CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
Description du Château. 
Antiquitez d’Estampes I, 15
1668
     
Le donjon antique du chasteau Estemple (gravure de Claude de Châtillon, vers 1610)

Le donjon antique du chasteau Estemple (gravure de Claude de Châtillon, vers 1610)

     Nous donnons ici, en plus du texte original, une paraphrase explicative de cette description un peu technique. Il est à noter que Fleureau a placé cette description du château d’Étampes juste après avoir parlé de Robert II, parce qu’il pensait que c’est à lui qu’on en devait la construction. Mais nous savons maintenant qu’elle lui est bien postérieure, et qu’à l’époque de ce roi, ce qu’on appelait la place forte d’Étampes (castrum Stampense) était le centre-ville actuel lui-même, où le Donjon se dressait alors entre les églises Notre-Dame et Saint-Basile.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Premiere Partie, Chapitre XV,
pp. 24-25.
Description du Château.
 
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PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XV.
Description du Château.


     Le Château d’Estampes qui est au bout de la Ville du côté de Paris, situé sur une eminence dont il dominoit & la Ville & la Campagne, étoit autrefois environné de faussez à fond de cuve; on découvroit d’abord un gros pavillon de quatre toises de longueur, & de seize pieds & demy de large dans œuvre, qui luy servoit de porte & d’entrée; il y avoit trois grands corps de logis; l’un de neuf toises de long, & de quatre de large, jointe [sic] au rés de chaussée à une salle & à une Chapelle, dédiée à l’honneur de saint Laurent Martyr: Le second avoit treize toises & demie de longueur, & trois & demie de largeur: Et le troisiéme huit de long, & cinq de large, le tout dans œuvre, accompagnez de trois grands escaliers couverts en pavillon, & de plusieurs petits bâtimens pour le service & la commodité du lieu. Il y avoit en haut une belle galerie de douze toises de long sur deux de large dans œuvre, ayant ses veuës sur la Ville, & un escalier particulier pour y monter, & une plate forme au bout, qui avoit douze toises de long, & six & demie de large dans œuvre, garnie de gros murs en trois [p.25] sens tout autour, de six toises & demie de hauteur, & de six à sept pieds d’espaisseur, enfin il y avoit trois tourelles sur le devant avec des contrepilliers hors d’œuvre, pour contrebouter la masse des terres. Cette plate forme servoit de batterie pour la défense du Château: Et aussi pour voir avec plaisir la Ville, la prairie & la compagne voisine. Au milieu de tous les édifices étoit une tour [Lisez: une cour] de 21. toises de long sur 14. de large, dans laquelle étoit un puits de pierre de taille de 25. toises de profondeur & de quatre pieds de diametre couvert en pavillon: & tout auprès une grosse tour servant de donjon, faite en forme de rose à quatre feüilles de 40. toises de tour & de 20. de hauteur; les murs de douze pieds d’épaisseur, dans laquelle étoit un eschalier en forme de pied droit pour monter aux étages d’en-haut de cette Tour: au dessus de laquelle s’êlevoit une Tourelle qui servoit d’Eschauguette, ou Guerite pour decouvrir les avenuës, & les environs du Château. Il y avoit un puits dans le bas, qui montoit jusques au premier étage au dessus du rez de chaussée de la Cour. Tous ces édifices étoient couverts d’Ardoise & de Plomb, garnis de Roses, de Fleurons, & d’autres embelissemens: dont il ne reste aujourd’huy qu’une partie de la Tour ou Donjon, où les Vassaux du Duché d’Estampe vont rendre leurs Hommages.
Le château d'après Albert Mayeux (dessin de 1912)
   
 

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Le Château d'Etampes selon Léon Marquis (dessin de 1873)
Reconstitution proposée par Léon Marquis (1873)
PARAPHRASE EXPLICATIVE DE CETTE DESCRIPTION

     Nous donnons ci-après une version modernisée de ce texte en convertissant notamment les mensurations données par l’auteur au système métrique. La toise de Paris valait 1,949 mètre, et le pied six fois moins, c’est-à-dire 0,325 mètre. Nous portons de plus en marge l’explication de quelques termes employés par l’auteur.

Description du Château.

     Le château d’Étampes qui est au bout de la ville du côté de Paris, situé sur une éminence d’où il dominait et la ville et la campagne, était autrefois environné de fossés à fond de cuve.
     Fossé à fond de cuve, c’est-à-dire: fossé qui n’a point de talus.
     On découvrait d’abord un gros pavillon de 7,8 m de longueur et de 5,4 m de large dans œuvre, qui lui servait de porte et d’entrée.

    Il y avait trois grands corps de logis: l’un de 17,5 m de long et de 7,8 de large, joint au rez-de-chaussée à une salle et à une chapelle dédiée à l’honneur de saint Laurent martyr; le second avoit 26,3 m de longueur et 6,8 de largeur, et le troisième 15,6 de long et 9,7 de large, le tout dans œuvre, accompagnés de trois grands escaliers couverts en pavillon et de plusieurs petits bâtiments pour le service et la commodité du lieu.
     On le découvrait... en venant du centre-ville.
     Pavillon: primitivement, tout espèce de logement portatif de forme carrée ou ronde et terminé en pointe par en haut; par extension: tout espèce de petit bâtiment isolé en forme de tente ou autrement.
     Dans œuvre, c’est-à-dire: la mesure étant prise à l’intérieur du bâtiment.
    Il y avait en haut une belle galerie de 23,4 m de long sur 3,9 de large dans œuvre, ayant ses vues sur la ville, et un escalier particulier pour y monter, et une plate-forme au bout, qui avoit 23,4 m de long et 12,7 de large dans œuvre, garnie de gros murs en trois sens tout autour, de 12,7 de hauteur, et de 1,9 à 2,3 m d’épaisseur.
     Galerie: lieu couvert et propre à la promenade.
     Enfin il y avoit trois tourelles sur le devant avec des contre-piliers hors-d’œuvre, pour contrebouter la masse des terres.

     Cette plateforme servait de batterie pour la défense du château, et aussi pour voir avec plaisir la ville, la prairie et la compagne voisine.

     Au milieu de tous les édifices était une cour de 40,9 m de long sur 27,3 de large, dans laquelle étoit un puits de pierre de taille de 48,7 m de profondeur et de 1,3 m de diamètre, couvert en pavillon.
     Contre-pilier: mot ignoré de Littré, mais dont le sens est assez clair.
     Hors-d’œuvre: c’est-à-dire à l’extérieur du bâtiment proprement dit.
     Batterie: Lieu où l’artillerie est à couvert, en état de tirer et posée sur une plate-forme, derrière un parapet percé d’embrasures.
     Et tout auprès une grosse tour servant de donjon, faite en forme de rose à quatre feuilles de 78 m de tour et de 39 de hauteur. Les murs de 3,9 m d’épaisseur, dans laquelle était un escalier en forme de pied droit pour monter aux étages d’en-haut de cette tour, au dessus de laquelle s’élevait une tourelle qui servait d’échauguette, ou guérite, pour découvrir les avenues et les environs du château.

      Il y avait un puits dans le bas, qui montait jusqu’au premier étage au-dessus du rez-de-chaussée de la cour.
     Escalier en forme de pied droit. Il faut comprendre sans doute que la base de cet escalier ne lui était pas perpendiculaire, mais qu’elle formait plutôt une sorte de diagonale. 
     Échauguette: petite guérite en pierre contruite en saillie ou en encorbellement, soit au sommet d’une tour, ou près des portes de forteresses et donjons, soit aux angles des courtines.
     Avenue: chemin par lequel on arrive dans un lieu.
     Tous ces édifices étaient couverts d’ardoise et de plomb, garnis de roses, de fleurons et d’autres embellissements.

     Dont i
l ne reste aujourd’hui qu’une partie de la tour, ou donjon, où les vassaux du duché d’Étampes vont rendre leurs hommages.
     Rose: ornement en forme de rosace, qui se place au-dessous des plafond et des corniches, dans les intervalles qui séparent les modillons.
     Fleurons: petits ornements formés de fleurs ou de feuilles détachées.
   
B.G., octobre 2005


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 24-25. Saisie: Bernard Gineste, juillet 2004-octobre 2005.
  
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2005.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Description du Château (Les Antiquités d'Étampes I, 15, 1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b15.html, 2005.

Sur cette description et sur le Château d’Étampes en général

Bibliographie à venir.


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Explicit
   
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