CORPUS  HISTORIQUE  ÉTAMPOIS
 
Gustave Chaix d’Est-Ange
 La famille d’Astorg
Dictionnaire des familles, 1903
     
    Blason de la famille d'Astorg, dessiné par O. de Chavagnac pour l’Armorial des As
Blason dessiné par O. de Chavagnac pour l’Armorial des As

     On reprend ici au Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle, de Gustave Chaix d’Est-Ange, sa notice sur la famille d’Astorg, qui était possessionnée sous l’Ancien Régime dans la bailliage d’Étampes.
Bernard Gineste, novembre 2016
 
Gustave Chaix d’Est-Ange
 La famille d’Astorg
Dictionnaire des familles, 1903


     ASTORG (d’). Armes: d’or à une aigle éployée de sable. —  Devise: Nihil me pavet.

     La maison d’Astorg appartient à l’ancienne noblesse du Languedoc.

     Elle a eu pour auteur Adémar Astorg, bourgeois de Toulouse, qui fut capitoul de cette ville en 1298, 1304, 1314 et 1337. La qualification de bourgeois de villes importantes comme l’était Toulouse était souvent prise à cette époque par les représentants des familles nobles de la région. Il est donc très possible qu’Adémar Astorg ait appartenu à la noblesse par sa naissance. On a voulu le rattacher à une famille d’Astorg ou d’Astorgue éteinte en 1828 et rapportée à la suite qui appartenait à la noblesse chevaleresque de l’Auvergne. Bien que cette communauté d’origine soit très douteuse les deux familles d’Astorg se reconnurent comme parentes dans les années qui précédèrent la révolution.

     Le rapport dressé en 1774 par le généalogiste des ordres du Roi lors de l’admission aux honneurs de la Cour de la maison d’Astorg, du Languedoc, et conservé dans les manuscrits de Chérin, commence en ces termes «La maison d’Astorg est une de celles qui ont illustré dans les premiers temps le capitoulat de Toulouse. Adémar Astorg occupait cette place dès l’année 1298 et avait pour collègues Pons de Gaure, chevalier, et Bertrand-Othon de Lautrec. Il la remplit encore les années 1304, 1314, 1337. Elle a des services distingués et des alliances illustres. Sa filiation est établie depuis Pierre Astorg, écuyer, Sgr de Segreville, au bas Armagnac, de Montbartier, dans le Haut-Languedoc, et de plusieurs autres terres, échanson du Roi Charles VI, qualifié noble et puissant seigneur, citoyen et bourgeois de Toulouse (ces derniers titres désignant son domicile et non son état), lequel fut capitoul de Toulouse en 1392 et 1399».

     Noble Pierre Astorg, bourgeois de Toulouse, auquel remonte la filiation suivie, fut capitoul en 1392, 1399 et 1406; ses armoiries, différentes de celles que portèrent ses descendants, étaient de gueules à deux besants tourteaux d’argent et de gueules, l’écu componé
|387 d’argent. D’après la généalogie de Saint-Allais, il aurait été fils de Bernard d’Astorg, chevalier, qui servait dans la guerre contre les Anglais en 1339 et 1356, et d’une dame dont le nom est demeuré inconnu et petit-fils d’Adhémar Astorg, bourgeois de Toulouse, capitoul en 1298, 1304, 1314 et 1337. D’après la même généalogie et d’après celle qui fut produite pour les honneurs de la Cour, il fut le même personnage que Pierre Astorg, chevalier, Sgr de Montbartier, échanson du Roi en 1405, capitoul de Toulouse en 1415 et 1427, qui épousa d’abord Jeanne de Castelmoron, puis vers 1428 Fernande de Rabasteins. Mais, d’après certains auteurs tels que Brémond (Nobiliaire toulousain) et M. de la Roque (Armorial de la noblesse du Languedoc), il y aurait là deux personnages distincts ayant porté le même prénom dont l’un aurait été le fils de l’autre. Jean d’Astorg, chevalier, Sgr de Montbartier, Ségreville, Escaupont, etc., fils de Pierre et de Fernande de Rabasteins, marié à Anne de Montclar, fut capitoul de Toulouse en 1454, 1461, 1488 et 1496 et eut, en cette qualité, l’honneur de présenter au roi Louis XI les clefs de la ville lorsqu’il y fit son entrée le 10 décembre 1462. Il fut père d’Antoine d’Astorg, connu le premier sous le titre de baron de Montbartier, capitoul de Toulouse en 1518, qui épousa le 10 décembre 1505 Marguerite d’Espagne de Montespan, et grand-père d’Antoine d’Astorg, baron de Montbartier, qui fut de 1550 à 1587 capitaine gouverneur et commandant pour le Roi dans les diocèses de Toulouse, Lavaur et Saint-Papoul. Deux des fils de celui-ci, Bernard d’Astorg, chevalier, baron de Montbartier, chevalier de l’ordre du Roi, marié le 8 juillet 1555 à Isabeau d’Aure, héritière de la vicomté de Larboust et de la baronnie de Cardaillac, et Joseph d’Astorg, Sgr d’Aubarède en Bigorre, marié le 28 novembre 1592 à Mirmonde de Mun, furent les auteurs de deux grandes branches.

     François d’Astorg, baron de Montbartier, gentilhomme ordinaire de la chambre du Roi, chef de la branche aînée, et ses deux frères, autre François d’Astorg, vicomte de Larboust, lieutenant général des armées du Roi, et Bernard-François d’Astorg, furent maintenus dans leur noblesse le 19 novembre 1668 par jugement de M. de Bezons, intendant du Languedoc. Cette branche s’éteignit avec Pierre d’Astorg, baron de Montbartier, vicomte de Larboust, dont la fille unique épousa en 1783 le vicomte de Fortisson.

    Gustave Chaix d’Est-Ange, (1863-1923), Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. Tome Ier. A-Att. [20 vol. in-8 (1903-1929)], Évreux, C. Hérissey,  1903, pp. 386-390.


Blason de la famille d'Astorg, dessiné par O. de Chavagnac pour l’Armorial des As
Blason dessiné par O. de Chavagnac pour l’Armorial des As 
     Joseph d’Astorg, auteur de la branche cadette seule subsistante, laissa plusieurs fils dont les deux aînés, Paul d’Astorg, Sgr d’Aubarède, marié en 1629 à Gabrielle de Mauléon, gouverneur de Sedan en 1652, et Alexandre, furent maréchaux de camp. Paul laissa lui-même six fils dont l’aîné Bernard, connu sous le titre de comte |388 d’Aubarède, fut lieutenant général des armées du Roi et gouverneur de Salins, dont le second, Jacques, marié en 1682 à Hilaire de Busca, fut maréchal de camp et gouverneur de Blaye et continua la descendance et dont les quatre plus jeunes périrent sur différents champs de bataille. Jacques laissa lui-même deux fils, Charles d’Astorg, comte d’Aubarède, dont le fils, Louis, lieutenant général des armées du Roi, n’eut pas d’enfants de son mariage en 1744 avec Mlle de Boufflers, et Bernard d’Astorg, Sgr de Montégut, en Armagnac, marié en 1723 à Françoise de Maignan de Castillon, qui continua la lignée. Celui-ci fut père de Jean, marquis d’Astorg, qui épousa en 1745 Mlle de Galard-Terraube, et grand-père de Jean-Jacques, comte d’Astorg, maréchal de camp, marié en 1783 à Mlle Eon de Cély, qui fut admis en 1774 aux honneurs de la Cour et qui prit part en 1789 aux assemblées de la noblesse du Maine et du Comté de Comminges. C’est de ce dernier personnage que descendent les représentants actuels de la maison d’Astorg ses deux fils, Adrien, comte d’Astorg, né en 1783, marié en 1825 à Mlle le Clément de Saint-Mars, fille d’un général espagnol, décédé en 1849, et Eugène, vicomte d’Astorg, né en 1787, gentilhomme d’honneur et aide de camp de Mgr le duc de Bordeaux, décédé en 1850 [Lisez: 1852 (B.G.)], ont été des officiers généraux de grand mérite. Le second d’entre eux avait épousé en 1819 une fille du comte Dupuy, pair de France; il fut substitué à la pairie de son beau-père par ordonnance du Roi Charles X du 28 août 1828 et lui succéda après sa mort arrivée le 3 février 1832. Il a été le père du comte Charles d’Astorg, né en 1819, ministre plénipotentiaire, qui a lui-même laissé deux fils.

     Un grand nombre de membres de la famille d’Astorg ont été admis dans l’ordre de Malte depuis François d’Astorg-Ségreville admis en 1572.

     Principales alliances: d’Espagne-Montespan 1505, de Lomagne 1539, d’Aure de Larboust 1555, de Gelas d’Ambres 1621, de Lordat 1604, de Podenas 1683, de Mun 1592, de Mauléon 1629, de Baulat, de Boufflers 1744, de Galard-Terraube 1745, de Loubens de Verdalle, de Baroncelli-Javon, de Lestrade, etc.

Ex-libris du général Eugène d'Astorg
Ex-libris du général Eugène d’Astorg (1787-1852)

     ASTORG ou ASTORGUE (d’). Armes: de sable à un faucon d’argent longé et habillé de sinople, posé sur une main gantée d’argent sortant de l’extrémité senestre, accompagné en chef de deux fleurs de lys d’argent et en pointe d’une demi-fleur de lys de même mouvant de l’extrémité dextre de l’écu.

     La maison d’Astorg ou mieux d’Astorgue, de noblesse chevaleresque d’Auvergne, éteinte dans les males en 1828, parait être
|389 distincte de la famille précédente, bien que les généalogistes aient voulu les rattacher à une même souche.

     Saint-Allais qui en a donné une généalogie en fait remonter la filiation suivie à Pedro d’Astorga, gentihomme espagnol qui accompagna Raymond, comte de Toulouse, à la première croisade en 1093 et qui, au retour de cette expédition, s’établit en Languedoc. Il lui attribue pour fils, mais sans preuves à l’appui, un Pierre d’Astorg qui aurait assisté en 1213 à la bataille de Muret, ce que l’éloignement des dates rend tout à fait invraisemblable.

     On attribue d’ordinaire pour auteur à la famille d’Astorgue, Pierre Astorg, d’Aurillac, chevalier, Sgr de Laval, cosgr de Chalier, en Auvergne, Sgr de Noalhac, en Limousin, petit-fils présumé du précédent, qui accorda en 1268 des privilèges aux habitants de sa seigneurie du Limousin et qui vivait encore en 1289. Ce personnage aurait été père d’Adhémar Astorg, capitoul de Toulouse en 1298, auteur de la maison d’Aslorg du Languedoc, et de Guillaume d’Astorg ou d’Astorgue, Sgr de Vaudelin et de Montiroy du chef de sa femme, Jeanne de Maulmont, qui est mentionné dans une montre d’armes de 1339 et qui fut l’auteur de la maison d’Astorg ou d’Astorgue d’Auvergne. Le rapport dressé par le généalogiste des ordres du Roi lors de l’admission de cette dernière famille aux honneurs de la Cour en 1788 commence en ces termes: «La maison d’Astorgue est ancienne dans la province d’Auvergne. Son nom est connu depuis Guillaume d’Astorgue qui ne vivait déjà plus le samedi avant la fête de Saint-Luc 1350 qu’il est rappelé dans un hommage rendu par Amblard Astorgue, damoiseau, à Hugues de la Roche, Sgr de Chateauneuf. Amblard d’Astorgue, damoiseau, son fils, possédait des héritages dans la paroisse de Charbonnières et en rendit hommage à Hugues de la Roche, Sgr de Chateauneuf, le samedi avant la fête de Saint-Luc 1350. On ignore son degré de consanguinité avec Pierre d’Astorgue, premier du nom, damoiseau, Sgr de Montiroy, depuis lequel la filiation est parfaitement établie. Ce sujet fournit le mercredi après la fête de Saint-Urbain en 1389 à Hugues de la Roche, Sgr de Chateauneuf, le dénombrement de ce qu’il possédait dans la paroisse de Manzac».

     D’après la généalogie de Saint-Allais, Amblard d’Astorgue n’aurait laissé qu’un fils nommé Pierre qui alla se fixer au royaume de Naples et qui eut lui-même pour fils unique Agueze d’Astorg, évêque d’Ancone, puis archevêque de Ferrare, cardinal, décédé à Rome en 1451. Pierre d’Astorg, Sgr de Montiroy, frère aîné d’Amblard, tué à la bataille de Poitiers en 1356, aurait été père |390 d’autre Pierre d’Astorgue qui fournit un dénombrement en 1389 et auquel les preuves de cour font remonter la filiation suivie. On ignore le nom de la femme de ce personnage; il fut père d’Hugues d’Astorg, damoiseau, Sgr de Vaudelin et de Montiroy qui épousa Barbe de Poncet de Corrœuf, qui prit part à la guerre contre les Anglais et qui rendit hommage de sa terre de Vaudelin le 23 mai 1467 à l’abbé de Saint-Amable de Riom. Son descendant, Amable d’Astorg, écuyer, Sgr de la Feuillade, la Chassagne, etc., fut maintenu dans sa noblesse le 7 juin 1668 par jugement de M. de Fortia, intendant d’Auvergne. Il fut père de Jean d’Astorg, Sgr de Chaludet, capitaine de chevau-légers, marié le 17 février 1669 à Gilberte d’Anglars, qui obtint en 1698 l’admission à la maison de Saint-Cyr de sa plus jeune fille, Marie, née en 1686, plus tard mariée à Philibert de Combes. Ce fut le frère de cette dame, Jacques d’Astorg, Sgr de Chaludet, né en 1678, qui quitta l’Auvergne; élevé parmi les pages du comte de Toulouse, il devint dans la suite commandant du fort Saint-André, à Salins, en Franche-Comté, épousa le 24 juin 1729 Rose Nicod et mourut en 1765. Il fut père d’Hugues, comte d’Astorg, gouverneur de Poligny, conseiller maître en la Chambre des comptes de Dôle, et grand-père de Jacqucs-Hippolyte d’Astorg, né à Poligny en 1759, admis aux honneurs de la cour sous le titre de comte d’Astorg en 1788, maire de Saint-Cyr-la-Rivière, près d’Étampes, et conseiller général de Seine-et-Oise sous le premier Empire, créé baron de l’Empire avec majorat par lettres patentes du 28 mai 1809, député de Seine-et-Oise en 1813, contre-amiral honoraire la même année, créé comte héréditaire par lettres patentes du 30 août 1825, qui fut le dernier représentant de sa famille et qui mourut en 1828. De son mariage contracté en 1789 avec Mlle de Grassin l’amiral comte d’Astorg n’avait eu qu’une fille, Adèle, qui épousa en 1813 le comte de Choiseul Daillecourt et qui mourut prématurément dès 1818 laissant deux filles en bas âge. Celles-ci devinrent dans la suite la marquise de Quinsonnas et la marquise de Froissard.

     Principales alliances: de Noailles 1280, de Salvert-Montrognon, d’Aubigné 1472, de Saint-Quentin de Beaufort, du Peyroux 1639, d’Anglars 1669, de Grassin 1789, de Choiseul 1813, etc.



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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     Gustave CHAIX D’EST-ANGE (1863-1923), «Astorg (d’)», in Dictionnaire des familles françaises anciennes ou notables à la fin du XIXe siècle. Tome Ier. A-Att. [20 vol. in-8 (1903-1929)], Évreux, C. Hérissey,  1903, pp. 51-52.

     Bernard GINESTE [éd.], «Gustave Chaix d’Est-Ange: La famille d’Astorg (1903)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-chaixdestange1903astorg.html, 2016.


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