Corpus Historique Étampois
 
Charles IX
Nomination d’un nouveau trésorier des bâtiments du roi
Étampes, 19 septembre 1562
   
Jacques Colomies: Charles IX (gravure sur bois toulousaine)
Jacques Colomies: Charles IX (gravure sur bois toulousaine)
 
     Le 19 septembre 1562, Charles IX, âgé de douze ans, est à Étampes, et c’est de là qu’il nomme, ou plutôt quon nomme en son nom un nouveau trésorier de ses œuvres, édiffices et bastimens, à savoir un certain Étienne Grand-Rémy. Nous rééditons un dossier relatif à cette nomination et à son contexte, qui prouve, accessoirement un séjour royal à Étampes jusquà présent bien mal documenté.
    
Charles IX
Nomination d’un nouveau trésorier des bâtiments du roi
Étampes, 19 septembre 1562


     Quelle était la situation à Étampes en septembre 1562, alors que protestants et catholiques commencent à écharper le pays? Voyons ce que écrivait dom Fleureau, vers 1668:

     “D’abord que le Roy de Navarre eut pris le commandement des troupes du Roy, considerant comme la ville d’Estampes peut estre utile à ceux qui veulent conserver Paris, pour s’en assurer, la maintenir toûjours en l’obeïssance de Sa Majesté, & empêcher les Rebelles de la surprendre, il y envoya en garnison le Capitaine l’Escaux, avec les gens de ses bandes, & cinq autre compagnies sous le commandement du Seigneur de Culand, Lieutenant de la Compagnie des gens d’armes de Jean de Bretagne, ou de Brosse, Duc d’Estampes, dont j’ay cy-devant parlé. Le Seigneur de Monterud, Lieutenant au Gouvernement des Duchez d’Orleans, & de Berry, des Bailliages de Montargis, de Gien, de Chartres, & d’Estampes y fut aussi envoyé pour donner l’ordre necessaire à la conservation de la place. Depuis le 8. May. jusques au 13. jour de Novembre 1562, il y eut toûjours huit corps de garde dans la ville, tant des habitans que de la garnison.

     
Le Roy voulut aussi, que l’on fist dans Estampes, un magasin de vivres pour en fournir à son armée, quand elle seroit aux environs : Et par lettres du 13. de May [N.B.: Le roi n’a que onze ans à cette date (B.G.)], il commanda aux Maire, & Echevins de s’ayder pour cela, des bleds, & des vins, qu’ils trouveroient dans les maisons, tant des particuliers que des Marchands, que sa Majesté promettoit de payer au prix des marchez precedens. On fit une description de tous les bleds, & des vins qui estoient dans la ville, & les fauxbourgs, aprés laquelle on deffendit à tous les habitans d’en vendre, ny d’en transporter hors de leurs maisons, que pour eux, & pour leur famille seulement. On fit du pain de ces bleds qui fut distribué à la garnison, & à l’armée de Sa Majesté, lors qu’elle campa à Guillerval, au mois de Juin, à son passage au retour de Bourges pour aller à Roüen.

    
Pendant que l’armée du Roy étoit occupée au siege de Roüen, [p.238] qui dura depuis le 18. jour de Septembre jusques au 26. du mois suivant, le Prince de Condé, aprés avoir fortifié son armée de secours que d’Andelot amena d’Allemagne, qui consistoit en neuf compagnies de Reistres, gens de cheval armez de pistolets, faisans trois mille trois cents hommes à cheval, & en douze Enseignes de gens de pied, faisans quatre mille combattans, sortit d’Orleans, & tira du côté de Paris à dessein de s’en rendre le Maître : Mais les nouvelles de la prise de Roüen le firent marcher avec plus de retenuë, & s’approcher plus lentement de Paris.

    
Pluviers [Pithiviers] qu’il avoit inutilement fait sommer au mois d’Aoust precedent, luy ouvrit ses portes, & le 13. jour de Novembre, ayant fait sommer la ville d’Estampes, elle se rendit aussy à lui, dautant qu’elle avoit été abandonnée le matin par la garnison que le Marêchal de saint André avoit appellée à Corbeil, où il s’étoit jetté avec des troupes. Le Prince laissa à Estampes une forte garnison, laquelle exerçea pendant six semaines qu’elle y demeura, des impietez, & des cruautez incroyables, particulierement sur les personnes Ecclesiastiques.
     (1) Fleureau, Antiquitez, pp. 237-238.
     Il est donc clair, selon Fleureau, qu’Étampes a été solidement tenue par le roi du 8 mai au 13 novembre, et que, par ailleurs, le gros de l’armée royale est passé au moins tout près d’Étampes en juin, avant de passer en Normandie où elle commence le siège de rouen le 18 septembre.

     Ce que Fleureau ne paraît pas avoir su, c’est que le roi Charles IX, alors âgé de douze ans seulement, aurait lui-même séjourné à Étampes au moins du 19 au 21 septembre. Le fait a été signalé en 1759 par Léon Ménard dans son Itinéraires des rois de France, publié au volume premier de ses Pièces fugitives. Voici ce qui concerne les trois premières années du règne:

     
“CHARLES IX. — 1560: 9 déc.: Orléans. — 1561: 7 jan.: Orléans. 14 fév.: Fontainebleau. — 14 avril: Fontainebleau. — 16 mai: Paris. — 17 juin: A saint Germain des prés les-Paris. — Juill.: Paris. — 22: au château de Vincennes. — 25: Saint Germain en Laye. — 1561: 13 mars: Monceaux. — 23: Fontainebleau. — 8 avril: Paris. — 24: Paris.—17 mai: Monceaux. — 31: Au bois de Vincennes. — 14 [de quel mois? (B.G.)]: Blois. — 23. Au camp de Lazenouy, près Bourges. — Sept.: Blois. — 19: Au camp d’Estampes. — [p.110] 21: Estampes. — Sept.: Houdan. — 6 oct.: Rouville. — Oct.: Au camp, devant Rouen. — Nov.: Rouen. — 19: Au bois de Vincennes. — 26 déc.: Paris. (2)

     Cette donnée a été reproduite par Léon Marquis: “Le roi en personne est au camp d’Étampes les 19 et 21 septembre” (3). Seulement, Ménard ne cite pas ses sources, ce qui ne laisse pas d’être gênant. On ne comprend pas pourquoi le roi serait resté à Étampes, tout près d’Orléans tenu par Condé, alors que son armée serait quant à elle en Normandie. On peut se demander aussi pourquoi Ménard localise le roi non pas à  “Étampes”  mais “au camp d’Étampes”.
     (2) Léon MÉNARD (1706-1767) & Charles de BASCHI comte d’AUBAIS (1686-1777) [éd.],  «Charles IX», in ID. [éd.], «Voyage de Charles IX en France [en 1566], écrit par Abel Jouan, suivi d’un itinéraire des Rois de France, depuis & compris VII. Jusqu’à Louis XIV inclusivement» [165 p.], in ID., Pieces fugitives, pour servir a l’histoire de France, dont la plûpart n’ont point encore été publiées, & quelques-unes, quoiqu’imprimées, ne se trouvent presque plus, avec des notes historiques & géographiques [pagination multiple], Paris, Hugues-Daniel Chaubert, 1759, Tome 1, partie 1 pp. 109-110.

     (3) Léon Marquis, Les rues d’Étampes et ses munuments, Étampes, Brière, 1881, p. 13.
     Vu ces obscurités et ces incertitudes, il n’est pas inutile de relever au moins une preuve effective de cette présence du roi. Ce sont en l’espèce des lettres patentes datées effectivement d’Étampes le 19 septembre 1562. Le texte nous en a été conservé par les Comptes des bâtiments du roi que le marquis de Laborde a heureusement édités en 1880 (4). Le roi enlève sa charge au trésorier des bâtiments du roi, Jean Durant, accusé de “sédition”, à tort ou à raison, et la donne à un autre, à savoir à un entrepreneur en maçonnerie dénommé Étienne Grand-Rémy.

     Il suffit de compulser les archives manuscrites de la chancellerie royale du temps (dont une partie a été mise en ligne par la BNF sur son site Gallica), pour voir à quel point ce terme de
sédition revient souvent pendant le mois de septembre, à tort ou à raison, alors que Catherine de Médicis est en train de louvoyer sans cesse entre les intransigeances respectives des Huguenots et des ultra-catholiques, pour essayer de sauvegarder en même temps l’unité nationale et l’autorité royale.

     On notera que l’année suivante la charge de Jean Durant lui sera restituée sans commentaire.

     J’ai pensé qu’il serait utile et intéressant de rééditer ici, avec le texte de la charte donnée à Étampes par Charles IX, le dossier qui nous a été conservé relatif à l’année d’exercice comptable qui découla de la décision prise à Étampes, pour donner un aperçu à tous de ce qu’était cette charge
de clerc et payeur des œuvres, édiffices et bastimens royaux, c’est-à-dire, en fait, publics.

Bernard Gineste, 5 septembre 2011
     (4) Léon, marquis de LABORDE, Les comptes des bâtiments du roi (1528-1571) suivis de documents inédits sur les châteaux royaux et les beaux-arts au XVIe siècle [2 volumes], Paris, Baur [«Société de l’histoire de l’art français»], 1880, tome 2, p, 72-92, la chartes de Charles IX étant reproduite  pp. 73-74.




1. Nomination du trésorier, suivie des comptes qu’il rendit l’année suivante


Bastimens du Roy depuis le 6 octobre 1562 jusques au dernier novembre 1568.

     Transcript de la coppie des lettres patentes du Roy, données à Estampes, le 19e de septembre 1562, par lesquelles ledit Sieur a pourveu maistre Estienne Grand Remy, clerc de ses œuvres de la ville de Paris, en l’estat et office de trésorier de ses œuvres, édiffices et bastimens dont avoit esté privé maistre Jean Durant, clerc et payeur de sesdites œuvres, édiffices et bastimens, ensemble de la quittance de maistre Olivier le Feure, trésorier des parties casuelles de la finance, que ledit Grand Remy en a payé, le 11e dudit mois de septembre, acte de réception d’icelluy Grand Remy en la chambre de
[p.73] céans, le 5e octobre 1562. Et de l’expédition et vériffication desdites lettres d’office faittes par messieurs les trésoriers de France, le 8e d’octobre audit an, et maistre Raoul Moreau, conseiller de son espargne, le 29e dudit mois d’octobre, dont la teneur ensuit:

     CHARLES, par la grâce de Dieu, Roy de France, à tous ceux qui ces présentes lettres verront, salut. Comme arrest de nostre court du parlement, en datte du 6e d’aoust dernier passé, dont l’extrait est cy attaché sous nostre contre scel de nostre chancellerie, Jean Durant et autres ayent, pour les cas et dont ils ont esté attains et convaincus, esté privez de leurs estats et soit ainsy que ledit Durant fust trésorier et payeur de nos œuvres, édiffices et bastimens, au moien de quoy et affin que ledit office ne demeure sans exercice, soit besoin y pourvoir de personnage de qualité requises qui soit bien pour s’en acquitter, sçavoir faisons, que pour le bon rapport qui fait nous a esté de la personne de nostre cher et bien amé maistre Estienne Grand Remy, clerc de nos œuvres de nostre ville de Paris, et de ses sens, suffissance, loyaulté, preudhomme, expérience et bonne diligence, à icelluy, pour ces causes et autres à ce nous mouvans, avons donné et octroyé, donnons et octroyons par ces présentes ledit office de trésorier et payeur de nosdites œuvres, édiffices et bastimens dont a esté privé icelluy Durant par ledit arrest, ainsy que dit est cy dessus, pour par ledit Grand Remy ledit office avoir, tenir et doresnavant exercer et en jouir et user aux honneurs, auctoritez, prérogatives, prééminances, franchises, libériez, droits, proffits, revenus et esmolumens accoustumez et qui y appartiennent, et aux gages ordinaires de 386 liv. 17 s. 6 d., tout et ainsy et en la mesme forme et manière qu’en a cy devant jouy ledit Durant et autres ses prédécesseurs audit office tant [p.74] qu’il nous plaira, si donnons en mandement, par ces mesmes présentes, à nos amez et féaulx les gens de nos comptes et trésorier de France audit Paris, que, pris et receu d’icelluy Grand Remy les serment et caution en tel cas requis et accoustumé, icelluy mettent ou instituent, ou facent mettre et instituer de par nous en possession et saisine dudit office, et d’icelluy ensemble des honneurs, auctoritez, prérogatives, prééminances, franchises, libériez, gages, taxations, droits, proffits, revenus et esmolumens dessus dits le facent, laissent, souffrent jouir et user plainement et paisiblement, et à luy obéyr et entendre de tous ceux et ainsy qu’il apartiendra es choses touchans et concernant ledit office, oste et déboute d’icelluy tout autre illicite détempteur non ayant sur ce nos lettres de provision précédente en datte cesdites présentes, et avec celuy souffrent, consentent et permettent prendre et retenir par ses mains des deniers qui luy seront ordonnez pour convertir et employer au fait de sondit office lesdils gages, taxations et droits y appartenans doresnavant par chacun an, aux termes et en la manière accouslumez, lesquels en rapportant cesdites présentes ou vidimus d’icelles, fait sous scel royal pour une fois, avec quittance d’icelluy Grand Remy sur ce suffissante seullement, nous voulons estre passée et allouée en ses comptes et rabatus de sa recepte par vous, gens de nosdits comptes, vous mandant ainsy le faire sans difficulté, car tel est nostre plaisir. En tesmoin de ce, nous avons fait mettre à sesdites présentes nostre scel. Donné à Estampes, le 19e de septembre 1562, et de nostre règne le 2e, Ainsy signé: Par le Roy, en son conseil, BOURDIN, et scellée sur double queue de cire jaulne; au duplicata desquelles est escript: Maistre Estienne Grand Remy, nommé au blanc, a esté receu à l’exercice de l’estât et office mentionné audit blanc, ainsy que contenu est en l’arrest de la chambre et registrée sur ce fait le 6e d’octobre 1562. Signé: Le Maistre. [p.75]
     J’ai receu de Estienne Grand Remy, la somme de 5,000 liv., pour l’office de trésorier et payeur des œuvres du Roy, vaccant par arrest de la court de parlement de Paris donné contre Jean Durant, trésorier d’icelles, accusé pour le fait de la sédition, dont a esté pourveu ledit Grand Remy, Fait à Paris, le IV de septembre 1562. Signé: Le Feure. Et au dos est escript: Enregistrée au registre du conseil privé du Roy, suivant l’ordonnance sur ce faitte par ledit Seigneur, par moy à ce par luy commis, d’Estampes, le 21e de septembre 1562. Signé: Le Comte. Et au bas de la coppie d’icelle est escript: Collation a esté faitte de la présente coppie à son original, par moy notaire et secrétaire du Roy. Signé: Coignet.

     Entre maistre Estienne Grand Remy, demandeur et requérant l’entérinement des lettres patentes du Roy, en forme d’office, données à Estampes, le 19e de septembre dernier passé, signé sur le reply, par le Roy, en son conseil, Bourdin, et estre receu au serment et exercice de l’estat et office de trésorier et payeur des œuvres, édiffices et bastimens dudit Sieur, dont il est pourveu par lesdites lettres, aux gages, droits  et esmolumens accoustumez, au lieu et par la forfaicture et vaccation de Jean Durant, naguerre possesseur dudit office, privé d’icelluy par arrest de la court de parlement, en datte du 6e d’aoust dernier, attaché sous le contre scel ausdites lettres par l’Archer son procureur, d’une part, et maistre Estienne Gerbault, receveur ordinaire de Paris, et Bertrand Picart, par Repichon et Demoresnes, leurs procureurs, deffendeurs et opposans audit entérinement et réception dudit Grand Remy, d’autre part, après que Edmond, pour ledit Grand Remy, a persisté en sadite requeste, et requis estre receu au serment dudit oftice que Marilhac pour ledit Gerbault, et du Mesnil pour ledit Picart, comparans en la [p.76] chambre, ont esté ouy en leurs causes d’opposition et moiens par eux desduits. Ouy sur ce le procureur général, aussy le trésorier de sa charge, sans aucuns points en deppendances, veu plusieurs comptes et registres anciens estant par devers ladite chambre, concernans la charge et administration desdites œuvres, et tout considéré, ladite chambre faisant droit sur ladite requeste et demande dudit Grand Remy, a ordonné et ordonne que par provision il sera receu au serment et exercice dudit estat et office de trésorier et payeur desdites œuvres, sans préjudice touttefois desdites oppositions, droits et procès au principal desdites parties et à la charge de bailler caution et eslire domicile suivant l’ordonnance en ladite chambre, le 5’ d’octobre 1562, suivant lequel arrest a esté mis et escript sur le reply desdites lettres ce qui s’ensuit: Maistre Estienne Grand Remy, nommé au blanc, a esté receu à l’exercice de l’estat et office mentionné audit blanc, et d’icelluy fait et preste le serment accoustumé, ainsy que contenu est en l’arrest de la chambre; et registre sur ce, fait le 6e d’octobre 1562. Le Maistre. Et au bas est escript: Collation est faitte. Extrait des registres de la Chambre des comptes. Signé: Le Maistre.

     Les trésoriers de France, veues par nous les lettres patentes du Roy, données à Estampes, le 19e de septembre dernier passé, ausquelles ces présentes sont attachées sous l’un de nos signets, par lesquelles et pour les causes y contenues ledit Seigneur a donné et octroyé à maistre Estienne Grand Remy l’office de trésorier et payeur de ses œuvres, édiffîces et bastimens dont par arrest de la court de parlement, du 6e d’aoust précédent aussy dernier passé, Jean Durant a esté privé, pour par ledit Grand Remy avoir, tenir et doresnavant exercer ledit office et doresnavant en jouir et user aux honneurs, [p.77] aucthoritez, privilèges, prérogatives, prééminances, franchises, libériez, droits, proffits, revenus et esmolumens accoustumez et qui y appartiennent et aux gages ordinaires de 386 liv. 17 s. 6 d., tout ainsy qu’en a cy devant jouy ledit Durant comme plus à plain le contiennent lesdites lettres, auquel office ledit Grand Remy a esté receu et institué en la
chambre des comptes, le 6e jour de ce présent mois, aux charges contenues en l’arrest de ladite chambre et registre sur ce fait; nous après que dudit Estienne Grand Remy avons prins et receu le serment en tel cas requis et accoustumé, icelluy avons mis et institué de par le Roy en possession et saisine dudit office, luy permettant et consentant prendre et retenir par ses mains des deniers d’icelluy lesdits gages, taxations et droits y appartenans à la charge qu’il mettra en nos mains ses cautions bonnes et suffissantes, deuement certiffiées par le procureur du Roy de la justice de son trésor jusquesà la somme de 4,000 liv. parisis, dedans trente jours prochainement venans. Donné sous l’un de nos signets, le 8e d’octobre 1562. Signé: Grollier.

     Raoul Moreau, conseiller du Roy et trésorier de son espargne, veues par nous les lettres patentes du Roy, données à Estampes, le 20e de septembre dernier, ausquelles ces présentes sont attachées sous nostre signet, par lesquelles et pour les causes y contenues Icelluy Seigneur a donné et octroyé à maistre Estienne Grand Remy l’office de trésorier et payeur de ses œuvres, édiffices et baslimens, dont par arrest de la court de parlement, du 6e jour d’aoust dernier, Jean Durant a esté privé pour par ledit Grand Remy avoir et tenir et doresnavant exercer ledit office et en jouir et user, aux honneurs, aucthoritez, franchises, libériez, droits, proffits, revenus et esmolumens accoustumez et qui y appartiennent, et [p.78] aux gages ordinaires de 386 liv. 17 s. 6 d., tout et ainsy qu’en a cy devant jouy ledit Durant, ainsy qu’il est plus à plain contenu et déclaré esdites lettres, desquelles, en tant que à nous est, consentons l’entérinement et accomplissement selon leur forme et teneur. Donné sous nostre signet, à Rouen, le 29e d’octobre 1562. Signé: Moreau. Et au bas de ladite coppie est escript: Collation a esté laitte aux originaux de la présente coppie par moy notaire et secrétaire du Roy. Signé: Blandin.

     Compte premier et dernier de maistre Estienne Grand Remy, trésorier des œuvres, édifices et bastimens du Roy depuis le 6e d’octobre 1 562, jusques au dernier de novembre 1563.

RECEPTE.

     De maistre Raoul Moreau, conseiller du Roy et trésorier de son espargne.
     De maistre Jean de Baillon, conseiller du Roy et trésorier de son espargne.
     De maistre Jean Midorge, grenetier.
     De maistre Symon Boullenc, conseiller du Roy et receveur général des finances.
     De maistre Gabriel Bouxin, receveur ordinaire de Chauny.
     De maistre Gabriel du Fresnoy, receveur ordinaire de Senlis.

     Somme totalle de la recepte de ce compte, 26,257 liv. 16 s. 8 d.
[p.79]

DESPENCE DE CE COMPTE.

     Maçonnerie.

     A Guillaume Guillin et Pierre de Saint-Quentin, maistres maçons, la somme de 1,400 liv., à eux ordonnée par maistre Pierre Lescol, seigneur de Clagny, abbé de Clermont, conseiller et ausmonier du Roy, et commis à la surintendance du bastiment du Louvre, pour ouvrages de maçonnerie par eux faits audit chasteau du Louvre.

     Sculpture.

     A Pierre l’Heureux, François l’Heureux, Martin le Fort et Pierre Nanyn, sculpteurs, la somme de 140 liv., à eux ordonnée par ledit sieur de Clagny, pour avoir taillé et enrichy une frize de festons composée de plusieurs fruictages aux petits enfans et oiseaux y entremeslez, et pour avoir pozé et assis ladite frize sur l’architecture, collonnes et pilastres du second estage du bastiment que l’on édiftioit pour les antichambres et cabinets de la Reyne du çosté de la cour du Louvre, et pour avoir taillé quarante-trois petits masques pour ornement d’une corniche servant d’entablement esdits logis de la Reyne.

     Peinture.

     A Louis du Rreuil, maistre peintre, la somme de 45 liv., pour ouvrages par luy laits audit chasteau du Louvre.
[p.80]

     Vitrerie.

     A Nicolas Beaurain, maistre vitrier, la somme de 133 liv. 6 s. 3 d., pour ouvrages de verrerie par luy faits audit chasteau du Louvre.

     Estats et entretenemens.

     Audit seigneur de Clagny, superintendant, la somme de 1,200 liv., pour deux mois de ses gages.

     Taxations et sallaires.

     Néant.

     Somme de la despence faitte au bastiment neuf du Louvre: 1,918 liv., 6 s. 3 d.

PALLAIS ROYAL, A PARIS.

     A Eustache Jve, maistre maçon, la somme de 557 liv. 7 s. 9 d., à laquelle ont esté modéré par Jean Grollier, les ouvrages de maçonnerie par eux faits au pallais royal.

     A Guillaume Evrard, serrurier, la somme de 106 liv. 12 s., à luy ordonnée par messieurs de Varrade Dudrac et Bonnette, conseillers du Roy en sa court de Parlement et commissaires des prisonniers, pour ouvrages de serrurerie par luy faits en plusieurs endroits dudit pallais.

     A Jean de la Hamée, maistre vitrier, la somme de 189 liv. 11 s. 1 d., à laquelle ont esté modérez, par ledit Grollier, les ouvrages de verre par luy faits audit pallais.

     A Claude Marchand, maistre couvreur, la somme de
[p.81] 1,026 liv. 10 s. 5 d., à laquelle ont esté modérez les ouvrages de couverture d’ardoise et de tuille par luy faits de l’ordonnance d’iceliuy sieur Grollier.

     A Claude Duclos, maistre paveur, la somme de 76 liv. 19 s. 7 d., pour ouvrages de pavé par luy faits de l’ordonnance dudit sieur Groliier.

     A Guillaume Laurens, maistre plombier, la somme de 165 liv. 4 d. , à luy ordonnée par messieurs les trésoriers de France, pour ouvrages de plomberie par luy fournis au pallais royal et hostel Bourbon.

     A Claude Penelle, maistre couvreur, la somme de 200 liv., à luy ordonnée par lesdits trésoriers, pour ouvrages de couverture qu’il a faits audit pallais.

     Somme des ouvrages failles au pallais royal: 2,369 liv. 2 s. 9 d.

VIEIL BASTIMENT DU LOUVRE.

     A Jean Aubert, maistre maçon, tailleur de pierre, la somme de 12 liv. 9 s., pour ouvrages de maçonnerie qu’il a faits audit vieil chasteau du Louvre.

     A Michel Bourdin , maistre menuisier , la somme de 64 liv. 12 s., pour ouvrages de menuiserie par luy faits au chasteau du Louvre et pallais royal , de l’ordonnance du sieur Grollier.

     A Malhurin Bon, serrurier, la somme de 141 liv. 13 s. 6 d., pour ouvrages de serrurerie par luy faits au chasteau du Louvre, de l’ordonnance dudit sieur Groliier.

     A Jean de la Hamée, maistre vitrier , la somme de 44 liv. 10 s. 10 d., pour ouvrages de verrerie qu’il a faits au chasteau du Louvre, de l’ordonnance dudit Groliier.

     Somme des ouvrages failles au vieil bastiment du Louvre: 263 liv. 3 s. 8 d.
[p.82]

GRAND CHASTELLET DE PARIS.

     A Jean de la Hamée, maistre vitrier, la somme de 8 liv. 1 s., pour ouvrages qu’il a faits au grand Chastellet, de l’ordonnance dudit sieur Grollier.

HOSTEL DE BOURBON.

     A Eustache Jve, maistre maçon, la somme de 154 liv. 17 s. 11 d., pour ouvrages de maçonnerie qu’il afaits audit hostel de Bourbon, de l’ordonnance dudit Grollier.

LES TOURNELLES.

     Audit Jve, maçon, la somme de 218 liv. 9 s., pour ouvrages de maçonnerie qu’il a faits audit lieu des Tournelles, de l’ordonnance dudit Grollier.

     A Léonard Fontaine, maistre charpentier, la somme de 328 liv. 10 s., pour ouvrages de charpenterie qu’il a faits tant en la Bastidde Saint Anthoine que en son hoslel des Tournelles.

     A Mathurin Bon, serrurier, la somme de 220 liv. 2 s. 9 d., pour les ouvrages de serrurerie par luy faits à l’hostel des Tournelles, de l’ordonnance dudit sieur Grollier.

     A Claude Marchant, maistre couvreur, la somme de 829 liv. 6 s. 1 d., pour ouvrages de couverture par luy faits audit hostel des Tournelles.

     A Jean de la Hamée, maistre vitrier, la somme de 150 liv. 2 s. 11 d., à luy ordonnée par lesdits trésoriers de France, pour ouvrages de verrerie qu’il a faits audit hostel des Tournelles et à la chapelle de la Bastidde, avoir fait cinq panneaux
[p.83] de verre neuf mis en gros plomb, dedans lesquels panneaux est un crucifiement de Dieu et une image de nostre Dame, une image de saint Christophe, une Annonciation, une Nativité de nostre Seigneur, et les armoiries du Roy et de la Reyne avec leurs devises.

     A Jean Huet, maislre menuisier, la somme de 152 liv. 15s., à luy ordonnée par les trésoriers de France, pour ouvrages de menuiserie par luy faits audit hoslel des Tournelles et la Bastidde.

     A Eustache Jve, maistre maçon, et Mathurin Bon, serrurier, la somme de 178 liv. 6 s. 2 d., pour ouvrages de leur art par eux faits à la Bastidde.

     Somme des ouvrages faits aux Tournelles et à la Bastidde: 2,531 liv. 12 s. 1 d.

     Autres réparations faittes ausdits lieux des Tournelles et la Bastidde, à cause de la ruyne y advenue par le feu de l’astellier des poudres.

     A Eustache Jve, maistre maçon, et à plusieurs maneuvres, la somme de 407 liv. 17 s. 8 d., pour ouvrages de maçonnerie et remuement de terre qu’ils ont faits ausdits lieux.

LE PONT AUX CHANGEURS, SAINT MICHEL ET LE CHEVALLIER DU GUET.

     A Eustache Jve, maistre maçon, la somme de 140 liv. 7 s. 8 d.,pour ouvrages de maçonnerie par luy faits au pont aux Changeurs, de l’ordonnance dudit Seigneur.

     A Jean le Peuple, maistre charpentier, la somme de 3,856 liv. [p.84] 16 s. 10 d., pour ouvrages de charpenterie par luy faits au pont aux Changeurs, de l’ordonnance dudit Grollier.

     A Guillaume Evrard, serrurier, la somme de 172 liv. 10 s. 6 d., pour ouvrages de serrurerie qu’il a faits au pont aux Changeurs, de l’ordonnance dudit Grollier.

     A Bernard Simon, maistre paveur, la somme de 151 liv. 11 s. 9 d., pour les ouvrages de pavé qu’il a faits au pont aux Changeurs, Saint Michel et Chevallier du guet de nuict.

     Somme pour le pont aux Changeurs: 2,545 liv. 13 s. 7 d.

LE PONT SAINT MICHEL.

     A Jean le Peuple, maistre charpentier, la somme de 2,702 liv. 10 s. 6 d., pour les ouvrages de charpenterie qu’il a faits audit pont, de l’ordonnance du sieur Grollier.

LE PONT DE SAINT CLOUD.

     A Gilles Amiot, cordier, la somme de 68 liv. 15 s., à luy ordonnée par nosseigneurs des comptes, pour avoir par luy fourny un chable servant au bac ordonné à Saint Cloud.

     A Guillaume Guillain, maistre maçon, la somme de 600 liv., à luy ordonnée par nosseigneurs des comptes, pour ouvrages de maçonnerie qu’il a faits audit pont.

LE PONT DE SAINT MAUR.

     A Léonard Fontaine, maistre charpentier, la somme de 753 liv. 8 s., à luy ordonnée par lesdits sieurs des comptes, pour ouvrages de charpenterie par luy faits audit pont de Saint Maur. [p.85]

LE PONT DE GOURNAY.

     A maistre Jean de Lorme, maistre général des œuvres de maçonnerie par tout le royaume de France, et maistre Léonard Fontaine, maistre des œuvres de charpenterie, la somme de 750 liv,, à eux ordonnée par nosdits seigneurs des comptes, pour les ouvrages de leur art par eux faits audit pont de Gournay.

BOIS DE VINCENNES.

     A Léonard Fontaine, maistre charpentier, la somme de 197 liv., à luy ordonnée par le sieur Grollier, pour les ouvrages de charpenterie par luy faits audit bois de Vincennes.

     A Guillaume Evrard, serrurier, la somme de 87 liv. 1 s. 10 d., pour ouvrages de serrurerie par luy faits au bois de Vincennes.

FONTAINEBLEAU.

     A plusieurs personnes qui ont vacqué au jardin de Fontainebleau, à eux ordonnée par maistre Francisque de Primadicis de Boullongne, abbé de Saint Martin et surintendant des bastimens du Roy, la somme de 1,038 liv. 6 s. 6 d.

     Autre despence faitte par ledit Grand Remy, pour les réparations qui ont esté faittes au palais royal, vieil bastiment du Louvre , grand et petit Chastellet , hostel de Bourbon , la Bastidde Saint Anthoine, l’ hostel de Nesle, le chasteau du bois de Vincennes, Saint Germain en Laye le pont aux Changeurs.

     A plusieurs ouvriers, maçons, charpentiers, serruriers et couvreurs, et autres, la somme de 5,240 liv. 18 s. 2 d. [p.86]

     Autre despence faille pour le Roy en l’hostel de la Monnoye.

     A Eustache Jve, maistre maçon,, la somme de 800 liv , pour ouvrages de maçonnerie par luy faits en sa Monnoye.

     A Claude Marchant, maistre couvreur, la somme de 1 50 liv. , pour ouvrages de couverture qu’il a faits en la maison de la Monnoye.

     A Louise le Roy, femme de Michel Bourdin , maistre menuisier, la somme de 50 liv., pour ouvrages de menuiserie qu’il a faits à l’hostel de la Monnoye.

     A Pivot Belin, maistre charpentier, la somme de 200 liv., pour ouvrages de charpenterie qu’il a faits audit hostel de la Monnoye.

     Somme toute de la despence à l’hostel de la Monnoye: 1,200 liv.

     Autres deniers payez pour plusieurs bastimens du Roy.

     A Eustache Jve, maistre maçon, la somme de 600 liv., à luy ordonnée par ledit Grollier, pour ouvrages de maçonnerie par luy faits tant en son pallais que chasteau du Louvre.

     A Anthoine de Laulour, maistre des œuvres de couvertures, la somme de 670 liv. , à luy ordonnée par messieurs les trésoriers de France, pour ouvrages de couverture par luy faits au pallais royal, Bastidde Saint Anthoine.

     A Mathurin Bon, serrurier, la somme de 350 liv. pour ouvrages de serrurerie par luy faits en plusieurs endroits desdits chasteaux.

     A Jean le Glaneur et Nicolas du Puis, maistres maçons, la somme de 200 liv., pour ouvrages de maçonnerie par eux [p.87] faits tant au chasteau du bois de Vincennes que au chasteau de Beaulté, de l’ordonnance de nosseigneurs des comptes.

     A Michel Bourdin, menuisier, la somme de 400 liv., pour ouvrages de menuiserie qu’il a faits en plusieurs lieux.

     A Claude Marchant,maistre couvreur, la somme de 100 liv., pour ouvrages de couverture qu’il a faits ausdits lieux.

     Gages d’officiers.

     A maistre Estienne Grand Remy, trésorier des œuvres, édiffices et bastimens du Roy, la somme de 448 liv. 3 s., pour ses gages d’une année, un mois, 27 jours.

     Despence commune: 398 liv. 15 s.

     Somme totalle de la despence de ce compte: 22,816 liv. 5 s.

Bastimens du Roy pour une année commancée le premier Janvier 1562 et finie le dernier décembre 1563.

     Transcript de la coppie des lettres patentes du Roy, données à Roussillon en Dauphiné, le 21e de juillet 1564, par lesquelles et pour les causes y contenues ledit Seigneur a ordonné maistre Jean Durant, trésorier et payeur de ses œuvres, édifflces et bastimens, la somme de 440 liv. par an, par forme de pension, outre ses gages ordinaires, à commancer du pénultiesme de febvrier 1559, et pour les deniers extraordinaires qui luy ont esté, depuis le dernier de décembre 1562 et seront cy après par ledit Seigneur ordonnez pour employer à la [p.88] construction, réparations et entretenemens de ses bastimens nouveaux du Louvre, Fontainebleau et autres, vingt lieues à la ronde de Paris, et aussy ordonne ledit Seigneur que icelluy Durant puisse coucher et employer en la despence de ses comptes, à raison de trois deniers pour livre de la recepte qu’il fera des deniers extraordinaires, et ce, outre sesdits gages et pension, pour tous frais, peines et sallaires de luy et ses clercs, et toutes autres choses que pour raison de ce il pourroit prétendre et demander à l’advenir, de ladite coppie desquelles lettres la teneur ensuit:

     CHARLES, par la grâce de Dieu, Roy de France, à nos amez et féaux conseillers les gens de nos comptes à Paris, salut et dilection. Sur la requeste à nous présentée de la part de nostre cher et bien amé maistre Jean Durant, trésorier, clerc et payeur de nos œuvres, édiffices et bastimens, réparations et entretenement d’iceux, tendant à ce que, pour les causes y contenues, il nous pleust luy ordonner, outre ses gages anciens, appartenans à sondit office, qui ne sont que de 386 liv. 17 s. 6 d. par an, la somme de 1,800 liv, aussy par an, comme soulloient avoir maistres Bertrand le Picart et Symon Goille, naguerres trésoriers alternatifs desdits bastimens, depuis supprimez et adjoincts à sondit office, durant l’année de leur exercice, outre les taxations qui leurs estoient faittes pour le maniement et administration de leurs dites charges, ayant esgard à la petite taxe qui luy avoit esté faitte par vous en rendant par luy le compte par devant vous du fait et entremise de sondit office depuis son institution en icelluy, jusques au dernier de décembre 1562, en quoy sont compris environ six années pour tout ledit temps, laquelle taxe ne monte seullement que 3,020 liv. 10 s., combien que la recepte actuellement par luy faitte de deniers extraordinaires
[p.89] pendant ledit temps, tant pour noslre bastiment neuf du Louvre, à Paris, ceux de nos chasleaux et maisons de Fontainebleau, Saint Germain en Lave, Boullongne lès Paris, la Muette en ladite forest, bois de Vincennes, et pour les sépultures de nos prédécesseurs Roys, que pour les réparations qui ont esté faittes pandant ledit temps en nostre pont de Poissy, que aussy pour le payement des gages, nouritures et entretenemens de certains menuisiers et serruriers suisses que feu noslre très honoré Seigneur et Père le Roy Henry fait besongner pour son service en l’hostel de Reins à Paris, en l’an 1557, monte environ 235,000 liv., sans comprendre les deniers rendus et non receus qui montent à plus de 140,000 liv., pour lesquelles il n’a délaissé à faire plusieurs frais et sans comprendre aussy la recepte par luy faitte pendant ledit temps pour les réparations ordinaires qui ont esté faittes par les ordonnances du trésorier de France en la charge dudit Paris, en nos viels chasteaux, pallais et maisons estans dedans et près icelle nostre ville de Paris montent à 46,000 liv. ou environ, ayant aussy esgard par nous à la finance que ledit exposant auroit payée pour raison de sondit office, montant 3,300 escus soleil, assavoir: à nostre feu Seigneur et Père, 2,300 escus soleil, en le pourvoyant par luy dudit office, et 1,000 escus qu’il a depuis payé audit Picart en nostre acquit et suivant l’ordonnance du conseil privé de feu nostre très honoré Seigneur et Frère le Roy François, dernier déceddé, du 16e de novembre 1559, affîn que moyennant icelle somme de 1,800 liv., il peust supporter les frais qu’il est contraint ordinairement faire tant à la poursuitte de ses assignations, recouvrement des deniers d’icelles, port et voicture desdits deniers, sallaires, nouritures et entretenement de luy, ses clers et commis, que autres frais qui luy convient ordinairement faire pour cet efTet, ainsy qu’il est plus au long contenu par sadite requeste. par nous renvoyée aux intendans de nos finances. [p.90]

     Nous, après avoir ouy en nostre conseil privé leur rapport, avons, suivant leur advis et pour les mesmes causes y contenues, par meure délibération des gens de nostre conseil, ordonné et ordonnons par cesdites patentes audit Durant, par manière de pension, outre sesdits gages ordinaires, la somme de 440 liv. par an, et en ce faisant voulu et voulons que d’icelle il soit payé, outre la taxe de vous à luy failte depuis le pénultiesme de febvrier 1559, qu’il remboursa audit Picart lesdits 1,000 escus qu’il avoit fournis le pourvoyant de noslredit feu Seigneur et Père dudit office de trésorier desdits bastimens, comme il est apparu par certain extrait d’ordonnance sur ce faitte par le conseil privé de nostre Seigneur et Frère, au dos duquel est la quittance dudit Picart, desdits jour et an, signée de notaires, revenans pour deux ans dix mois eschus le dernier de décembre 1 562, à la somme de 1,246 liv. 12 sous 4 deniers. Vous mandant à cette cause, commandant et très expressément enjoignant icelle dite somme passer et allouer purement et simplement en la despence du compte d’icelluy Durant pour ladite année 1562, outre lesdites 3,020 liv., 10 s. à luy par vous taxez comme dit est, et sesdits gages ordinaires, ou bien icelle lui déduire ou rabattre sur ce qu’il nous peut debvoir à la fin dudit compte, et icelle somme de 440 liv. luy permettre de continuer et prendre, tant pour l’année 1563 que la présente et autres à venir, tant qu’il tiendra et exercera ledit office et fera lesdits payemens, et au regard des deniers extraordinaires qui luy ont esté, depuis le dernier jour de décembre 1562, et seront cy après par nous ordonnez pour employer à la construction, réparations et entretenemens de nosdits bastimens nouveaux du Louvre, Fontainebleau, Boullongne lès Paris, Saint Germain en Laye, la Muette, Villiers Costerets, bois de Vincennes, Saint Léger près Montfort l’Amaulry, Sénart près Yerre, les sépultures de nos prédécesseurs Roys et Reynes de France, et autres que
[p.91] nous faisons et pourons cy après faire construire et édiflier en quelque lieu et endroit que ce soit dedans et dehors de nostre dite ville de Paris, jusques à vingt lieues à la ronde, nous, ayant esgard aux taxes qui ont esté cy devant fait les ausdit Picart et Goille et leurs prédécesseurs en ladite charge pour chacun desdits lieux, lesquelles sont revenues à grosses sommes de deniers par an, avons aussy voulu et ordonné, voulons et ordonnons, et nous plaist que ledit Durant puisse coucher et employer en la despence des comptes qu’il rendra par devant vous à raison de 3 deniers pour chacune livre de la recepte, nous luy avons taxez et ordonnez, taxons et ordonnons par ces mesmes présentes signées de nostre main, outre cesdits gages ordinaires et pension, et ce, pour tous frais, peines et sallaires pour luy, ses clercs et commis, et toutes autres choses que pour raison de ce il pouroit prétendre et demander en l’advenir, et iceux 3 deniers pour livre, à quelque somme qu’ils puissent ou pouroient monter et revenir, vous les passez et allouez purement et simplement en la despence de sesdits comptes, et pareillement ladite pension de 440 liv. par chacun an, en rap[)ortant sesdites présentes à icelluy Durant, ou vidimus d’icelles deuement collationné à l’original par l’un de nos amez et féaux notaires et secrétaires pour la première fois seulement, car tel est nostre plaisir, nonobstant nos ordonnances par lesquelles est dit que toutes pensions seroient payez par le trésorier de nostre espargne et non par autres ausquelles et à quelsconques autres à ce contraires. Nous avons pour cet effet, et sans y préjudicier à autres choses, desrogé et desrogeons, et aux desrogatoires des desrogatoires par cesdites présentes. Donné à Roussillon en Dauphiné, le 21e de juillet 1564, et de nostre règne le 4e. Ainsy signé: Charles. Et plus bas: Par le Roy, en son conseil. De l’Aubespine; et scellé sur simple queue de cire jaulne. Et au dessous de ladite coppie est escript: Collation a esté faitte [p.92] à l’original par moy notaire et secrétaire du Roy, le 9e d’aoust 1564. Signé: Huault.

     Compte 7e de maistre Jean Durant, durant une année entière commancée le premier de janvier 1562 et finie le dernier de décembre 1563. etc.

 

2. Autres données sur Étienne Grand-Rémy: antécédents et suite de sa carrière


[Antécédents (1559)]

     [Tome 1, p. 384-292]


     Compte troisième de maistre Jean Durant, trésorier, clerc et payeur des œuvres, édiffices et bastimens du Roy, réparations et entretenemeiis d’iceux es villes, prévosté et viconté de Paris, ponts, cliaulsces, chemins pavez et autres lieux dépandans du domaine dudit Sieur esdites ville, prévosté et viconté en faveur et requeste duquel le feu Roy, dernier déceddé que Dieu absolve, par ses lettres patentes en forme de chartre, données à Villiers Costerels au mois de mars 1558, depuis autorisées par lettres patentes du Roy nostre Sire à présent régnant, données à Paris au mois de juillet ensuivant 1559, vériffiées et entherinées par Messieurs des comptes le 9e jour d’aoust audit an 1559, et par maistre Raoul Moreau, conseiller dudit sieur et trésorier de son espargne, le 21e de janvier ensuivant aussy audit 1559, auroit supprimé et aboly l’office de payeur alternatif desdites œuvres dont naguerres auroit esté pourveu maistre Nicolas de Meuller, moyennant ce que ledit Durant a remboursé icelluy de Meuller de la somme de 2,300 escus d’or soleil par luy fourny audit Sieur pour la composition dudit office alternatif et de laquelle ledit Sieur a voulu ledit Durant estre remboursé ces deux années prochaines sur les premiers et plus clairs deniers provenans des ventes ordinaires et extraordinaires des bois, glandée et paissons des forests dudit Sieur, estans es généralitez de Paris et Rouen, pendant lequel temps de remboursement et jusque à ce qu’il soit entièrement et actuellement fait, icelluy Durant jouira des gages accoustumez dont souloit jouir et user ledit de Meuller par concurance et au feur et raison que ledit remboursement luy sera actuellement fait ainsi qu’il est plus à plain contenu et déclarée es dites lettres patentes et expédition d’icelles transcriptes et rendues au commancement de ce présent compte. 
[p.385]

     Ces receptes et despences faittes par ledit maistre Jean Durant pour le fait desdites œuvres, édiffices et bastimens du Roy durant une année entière, commancé le premier jour de janvier 1558 et finie le dernier jour de décembre ensuivant:
[…] [p.392]] [...]

     Journées sallaires et vacations.
     A Estienne Grand Remy, clerc de lescriptoire des maistres des œuvres et jurez es offices de maçonnerie, et à Guillaume Guillain, aussy maistre des œuvres de maçonnerie, pour les vacations par eux faits tant à visiter, toiser et mesurer les ouvrages et réparations faits pour le Roy, la somme de 92 livres à eux ordonnée par lesdits trésoriers de France.
[…]

     [Tome 2, pp. 23-29]


     Compte quatrième de maistre Jean Durant, présent trésorier.

     Recepte des deniers ordonnez par le Roy audit maistre Jean Durant, présent trésorier, pour convertir au payement de la continuation du bastiment neuf que ledit Sieur fait faire en son chasteau du Louvre à Paris, durant l’année de ce présent compte.
[…] [p.25] […]  [p.29] […]

     Ouvrages de Natte.

     A Jean Meignan, maistre nattier, la somme de 14 liv. 17 sols 4 d. à luy ordonnée par lesdits trésoriers pour ouvrages de natte par luy faits au bois de Vincennes.

     Sallaires et vacations.

     A Léonard Fontaine, maistre charpentier, et à Estienne Grandremy, garde de la voirie, la somme de 29 liv. 14 sols à eux ordonnée par lesdits trésoriers pour leurs peines et sallaires d’avoir visité lesdits ouvrages.
[...]

[Suite de sa carrière (1566, 1568)]

     [Tome 2, p. 122-153]

    
[…] […] [p.122] […] Compte 10* de maistre Jean Durant, trésorier et payeur des œuvres, éditées et bastimens du Roy, durant le quartier de janvier, febvrier et mars 1566. […] [p.130] […] Autre despence faille par ledit Durant, des ordonnances de nosseigneurs des comptes. […]

     A Guillaume Guillain et Estienne Grand Remy, la somme de 68 liv. 13 s. 4 d., pour les vacations de la Visitation du pont de Poissy.
[…]

    
[p.145] […] Compte de maistre Jean Durant, trésorier et payeur des œuvres, édiffices et bastiment du Roy, durant l’année finie le dernier de décembre 1568[…] [p.146] […]

     Maçonnerie.
     A Estienne Grand Remy, maistre maçon, la somme de 160 liv., pour la construction et esrection de deux corps de garde que le Roy voullut et commanda lors estre bastis de nouveau et en diligence, près son chasteau du Louvre, pour la seureté de sa personne. […]  [p.148] […]
 
    
[…] [p.152] Compte particulier de maistre Jean Gazeran, commis par messieurs les trésoriers de France en l’absence de maistre Jean Durant, payeur des œuvres et bastimens du Roy, des recepte et despençe par ledit Gazeran faittes à cause de ladite somme de 2,200 liv. par luy receue de l’ordonnance desdits trésoriers par Jacques Huppeau, conseiller du Roy et receveur général de ses finances d’outre Scène et Yonne. […] [p.153] […] 

     Charpenterie.
     A Léonard Fontaine et Estienne Grand Remy, charpentiers, la somme de 635 liv., pour ouvrages de charpenterie par eux faits ausdits chasteaux.
[…]




 

BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     Léon, marquis de LABORDE, Les comptes des bâtiments du roi (1528-1571) suivis de documents inédits sur les châteaux royaux et les beaux-arts au XVIe siècle [2 volumes], Paris, Baur [«Société de l’histoire de l’art français»], 1880, tome 2, p, 72-92, la charte de Charles IX étant reproduite  pp. 73-74.

     
Bernard GINESTE [éd.], «Charles IX: Nomination d’un nouveau trésorier des chantiers royaux (Étampes, 19 septembre 1562)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-15620919grandremi.html, 2011.

Sur le XVIe siècle étampois

     COLLECTIF, «Le Seizième siècle étampois (documents mis en ligne par le Corpus Étampois)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-16esiecle.html, depuis 2008.


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