CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 
Édouard Lefèvre
Sainville
1867
 
   
Le secteur de Vierville sur la carte de Cassini (1756)
Le secteur de Sainville sur la carte de Cassini de 1756.

     La commune de Sainville, qui se trouve aujourd’hui en Eure-et-Loir au canton d’Auneau, appartient historiquement au Grand Étampois. C’était depuis l’époque mérovingienne une possession des moines de Saint-Benoît-sur-Loire, avec d’autres lieux du secteur tels qu’Authon-la-plaine et la paroisse Saint-Pierre d’Étampes.
     Dès le XIe siècle nous voyons que les grands d’Étampes y étaient possessionnés, spécialement au hameau de Mantarville. Cependant les moines de Fleury réussirent à constituer de leurs possessions étampoises une châtellenie pratiquement indépendante du bailliage d’Étampes, qui fut rattachée, contre toute logique topographique, à celui d’Orléans, malgré les protestations des autorités étampoises qu’on enregistre encore en 1556 et 1583.
     Il est cependant impossible de faire l’histoire du pays d’Étampes sans y comprendre celle de ses franges et c’est pourquoi nous rééditons ici les consciencieuses recherches de Lefèvre, qui jettent un jour très intéressant sur l’histoire de ce secteur, même si, sur bien des points, elles demanderaient à être rafraîchies.
Je traduirai ultérieurement les chartes qu’il a été le premier à éditer.

     La réédition numérique des textes anciens est une tâche longue, fastidieuse et méritoire et il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.

B.G., septembre 2010
  
     Édouard Lefèvre, Documents historiques et statistiques sur les communes du canton d’Auneau, arrondissement de Chartres (Eure-et-Loir). Tome 1 (1867), pp. 187-260.
Sainville
   

     TABLE. SAINVILLE (ÉtymologieRestes antiquesavant 10801128 — 1150vers 115012271253 — 1553158317111670-1721 — 1777 — Fortification (1545)Recensement (1545)Plan du bourgÉgliseCloches) — MARIE POUSSEPIN (Communauté fondée par Marie Pousselin1697170417091717171817241732173817571781178317921811) — DÉMOGRAPHIE (statistiques) — HAMEAUX: 1) BOULONVILLE (étymologiearchéologie1113-1150) —2) LE CHÊNE (origine celtique13761543166716701685) — 3) MANTARVILLE (origine celtique111111131115112011231128113111501132122712311231 bis 12371237 bis123812501255134713531390150515431740) — 4) LE PETIT-SAINVILLE (léproserie)VARIA (occupation des solsregistres paroissiaux (anecdotes climatiques)hydrologie) — BIBLIOGRAPHIE.


SAINVILLE

     Le territoire de cette commune est limité par ceux des communes suivantes: au nord, Aunay-sous-Auneau, Garancières, Paray et Allainville (ces deux dernières de Seine-et-Oise); à l’est, Garancières, Oisonville et Sainte-Escobille cette dernière de Seine-et-Oise); au sud, Maisons, Létuin, Vierville; à l’ouest, Maisons et Aunay-sous-Auneau. Le centre nous a déjà offert de précieux souvenirs celtiques et gallo-romains; Sainville va aussi nous en fournir qui ne seront pas moins dignes d’intérêt.

     Cette localité porte dans les chartes du Moyen-Age les noms de Seenvilla, Saivilla, Segetis-Villa, Sainvilla. Nous ne dirons rien du mot villa sur lequel nous nous sommes déjà expliqué, mais nous appellerons l’attention sur les mots qui forment la première partie de ces noms. Nous y trouvons le mot sen, étymologie commune avec celles de Senantes et de Senonches, anciens sanctuaires druidiques*.

     En langue celtique, on appelait les Druides Senans, c’est-à-dire prophètes, devins. Les Druidesses qui habitaient la petite isle de Sena, aujourd’hui l’île de Sein, vis-à-vis Quimper-Corentin, étaient appelées par les Gaulois senes, d’où l’on peut conclure que la dénomination de Senantes, Locus de Senatis, signifiait la demeure des prophètes, des devins.

     * Toutes les considération étymologiques qui suivent sont totalement fantaisistes au regard des connaissances actuelles (B.G.)



     A tous les noms des Druides que l’histoire a fait passer jusqu’à nous, vient s’ajouter, dit Dom Martin (1), celui de Senani que porte un bas-relief d’autel gaulois trouvé dans des fouilles faites sous le chœur de Notre-Dame de Paris en 1711.
     (1) Traité de la religion des Gaulois, tom. Ier, p. 177 (an. 1727).
     «Pour avoir la vraie intelligence de ce mot, dit Sainte-Foix (2), il faut se souvenir que les Druidesses s’appelaient [p.188] senes, témoin les vierges de l’Isle de Sain dont Mela fait la peinture (1) et dont il nous a conservé le nom: Galli SENAS vacant.» On ne peut douter après cela que ces deux mots n’aient la même origine; et qu’il n’y a d’autre difference que celle qui est formée par le genre masculin et le genre féminin. Mais ce qui nous fournit de grandes lumières sur une matière si peu connue, c’est que parmi les Gymnosophistes il y avait une secte de Philosophes composée aussi bien de femmes que d’hommes, qui portoient le nom de Semnes, qui étoit celui de Senans ou de Senes des Gaules.

     Le mot sen dont les latins ont fait senior a, comme bien d’autres, changé d’acception avec le temps. Il ne signifiait dans l’origine que vieillard, et s’appliquait par induction aux hommes chargés de fonctions publiques, parce qu’ils étaient choisis parmi ceux dont l’âge et une longue expérience avaient mûri le jugement. De là vint chez les Romains le mot Senatus pour désigner l’assemblée des vieillards, dont les membres étaient appelés Patres ou Seniores. On sait de quels hommes en France est composé le Sénat. Chez les Germains, dont les Francs faisaient partie, les hommes les plus âgés formaient les Conseils des nations: ils se nommaient dans la langue teutonique, Eldermane et Alterman (les vieux hommes). Cette expression s’est conservée dans le mot anglais Alderman, qui sert à désigner les conseillers municipaux de la ville de Londres. [p.189]

     D’après ces citations, Sainville signifierait donc demeure des Druides? cette étymologie nous semble justifiée par les noms de deux de ses hameaux: Mantarville et le Chesne, dont nous parlerons plus loin et qui portent avec eux leur cachet d’antiquité. Si nous sommes réduits à des suppositions en ce qui concerne ces temps anciens, il n’en est pas le même pour l’époque gallo-romaine dont nous allons exhumer des représentants incontestables.

     (2) Essais sur Paris; tom. II, p. 61.

     (1) Pomponius Mêla, qui écrivait sous le règne de l’empereur Claude, rapporte que dans la petite isle de Sena, aujourd’hui l’île de Sein,vis-à-vis Quimper-Corentin, il y avoit un collège de Druidesses que lesGaulois appeloient Senes; qu’elles étoient au nombre de neuf; qu’elle gardoient une perpétuelle virginité; qu’elles rendoient des oracles, et qu’on croyoit qu’elles avoient le pouvoir de retenir les vents et d’exciter les tempestes. Les noms de Senans et de Senes étoient sans doute dérivés de Kener ou Caner, qui signifie en gallois et en breton prophétiser, prédire. — Essais sur Paris, par Sainte-Foix, tom. II. p. 61.
     C’est d’abord l’ancienne voie romaine, dite d’Ablis à Alaines, mais qui était celle de Paris à Blois; elle traverse le territoire de Sainville à l’ouest; elle est encore très-apparente et assez bien conservée.

     Aux environs de Sainville et particulièrement à droite et à gauche de l’ancien chemin de Sainville à Boulonville, on a rencontré des traces de substructions antiques; le sol renferme des tessons de poteries de diverses couleurs, des débris de tuiles creuses (imbrices), de tuiles plates à rebords (hamatæ tegulæ). On remarque les mêmes indices de substructions de chaque côté de l’antique voie romaine précitée, à partir de l’endroit où le chemin de Boulonville rencontre cette voie, jusqu’à celui où elle quitte le territoire du côté de Paray (Seine-et-Oise). En 1848, nous avons eu l’occasion de voir des traces de constructions antiques dans les parcelles, Section A n° 5, et section B n.os 601 et 885. Cette dernière présentait surtout l’aspect de bâtiments très-étendus: il y a été trouvé divers ustensiles, des cuillères en argent, ainsi que plusieurs monnaies en grand et moyen bronze des empereurs romains Auguste, Adrien, Antonin Pie, Marc-Aurèle et de Faustine jeune, objets qui ont été dispersés ou vendus. Nous glanerons encore d’autres souvenir au Chêne et à Boulonville (1).

     (1) Voir plus loin quelques détails historiques sur ces deux hameaux.
     Lorsque les restes de l’antique forêt des Carnutes eurent disparu sous les pas de la civilisation, suite de la conquête, [p.190] le nom gallo-romain Seenvilla fit place à celui de Segetis Villa, sans doute à cause de la fertilité du territoire essarté. Mais au XIIe siècle, on était revenu aux mots Saivilla et Sainvilla. C’est sous ce nom qu’un pouillé du diocèse, dressé vers 1250, mentionne la paroisse de Sainville avec le vocable de Saint-Pierre; la cure, à la collation des Bénédictins de Bonne-Nouvelle d’Orléans, avait déjà 140 paroissiens et valait 40 livres de revenu: elle faisait part du doyenné de Rochefort. — Un autre pouillé, publié en 1738, donne à Sainville 330 communiants; l’abbé de Saint Benoît-sur-Loire présentait à la cure qui dépendait toujours du doyenné de Rochefort et valait 1100 livres de revenu.

     Lors de l’organisation du département d’Eure-et-Loir en 1790, Sainville devint un chef-lieu de canton, dépendant du district de Janville et comprenant onze municipalités: Sainville, Aunay, Chapelle-d’Aunainville (la), Denonville Garancières-en-Beauce, Lestuin, Maisons, Morainville, Mondonville-Saint-Jean, Saint-Léger-des-Aubées, Santeuil.

     L’arrêté du 29 fructidor an IX (15 septembre 1801) induisit le nombre des cantons de 40 à 24, celui de Sainville fut supprimé, et les communes qui en dépendaient furent incorporées dans le canton d’Auneau.

     Néanmoins Sainville est encore le chef-lieu d’une perception comprenant onze communes: Sainville, Ardelu, Châtenay, Garancières, Léthuin, Maisons, Mondonville, Morainville, Oisonville, Orlu, Vierville.

     Ant. an. 1080. — Albert de Sainville «Albertum de Segetis-Villa» figure comme témoin dans une charte concernant les alleux donnés à l’abbaye de Saint-Père-en-Vallée par Guntard de Garancières (1).
     (1) Cart. de Saint-Père, p. 223.
     1128. — Pierre de Sainville, maçon «Petrus cementarius de Sainvilla» est cité comme témoin dans une charte que nous rapporterons à l’article de Mantarville. [p.191]

     1150. — Odeline,* maire de Sainville, Raoul son fils et sa fille Ermengarde donnèrent leur consentement à l’accord qui fut fait entre ledit Ascelin et les chanoines de Saint-Jean, au sujet de la terre des Aubers. Au nombre des témoins figurent: Raoul, curé de Sainville; Hubert de Mantarville (1); l’un des chanoines, Raoul de Sainville et Bernard de Boulonville (2).
     * Il semble que le typographe a oublié ici quelques mots: Odeline, femme d’Ascelin, maire de Sainville (B.G.)

     (1. 2) Hameaux de Sainville.
     «Notum fieri volumus tam futuris quam presentibus quatinus Odelina, uxor Ascelini majoris Sainville, et filius eorum Radulfus, filiaque Ermengardis concesserunt concordiam quam fecimus cum eodem Ascelino de terra Alberelh quam calumpniabant. Testes: Petrus prior; Hubertus de Ermentarvilla, canonici nostri; Paganus, presbiter de Bertholcort; Radulfus presbiter Sainville; Gualterius Alberti filius; Thomas de Auton; Guillelmus cognomine vitulus; Radulfus nepos ejus; Hermericus de Corberosa; Richerius; Bigotus ipsius filius; Richerius nepos ejusdem; Hubertus Chinellus; Gaufridus Beliardis filius; Gaufridus, famulus noster; Fulcherius filius Bernardi de Bolonis-Villa; Odo quondam famulus domini Huberti (3).»
     (3) Chart. Orig. Archiv. d’Eure-et-Loir; fonds Saint-Jean.
     V. 1150. — Ce fut à Sainville, dans la maison du maire Ascelin, que se réunirent Richer de Villiers (4) et Hubert, chanoine de Saint-Jean, pour terminer la contestation qui s’était élevée entre eux au sujet de la terre de Manterville. Au nombre des témoins figurent: Eudes de Nélu (5), Bernard de Boulonville (6), Bernard d’Adonville (7):

     «Apud Seienvillam in domo Ascelini majoris dum convenissent Hubertus canonicus, Richerius de Vilers, Guillelmus frater ejus, Teardus frater eorum, calumpniam quam faciebat de terra apud Armentarvillam, sacramento abjuravit. Istis videntibus et audientibus... [p.192] Odo de Nelluto, Bernardus de Bolunvilla, Bernardus de Adonvilla...»

     (4) Hameau de Béville-le-Comte.
     (5) Hameau d’Aunay-sous-Auneau.
     (6) Hameau de Sainville.
     (7) Hameau de Francourville.

     1227. — Désirée, dame de Sainville, veuve de Hénault chevalier, amortit un muid de terre à Mantarville, en faveur de l’abbé et du couvent de Saint-Jean (1).
     (1) Voir plus loin l’article de Mantarville.
     1553. — Au mois de mars de cette année, Miles d’Illier doyen du Chapitre de Chartres et évêque de Luçon, mourut à Sainville et fut inhumé le 23 dans l’église des Jacobins à Chartres:
     «Jovis 16 (martii 1553) Apud Sainvillam prefatus revérendus pater dominus Ludovicus, episcopus Carnotensis, postquam sibi pro certo constatatum fuit reverendum etiam patrem dominum Milonem d’Illiers, episcopum Lucionensem atque insignis ecclesiæ Carnotensis decanum, ab humanis decessisse... (
2
     (2) Mém. de Guill. Laisné, p. 289.
     1583. — Les abbés, religieux et couvent de Saint-Benoit-les-Fleury-sur-Loire, sieurs de Sainville, se font représenter à la rédaction des coutumes d’Orléans.
     Les manans et habitans de la châtellenie de Sainville s’y font représenter par maître Pierre Daniel, bailly de ladite châtellenie.

     1711. — Aveu rendu par la fabrique de Francourville: messire Miles Noël de Boisseley, seigneur de Sainville, Bergnaux, la Fosse-du-Phaye, les Vaux, Frainville et Ymerville en partie, capitaine général de la marine, commandant pour le Roy au pays Avranchin (
3).»
     (3) Tit. de la fab. de Francourville.
     1670-1721. — «Sainville, bourg appartenant à l’abbé de la Rivière. — Il n’y a point de justice; vont plaider à Authon (4).» [p.193]

     1777. — Un état dressé pour la perception des tailles dans les paroisses du département de l’élection de Chartres établit la situation de Sainville ainsi qu’il suit:
     «SAINVILLE, à six lieues du chef-lieu; — 114 feux; — 4,000 septiers de terre (80 perches au septier); — 100 arpens de bois; — 1 moulin à vent; — seigneur, M. l’abbé Pibrac.»
     (4) Village à 12 kilom. de Dourdan (Seine-et-Oise).
Fortifications de Sainville.

     En 1545, Sainville fut fortifié et enclos de murailles avec fossés, comme il appert de l’acte que nous allons rapporter et du plan qui y est joint. Cette pièce nous a été communiquée par le notaire de Sainville, et fait partie des minutes conservées dans son étude; elle a pour titre:

    COPIE du Procès-verbal et acte des habitans de Sainville-en-Beauce, pour la clôture du Bourg dudit Sainville. (La dernière année du règne de François Ier fut faitte cette clôture.)


     «L’an mil cinq cens quarante-cinq, le troisième jour de novembre, devant Pierre Chalopin, licentié ès loix, avocat et conseiller du Roy notre sire au Bailliage d’Orléans, ont été présentés par Me Jean Egros, procureur des manans et habitans du bourg de Sainville-en-Beauce, en la présence du commis du Greffier du Bailliage d’Orléans, les arrêts du Roy notre sire François premier, obtenues par lesdits habitans en date du mois d’octobre dernier, portant permission d’eux clore de fossez, murailles, portes, portaux, ponts-levis, barbaquannes, tours, tourelles et autres choses nécessaires à fortification de ville, ensemble certain appointement contenant la vérification et entérinement des dites Letres, en date du troisième jour dudit mois d’octobre, nous requérant par ledit Egros, au dit nom, que nous eussions à nous transporter sur ledit lieu et bourg de Sainville-en-Beauce, pour, suivant le dit appointement, procéder à l’exécution des dittes Letres; nous certifiant par le dit Egros et le commis du dit Greffier, avoir été à ce commis par M. le Lieutenant général du dit Bailliage pour urgente affaire survenue, à ce que [p.194] avons accepté, et à ce faisans sommes, le dit jour, partis de la ville d’Orléans accompagnés du commis du Greffier, et allez au gite au lieu d’Yenville.

     «Et le lendemain, quatrième jour du dit mois de novembre, sommes arrivez au dit lieu de Sainville en l’hostellerie où, pour enseigne, les trois Boys; en quel lieu et heure, en attendant une heure, avons fait appeller les habitans dudit Sainville, lesquels au dit jour et heure auroient assignation par devant Nous, à la requeste du dit Procureur des habitans de Sainville, par Jean Chambon, sergent royal au dit lieu comme il nous a verballement rapporté et vérifié.

     «Première assemblée. — Suivant laquelle assignation sont comparus par devant nous en leurs personnes: Etienne Boivin, Jehan Moynerie, Mathurin Binet, Macé Tourtillon, Pierre Tronchet, Jehan Macé, Jehan Chignon, la veuve Levesville, Jehan Cheramier, Jehan Baudin, M. Robert Blandin, Pierre Labbé, Guillaume Pasdard, Macé Pasquier, Antoine Olivier, Gaspard Gommier, Henry Baron, Jehan Bordet, Jehan Gaillard, Pierre Chevallerie, Jérôme Tronsard, Simon Chevallerie, Laurent Lambert, Jehan Baron, Mathurin Beaujeu, la veuve Menard, Bobinet Tourtillon, Marie Tourtillon, Pasquier Tronchot, Toussaint Tronsard, M. Pierre Mignon, la veuve Pierre Mignon, Laurent Menault, Denis Tronchot, Michel Pasquier, tous Manants et habitants du dit Sainville, et faisant la plus grande et saine partie d’iceux.
     «Aussy y sont comparus: maistre Jehan Cloussier, Monsieur Simon Chartier, au nom et comme procureur de Jacques Alleaume, Louis Martin, Marie Alleaume, femme de Sébastien Lebreton, en son nom, et comme procureur dudit Lebreton, son mari, et Katheraine David, veuve de feu Guillaume Lembert, ayeul maternel et ayant la garde et gouvernement de Jehan Ferry Michel, et Marie-Anne-Françoise et feu Ferry, frères et sœurs, enfants de deffunt Jeacques Alleaume et Marie Boillard, jadis sa femme, en leur vivant bourgeois d’Orléans; les dittes femmes authorizées en cette partie de leurs dits marys, ayant manoir et héritages assis au dit lieu de Sainville. Le dit Chartier, fondé de letres et procuration spéciale des dessusdits, passées par Nicolas Rousseau, notaire royal du Chatelet d’Orléans, le dit jour du dit mois de novembre; dont est apparu. [p.195]

     «Ausquels habitants dessus nommés avons, par le commis du dit Greffier, fait faire lecture des dites Letres et permission et du dit appointement de vérification, et à eux exposé verballement le contenu d’icelluy et enquis s’ils entendraient qu’on procédât à la lecture d’icelles Letres suivant le dit apointement de vérification, et que, pour ce faire, il convenait avoir gens experts, habiles en l’art de maçonneries, et autres gens qui par iceux habitans seroient élus d’entre eux, pour voir et conoître par quels lieux et endroits seroit plus expédient et comode de faire la ditte encloture et enceinte de ville, selon la plus grande comodité des dits habitans, à ce qu’avec eux puissions apposer bournes, marques, portes, porteaux, tours, tourelles, barbaquannes, et autres choses nécessaires à la ditte enceinte et fortification; lesquels nous ont tous dit d’une voix forte, et excepté les dits Clousiers et Chartier, qu’ils consentaient à estre par nous procédé à l’exécution des dites Letres et permission, don et octroi suivant icelles, et vérification.
     «Consentement des habitans de Sainville et contradictions. — Et pour ce faire, nous avons présenté: André Grandser de la paroisse du dit Sainville, Jean Dubois de la paroisse de Saint-Lubin-des-Champs, maçons, et Gille Chausé, pionnier, demeurant à Saint-Même, paroisse de Nisy, et pareillement Robinet Tourtillon, Etienne Boivin, Marie Tourtillon; les dits Tronchot, Macé Pasquier, Trousard et Mme Robert Blandin, habitans du dit Sainville, pour avec nous procéder, tant en leur place qu’absence, à voir et regarder les lieux, et endroits où il conviendra faire et prendre la ditte enceinte, portes et porteaux, et autres choses nécessaires. Et au regard des dits Chartier et Cloussier Chartier es dits noms, nous ont dit qu’ils consentaient la ditte encloture et enceinte être faites, mais que leurs intentions étaient que les héritages qu’ils possédoient au dit lieu et bourg de Sainville, c’est à sçavoir le dit Cloussier que sa maison en laquelle est à présent demeurant Pierre Troussard, pressoir, vuisson et clos de vigne, ainsy qu’il se poursuit et comporte, et le dit Chartier que le lieu appartenant aux dits Alleaumes, contenant en maison, grange, bergerie, toit et jardins, un arpent et demy ou environ, assis du côté du chemin d’Etampes, auquel lieu est demeurant Pierre Leroy, soient [p.196] mis dedans la ditte encloture, entièrement ou bien comodément, et sans y comprendre la ditte terre et dépendances laissés et mis hors d’icelle. Et aux regards des maçons et autres présentées, disent qu’ils n’y consentent ni discutent, mais protestent que la ditte ellection ne leur puisse préjudicier. Et pareille protestation a faite et ditte Antoine Olivier l’un des dits habitans, sans préjudicier; desquels alléguez et sauf voir plus amplement les dittes parties en procédant au fait de la dite encloture, avons prins sur ce le serment desdits dénommés en tel cas requis et accoutumé, et ordonné que présentement nous nous transporterons accompagnés des susdits, pour procéder à l’exécution des dittes Letres et vérification, et regarder et considérer avec eux les lieux plus comodes à faire la dite enceinte de ville, porte et porteaux, ponts-levis et barbaquannes, donnant assignation auxdits habitans de comparoir présentement, même aux dits Cloussier et Chartier et Olivier; suivant laquelle assignation nous sommes à l’instant transporté, accompagné des sus dits dénomés et plusieurs des dits habitans, et du commis du Greffier, qui nous ont mené auprès et joignant le cimetière de l’église dudit lieu, et les héritages feu Sablon, le grand chemin tendant dudit Sainville à Dourdan, outre le dit cimetière et les dits héritages.
     «En quel lieu par l’avis, délibération et consentement des dessus dits, avons ordonné pour la comodité et fortification, l’action de défense de laditte ville, les murailles, fossez, portes et porteaux, tours et Tourelles, barbaquannes et autres choses nécessaires pour encloture de ville, par la forme et manière qui en suit:

     «Premier portail: Porte de Paris. — Et premièrement avons ordonné être fait aux lieux et endroits dessus dits une porte appellée la Porte de Paris, laquelle aura de largeur dix pieds, et de hauteur douze pieds, et sera fait une chambre haute carrée dessus en laquelle y aura cheminée, et deux apentifs [sic] par bas aux deux côtés, en chacune desquelles y aura et sera pareillement fait une cheminée, et joignant la ditte porte de côté et d’autre, y sera fait deux tours et six barbaquannes en chacune d’ycelles, pour garder laditte porte de ville et faire le proffit des dits habitans. Et de la ditte porte traversant le dit des Sablons et des Tourtillons [p.197] seront et commenceront les fossez et murailles; laquelle muraille sera de deux pieds et demy de largeur, et de profondeur jusqu’à la bonne terre neuve, et de hauteur audessus des terres plattes de douze pieds: et laditte muraille faitte de pierre et de terre, hérisonnée de chaux, et le fossé de vingt-quatre pieds de largeur par le haut, et de profondeur de douze pieds ou environ. Le gés du quel fossé se fera dedans la ville, derrière la ditte muraille.

     «Tourelle Tourtillon. — Et suivront les fossez et murailles, jusques à la muraille de la cloture de la vigne de Pasquier Tronchot: en quel lieu avons fait metre une bourne et piquet: où icy à l’endroit dudit piquet, distant du pied droit de la dite porte de quarante-cinq toises ou environ, selon le mesurage qui en a été faict, se fera une tourelle qui sera appellée la Tourelle Tourtillon ronde, ayant six pieds de franc creux, de la hauteur de la muraille, et de deux pieds d’épaisseur, où y aura six barbaquannes, trois basses et trois hautes.

     «Tourelle Mignon. — Et de la ditte tourrelle, régnant la ditte muraille et fossés, selon ce que dessus, par la vigne du dit Tronchot à droite ligne tirant jusques au piquet que nous avons fait mettre en l’héritage de M. Pierre Mignon, prêtre, joignant la muraille et fossés de la vigne dudit Troussard, en quel lieu sera pareillement faicte une autre tourelle appellée la Tourelle Mignon, en la forme que dessus, distante de la précédente de quarante-cinq toises.

     «Tourelle Beaujeu. — Et de la dite tourelle régneront les dits fossés et murailles, passant et traversant par les ouches desdits Mignon, les Chaussier, Troussard, Jacques Gondrot, Jehan Moynerie et autres, jusqu’à un chaumier appartenant à Étienne Boivin; en quel lieu sera faicte pareille tourelle, de la forme que les précédentes, distante de la prochaine de cinquante toises ou environ, appellée la Tourelle Beaujeu.

     «1re Tourelle Alleaume. — Et de ladite tourelle Beaujeu régneront les dittes murailles et fossés ainsi que dessus, traversant par une autre vigne appartenante au dit Toussaint Troussard, jusque joignant le jardin des Alleaumes, et dedans une ruelle, en quel lieu sera faicte une autre tourelle, suivant l’advis des dits commis, de la forme dessus [p.198] dite, appellée la Tourelle Alleaume, distante de la ditte Tourelle Beaujeu de trente toises ou environ, et faisant la ditte Tourelle l’un des coins de la ditte ville.

     «En quel lieu sont comparus par devant nous les dits Cloussier et Chartier qui nous ont requis que n’eussions aucune chose ordonner plus outre, plus tost qu’ils fussent ouis, parce qu’ils étoient à l’endroit de leur héritage. Sur quoi avons dit et apointé que prendrons l’avis des dessus dit, sans quant à présent, aucune chose ordonner à leur égard, jusqu’à ce qu’ils soient ouïs à ce que plus facilement puissions entendre leurs deffences.

      «Porte d’Etampes. — Partant nous ont les sus dits menez jusqu’à une grande rue; en quel lieu ont été d’avis être fait une porte de pareille forme et façon que la porte de Paris. qui sera appellée la Porte d’Étampes.

     «Tour Vinet. — Et de la dite porte sont d’avis les susdit murailles et fossés régner, traversant par dedans les ousches de Maître Gervais Chaussier, des hoirs Muret, des hoirs Tourtillon et Vinet, et en icelle ousche Vinet estre faict une tour, qui sera appellée la Tour Vinet, de la forme dessusdites.

     «2e Tour Alleaume. — Et de la ditte Tour Vinet ont été d’avis aller et traverser les dittes murailles et fossez, la vigne Cloussier et coin de Garenne, tirant en l’héritage des dit Alleaumes, et y être faicte une autre tour comme la précédente, qui sera appellée la seconde tour Alleaume.
Plan de Sainville
Plan du bourg de Sainville
     «Et là pour ce que nous étions hors des héritages desdits Cloussier et Alleaumes, avons requis les dits Cloussier et Chartier ce qu’ils vouloient dire: lequel Chartier nous a dit que où nous voudrions ordonner la ditte tourrelle première Alleaume estre faicte au lieu ci-dessus désigné, le lieu, maison et métairie des dits Alleaumes ne seroient enclos dedans la ceinture de la ditte ville; combien qu’ils sont tout joignant la dite tourelle, et que ce sont un lieu bien bâti qui viendroit grandement au proffit de laditte ville, partant qu’il étoit comode et décent, pour le proffit d’icelle ville et circonvoisins, eu égard que les dits habitans veulent prendre partie de la ditte maison et jardin, y celui lieu estre enclos et l’aire la tourelle au bout des dites maisonages qui ne [p.199] peut être outre la ditte limite ci-dessus contenue d’environ vingt toises, et là à l’endroit de laditte rue estre faicte laditte porte d’Estampes, qui ne viendrait qu’à la distance des autres tourelles; et de là aller gagner la ditte Tour de Vinet; joint qu’il est seigneur de plusieurs places et héritages étant au dit lieu, même du four à ban, et que en ce faisant ni aurait aucune diformité, ains toute comodité pour la ditte encloture; offrant contribuer à son égard ainsy qu’il sera arbitré.

     «A quoy a été dit par le dit maître Jean Egros au dit nom de Procureur des dits habitans, si en comprenant le dit lieu des Alleaumes, y auroit une grande tarre, charge ou domage, et intérêt pour iceux habitans à faire la ditte enceinte, et comprendre les dites maisons, et qu’ils ne pourroient porter si grands frais, et aussy que le dit coin ne seroit si comode et si carré que le prendre à l’endroit dessus dit, et y auroit diformité. Et au regard dudit Cloussier, a dit qu’il est comode pour les dits habitans qu’entièrement son dit clos de vigne soit encloté avec celui desdits Alleaume, par ce qu’en faisant, s’il demeuroit quelques places vagues, pouroient estre bailliées à rente à gens qui y bâtiroient, et en faisant n’y auroit aucune difformité, requérant la ditte vigne estre enclose en la ditte enceinture, ofrant de sa part contribuer.

     «A quoy de la part des dits habitans par le dit Egros leur Procureur a été répliqué, qu’il n’avoit ordre faire la dite enceinte et pour prix de ville si avant, et comprendre la ditte vigne, parcequ’en ce faisant faudroit prendre grandes places vagues jusqu’à sept arpens et plus qu’il ne faudroit enclore, en closant la ditte vigne; chose qui viendroit à grand frais et moindre sureté pour la ditte ville.

      «Sur lesquels différens et avant que aucune chose ordonner sur yceux avons dit que trisage, visite, arbitrage particulier sera fait par les denommés commis, pour savoir quelle tarre il y peut avoir comprenant ledit lieu d’Alleaume particulièrement, ensembre quelle tarre incomodité ou diformité il y pourroit avoir, comprenant en la ditte enceinte lesdits clos de vigne dudit Clousier, eu égard à l’enceinte et piquet ci-dessus devisez et aposez par lesdits commis et aussy qu’icelles places vagues il y pourroit avoir dedans ledit devis d’enceinte. [p.200]

     «Pour ce eux ouis et impositions par nous faites sur la comodité ou incomodité donner tel appointement que de raison et ne autrement ordonné qui passerons outre, pouvoir et regarder encontre les lieux plus comodes pour la ditte fortification, attendu que lesdits commis nous ont certifié ainsy, aussy que nous avons pu connoitre et voir, que contre plus de laditte encloture et enceinte ne laissera à être enclos, soit que les dits lieux Alleaume et Gloussier y soient ou n’y soient point comprins, et aussi que lesdits Cloussier et Chartier ont déclaré n’avoir que dire que en contre plus ne faut procéder par nous.

Plan de Sainville
Plan du bourg de Sainville
     «Tour Pasquier. — Au moyen de quoy avons ordonné par l’advis et consentement des dessus dits, sans préjudice ce que dessus dit et droits desdits Glousiers et Alleaumes, que la ditte seconde Tour Alleaume, les dittes murailles et fossez, régneront traversant la vigne d’André Levesquau, tirant droit à un piquet que nous avons fait mettre dedans la vigne de Macé Pasquier; en quel lieu sera faitte une tour qui sera appelée la Tour Pasquier, de la forme des susdittes, distante de la précédente de cinquante toises.

     «Porte d’Orléans. — Et de la ditte tour régneront les dittes murailles et fossés, traversant en l’héritage des Troussards, Mathieu Pasquier, Jean Regneaut et du quel tirant droit à la rue d’Orléans et passant entre les maisons Ragueneaut et Antoine Olivier. A l’endroit de la quelle rue seront faites une porte et tour, de la forme que dessus, qui sera appelée la porte d’Orléans. Où icy est aparu le dit Olivier lequel a dit qu’il n’empêche pas que la ditte porte et tour soient faictes audit lieu, attendu que sa maison et héritage n’y étoient compris.

      «Tour des Gommiers. — Et de la ditte porte d’Orléans tirera la ditte muraille et fossés, traversant par l’ousche de Gaspard et de Jacques Gommier, jusqu’à une tourne et piquet mis dedans la ditte ousche; en quel lieu sera faicte une tour de la forme susditte, qui sera apelée la tour des Gommiers, distante de la porte d’Orléans de trente cinq toises ou environ, et faisant la ditte tour un des coins de la ville.

     «Tour de Guennée. — Et de laditte tour des Gommiers régnera laditte muraille et fossés, traversant les ousches [p.201] de Jean Bordet, Me Jean Egros et les hoirs de deffunt Robin de la Mothe, des hoirs de Mr Pierre Beaujeu et de Jean Guennée. En quel lieu et héritage du dit Guennée par la manière et façon dessus ditte, sera faite une tour, qui sera appelée la Tour de Guennée; par la manière et façon dessus dites; laquelle tour est distante de la précédente de soixante toises, et de là régneront lesdits fossés et murailles, traversant par dedans les ousches de la cure dudit Seinville, de Jérôme Troussard, et l’ousche des Drapiers, jusqu’au grand chemin de Chartres.

     «Porte de Chartres. — En quel lieu sera faicte une autre porte, en la forme dessus dite, qui sera appelée la porte de Chartres, et de laditte porte de Chartres régnera la ditte muraille et fossés, traversant par dedans une pièce de terre appartenante audit Clousier, jusqu’à un piquet mis en ycelle terre, distant de la ditte porte de vingt trois toises ou environ.

     «Tourelle Baron. — En quel lieu sera faitte une autre tour pareille que dessus; et de laditte tour traversant droit par dedans les ousches de Jehan Caron, Simon Gontard, Mathurin Beaujeu, vers le cimetière dudit Sainville, régneront lesdits fossés et murailles jusques à la ditte porte de Paris, on quel lieu a été commencée à faire la ditte enclôture et se conjoint audit lieu.

Plan de Sainville
Plan du bourg de Sainville
     «Seconde assemblée. — Et le lendemain cinquième jour dudit mois de novembre, an dit 1545, heure de sept heures attendant huit du matin, sont comparus par devant nous les dits Cloussier et Chartier, ensemble les dessus nommés Toussaint Troussard, Pierre Tronchot, Pasquier Tronchot, Robert Tronchot, Etienne Chausier, André Granser maçon, Jehan Dubois aussi maçon, et Gille Chaussey pionnier, avec lesquels nous sommes incontinent, suivant notre appointement donné cejourdhuy, transporté en et sur les lieux demeurez contentieux de la ditte encloture, pour le regard desdits Alleaume et Cloussier, et séparement fait regarder par lesdits maçons pionniers et autres dessus dits, pour le regard du dit Alleaume, si c’était la comodité de la ditte ville que laditte maison, grange et bergerie, et jardin fussent enclos en la ceinture de la ditte ville, et qu’ils fussent [p.202] à faire trisage de la terre et lieux vagues que le procureur des dits habitants maintenoit quil falloit délaisser, au cas que la ditte maison et choses susditte desdits Alleaumes fussent compris en laditte enceinte, et aussi quelle diformité il y auroit pour aller gagner la ditte tour Vinet. Lesquels après mesurage fait en la présence des susdits et dudit Chartier qui a protesté que ledit mesurage lui puisse nuire ni préjudicier, nous ont rapporté, juré, et affirmé que en comprenant la ditte métairie desdits Alleaume, la dite ceinture ne seroit en telle quadrature que si elle étoit faicte selon la délibération et devis ci-dessus faictes par eus, toutte fois que laditte mestairie pourroit estre enclose, attendu la proximité de la tour étant es jardins de ladite métairie, et que en ne faisant on comprendroit laditte mestairie et faudroit par ce faisant reculler laditte tour étant es jardins desdits Alleaume, de treize toises de largeur et de longueur pour la ceinture de laditte mestairie de de [sic] quarante toises ou environ, et de là sur la rue au bout de ladite maison, faudrait faire la porte appelée la porte d’Estampes; et d’icelle porte faudroit traverser l’ouche de M. Gervais Chaussier, des Murest, Tourtillon et Vinet, à l’endroit d’une petite brèche de muraille fraîche faicte à l’endroit d’un petit clos dudit Cloussier, et par ce faisant en l’ousche dudit Vinet, faudroit reculer la tour d’icelui Vinet de onze toises, et de la tour dudit Vinet traversant les clos et vigne dudit Cloussier, ensemble la garenne droit à ligne à la seconde tour Alleaume dessus contenue; et en ce faisant n’y auroit aucune difformité sinon que ce qui était en quadrature viendroit en pointe; mais bien y auroit intérest pour lesdits habitans ou autrement se feroit, lequel intérest lesdits Alleaume seraient tenus en tout événement payer eu égard à la première délibération au moyen de l’encloture, et aussi qu’il sera bien laissé environ demy arpent de terre vague es la ditte encloture, qui se peut bien monter de quatre vingt toises ou environ outre la présente délibération (1).
     (1) Il paraît par la disposition des fossés que les dits Alleaumes ont été écoutés.
     «Et au regard de la clôture requise par le dit Cloussier, ont [p.203] aussy dit et affirmé les dits commis, que la comprendre en la ditte encloture outre et pardessus le premier avis et devis ci-dessus posé, conviendroit enclore sept arpens de terre et davantage sans bâtiments, comprenant le dit closeau, qui seroit chose trop incommode et de trop difficile garde, eu égard aux autres places vagues qui sont dans la ditte enceinture, et qu’il faut nécessairement comprendre, et faudrait neuf seize vingt toises outre et pardessus le dit premier advis. Ce fait pour mieux éclaircir les débats des parties à ce regard, avons ordonné que mesurage sera fait les héritages vagues, cours, jardins, vignes étant dans le le devis par nous ce jourd’huy faict, non compris les maisons et héritages desdits Alleaumes et Cloussier, par les dits maçons et pionniers. Les quels nous ont depuis rapporté y en avoir vingt cinq arpens non compris ce que les dits Cloussier et Alleaume prétendent enclore, et la plus grande partie des dittes places vagues sur rue à bâtir; sur lequel diférend et pour le regard du Procureur desdits habitans Cloussier et Alleaumes avons renvoyé et renvoyons ycelles parties (1), par devant Mr le Bailly d’Orléans ou son Lieutenant à de demain prochain en huit jours à l’issus de son siége, en la salle du Roy, du Châtelet d’Orléans, pour notre présent procès-verbal à lui communiqué, être par lui ordonné ou donné aux dites parties (icelles oyes) tel appointemens que de raison.
     (1) Par la disposition des fossés, il paraît que Cloussier n’est pas venu à bout de ses prétentions.



     Troisième assemblée. — «Et ledit jour de relevée suivant l’assignation continuée par nous ce jour d’hier, sont comparus lesdits habitans, c’est à scavoir: Pierre Leroy, Etienne Boivin, Mathurin Vinet, Macé Tourtillon, Pierre Tronchot, Jean Macé, Jean Chignon, la Ve Leveville, Jehan Chevoyer, M. Robert Blandin, Pierre Chevoyer, M. l’abbé Guillaume Passilmot, Macé Pasquier, Gaspard Gommier, Henry Baron, Jehan Baron, Jehan Caillon, Pierre Chevallerie, Laurent Lambert, Simon Chevallerie, Mathurin Beaujeu, Pierre Chevallerie, la veuve Menard, Robinet Tourtillon, Marie Tourtillon, Pasquier Tronchot, Toussaint Troussard, Mre Pierre Mignon, Mathurin Troussard, Pasquier Mignon, la Ve Pierre [p.204] Mignon, Laurent Menault, Denis Tronchot et Michel Pasquier, habitants dudit Sainville; Jehan Guennée, Étienne Chaussier, faisant la plus grande et saine partie desdtits habitants. Ensemble lesdits Cloussier et Chartier lesquels ont protesté que ce qui sera fait par nous et les dessus dits ne leur puisse nuire ni préjudicier, auxquels dessus nommés et comparants avons exposé ce qui avoit par nous cejourd’huy été fait, et au surplus qu’il leur étoit besoin adviser entre eux la forme et manière de lever deniers sur eux, pour frayer à ce qui étoit nécessaire auxdites fortications, selon ledit Devis; sans toutte fois quand à présent y comprendre ce qui est demeuré en contention entre lesdits habitants Alleaumes et Cloussier, et après plusieurs remontrances à eux faites de lever deniers ou par cotes, ou par taille, ou par trisage, ou par estimation, nous avons dit, voulu et accordé, sauf lesdits Cloussier et Chartier qui ont protesté comme dessus, que le plus expédient qu’ils trouvent est que leurs héritages qui sont dans laditte ceinturv soient estimez et prisez par gens qu’ils dénomeront eu égard à la valleur desdits héritages, situation et assiette diceux, la demeurance et richesse de ceux qui sont demeurant audit lieu, soulageant les pauvres et chargeant les riches, et aussi eu égard à la comodité qu’ils en raportent, ou incomodité qu’ils en aportent, pour raison desdittes murailles et fossez. Et pour ce faire nous ont nommé Robert Hamon de Hattonville, Guillaume Delaunay, André Gaucher, Pierre Blote d’Hauton, Henry Carré de Maisons, Guion Amiet, Jehan Trefeille, Pierre Lembert de Chastenay, Olivier Dorange de Garancières ou quatre d’iceux appelez avec eux lesdits maçons, par lesquels ils veulent et consentent estre faites prisées de leurs héritages eu égard à ce que dessus, et selon laditte prisée, être faicte taxe par M. Bailly d’Orléans, M. le Lieutenant ou nous ainsy que de raison.

     «Et au regard des halles et marchés, ont iceux habitans délibéré estre faits sous le bon plaisir du Roy et de M. le Bailly d’Orléans, ou M. son Lieutenant au féru (1) d’icelle ville près la mare dudit lieu. [p.205]

     «Et pour recevoir les deniers ont élu Pierre Tronchot ici présent, duquel nous avons pris le serment en tel cas et accoutumé, partant avons enjoint audit Procureur desdits habitans de faire venir lesdits dénomez à demain heure de sept heures, attendant hui du matin, pour prêter serment par eux et faire estimation desdits héritages selon ce que dessus, en laquelle estimation et prisée seront compris, sans préjudice de leurs droits, lesdits héritages desdits Alleaumes, selon le dernier advis, ensemble l’héritage dudit Cloussier entièrement comprenant ladite vigne, selon que ledit Cloussier a requis laditte clôture; et autre prisée séparée se fera de l’héritage dudit Cloussier distrayant et défalquant laditte vigne, et selon ledit devis fait seulement et selon que le requert ledit Procureur des habitans.

     (1) Féru ou frou veut dire un lieu public.
     «Et ce fait, avons remontré auxdits habitans que laditte encloture était de grands frais et qu’il seroit expédient et équitable que les plus apparents, pour supporter les pauvres, cependant qu’ils feroient et trouveroient argent et aussy pour accélerer leurs dits ouvrages de faire quelques avances ou prets à iceux metre entre les mains de leurdit Receveur.

     «A quoy se sont présentés faire par nous interpellez, Tousssaint Troussard qui a ofert prester par manière d’avance la somme de cent écus d’or sol; — Pasquier Tronchot, cinquante écus; — Pierre Tronchot, cent écus; — Pierre Leroy, quatre cents écus; — Macé Pasquier, deux cents écus; — Jérome Troussard, cinquante écus; —Robinet Tourtillon, huit écus outre ce qu’il a déjà presté; — Macé Troussard, dix écus sols aussy outre ce qu’il a déjà presté.

     «Et outre ont tous les dessus dits habitans ci-dessus nommés, fors et excepté lesdits Cloussier et Chartier qui ont protesté comme dessus, voulu et accordé que pour l’accélération de leurs dits deniers et à ce que leurs dits deniers imparfaits ne fussent surprinses par leurs malveillans, qu’il soit prins par les habitans cy-dessus députez à faire faire laditte encloture, et recouvert deniers jusqu’à la somme de douze cents livres tournois et au-dessus, et pour icelle constitue rente et hipotéque rachetable sur leurs biens, ainsy qu’ils verront estre à faire. Lesquels habitans ont promis indampniser et rendre indampnez lesdits commis [p.206] de laditte rente, et payer les arrérages jusqu’à ce qu’ils ayent satisfait et payé leurs taux qui leur sera imposé. En quoy faisant s’est apparu Gaspard Gommier qui a maintenu à l’encontre de Toussaint Troussard, Pierre Tronchot, Jérôme Troussard et Etienne Chaussier à ce présent, avoir pour faire faire laditte encloture dont ils ont été: c’est à scavoir ledit Toussaint Troussard cent écus, Pierre Tronchot autres cent écus, Pasquier Tronchot soixante écus, Jérôme Troussard aussy soixante écus et ledit Chaussier soixante écus, sur quoy nous ont requis délay pour y repondre, ce que leur avons octroyé à demain huit jours, pardevant M. le Bailly d’Orléans ou son Lieutenant, pardevant lequel nous avons renvoyé à l’issue de son siège en la salle du Roy de Chatellet d’Orléans, et au surplus avons donné aux habitans assignation à demain heure de sept heures, attendant huit du matin, pour venir prêter le serment auxdits commis et faire les estimations si bon leur semble.

     «Ce fait, nous le dit Procureur des habitans, extraits et produits témoins qu’il nous a requis oyr et enquérir sur ce qui concerne les foires et marchés mentionnez en leurs dittes letres, suivant les vérifications d’icelles, ce que avons fait avec ledit commis dudit Greffier, ainsi qu’il est contenu en l’information à part et séparément fait ledit jourd’huy.

     Dernière assemblée. — «Et le lendemain, sixième jour dudit mois, sont comparus pardevant nous ledit Egros, lesdits commis et partie desdits habitans, lesquels nous ont présenté les dénommez cy-dessus pour faire lesdites estimations, c’est à sçavoir: Jean Trefeille, Guion Amiet, Henry Carré, Guillaume Delaunay, Pierre Blaté, André Gauchet et Jehan Dubois, auxquels avons remontré et fait faire lecture de la délibération et ellective desdits habitans, et ce fait prins et reçu le serment d’eux en tel cas requis, de procéder par eux à laditte estimation, selon laditte délibération, et icelle faite, nous en faire rapport; ce qu’ils ont fait ledit jour et d’icelle estimation nous ont fait rapport après Visitation et inquisition par eux faitte, selon laditte délibération desdits habitants; laquelle estimation ils ont jurée et affirmée contenir vérité; laditte estimation faite par eux en la forme et manière qui en suit des maisons et autres héritages compris dans l’enclosture et enceinte faitte [p.207] du lieu et bourg de Saintville-en-Beausse, eu esgard à la valeur desdits héritages, situation et deppendances d’iceux biens et richesses des habitans audit bourg et selon la commodité et incommodité que chacun d’eux pourra porter, ayant esgard es riches et pauvres:

     «Et premièrement l’héritage des Sainxards d’Orléans, joignant la Porte de Paris, avec partie d’ung autre héritage appelé le Vivier, que tient Hierosme Troussard, estimé
150 liv. tourn.
     «L’héritaige des Alleaumes d’Orléans en quel est demeurante la veufve Mesnard, avec ung autre héritaige près et joignant iceluy, appelé le fief de Villesard, enquel fief deppendent plusieurs vassaulx, mesme la métairie de la vallée de Johannet
600
Un manoir à Robinet Tourtillon
450
— à Marin Tourtillon
200
— à la veufve et hoirs Jehan Tourtillon
150
— à Pasquier Tronchot
100
— à Toussaint Troussard
2,000
— à M. Piere Mignon
500
— à Pasquier Mignon
100
— à Pierre et Robert les Tourtillons
80
— à la veufve et hoirs Pierre Mignon
100
— à Pierre Le Roy
150
— à Etienne Chaussier d’Orléans
600
— à Jehan Michel et à la veufve Jehan Simon
10
— aux hoirs de deffunct Boudart
60
— à Jehan Moyunerie [sic (Moynnerie)]
150
— aux enfans de Jacques Gendrot
10
— à Anthoine Gennée
20
— aux hoirs de feu Jehan Durand
80
— à Guillemette Beaujeu
50
— à Estienne Boyvin
20
Ung grand hostel à Macé Troussard
500
Ung manoir à Pierre Leroy
1,200
— à Gervaise Chaussier
400
— aux Minots
150
— à Macé Tourtillon et ses cohéritiers
80 [p.208]
— à Mathurin Vinet
30 liv. tourn.
— à Jehan Clouzier
2,250
— à Gilles Foucher
25
— aux enfans de Jacques Decroix, héritaige tenu par Jehan Chevoyer
350
— à la veufve et hoirs Raoul Macé
60
— à Macé Pasquier, pour son hostellerie où pend pour enseigne la Croix-Blanche
350
— à Jehan Chivot, pour son hostellerie en laquelle pend pour enseigne les Trois-Roys
550
— à Noël Cœur et Anthoine Mignon
150
— aux enfans Jehan Blandin
600
Le four à ban dudict Sainville appartenant aux Alleaumes
300
Un manoir à Pierre Tronchot
1,800
— à Mathurine Beaujeu
80
— à Jehan Chambin
40
— à Jehan Baron
60
— à Simon Gontard
35
— à Sylvestre Cajeau
5
— aux Drappiers
200
— à Hierosme Troussard
1,300
Le lieu presbiteral dudit Sainville, qui est une maison à demeurer, granche, court et jardin
200
Ung héritaige à Jacques Gilles
100
— à Estienne Olivier
250
— à Pierre Gennée
120
— aux hoirs M. Pierre Beaujeu
400
— à Jehan Gennée d’Orléans (1)
600
Une maison à la veufve et hoirs feu Guillaume Sebille
200
— à Jehan Caillou
120
Une portion de maison à la veufve Jehan Gobert
10 [p.209]
— à la veufve feu Guillaume Caillou
20 liv. tourn.
Une maison aux hoirs de feu Thomas Lahbé
80
— à Noël Heurtault
250
— à Phelippeaux
100
— à Hierosme Troussard
80
— aux hoirs feu Robin De la Motte
150
— à Denis Tronchot
80
— à Geoffroy Delaporte
40
— à Maistre Jehan Egros d’Orléans au lieu de Claude Delaporte
150
— à Jehan Bardet
120
— à Henry Baron
120
— à Gaspard et Jacques les Gommiers
150
— à Jehan Racault
40
— à Mathieu Pasquier
60
— aux hoirs feu Gervaise Duguay
50
— aux hoirs feu Philippe Pasquier
120
— à Michel Pasquier
30
— à Collas Dubut
20
— à Massot Pasquier
400
— à André Levesqueau
60
— à Guillaume Drimaffin
60
— à Pierre Levesqueau
60
— à Pierre Golu
100
— à Guillaume Passedart
40
— à Pierre Labbé
50
— à Jehan Chignon
120
La veufve Menault estime [sic (, estimé)] son terrain et demeure à
30
Macé Troussard à
50
Jehan Camart à
12
Estienne Trumeau à
6
Pierre Tourtillon à
2
Noël Lebart à
5
Simon Chevallier à
3
Jehan de Paris à
2
Pierre Chevalier à
10
La veufve feu Pierre Leroy à
6
Jehan Darian à
10
La veufve Jacquet et son gendre à
1 [p.210]
Jehan Greslon à
10 sols
Guillaume Greslon à
5 liv.
Toussaint Tourtillon à
5 sols
La veufve Framon à
5 sols
La veufve Menard à
1 liv.
La veufve Carré à
5 sols
Simon Seignaut à
5 sols
Estienne Verteuille à
1 liv.
Guillaume Jousse à
1 liv.
Guillaume Gaudin à
1 liv.
Jehan Bremean à
1 liv.
Jehan Person à
1 liv.
Mathurin Tourtillon à
15 liv.
Guillaume Tourtillon
à 20 liv.
Vincent Paris à
200 liv.
          TOTAL
20,659 liv. 10 sols.
 
     (1) Note marginale: «Icy se trouve le jardin de la Communauté où est la tourelle Gennée.»


     «Et laquelle estimation rapportée et affermée comme dessus, nous ont requis lesdits procureur et habitans leur permettre et ordonner estre sur eulx levée certaine somme de deniers au sol la livre selon laditte taxe pour l’enceinte et enclosture que dessus ou pour ce faire estre renvoyez pardevant monseigneur le bailly d’Orléans ou son lieutenant, ce que nous avons fait, et continué laditte requeste pardevant luy au jour du vendredy prochain issue de son siége où lesdits habitans rapporteront combien de toises contiendront lesdites murailles et foussez, et que pourront par estimation couster lesdites murailles, foussez, portes, porteaulx, tours, tourelles et enclosture susdites à ce que plus facillement leur puisse estre pourvu sur laditte requeste.

     Fait les an, jours et en la forme et manière susdits. Signé: DELAPLACE, commis, pour le greffier.

     Un acte de 1732, que nous rapporterons à l’article de la communauté des Sœurs de Sainville, constate que dès cette époque, les fortifications de ce bourg n’existaient plus et qu’une partie des fossés avait déjà été rendue aux propriétaires riverains; l’emplacement de ces fossés est encore aujourd’hui très-apparent dans certains endroits. [p.211]


 PLAN DU BOURG DE SAINVILLE

Plan de Sainville

     Légende du plan: A. Porte de Paris. —  B. Porte d’Étampes. —  C. Porte d’Orléans. [p.212]. — D. Porte de Chartres. — O. O. Place des anciens fossés aujourd’hui comblés.  — N°1. Tourelle Tourtillon. — N°2. Tourelle Mignon. — N°3. Tourelle Beaujeu. — N°4. 1re Tour Alleaume. — N°5. Tour Vinet. — N°6. 2e Tour Alleaume.— N°7. Tour Pasquier. — N°8. Tour des Gommiers. — N°9. Tour de Guennée. — N°10. Tour sans nom. — N°11. Eglise avec son enclôture dite le Fort. — N°12. Puits communal sur la Place. — N°13. Chemin de Chartres à Étampes. — N°14. Chemin de Garancières. — N°15. Chemin de Léthuin. — N°16. Chemin de Manterville. Les lignes pointillées indiquent la place où étaient les ancienne murailles.

Plan de Sainville


      ÉGLISE. — Cet édifice, placé sous l’invocation de Saint-Pierre, est couvert en tuiles, et construit en moellons avec baies, angles, corniches, arêtes des pignons et contreforts en pierre de taille: il est borné à l’ouest par le chemin de grande communication n° 7; au sud, par la place publique; à l’est par des bâtiments particuliers, et au nord par une cour. Son ensemble, de forme rectangulaire, a 30 m 60 de long sur 12 m 90 de large. Il comprend: une nef principale, à la suite de laquelle se trouve le chœur, puis, à droite, la sacristie et une nef collatérale, qui aune chapelle à son extrémité est. Vers le milieu de cette nef s’élève la tour du clocher dont la hauteur totale est de 21 m 50, y compris le toit qui la couvre.

     L’église de Sainville est curieuse à étudier, à cause des époques architecturales qui la caractérisent. La tour, ainsi que le chœur et les trois premières travées de la grande nef, sont du style roman de transition de la fin du XIIe siècle; le reste de la grande nef et les collatéraux [p.213] paraissent ne dater que du XVe siècle; la rosace qui est au-dessus de la porte d’entrée principale est certainement de cette époque. Cette porte, précédée d’un perron de trois marches, est garnie de moulures qui se répètent à la jolie rosace placée au-dessus, et où l’on remarque quelques restes de vitraux coloriés. A l’angle sud de la grande nef se trouve l’entrée ordinaire de l’église, précédée d’un petit porche.

     L’intérieur est éclairé par quatorze fenêtres, dont sept au sud, y compris celle de la sacristie, cinq au nord et deux à l’est; elles sont ogivales et les vitraux en verre ordinaire posé en lozanges sur châssis de plomb: quelques-unes ont, aux angles des lozanges, des verres de couleur formant des lignes diagonales de croix ou d’étoiles.


     L’inventaire du Trésor de l’église de Sainville, dressé en 1790, mentionne deux cloches pesant 2,500 livres; voici les inscriptions qu’elles portent:
     Sur la petite cloche on lit:
     «Besneit soit le Seigneur, Dieu d’Israël, car il a visité et fait la rédemption de son peuple.»
     La grosse cloche date de 1549, comme le constate ce quatrain qu’on y a gravé:
Fondu fûmes tout de neuf.
De Sainville suis le patron.
De Saint-Pierre porte le nom.
L’an mil Vc XLIX.

     «Estienne Hardet — Mathurin Guenet — Jacques Menault, gagiers.»

     En 1821, la fabrique de Sainville fit fondre une troisième cloche, appelée la Moyenne, sur laquelle on lit:
     «L’an 1821, j’ai été baptisée par M. Constantin Hardy, curé de Sainville, et nommée… [p.214]
     «En présence de M. Jacques Dramard, maire de la ce de Sainville.
     «MM. Jacques Alexis Boutroue, président de la fabrique et Denis Marin Lambert.»


     L’église était autrefois entourée d’une enceinte de murs très-épais; leur emplacement porte encore aujourd’hui le nom de fort que mentionne notre plan de 1776.

     La fabrique de l’église de Sainville possédait divers biens et héritages que nous fait connaître une déclaration rendue en 1692 par messire Gabriel de Billy, prêtre-curé de cette paroisse; savoir:

     «Le lieu presbytéral dudit Sainville, consistant en deux espaces de logis où il y a cheminée, chambre et quatre cabinets, planchez de solives, couverture de thuiles, cave dessous, grange, cour entre les dits bâtiments, jardin derrière, clos à murs, tenant d’une part au sieur de Senainville (1), d’autre part à Loys Poussepin, d’un bout sur le rampart de Sainville, et d’autre bout la rue dudit lieu.

     (1) Hameau de Coltainville.
     «Plus, 33 minots de blé, mesure d’Auneau, dus à luy chacun an, pour son gros, par monsieur l’abbé de Saint-Benoist-les-Fleury-sur-Loire, seigneur dudit Sainville, pour les dixmes du terroir dud. Sainville et de Manterville, paroisse dud. lieu;
     «Item, les grosses dixmes des terroirs de Boulonville et Chesne, paroisse dud. Sainville, qui peuvent valoir 25 septiers de bled métail et menus grains autant;
     «Item, 25 septiers de terre labourable assise tant au terroir dudit Sainville que Manterville, en plusieurs pièces, chargez de 25 messes basses par an et 6 services solemnels; en outre de 99 livres de décimes par an dues par luy et 298 livres 16 solz 2 deniers pour les dites terres de la cure (2).» [p.215]
     (2) Tit. de la fab. de Sainville.
     «En 1695, ces diverses terres étaient affermées par la fabrique de Sainville, suivant un bail passé devant Gilles, notaire tabellion royal et garde-nottes ès chastellennies d’Othon, le Plessis-Saint-Benoist, Sainville et celle de Boulonville, Orsonville, Poissacq, Verouville, Monvilliers, Gouillons, Mondonville-la-Saint-Jean, Edville, Léthuin et autres lieux, leurs branches et circonstances et dépendances et ès environs au bailliage, duché et chastellet d’Orléans (1).»
     (1) Tit. de la fab. de Sainville.

L'église de Sainville (carte postale Bougardier)

Communauté des sœurs de Sainville.

     Au XVIIe siècle plusieurs saintes filles qui avaient pour but, dans l’origine, la vie solitaire, la prière et le travail, vivaient réunies à Sainville.

     En 1696, une pieuse dame nommée Marie Poussepin, originaire de Dourdan, qui comptait déjà plusieurs membres de sa famille à Sainville (2), étant venue se fixer dans cette paroisse, conçut le projet d’y créer un établissement destiné à l’éducation des filles indigentes et au secours des malades. A cet effet, elle fit diverses donations et acquisitions que nous allons rapporter:

     (2) Les registres de l’état civil de Sainville contiennent cette mention: «1671. — Du 3me May a esté baptisé Estienne fils du légitime mariage de Estienne Poussepin, et de Tècle Bourgeois, ses père et mère. Le parrain a esté Estienne Bourgeois qui a donné le nom; la marraine Louise Poussepin. «Signé: Joucquet — Louise Poussepin.»
     Le premier acte a pour titre:

     «Cession d’une maison à Sainville par Marie Poussepin, à la Communauté des sœurs de Sainville — 13 novembre 1697:


     «A tous ceux qui ces présentes lettres verront, le baillif d’Orléans, conseiller du Roy en ses conseils et de Monseigneur le duc d’Orléans, juge des Exemptions ou cas royaux, conservateur des privilèges royaux de l’Université dudit [p.216] lieu, salut: Sçavoir faisons que pardevant Estienne Gilles, notaire, tabellion royal et garde-nottes en la chastellenie d’Othon, du Plessis-Saint-Benoist, Sainville, Boulonville et autres lieux en dépendans, bailliage et duché d’Orléans, fut présente en sa personne honneste fille dame Marie Poussepin, fille de soy, demeurante à Sainville, laquelle voulant former une communauté du Tiers-Ordre de Sainct-Dominique pour l’utilité de la paroisse, pour instruire la jeunesse et servir les pauvres malades de la paroisse dudit Sainville, a donné et donne par ces présentes pour ces causes entre vifs, irrévocables pour toujours, pour ladite communauté de filles estre formée et établie en ce lieu, un héritage assis audit Sainville, se consistant en deux chambres à feu, plancheiez et solivez, cave dessous, grenier dessus, grange au bout de la cour, avec un cabinet sur le devant de la rue dudit Sainville, la maison couverte de thuiles et le reste de chaumes, cour entre lesdits bastimens, tenant d’une part à Louis Philémon Troisvallets, à cause de Françoise Texier sa femme, d’autre part à … Guysenet, à cause de … Texier, sa femme, d’un bout sur le clos de vignes cy après déclaré, et d’autre bout sur la rue dudit Sainville ditte Porte d’Orléans.
     «Item, un clos de vignes, au bout dudit lieu cy dessus, tenant d’une part à Marin Lambert, d’autre part audit Guysenet, d’un bout sur le rampart dudit Sainville, et d’autre bout sur le jardin et cour dudit lieu cy-dessus.
     «Comme aussy donne et délaisse laditte donatrice aux susdittes sœurs ce acceptantes tous et chacuns les meubles et ustenciles d’hostel qui sont et se trouveront audit lieu cy dessus donné, de quelque nature et valeur qu’ils puissent estre au jour de son décedz, pour par elles en faire et disposer par leur ditte communauté, ainsy qu’elles adviseront bon estre pour leur entretien, aiusy qu’il est cy-devant déclaré, sans qu’elles puissent s’approprier rien en particulier ainsy que ce que dessus baillé se poursuit et comporte, sans en rien réserver ni retenir, sinon l’usufruit que laditte [p.217] donatrice s’est réservé et réserve par ces présentes, sa vie durante, ny y accroître, diminuer ni parfaire: appartenants à la dicte donatrice au moyen de l’acquisition qu’elle en a faicte cy-devant dudit Louis Philémon Troisvallets et sa femme, par contract passé par devant Denys Chardon, notaire royal à Dourdan, le.... jour d’aoust mil six cens quatre-vingt seize, moyennant la somme de quatre cens livres, et pour les meubles et ustanciles d’hôtel cy-après déclarés, moyennant cent cinquante livres. Tenus en censive de Monseigneur le chevallier de Lorraine, abbé de Saint-Benoist-le-Fleury-sur-Loire, seigneur dudit Sainville, et chargez envers luy de tels cens et droits seigneuriaux que peuvent devoir lesdits héritages, que laditte donatrice à laquelle a été remontrée l’ordonnance n’a pu dire ny déclarer au vray, de ce requise et interpellée par ledit notaire suivant l’ordonnance.
     «Cette donation faite en considération des filles qui sont et seront assemblez dans ladicte maison et héritages aux fins susdittes, pour y avoir lieu à toujours, à condition qu’en cas qu’icelles filles fussent inquiétées à l’advenir tant par les frères ou parents de laditte Poussepin qu’autres particuliers au sujet de laditte donation et fondation, elle supplie très humblement Monseigneur l’évêque de Chartres ou ses successeurs à l’advenir d’accepter la donation cy dessus pour estre employée à l’entretien d’une maîtresse d’échole et autres filles comme il est cy dessus dit, pour servir les malades de la paroisse dudit Sainville. Laquelle donation a esté acceptée tant par laditte dame Poussepin fondatrice et donatrice, que par Noëlle Mesnard, sœur novice, ditte sœur Marie, du Tiers ordre de Saint-Dominique à ce présentes et acceptantes tant pour elles que pour les autres sœurs qui sont et seront assemblées dans laditte maison du consentement et par la permission de leurs supérieurs, au proffit desquelles elle s’en est dès à présent désaisye et dévestue et les a saisies et vestues, voulante et consentante qu’elles en prennent la possession et saisine réelle et actuelle, tant [p.218] en sa présence qu’absence, tout ainsy que sy présente en personne elle y estoit, et les a mises et subrogées en son lieu et place pour lesdittes filles en faire et disposer comme de leur propre chose en bon droit acquis. Cette fondation et donation cy-dessus sujette à insinuation dans les quatre mois, suivant l’ordonnance et la coutume du bailliage dudit Orléans, au dedans du ressort de laquelle lesdits lieux et chastellenyes sont assises et scituées, à peine de nullité. Car ainsy a esté le tout dit, convenu et accordé entre ladite fondatrice et donatrice et lesdites filles et communauté susdites, par les charges, clauses et conditions cy-dessus déclarées, sans lesquelles ces présentes n’auroient esté faites, passées ou arrestées. — Promettant de n’aller ny venir à toujours contre le contenu en ces présentes, ains de les avoir et tenir à toujours pour agréables, fermes et stables sans jamais y contrevenir, sous l’obligation, submission et hypothèque de tous et chacun leurs biens meubles et immeubles de la dite communauté et ceux d’icelle donatrice et fondatrice, qu’elles en ont pour ce submis à la justice, jurisdiction et contrainte du Roy noslre Sire et de Monseigneur le duc d’Orléans en leur duché, bailliage et chastellet d’Orléans et à toutes autres justices et jurisdictions où trouvez seront. — Renonçans à toutes choses à ce contraires.

Portrait de Marie Poussepin
     Marie Poussepin, née le 14 octobre 1653 à  Dourdan, morte le 24 janvier 1744 à Sainville, fondatrice de la congrégation des Sœurs dominicaines de la présentation de Tours, béatifiée par le pape Jean-Paul II en 1994.
     «Donné en tesmoing de ce souz le scel aux contracts desdits duché, bailliage et chastellet d’Orléans. Ce fut fait, passé et arresté après midy, au lieu presbytéral dudit Sainville, ès présence de Révérend Père frère Françoys Mespolié, de l’ordre des Frères Prescheurs, de l’ordre de Saint-Dominique, du noviciat de Paris, estant de présent en ce lieu, et de vénérable et discrette personne Messire Gabriel Debilly, prêtre-curé de Sainville, et de Pierre Gigou, manouvrier, demeurant audit lieu, tesmoings qui ont signé en la minute des présentes, avec ladilte fondatrice et donatrice et avec la ditte sœur, Marie Mesnard, acceptante, et ledit notaire, le mercredi treiziesme jour de novembre mil six cens quatre vingt dix sept. [p.219]
     «Et en marge de laditte minutte est écrit: Controllé et registré au 4e volume, à Ouarville le dix neuf novembre mil six cens quatre vingt dix sept, signé Périer avec paraphe; receu vingt six sols — Comme aussi en la marge du dernier roolle d’icelle minute est écrit: scellé à Ouarville le dix neufviesme novembre mil six cent quatre vingt dix sept; signé Périer avec paraphe; treize sols receus. — Signé: Gilles, notaire.
     «Aujourd’hui lundy vingtiesme jour de janvier mil six cent quatre vingt dix huit, en l’audience tenue au chastellet d’Orléans par moy Gabriel Curault, conseiller du Roy, président, ancien et lieutenant général au bailliage et siège présidial d’Orléans, assisté des conseillers magistrats èsdiz siéges, le présent et contract de fondation et donation a esté par nostre greffier leu et publié à haute et intelligible voix et insignué à ce que nul n’en ignore, dont nous avons octroyé acte à maistre Jacques Amyot, procureur au chastellet d’Orléans, à ce présent et requérant et acceptant, comme porteur dudit contract et procureur des parties y dénommées, et ordonné icelluy estre registré en nostre greffe pour y avoir recours quand besoin sera, servir et valloir aux dites parties en temps et lieux ce que de raison. Donné par nous lieutenant-général susdit, assisté comme dessus, lesdits jour et an. A esté enregistrement fait et le contrat rendu. — Signé: Fougeron, greffier (1).»

     (1) Orig. aux arch. d’Eure-et-Loir.
     En 1704, Marie Poussepin réunit aux héritages ci-dessus déclarés, une petite maison couverte de chaume, consistant en une chambre basse avec grenier dessus, cave dessous, et une petite grange, cour devant et jardin derrière, qu’elle acheta de Jacques Guisnet, marchand mercier, demeurant à Mérobert (2), moyennant le prix principal de 340 livres... ledit héritage tenant d’un bout par le jardin et ousche [p.220] sur les murailles dudit lieu de Sainville, et d’autre bout sur la rue d’Orléans...»
     (2) Hameau de la com. de Saint-Georges-sur-Eure.
     En 1709, nous voyons «Dame Marye Poussepin, supérieure des filles de la communauté de Sainville, payer à Estienne Poussepin, laboureur, demeurant audict Sainville, la somme de 70 livres pour l’extinction, remboursement et admortissement du sol principal de 20 sols de rente et de cinq boisseaux deux cars de bled métail aussy de rente pour chacun an, desquelles rentes ladicte Poussepin estoit tenue envers ledict Poussepin pour raison des héritages par elle acquis en 1704.»

     Cependant les sœurs de la communauté de Sainville s’étaient répandues successivement dans différentes paroisses des évêchés de Chartres, de Meaux, d’Orléans et d’Arras.

     En 1717, le 10 octobre la supérieure obtint des lettres patentes de l’évêque d’Orléans pour l’établissement de sa communauté de Sainville.

     1718. — D’autres lettres patentes pour le même objet furent données par l’évêque de Chartres, le 9 septembre.

     Le 6 mai de la même année, Marie Poussepin acquit encore de Louis Philémon Troisvallets, laboureur, demeurant à Sainville, une maison tenant à la sienne, et contenant deux grands espaces, cour et jardin devant, moyennant la somme de 280 livres.

     Les lettres patentes ci-dessus furent enregistrées et ratifiées par arrêt de la cour du Parlement, du 31 juillet 1724 (1), aux conditions portées, entre autres celles «de ne pouvoir faire d’autre commerce que celui du travail de la main; que la communauté ne pourra être composée que de vingt filles; de vivre sous la deppendance spécialle de l’évêque de Chartres et du curé de la paroisse de Sainville.»

     (1) Voir ci-dessus, page 43.



     1732. — «Messire Hierome Dufaur de Pibrac, abbé commandataire de l’abbaïe de Sainct-Benoist-sur-Loir, ancien [p.221] doien et grand vicaire de Baieux, seigneur haut chastellin des terres et seigneuries du Plessis-Sainct-Benoist, Authon et Sainville, sur ce qui lui a été représenté par sœur Agnès Revers, sous-prieure des filles de la charité établies en communauté audit lieu de Sainville, qu’anciennement le bourg de Sainville a été enclos de murailles et fossez; que pour faire laditte enclosture il fut emprunté des terres des particuliers debtenteurs d’héritages le terrain dont avoit besoin pour faire laditte enclosture, et les terres provenantes du fouillement et confection desdits fossez jettées sur les héritages des particuliers chacun en droit soi, ainsi qu’il se reconnoist encores aujourd’hui par l’exaussement desdittes terres enfermées dans chacun desdits héritages, sur lesquels le jet s’en est fait; que de la maison et héritages appartenans à la dite Communauté dépend un jardin qui aboutit du couchant sur lesdits fossez et ramparts dudit lieu, duquel il paroist qu’il a été anciennement emprunté comme des autres héritages voisins, autant de terrain qu’en comporte la largeur dudit jardin pour la confection desdits fossez dont le jet de la terre fouillée est sur et audedans dudit jardin, laquelle enclosture est présentement entièrement minée et effacée et conséquemment lesdits fossez devenus inutils à la dite closture qui ne subsiste plus, et par la même raison l’ancien motif de l’emprunt des terres pour lesdits fossez est pareillement cessé;.... a volontairement reconnu et confessé avoir baillé, concédé, quitté et délaissé dès maintenant pour toujours à laditte Communauté des filles de la charité établie audit Sainville et leurs successeurs, c’est à scavoir le terrain où cy devant ont été faits et construits les fossez de l’enclosture dudit Sainville autant qu’en comporte la largeur du jardin de la maison de laditte Communauté, depuis le mur dudit jardin jusque sur la creste dudit fossé du côté des terres labourables, un chemin à voiture passant entre deux; le dit terrain contenant sur une face 152 pieds et sur l’autre 42 pieds ou environ... moiennant cinq sols de cens et rente seigneurialle...» [p.222]

     Marie Poussepin était encore supérieure de la Communauté en 1733. — C’est en cette qualité que, par acte du 26 septembre, elle fit donation à Louis Poussepin, son neveu, marchand, demeurant à Dourdan, d’une maison et vignes sises audit lieu, à la charge par lui de fournir aux sœurs de la Communauté de Sainville, une chambre et une écurie, lorsqu’elles iraient à Dourdan.


     1738. — «Pierre Servant, prestre, chapelain de la chapelle des Filles de Sainville, achète une maison appelée la Cour-Verte, scize audit lieu, proche et devant le puits de la porte d’Orléans, attenant la dite maison aux héritages des Filles de la Communauté de Sainville.

     Le 26 août 1757, Pierre Servant, alors curé de Sainville, fit la vente de cette maison à sœur Michelle Bonnet ditte sainte Scolastique, demeurante à la communauté de Sainville; cette dernière obtint en 1759 l’autorisation de la faire reconstruire.

     1781. — Une transaction, passée le 15 juin, par devant Me Tessier, notaire à Angerville, entre la supérieure de la communauté de Sainville et la fabrique d’Angerville, nous révèle qu’une dame Poussepain, sans doute la même que celle dont nous avons parlé, avait occupé une petite maison rue des Lucas, près de l’église et de l’Hôtel-Dieu, contenant une perche. Cette dame y avait fait faire des constructions, et il avait été arrêté par un acte de 1769, que ladite communauté serait tenue de l’entretenir à ses frais. Mais les sœurs d’Angerville, ne pouvant subsister dans cette commune, se retirèrent en 1781. C’est alors que Mme Poussepain accepta mille francs de la fabrique d’Angerville pour renoncer à ses droits sur cette maison, qui appartient aujourd’hui à la fabrique d’Angerville (1).
     (1) Titr. de la fab. d’Angerville.
     1783. — «Du terrier de la châtellenie du Plessis-Saint-Benoist, Authon et Sainville, appartenant à Msr Georges [p.223] Louis Phelypeaux, archevesque de Bourges, a été extrait ce qui suit:
     «Du dix huit mars mil sept cent quatre-vingt trois, pardevant Me Delanoue, notaire royal à Dourdan, dame Jeanne Bouet, supérieure de la Communauté delà Charité, établie à Sainville, Marie Moreau, dite sœur Agathe; Anne Touchard, dite sœur Michel; Marie Roger, dite sœur Blaise; Madelaine Tillaud, dite sœur Euphrasie, faisant la plus grande et saine partie des sœurs d’icelle communauté, assemblées au son de la cloche en la manière accoutumée, en leur salle d’assemblée, lesquelles ont reconnu tenir de mondit seigneur abbé de Saint-Benoist, à titre de cens, portant proflits de lods, et ventes, deffaut, saisine et amendes quand le cas y échet, suivant la coutume du bailliage d’Orléans;
     «Leur couvent et communauté composée d’une chapelle et de plusieurs bâtiments avec cours et jardin, le tout en un tenant, contenant suivant le plan levé en l’année 1775 (1), un arpent quinze perches trois quarts, situé audit Sainville, joignant du nord une ruelle commune, d’un bout du levant la rue de la Porte d’Orléans, et d’autre bout du couchant le chemin du Tour dudit Sainville, le tout sous la charge de quinze sols de cens envers mondit seigneur.... Fait et passé ledit jour en ladite salle d’assemblée, présents Me François Bourges, directeur de ladite communauté... (2).»

     (1) Ce plan est conservé aux archives d’Eure-et-Loir.


     (2) Tit. de la communauté de Sainville. — Arch. d’Eure-et-Loir.
     La révolution de 89 ayant supprimé les établissements religieux, la maison de Sainville fut vendue comme domaine national en 1792. Après la tourmente révolutionnaire, quelques sœurs de Sainville s’étant réunies à Janville, demandèrent leur réorganisation par l’intermédiaire de l’évêque de Versailles. M. Delaître, alors préfet d’Eure-et-Loir, accueillit favorablement cette demande. Il obtint du gouvernement 15,000 francs pour l’acquisition d’un bâtiment; le maire de Janville employa ses ressources pour soutenir [p.224] et fixer dans cette commune un établissement qui devait le dédommager amplement de ses sacrifices. Un arrêté, date du 30 fructidor an XI de la République française (17 septembre 1803), porte ce qui suit:

     «Le Préfet d’Eure-et-Loir, voulant appliquer à la Communauté dite de Sainville, actuellement transférée à Janville, les dispositions prescrites par les arrêtés des Consuls des 24 vendémiaire et 19 frimaire an XI, pour la réorganisation des sœurs de la charité et des sœurs hospitalières de Saint-Maurice de Chartres, — Arrête:
     Art. 1er. — La communauté des sœurs hospitalières dite de Sainville, vouée précédemment au soulagement des pauvres, à l’instruction des enfants et au service des malades dans les hospices des paroisses, est rétablie sur la dénomination de Communauté des sœurs de la charité de Janville.»
     Il fut stipulé que lesdites sœurs porteraient leur costume accoutumé; qu’elles seraient, dans l’ordre religieux, sons la juridiction de l’évêque diocésain; qu’elles ne pourraient correspondre avec aucun supérieur étranger, et qu’elles ne pourraient recevoir des élèves que dans leur maison professe de Janville.

     Tout semblait promettre pour l’établissement un avenir certain et prospère; mais la supérieure alors en exercice, au lieu d’appliquer les fonds dont elle disposait au payement d’une propriété commode qu’on aurait pu agrandir par la suite, fit faire des constructions neuves, augmenta les bâtiments, et dérangea complètement les affaires de la maison. Néanmoins l’ordre fut confirmé par un décret du 19 janvier 1811, contenant «brevet d’institution publique des sœurs hospitalières de la charité, présentation de la Sainte-Vierge de Janville, diocèse de Versailles.»

     Cependant M. de Barral, archevêque de Tours, parvint à faire opérer le transfert en cette ville de la communauté de Janville. Ce fut une véritable perte pour la commune et [p.225] pour le département qui avait vu naître l’institution et avait puissamment contribué à son rétablissement. Les bâtiments primitifs de Sainville existent encore pour la plus grande partie dans la rue qui conduit à Maisons et forment trois habitations particulières.



     Population. — Nous avons vu (page 190) que Sainville au XIIIe siècle (1), comptait: 140 paroissiens;
     Et qu’en 1738, il y avait: 330 communiants;
     Un état des tailles, dressé en 1777, lui donne 114 feux, soit: 332 [sic*] habitants.

     Les recensements postérieurs constatent:

En 1816
602 habitants.
En 1836
574 —
En 1846
579 —
En 1866
589 —

      Ce dernier chiffre se répartit ainsi qu’il suit, entre le chef-lieu de la commune et les hameaux qui en dépendent:

Sainville (chef-lieu)
Maisons.
Ménages.
Habitants.
Rue de la Porte-de-Chartres
18
18
62
Rue de la Porte-d’Orléans
35
41
136
Rue de la Porte-d’Étampes
34
37
145

105
116
416
Hameaux



Bellevue
1
1
10
Boulonville
8
8
37
Chêne (le)
2
2
15
Mantarville
26
27
111
Totaux  
142
154
589 [p.226]
 
     (1) Pouillé du diocèse de Chartres, dressé vers 1250.

     * On voit plus loin que Lefèvre compte trois habitants par feu (ce qui est certainement sous-estimé); il devrait donc donner ici selon son système, 342 (B.G.).
    I. — BOULONVILLE. — Hameau situé au nord-est et à 2 kilomètres de Sainville, est mentionné au XIIe siècle soit le nom de Bolonvilla. C’est encore une localité qui doit sa dénomination à une essence forestière, comme l’indique la première partie du mot Bool, Boul (Bolum, Bola, Betula) Bouleau, d’où les Gaulois tiraient un suc résineux; — on appelait Bolaie (Bola) une tour, une forteresse. Enfin les mots Bolæ Villæ indiquaient les limites d’un domaine, la circonscription de sa juridiction: Districtus, intra quam jurisdictio alicujus loci protenditur. Cette définition nous parait s’appliquer parfaitement à Boulonville, s’il est vrai que ce lieu faisait autrefois partie du Chesne, comme nous le dirons à l’article de cette ancienne seigneurie?

     Boulonville se trouve à 700 mètres de la voie romaine de Paris à Blois, et paraît avoir été, dans l’antiquité, un lieu plus important qu’il n’est aujourd’hui. Tout le sol environnant renferme des traces d’antiques constructions, des débris de tuiles plates à rebords, de grosses tuiles creuses et de tessons de poterie, surtout aux environs d’un vieux puits isolé qui existe dans les champs à une centaine de mètres des maisons actuelles. En creusant un vaste trou pour en extraire de la terre en face de la ferme (section B, n° 830), on a rencontré, à deux ou trois mètres de profondeur, l’entrée d’un souterrain qui paraît être du moyen-âge; on n’a pas essayé d’y pénétrer et l’on ignore où il peut conduire.

     Bernard de Boulonville et Foucher son fils sont mentionnés comme témoins dans deux chartes (1113-1128) concernant les possessions de l’abbaye de Saint-Jean à Mantarville: Bernardus de Bolonvilla; Fulcherius, Bernardi filius de Bolonvilla.

     Ce Foucher, fils de Bernard, est encore cité en 1150: «Fulcherius, filius Bernardi de Bolonis-Villa.»

     II. — CHÊNE (le). — Château et ferme, situés à 2 kilom. au nord de Sainville. Ce lieu est mentionné en 1080 sous le nom de Quercus, et paraît avoir une haute antiquité. [p.227]

     «Les Druides, dit Dom-Martin, s’étoient fait une loi de faire leur demeure dans des bois de Chênes, d’y tenir leurs assemblées, d’y établir leurs tribunaux pour rendre la justice, d’y avoir leurs Colléges pour l’éducation de la jeunesse Gauloise, afin de ne perdre jamais de vue le Chêne, et d’être toujours à portée d’y faire leurs vœux et leurs sacrifices ou méditer avec moins d’obstacles sur les perfections de la Divinité qu’ils adoroient.
     «Les Gaulois qui se mouloient aveuglément sur les Druides avoient un si haut sentiment des Chênes, qu’ils n’osoient pas même y porter la main; ils étaient dans l’usage constant de les laisser pourrir sur leurs troncs, de ne point les employer à aucun usage, même à celui du feu, et d’être saisis à leur aspect d’une religieuse horreur. Lucain, voulant exprimer l’éloignement extraordinaire qu’avoient les Gaulois de César de mettre bas ces arbres, selon les ordres de leur général, dit que les mains trembloient aux soldats, et la majesté du lieu les pénétroit si vivement, qu’ils croyoient que tous les coups qu’ils devoient porter sur ces arbres, réfléchiroient et tomberoient sur eux:
«Sed fortes tremuere manus, motique verendâ
 «Majestale loci, si ROBORA SACRA ferirent,
«In sua credebant redituras membra secures.»
      La forêt Carnute, lieu de la réunion générale des Druides Gaulois, avait un caractère sacré, attestant à la fois son existence et sa grandeur premières. Si le sol a, de nos jours, singulièrement changé toutes ces choses par la culture, il n’a pu faire entièrement disparaître les restes irrécusables de ces clairières semées de blocs amoncelés où se tenaient les assemblées des Druides, de ces arbres où se cueillait le gui symbolique (1) et qui ont laissé leurs noms à un grand nombre de localités. Dans Eure-et-Loir, nous en comptons 53 qui portent ce nom ou en sont dérivés, savoir: [p.228] 2 Chesne; 25 Chêne, seuls ou joints à un autre mot; 1 Chêne-Chenu; 1 Chêne-Doré (1); 1 Chénegué (2), 2 Chênaie; 2 Chénaye; 4 Chesnaye; 1 Chesnas; 6 Chesnay; 2 Chesneau; 1 Chesnières; 1 Chenicourt; 1 Chenevelle (3); 1 Chesnellière: 1 Chenonville.
     (1) «Ad viscum, viscum, Druidæ clamare solebant... (Ovid).»

     (1) Hameau de la commune de Saint-Denis-des-Puits, où passe la voie romaine de Chartres au Mans, doit son nom à un vieux chêne, large de 20 mètres à la tète, haut de 15 mètres et gros de 10 mètres au pourtour de la base. Il est connu sous le nom de Chêne-Doré, et doit cette dénomination à la tradition druidique du gui cueilli avec la faucille d’or; dix personnes peuvent aisément tenir dans le tronc qui est entièrement creux.
     Nous citerons encore un analogue le Chêne de la Vierge à La Loupe, sur la levée de l’étang; il porte 14 mètres de circonférence à la base et près de 7 à la naissance des branches, avec 25 mètres d’envergure et 15 mètres de hauteur.
     (2) Chêne sur lequel on cueillait le gui.
     (3) La villa du Chesne.
     Le hameau du Chêne dut sans doute son nom à l’un des principaux représentants de la forêt carnute, quand elle tomba peu à peu sous les pas de la civilisation; le mot quercus, que ce lieu portait au moyen-âge, ne laisse aucun doute à cet égard. D’abord simple villa, le Chêne devint ensuite un château-fort, qui fut lui-même démoli à une époque qui nous est inconnue. Le château actuel, bâti en pierres et couvert en ardoises, est de construction moderne, comme l’indique une inscription placée sur une pierre de fondation: «De par Jérôme Picard en l’année 1734.» Cette habitation est placée au milieu d’un beau parc dont les murs sont à peu de distance du chemin de Chartres à Etampes. A 500 mètres de là, se trouve la ferme du Chêne comprenant de vastes bâtiments d’exploitation construits en pierres et couverts en tuiles plates.
     Le Chêne paraît avoir été autrefois plus considérable, si l’on en juge par les documents qui suivent: [p.229]


     «Note curieuse et intéressante pour la paroisse de Sainville (1):

     «En 1376, le sieur Donzy et sa femme, seigneur des Chênes, hameau de la paroisse de Sainville, eurent un procès avec les habitans de Sainville conjointement avec les habitants du Chêne; l’acte d’union des habitans du Chêne avec le sieur Donzy, leur seigneur, fut porté en justice signé de cent habitans du Chêne.
     «Les maire et échevins de la ville de Sainville comparurent et protestèrent contre cet acte d’association, attendu, dirent-ils, qu’il n’était signé que d’environ cent habitans, tandis que le hameau du Chêne contenait aujourd’hui (1376) plus de cinq cents feux. Ce qui fit gagner le procès aux habitans de Sainville représentés par leurs maire et échevins (2).»
     «Le hameau du Chêne contenoit donc alors 1,500 habitans (3 par feux). Qu’était donc la paroisse? Ne serait-ce pas de la destruction de ce prodigieux hameau que le curé de Sainville avait acquis ses dîmes par Novales (3)? — signé: Jouan, curé.»

     (1) Cette note a été inscrite par un des curés de Sainville nommé Jouan, sur le registre des actes civils de 1775 à 1779, à la fin de l’année 1776, et conservé dans les archives communales de Sainville.






     (2) Voiries registres du Parlement à Paris, 18 octobre 1376, vol. 2, fol. 239 verso, et 228 recto.

     (3) Terres nouvellement défrichées et mises en culture.
     Nous avons vu que, d’après le pouillé du XIIIe siècle, la paroisse de Sainville ne comptait que 140 communiants. Si, en 1376, le Chêne avait réellement 1,500 habitants, il faut admettre que Boulonville, dont le procès ci-dessus ne fait pas mention, formait avec le Chêne une seule et même localité distincte de Sainville: la plus forte agglomération devait être à Boulonville où l’on remarque, comme nous l’avons dit, beaucoup de traces de constructions antiques et [p.230] du moyen-âge, tandis qu’on n’en a pas signalé au Chêne, à moins qu’elles ne se trouvent sous le bois qui environne le château?


     Les seigneurs du Chêne nous sont peu connus. Voici quelques actes qui en font mention.

     1543. — «Noble homme messire Jehan de Boullehart, chevallier, seigneur du Chesne, demeurant audict lieu du Chesne, paroisse de Sainville, échange avec les religieux de l’abbaye de Saint-Jean, diverses pièces de terre contre le moulin de Mantarville (1).»

     (1) Voir plus loin l’article de Mantarville.
     1667. — Il y eut procès entre le curé de Sainville et messire Charles de Morais, chevallier, seigneur de Fortisle et dame Elizabeth Dupré son épouze, tant en son nom que comme ayant pris fait et cause de Jean Issard, fermier judiciaire de la terre et seigneurye du Chesne-Brichanteau, an sujet de cinq années de dixmes du grain recueilli dans les enclos du grand parcq et petit parcq, et la dixme de l’enclos des vignes, selon l’usage de la paroisse la plus voisine, dus aud. sieur curé (2).
     (2) Tit. de la fab. de Sainville.
     1670. — «Par devant Estienne Gilles, notaire tabellion royal et garde nottes à Sainville, Boulonville, Authon, le Plessis-Saint-Benoist, Orsonville, leurs branches et dépendances et ès environs, au bailliage et châtelet d’Orléans, furent présents en leurs personnes Messire Charles de Morais, chevallier, seigneur de Fortisle, Paray, le Chesne-Brichanteau et autres lieux, demeurant en son château dudit Chesne, paroisse dudit Sainville, d’une part, et honorable homme Guy Doublet, recepveur de la terre et seigneurie de Manterville, paroisse dudit Sainville, y demeurant, au nom et comme procureur fondé de procuration généralle et spéciale et irrévocable de Messieurs les vénérables Religieux [p.231] prieur et couvent de Sainct-Jehan-en-Vallèe-les-Chartres, de l’ordre de Saint-Augustin, congrégation de France... Lesquelles partyes et dits noms ont recongnu et confessé, recongnoissent et confessent avoir aujourd’hui fait et font par ces présentes entre eux les eschanges et permuttations qui ensuivent. C’est à savoir que ledit seigneur de Fortisle a ceddé, quitté, transporté et délaissé audit titre d’eschange, dès maintenant pour touiours... audit Doublet audit nom ce acceptant pour lesdits sieurs Religieux, c’est à savoir deux petits espaces de maison, dont l’un servant d’estable, court devant ladite maison et ouche derrière, le tout en ung tenant et contenant trois minots de terre ou environ assis audit Manterville… tenu en censive desdits sieurs Religieux à cause de leur terre et seigneurie dudit Manterville et chargé envers eux au prix de quatre deniers de cens et de trois minots d’avoine, mesure de Sainct-Jehan... mouvant et appartenant audit Seigneur de Fortisle au moyen de l’acquisition qu’il a faicte de feu Madame de Favières dame dudit Chesne Et pour en contre eschange des dittes maison et héritages cy-dessus ledit sieur Doublet a, audit nom, baillé, cédé, quitté, transporté et dellaissé du tout et dès maintenant pour touiours… audict seigneur de Fortisle ce acceptant pour luy, ses hoirs ou ayant cause à l’advenir, c’est à sçavoir trois minots et demy de terre labourable en une pièce assize au bout dudit Manterville envers le moullin dudit seigneur, à la charge de par lui Doublet audit nom de faire bastir et construire autant de bâtiments sur ladite pièce cy dessus baillez en contre eschange, à la charge que la dicte maison et bâtiment qui sera construite dans le jour et feste sainct Jean Baptiste prochain venant, sera et demeurera chargez à l’advenir envers lesdits sieurs Religieux de quatre deniers et trois minois d’avoyne, mesure dudict St Jean de cens et avenages... ledit cens portant lotz, ventes, deffaulx et amendes toutes fois et quantes que le cas y eschet... Ce fut passé et arresté après midy en l’estude dudict notaire... [p.232] le mercredi septiesme jour de may Mil six cens soixante et dix (1).»
     (1) Orig. aux archiv. d’Eure-et-Loir.
     1685. — «Aveu rendu par sa fabrique de Maisons, à Messire Bernard de Fortisle, chevallier, seigneur du Plessis-Clereau, le Chesne-Brichanteau et autres lieux, conseiller du Roy en ses Conseils, maistre des requestes ordinaire de son hostel, comme nouvel seigneur nommé par décret de la cour et parlement de Paris, de la dite terre et seigneurie du Chesne-Brichanteau (2).»
     (2) Tit. de la fab. de Maisons.


     III. — MANTARVILLE. — Ce hameau situé à l’est et à 2 kilomètres de Sainville, fut appelé Manterville (3) jusqu’en 1780. D’après ce que nous avons dit de l’origine de Sainville, le nom primitif de Mantarville fut peut-être Mantis Villa, — l’habitation du devin — appellation qui nous reporterait à l’époque des Druides. Cette étymologie, du reste, est commune avec celle de la ville de Mantes — Manto — devination.
 
   (3) Voir les registres de l’état civil.
     Sous l’occupation romaine, le lieu fut nommé Armentarvilla, dérivé des deux mots Armentarii-Villa (la ferme ou l’enclos des bestiaux) — le vieux glossaire définit ainsi le mot Armentarium: «un monceau de grosses bestes, comme buefs.» Au Moyen-Age ce lieu porte les noms suivants qui ont tous la même origine: Amentardivilla, Armentarvilla, Hermentavilla, Ermentervilla, Hermentervilla, Mentervilla.

     Au XIIe siècle, Louis VI dit le Gros, roi de France, avait à Mantarville le droit de brenage (4) dont il se démit en [p.233] faveur de l’abbaye de Saint-Jean-en-Vallée-lès-Chartres. Au nombre des témoins de cette libéralité, dont la charte fut donnée à Étampes, figurent: Thibault, comte de Chartres, Guy du Puiset, Yves de Courville et Goslin de Lèves:

     1111. — «Universis sancte Dei ecclesie cultoribus tam posteris quam et presentibus notum fieri volumus ac certum haberi quia consuetudinem quandam quam in Ermentardi villa hereditario jure videlicet brenagium tenebamus, in anime patris nostri Domni Philippi remedio, ut fratres ibidem domino Deo famulantes singulis annis ejusdem aniversarium celebrare studeant, Domino et beato Johanni de Valeia et conventui fratrum perpetualiter possidendum donamus et habendum. Quod ne cujuslibet usurpatoris invidia infirmari valeat vel irritum fieri, nostri nominis karactere et sigillo signari et corroborari precepimus. Viventibus de palatio nostro mynistris quorum nomina subtitulata sunt et signa. S. Anselli tunc temporis dapiferi nostri. S. Hugonis constabularii nostri. S. Widonis camerarii nostri.
     «Actum Stampis in palatio publice, anno incarnati verbi M. C. XI., anno vero consecrationis nostre IIdo.
     «Stephanus cancellarius relegendo subscripsit.
     «Vivente Ivone episcopo et Adela comitissa.
     «Testes: Theobandus [sic (Theobaudus)] comes. Wido Puteacensis. Hugo de Creciaco. Girardus Bridellus. Ivo de Corbevilla. Nevelo. Ursio filius ipsius. Groslenus [sic] de Leugis. Hudo de Sancto Clodoaudo. Hugo Malvicinius (1).»

     Louis VII confirma ce privilége en 1168:
     «Chi ce doit Brenage, ce que en nostre tans, et par dessus à
[sic] adjouté, et ensint soit comme il estoit ou tans nostre père... (2).

     (4) Le brenage ou la brenêe était un des devoirs du vassal, qui consistait à loger et nourrir les chiens de chasse de son seigneur. «Tributum quod pro Brennio tenentes dare tenentur dominis suis pro canum venaticorum pastu.» Ce nom vient du mot bren, qui signifiait son dans le Moyen-Age, et qui s’est conservé avec le même sens dans le patois méridional. Dans le Poitou, la brenée signifie encore aujourd’hui la nourriture des chiens.













     (1) Orig. aux archiv. d’Eure-et-Loir.

     (2) A Brannagio cadat, quod tempore nostro superappositum est, ita sit sicut erat tempore Patris nostri. — Ordon. des rois de France, tom. Ier, p. 17, n° 15.

     La petite colonie de Mantarville prit un accroissement [p.234] considérable sous l’administration d’Étienne, abbé de Saint-Jean (1). Il obtint d’abord des religieux de Morigny (2): la quatrième partie de la terre de Mantarville que leur avait donnée Robert le Chauve, lorsqu’il prit l’habit monastique. Mais l’abbaye de Saint-Jean ne put entrer tout à suite en possession, parce que Payen, fils d’Anselme à qui Robert tenait ladite terre, ne voulut point donner son consentement:

     (1) L’abbé Etienne vivait en 1112 et 1128.

     (2) Ancienne abbaye, dans la commune du même nom, canton et arrondissement d’Etampes (Seine-et-Oise).
     «Ego Thomas ecclesie sancte Trinitatis cenobii Moriniaci minister notum esse volo tam futuris quam presentibus Robert Calvum ad nos venisse et vestem monasticam ante obitum suum a nobis accepisse. Hic dedit nobis quartam partem terre que Ermantarvilla vocatur; sed quum doni ejus concessionem a Pagane Anselmi filio a quo Robertus predictam terram tenebat, nec ab ecclesie Sancti Johannis de Valeia de cujus feodo tota Ermentarvilla erat. habere nequivimus, idcirco de caritate Ecclesie Sancti Johannis accepimus, et donum sicut nobis Robertus, uxor ejus, filius et filii [sic (filie?)] et alii parentes ejus fecerant, fratribus capituli nostri assentientibus supradicte ecclesie Sancti Johannis concessimns [sic (concessimus)]. (3)...»
    (3) Orig. sur parch. aux archiv. d’Eure-et-Loir.
     L’abbé de Saint-Jean attachait sans doute beaucoup de prix à la possession de la terre de Mantarville, car voici cque reçurent non-seulement ceux qui donnèrent leur ce. sentement, mais encore ceux qui contribuèrent à le far obtenir: les religieux de Morigny eurent cent sols; Héloïse femme de Robert le Chauve, 50 sols; Robert et Barthélemy beaux-frères de Robert, chacun, 20 sous; Pierre, fil de Robert et ses quatre sœurs, chacun, 12 deniers; Payen fils d’Anselme, seigneur dominant du fief, 20 livres, un verrat et deux mottes de beurre; Jean, son fils cent sous et sa femme, 30 sous; Anselme 2 sous; Geoffroy, 11 deniers; [p.235] son beau-frère, 12 deniers; Geoffroy, clerc, 20 sous; Algrin du Vieil-Étampes, 20 sous; Hildemer de Pussay, 20 sous:

     Pro concessione predicte terre monachi centum solidos habuerunt, uxor Roberti Calvi LX. solidos, frater predicte mulieris Robertus XX, et Bartholomeus XX. Quia nobis adjutores in hac ope fuerunt, Petrus filius Roberti Calvi XII denarios; filie Roberti, Eufemia, Raineldis, Ermengardis, singule XII. denarios; Paganus Anselmi filius XII libras et unum verrem et duas massas butyri; Joannes filius ejus centum solidos et uxor ejus XXXta; Anselmus duos solidos; Gaufridus XI denarios; frerisus [sic] XII denarios; Gaufridus clericus XX solidos; Angrinus [sic (Augrinus)] de Veteribus Stampis XX solidos; Hildemerus de Pulceio XX solidos. Hii nobis adjutorium apud Paganum et filios ejus prebuerunt. Ii testes affuerunt: Domnus Thomas abbas, domnus Stephanus abbas ecclesie Sancii Johannis, Sevinus de Sanctolio; Stephanus homo Huberti de Ardeluto et plures alii.»

     Vers le même temps, Jean d’Elampes fit l’abandon à l’église Saint-Jean, de tout ce qu’il avait en propriété et en fief à Mantarville. Ce fut fait du consentement de ses frères Anselme et Geoffroy, de ses parents Renier et Guy, de sa femme Eustachie, de Frédéric son frère, et de sa fille Aveline, en présence de nombreux témoins, au nombre desquels nous trouvons: Geoffroy d’Adonville; Nivelon de Denonville; Richard de Manchainville; Hermann de Mondonville; Geoffroy du Coudray; Vaslin d’Eddeville; Herbert, fils de Haudry de Manchainville; Ernaud de Gasville; Guillaume de Cinq-Ormes; Rainold et Guntard son frère de Mérobert; Hardouin de Gommerville; Landry, maire d’Auzainville; Etienne, abbé de Saint-Jean; Etienne d’Ardelu. Jean d’Etampes reçut dix livres; Eustachie, sa femme, 50 sous; les frères de Jean, chacun deux sous; et sa fille, 2 sous.

     «Nos sancti Johannis canonici notum volumus omnibus sancte Dei ecclesie fidelibus tam futuris quam presentibus quod Johannes de Stampis, filius Pagani, dimisit ecclesie sancti Johannis pro anima [p.236] patris sui et majorum suorum, sine aliqua retentione, quidquid in proprietate et in feodo habebat in villa quæ vocatur Harmentarvilla;… Hoc idem fratres sui Anselmus et Gaufridus et cognati sui Menerius et Guido fecerunt. Testes, D. Stephanus abbas, Gaufridus de Adunvilla; Nevelo de Danonvilla; Richardus de Manchenvilla; Robertus filius Hermani de Mundavilla; Gaufridus de Coldreio; Garinus filius Joslini de Eddevilla; Gauterius de Villa Nova; Hubertus filius Haudrici de Manchevilla, clientes abbatis. Ernaudus de Gaesvilla; Guillelmus de Quinque Ulmis; Rainoldus et Guntardus frater ejus de Mansu Roberti; Harduinus de Gummarvilla; Stephanus de Danunvilla; Landricus major de Osinvilla. Concessionem predicte pactionnis fecit uxor prenominata Johannis Eustachia et frater ejus Fredericus et filia ejus Avelina apud Curbolium. Stephanus de Ardeluto; Fredericus prefate Eustochie filius. Pro supradicta concessione habuit Johannes XXti libras Stampensis monete; uxor ejus Eustachia LXta solidos Privignensis monete, fratres Johannis unusquisque duos solidos; filie ejus II solidos.»

     Richer de Villiers, ayant voulu élever des prétentions sur la terre et la mairie de Mantarville, la cause fut portée devant Guy, seigneur d’Auneau, qui pacifia ce différend. Les chanoines de Saint-Jean donnèrent à Richer cent sous destinés à désintéresser ses frères et ses neveux et à obtenir leur consentement lorsqu’ils seraient en âge de le donner, son fils Gosselin reçut 7 sous, et Guy de Bollion 48 sous. Cet accord fut ensuite ratifié au domicile des parties intéressées, savoir: pour Richer, à Bretheucourt (1), dans la maison du curé Payen; à Sainville, dans la maison du maçon Ascelin où s’étaient rendus le chanoine Hubert, Richer de Villiers et Guillaume son frère, Jean Trois-Pains, beau-frère de Richer, sa femme et ses enfants; enfin à Longorme (2) où Gautier, beau-frère de Richer, sa femme et ses enfants [p.237] ratifièrent la convention passée entre Richer et les chanoines de Saint-Jean.
     (1) Saint-Martin-de-Bretheucourt, com. du canton de Dourdan (Seine-et-Oise).

     (2) Hameau de la com. d’Ablis (Seine-et-Oise).
     «Nos sancti Johannis canonici notum esse volumus tam futuris quam presentibus Richerium de Vilers et Radulfum filium ejus coram Guidone de Alneolo et Goscelino filio ejus, dimisisse calumpniam quam faciebat de terra apud Armentarvillam et majoratu, et fidei sue interpositione firmasse quod hoc fratribus suis concedere faceret et filiis et filiabus et nepotibus promisit, et quod hoc in perpetuum faceret abjurare fratres suos et nepotes qui ad etatem venerant et alios concedere. Pro hac conventione habuit Richerius centum solidos de quibus pacificaret fratres suos et nepotes; filius ejus VII. solidos ad quandam scellam; Guido de Boolon XL. solidos. Testes: Hubertus canonicus; Odo decanus; Guidone Alneolo, Goslinus filius ejus; etc. Deinde apud Bertiscuriam in domo Pagani presbiteri Richerius ore suo recognovit calumpniam se in Armentarvillam injuste immisisse, et inde rectitudinem fecit Huberto canonico et eandem calumpinam [sic (calumpniam)] sacramento abjuravit ipse et Radulphus et Adam et Hugo filii ejus. Guillelmus frater ejus. — Item ad Sainvillam in domo Ascelini majoris dum convenissent Hubertus canonicus, Richerius de Vilers, Guillelmus frater ejus, Teardus frater eorum, calumpniam quam ipsi, ut predictum est, reliquerant, sacramento abjuravit. Istis videntibus et audientibus: Odo de Nelluto, Bernardo de Bolunvilla, Ascelino majore, Bernardo de Adunvilla. — Item Apud Seinvillam Johannes Tres-Panes, sororius Richerii et Sulpicia cognomine Belina, Hubertus Jannuarius et Hidegarius filii eorum calumpniam dimiserunt, et quod Richerius fecerat, concesserunt….»

     Guy, comte de Rochefort, étant sur le point de mourir et désirant donner satisfaction aux moines de Saint-Jean pour les méfaits qu’il avait commis à leur égard, fit don à leur église d’une ânée de terre (1) qu’il avait dans la villa de Mantarville. Les témoins de cette donation furent: Guillaume, [p.238] abbé de Tiron (1), le comte Rotrou, Eudes d’Étampes, Girard, abbé de Josaphat (2), Etienne, abbé de Saint-Jean.

     «Nos sancti Johannis Canonici notum esse volumus tam presentibus quam futuris quod Guido, comes de Rupeforti, ante mortem suam, malorum que commiserat in ecclesia Sancti Johannis penitens et eidem satisfacere cupiens, terram unius asini quam habebat in villa que vocatur Ermentarvilla predicte Ecclesie dedit. Testes: Guillelmus abbas de Tyron, Rotrodus comes, Theudo de Stampis. Hoc donum concessit Beatrix soror ejus. Testes: Gaufridus episcopus, Guillelmus abbas de Tyron, Girardus abbas de Josaphat, domnus Stephanus noster abbas, domnus Hugo frater noster, Fulcherius prior de Josaphat, monachus.»

     (1) L’ânée contenait environ 7 arpents, c’est-à-dire 295 ares 40 centiares.
     (1) L’abbé Guillaume vivait en 1120 et 1247.
     (2) Girard, abbé en 1119, est encore mentionné en 1152.

     Arnoul de Garancières voulut contester la donation faite par Guy de Rochefort; mais il finit par se démettre de ses injustes prétentions moyennant 50 sous qu’il reçut des religieux:
     «Prefatam istam unius asini terram quam Guido comes de Rupeforti huic ecclesie dedit, Arnulfus de Garenceriis calumpniabatur; quam eandem absolutam et quietam nobis concessit, seque eam nobis contra omnem calumpniam defensurum fidei sui interpositione promisit, unde et sexaginta solidos ab ecclesia recepit.

     Guérin, maire de Garancières, et ses parents Crispin Roux et Payen, inquiétèrent aussi les chanoines de Saint-Jean, au sujet des possessions qu’ils avaient à Mantarville et principalement de la terre donnée par Guy le jeune comte de Rochefort; ils transigèrent avec les chanoines qui leur donnèrent 75 sous et restèrent propriétaires paisibles desdites terres. Adelaïde, sœur de Guérin et son fils, consentirent aussi à cet abandon:
      «Nos sancti Johannis Canonici notum fieri volumus futuris quam presentibus quod Garinus major Garenceriarum et [p.239] Crispianus Rufus atque Paganus cognati ipsius Garini, dimiserunt calumpniam quam faciebant de terra Armentarville. Calumpniabantur enim terram ad unum asinum quam dedit nobis Guido junior, comes Rupifortis. Dimiserunt itaque calumpniam, eandem terram liberam penitus et quietam ecclesie Sancti Johannis concedentes; unde LXXV solides habuerunt. Ad quam dimissionem vel concessionem interfuerunt testes: Hubertus de Armantarvilla; Fulcherius Bernardi filius de Bolonvilla; Herbertus de Osanni Villa; Hubertus de Armentarvilla; Hilduinus frater ejus; filii ejusdem Hilduini.
     «Postea Adelais, soror prefati Garini, et filius ejus quod supradicta illi concesserant et ipsi concesserunt…»

     Vers 1113. — Hélisende, vidamesse, du consentement de sa fille Elisabeth, épouse de Guillaume de Ferrières, donna aux chanoines de Saint-Jean la moitié de la terre de Mantarville avec ses serfs et son fief de Haubert. Yves, évêque de Chartres, dont cette terre relevait en fief, y donna son consentement (1).
     (1) Yves siégea de 1090 à 1115.
     «Quum sapitientum moris fuit qua firma voluerunt esse litterarum commendare memoria, idcirco fratres in ecclesia beati Johannis de Valeia Deo servientes scripti diuturnitate notum voluerunt esse etati tam presenti quam successuræ quod Helissendis vicedomina dedit ecclesiæ sancti Johannis de Valeia, pro anima filii sui Hugonis vicedomini quidquid habebat in villa quæ dicitur Harmentarvilla, videlicet medietatem illius terre cum redditibus et consuetudinibus, cum servis et ancillis, feodum etiam militum, si fratres ecclesiæ possent adquirere. Hoc autem factum est in presentia Ivonis tune Carnotis episcopi, ipso concedente donum a cujus beneficio vicedomina illud habebat feodum. Idem, etiam concessit Guillelmus de Ferreriis cum uxore sua Elisabeth vicedominæ filia. Testes...»

     1115. — Geoffroy, évêque de Chartres, venait de succéder à Yves; il confirma aux chanoines de Saint-Jean la [p.240] terre de Mantarville, dépendant de son fief et de celui de Sainte-Marie, et qui leur avait été donnée par la vicomtesse Hélisende, pour le repos de l’âme du vicomte Hugues, son fils, décédé, et de ses ancêtres:
     «Ego Gaufridus Dei gratia Carnotensis ecclesie episcopus notum esse volo Sancti Dei ecclesie fidelibus tam futuris quam presentibus me concessisse Armentarvillam que de casamento beate Marie erat et nostro ecclesie Sancti Johannis de Valeia. Predicte ville terram tempore Ivonis episcopi Johannis, concedente filia sua Helisabeth pro anima Hugonis vicedomini filii sui defuncti et majorum...»


     Vers 1120, Mantarville comptait déjà vingt hospices (1), établis sur quatre carrés de terre, soit cinq par carré; or comme l’ensemble formait un domaine d’une charruée de terre, ou cent arpents, la tenure de chaque hôte était de cinq arpents, soit deux hectares dix centiares. Cinq de ces hôtes avaient été donnés par Haimeric Chenard, avec ladite charruée de terre, les autres avaient été établis par l’abbé de Saint-Jean: chaque hôte avait une maison d’habitation, une grange, une cour et un jardin. Outre la donation d’Haimeric, les chanoines de Saint-Jean avaient encore quatre charruées de terre pour la culture desquelles ils devaient faire construire une maison et une grange.
     (1) L’hospice, hospitium, hospitalicium, que nous rencontrons dans nos chartes vers la seconde moitié du XIe siècle, était la tenure d’un hôte. Il comprenait, outre une maison et des bâtiments d’exploitation, quelques pièces de terre dont l’étendue variait, mais ne constituait jamais un ensemble très-considérable.
     Haimeric et les chanoines convinrent de bâtir au mème lieu une grange commune entre eux, et réglèrent leur droits de champarts et de justice. Cet accord fut fait au château d’Auneau, en présence de plusieurs témoins au nombre desquels nous trouvons: Etienne, abbé de Saint-Jean, Hebran d’Auzainville, Guérin de Mondonville, Etienne d’Ardelu, Vaslin de Landouville, Vaslin de Mongerville. [p.241]
     Dans cet acte nous retrouvons encore. un des symboles d’investiture déjà cités, c’est-à-dire un couteau déposé sur l’autel par Haimeric. De leur côté les religieux lui donnèrent 10 livres, et 50 sous au lieu d’un palefroi; le vicomte Hugues reçut aussi un palefroi pour son intervention; Philippe, fils d’Haimeric et Euphémie, sa sœur, en considération du consentement qu’ils donnèrent à la libéralité de leur père, eurent chacun 12 deniers, et le moine Geoffroi un peliçon.

      «Nos Sancti Johannis canonici notum esse volumus tam futuris quam presentibus quod Haimericus Canardus dedit nobis terram ad unam carrucam et quinque hospites de sua quarta parte Etmentarville quam tenebat a Pagano Anselmi filio. Isti vero hospites habebunt sua arpenta et loca ad habitandum sibi competentia, scilicet quisque domum et granchiam, hortum et curiam. Contra istos constituemus quindecim hospites apud Ermentarvillam in tribus quadrantibus ad nos pertinentibus. Isti similiter habebunt sua arpenta et loca ad habitandum sibi competentia. Faciemus etiam illic nobis domum et granchias que sufficere poterunt agriculture quatuor carrucarum quos ibi proprios sine Haimerico habebimus. Edificabimus etiam granchiam communem inter nos et Haimericum, si ipse Haimericus voluerit et tunc Haimericus habebit quartam partem straminis frumenti sive avene. Quod si soli granchiam fecerimus, soli stramina habebimus. Canonicus noster per agros ibit a rusticis campipartem accipiendo, et si Haimericus in granchia clientem habere voluerit, a cliente nostro fiduciam accipiet. Quod si clientem in granchia habuerit qui tantum annonam servet, si eum procuraverimus, consuetudines que pro campiparte accipi solent totas habebimus. Quod si Haimericus clientem suum procuraverit, quartam partem illarum consuetudinum a manu canonici nostri cliens Haimerici accipiet. Pactus est Haimericus nullas se facturum hospitibus predictis violentias, nullas illaturum angarias. Dimisit etiam nobis de hospitibus omnes justicias. Si aliquis eorum Haimerico forisfecerit, clamorem inde faciet Haimericus canonico qui procurationem Ermentarville habebit, et nos apud Carnotum ei justiciam faciemus. Quod si Carnotum venire ausus non fuerit vel noluerit, secundum velle [p.242] nostrum in Belsia fiet justicia. Si vero noluerimus vel nequiverimus ei justiciam facere, per ea que ad se pertinebunt se vindicabit. Dimisit etiam nobis Haimericus omnem calumniam quam faciebat domno Stephano abbati nostro de terra ad unam carrucam, dicens Hugonem vicedominum abbatis nostri fratrem dedisse eam Isnardo fratri suo in feodo apud Ermentarvillam. Hec que supra dicta sunt Haimericus se servaturum promisit et fidei sue interpositionem firmavit; pro anima sua et majorum donum super altare beati Stephani per quendam cultellum posuit. Habuit tamen pro his ab ecclesia nostra X libras et L solides pro uno palefredo, Hugo vicecomes unum palefredum pro auxilio quod nobis fecit apud Haimericum. Testes... Pro hac concessione Philippus filius Haimerici XIIcim habuit denarios, Euphemia XIIcim, Gaufridus monachus unum pellicium. Concessio ista facta est in Castro Alnelello medetantibus fratre nostro Ebrando et donno Anfredo prebystero de Alneto.»

     1123. —Robert-sans-Nappe, Gaultier Lehoux et ses frère Isnard, Sevin, Guerry et Geoffroy abandonnèrent à l’église de Saint-Jean-en-Vallée le tensement (1) que leurs ancêtres avaient eu dans la ville de Mantarville, à condition que la dite église paierait à eux et à leurs successeurs vingt sous chartrains, tous les ans, le jour de Saint-Jean-Baptiste. Les donateurs s’engagèrent par serment pour eux et leurs successeurs, à ne manger, boire ni dormir au delà de la dite redevance de 20 sols; ils promirent aussi de garantir la dite église de toute contestation qui surviendrait à cet égard. Cette transaction fut faite à Santeuil dans le verger de Galeran abbé de Saint-Jean, par l’entremise du vicomte Hugues, en présence de nombreux témoins au nombre desquek figurent: Guérin de Dourdan; Robert d’Erainville (2), Renard de Bretigny (3); Ernaud de Gasville; Haberl de [p.243] Mondonville, Payen, fils de Geoffroy d’Encherville (1); Pierre de Groslu (2); Evrard, fils de Germond d’Umpeau; Hardouin d’Auzainville; Hugues, prévôt de Lèves; Durand de Clévilliers; Goscelin de Mongerville (3); Eudes de Saint-Cheron; Thomas d’Intreville, Payen de Louville.

     (1) Du Cange définit le tensement, une redevance par laquelle le vassaux ou les sujets achetaient la protection de leur seigneur.




     (2) Hameau de la chapelle d’Aunainville.
     (3) Hameau de la commune de Sours.

     (1) Hameau de Prunay-le-Gillon.
     (2) Hameau de Saint-Ange.
     (3) Hameau de Santeuil.
    «Actio sapiens majorum utilis est instructio posterorum. Illi namque quod diuturnum esse voluerunt, litterarum memoriæ tradiderunt. Quorum auctoritatem secuti nos sancti Johannis canonici notum esse volumus quod Robertus-sine-Mappa et Galterius Loholdus et Isnardus et Sivinus et Guerricus et Gaufridus fratres, tensamentum quod habuerant antecessores eorum in villa quæ vocatur Hermentarvilla ecclesiæ Sancti Johannis de Valeia dimiserunt, ita ut singulis annis a predicta ecclesie XX solidos Carnotensis monete ad festum Sancti Johannis de decollatione ipsi et successores eorum acciperent. Pepigerunt et fidei suae interpositione firmaverunt se et successores suos pro predicto tensamento nichil amplius exacturos, nec bibere nec comedere nec jacere nichil omnino ultra XX solidos, seque fore tutores secundum rectitudinem contra totam suam progeniem, si ab aliquo vel ab aliquo parentele eorum aliquo tempore calumnia pro predicto tensamento illata fuerit ecclesiae Sancti Johannis et contra Hugonem de Sancto Hylarione qui marterteram eorum habet conjugem… Hæc conventio facta est apud Sanctolium in virgulto domni Galeranni tunc Sancti Andreæ abbatis. Testes... Robertus de Frenvilla, Raginaldus de Britinio, Hermandus de Gasevilla et Hugo nepos ejus. Hubertus famulus de Mundunvilla. Paganus filius Gaufridi de Anschervilla. Petrus de Groslu. Evrandus filius Germundi de Uno Pilo. Harduinus de Osanivilla. Harduinus de Osanivilla. Hugo de Leugis prepositus. Bernardus Goscelinus de Mungervilla. Durandus de Cluvillario. Odo de Sancto Carauno: Thomas de Entrevilla. Paganus de Laudisvilla.... Pactio hæc facta est anno incarnationis dominicæ millesimo centesimo vigesimo III°, in Francia Ludovico rege regnante et Gaufrido Carnotensi [p.244] episcopo et Theobaldo Carnotensi Comite. Hujus pactionis Hugo vicecomes fuit mediator et testis (1).»
     (1) Orig. en parch. Arch. d’Eure-et-Loir.
     Nous venons de voir le nombre et la composition des hospices de Mantarville; la charte suivante va nous faire connaître les droits et les charges des hôtes ou colons, ainsi que les grains et les plantes qu’ils cultivaient.

     1128. — «Nous, chanoines de Saint-Jean, voulons faire connaître à tous présens et à venir la convention que nous avons passée avec Thibault du Valgelé. Nons consentons qu’après sa mort, un de ses fils seulement tienne nos possessions telles que les avait son père, s’il est reconnu apte à le faire d’après le témoignage des voisins, et nous donnons deux sous audit Thibault pour venir au secours de ses frères. Il ne nous paiera aucune redevance pour les ouvrages qu’il fera par lui-même ou par ses domestiques; mais s’il se fait aider par des mercenaires pour la réfection des bâtiments ou des haies ou tout autre chose, nous paierons les frais par moitié. Les charrois se feront en commun. Les estrains et les pailles de la grange seront communs entre lui et nous pour la nourriture des bêtes, sans qu’il puisse en donner aux autres métayers ni en vendre. Nous pourrons élever des porcs en commun avec ledit Thibault; mais si nous n’en voulions pas et qu’il ne puisse en avoir que pour l’aide de notre chanoine, il n’en pourra nourrir que deux, el ceux-là étant morts, il aura la faculté d’en avoir toujours deux. Pour chaque fromage et chaque vache il paiera deux sous, si notre chanoine ne veut pas les recevoir. Il pourra ensemencer une mine de notre terre en chanvre et semer de la guesde (2) aux extrémités de la terre autant qu’il voudra. Notre chanoine recevra la dîme et le champart de l’un et de l’autre. S’il y conduit des ouvriers, il donnera ce qui sera donné suivant le témoignage de nos chanoines qui desservent l’église de Pontgouin.»
[p.245]
     (2) Herbe dont se servaient les foulonniers pour teindre en bleu.

     Cet accord fut fait dans la tour de Chartres, en présence du comte Thibault et de son frère Etienne qui confirmèrent en même temps les dispositions contenues dans la charte de 1123 ci-dessus rapportée, au sujet du droit de tensement à Mantarville. Au nombre des témoins nous trouvons: le vicomte Hugues, rédacteur de l’acte; Guy de Méreville; Hervé de Gallardon, Gautier d’Aunay; Gonthier de Morville; Amaury de Maintenon; Hugues du Tremblay; Haimeric de Gas; Hugues de Garancières; Etienne de Denonville; Pierre, maçon, de Sainville; Guérin de Saint-Cheron; Élienne, abbé de Saint-Jean; dom Robert d’Eddeville, dom Salomon et dom Bérenger, tous trois religieux de cette abbaie à Mantarville:

     «Nos canonici Sancti Johannis notum esse volumus tam futuris quam presentibus conventionem habuisse cum Teobaldo de Vallegelata post mortem ipsius nos concedere res nostras quas ipse Teobaldus tenet sicut eas habet, uni filiorum suorum solum modo, si vicinorum testimonio idoneus fuerit ut eos, pro ut oportet, procuret, predicto Teobaldo, duos solidos ad Pentecostem ad auxilium fratrum damus. De his que circa domos nostras faciet opere suo et clientum nichil persolvemus; si vero mercenarios eum conducere oportebit sive in sepibus restituendis sive in quibuscumque agendis, pretium communiter dabimus. Stramina et paleas granchiae ad pascendas bestias communiter ei concessimus. Ipsius granchiae canonici nostri clavem babebunt, et si proprias bestias apud se habuerint inde pascentur, aliis que non licebit dare commediatoribus habitis, neque vendere. In plaustris et quadrigis communiter mittemus. In porcis si cum Teobaldo eos habere voluerimus quae necessaria erunt communiter mittemus. Si porcos habere voluerimus neque Teobaldus habere poterit, nisi per canonicum nostrum preter duos quos ad se pascendum nutriet, et illis mortuis duos semper habere poterit. De caseis, de vaccis singulis singulos reddet solidos, si canonicus noster eos accipere noluerit. De semine canabis, in terra nostra unam asinam seminare poterit, et gesdium in extremitatibus terrae nostræ quantum volet; de utroque Canonicus noster decimam et campipartem accipiet. Si operarios conduxerit, canonicorum nostrorum
[p.246] testimonio ecclesiœ de Pontegodano servientium ea quae dabuntur dabit… Hec omnia in Turre Carnotensi coram Teobaudo comite et Stephano fratre ejus ad fidem tenere pacti sunt et fidei suas interpositione firmaverunt, tali scilicet conventione ut Teobaudus comes eos tenere cogat, si aliquo tempore exigere voluerint. Testes: Hugo vicecomes cujus manu haec predicta fecerunt; Guido de Merelvilla: Herveus de Galardone; Gauterius de Alneto; Gunherius de Mervilla; Amauricus de Mestenon; Hugo de Trembleio; Haimericus de Gaiis; Hugo de Garenceriis; Stephanus de Danunvilla; Petrus, cementarius de Seinvilla; Garinus de Sancto-Carauno; in presentia domni Stephani abbatis et fratrum nostrorum domni Roberti de Eddevilla, domni Salomonis, domni Berengarii apud ipsam Ermentarvillam.»

     1131-1132. — Hugues, abbé de Saint-Jean et successeur d’Etienne, eut aussi des démêlés, au sujet de la terre de Mantarville, avec Frédéric, frère de Jean d’Etampes. Louis le Gros, roi de France, pacifia ce différend. Aveline, fille de Jean, qui demeurait à Corbeil, donna aussi son consentement à la libéralité qu’avaient faite son père et son oncle:
     «Nos sancti Johannis Canonici subscriptorum attestatione gestum scripto mandare decrevimus quatinùs Fredericus frater Johannis de Stampis calumpniam de Armantarvilla quam fecerat, in presentia domni Ludovici regis, dimisit. Affuerunt autem testes hii, videlicet: Johannes ipsius Frederici frater; Alaenerius et Guido fratres; Bartholomeus Almarici filius; Burchardus de Valle Grimosa [sic (Grinosa)]; Ansoldus de Monte Lelhderici [sic]; Gislebertus testa asini; Stephanus cognomento IIII. boves. Algrinus clericus Regis. Domnus Hugo abbas. Hubertus et Petrus canonici. — Item testes qui affuerunt quum Avelina filia sepedicti Johannis apud Curbolium concessit donum quod pater et patrui sui de terra Armentarville primum fecerant: Johannes pater predicte puelle, Fredericus jamdictus patruus ejusdem puelle (
1) …» [p.247]
     (1) Charte sur parchemin. — Aux archiv. d’Eure-et-Loir.
     1150-1151. — Hubert et Landri de Mantarville vivaient à cette époque: «Odo famulus Huberti de Armentavilla. — Landricus de Armentarvilla (1).
     (1) Voir ci-dessus pages 158 et 159.
     1132. — Payen, fils d’Ansel, donna aussi à l’église de Saint-Jean tout ce qu’il possédait en propre à Mantarville. Jean, fils de Payen, abandonna en outre tout le fief que lui et son père avaient dans ladite villa. Ces libéralités furent confirmées par un privilége de Louis le Gros, que nous allons rapporter:
     «Ego Ludovicus Dei gratia Francorum rex, notum fieri volo tam futuris quam presentibus quod Paganus Anselli filius dedit ecclesiae beati Johannis de Valeia, pro anima sua et predecessorum suorum, quicquid in Harmentarvilla habebat de proprietate. Hoc donum idem concessit Johannes filius ejus; insuper totum feodum quod ipse et pater ejus in predicta terre habuit, ecclesiae Sancti Johannis dimisit. Et si de hac terra aliqua calumpnia mota fuerit, fore se defensorem fidei suae interpositione firmavit. Testibus et concedentibus Menerio et Guidone cognatis predicti Johannis, Fredericus vero frater Johannis super hoc donum calumpniam imposuit. Haec autem calumpnia ante presentiam nostram ventilata est quam predicti et nostri amore penitus dimisit, et fide interposita se contra omnem calumpniam defensorem promisit, et consilio nostro a canonicis ecclesiae X libras habuit. Hoc idem donum Balduinus de Corbolio qui filiam Johannis receperat, concessit. Quod ne valeat oblivione deleri, scripto commendari precepimus, et ne possit a posteris infringi, sigilli nostri auctoritate et nominis nostri karactere subterfirmavimus. Actum Parisius publice anno incarnati verbi M° C° XXX° II° regni nostri XX° IIII°. Ludovico in regem sublimato anno II° (
2).»
     (2) Orig. en parchemin. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1227. — Désirée de Sainville, veuve de Renault, chevalier, amortit en faveur de l’abbé et du couvent de Saint-Jean, pour le prix de quinze livres chartraines, un muid de [p.248] la dîme qu’elle avait droit de prendre sur la grange desdits religieux à Mantarville, avec faculté de rachat; Thomas, curé de la paroisse, y donna son consentement:
     «Galterus divina permissione Carnotensis episcopus presentes litteras inspecturis salutem in domino. Noverit universitas vestra quod Desideria de Seinvilla, relicta Raginaldi militis, in presentia nostra constituta obligavit ad mortuum pignus abbati et Conventui beati Johannis de Valeia Carnotensis, pro quindecim libris carnotensiam
[sic], unum modium decimæ quem ipsa annuatim percipiebat in granchia dictorum abbatis et conventus de Armentarvilla; ita quod ipsa Desideria quociesqunque voluerit, poterit dictam decimam redimere. Dicta vero Desideria fidem prestitit in manu nostra corporalem quod contra dictam obligationem non veniret. Istam autem obligationem voluerunt et concesserunt Robertus clericus filius Desideriæ supradictæ et Thomas presbiter in cujus parrochia sita est decima supradicta. In cujus rei robur et testimonium, ad petitionem dictorum Desideriæ et Roberti, predictis abbati et conventui presentes litteras dedimus sigilli nostri munimine roboratas. Actum anno domini millesimo ducentesimo vicesimo septimo mense octobri.»

     1231. — Les chanoines de Saint-Jean réunirent encore à leur domaine de Mantarville quatre setiers de terres labourables en deux pièces, qu’ils achetèrent de Evrard Le Fèvre, pour la somme de neuf livres:

     «Omnibus presentes litteras inspecturis magister Matheus officialis archidiaconi carnotensis salutem in Domino. Noverit universitas vestra quod Girardus faber et Sersensis uxor ejus in nostra presentia constituti recognoverunt se vendidisse religiosis viris abbati et conventui Sancti Johannis in Valleia duas pecias terre sitas apud Mantarvillam, quatuor sextarios seminis capientes, pro novem libris parisiensium. Et dicta Sersendis [sic] quicquid juris habebat in illis duabus peciis terre ratione dotalicii vel aliquacumque causa in manu nostra spontanea resignavit. Et fidem dederunt etc... Datum ad petitionem partium anno Domini M° C° XXX° primo, mense Januario (
1).» [p.249]
     (1) Orig. en parchemin. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1231. — L’abbaye de Saint-Jean ne négligeait aucune occasion d’agrandir ses possessions. Elle acheta, pour le prix de 95 livres, monnaie de Chartres, deux pièces de terre labourable, contenant vingt setiers, situées à Mantarville:

     «Omnibus présentes litteras inspecturis Willelmus decanus Christianitatis Stampensis salutem in Domino. Notum facimus universis quod Garsilius Petit in nostra presentia constitutus recognovit se vendidisse abbati et conventui beati Johannis de Valeia Carnot. duas pecias terre viginti sextarios capientes ad mensuram Carnotensem; que terra sita est in territorio Armentarville in dominio dictorum abbatis et conventus, pro quadraginta et quinque libris Carnotensis monete... Et ut ratum et firmum permaneat, presentes litteras fecimus conscribi et ad petitionem partium sigilli nostri munimine fecimus roborari. Actum anno Domini M° CC° tricesimo primo, mense decembri, die Jovis proxima post festum Beati Andreæ Apostoli.»

     1237. — Guillaume, dit Gâteblé, vendit encore aux religieux de Saint-Jean une terre située à Mantarville, contenant huit setiers, pour le prix de huit livres chartraines. Cette terre dépendait déjà de leur censive:

     «Universis presentes litteras inspecturis Officialis Archidiacone Carnot. salutem in Domino. Noveritis quod Guillelmus, dictus Gasteble, in nostra presentia constitutus, recognovit se vendidisse viris religionis abbati et Conventui sancti Johannis de Valleia Carnotens. quandam terram sitam apud Amentarvillam in censiva eorumdem, octo sextarios seminis capientem, pro decem et octo libris Carnotensium ad usus et consuetudines patrie garantizandum. Promittens... Actum anno Domini M° CC° XXX° septimo, mense decembri.»


     1237. — Guillaume, abbé de Saint-Jean, régla l’emploi du produit des pièces de terre que le couvent avait achetées au profit de la pitance des religieux, savoir: quatre setiers et une mine de terre labourable à Monceaux-Saint-Jean; quatre-vingts setiers à Eddeville, et huit setiers à Mantarville; [p.250] il fut convenu que le procureur desdites pitances prendrait pour l’amodiation des dites terres, dans les greniers de Saint-Jean, six setiers du blé de Mantarville, quatre-vingts setiers de blé à Eddeville, et huit setiers de blé à Monceaux. Le procureur prendra ensuite, dans les mêmes greniers, chaque année, à la Saint-Rémi, un muid du blé de Mantarville qui, auparavant, était assigné sur les dites pitances pour l’anniversaire du père et de la mère de Jean d’Epernon, chanoine de Saint-Jean:

     «Omnibus presentes litteras inspecturis Guillelmus Sancti Johannis in Valleia Carnot. humilis abbas, totusque ejusdem loci conventus salutem in vero salutari. Noverint universi quod quasdam pecias terrarum quas emimus ad usum pitanciarum conventus de donariis ad ejusdem pitancias deputatis sitas in diversis locis, videlicet apud Moncellos Sancti Johannis quandam peciam quatuor sextarios seminis et unam minam a Martino Sonant et Jacqueline Rosel; quasdam apud Edevillam a Garnerio Clerico, octodecim sextarios; et quandam apud Armentarvillam a Guillelmo dicto Gasteble octo sextarios seminis continentes, de communi assensu capituli nostri ad usum comitatis nostre disposuimus retinendas. Talimodo scilicet quod procurator pictanciarum conventus quod duximus statuendum, singulis annis in festo Sancti Remigii tres modios et dimidium bladi pro modiatione dictarum peciarum terre in orreis nostris de Valeia percipiet, videlicet de blado Armentarville sexdecim sextarios; de blado Edeville octodecim sextarios et de blado de Moncellis octo sextarios in usum dictarum pictanciarum convertendos. Percipiet nichilominus idem procurator ad dictum terminum annuatim quemdam modium in eisdem orreis de blado Armentarville qui eisdein pictanciis antea deputabatur pro patris et matris Johannis de Sparnone canonici nostri anniversario annis singulis celebrando. Dictam vero summam bladi, scilicet quatuor modios et dimidium dictus procurator in predictis orreis seorsum reponet vel alibi quo ut melius videbitur expedire. In cujus rei testimonium et munimen presentem paginam fecimus annotari et sigillorum nostrorum testimonio roborari. Actum anno domini millesimo ducentesimo tricesimo septimo, mense martio.»
[p.251]

     1238. — Jean de Loens, clerc, approuva la vente de quatre setiers de terre labourable à Mantarville, faite au couvent de Saint-Jean par Raoul César, parent dudit Jean:

     «Omnibus presentes litteras inspecturis Officialis archidiaconatus Parisiensis salutem in domino. Noverint universi quod Johannes de Loens, clericus, in nostra presentia constitutus, venditionem terre quatuor sextarios seminis capientis apud Armentarvillam site in Carnotensi diocesi, quam venditionem Radulfus Cesar, consanguineus dicti Johannis, fecerat abbati et conventui sancti Johannis in Valleia Carnot. ratam habuit. Remittens.... In cujus rei testimonium presentes litteras sigillo nostro fecimus sigillari. Datum anno Domini M° CC° XXX° octavo, in vigilia beati Andree apostoli (
1).»
     (1) Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1250. — Pierre Esprit et Christine, sa femme, vendirent aux religieux, abbé et couvent de Saint-Jean, pour la somme de cent sous chartrains, tous les droits qu’ils avaient et pouvaient avoir sur une maison et un demi arpent de terre situés à Mantarville, tenant aux terres dudit abbé, et faisant partie de la censive du couvent:
     «Universis presentes litteras inspecturis Officialis curie Carnotensis salutem in Domino. Noverint universi quod in nostra presentia constituti Petrus Espiritus et Crispina uxor ejus recognoverunt se vendidisse et nomine venditionis concessisse in perpetuum religiosis viris abbati et conventui Sancti Johannis in Valleia Carnotensi quicquid habebant vel habere proterant [sic (poterant)] in quadam domo et dimidio arpento terre sitis apud Armentarvillam, terris contiguas dictorum abbatis et conventus ex una parte, et hebergamento Johannis Dodu ex alia, in censiva Sancti Johannis de Valleia, pro centum solidis Carnotensium. Et promiserunt, etc. Datum anno Domini M° CC° quinquagesimo, mense octobri (
2).»
     (2) Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1255. — Les religieux de Saint-Jean achetèrent encore de Durand, nommé Morchier de Mantarville, pour le prix de [p.252] huit livres cinq sous, une pièce de terre labourable, située à Mantarville et contenant quatre setiers:
     «Universis presentes litteras inspecturis Officialis Carnotensis salutem in Domino. Noveritis quod in nostra presentia constitutus Durandus dictus Morchier de Mentarvilla vendidit et nomine venditionis concessit ad usus et consuetudines Carnotensis, religiosis viris abbati et conventui de Valeia, pro octo libris et quinque solidis carnotensium, quandam peciam terre arabilis quam idem venditor dicebat se habere moventem ex hereditate sua, sitam apud Mentarvillam in dominio dictorum abbatis et conventus, capientem, ut dicitur, quatuor sextariatas terre semeure
[sic], contiguam terris dictorum abbatis et conventus... Promittens... etc. Datum anno Domini milesimo ducentesimo quinquagesimo quinto, mense marcio (1).»
     (1) Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1347. — «A tous ceux qui ces présentes lettres verront Joucelin du Pertuis, bailli de Chartres, salut: saichent tuit que en la présence Jehan Bon-Lieu, clerc, tabellion juré nostre seigneur le Roy à Chartres, establi Guérin, chevalier, et Supplice, sa fame, demourant à Manterville, lesquex de leurs bonnes volontez et d’un commun assentement et espécialement ladite Supplice o l’autorité, congié et assentement dudit Guérin, recongnurent et confessèrent eux avoir vendu, ottroyé, quitté, cessé et delessé dès maintenant à touz jours, mes [sic (touz jours mes,)] sans espérance de james rapeler ne venir en contre, à religieux hommes et honnestes l’abbé et couvent de Saint Jehan-en-Vallée-les-Chartres, à leurs successeurs et à ceux qui d’eux ont et auront cause ou temps advenir, un hébergement qu’ils avaient assis à Manterville, si comme il comporte et pourssiet en lonc et en le [sic (lé)], en haut et en bas, tenant à Guillaume Briquet d’un cousté et à Lorete La Levie de l’autre cousté. De rechief dix et huit septiers de terre assis ou terroir de Manterville en plusieurs pièces; la première pièce contenant diz septiers, tenant à la terre de Alipz la Mesnagière d’une part, et à la terre [p.253] Alips la Texière d’autre part; aboutant d’un bout au chemin d’Amilet, et d’autre aux terres feu Michiau Camart. La seconde pièce, contenant trois septiers, tenant à la terre de ladite Mesnagière d’une part, et à la terre dudit Guillaume Briquet, d’autre, abutant d’un bout aux terres desdits religieux, et de l’autre à la terre Mahé le baillif. La tierce pièce, contenant cinq septiers, tenant à la terre Regnault Bouvart d’une part, et à la terre Belon de Tours d’autre, abutant d’un bout au terroir de Garancières, et de l’autre bout à la terre Jehan Sauvage. Toutes les choses dessus dites, vendues sur le prix et l’estimation de deux muys chartrains de grains et quarante soulz tournoys de rente chascun an, tous assis en la censive et seigneurie desdits religieux, et est tout mouvent du propre acquerrement desdiz vendeurs, si comme ils disoient. Ceste vente faite pour le prix et la somme de soixante et quinze livres tournois, desquelz deniers dessusdiz les ditz vendeurs se tindrent à bien paiez en cinquante florins d’or à l’escu que il en ont eus et receus des propres deniers de honorable homme et discret maistre Symon de Saint-Cloust, chanoine en l’église Nostre-Dame de Chartres, lesquelz florins ledit maistre Symon avait lessiez et donnez en son testament ou dernière volonté à l’église de Saint-Jean-en-Vallée, en laquelle il a esleu sa sépulture, pour acheter rente à fonder son anniersaire... Promettant... Renonçant... Obligeant... En tesmoing de ce, nous avons fait sceller ces lettres du scel de la chastellenie de Chartres. Ce fut fait l’an de grâce mil trois cenz quarante et sept, le lundy après la Pentecoste (1).»
     (1) Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1353. — Les religieux de Saint-Jean avaient à Mantarville un moulin banal où les tenanciers de l’abbaye étaient obligés, à deux lieues à la ronde, de venir faire moudre leur grain. Une contestation s’étant élevée à ce sujet entre eux et la comtesse d’Alençon et d’Etampes, le bailli d’Etampes pacifia ce différend ainsi qu’il suit: [p.254]

     «A tous ceux qui ces lettres verront, Jehan D., bailli d’Estampes et de Gien, salut. Sur ce que les religieux, abbé et couvent de Saint-Jehan-en-Vallée de Chartres s’estaient complains de ce que comme à cause de leur meson de Mantarville soient et aient esté en possession et sesine pesiblement et de si lonc temps qu’il n’est mémoire du contraire, d’avoir chevaux et autres bestes avecque charrette pour quérir moulture à leur moulin dudit lieu par les villes voisines, si comme environ deux lieues en tout ledit lieu de Mantarville, de fere queste aus diz lieux publiquement et notoirement en criant à haute voix: «Qui a à mouldre!» Neantmoins de par madame la comtesse d’Alençon et d’Estampes avait naguerez esté crié à Estampes généralement que aucun ne fit queste de moulture en la comté d’Estampes pour mouldre à autres moulins que au moulin de madicte Dame à Estampes, sur peine de forfaire la moulture et les bestes ou beste, en grand grief et préjudice et dommage desdits Religieux et en les troublent et empeschent en leur juste possession et sésine induement, si comme ils disoient. Requérant que, conformément à leur requête le cri fust rappellé et mis au néant, affin que ils peussent user et jouir de leurs dictes possessions et sesines. Et sur ce eust esté commandé au Procureur de ma dicte Dame par les gens de son conseil que il se informast de ses chouses et nous rapportast l’information que faire en avoit, ad ce que par icelle nous feissions reson aux parties. Laquelle information fete et rapportée par devers nous, ycelle veue et diligemment examinée o grant délibération des saiges, le procureur de madicte dame présent qui rien ne voult contredire contre l’information, il nous est apparu lesdiz Religieux avoir esté et estre en possession et sesine de ladicte queste de si longtemps que n’est mémoire du contraire. Saichent tuit que es jours de bailliage qui furent à Estampes l’an mil CCC. cinquante et trois, le samedi premier jour du moys de mars, déclarasmes et avons déclaré que ce n’est pas notre entente que pour ledit cri que l’on dit généralement avoir esté fet [p.253] la possession des diz Religieux quant à la dicte queste, si comme il est accoustumé à user, soit en aucune manière empeschée ne occupée. Et le dit cri en tant comme touche les diz Religieux avons rappellé et mis à néant. Donné en tesmoings de ce souz nostre scel en l’an et es jours dessus diz. Et pour greigneur, confirmation et congnoissance y avons fet mettre le scel de la chastellenie d’Estampes donné comme dessus (1).»
     (1) Orig. en parch. Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1390. — Le moulin à vent de Mantarville, avec la maison d’habitation et cinq setiers de terre situés auprès, étaient affermés pour quarante setiers par an:
     «A tous ceux qui ces présentes lettres verront Simon Bire, prévost d’Yenville, salut.
     «Saichent tuit que pardevant nous vindrent en leurs personnes Brethaut Paquier et Jehan Paquier, son filz l’aizné, esquelz eulx deux assemblement et chacun pour le tout sans faire division l’un de l’autre, recongnurent et confessèrent eulx avoir prins et retenu à droiz, ferme et moison de blé, de révérent frère en Dieu Monsieur l’abé de Sainct-Jehan-en-Vallée, ung molin à vent, appellé le molin de Mantarville, à tenir dudit bailleur par les diz preneurs ou par ceux qui auront leur cause, du jour de la Sainct Remy prochainement venant jusques à trois ans, aussy à prendre par les diz preneurs touz les proffiz, yssues, revenues et esmolumens qui audit molin pourront yssir ledit temps durant. C’est assavoir ce bail et amoisonnement fait pour le priz et la somme de quarente sextiers de blé, tel blé comme ledit molin pourra gangner, que lesdiz preneurs vendront et paieont audit bailleur pour chacun an de mois en mois par egale portion. Et pour le deschie des meubles dudit molin, lesdiz preneurs paieront par chacun an vingt souz tournois audit Monsieur l’abé. Et là ou aucunes des pièces du merran dudit molin deschaira, ledit Monsieur l’abé fera venir
[p.256] merran en place et les preneurs les feront charpenter et monter. Et seront tenus lesdiz preneurs de quérir tout le surplus comme toiles, chaussures, alichens, fiseaux,van, chable et corbillons. Item, Monsieur l’abé baille aus diz preneurs la meson du molin avec cinq sextiers de terre assis emprès ledit molin pour l’aisement desdiz preneurs. Duquel bail ainsi baillé, comme dit est, lesdiz preneurs se tindrent pour bien paiez par devers nous sans nulle fraude. Promettant... etc. Obligeant... etc. Renonçant... à tout ce qui de droit ou de faict pourroit estre dit contre ces lettre lesquelles nous avons faictes sceller du scel de ladite Prevosté d’Yenville. Donné l’an de grâce mil trois cens quatre vint et diz, le douziesme jour de juillet (1).»
     (1) Orig. en parch. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1505. — Le fermage de ce moulin n’était plus que de vingt setiers de blé par an:
     «Universis presentes litteras inspecturis Officialis Carnotensis salutem in Domino. Notum facimus quod in dilecti et fidelis nostri Augustini Frecot, autoritate apostolicæ publici curieque nostre notarii pratici jurati cui quantum ad presens vel ut etiam ad majorem fidem adhibemus plenariam, commisimus et committimus vices nostras nec non et testium infra scriptorum presentia personaliter constitutus Petrus Sam... cultor et parrochianus de Sainvilla recognovit et legitime confessus fuit accepisse et retinuisse ad firmam seu ad unam pensionem, a festo Nativitatis beate Marie Virginis proxime venturo usque ad tres annos inde sequentes continuos et complendos, a venerabili et religioso viro domno Johanne le Roy, presbitero, priore Sancte Fidis Carnotensis, unum molendinum ad ventum ad molandum bladum cum suis pertinenciis eidem tradenti spectans et pertinens, situm in dicta parrochia de Sainvilla, pro dicto molendino per eumdem accipiendo, utendo et gaudendo, dicto tempore durante, pro firma seu pensione annua viginti sextariorum bladi multure mensure dicti loci de Sainvilla… Datum anno Domini millesimo quingentesimo quinto, die Sabati tricesima
[p.257] mensis Augusti, astantibus Guillelmo Jambot de Carnoto et Gilleto Guenes de Mantarvilla (1), testibus ad premissa vocatis (2).»
     (1) La famille Guenée de Mantarville est citée page 200.
     (2) Orig. en parch. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1543. — Le moulin de Montarville était en si mauvais état et de si minime produit, que les chanoines de Saint-Jean l’échangèrent avec le seigneur du Chesne pour dix setiers de terre:
     «A tous ceulx qui ces présentes lettres verront, Michel de Champront, escuyer,.... bailly et cappitaine de Chartres, salut: savoir faisons que... furent présens vénérables et religieuses personnes frères Claude Griset, prieur claustral, Bertherand Campard, soubz prieur, René Le Feuvre, procureur de Saincte-Foy, Guillaume Penthon, prebre des Bordes, Nicole Troellard, prebre, Robert, Claude Lambert, prévost, Jehan Bignon, Michel Robert, Jehan Julien, curé de la Magdellaine, Jehan Leprince, Mathurin Le Conte et Jehan Androu, prebres, Jehan de Bordeaulx, soubz diacre, Jehan Levint, Louys Thirault et Estienne La Chappelle, tous religieux profès en l’abbaye et monastère de Sainct-Jehan-en-Vallée-lez-Chartres, faisant et représentant la plus grande et sayne partie des Relligieux faisans la communauté de ladicte abbaye, assemblez et congreigez en leur chappitre au son de la campaigne en la manière accoutumée pour consulter, traicter et adviser des négoces et affaires de ladite abbaye, d’une part; et noble homme messire Jehan de Boullehart, chevallier, seigneur du Chesne, demeurant audict lieu du Chesne, paroisse de Sainville, d’autre part; lesquelles parties de leurs bons grez et vollentez congnurent et confessèrent avoir fait et par ces présentes font entre’eux les eschanges, contrechanges, promesses, observations et chouses qui s’ensuyent. C’est à savoir que lesdits Relligieux faisans ledict couvent, cognoissent que le moulin vulgairement appelé le moulin de Manterville audit
[p.258] couvent appartenant, est de présent de petit prouffit et revenu tant à cause de ruyne et démolition es quiez il est de présent, que pareillement à cause de ce que plusieurs des laboureurs et aultres demourants es villaiges circonvoisins dudit moullin ont délaissé de faire mouldre leurs bledz et grains et les portent et font porter es moulins des gentils hommes circonvoisins. Pareillement que pour restablir, réparer et remettre en estat deu icellui moullin, il faudrait et conviendroit exposer la somme de cent livres tournois ou autre grosse somme de deniers, ainsi que les ditz Relligieux faisans ledit couvent ont dit et rapporté... Pour le prouffit et utilité dudit couvent, ont iceux Relligieulx baillé et délaissé par eschange dès maintenant à tous jours mays audit Messire Jehan Boullehart, à ses hoirs et ayans cause c’est à savoir ledit moullin appellé le moullin de Manterville, ses appartenances et dépendances, scitué en ung septier de terre ou environ assis en la terre et seigneurie de Sainville près le villaige de Manterville sur le chemin tandant de Manterville à Sainville.... Et ledit sieur Boullehart aux ditz Relligieux baille et délaisse... dix septiers de terre en une ou plusieurs pièces, le plus commodément que faire se pourra… l’an mil cinq cens quarante troys… (1
     (1) Orig. en parch. — Archiv. d’Eure-et-Loir.
     1740. — Déclaration censuelle par les gagers de la fabrique d’Orlu pour messieurs les vénérables prieur et relligieux et couvent de Saint-Jean-en-Vallée-les-Chartres, seigneurs seuls hauts justiciers de Mantarville et autres lieux, à cause de leur seigneurie dudit Mantarville (2).
     (2) Tit. de la fab. d’Orlu.
     IV. — PETIT-SAINVILLE (le). — Ce lieu, situe à un kilomètre de Sainville, possédait autrefois une maladrerie dont nous avons parlé ci-dessus, page 43.

     Consistance territoriale. — L’ancienne division topographique de Sainville déjà citée, page 193, a été peu modifié [p.259] par les travaux du cadastre qui ont été terminés sur le terrain en 1812 (1) et dont voici le résultat:


Hectares.
Ares.
Cent.
Terres labourables
2,061
19
38
Bois taillis
59
07
60
Jardins potagers
12
69
66
Pâtures
1
43
30
Superficie des bâtiments
8
08
97
Total    
2,142
48
91

     Cette situation a bien changé depuis cinquante ans. Les propriétés, plus disséminées qu’elles n’étaient anciennement, ne donnent cependant qu’une proportion de 1 parcelle 1/3 par hectare; elles sont cultivées avec plus de soin: chacun force la terre à lui rapporter le plus possible. La culture des prairies artificielles a remplacé les jachères, et les pâtures qui n’étaient que de mauvaises friches, ont été depuis le cadastre plantées en bois qui ont assez bien réussi.

     (1) La matrice cadastrale n’a été mise en recouvrement qu’en 1818.
     Les registres de l’état-civil de la paroisse de Sainville remontent à 1591; ils sont reliés et conservés avec soin dans les archives communales, et renferment des notes curieuses et intéressantes pour l’histoire locale. Nous en avons déjà cité une concernant le hameau du Chesne; en voici deux autres.

     Il paraît que l’hiver de 1776 fut extrêmement rigoureux, puisque le curé de Sainville en fait mention de cette manière:
     «Cette année est encore remarquable par l’hiver qui commença le 10 janvier et finit le 28. Le froid fut si furieux que le gibier mourut aux champs. Le 26, 27 et 28, le froid était tellement entré dans les maisons, que la sueure du bois qui brûlait dans le feu, gelait au bout de la bûche sans tomber. — Quæque miserrima vidi.» Signé: Jouan, curé.
[p.260]

     Le registre de 1780 contient encore le fait suivant dont le curé Jouan fut témoin oculaire:
     «Le 4 juin de cette même année (1780), qui était un dimanche, sur les trois heures après midi, il vint une nuée d’orage terrible du vent du midi, qui donna un déluge d’eau sans causer grand dommage. Cette nuée à peine passée, il s’en leva une seconde de la haute galerne qui donna beaucoup d’eau à Orsonville, Boulonville et Le Chêne, hameaux de cette paroisse. La grêle commença au village de Sainville, à quatre heures, et dura cinq minutes, sans eau, et continua trois quarts d’heure avec de l’eau. Les bleds étoient dans la plaine des Marnières et commençoient à épier; ils furent entièrement détruits, ainsy que les terroirs de Châtenay, Vierville, Orlus et Ardelus, et les trois quarts de Menterville; les bleds se trouvèrent razés plus bas qu’ils ne le sont après la moisson.
     «Environ quinze jours après ce fameux désastre, on fut très-étonné de voir ces mêmes bleds entièrement perdus, redrageonner du pied et insensiblement reproduire un nouvel épi, en sorte qu’à la fin de juillet toute la plaine était parfaitement épiée, et les épis bien fleuris. Mais malheureusement la chaleur et le hâle furent excessifs; ils grillèrent ces épis trop tendres qui ne rapportèrent absolument rien. Je suis persuadé que si le temps fût venu favorable, on auroit encore recueili de cette seconde repouce deux setiers au septier. J’écris ce fâcheux événement pour servir à la postérité, affin qu’en pareille circonstance on ne se défie pas de la Providence qui peut nous être propice dans nos plus grands malheurs. — Quæ
que ego miserrima vidi et quorum pars magna fui.» — Signé: Jouan, curé.

     La commune de Sainville, dépourvue d’eaux courantes, possède dans le bourg: divers puits dont trois sont communaux, d’une profondeur de 30 mètres; quatre mares et les fossés de la porte d’Étampes; — à Boulonville deux puits et une mare; — à Mantarville, trois puits et une mare. [p.261]

    


     TABLE. SAINVILLE (ÉtymologieRestes antiquesavant 10801128 — 1150vers 115012271253 — 1553158317111670-1721 — 1777 — Fortification (1545)Recensement (1545)Plan du bourgÉgliseCloches) — MARIE POUSSEPIN (Communauté fondée par Marie Pousselin1697170417091717171817241732173817571781178317921811) — DÉMOGRAPHIE (statistiques) — HAMEAUX: 1) BOULONVILLE (étymologiearchéologie1113-1150) —2) LE CHÊNE (origine celtique13761543166716701685) — 3) MANTARVILLE (origine celtique111111131115112011231128113111501132122712311231 bis 12371237 bis123812501255134713531390150515431740) — 4) LE PETIT-SAINVILLE (léproserie) — VARIA (occupation des solsregistres paroissiaux (anecdotes climatiques)hydrologie) — BIBLIOGRAPHIE.


Toute correction, critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
     Source: L’édition de 1867, saisie par B. G. en 2010, d’après la numérisation automatique de Google Book faite sur un exemplaire défectueux et mal scanné, collationnée sur un exemplaire conservé aux archives départementales de l’Eure-et-Loir.
BIBLIOGRAPHIE
      
Édition

     Édouard (Pierre-Édouard-Alexandre) LEFÈVRE (ancien chef de division à la Préfecture d’Eure-et-Loir, historien de la Beauce, membre correspondant du Comité des travaux historiques et scientifiques et de plusieurs sociétés savantes, historien de la Beauce), «Sainville», in ID., Documents historiques et statistiques sur les communes du canton d’Auneau arrondissement de Chartres (Eure-et-Loir) [2 volumes in-16, ou in-12; extrait de l’Annuaire d’Eure-et-Loir (1867) & (1868)], Chartres, Garnier, 1867-1869, tome 1 (1867), pp. 187-260.

     Bernard GINESTE [éd.], «Édouard Lefèvre: Sainville (1867)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-edouardlefevre1867sainville.html, 2010.


Autres sources sur Sainville


     BAJOU [réacteur], Mémoire pour le sieur Servant, curé de Sainville, les supérieure, économe et sœurs de la Charité établies à Sainville, et Louis-Troisvalets,... appelants, contre Michel Hervé, Macé, les Rabourdins et quelques autres habitants de Sainville, intimés [in-f°; factum], Paris, J. Chardon, 1746.

     Simon de MOSAR [rédacteur], Mémoire pour les manants et habitants, corps et communauté de la paroisse de Sainville contre le sieur Pierre Servant, curé de Sainville, les sœurs de la Charité établies au même lieu, et Louis Troisvallet, ci-devant marguillier de la même église [in-f°; factum relatif au déplacement des fonts baptismaux dans l’église de Sainville], Paris, Veuve A. Knapen, 1746.

     ANONYME, Bénédiction de la chapelle du couvent de Sainville berceau de la Présentation-Sainte-Marie, le lundi 25 août 1890 [in-8°; pièce], Chateaudun, J. Pigelet, 1890.

     Gabriel THÉRY (1891-1959), Recueil des actes de la vénérable Marie Poussepin (1653-1744), fondatrice des Soeurs de la Présentation de Tours [2 volumes in-4°;  t.I. (V+475 p.): Période de Dourdan, 1653-1695. Contribution à l’histoire du commerce et de l’industrie à Dourdan aux XVIIe et XVIIIe siècles; t.II. (IV+680 p.) Période de Sainville, 1696-1744. Contribution à l’histoire de la charité et de l’enseignement aux XVIIe et XVIIIe siècles; figures;  planches; portrait; fac-similés; armoiries; tableau généalogique (t. I);  lettres (en tête du t. II) de Mgr Louis-Joseph Gaillard, de Mgr Roger Beaussart (1879-1952) et du R.P. Marin Stanislas Gillet (1875-1951)], Tours, Mame, 1938.

     IGN (Institut Géographique National), Méréville ouest [2e édition; 1 feuille en couleur; 67 cm sur 99, pliée 23 cm sur 12; carte topographique (projection conique conforme de Lambert); 1:25 000; relief représenté par courbes de niveau, points cotés et estompage; coordonnées géographiques: E 1°47’52" - E 1°58’40" / N 48°25’15" - N 48°14’27"; communes représentées: Sainville, Maisons, Denonville, Vierville; Gouillons; Gommerville; Baudreville; Levesville-la-Chenard, Mérouville, Intreville, Rouvray-Saint-Denis, Neuvy-en-Beauce, Fresnay-l’Éveque], Paris, IGN [«Série bleue: carte topographique de la France à 1:25 000»],  1979.
     Réédition sous le titre: Sainville [3e édition: les éléments de la révision de 1989 figurent en orangé], Paris, IGN, 1990; Sainville [4e édition; carte réalisée à partir des données numériques de la Base de données topographiques], Paris, IGN, 1997 (réimpression 2002); 
Sainville [5e édition; quadrillage kilométrique UTM-WGS 84; date du fond cartographique: 1997-2002 d’après la déclaration de dépôt légal], Paris, IGN, 2005.

     Michel DE POOTER, «Sainville (vue aérienne, 16 septembre 2007)», in ID., A mille pieds. Photographies aériennes de la région d’Etampes, http://a1000pieds.free.fr/Miniatures/Sainville2007-09-16-01.html
, 2007, en ligne en 2010.

     Bernard GINESTE [éd.], «Sainville en cartes postales (1904-2001)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cpa-sainville01.html, 2010.

     COLLECTIF, «Sainville (pot-pourri documentaire, depuis 2010)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cte-potpourridesainville.html, 2010.



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