...] Auctior [...] [in-f° (32 cm sur 17); 4 volumes (t.1: Literas A, B, C, continens, 1072 p.; t. 2: Literas D, E, F, G, H, I, K, L, continens, 900 p.; t. 3: Literas M, N, O, P, Q, continens, 994 p.; t.4: Literas R, S, T, V, X, Y, Z, continens, 743+116 p.)], Lugduni Batavorum (Leiden, Leyde), apud Jacob. Hackium, Cornel. Boutesteyn, Petr. Van der Aa et Jord. Luchtmans, 1698.
     Dont une réédition numérique en mode image et en mode texte par l’Université de Mannheim: http://www.uni-mannheim.de/mateo/camenaref/hofmann/hof2/s0662b.html (mode image), en ligne en 2006.
30. John Evelyn, Acetaria (1699)

     John Evelyn de Wotton (1620-1706) , type de gentleman-farmer, fut un écrivain anglais assez prolifique qui a abordé autant la théologie et la politique que l’architecture, l’horticulture et la gastronomie, notamment dans son petit traité Acetaria, un discours sur les salades., où il nous dit que de son temps un missionnaire aurait rencontré en Perse, en 1636, un vieillard de 400 ans, ce qui enfonçait Jean des Temps de près d’un siècle.

Texte anglais
Traduction à venir
     And here might we attest the Patriarchal World, nay, and many Persons since; who living very temperately came not much short of the Post-Diluvians themselves, counting from Abraham to this Day; and some exceeding them, who liv’d in pure Air, a constant, tho’ course and simple Diet; wholsome and uncompounded Drink; that never tasted Brandy or Exotic Spirits; but us’d moderate Exercise, and observ’d good Hours: For such a one a curious Missionary tells us of in Persia; who had attain’d the Age of four hundred Years, (a full Century beyond the famous Johannes de Temporibus) and was living Anno 1636, and so may be still for ought we know. But, to our Sallet.
     
Éditions
     John EVELYN, Acetaria. A Discourse of Sallets. By J.E., S.R.S. Author of the Kalendarium [in-8° (17 cm); 40+192+48 p., 2 ff. de planches], London (Londres), B. Tooke, 1699. Deuxième édition: London (Londres), B. Tooke, 1706.
     Rééditions étatsuniennes: 1) Brooklyn, Brooklyn Botanic Garden, 1937 [dont une réédition numérique en mode texte qui suit]. 2) [25 cm; 149 p.; introduction de Kit Currie; illustrations de Tottoroto], Dallas, Still Point Press & Newtown (Pa, U.S.A.), Bird & Bull Press, 1985 [ISBN: 0933841019]. 3) Dallas, Still Point Press, 1986.
     Réédition numérique en mode texte:: ANONYME [éd.], «John Evelyn: Acetaria. A Discourse of Sallet» in The Gutenberg Project [EBook #15517], http://www.gutenberg.org/files/15517/15517-h/15517-h.htm, en ligne en 2006.
Sur John Evelyn:
     ANONYME, «John Evelyn», in Wikipedia, http://en.wikipedia.org/wiki/John_Evelyn, en ligne en 2006.
31. Harcouet de Longueville (1715).

     Cet auteur d’un ouvrage assez puéril sur les moyens d’attendre à la longévité reproduit sans sourciller la légende Jean d’Étampes écuyer de Charlemagne mort précisément en 1146.

Texte de l’édition de 1716
     Guy Donatus remarque (1), qu’en 1223, il connut un Richard âgé de plus de 400 ans; il étoit soldat de profession, & pouvoit avoir porté les armes sous Charlemagne. […] [p.97][p.98] [...] Jean, surnommé d’Estampes, Ecuyer de Charlemagne, assuroit un âge & service semblable à ceux de Richard. Il mourut sous Loüis VII. dit le Jeune, l’an 1146.
     (1) Guy Donatus, déformation dans la tradition secondaire du nom d’un certain Guido Bonatti (avec un intermédiaire latin Guido Bonatus, écrit Guido Donatus), qui dans une chronique rédigée vers 1279 (Gesta imperatorum et pontificum, in M.G.H. XXIII, pp. 511-512), dit avoir vu lui-même en 1223 à Ravenne un certain chevalier Richard (Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia), personnage historique avéré à l’époque de l’empereur Frédéric II, aventurier qui s’était fait passer pour  l’ecuyer d’Ogier, l’un des douze pairs de Charlemagne, notamment auprès de l’empereur Frédéric II (B.G.).

Éditions:

     DE LONGUEVILLE HARCOUET (ou bien HARCOUET DE LONGUEVILLE, 1660-1720), Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni: avec le secret du rajeunissement, tiré d’Arnauld de Villeneuve, et des règle pour se conserver en santé, & pour parvenir à un grand âge, par Mr de Longueville Harcouet [in-16; 248 p.], Paris, Veuve Carpentier, 1715, rééd. 1716, pp. 96-98.
     Réédition [21 cm; 24+343 p.], Lyon, Editions du Cosmogone [«Alchimie et spagyrie»], 1995.
     Mise en ligne par les ite archive.org, http://archive.org/stream/histoiredesperso00harc#page/n1/mode/2up, en ligne en 2012.
     Version anglaise: Robert SAMBER (traducteur, sous le pseudonymeEugenius PHILALETHES, 1682-v.1735), HARCOUET DE LONGUEVILLE (premier auteur), Long livers, a curious history of such person of both sexes who have liv’d several ages and grown young again. With The rare secret of rejivenescency of Arnoldus de Villa Nova, and a great many approv’d and invaluable ruler to prolong life, as also how to prepare the universal medicine... By Eugenius Philalethes, F.R.S. [in-4°; LXIV+199+IX p.], London, J. Holland and L. Stokoe, 1722.
32. Fredric Hasselquist, Vires plantarum (1747)

     Fredric Hasselquist, naturaliste et un explorateur suédois, fut un élève du grand naturaliste Carl von Linné (1707-1778) fondateur de la nomenclature binominale qui permet de désigner avec précision toutes les espèces animales et végétale. Dans sa thèse de médecine soutenue à Upsala le 20 juin 1747 devant son maître Carl von Linnée, il ne craint pas d’évoquer le cas de Jean des Temps comme l’un des exemples du pouvoir qu’ont les aliments sucrés de prolonger la durée de la vie humaine.

Texte latin (rééd. 1786)
Traduction à venir
§. XL.
     §. 360. DULCES nutriunt, PINGUES emolliunt magis, SALSAE stimulant & calefaciunt magis. DULCIA plerumque nutriunt, acria & corrosiva [p.29] ipsorum ope mitescunt, & ut plurimum utilia nobis sunt; talia sunt pleraque nostra alimenta, quae in nutritionem cedunt; & chylus si in bonum nobis cedet nutrimentum, in dulcem & lacteam redigi debet emulsionem.
     Dulcia Veneri etiam amica & communiter ad longaevitatem conferre creduntur.
     JOHANNES de TEMPORIBUS & DEMOCRITUS aetatem suam melle et mulso protraxisse annos dicuntur.
     OL. RUDBECKIUS filius octogenarius, quotidie dulcibus & saccharatis libenter vescebatur.
     DANIEL MORAEUS Senator Fahlunensis 80 natus annos, omni suo tempore Passulas, Caricas, Saccharum, Syrupos, aliaque dulcia libenter assumsit.
    DULCES plantae sunt Cerealia, uti Avena, Secale, Hordeum, Triticum, Zea, Panicum, Milium, Pisum, Helxine, Faba, Phaseolus, Passulae, Ficus, Dactyli, Ceratonia, &c.

§. XL.
     §. 360. Celles qui sont douces nourrissent, celles qui sont grasses amollissent davantages, celles qui sont salées stimulent et réchauffent davantage. Les élément doux d’une manière générale adoucissent les éléments âcres et corrosifs par un effet de leur vertu et nous sont des plus utiles; tels sont la plupart de nos aliments qui nous servent à nous nourrir; et le suc [digestif], quand il nous sert de bon nutriment, doit être transformé en émulsion douce et laiteuse.
     Les éléments doux sont bons pour la sexualité  et sont considérés en général comme conférant la longévité.
     On dit que Jean des Temps et Démocrite ont prolongé leur vie avec du miel et du vin miellé.
   Olivier Rudbeck fils [Olaus/Olof Olai Rudbeck le jeune, d’Upsala, médecin, explorateur et naturaliste suédois, 1660-1740], octogénaire, se nourrissait abondamment de mets doux et sucrés.
     Daniel Moraeus [1677-1743], sénateur de Fahlun [Suède], âgé de 80 ans, a consommé toute sa vie des raisins secs, des figues sèches, du sucre, des sirops et d’autres douceurs.
     Les plantes douces sont les céréales telles que l’avoine, le seigle, l’orge, le froment, le blé amidonnier, le panic (sorte de millet), le millet, le pois, la pariétaire, la fève, la dolique [légumineuse], les raisins de Corinthe, les figues, la datte, le caroubier, etc.
Éditions:
     Fridericus HASSELQUIST (1722-1752), B. C. D. Vires plantarum, Dissertatione academica, cum cons. ampliss. facult. medicae in regia academia Upsaliensi, sub praesidio veri experimentissimi et celeberrimi Dn. Doct. Caroli Linnaei Sde Rde Mtii Archiatri, med. et botan. profess. reg. et ordin. socc. imperial. Monspel. Stockholm. Upsaliens. et Berolin. socii, examini publico subjectae a Friderico Hasselquist, o-gotho, stipendi [...] regio, in auditor. Gustaviano, die 20 Junii anni 1747, hor. II ante meridiem [in-4°; 40 p.], Upsaliae [Upsala], 1747.
     Fridericus HASSELQUIST, «N°23. XIV. Vires plantarum, sub praesidio D.D. Caroli Linnaei, propositae a Friderico Hasselquist, O-Gotho, Upsaliae, 1747 junii in audit. Gustav.», in Fundamentorum Botanicorum pars prima, exhibens omnes dissertationes academicas quae varios aphorismos philosophiae botanicae illustrare possunt, curante Joan. Emman. botan. profess. provinciae Lugd. pro epidemiis proto-medico, nosocomii generalis Lugd. medico, acade. scient. Lugd. &c. Tomus II, Coloniae-Allobrogum (Genève), Piestre & Delamolliere, 1786.
     Dont une mise en ligne par Google sur son site Google Books,, en ligne en 2012.
Sur l’auteur:
     F. S. BODENHEIMER, «La vie et l’œuvre de Frédéric Hasselquist (1722-1752)», in Revue d’histoire des sciences et de leurs applications 4/1 (1951), pp. 60-77.
      Dont une mise en ligne par le site Persée, http://www.persee.fr/web/revues/home/prescript/article/rhs_0048-7996_1951_num_4_1_4319, en ligne en 2012.
33. Les comtes Stampa (après 1740).

     Selon Emilio Seletti, érudit milanais de la fin du XIXe siècle, on trouve à Balsamo, dans la villa des Comtes Stampa, marquis de Soncini, une série de fresques représentant les ancêtres de la famille, A quelle date peut remonter cette série de fresques? Selon une note historique mise en ligne par la commune de Cinisello-Balsamo, cette villa n’entra dans la famille des comtes Stampa qu’en 1740. Quoi qu’il en soit, le premier de ces nobles ancêtres est dépeint sous les traits d’un guerrier, sous lequel on lit cette inscription latine:

Inscription de Balsamo (édition de  Seletti 1877)
 Traduction B.G. (2003)
IOANNES D’ESTAMPES
CAROLI MAGNI
MAGNUS SCUTIFER, ET EX XII. S. R. IMP. COMITIBUS.
DE REGE CORDUBAE SINGULARI CERTAMINE TRIUMPHAVIT
ET STAMPENSE GENUS IN GALLIA NOBILISSIMUM
APUD INSUBRES PROPAGAVIT
ANNO DCCC.

     Autrement transcrit, avec résolution des abréviations: Johannes d’Estampes, Caroli Magni magnus scutifer, et ex duodecim Sancti Romani Imperii comitibus, de rege Cordubae singulari certamine triumphavit, et Stampense genus, in Gallia nobilissimum, apud Insubres propagavit anno DCCC.
     Jean d’Estampes, grand écuyer de Charlemagne, et l’un des douze comtes du Saint Empire Romain, triompha du roi de Cordoue en combat singulier, et propagea chez les Insubres (c’est-à-dire dans le Milanais) la race d’Étampes, très noble en Gaule, en lan 800.
Notre source:
       Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi dell´illustre casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino raccolte da Emilio Seletti, Milan, 1877 [dont un extrait en fac-similé reproduit par Volkratt Stampa dans son ouvrage généalogique de 1994, p. 29, dont photographie nous a été communiquée par Jesk Stampa en 2003].
Sur la villa des comte Stampa:
     COMMUNE DE CINISELLO-BALSAMO, «Inserto storico», http://www.comune.cinisello-balsamo.mi.it/allegati/storiacin.pdf, en ligne en
2003, dont l’extrait qui suit:: «Anche il territorio di Balsamo si arricchì di prestigiose ville […]. La più nota per il suo valore artistico e architettonico è quella fatta erigere nel 1700 dalla famiglia Ferrari e acquistata nel 1740 dal Conte Francesco Stampa. Nel 1905 tutto il complesso divenne proprietà del Marchese Casati Soncino da cui prese poi il nome.»
34. Jean Paul,  Der Jubelsenior (1797)

     Jean Paul, pseudonyme du littérateur romantqiue allemand Johann Paul Friedrich Richter (1763-1825) fut un auteur très en vogue de son vivant. Il fait mention en passant de la légende de Jean des Temps dans son ouvrage Der Jubelsenior, «Le vieillard du Jubilé», paru en 1797.

Texte original
Traduction à venir
Dritter Hirten - oder Zirkelbrief: Über den Egoismus

     Teuerster Freund!
     Die sonderbarsten Translokationen nehm’ ich vorzüglich mit dreierlei Menschen vor, mit Brobdignaks, mit Lilliputern und mit mir als dem Gulliver: ich versetze sie wie eine algebraische Größe mit allen Zeiten und Räumen und sehe dann nach, ob ich sie noch kenne. So hab’ ich z. B. den königlichen Geist Friedrichs zu vielerlei gemacht, um ihn zu prüfen, zum Papst - zum Großherrn - zu einem spanischen Ephorus - dann zu einem geistlichen - ich vozierte ihn darauf zum Rektor eines Lyzeums und dann von Ragusa - promovierte ihn zu einem Kirchenvater des ersten Jahrhunderts - zum Bakkalaureus des 16ten - zum Mitarbeiter an der Literaturzeitung - - oft nahm ich ihm diese Kenntnisse bis auf wenige wieder weg und setzt’ ihn in mehrerern naturalibus als pontificalibus auf die Zahnküste aus, in ein arabisches Zelt, in eine Sennenhütte und gab ihm ein Alphorn.... Ich kann nicht beschreiben, welcher Anstrengung des Blicks ich nötig hatte, um diesen Visthnu in seinen zehn Menschwerdungen immer zu verfolgen und zu enthülsen. Leichter schuppte und lederte ich den abscheulichen zweiten Philipp von Spanien ab, wenn er vor mir die ganze Theatergarderobe meiner Phantasie hatte anprobieren müssen, wenn dieses Lithopädium der Zeit, dieser geistige Zoolith vor mir ein Konsistorialrat - ein valet de fantaisie - ein Mautoffiziant - ein Sadduzäer - ein Werboffizier - ein erster Christ - ein Arkadier - ein Berliner - ein Höfer gewesen war. -

     Noch lehrreicher ists, wenn man mit sich selber diese Völker- und Seelenwanderung versucht. Ich erwählte mich in Frankfurt - um zu sehen, wie ich mich dabei betrüge - zum römischen Kaiser - zu einem Apostel - zu einem alten Ritter - zum Gouverneur der Bastille - zu einem von den neun Aussätzigen - zu einem Buschneger - Minoriten - Hohenpriester - Kardinal - und Pariser Stutzer; ich lebte nicht nur wie der ewige Jude oder St. Germain zu Christi oder nachher zu des Antichrists Zeiten und im 12. Säkulum mit dem Johannes de temporibus (dem Wagenmeister Karls des Großen), der 361 Jahre alt wurde, sondern schon vorher in Nebukadnezars und Apis’ Zeiten. Was war die Folge? - Demut und Gerechtigkeit. Ich nenne dieses die höhere vergleichende Anatomie, wodurch man, wie ein Daubenton, viele beschämende Ähnlichkeiten ausgräbt: man errät sich und den andern, aber auf umgekehrte Kosten, man hält dann die waagrechte Entfernung auf derselben Sprosse der Wesenleiter für keine steilrechte von mehrerem Sprossen und denkt dann ganz billig - wenigstens gegen Tote, Freunde und Fremde. [...]

Ich bin, Bester, Ihr 
 J. P.  [...]
Qui pourrait nous traduire ce texte?

Éditions
      JEAN PAUL (pseudonyme de Johann Paul Friedrich RICHTER), Der Jubelsenior, ein Appendix von Jean Paul [in-8°; 400 p.], Leipzig, J. G. Beygang, 1797.
      JEAN PAUL (pseudonyme de Johann Paul Friedrich RICHTER), «Der Jubelsenior, ein Appendix», in Jean Paul’s Sammtliche Werke [4 volumes in-f°: t. 1 (1. Grönländische Prozesse; 2. Die unsichtbare Loge; 3. Auswahl aus des Teufels Papieren; 4. Hesperus; 5. Quintus Fixlein); t. 2 (1. Biographische Belustigungen; 2. Blumen-Frucht- und Dornenstücke (Siebenkäs); 3. Jubelsenior; 4. Kampaner Thal; 5. Palingenesien; 6. Briefe und bevorstehender Lebenslauf; 7. Titan; 8. Komischer Anhang zum Titan; 9. ″Clavis Fichtiana″); t. 3 (1. Flegeljahre; 2. Klaglied der jetzigen Männer; 3. Vorschule der Aesthetik; 4. Freiheit-Büchlein; 5. Levana; 6. Feldprediger Schmelzle; 7. Katzenberger); t.4 (Friedenpredigt; Dämmerungen; Herbst-Blumine; Fidel; Mars und Phöbus; Museum; Fastenpredigten; Doppelwörter; Komet; Kleine Bücherschau)], Paris, Tétot frères, 1836-1837, t. 2.
     Édition numérique en ligne: ANONYME [éd.], «Jean Paul. Der Jubelsenior. Ein Appendix (1797)», in Projekt Gutenberg (section allemande), http://gutenberg.spiegel.de/jeanpaul/jubelsen/jubelsen.htm, et spéccialement: http://gutenberg.spiegel.de/jeanpaul/jubelsen/jubelh31.htm, en ligne en 2006.
Traduction française:
     Albert BÉGUIN (1901-1957) [trad.], Jean Paul. Le jubilé: appendice, traduit de l’allemand par Albert Béguin [19 cm; IX+191 p.], Paris, Stock, Delamain & Boutelleau [«Le cabinet cosmopolite. Série classique» 5], 1930.
35. Johann Georg Theodor Grässe, Der Tanhäuser und der ewige Jude (1841)

Grässe, 1841

     Nous savons par Gaston Paris (1891) que Grässe a évoqué la figure de Jean des Temps dans son ouvrage sur La légende du juif éternel, paru et 1841 et réédité en 1861. Gaston Paris lui emprunte une citation d’ailleurs fort corrompu du texte de Paolo Emili sur cette question.


Texte non disponible
Traduction à venir

(p. 117 de l’édition de 1861, d’après Gaston Paris)
 
Source:
     Gaston PARIS, Le Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
     Gaston PARIS, «Le juif errant» [réédition d’une étude de 1880 et de celle de 1891], in ID., Légendes du moyen âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux», «Le paradis de la reine Sibylle», «La légende du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions: 1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
     Réédition numérique en mode texte: François MORIN & Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm, en ligne en 2006.
Éditions:
     Johann Georg Theodor GRÄSSE (1814-1885), Die Sage von dem ewigen Juden, 1844, p. ?.
     Johann Georg Theodor GRÄSSE, Der Tannhäuser und ewige Jude [reprend une autre étude: Die Sage vom Ritter Tannhäuser, 1846], Dresde, 1861, p. 117, dont une mise en ligne en mode image sur le site Archive.org, www.archive.org/stream/dertannhuserund00graegoog#page/n126/mode/2up, en ligne en 2013.
Sur Grässe:
     ANONYME, «Johann Georg Theodor Grässe» [en allemand], in Wikipedia, http://de.wikipedia.org/wiki/Johann_Georg_Theodor_Gr%C3%A4sse, en ligne en 2006.
36. Robert Leslie Ellis, Notes à l’Historia Vitae et Mortis de Bacon (1859)
Edition de 1853
Edition de 1853
Edition de 1853
Edition de 1853
Edition de 1853
Edition de 1853

     Robert Leslie Ellis est un scholar de Cambridge qui a contribué à l’édition des Œuvres complètes de Sir Francis Bacon, et s’est spécialement chargé de son Historia Vitae et Mortis, où il a relevé, le plus respectueusement du monde, et parfois un peu trop charitablement, un nombre considérables d’erreurs manifestes.
      Il n’ose pas dire clairement que, concernant Jean d’Étampes, Bacon s’est encore trompé dans ses fiches en lui attribuant une réponse à l’empereur Auguste d’un certain Pollion Romilius, mille ans plus tôt, et suggère que l’erreur pourrait remonter à une source indéterminée de Bacon. Il note bien pourtant que le même Bacon a manifestement confondu, par ailleurs, le dit Pollion Romilius avec le plus fameux Asinius Pollion, gendre d’Auguste.
     On remarquera cependant que Bacon, en commettant cette erreur, continue une tradition millénaire: déjà Pline semble avoir n’avoir attribué que par erreur ce dire à Pollion Romilius, puisqu’une source antérieure, selon Ellis, rapporterait que cette réponse avait été faite au philosophe Démocrite, plusieurs siècles avant celui d’Auguste.

Note 4 de la page 146
Traduction B.G. (2006)
     Asinius Pollio, Augusti familiaris, centum annos superavit (4): vir ingentis luxus, eloquens, literarum cultor; attamen vehemens, superbus, crudelis, et tanquam sibi natus.
     (4) Bacon manifestly confounds Asinius Polio with Pollio Romilius, of whom Pliny says, “Centesimum annum excedentem eum D. Augustus hospes interrogavit quânam maxime ratione vigorem illum animi corporisque custodisset. At ille respondit, Intus mulso, foris oleo.”—Pliny, xxii. 53. Asinius Pollio died, according to Eusebius, Chron. Olymp. 195, at the age of eighty. Moreri makes him eighty-four.
     Asinius Pollion, l’ami d’Auguste, dépassa les 100 ans (4). C’était un homme vivant dans un luxe inouï, éloquent et attaché aux belles-lettres, et cependant violent, fier, cruel et égoïste.
     (6) Bacon confond manifestement Asinius Polion avec Pollion Romilius, de qui Pline dit: “Le divin Auguste son hôte lui demanda surtout par quelle méthode il avait conservé cette vigueur physique et morale, et celui-ci lui répondit: avec du miel dedans, et de l’huile dehors.” (Pline, Histoire Naturelle XXII, 53). Asinius Pollion mourut, selon Eusèbe (Chronique, 195e olympiade), à l’âge de quatre-vingts ans. Louis Moréri lui donne quatre-vingt-quatre ans.
Note 6 de la page 146
Traduction B.G. (2006)
     Joannes de Temporibus, ex omnibus posterioribus sæculis, traditione quadam et opinione vulgari, usque ad miraculum, vel potius usque ad fabulam, longævus perhibetur, annorum supra trecentos (6): natione fuit Francus, militavit autem sub Carolo Magno.
     (6) His name is said to have been Jean de Stampis (D’Estampes), and the change to Johannes de Temporibus is connected with his mythical longevity. See Zuingerus, Theatrum vitæ humanæ, or Fulgosius, Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.
     Jean des Temps, de tous siècles les plus récents, selon une certaine tradition et selon l’opinion commune, passe pour avoir joui d’une longévité qui tient du miracle, ou plutôt de la légende: plus de trois cents ans (6). Il fut Français de naissance et servit sous Charlemagne.
     (6) On dit que son nom était Jean de Stampis (D’Estampes), et on lie ce changement de nom à sa longévité légendaire. Voyez Zuingerus [Theodor Zwinger], Theatrum vitæ humanæ, ou Fulgosius [Battista Fregoso], Factorum dictorumque memorabilium, p. 298.
Note 3 de la page 177
Traduction B.G. (2006)
     Joannes de Temporibus, qui dicitur ad trecentesimum annum ætatem produxisse, interrogatus quomodo se conservasset, respondisse fertur, Extra, oleo; intus, melle (2).

     (2) This answer was originally given to Democritus (see the Geoponica, XV, 7. 6); afterward, with a slight modification, to Pollio Romilius. [see suprà, note p. 146.] I do not know by whom it is ascribed to the mythical Johannes de Temporibus.
     Jean des Temps, dont on dit qu’il a prolongé sa vie jusqu’à trois cents ans, comme on lui avait demandé comment il s’était ainsi conservé, répondit à ce qu’on rapporte: Dehors, par l’huile, et dedans par le miel (2).

 (2) Cette réponse était attribuée au départ à Démocrite (voyez les Geoponica, XV, 7. 6); et après cela, avec une légère modification, à Pollion Romilius (voyez supra, note p. 146). Je ne sais pas par qui il est attribué au mythique Johannes de temporibus.
Éditions
      Robert Leslie ELLIS [éd.], «Francis Bacon: Historia vitae et mortis», in James SPEDDING (du Trinity College de Cambridge), Robert Leslie ELLIS (late fellow du Trinity College) & Douglas Denon HEATH (barrister-at-law, late fellow du Trinity College) [éd.], The works of Francis Bacon, baron of Verulam, viscount St. Alban, and Lord High Chancellor of England, collected and edited by James Spedding, of Trinity College, Cambridge, Robert Leslie Ellis, barrister-at-law, late-fellow of Trinity College, Cambridge and Douglas Denon Heath, late-fellow of Trinity College, Cambridge. Vol. II (The Second Volume. Philosophical Works. Part I. continued. Works published or designed for publication, as parts of the Instauration Magna [19 cm; 692 p.; œuvres complètes en latin et anglais (tome 2 de 14 volumes publiés de 1857 à 1874)], London (Londres), Longman & Co, Simpkin & Co, Hamilton & Co, Whittaker & Co, J. Bain, E. Hodgson, Washbourne & Co, Richardson Brothers, Houlston & Co, Bickers a Bush, Willis & Sotheran, J. Cornish, L. Booth, J. Snow, Aylott & Co, 1859 [dont une réédition en fac-similé: The works of Francis Bacon. Zweiter Band [692 p.], Stuttgart, Frommann & Holzboog, 1986 (ISBN: 3-7728-0025-4), dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k254716, en ligne en 2006], pp. 91-228, spécialement pp. 146 & 177.
37. Emilio Seletti,  Inscrizioni... (1877)

      Emilio Seletti di Busseto (1830-1913), avocat milanais passionné d’archéologie, a notamment publié en 1877 une notice sur les inscriptions qu’il a trouvées relatives à la noble famille milanaise des comtes Stampa, qui prétendaient descendre de Jean d’Étampes, identifié à Jean des Temps, et donc à un écuyer de Charlemagne autant qu’à un gendre du roi de France Philippe Ier.
     Nous avons donné plus haut le texte de l’inscription qu’il a relevée, relative à Jean d’Étampes lui-même.


Texte non disponible
Traduction à venir

 

Édition:
     Emilio SELETTI, Inscrizioni alla Memoria di alcuni personaggi dell´illustre casato dei Conti Stampa marchesi di Soncino raccolte da Emilio Seletti, Milan, 1877 [dont un extrait en fac-similé dans STAMPA 1994, p. 29].
Sur Emilio Seletti:
     Francesco NOVATI, Commemorazione di Emilio Seletti, 1830-1914  [25 cm; 11 p.; extrait de: Archivio storico lombardo, 41(1914), fasc. 1-2, parte 1], Milano (Milan), L. F. Cogliati, 1914.
38. Felix Liebrecht, Zur Volkskunde (1879)

     Felix Liebrecht semble avoir traité en passant du personnage de Jean des Temps, d’après Gaston Paris, qui renvoie à son ouvrage de 1879
.

Texte
Traduction à venir
Juan de los Tiempos.
(Jahrb. für roman. u. engl. Litter. IV, 238.)

     Valentin Schmidt in seinem posthumen Buch über die Schauspiele Calderon's (Elberfeld 1857) S. 152 scheint Juan de los Tiempos fur dieselbe Person gehalten zu haben wie Jean Espera en Dios (d. i. der ewige Jude), über welchen s. Ferd. Wolf, Beiträge zur Gesch. der spanischen Volkspoesie (in den Sitzungsberichten der Wiener Akad. 1859 S. 187). Dies ist jedoch ein Irrthnm; denn jener Johann ist der bekannte Jean des Temps, in Betreff dessen Reiffenberg zu Phil. Mouskes vol. II p. LXXXI f. folgendes anführt: »Dinterus, dans sa chronique [p.108] de Brabant écrite au XVe siècle dit que ce dernier [d. i. Jean des Temps] avait été écuyer de Charlemagne, qu'il vécut 341 ans et mourut en 1139 (Ms. de la bibl. de Bourgogne en 5 vol. in-fol. mod., I, 664; Nouv. archiv. histor. des Pays-Bas VI, 139). Mais avant lui Guillaume de Nangis avait donné cette longevité pour certaine (Vita Philippi. Du Chesne V, 516; Hist. litt. de la France XVI, 133). De Longeville Harcourt, auteur de l'Histoire des personnes qui ont vécu plusieurs siècles et qui ont rajeuni (Paris 1716, p. 98), recule la mort de Jean des Temps jusqu'à l'année 1146 et lui donne pour contemporain un certain Richard qui avait été soldat sous Charlemagne et que Guy Donatus prétendait avoir connu en 1223.« S. auch J. Wolf, NS. S. 168 no. 113 (wo er Jan van den Tyden heisst) und Grässe, Der Tannhäuser und der Ewige Jude 2. Aufl. (Dresden 1861) S. 80 u. 117. Wenn er bei dem letztern den Beinamen d'Estampes und a Stampis führt, so ist derselbe offenbar aus dem andern des Temps entstanden.
Der Aehnlichkeit wegen will ich hier noch folgende zwei Sagen aus Albertus Trium Fontium anführen: »A partibus Hispanorum venit hoc tempore quidam senio valde confectus miles grandaevus qui se dicebat esse Ogerum de Dacia [Ogier le Danois], de quo legitur in Historia Caroli Magni et quod mater ejus fuit filia Theodorici de Ardenna. Hic itaque obiit hoc anno in Diocesi Nivernensi, villa quae ad sanctum Patritium dicitur, prout illic tam clerici quaro laici qui viderunt, postea retulerunt.« (Ad annum 1211; vol. II p. 456 ed. Leibn.); und ferner: »In Apulia mortuus est hoc tempore quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rolandi Theodoricum, qui dux Guidonius dictus est, et Imperator ab eo multa didicit.« (Ad ann. 1234, ibid. p. 553.)
 
Édition:
     Felix LIEBRECHT, Zur Volkskunde. Alte und Neue Aufsätze [in-8; XVI+522 p.], Heilbronn, Henninger, 1879, p. 107 [cité par PARIS 1891], dont une mise en ligne en mode image par le site archive.org, archive.org/stream/zurvolkskundeal04liebgoog#page/n127/mode/2up, en ligne en 2013.
39. Edward Peacock & Abram Smythe Palmer (1883)

     Le célèbre périodique oxfordiens Notes and Queris (qui fut immité en France par l’Intermédiaire des chercheurs et des curieux), fondé par l’érudit W. J. Thomas, existe toujours et reste consacré aux questions relatives à la langue et à la littérature anglaise, à la lexicographie, à l’histoire et à l’érudition ancienne. Ses anciens numéros ont té mis en ligne par l’Oxford University Press, mais sur un site dont l’accès est payant et fort coûteux (seize dollars la notice), à la différence de ce qui passe en France pour l’Intermédiaire, mis à la disposition de tous par notre très glorieuse et méritoire BNF.
     Aussi nous ne saurons pas quelles information échangèrent en 1883 par ce biais sur Jean des Temps les sires Edward Peacock, esq., de Bottesford (Lincolnshire) et A. Smythe Palmer du Trinity College de Dublin, à moins qu’une âme charitable et bienfaitrice nous le fasse savoir un de ces jours.


Texte non disponible
Traduction à venir

 
Éditions:
     Edward PEACOCK a Abram SMYTHE PALMER (du Trinity College de Dublin), «Johannes de Temporibus», in Notes and Queries series 6, t.VIII (1883), pp. 12 & 184.
     Dont une réédition numérique en mode image par OXFORD UNIVERSITY PRESS [éd.], Oxford Journals [site d’accès payant: 16$ par article!], http://nq.oxfordjournals.org/cgi/reprint/s6-VIII/184/12-b & http://nq.oxfordjournals.org/cgi/reprint/s6-VIII/184/12-c, en ligne en 2006.
40. Gaston Paris, Le Juif errant: deuxième étude (1891)

Gaston Paris (1839-1903)      Gaston Paris (1839-1903), de son nom complet Bruno Paulin Gaston Paris, médiéviste et philologue français, succéde en 1872 à son père Paulin Paris au Collège de France, dont il devient directeur en 1895. Il participe à la création de la Revue Critique en 1866 et de Romania en 1872.
     Dans cette étude de 1891, on surprend son manque de rigueur lorsqu’il évoque en passant la figure de Jean des Temps. On enrage d’entrevoir ce mandarin sorbonagre, qui, disposant des meilleures bibliothèques du monde, se contente paresseusement de recopier un texte de deuxième ou troisième main, et, pis encore, s’autorise par coquetterie à le corriger parce qu’il ne l’a pas compris, induisant tout le monde en erreur du haut de la chaire que déshonore son indolence
.



Texte de l’édition de 1891
Notes de l’auteur
     Je voudrais revenir sur la légende du Juif Errant. […] [L’auteur étudie différentes variante de la légende et notamment celle où ce mystérieux personnage porte le nom de Jean Boutedieu, Johannes Boutadeus. (B.G.)]
     […] Mais voici un témoignage curieux qui vient compliquer la question. Mon regretté confrère le comte Paul Riant l’a trouvé dans un des manuscrits qu’il avait examinés au cours de ses immenses recherches sur les sources de l’histoire de l’Orient latin; c’est un manuscrit de la fin du XIVe siècle qui se trouve à Évreux (n° 36), et qui contient sous le nom de Liber terre sancte Jerusalem, un ouvrage que M. Riant, dans la note qu’il avait bien voulu me communiquer, appréciait ainsi: «Guide pour les pèlerins, compilé d’après Ludolf de Sudheim et Philippus, troisième quart du XIVe siècle; très peu de notices originales; le manuscrit n’est pas original, est une copie incomplète et mauvaise (43).» L’une des notices ajoutées par le compilateur est celle qui nous intéresse: «Aussitôt après l’église du Spasme, la station de Simon le Cyrénéen et la maison de Judas (Philippus, p. 52), on lit: Item magis ultra per eamdem viam est locus a vulgo [il manque évidemment dictus et un nom], ubi Johannes Buttadeus impellit (1. impulit) Christum Dominum quando ibat ligatus ad mortem, insultando dicens Domino: Vade ultra, vade ad mortem! Cui respondit Dominus: Ego vado ad mortem, sed tu usque ad diem judicii non (44). Et, ut quidam dicunt simplices, visus est aliquando multis; sed hoc asseritur a sapientibus quia dictus Johannes, qui corrupto nomine dicitur Johannes Buttadeus, sano vocabulo appellatur Johannes Devotus Deo, qui fuit scutifer Karoli Magni et vixit CCL annis. Vient ensuite la maison du mauvais riche.» Tout est digne de remarque dans cette notice, et d’abord l’assurance avec laquelle l’auteur oppose à la bonne foi des simples, qui croient qu’on a rencontré plus d’une fois Jean Boutedieu, la meilleure information des gens raisonnables, qui savent que le personnage en question était Jean Dévot-à-Dieu, l’écuyer de Charlemagne; puis le rapprochement étymologique de M. Morpurgo, ou du moins un rapprochement très semblable, fait à son insu cinq cents ans avant lui. Signalons aussi la formule, jusqu’à présent inconnue, et très ingénieuse, du dialogue entre le Juif et le Seigneur: c’est parce que, en poussant Jésus, il lui a dit expressément d’aller à la mort qu’il est condamné, lui, à chercher la mort, sans la trouver jamais, jusqu’au jour du jugement. Il règne d’ailleurs dans ces quelques lignes, qui ont au moins deux sources différentes, une assez grande confusion. L’auteur semble admettre d’abord comme vraie l’histoire de Joannes Buttadeus et ensuite reprocher à ceux qui l’admettent d’avoir, pour la construire, défiguré le nom et altéré le caractère de Johannes Devotus Deo. Mais ce qui nous importe, c’est l’existence légendaire de ce dernier personnage, évidemment identique au Juan de Voto-a-Dios signalé en Espagne au XVIe siècle par Mme de Vasconcellos. Quelle est la bonne forme entre les deux? Si l’on admet la première, il faut la croire originairement latine, le mot dévot et ses congénères n’ayant pas été aussi anciennement populaires dans l’idiome vulgaire des pays romans. Si l’on croit une forme vulgaire plus vraisemblable à l’origine, il faudra admettre l’espagnol de Voto-a-Dios, ou l’italien de Voto-a-Dio (car le français ni le provençal ne peuvent entrer en ligne de compte). La question est fort obscure, et il faudrait, pour la résoudre, des éléments qui nous font défaut. Mais quel est le personnage dont il s’agit ici et qui passait pour avoir atteint, non l’immortalité, mais une longévité extraordinaire? Il n’est pas aussi inconnu qu’il le semble au premier abord. Il est évident, en effet, que c’est le même que ce Jean des Temps dont Vincent de Beauvais, d’après une source qui m’est inconnue, dit simplement à l’année 1139: Joannes de Temporibus moritur, qui vixerat annis trecentis sexaginta uno (45) a tempore Karoli Magni, cujus armiger fuerat, notice qui a été répétée depuis par divers chroniqueurs, notamment flamands (46), et révoquée en doute ou plutôt bizarrement atténuée par l’historien Paul Émile quand il daigna recouvrir de son beau style cicéronien sa compilation extraite de nos vieilles annales (47). Il faut d’ailleurs que Jean des Temps ait été plus célèbre qu’il ne résulte de cette mention chez un chroniqueur du XIIIe siècle, puisque l’arrangeur du traité contenu dans le manuscrit d’Évreux le connaissait sous le nom de Johannes Devotus Deo, tout en ne lui accordant que deux cent cinquante ans de vie (48), et qu’en Espagne il est resté connu sous son nom de Juan de los Tiempos, par lequel il est désigné dans un drame de Calderon (49). Il est même probable que c’est la célébrité attachée à son nom qui engagea, au XIIIe siècle, un aventurier à se donner à son tour pour l’écuyer non plus de Charlemagne, mais d’Olivier, appelé Richard, et à jouer ce rôle avec succès, notamment à la cour de Frédéric II (50), jusqu’à sa mort, arrivée en 1234 (51). Mais le nom de Jean Dévot-à-Dieu, que lui donne notre guide de Terre-Sainte, ne se rencontre pas ailleurs que dans le dialogue espagnol du XVe siècle, où il n’est accompagné d’aucun trait caractéristique, et, jusqu’à ce qu’il se produise de nouveaux éclaircissements, je suis porté à regarder ce nom soit comme altéré de celui de Buttadeo, soit au moins comme en étant parfaitement indépendant.
Deuxième étude (1891)




(43)
D’après une note de M, Omont dans le tome II du Catalogue des bibliothèques des départements, page 419, ce traité, malgré ses défauts, devait être inséré dans le tome III des Archives de l’Orient latin.

(44) M. Morpurgo cite un passage assez analogue, mais moins intéressant par sa forme, dans le voyage de Ser Mariano de Sienne, fait en 1431. Après avoir parlé de la porte par où Jésus sortit pour aller au Calvaire, il ajoute: «Dicesi che qui era quello che è chiamato Johanni Botadeo, e dixe per dispecto a Jhesù : Va’ pur giù, che tu n’arai una tua, una! Rispose l’umile Jhesù: Io andaro: tu m’aspecterai tanto che io torni. Non ci è perdonanza.»

(45) Le texte porte 341, mais Guillaume de Nangis, qui reproduit ce passage, donne 361, qui est préférable: Jean des Temps aurait vécu de 778 à 1439.

(46) Voir Liebrecht, Zur Volkskunde, p. 107.

(47) Il a d’ailleurs prétendu corriger le nom (d’après quels documents, je l’ignore): Sub hoc tempus obiit Johannes a Stampis, quem per errorem a Temporibus multi vocarunt ob diuturnam vitam. Et pour diminuer le merveilleux de l’histoire, il propose de supposer que ce personnage avait vécu non sous Charlemagne, mais sous Charles le Simple [Il y a ici une erreur de lecture de Gaston Paris ou de sa source (B.G.)]: «nec 360 sed circiter 160 (lisez 210 circiter) [Cette correction proposée par Gaston Paris est intuile et fondée sur l’erreur qui précède (B.G.)] annorum vitam ei contigisse, id quod etiam consenescente mundo magnum et memorabile sit.» (Cité par Graesse, Der Tanhäuser und der ewige Jude, Dresde, 1861, p. 117.)
 
(48) Il serait mort alors vers 1030, et il y aurait eu bien longtemps, au XIVe siècle, qu’il n’aurait pu être rencontré par des «simples» et pris pour Jean Boutedieu.

(49) Voir Liebrecht, l. c.

(50) Voir le passage impayable de Tommaso Tusco, chroniqueur du XIIIe siècle, cité par M. A. d’Ancona dans les Rendiconti de l’Académie des Lincei (séance du 17 mars 1889). Tusco avait vu Richard en 1231 et avait pieusement cru toutes ses histoires: Et in his omnibus divinam nobis est attendere majestatem, quam in omnibus et ex omnibus collaudemus, quae facit magna et inscruptabilia quorum non est numerus. Le même Guido Bonatti qui parle de Buttadeo avait vu Richard, qui dicebat se fuisse in curia Caroli Magni et vixisse quadragentis annis... Vidi Ricardum Ravenne era Christi millesima ducentesima vigesima tertia. (Cité dans Neubauer, p. 111.) C’est à cause de cela qu’on a souvent allégué «Guy Donatus» comme ayant vu ce survivant de l’époque de Charlemagne. (Voir Liebrecht, l. c.). Il est remarquable que dans ce que le bon Tusco nous rapporte des récits de Richard, il n’y a rien qui se rattache à l’épopée française.

(51) Je ne doute pas en effet que ce ne soit de lui qu’il s’agisse dans un passage d’Albéric des Trois-Fontaines que j’ai cité jadis (Hist. poét. de Charlemagne, p. 323) en corrigeant, comme il faut le faire (et comme ne l’a pas fait le dernier éditeur), Guidonius en Gaidonius: In Apulia mortuus est hoc anno (1234) quidam senex dierum, qui dicebat se fuisse armigerum Rollandi Theodricum, qui dux Guidonius dictus est, et imperator multa ab eo didicit. (Monum., Germ., SS., t. XXIII, p 936). La tradition orale, qui avait amené cette notice à Albéric, avait naturellement substitué le célèbre écuyer de Roland à l’écuyer inconnu d’Olivier.
Éditions
     Gaston PARIS (1839-1903), Le juif errant [in-8°; 20 p.; extrait de l’Encyclopédie des sciences religieuses], Paris, G. Fischbacher, 1880.
     Gaston PARIS, Le Juif errant en Italie [in-4°; 16 p.; extrait du Journal des savants (septembre 1891); compte rendu de L’Ebreo errante in Italia, par S. Morpurgo], Paris, E. Bouillon, 1891.
     Gaston PARIS, «Le juif errant» [réédition de l’étude de 1880 et de celle de 1891], in ID., Légendes du moyen âge [in-16; IV+291 p.; contient: «Roncevaux», «Le paradis de la reine Sibylle», «La légende du Tannhäuser», «Le juif errant», «Le lai de l’oiselet»], Paris, Hachette, 1903. Rééditions: 1904. 1908. 1912. [reproduction en fac-similé de l’édition de 1903], Amsterdam, Rodopi, 1970.
     Réédition numérique en mode texte: François MORIN & Dolène SCHMIDT [éd.], «Gaston Paris: Le Juif errant», in Biblisem (Bibliothèque de Littérature Spiritualiste Et Mystique), http://www.biblisem.net/etudes/parislje.htm, en ligne en 2006.
41. Volkrat Stampa (1994)

     Volkratt Stampa, généalogiste allemand, s’est efforcé de déterminer s’il existait un lien entre sa famille et la noble lignée des comtes Stampa. Il a reproduit dans un ouvrage une page écrite par Seletti en 1877 (voyez plus bas). 


Texte non disponible
Traduction à venir

 
Édition:
     Volkrat STAMPA, Stampa-album [généalogie familiale], chez l’auteur, 1994, pp. 28-29 [avec p. 29 le fac-simile de la page de SELETTI 1877 relative à l’inscription de la villa Stampa de Basalmo; communiqué au Corpus Étampois par Jesko Stampa, mail de novembre 2003].
42. Jesko Stampa (2003)

     Jesko Stampa, petit-fils du précédent, nous a communiqué en 2003, plusieurs données, dont une page de Seletti, et nous a adressé en 2005 une mise au point sur labsence totale de liens avérés entre cette famille allemande et celle des comtes de Soncino:

Courriel de novembre 2003
     [...] Si Jean d’Étampes était l’un des douze comtes du Saint Empire, il était aussi l’un des douze Pairs de Charlemagne. La Chanson de Roland, qui date des 1080, raconte la bataille de Roland contre les Basques en 778. Dans cette bataille le plus célèbre des Pairs est Roland lui-même. Mais sont également mentionnés les onze autres: Olivier, Gerin, Gerier, Ivon, Ivorie, Berengier, Otes, Astor, Anseis, Gerard de Rousillon et Gaifier.
     Peut-être Ivon est-il Giovanni alias Ioannes?
     Morigia, en 1592, cite, avec quatre autres documents du même genre, le témoignage de Giovanni Selino, "che discrive la vita di Carlo Magno, narra che Giovanni de Stampa fu uno de dodici Conti del Sacro Imperio", l’un des douze comtes de l’Empire.
     On dit que les légendes ont un fond de réalité.
     Mais qui ne désirerait, quitte à prendre ses rêves pour des réalités, remonter à Charlemagne?
[...]
Courriel de mars 2005
     [...] Notre branche généalogique finit autour 1720 avec Augustin Stampa. Nous ne connaissons pas de lien entre nous et la famille de Stampa de Soncino.  [...]

     Sources
courriels en date de novembre 2003 et de mars 2005.


43. Giacomo Cavallo (2004)

     Giacommo Cavallo, travaille a Paris dans une organisation internationale, nous a signalé plusieurs des chroniques éditées dans les Monumenta Germaniae et qui parlent de Jean des Temps.

Courriel
     [...] Vous demandez ma théorie? Aucune, mais je crois aux explications simples. Il y avait peut-être un vieux de grand âge qui s’appelait Jean d’Estampes et quelqu’un avait trouvé que Charlemagne avait un écuyer de ce nom. On aura demande au vieux s’il était l’ecuyer de Charlemagne et il aura répondu que oui. Fin de la theorie.
     Qui serait parfaite si dans une vie de Charlemagne on trouvait un Johannes scutifer ou armiger. Je n’en ai pas trouvé, bien que j’ai consulté plusieurs livres ce soir. Johannes n’est pas un nom de militaire du neuvième siècle, à ce qu’il paraît.
[...]
(13 mars 2004)

     Sources
courriel en date du 13 mars 2004.

44. Henri P. comte de Stampa (2004)

     M. le Comte Henri de Stampa nous a fait parvenir en 2004 un courrier des plus intéressant réumant les traditions qui ont cours dans sa famille au sujet de ses lointaines origines, supposées étampoises.

Henri P. de STAMPA
***, PARIS
Le 12 mai 2004
Cher Monsieur,

NOTES (B.G., 2006)
     J’ai lu avec beaucoup d’intérêt votre article très documenté sur Jean d’Etampes paru sur Internet dans le Corpus historique étampois.

     Constatant que vous étiez amené à faire beaucoup d’hypothèses sur ce personnage de légende et sur la famille à laquelle il est attribué, je vous propose, ci-après, un complément d’information qui repose sur les documents que je détiens.

     [La première page, parue en 2003 dans le Corpus Étampois, était fort déficiente et ne reposait que sur des sources remontant au plus haut au XVIe siècle.]
     La tradition historique fait descendre la famille lombarde des Stampa d’un seigneur d’Etampes en France, nommé Jean, et qui, venu en Italie avec Charlemagne, aurait été désigné par ce dernier pour gouverner Milan. Ce personnage, dit la légende, aurait tué en combat singulier un roi de Cordoue et, pour cette raison, le cimier surmontant les blasons de cette famille furent souvent un sarrasin.

     Après sept premières générations en Italie les descendants de ce Jean originaire d’Etampes comptaient quatre frères (Lanfranco-Pio, Sfeffano, Baldicione et Donato) qui, en 1030, à l’occasion d’un soulèvement populaire, durent se retirer dans le Nord de la Lombardie, aux confins de la Suisse actuelle, pour y attendre les renforts envoyés par l’empereur Conrad II.

     Une fois l’ordre rétabli, la situation de ces quatre frères fut confortée par les décisions de l’empereur.
     — Lanfranco-Pio fut réinstallé à Milan.
     — Steffano fut nommé gouverneur de Bellinzona, et reçut le comté de Cannobio, lequel comté fut possédé ultérieurement par une autre famille.
     — Baldicione, nommé capitaine de la cavalerie impériale, reçut la seigneurie de Seprio. Aucune descendance ne lui est attribuée.
     — Donato reçut la seigneurie de Valle Pregallia.
      Les trois branches issues de ces frères furent par la suite identifiées par le même patronyme et, quand l’héraldique apparut, arborèrent des blasons quasiment identiques.

Armoiries des Comtes Stampa

     Les documents les concernant évoquent sans ambiguïté l’origine étampoise, affirmation qui est confortée par deux constatations:
     — Les Stampa appliquaient la loi salique, comme les Francs. Ceci est notamment affirmé dans un acte notarial de l’an 1052.
     — Le mot stampa n’est pas d’origine italienne.
     A cette époque le mot stampa n’existait pas dans ce qui allait devenir l’italien. Il n’a été introduit dans cette langue qu’avec l’imprimerie, vers 1465. C’était un mot de dialecte germanique qui signifiait «pressoir» et que les constructeurs allemands des premières presses à imprimer donnèrent comme nom à leurs machines en raison de leur ressemblance avec le pressoir à vendange.

     Par contre la ville d’Etampes, en France, s’appelait bien Stampa ou Stampae à l’époque où Jean (nous dirons aussi Giovanni) qui en était originaire, accompagna Charlemagne dans son expédition en Italie.

     Les Francs, qui avaient envahi la Gaule romane, du IIIème au Vème siècle, avaient très certainement donné ce nom à cette localité parce qu’il y avait là une foulerie de grains ou l’un de ces immenses pressoirs qu’ils savaient justement si bien construire. La machine à broyer se disait « stampfe » en langue germanique et devint «stampa» en latin qui était la langue des Francs dans les anciens territoires romains.

     Il était normal que, voulant marquer sa provenance, Giovanni ajoutât le nom de sa ville, au génitif, à son nom de baptême, pour se distinguer, à une époque où les noms de famille n’existaient pas encore.

     Par la suite ce fut lui qui qualifia de Stampae sa demeure italienne, mais assurément pas le château qui donna le nom à la famille.

     S’il fallait encore se convaincre du caractère exogène de ce nom dans la société italienne, une simple statistique viendrait appuyer la démonstration par comparaison avec trois grands noms de l’aristocratie locale: en 1991 l’annuaire téléphonique de Rome recensait 130 Spada, 140 Visconti, 160 Sforza,  et seulement 5 Stampa.

     La racine «stamp» étant d’origine germanique, nous la retrouvons dans des noms communs et des noms propres allemands et anglo-saxons avec une grande variété de combinaisons, et, très naturellement, des familles homonymes existent, notamment en Allemagne.


     Les Stampa des siècles passés croyaient ils en cette origine légendaire ?

     L’origine étampoise est régulièrement affirmée dans des documents officiels. Et il fallait, dans une certaine mesure, qu’ils y croient car au fil des siècles on constate qu’en Italie il était malvenu et peu fllatteur de se dire apparenté à des Français. Un tel comportement était particulièrement audacieux pour les Soncino.

     Il faut savoir qu’en 1535, lorsque le duc de Milan François II Sforza meurt sans héritier direct, Maximilien Stampa se trouve être gouverneur de toutes les forteresses de l’Etat. Le roi de France affirmant toujours ses prétentions sur la Lombardie, les troupes françaises envahissent aussitôt le Piémont. Le roi sollicite grandement Maximilien en allant jusqu’à lui offrir une garde personnelle de cent lances, mais le choix de ce dernier sera favorable à Charles Quint.

     Pour cette raison, la Lombardie sera espagnole pendant deux longs siècles, et il parait très incongru pour des Stampa devenus Grands d’Espagne de se dire quelque peu français.


     Parlons enfin de «de temporibus»

     Un certain Jean a été surnommé «de temporibus» parce qu’il aurait vécu 361 ans. C’est en tout cas ce qu’affirme Philippe de Bergame dans un ouvrage publié en 1539, c’est-à-dire après l’épisode de 1535. Il y note le décès de «de temporibus» en l’an 1146, sans préciser à quelle famille il appartient; et il ne dit pas non plus que ce personnage vient d’Etampes.

      «1146 - Gioani - appelé de temporibus (comme l’écrivent les historiens) à l’âge de 361 ans est mort en France cette année, et l’on dit qu’il fut homme d’armes de Charles que l’on surnomme le Grand».

     S’agissant de la longévité du personnage nul ne doutera que l’humour et la capacité de jugement des siècles passés devaient bien être à la hauteur de notre propre sens critique sur cette fable.


     Quant à son identification avec le Jean originaire d’Etampes et venu en Lombardie avec Charlemagne, voici le commentaire que Pierre de Stampa, détenteur d’un exemplaire de l’ouvrage imprimé en 1539, a formulé dans des notes manuscrites: «Si de temporibus est mort en 1146 à l’âge de 361 ans il serait né en 785; Charlemagne étant mort en 814, il aurait pu compter parmi les compagnons d’armes de l’empereur durant une quinzaine d’années; cependant il ne peut être que le fils ou petit-fils du Giovanni dont on parle et qui faisait déjà partie de l’armée de Charlemagne quand celui-ci est entré en Italie en 774, onze années avant la naissance de Giovanni de temporibus».


     Un autre indice me parait significatif: parmi les 126 inscriptions recensées et commentées par Emilio Seletti, deux seulement évoquent IOANNES D’ESTAMPES et elles sont totalement muettes en ce qui concerne sa durée de vie. 

     L’évocation de cette fable est clairement le fait de certains chroniqueurs, journalistes people des temps anciens, qui, inévitablement, se citaient les uns les autres, et d’ailleurs sont encore cités. Quelle formidable opération de communication!

     La tradition veut que Jean d’Etampes, compagnon de Charlemagne, ait été célèbre pour son courage et qu’au cours d’un fait d’arme singulier il ait abattu un Sarrasin.

     A la suite d’une recherche qu’il avait faite et communiquée  en 1987 à Michel Billard, historien d’Etampes, ainsi qu’à un homonyme allemand cherchant désespérément une parenté avec la famille lombarde (Volkrat Stampa), voici ce que Pierre de Stampa a eu l’occasion d’écrire:
     «Selon les inscriptions et les chroniques, ce chevalier était “
Magnus Scutifer” et comte. Ce rang était nécessairement la conséquence d’une prouesse; les inscriptions disent qu’il aurait tué un roi de Cordoue en combat singulier. Le combat singulier était une pratique fréquente au moyen âge: elle existait depuis l’antiquité, la Bible et l’Iliade nous en racontent et on en trouve encore dans l’histoire militaire de la première république. Par contre, un seul roi de Cordoue parait avoir été tué en combattant, c’est l’émir Abd er Rhamman, vaincu à la bataille de Poitiers. Rien ne nous interdit d’accorder la légende et le fait historique: pendant plusieurs générations les Stampae se sont prénommés Giovanni (ou plutôt Ioannes) et il est impossible de les différentier; le Magnus Scutifer entré en Lombardie avec l’empereur petit-fils de Charles Martel, pouvait bien être lui-même le petit-fils d’un autre Ioannes Stampae vainqueur d’Abder Rhamman. L’hypothèse n’est pas vérifiable mais rien n’impose de la rejeter.»


     Cher Monsieur, nous retiendrons ces quelques propos comme une contribution à mieux percevoir la dimension poétique du personnage.

     J’ai eu la chance de rencontrer, il y a une quarantaine d’années, le chanoine Guibourgé, puis bien plus tard, Monsieur Michel Billard qui m’a aimablement dédicacé deux de ses ouvrages.

     Je serais maintenant très heureux etc.
Henri P. de STAMPA




Source: Courriel de l’auteur en date du 26 septembre 2004.
45. Bernard Gineste (2003-2006)
La solution?

     Nous espérons qu’il aura été agréable au lecteur de suivre l’histoire d’une légende, qui vole de bouche en bouche à travers les siècles, traversant ainsi plus de quarante cerveaux chacun animé de ses préoccupations propres.

     On a vu l’âge de Jean des Temps beaucoup varier selon les auteurs: 61 ans, 161 ans, 250 ans, 300 ans, 341 ans, 360 ans, 361 ans, 369 ans, 372 ans, voire plus de 400 ans; à peine autant que la date de sa mort qui oscille entre 1039, 1120, 1138, 1139, 1143, 1144, 1146 et 1151: on n’a que l’embarras du choix. On l’a vu naître en Allemagne, et en France; mener une vie tempérante, se contenter de peu, boire du vin miellé, manger du miel et s’oindre d’huile, pour éviter l’évaporation de ses esprits animaux; tuer un calife, passer d’écuyer à chevalier, voire préfet des écuries de Charlemagne; devenir tantôt Jean Boute-Dieu, c’est-à-dire le Juif Errant, et tantôt Jean d’Étampes; être fait comte de cette bonne ville, épouser la fille du roi Philippe Ier, à l’âge de 200 ans et davantage; servir à Dieu d’exemple et de preuve que les Écritures ne mentent pas, et au public de ce que les évêques anglicans ne savent pas tous leurs tables de multiplication, ni les grands esprits des Lumières de prudence, ni tous les membres de lInstitut se défier suffisamment de lérudition allemande; être la souche d’une noble famille de l’Italie; nourrir enfin l’imagination des chroniqueurs, des historiens, des généalogistes, des médecins, des philosophes, des poètes, des collégiens et des discoureurs de tout poil.

      Au bout du compte l’énigme demeure. Il n’y a pas de vérité,
aurait dit Omar Khayyam, mais il existe des mensonges évidents. Pour ma part je ne peux me satisfaire d’une réflexion de ce genre. Tous les développements ultérieurs de la légende semblent bien pouvoir s’expliquer par des mécanismes relativement simples; mais qu’en est-il de l’origine ultime de cette légende? Tout semble en effet reposer en définitive sur le premier rapport d’un chroniqueur antérieur à 1263, indéfiniment recopié par ses successeurs.

     En définitive personne à ce jour n’a proposé à cette énigme de solution plus élégante que celle que Paul Émile avait imaginée en 1519. Rappelons-là, d’autant plus qu’elle n’a pas été correctement rapportée par ceux qui y ont fait allusion.
     Le Jean qui serait mort en 1139 n’aurait pas été écuyer du Charles surnommé Charlemagne, mais de Charles de Basse-Lorraine, deuxième fils de Louis d’Outremer, dernier des carolingiens et rival malheureux d’Hugues Capet de 988 à 991.
     On pourrait ainsi corriger 361 en 161, comme propose de le faire Paul Émile.
     Ajoutons-y cette remarque. Le plus ancien témoin connu de la légende, à savoir Vincent de Beauvais, porte, non pas 361, mais 341. On pourrait donc théoriquement, dans le cadre de cette hypothèse, adopter la correction 141. Rappelons que Jeanne Calmant est morte à 122 ans en 1997.

     Mais on peut même aller plus loin que Paul Émile, et se rapprocher d’un âge vraisemblable en supposant que nos chroniqueurs n’ont pas commis une seule confusion, mais bien deux simultanément. Selon toute apparence, ils n’ont pas confondu seulement deux Charles, mais encore deux Conrad.
Charles de Basse-Lorraine captif d'Hugues Capet selon une enluminure du XVe siècle
Charles de Basse-Lorraine captif d’Hugues Capet en 991 (manuscrit d’une traduction française du De Casibus de Boccace, XVe siècle, BNF ms fr.232)

     En effet plusieurs témoins anciens datent la mort de Jean des Temps du règne de l’empereur Conrad. Or l’on observe bien des traces de confusion entre le règne de Conrad III (1138-1152) et celui de Conrad II, roi de Germanie (1024-1039) puis empereur (1027-1039). Nos chroniqueurs confondent d’ailleurs fréquemment des papes ou empereurs homonymes, dont le numéro n’est pas toujours donné avec exactitude, notamment concernant les pape Luce II et Luce III, comme on l’a vu dans nos extraits, mais aussi et surtout les empereurs Conrad II et III.
     Il est manifeste par exemple que Martin d’Oppavia et Juan Gil de Zamora confondent allègrement les règnes de Conrad II et de Conrad III.
     Bien plus la chronique de Martin d’Oppavia, pratiquement contemporaine de celle de Vincent de Beauvais, c’est-à-dire de notre plus ancien témoin de la légende, date la mort de Jean des Temps non pas de 1139 mais de l’année 1039.

     L’éditeur fait justement remarquer que d’après le contexte il semble falloir corriger ce texte et lire 1139. Mais faut-il réellement le corriger? N’est-il pas plus naturel de considérer que l’erreur de Martin d’Oppavia n’est pas d’avoir porté la mort de Jean des Temps en 1039, mais de l’avoir décalée sous le règne de Conrad III, tout en conservant maladroitement la date exacte? On observe bien un déplacement de ce genre dans la chronique plus tardive de Philippe de Bergame, qui place la mort de Jean aux alentours de 1144, parce qu’il a maladroitement intercalé de nouveaux éléments entre le règne de Conrad III et la mention de la mort de Jean des Temps.

Conrad II d'après une enluminure du XIVe siècle
Conrad II (mort en 1039), au milieu
(enluminure du XIVe siècle)
     Si l’on veut bien de plus se rappeler que Charles de Basse-Lorraine fut proclamé roi de France en 988, un an après Hugues Capet, et qu’il ne fut neutralisé par ce dernier que trois ans plus tard, on calculera vite que, de la fin du règne éphémère de ce Charles à 1039, il ne s’était écoulé que 48 ans. D’ailleurs Charles de Basse-Lorraine lui-même, né vers 953, n’est peut-être mort que vers 1001**.

     Ainsi, un chroniqueur local du XIe siècle a très bien pu noter en 1039 la mort d’un noble de sa région appelé Jean, qui aurait été dans sa jeunesse écuyer du roi Charles dit de Basse-Lorraine, dernier descendant de Charles le Grand, moins de deux générations avant cela.
     ** Alors qu’on croyait Charles de Basse-Lorraine mort en prison à Orléans peu après 891, la découverte en 1666 de sa sépulture  dans la basilique Saint-Servais à Maëstricht, qui mentionne une inhumation datée seulement de 1001, a conduit légitimement certains auteurs à se demander si ce n’était pas là la date réelle de sa mort, après une éventuelle libération. Il était né en 953, ce qui ne le ferait mourir qu’à 48 ans.
     A cette date de 1039, la légitimité de la royauté capétienne n’était pas tellement assise dans les esprits qu’elle puisse faire totalement oublier, comme ce sera le cas dans la suite, le règne malheureux du dernier des carolingiens.

     En Flandre, précisément, régne alors une dynastie comtale plus ancienne que celle des capétiens, puisque fondée vers 866 par Baudouin Ier Bras de Fer et son épouse carolingienne Judith, fille de Charles le Chauve.
     En 1039 sévit en Flandre son descendant Baudouin V (1036-1067), à qui le fils d’Hugues Capet, Robert II le Pieux a donné sa fille Alix, sœur d’Henri Ier (1031-1060)
.
     Sous le règne du dit Henri Ier, qui n’est que le troisième représentant de sa dynastie, le pouvoir capétien paraît bien fragile. De son côté Baudouin est si puissant qu’il exercera la régence sur toute la France pendant la minorité de son neveu Philippe Ier.

     Un chroniqueur local, et par exemple flamand, aurait parfaitement pu, en signalant la mort de ce Jean à un âge relativement avancé, en faire l’un des derniers témoins de l’ancien régime qui est encore alors dans toutes les mémoires. La toute jeune dynastie capétienne est encore mal assurée, et son autorité ne repose que sur l’élection d’Hugues Capet par ses pairs. On se souvient encore très bien que ce Capet avait un rival plus légitime: et certains de ceux qui l’ont servi vivent encore, ou sont morts il y a peu, comme notre mystérieux Jean.

       Si par exemple notre Jean des Temps était mort en 1039 à l’âge canonique de 80 ans, que les Écritures considèrent comme exceptionnel, il aurait eu de 29 à 32 ans sous le règne éphémère et contesté du dernier des Charles, c’est-à-dire entre 988 et 991.

     Voici donc la solution que nous proposons: la première chronique, aujourd’hui perdue, qui fit mention de la mort de notre Jean rapportait simplement qu’il était mort très âgé sous l’empereur Conrad (Conrad II, mort en 1039), ayant été dans sa jeunesse écuyer du roi Charles (celui que nous appelons de Basse-Lorraine, et qui navait été neutralisé par Hugues Capet quen 991).
     En supposant par exemple que ce Jean soit né vers 971, il aurait pu être écuyer de Charles de Basse-Lorraine en 911 à l’âge de 20 ans, et il n’aurait eu que 68 ans en 1039, à la fin du règne de l’empereur Conrad II.

    Le chroniqueur suivant aura compris qu’il aurait été écuyer de Charles le Grand, Charlemagne, mort en 814, et un autre encore précisa erronément qu
’il était mort sous Conrad III, ce qui fit corriger 1039 en 1139.

     Puis on s’est permis de calculer l’âge du mort d’après ces données. Selon Vincent de Beauvais par exemple Jean est mort en 1139 âgé de 341 ans; cela signifie qu’il était né en 798 et qu’il n’avait que 16 ans à la mort de Charlemagne, en 814: et voilà pourquoi il n’était pas encore chevalier! Car on ne doutait au XIIIe siècle que toutes les institutions de la chevalerie remontaient à ce monarque, sinon même à la plus haute Antiquité, et qu
on avait toujours été écuyer avant que dêtre chevalier.

Gaston Paris (1839-1903)      Quand on voit qu’un membre de l’Institut comme Gaston Paris, en 1891, recopie de seconde main un texte imprimé de Paul Émile de 1519, avec une telle négligence qu’il ne le comprend pas et confond allègrement lui-même Charles le Simple avec son petit-fils Charles de Basse-Lorraine, il n’y pas à s’étonner outre mesure de semblables confusions chez des chroniqueurs des XIe, XIIe et XIIe siècles, qui ne disposaient pas de si bonnes bibliothèques que nos mandarins sorbonagres, ni de textes aussi invariables que les textes imprimés.
 
*
*          *

     Quoi qu’il en soit, une page de l’histoire de cette légende reste à décrypter: il nous manque beaucoup des chaînons qui ont conduit de ces premiers éléments à la légende familiale très élaborée des comtes Stampa. Il faut sans doute chercher du côté de Morigia et de ses sources. C’est ce que nous ne manquerons pas de faire dès que nous en aurons le temps, et l’opportunité. Aidez-nous!

Bernard Gineste, juillet-août 2006.


Édition:
     Bernard GINESTE, «Jean d’Étampes a-t-il vécu 361 ans, ou la légende du Mathusalem étampois», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che16-legendedejeandetampes.html, 2003-2006.
Sur Charles de Basse-Lorraine:
     ANONYME, «Charles de Basse-Lotharingie», in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Basse-Lorraine, en ligne en 2006.

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