CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Bernard Gineste
Alfred Giraudet, chanteur lyrique étampois
1845-1911
   
Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)

     Cette page a pour but très modeste de signaler l’existence d’un artiste lyrique né à Étampes et aujourdhui méconnu, Alfred-Auguste Giraudet. Après avoir brillé comme première basse à lOpéra de Paris, il se fit professeur d’art lyrique et dramatique, et contribua à faire connaître jusqu’aux Etats-Unis d’Amérique les doctrines de son maître François Delsarte. On notera que la recherche récente reconnaît dans la tradition relayée par Giraudet l’une des bases historiques les plus incontestables et les plus fécondes de la danse contemporaine.
Bernard Gineste, novembre 2008
 
   
Bernard Gineste
Alfred Giraudet, chanteur lyrique étampois
1845-1911
 


     Alfred-Auguste Giraudet est né à Étampes le samedi 29 mars 1845. Pour l’heure, on ne sait pas grand chose de sa jeunesse, jusqu’au moment où on le voit suivre des cours de chant lyrique à Paris.

1. L’élève de Delsarte (1861-1871)

     Il fut l’élève de François Delsarte pendant cinq ans, probablement de 1861 à 1866 selon Nancy Ruyter, c
est-à-dire environ de lâge de 16 ans à celui de 21 ans.

     François Delsarte (1811-1871), pédagogue et théoricien du mouvement, avait lui-même été élève au Conservatoire de Paris puis ténor à l’Opéra-Comique. Une fois sa carrière interrompue, sa voix s’étant brisée, il s’intéressa à la gymnastique et au mouvement en général, et passa le reste de sa vie à étudier les liens existant entre le geste et l’émotion. On voit en lui, de nos jours, un précurseur de la danse et de l’expression corporelle contemporaines, au travers de ses enseignements oraux, qui ne nous sont connus que par les écrits de ses disciples, notamment aux Etats-Unis, où alla d’ailleurs mourir Alfred Giraudet lui-même en 1911.

      Alfred Giraudet resta loyal tout sa vie à son défunt maître, mort en 1871, et se présenta toujours lui-même comme un élève de Delsarte, ce dernier l’ayant toujours de son côté appelé dans ses lettres, “mon cher et dernier disciple”.

     Alfred Giraudet débuta en 1866 à Boulogne-sur-Mer en jouant dans Faust rôle de Méphistophélès, puis l’année suivante, au Théâtre-Lyrique impérial, dans le même rôle.

     Le mardi 6 avril 1869 par exemple, il participe à la première représentation, au Théâtre-Lyrique du Châtelet de Rienzi, der letzte der Tribunen, grand opéra tragique en cinq actes de Richard Wagner, dans sa deuxième version, le livret ayant été mis en français par Charles Nuitter, sous la direction de Jules Étienne Pasdeloup. Il interprète alors le rôle de Stefano Colonna.

     Il semble que dès 1869 Giraudet ait lui-même enseigné la méthode Delsarte.

     Il est aussi signalé le 5 avril 1870 comme l’un des interprètes au Théâtre Lyrique de Charles VI, opéra en cinq actes dont la musique était due à Fromental Halévy  et le livret à Casimir et Germain Delavigne.

     Selon Angélique Arnaud, qui fut comme lui une élève de François Delsarte (1811-1871), les débuts de Giraudet dans le grand opéra en temps que primo basso cantante furent salué chaleureusement par la presse du temps, et il se fit vite un nom à l’Opéra Comique et à l’occasion de concerts. On remarquait chez ce chanteur la fermeté de sa prononciation et son phrasé étudié, toujours en harmonie avec la prosodie de la langue, dans la tradition de la grande école. Il se tenait toujours bien sur scène avec une grande sobriété de gestes.

      Toujours selon Angélique Arnaud, le jeune Alfred Giraudet tenait sous le charme chacun de ses auditeurs, spécialement lorsqu’il interprétait certains vers de Malherbe mis en musique par Réber, et c’est surtout lui qui faisait continuer à vivre, en les illustrant, les enseignements de Français Delsarte.





  François Delsarte
François Delsarte (1811-1871)
maître de Giraudet



François Delsarte
François Delsarte (1811-1871)
caricaturé par Hadol
2. Sa carrière de 1871 à 1883

     Sa carrière ultérieure de chanteur a été résumée à grands traits en 1895 par Jules Martin, mais dans certains cas nous pouvons préciser quelques circonstances grâce à une série de notices heureusement mises en ligne (en italien) par le musicologue Gherardo Casaglia sur le site 
Amadeus online, sous le titre d’Almanacco.

     En 1871 et 1872, il chante à Bordeaux le répertoire des premières basses d’opéra, puis le même répertoire en Italie en 1873 et 1874.

     Ainsi, le jeudi 25 décembre 1873, au Teatro Regio de Turin, il participe à la reprise de Guillaume Tell, mélodrame tragique en quatre actes de Gioachino Rossini, dans sa deuxième version, avec un livret de Jouy et Hippolyte Bis traduit en italien Callisto Bassi, sous la direction de Carlo Pedrotti et une mise en scène de d’Augusto Ferri. Il interprète alors le rôle de Gualtiero Farst, et à nouveau le mercredi 31 décembre 1873, dans le même théâtre.

     Le samedi 31 janvier 1874, toujours dans le même théâtre, il participe à la création  de La contessa di Mons, mélodrame en quatre actes de Lauro Rossi, sur une livret de Marco d’Arienzo (d’après une œuvre de Victorien Sardou, Patrie!), sous la direction de Carlo Pedrotti et avec une mise en scène d’Augusto Ferri.
     Il interprète alors le rôle du duc d’Albe.

     Le dimanche 8 février 1874, toujours dans le même théâtre, il participe à la reprise de Un ballo in maschera, mélodrame tragique en trois actes de Giuseppe Verdi, sur un livret d’Antonio Somma (d’après une œuvre d’Eugène Scribe, Gustave III ou Le bal masqué), sous la direction de Carlo Pedrotti et avec une mise en scène d’Augusto Ferri.
     Il interprète alors le rôle de Tom.
     Même rôle au même lieu le dimanche 22 février 1874.

     Il rentre à Paris en 1874, d’abord au Théâtre-Italien, puis en 1875 à l’Opéra-Comique, où il crée Cinq-Mars le 5 avril 1877, et chante successivement Philémon, la Flûte enchantée, Haydée, Mignon, Roméo, l’Etoile du Nord, le Val d’Andorre, etc.

     Ainsi, le mardi 16 mai 1876, au Théâtre National de l’Opéra-Comique, il participe à la création de Philémon et Baucis, opéra comique en deux actes de Charles Gounod, dans sa troisième et ultime version, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré (d’après Jean de la Fontaine et les Métamorphoses d’Ovide), sous la direction de Charles Constantin.
     Il interprète alors le rôle de Vulcain.
     La pièce est rejouée ensuite à la Salle Favart de la Comédie-Italienne.

     Le jeudi 5 avril 1877, dans le même théâtre, il participe à la création de Cinq Mars, opéra dialogué en quatre actes et cinq danses de Charles Gounod, dans sa première version, sur un livret de Paul Poirson (d’après une œuvre d’Alfred de Vigny, et mis en vers par Gallet), sous la direction du compositeur, de Charles Lamoureux et de Vaillard, avec une mise en scène de Jean-Baptiste Lavastre, Eugène-Louis Carpezat, Antoine Lavastre, Alfred Auguste Rubé et Philippe Chaperon.
     Il interprète alors le rôle de  du père Joseph.
     La pièce est rejouée ensuite à la Salle Favart de la Comédie-Italienne.

      Le samedi 1er décembre 1877, il participe à la création, au Grand Théâtre de Lyon, de la deuxième version du même opéra, Cinq Mars.
     Il y interprète toujours le père Joseph.

     Le jeudi 3 avril 1879, il participe à la création, au Théâtre National de l’Opéra-Comique, de La flute enchantée (Die Zauberflöte), opéra en quatre actes et onze danses de Wolfgang Amadeus Mozart, sur un livret d’Emmanuel Schikaneder adapté et traduit en français par Charles Nuitter et Alexandre Beaume dit Beaumont, sous la direction de Charles Lamoureux, et la régie de Léon Carvalho, avec une mise en scène d’Alfred Auguste Rubé, Philippe Chaperon et Antoine Lavastre.
     Il interprète alors le rôle de Sarastro.
     La pièce est rejouée ensuite à la Salle Favart de la Comédie-Italienne.


Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)
Alfred Giraudet par Nadar





 





Page consacrée à Giraudet par Jules Martin en  1895
Page consacrée à Giraudet en 1895
     En 1880, âgé de 35 ans, il entre à l’Opéra en 1880. Il y chantera les Huguenots, le Prophète, l’Africaine, la Juive, Aïda, Hamlet, etc., et y créera Françoise de Rimini le 14 avril 1882.

     Ainsi, le vendredi 1er avril 1881, il participe à la création, considérée comme un échec, à l’Académie Nationale de Musique, au Théâtre de l’Opéra, c’est-à-dire au Palais Garnier, d’une nouvelle œuvre de Gounod, Le tribut de Zamora, opéra en quatre actes, sur un livret d’Adolphe Philippe d’Ennery (ou Dennery) et de Jules-Henri Brésil, sous la direction du compositeur, la régie d’Adolphe Mayer, avec une chorégraphie de Louis Mérante et une mise en scène d’Alfred Auguste Rubé, Philippe Chaperon, Jean-Baptiste Lavastre, Antoine Lavastre et Eugène-Louis Carpezat.
     Il interprète alors le rôle de Ramire II.
     Le mercredi 18 mai 1881, il est donné une retransmission téléphonique de cette première.

     Le lundi 18 juillet 1881, à l’occasion de la 400e représentation donnée par le Théâtre de l’Opéra, alias Palais Garnier, il participe à l’exécution d’un grand opéra en cinq actes de Giacomo Meyerbeer, Le prophète, sur un livret d’Eugène Scribe et Émile Deschamps, sous la direction d’Ernest-Eugène Altès, avec une mise en scène de Chéret, Jean-Baptiste Lavastre, Despléchin, Antoine Lavastre, Carpezat, Rubé et Chaperon.
     Il interprète alors le rôle de Zacharie.
 
     Le vendredi 14 avril 1882, il participe à la création, à l’Académie Nationale de Musique, au Théâtre de l’Opéra, alias Palais Garnier de Françoise de Rimini, opéra en un prologue, quatre actes et un épilogue (soit cinq actes) d’Ambroise Thomas, sur un livret de Jules Barbier et Michel Carré (d’après l’Enfer de Dante), sous la direction d’Ernest-Eugène Altès et la régie de Henri-François de Régnier et d’Adolphe Mayer, avec une chorégraphie de Louis Mérante et une mise en scène de Jean-Baptiste Lavastre, Daran, Antoine Lavastre, Carpezat, Rubé et Chaperon.

     Il interprète alors le rôle de Dante, à l’âge de 36 ans. C’est le dernier rôle que signale pour cet interprète le précieux almanach mis en ligne par Gherardo Casaglia sur le site Amadeus online.


Jules Martin: Nos artistes (1895)
Recueil de Jules Martin (1895)
3. Le professeur

     Alfred Giraudet quitte l’Opéra en 1883, à l’âge de 38 ans. Il devient professeur au Conservatoire en 1888.

     En 1882, une autre élève de Delsarte,
Angélique Arnaud, publie un ouvrage consacré à leur défunt maître commun. Elle l’y remercie de lui avoir communiqué nombre de documents utiles à la connaissance des doctrines du défunt maître. Cet ouvrage connut une grande diffusion aux États-Unis dès l’année suivante.

     Depuis 1871 en effet les recherches et les enseignements de Delsarte avaient  rencontré  beaucoup d’écho et d’intérêt outre-Atlantique. Dès 1882
les disciples de Delsarte aux Etats-Unis publièrent en anglais une compilation réunissant tout ce qui pouvait servir à la perpétuation de l’enseignement purement oral de Delsarte. Cet ouvrage édité à New York par Edgar S. Werner ne connut pas moins de quatre éditions, ce qui donne une idée de linfluence étonnante qu’a eu aux Amériques le delsartisme, doctrine et surtout pratique qui, selon Nancy Ruyter, a touché progressivement toutes les classes de la société, et profondément influencé le cours ultérieur de ce qui devait devenir lexpression corporelle.

     A partir de sa deuxième édition de 1883, cette compilation intégra une traduction en anglais de l’ouvrage d’Angélique Arnaud, avec, en Annexe, le texte d’une leçon du maître jadis mise par écrit par son disciple Alfred Giraudet.
La quatrième et dernière de ces éditions, celle de 1894, est aujourd’hui en ligne, et nous donnons ci-dessous le texte de ces notes de Giraudet en Annexe 1.

     En 1892, Giraudet ouvrit à Paris sa propre école d’art lyrique et dramatique, basée sur les principes mis en lumière par Delsarte, école qui aurait selon Nancy Ruyter attiré notamment un certain nombre d’élèves étatsuniens. On trouve de fait des annonces publicitaires de Giraudet dans le Warner’ Voice Magazine, de New York.

     En 1895, il a les honneurs d’une page dans le recueil Nos artistes que Jules Martin consacre aux artistes de son temps, illustrée d’un portrait photographique dû au célèbre Nadar. On notera par coïncidence que ce recueil fut préfacé par un autre Étampois, celui-là d’adoption, le célèbre critique Aurélien Scholl qui dès cette époque s’était pris depuis longtemps d’affection pour la ville d’Étampes, où il passait l’été au château de Valnay, et où il se fit élire conseiller municipal l’année suivante.

     La même année, résidant alors au 10, rue du Conservatoire, Alfred Giraudet publie lui-même un ouvrage intitulé Mimique. Physionomie et gestes, méthode pratique, d’après le système de F. del Sarte, pour servir à l’expression des sentiments, in-folio de 128 pages orné de figures et de planches. Il y déclare notamment que le rang qu’il a réussi à tenir pendant vingt ans dans le monde de l’art lyrique, il le doit entièrement aux leçons de son maître François Delsarte.

     Cet ouvrage a été cité avec éloge par l’un des derniers auteurs à avoir étudié l’œuvre et la postérité de Delsarte, Ted Shawn (1891-1972), dans un ouvrage qui a été lui-même été traduit en français en 2005. Ceci manifeste clairement l’intérêt persistant du monde de la danse pour l’œuvre pionnière de Delsarte, telle que nous l’ont fait connaître ses disciples, dont Giraudet n’est pas le moindre.

     Une chose cependant reste à étudier: c’est l’interprétation originale que Giraudet a donnée du delsartisme, à l’écart des développements originaux et inattendus que prenait ce mouvement aux États-Unis; car on a sans nul doute pris au mot avec trop de naïveté les protestations qu’il fait de tout devoir à son maître. Qui croit encore que les derniers Dialogues de Platon reflètent vraiment les enseignements du Socrate réel? Qui croit encore que toutes les paroles prêtés au Christ par l’Évangile de Jean aient toutes été prononcées telles quelles par le Jésus historique? Il reste donc bien à étudier la pensée originale et spécifique d’Alfred Giraudet telle qu’il l’a mise par écrit, vingt-quatre ans après la disparition de son maître François Delsarte.

     Giraudet souligne lui-même l’originalité et la profonde nouveauté du sujet de son traité, à savoir, si je ne m’abuse, l’étude du mouvement en temps qu’expression de l’âme. La matière n’en avait guère été étudiée avant lui que par Honoré de Balzac, dans sa Théorie de la démarche, parue en 1833.

     Alfred Giraudet est mort à New York le mardi 17 octobre 1911, âgé de 66 ans, décoré de l’ordre du Nicham Iftikar.

Bernard Gineste, novembre 2008.



Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)
Alfred Giraudet par Nadar















Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)
Planche n°30 de l’ouvrage de Giraudet
  

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
ANNEXE 1
L’Authenticité dans le chant

Texte d’une leçon de Delsarte rédigé par Giraudet
édition étatsunienne de 1893

Trueness in Singing.

NOTES OF A LECTURE BY DELSARTE,
TAKEN BY HIS PUPIL A. GIRAUDET,
OF THE NATIONAL ACADEMY OF MUSIC, PARIS.



     By a most reasonable deduction derived from his admirable principles, Delsarte reckoned three modes or degrees of correct singing:
1. Absolute trueness;
2. Temperate trueness;
3. Passional trueness.
     Absolute trueness is that adopted by theorists, who divide the gamut into five notes and two semi-notes; the note into nine commas, or shades of tone; the chromatic semi-tone into five, and the diatonic semi-tone into four.

     Thus from C to C# they count five shades of tone; whereas from C to Db they count but four. Likewise, from D to Db they count five shades of tone, and from D to C# but four.

Figure 1
 
     The difference of a comma between the D flat and the C sharp, seemingly a very slight difference, is, [p.570] nevertheless, most important in singing, as we shall see later on. But performers, to simplify our musical system, have divided this comma into two, making synonymous notes of D flat and C sharp; that is to say, notes having the same sound. The note is, therefore, practically divided into two semitones of four commas and a half. This is what is known as moderation or temperate trueness.

Figure 2
 
     Temperate trueness is defective from many points of view. This is the universal opinion, but we are forced to accept this method by the absolute impossibility of any improvement, especially with the key-board instruments now in vogue; and it must be accepted until some new invention shall revolutionize the piano by modulating its tones, a transformation which would give that instrument not only the musical design, but also the color and warmth which it now lacks.

     Let us pass to passional trueness, leaving science to enter the domain of art. “Passional trueness,” said Delsarte, “consists in giving each semitone three, four, five, six, or even seven commas, according to its tendency.” As we see, the precept is daring, and an inattentive scholar would only have to forget the last words of the definition to make [p.571] people say that the great master of lyric art taught his pupils to sing false.

     Every rule has its reason and its consequences. St. Augustine, who knew the Beautiful, of which art is only the expression, and who could explain it well, has given us a brief but admirable definition of music: “Music is a succession of sounds each calling forth the other.” Simple yet profound words! The sounds call each other forth, desire and mutually attract each other, and in every age this attraction has been so clearly evident, that the seventh note in the scale, when it meets the others each of which has its particular name relating to its particular function, tonic, dominant, etc., is simply called the sensitive note, from its tendency to pass into the atonic.

     Passional trueness is based upon this tendency of the notes to pass into those which succeed them, and upon this reciprocal attraction of sounds. Thus, notes, which have a tendency toward the acute or shrill, may be raised two commas or more above temperate trueness. Notes which have a tendency toward the grave may be lowered in the same proportion. (Example, taken from “The Prophet,” by Meyerbeer.)

Figure 3
Figure 4
 
     Here, the B may be but two commas distant from the C; and in the second example given, the A flat [p.572] may also be but two commas removed from the G, and this change far from producing a disagreeable effect upon the ear, will make a most striking impression and the accent will be far more dramatic than before. Try the reverse, that is, divide the interval B sharp-C into seven commas on the semitones A flat-G; it will be unendurable. Whence we may deduce the fact that to sing false is to sing above or below a note in the inverse direction to its attraction.

     Delsarte, in his definition, speaks only of the semitone, and we ourselves give examples of that sort of attraction only; but it does not follow that the other intervals are not equally subject to the same law. Their attraction may not be shown by the same effects.

     The master added, in speaking of trueness in singing: “The triad is the breathing-place of the tonality; the notes composing it should be absolutely true. They are the singer’s invariable and necessary law. They characterize repose. Their office is that of attraction, and they can only be attracted mutually, with the exception of the tonic, which is the centre of attraction not only for various notes, but for the phrase and the entire composition.”

     Delsarte was very severe in regard to those who sang false; but to sing true was not, to his thinking, a good quality. He said, on this point, that no one would compliment an architect because he had built a house in accordance with geometrical rules. Whence [p.573] he concluded that trueness is the least of good qualities, and the lack of it the greatest of vices, and he added in regard to style: “The most important quality is expression, and a lack of expression is the least of vices.”

     Let us add that the application of passional trueness depends upon a thousand conditions of rhythm and harmony, to analyze which would lead us much too far. The artist must make use of it according to his aptitudes and his tendencies, for he must preserve his individuality. He must learn by observation and the study of his own faculties to apply theoretical rules founded upon natural laws.

     Practical trueness, while it allows us to depart from legitimate trueness, has strong analogies with the tempo rubato. The tempo rubato, which Delsarte employed in a remarkable and striking way in dramatic passages, actually permits the musician, in certain cases and in the desired proportion, to change the value of the notes while respecting the principle of time, which is invariable. But the application of these rules is subject to the emotional intensity; it is, therefore, impossible to determine theoretically and absolutely its various bearings.

Delsarte System of Oratory, New York, 1893, pp. 569-573.
ANNEXE 2
M. Giraudet (Alfred-Auguste)

par Jules Martin (1895)


Page consacrée à Giraudet par Jules Martin en  1895
M. GIRAUDET (Alfred-Auguste).

Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)
Nadar.
     Né à Étampes (Seine-et-Oise), le 28 mars 1845. — Élève de François del Sarte. Déb. à Boulogne-s.-Mer dans Faust: rôle de Méphistophélès (1866). Déb. au Th.-Lyrique impérial, dans le même rôle (1867). Chante à Bordeaux le répertoire des 1es basses d’opéra (1871-1872), le même répertoire, en Italie (1873-74). Rentre à Paris, au Th.-Italien (1874) et à l’Opéra-Comique (1875); y crée Cinq-Mars (5 av. 1877); chante Philémon, la Flûte enchantéeHaydée, Mignon, Roméo, l’Etoile du Nord, le Val d’Andorre, etc. — Entre à l’Opéra en 1880: y chante les Huguenots, le Prophète, l’Africaine, la Juive, Aïda, Hamlet, etc.; crée Françoise de Rimini (14 avril 1882). Quitte l’Opéra en 1883. — Professeur au Conservatoire depuis 1888. — 1 décoration. Officier du Nicham.

     10, rue du Conservatoire — Paris.


     Jules MARTIN, Nos artistes, Paris, 1895, p. 172.
           
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
  
Édition

     Bernard GINESTE, «Alfred Giraudet, chanteur lyrique étampois (1845-1911)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-19-giraudet.html, 2008.

Publications de Giraudet


Alfred Giraudet (photographié par Nadar en 1895)
Planche n°30 de l’ouvrage de Giraudet
     Alfred GIRAUDET [réd.], François DELSARTE (1811-1871) [auteur de la leçon] & Abby L. ALGER [trad.], «Trueness in Singing. Notes of a Lecture by Delsarte, Taken by His Pupil A. Giraudet, of The National Academy of Music, Paris», in Delsarte System of Oratory 1. The Complete Work of L’Abbé Delaumosne. 2. The Complete Work of Mme. Angélique Arnaud. 3. All the Literary Remains of François Delsarte (Given in his own words). 4. The Lecture and Lessons Given by Mme. Marie Géraldy (Delsarte’s Daughter) in America. 5. Articles by Alfred Giraudet, Francis A. Durivage, and Hector Berlioz. Fourth Edition [les précédentes datant de 1882, 1884, 1887, 1892], New York, Edgar S. Werner, 1893, pp. 569-573.
     Dont une mise en ligne (de la version anglaise) par Guttenberg Project, http://www.gutenberg.org/files/12200/12200-h/12200-h.htm#p7-01, en ligne en 2008.
     Dont la réédition ci-dessus en Annexe 1.


     Alfred GIRAUDET (1845-1911), Mimique. Physionomie et gestes, méthode pratique, d’après le système de F. del Sarte, pour servir à l’expression des sentiments [in-f°; 128 p.; figures et planches], Paris, Librairies-imprimeries réunies, 1895.

Publications relatives à Giraudet

     THÉÂTRE LYRIQUE [Paris], Charles VI, opéra en cinq actes. Musique de Fromental Halévy. Livret de Casimir et Germain Delavigne. Avec Lutz (Charles VI), Massy, Giraudet, Melle Bloch (Odette), Melle Daram, Mangin, le 5 avril 1870 [notice conservée à la BNF], Paris, Théâtre lyrique, 1870.
     Cf. Revue et Gazette musicale de Paris 34/15 (10 avril 1870), p.115.
 
Jules Martin: Nos artistes (1895)      THÉÂTRE DE L’OPÉRA COMIQUE [Paris], Cinq-Mars, drame lyrique en 4 actes et 5 tableaux. Musique de Gounod. Livret de Paul Poirson et Louis Gallet. Mise en scène de Carvalho. Décors de Rubé, Chaperon, Lavastre aîné et Lavastre jeune. Costumes de Thomas. Avec Dereims, Giraudet, Barré, Chevrier, et alii. Le 5 avril 1877 [notice conservée à la BNF], Paris, Théâtre de l’Opéra-Comique (dirigé par Léon Carvalho), 1877.
     Cf. La scène. Revue des succès dramatiques 1/2 (1877).

     Angélique ARNAUD (1797-1884), Delsarte, ses cours, sa méthode [in-12; 83 p.], Paris, sans date [cette première version de l’ouvrage, non datée, paraît avoir échappé à l’attention des historiens du delsartisme].

     Angélique ARNAUD (1797-1884), «Chapitre XIV. Les élèves de Delsarte», in ID., François del Sarte, ses découvertes en esthétique, sa science, sa méthode. Précédé de détails sur sa vie, sa famille, ses relations, son caractère... [in-18; 259 p.; portrait], Paris, Delagrave, 1882.
     Dont une traduction en anglais: «Chapter XIV. Delsarte’s Scholars», in «Arnaud on Delsarte. The Delsarte System. By Angélique Arnaud, (Pupil of Delsarte). Translated by Abby L. Alger.», in Delsarte System of Oratory 1. The Complete Work of L’Abbé Delaumosne. 2. The Complete Work of Mme. Angélique Arnaud. 3. All the Literary Remains of François Delsarte (Given in his own words). 4. The Lecture and Lessons Given by Mme. Marie Géraldy (Delsarte’s Daughter) in America. 5. Articles by Alfred Giraudet, Francis A. Durivage, and Hector Berlioz. Fourth Edition [les précédentes datant de 1882, 1883 (première édition à intégrer l’ouvrage d’Angélique Arnaud), 1887, 1893], New York, Edgar S. Werner, 1893.
     Dont une mise en ligne de la version anglaise par Guttenberg Project, http://www.gutenberg.org/files/12200/12200-h/12200-h.htm#p7-01, en ligne en 2008.   

Page consacrée à Giraudet par Jules Martin en  1895      Jules MARTIN, Nos artistes. Portraits et biographies, suivis d’une notice sur les droits d’auteurs, l’Opéra, la Comédie-Française, les Associations artistiques, etc. [in-32 (13 cm); 424 p.; portraits; préface d’Aurélien Scholl (1833-1902); photogravure de H. Reymond], Paris, Paul Ollendorf, 1894.
     Réédition: Paris, Librairie de L’Annuaire universel, 1895, p. 172.
     Dont une réédition numérique en mode image (de l’édition de 1895) par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k205119t, en ligne en 2008, p. 172.
     Réédition: Jules MARTIN, Nos artistes, annuaire des théâtres et concerts, 1901-1902. Portraits et biographies, suivis d’une notice sur les droits d’auteur, la censure, les associations artistiques, les principaux théâtres, etc. [in-16; 410+LXIII p.; portraits; préface par M. Alfred Capus (1858-1922); gravure de M. Louis Geisler (1852-1914)], Paris, P. Ollendorff, 1901.
     Dont la réédition ci-dessus en Annexe 2.

     Ted SHAWN (1891-1972), Every little movement; a book about François Delsarte, the man and his philosophy, his science and applied aesthetics, the application of this science to the art of the dance, the influence of Delsarte on American dance [21 cm; 127 p.; illustrations; 2e édition], Brooklyn, Dance Horizons, 1963, pp. 102-118.
     Dont une traduction française: Chaque petit mouvement: à propos de François Delsarte. Traduit de l’américain, introduit et annoté par Annie Suquet. Préface de Nancy Lee Ruyter [22 cm; 259 p.; 16 p. de planches; bibliographie pp. 159-212 & 257-259], Bruxelles, Éditions Complexe & Pantin [
«Territoires de la danse»], Centre national de la danse, 2005.
     Dont une mise en ligne partielle mais conséquente par Google, http://books.google.fr/books?id=tyaqnZt4DwEC&pg=, en ligne en 2008.

     Nancy Lee Chalfa RUYTER (professeur de danse à l’University of California, née en 1933), «François Delsarte and his French Studients», in ID., The Cultivation of Body and Mind in Nineteenth-century American Delsartism [23 cm; XX+152 p.; 9 folios de planches; bibliographie pp. 133-147; index], Westport, Connecticut (USA) & London (Londres), Greenwood press [«Contributions to the study of music and dance» 56], 1999, pp. 3-16, spécialement pp. 13-14 : “Alfred Giraudet”.
     Dont une mise en ligne partielle sur Google Book, à cette adresse, en ligne en 2008.

     Gherardo CASAGLIA, «Almanacco», in Amadeus online, http://www.amadeusonline.net/almanacco.php, en ligne en 2008, et spécialement sur cette page où apparaissent toutes les occurences du nom de Giraudet (cliquez ici).



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Sources: indiquées en bibliographie.
  
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