CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Madeleine Laurent
 Requête en séparation d’avec son mari meunier
1621
 
Un moulin de la région d'Etampes  
Un moulin non identifié de la région d’Étampes

     Il est rare d’avoir le point de vue de femmes du peuple à date ancienne. C’est ce qui rend précieuse cette requête déposée en 1610 par la femme d’un meunier devant la justice du bailliage de Villiers-le-Châtel, sur le territoire de l’actuelle commune de Cerny.
     Ce qui a fait déborder le vase, c’est que son mari vient de prendre à bail le moulin de Chauffour à Étampes, ce qui a achevé de ruiner le ménage.
     Merci à l’ami Pascal Herbert qui m’a signalé ce texte pittoresque, dans un dossier qu’il était en train de dépouiller à Chamarande.
Bernard Gineste, 2015
 
Madeleine Laurent
Requête en séparation d’avec son mari meunier
1621
 


Monsieur le bailly de Villiers
le Chastel ou son lieutenant


     Suplie hunblement Magdalegne Laurent, femme de Marin Centier musnier demourant au moulin de Cerny,


     disant que, lorsqu’elle espouza le dict Centier son mary, elle avoict de beaux et bons meubles, or et argent , linges, habicts, que le dict Centier a dissipée [sic] par son mauvais menage, partie vendus par sergents pour debtes conceues par icelluy pour ces [sic] mauvais marchez, estant promt à s’obliger et surachepter la marchandisse deulx fois plus qu’elle ne vault et ne peult paier;


     Que encore depuis il [l’] a battue et outragée pour la faire obliger avec luy pour l’entretenement de quelques marchez, comme de presant il en a faict ung en la ville d’Estampes où il a prins le moulin de Chauffour à ung pris excesif et ruisneux;

     que journellement il la menace de l’outrager et battre sy elle ne s’oblige avecq luy.


     Dit d’aillieurs que, pour la grand quantité de debtes deue par son dict mary et par luy comme dict est conceue auparavent leur mariage et depuis, les sergentz sont journellement employez à  saisir et enlever leurs meubles, où la supliante ne peult plus durer ne supporter telle chose, ayant quatre petits enffantz soubz sa charge.

     Ce consideré, Monsieur, attendu ce que dessus, il vous plaise permettre à la supliante faire appeler le dict Centier son mari pour veoir, dire et ordonner avecq luy qu’ils soient separez de biens, et ferez bien et justice.
                                           
Dufresne [paraphe]

Un meunier vu par Oudry (1759)
Un meunier vu par Oudry (1759)


     Soit fait ainsi qu’il est requis par la suppliante. Fait ce 13e septembre 1611

De Saint Mery [paraphe]







 
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Édition

     DUFRESNE (probablement avocat ou praticien), Requête pour Madeleine Laurent en séparation d’avec son mari meunier, feuillet de papier conservé aux Archives départementales de l’Essonne sous la cote B 2946 (Archives du bailliage de Villiers-le-Châtel), avec la mention d'époque: «Original», et de fait avec les trois signatures successives originales, 1621.
 
     Bernard GINESTE, «Madeleine Laurent: Requête en séparation d’avec son mari meunier (1621)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/
che-17-1621requetedemadeleinelaurent.html, 2015.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Sources: AD91 B 2946 (texte signalé par Pascal Herbert).
     
Explicit
 
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