CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Pharamond Blanchard et Adrien Dauzats 
Saint-Martin d’Étampes 
gravure sur bois, 1846 
     
Pharamond Blanchard: Vue générale d'Etampes en 1846 (gravure pour l'Illustration du 28 mars 1846)
 
     Vers la fin de la monarchie de Juillet, tant Pharamond Blanchard qu’Adrien Dauzats sont des artistes-peintres reconnus et c’est à eux que fait appel le journal L’Illustration à l’occasion de l’inauguration de la ligne de chemin de fer de Paris à Tours le 26 mars 1846. On leur doit, sans qu’on puisse distinguer la part de chacun, la réalisation de toute une série de gravures représentant les différentes étapes de cette ligne, et notamment celles de Chamarande et d’Étampes, que nous mettons en ligne en même temps que les articles qui parurent alors dans L’Illustration.
   
Chamarande
Notre-Dame
Saint-Basile
Saint-Martin Tranchée d’Étampes

L’Illustration VII.161 (samedi 28 mars 1846), pp. 51-62
Chemin de fer de Paris à Bordeaux.
Première section, de Paris à Tours.
[extrait, pp. 54-55]

ÉTAMPES
     Rien de pittoresque comme l’aspect que présente cette ville; le chemin de fer la domine de toutes parts, et il est lui-même dominé par une tour qui fait l’orgueil des habitants d’Étampes, la tour de Guinette. [...]

     Si vous vous arrêtez à Étampes, visitez surtout les quatre églises, Notre-Dame-du-Fort, Saint-Basile, Saint-Gilles et Saint-Martin. Pour nous, nous continuons notre route; mais tous les enchantements, les verdoyantes vallées devant lesquelles nous avons passé pour venir de Paris ne se présenteront plus d’ici Orléans; nous entrons en pleine Beauce, et, bien que nous ne partagions pas l’opinion du joyeux curé de Meudon qui affirme qu’autrefois la Beauce était couverte d’arbres, et que c’est le cheval de Gargantua qui, d’un coup de queue, les a tous abattus, nous devons avouer que, par cette raison ou par toute autre, un arbre est chose rare dans ce monotone pays de plaine qui porte, il est vrai, de riches moissons, mais n’en est pas moins ennuyeux à parcourir même en chemin de fer.

D’ÉTAMPES À ORLÉANS
     En sortant de la gare, la voie longe la promenade de la ville, qui consiste en une allée d’arbres, élevée au-dessus du chemin et soutenue par un mur. On passe sous un pont qui communique de la ville à la tour de Guinette. Le chemin, construit au sommet d’un énorme remblai qui franchit la vallée de la Louette, commence à prendre une pente assez sensible; aussi, semblable aux chevaux de renfort que l’on attelle aux montées rudes de nos anciennes grandes routes, est-on obligé de mettre une seconde locomotive pour aider à gravir la pente. A peine est-on sorti du remblai de la vallée de la Louette que l’on entre dans une profonde tranchée que l’on parcourt pendant environ trois kilomètres, et l’on en sort que pour entrer dans ces interminables plaines de la Beauce, dans lesquelles l’œil cherche en vain autre chose que du blé et du chaume, selon la saison dans laquelle il parcourt ce pays. Etc.
Pharamond Blanchard
     Henri-Pierre-Léon-Pharamond Blanchard, dit Pharamond Blanchard, artiste peintre français, est né le 27 février 1805 à La Guillotière et mort le 19 décembre 1873 à Paris.
     Il entra dès 1819 à l’École des Beaux-Arts et y fut l’élève du baron Gros. Après un premier voyage en Espagne en 1826, il y retourna en 1833 avec Gros pour travailler à l’illustration du Voyage pittoresque en Espagne. Là Blanchard peignit des scènes de genre, de corrida ou pour illustrer des romans picaresques.
     En 1838 il visita le Mexique, pays alors très exotique en compagnie du prince de Joinville, l’un des fils de Louis-Philippe, artiste amateur de grand talent), en tant que membre d’une expédition officielle sous le commandement du vice-amiral Baudin. Dès son retour, Blanchard réalisa une série d’œuvres commémorant la prise de Vera Cruz (dont trois furent exposées au salon de 1840). Ce voyage mexicain lui inspira plus tard deux toiles à sujet historique, Fernando Cortez (Salon de 1845), et Nuñez de Balboa découvrant la mer du Sud, 1515 (salon de 1855). Ce voyage fut suivi d’un autre le long de la côte du nord-est de l’Amérique du Sud jusqu’au Brésil, puis à travers l’Afrique du Nord. Il a évidemment apprécié ce voyage; son périple à Constantinople l’a conduit à publier en 1855 un récit illustré de son voyage depuis Paris jusqu’à la capitale de l’empire ottoman.
     Blanchard avait fait ses débuts au Salon de 1834 avec une scène de corrida, et il continua y exposer trente années durant jusqu’en 1865. Il revint au thème mexicain en dépeignant un épisode de la malheureuse tentative que fit la France pour y établir comme empereur l’Archiduc Maximilien.
     Les paysages de Blanchard sont d’habitude accessoires, mais ses voyages à l’étranger lui ont donné l’occasion d’utiliser des décors exotiques, et il y a montré les grandes qualités d’observation qui font la force de ses œuvres majeures.

Adrien Dauzats
     Adrien Dauzats, artiste-peintre français né à Bordeaux en 1804 et mort à Paris en 1868, fut l’élève de Michel-Julien Gué. En 1830 il entreprend un voyage dans tout le Proche-Orient puis effectue un assez long séjour en Algérie pendant lequel il s’habille souvent en arabe et effectue d’aventureuses excursions. Au cours de ses voyages il réalise de nombreux dessins, esquisses de ses toiles et précieux documents qui font de lui un témoin privilégié de l’Orient du début du XIX° siècle. Lynne Thornton dit de lui ("Les Orientalistes, Peintres Voyageurs", voir la rubrique bibliographie) qu’il est le premier peintre à représenter l’Orient avec objectivité et une scrupuleuse exactitude. Il signe avec Alexandre Dumas un livre intitulé Quinze jours au Sinaï. Il expose pour la première fois au Salon en 1831. En 1837 il sillonne l’Andalousie et en 1839 se rend en Algérie pour suivre l’expédition militaire du Duc d’Orléans.
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     ANONYME, «Chemin de fer de Paris à Bordeaux», in L’Illustration. Journal universel VII/161 (samedi 28 mars 1846), pp. 51-62 [avec 41 gravures de Philémon Blanchard et Adrien Dauzats et 4 cartes], dont une réédition partielle par le Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-18460328illustration.html, 2005 [le texte concernant les environs d’
Étampes est pp. 54-55 & les gravures concernant Chamarande et Étampes pp. 53 & 56-57].

     Pharamond BLANCHARD et Adrien DAUZATS, «Étampes.— Eglise Saint-Martin» [gravure sur bois], in L’Illustration VII/161 (samedi 28 mars 1846), p. 57.

     Bernard GINESTE [éd.], «Pharamond Blanchard et Adrien Dauzats: Saint-Martin d’Étampes (gravure sur bois, 1846)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-19-blanchard1846saintmartin.html, 2005.

Sur Pharamond Blanchard et Adrien Dauzats

Pharamond Blanchard: Scène de corrida (1830)
Pharamond Blanchard: Première messe en Amérique (1850, détail, musée de Dijon)      THE MATTHIESEN GALLERY,  «Henri-Pierre-Léon-Pharamond BLANCHARD - Biography» [in English], in ID., European Pintings (Online Art Gallery specializing in paintings from the Early Renaissance to the Early 20th Century), http://www.europeanpaintings.com/exhibits/frlscape/blnchdbi.htm, en ligne en 2005.

     
Adrien DAUZATS, gravures, in Charles NODIER [de l’Académie Française], Journal de l’expédition des Portes de Fer [avec 194 illustrations (dessins de Raffet, gravures d’Hébert, Pinaud, Brévière, Lavoignat, Dauzats, Montigneul)], Paris, Imprimerie Royale, 1844; dont un microfilm (m 9946/R 85266), dont 181 images numérisées par la BNF et mises en ligne sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/scripts/ConsultationTout.exe?O=02000050, en ligne en 2005.

     Hervé LAURET, «Adrien Dauzats (1804-1868)», in «Peintres orientalistes français. Index des peintres par ordre alphabétique», in ID., La Peinture Orientaliste, http://orientaliste.free.fr/biographies/artistes1c.html, en ligne en 2005.

     MINISTÈRE DE LA CULTURE, «Adrien Dauzats» [images en ligne d’œuvres de Dauzats conservées par les Musée français], in ID, Base Joconde, http://www...., en ligne en 2005.

      Rémi BLACHON, La gravure sur bois au XIXe siècle: l’âge du bois debout [32 cm; 304 p.; relié; illustrations; préface de Pierre-Jean Rémy; 2 parties (1. Histoire de la gravure sur bois d’illustration au XIXe siècle; 2. Dictionnaire des graveurs sur bois du XIXe siècle], Paris, L’Amateur, 2001 [ISBN: 2859173323; 57,93 euros].

     Notes de l’éditeur: Cet ouvrage nous livre un parcours passionnant, qui commence avec les graveurs arméniens de Constantinople et s’achève avec Paul Gauguin. Deux inventions du XVIIIème siècle, la gravure sur bois debout et la lithographie, vont révolutionner l’image imprimée au siècle suivant. La plupart des peintres ou dessinateurs s’exprimeront directement sur la pierre (Delacroix, Daumier, Manet, Lautrec), mais dès qu’ils créeront des illustrations pour des livres ou des journaux, ils confieront leurs dessins à des graveurs sur bois. Ainsi, les artistes ont-ils la chance de voir leurs créations plus largement diffusées par les livres et par les magazines. Mais, hélas, l’histoire de l’édition et l’histoire de l’art n’ont que trop tendance à négliger le travail et le talent du graveur.
     Ce livre a le mérite d’éclairer enfin le rôle primordial des interprètes, ceux dont les mains expertes creusent les sillons dans le bloc de buis. Car c’est bien grâce à leur maîtrise que naissent au grand jour les vignettes célèbres imaginées par Tony Johannot, Grandville ou Gustave Doré. L’auteur dégage de nouvelles perspectives dans l’évolution technique et artistique de la gravure sur bois. Au-delà des frontières françaises, le sujet est élargi et relié aux pays voisins, et jusqu’en Amérique. Les échanges fréquents et fructueux imposaient un recul comparatiste, surtout par rapport à l’influence déterminante des Anglais, précurseurs et initiateurs de toute une génération de graveurs français et européens. L’étude historique de Rémi Blachon est doublée d’un Dictionnaire des graveurs tout pays confondus.
     A lui seul, ce Dictionnaire représente un hommage aux graveurs et constitue un instrument de recherche indispensable aux chercheurs: on n’en soulignera jamais assez la nouveauté et la nécessité. En outre, les notices et les annexes livrent de précieux compléments sur les pratiques, les enjeux et les motivations professionnelles.
     Relié - 304 pages - 2020 grammes.
 
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Source de l’image: L’Illustration du 28 mars 1846.
 
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