CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Bernard Gineste
L’Hôtel d’Esprit Hattes à Étampes, de 1554
Texte des panneaux d’exposition de 2009
 
L'hôtel d'Esprit Hattes à Etampes (1554)
L'hôtel d'Esprit Hattes à Etampes (1554)  
L'hôtel d'Esprit Hattes à Etampes (1554)  
 
     J’ai découvert et démontré en 2009 qu’il fallait attribuer l’Hôtel communément appelé de Diane de Poitiers à un receveur du Domaine du comté d’Étampes dénommé Esprit Hattes. Cette découverte devait être publiée dans un cahier de notre belle Ville d’Art et d’Histoire sur les hôtels particuliers étampois, qui n’a pas vu le jour, faute de crédits. Il faudrait à cet égard s’interroger la répartition des crédits qui sont alloués aux différents acteurs de la mise en valeur du patrimoine étampois. Quoi qu’il en soit, je donne donc ici, dans l’attente d’une publication plus étendue, le texte de deux panneaux d’exposition édités en 2009. Je donnerai plus tard le texte plus détaillé de la démonstration, appuyé par des pièces justificatives dont j’ai donné la primeur au public étampois lors de deux conférences en 2009 et 2010.

B.G., 26 novembre 2011
   

Bernard Gineste
L’Hôtel d’Esprit Hattes à Étampes, de 1554
 Texte des panneaux d’exposition de 2009




1. Esprit Hattes

     Seize ans après celui de Jean Lamoureux fut érigé un peu plus haut dans la même rue un nouvel hôtel particulier, dans le style de la deuxième Renaissance, daté de 1554. Les érudits locaux du XIXe siècle ont supposé qu’il s’agissait de celui de Diane de Poitiers qu’Henri II avait faite duchesse d’Étampes l’année précédente.

     En réalité, celui qui fit construire cet hôtel fut Esprit Hattes, déjà receveur du Domaine royal d’Étampes sous la duchesse précédente. Depuis 1549, la gestion des revenus féodaux du bailliage d’Étampes lui rapportait chaque année plus de 500 écus d’or.

     Il avait pour frère un échevin, et pour première épouse la fille du procureur du roi. Peu avant 1554, devenu veuf avec des enfants mineurs, il se remaria à une certaine Marie Paulmier, fille du bailli de la Forêt-le-Roi.

     C’est alors qu’il décida de rivaliser avec son collègue Jean Lamoureux en se faisant bâtir dans le même quartier cossu de Saint-Basile un hôtel à la toute dernière mode. Il fit orner sa porte lui aussi d’une scène dont la clé était son propre prénom, et celui de son épouse, à savoir d’une scène de Pentecôte centrée sur Saint-Esprit et la Vierge Marie.

     En 1561, il laissa à son gendre sa charge de receveur et passa procureur du roi. Quatre ans avant sa mort, survenue en 1571, il eut la douleur de voir les Huguenots marteler les visages des apôtres, de l’Esprit et de la Vierge. L’hôtel resta dans sa famille qu’en 1635.

Saint-Esprit figurant Esprit Hattes (1554)
Esprit-Saint figurant Esprit Hattes

 


2. L’hôtel d’Esprit Hattes (dit de Diane de Poitiers)

     La façade sur rue de cet hôtel est d’un style très original. Sa surface nue est simplement percée de fenêtres d’une grande élégance: en bas, des cadres à crossettes accostés d’ailerons; à l’étage, des pilastres corinthiens couronnés de fronton alternativement triangulaires et cintrés; des lucarnes en plein cintre. La porte souligne l’unité de la composition en combinant ces traits.

     Elle donne par un couloir sur une cour où se dressent l’aile opposée, refaite au XIXe, et surtout, à droite, la véritable façade, qui reprend les thèmes de la première, enrichis de façon surprenante. Les lucarnes sont copieusement surchargées de feuillages, de fleurs, de fruits, de cuirs découpés, de mufles de lion, de masques, de sphinges ailées et mamelues, de légionnaires et de putti, délire grotesque et charmant bien caractéristique de l’art de Fontainebleau.

     La porte est ornée d’un fronton cintré où l’on a sculpté une scène de Pentecôte insolite dans ce contexte, et restée inexpliquée jusqu’en 2009. L’Esprit Saint y tombe sur les douze apôtres assemblés autour de la Vierge. L’envergure et la majesté inaccoutumée de l’oiseau, qui attire tous les regards, reflète évidemment avant tout le prestige social de notre receveur.

     Comparé à l’Hôtel de Lamoureux, écho pittoresque et décalé de ce qui se fait ailleurs, celui d’Esprit Hattes brille par l’originalité et par l’élégance.

     L’intérieur du bâtiment ne conserve plus rien de son ordonnance primitive. Autrefois siège d’une Caisse d’Épargne et du premier Musée municipal, il héberge désormais une dynamique bibliothèque intercommunale, et de très précieuses archives.


Bernard Gineste, 2009
Shinge bellifontaine à l'hôtel d'Esprit Hattes (1554)
Sphinge
 
Pentecôte de l'hôtel d'Esprit Hattes (1554)
Pentecôte de l’hôtel d’Esprit Hattes (1554)

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
LA BIBLIOGRAPHIE ET SES ALÉAS
(2011)

     Bernard GINESTE, Deux conférences, Etampes, 2009-2010.
     1) (avec une intervention de Gilles DROUIN), «Qui a fait bâtir l’Hôtel du Saint-Esprit?
» [conférence du 21 novembre 2009, sous l’égide du Corpus Étampois, en l’église Saint-Basile d’Étampes], fichier Open Office, 2009.
     2) «Qui a fait bâtir l’Hôtel du Saint-Esprit? et qui a fait bâtir l’Hôtel des Amours?» [conférence du 6 novembre 2010, sous l’égide de la Bibliothèque intercommunale, en l’hôtel dit de Diane de Poitiers], fichier Open Office, 2010.

      Bernard GINESTE, «L’hôtel de Jean Lamoureux à Étampes, de 1538 (texte des panneaux d’exposition de 2009)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-16-jeanlamoureux1538hotel.html, 2011.

      Bernard GINESTE, «L’hôtel d’Esprit Hattes à Étampes, de 1554 (texte des panneaux d’exposition de 2009)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-16-esprithattes1554hotel.html, 2011.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: clichés de Bernard Gineste, mai 2007.
 
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