CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Séverin Le Duff de Mésonan
Lettre au docteur Henri Conneau
Hôtel-Dieu d’Étampes, 3 juin 1846

Séverin Le Duff de Mésonan
Séverin Le Duff de Mésonan (1781-1872)
Conneau
Henri Conneau (1803-1877)
  
     Voici un document sensationnel qui nous montre de passage à Étampes, en juin 1846, un activiste bonapartiste qui se réjouit de l’évasion du prince Napoléon, et qui en félicite son complice, bien quil soit à son tour incarcéré.
    Séverin Le Duff de Mésonan, ancien officier des armées napoléoniennes, est en effet un partisan acharné et actif du Prince Louis-Napoléon Bonaparte, le futur Napoléon III, avec lequel il complote pour arriver au pouvoir
. En 1840 d’ailleurs, compromis dans l’affaire de Boulogne, où ce prince avait tenté un coup d’État malheureux, il a déjà été condamné à quinze ans de prison par la justice de la Monarchie de Juillet.
     Apparemment amnistié à titre personnel vers 1844, il réapparaît ici à l’Hôtel-Dieu d’Étampes, dans des circonstances qui nous restent inconnues, d’après le présent document qui était en vente en mars 2018 sur un site d’enchères en ligne. Mésonan vient d’apprendre par la presse l’évasion du Prince Napoléon du fort de Ham, et la capture de son médecin et complice, le docteur Henri Conneau, auquel il adresse la lettre dont nous donnons ici l’édtion princeps.
     Tous deux seront plus tard récompensés de leur fidélité sans faille à Louis-Napoléon Bonaparte au long de ces années obscures, et deviendront de notables dignitaires du Second Empire.
B. G., mars 2018
 
Séverin Le Duff de Mésonan
Lettre au docteur Henri Conneau
Hôtel-Dieu d’Étampes, 3 juin 1846
 


Monsieur le docteur Conneau,
à la maison d’arrêt de
Péronne
(Département de la Somme.)
[Tampon postal:]
Étampes (72)
3 JUIN 46


Hôtel Dieu d’Étampes, le 3 juin 1846

Mon cher Conneau

     J’apprends à l’instant, par les journaux, que vous venez d’être conduit dans la maison d’arrêt de Péronne et je m’empresse de vous écrire pour vous renouveller tous mes sentiments et vous exprimer la vive part que je prendrai toujours à ce qui peut vous arriver d’heureux ou de malheureux. J’aime à croire, mon cher Conneau, que vous ne tarderez pas à recouvrer votre liberté et à rejoindre notre brave et digne prince, auquel vous venez de donner, de nouveau, une preuve bien éclatante de votre constante amitié et de votre inépuisable dévoûment. Je vous serai très obligé de me donner de vos nouvelles, et de celles du Prince, quand vous apprendrez positivement son heureuse arrivée à sa destination quelqu’elle soit. En attendant ce jour, également heureux, et pour lui et pour vous, armez-vous, mon cher Conneau, de ce courage dont le sort vous a pourvu d’une si forte dose. Portez-vous bien et recevez de nouveau l’assurance de mon bien sincère attachement.

Tout à vous de cœur.
Mésonan.
Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)


Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

  Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)

Lettre de Mésonan à Colleau (Etampes, 3 juin 1846)



On donne ci-après les articles que consacre à nos deux personnages le Dictionnaire des parlementaires français.


 
Mésonan (Séverin-Louis-Marie-Michel Le Duff de). — Député au Corps législatif de 1852 à 1857, sénateur du second Empire, né à Quimper (Finistère) le 10 octobre 1781, mort à Paris le 22 août 1872, entré en 1800 dans la marine comme quartier-maître au 37e bataillon, il prit rang, en 1809, dans l’armée de terre comme lieutenant au 45e de ligne. Compris, un mois plus tard, dans la capitulation de Flessingue, il resta sur les pontons anglais jusqu’en 1814. Mis en demi-solde à la Restauration, il fut affecté, en 1819, à l’état-major, et fit la guerre d’Espagne (1823) comme aide de camp du général Bourke. Chef d’escadron d’état-major en 1831, et retraité comme tel en 1837, il s’attacha, après la tentative de Strasbourg, à Louis-Napoléon, et s’efforça de lui gagner des partisans dans l’armée. Compromis dans l’affaire de Boulogne, il fut condamné à quinze ans de détention par la Chambre des pairs, et ne recouvra sa liberté qu’après la révolution de février  [N.B.: Notre document montre que c’est inexact, et qu’il était déjà libre en 1846, sans doute amnistié comme Conneau dès 1844 (B.G.)]. Il servit alors avec ardeur la politique du prince-président, fut chargé de diverses missions spéciales auprès des généraux, et coopéra au coup d’Etat du 2 décembre. Membre et vice-président du conseil général du Finistère, il fut élu, le 20 février 1852, comme candidat officiel, député au Corps législatif par la 3e circonscription du Finistère, avec 16.870 voix (17.311 votants, 37.793 inscrits). L’Empereur le nomma sénateur, le 9 juin 1857. Commandeur de la Légion d’honneur du 15 août 1819, grand-officier du 14 août 1868.
Séverin Le Duff de Mésonan
Conneau (François-Alexandre-Henri). Député au Corps législatif de 1852 à 1867 et sénateur du second Empire, né à Milan (Italie), le 4 juin 1803, mort à la Porta (Corse) le 14 août 1877, il fut, dès l’âge de 17 ans, et pendant neuf mois, secrétaire du roi de Hollande, Louis Bonaparte, puis fit ses études de médecine, fut reçu docteur à Florence, et, après s’être mêlé à l’insurrection de 1831 dans les Etats du pape, avec les deux fils du roi Louis, fut attaché comme médecin à la maison de la reine Hortense. Il suivit dès lors la fortune du prince Louis-Napoléon, l’accompagna en Angleterre, prit part, en 1840, à l’échauffourée de Boulogne, et, arrêté avec le prince, fut condamné à 5 ans de prison et enfermé à Ham avec lui. Amnistié personnellement en 1844, il refusa de quitter le prince, prépara et fit réussir son évasion, et subit de ce chef une nouvelle condamnation. À la révolution de 1848, il reprit auprès de lui sa place de médecin, et, au rétablissement de l’Empire, devint premier médecin de sa |168 maison. Élu, le 29 février 1852, député au Corps législatif dans la 3e circonscription de la Somme, par 22.622 voix, sur 23.189 votants et 32.422 inscrits, il siégea dans la majorité dynastique, et fut successivement réélu le 22 juin 1857 par 16.557 voix sur 23.186 votants et 31.000 inscrits, contre M. Ernest Hamel, 2.306 voix, et le 1er juin 1863 par 20.355 voix sur 25.079 votants et 31.112 inscrits, contre M. Ernest Hamel, 4.608 voix. L’empereur l’appela au Sénat le 18 novembre 1867, et la révolution du 4 septembre 1870 le rendit à la vie privée. M. Conneau était membre de l’Académie de médecine, membre, pour le canton de Bastia, du conseil général de la Corse dont il fut vice-président jusqu’en 1870, grand-officier de la Légion d’honneur du 7 août 1867, et décoré de nombreux ordres étrangers.
Henri Conneau


BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Édition

     Bernard GINESTE [éd.], «Séverin Le Duff de Mésonan: Lettre au docteur Henri Conneau (Hôtel-Dieu d’Étampes, 3 juin 1846)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-19-mesonan1846conneau.html, 2018.

Autres sources

     Adolphe Robert et Gaston Cougny, «Mésonan (Séverin-Louis-Marie-Michel Le Duff de)», in Dictionnaire des parlementaires français. Tome quatrième. Lav-Pla, Paris, Bourloton, 1891, p. 356.

     Adolphe Robert et Gaston Cougny, «Conneau (François-Alexandre-Henri)», in Dictionnaire des parlementaires français. Tome second. Cay-Fes, Paris, Bourloton, 1890, pp. 167-168.


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