Gustave Chaix d’Est-Ange
La famille d’Astorg
Dictionnaire des familles, 1903
ASTORG (d’). Armes: d’or à une aigle éployée
de sable. — Devise: Nihil me pavet.
La maison d’Astorg appartient à l’ancienne
noblesse du Languedoc.
Elle a eu pour auteur Adémar Astorg, bourgeois
de Toulouse, qui fut capitoul de cette ville en 1298, 1304, 1314 et 1337.
La qualification de bourgeois de villes importantes comme l’était
Toulouse était souvent prise à cette époque par les
représentants des familles nobles de la région. Il est donc
très possible qu’Adémar Astorg ait appartenu à la noblesse
par sa naissance. On a voulu le rattacher à une famille d’Astorg ou
d’Astorgue éteinte en 1828 et rapportée à la suite qui
appartenait à la noblesse chevaleresque de l’Auvergne. Bien que cette
communauté d’origine soit très douteuse les deux familles d’Astorg
se reconnurent comme parentes dans les années qui précédèrent
la révolution.
Le rapport dressé en 1774 par le généalogiste
des ordres du Roi lors de l’admission aux honneurs de la Cour de la maison
d’Astorg, du Languedoc, et conservé dans les manuscrits de Chérin,
commence en ces termes «La maison d’Astorg est une de celles qui
ont illustré dans les premiers temps le capitoulat de Toulouse.
Adémar Astorg occupait cette place dès l’année 1298
et avait pour collègues Pons de Gaure, chevalier, et Bertrand-Othon
de Lautrec. Il la remplit encore les années 1304, 1314, 1337. Elle
a des services distingués et des alliances illustres. Sa filiation
est établie depuis Pierre Astorg, écuyer, Sgr de Segreville,
au bas Armagnac, de Montbartier, dans le Haut-Languedoc, et de plusieurs
autres terres, échanson du Roi Charles VI, qualifié noble
et puissant seigneur, citoyen et bourgeois de Toulouse (ces derniers titres
désignant son domicile et non son état), lequel fut capitoul
de Toulouse en 1392 et 1399».
Noble Pierre Astorg, bourgeois de Toulouse, auquel
remonte la filiation suivie, fut capitoul en 1392, 1399 et 1406; ses armoiries,
différentes de celles que portèrent ses descendants, étaient
de gueules à deux besants tourteaux d’argent et de gueules, l’écu
componé |387 d’argent. D’après la généalogie de Saint-Allais,
il aurait été fils de Bernard d’Astorg, chevalier, qui servait
dans la guerre contre les Anglais en 1339 et 1356, et d’une dame dont le
nom est demeuré inconnu et petit-fils d’Adhémar Astorg, bourgeois
de Toulouse, capitoul en 1298, 1304, 1314 et 1337. D’après la même
généalogie et d’après celle qui fut produite pour
les honneurs de la Cour, il fut le même personnage que Pierre Astorg,
chevalier, Sgr de Montbartier, échanson du Roi en 1405, capitoul
de Toulouse en 1415 et 1427, qui épousa d’abord Jeanne de Castelmoron,
puis vers 1428 Fernande de Rabasteins. Mais, d’après certains auteurs
tels que Brémond (Nobiliaire toulousain) et M. de la Roque
(Armorial de la noblesse du Languedoc), il y aurait là deux
personnages distincts ayant porté le même prénom dont
l’un aurait été le fils de l’autre. Jean d’Astorg, chevalier,
Sgr de Montbartier, Ségreville, Escaupont, etc., fils de Pierre et
de Fernande de Rabasteins, marié à Anne de Montclar, fut capitoul
de Toulouse en 1454, 1461, 1488 et 1496 et eut, en cette qualité,
l’honneur de présenter au roi Louis XI les clefs de la ville lorsqu’il
y fit son entrée le 10 décembre 1462. Il fut père d’Antoine
d’Astorg, connu le premier sous le titre de baron de Montbartier, capitoul
de Toulouse en 1518, qui épousa le 10 décembre 1505 Marguerite
d’Espagne de Montespan, et grand-père d’Antoine d’Astorg, baron de
Montbartier, qui fut de 1550 à 1587 capitaine gouverneur et commandant
pour le Roi dans les diocèses de Toulouse, Lavaur et Saint-Papoul.
Deux des fils de celui-ci, Bernard d’Astorg, chevalier, baron de Montbartier,
chevalier de l’ordre du Roi, marié le 8 juillet 1555 à Isabeau
d’Aure, héritière de la vicomté de Larboust et de la
baronnie de Cardaillac, et Joseph d’Astorg, Sgr d’Aubarède en Bigorre,
marié le 28 novembre 1592 à Mirmonde de Mun, furent les auteurs
de deux grandes branches.
François d’Astorg, baron de Montbartier, gentilhomme
ordinaire de la chambre du Roi, chef de la branche aînée,
et ses deux frères, autre François d’Astorg, vicomte de Larboust,
lieutenant général des armées du Roi, et Bernard-François
d’Astorg, furent maintenus dans leur noblesse le 19 novembre 1668 par jugement
de M. de Bezons, intendant du Languedoc. Cette branche s’éteignit
avec Pierre d’Astorg, baron de Montbartier, vicomte de Larboust, dont la
fille unique épousa en 1783 le vicomte de Fortisson.
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Gustave Chaix d’Est-Ange, (1863-1923),
Dictionnaire des familles françaises anciennes
ou notables à la fin du XIXe siècle. Tome Ier. A-Att.
[20 vol. in-8 (1903-1929)], Évreux, C. Hérissey, 1903,
pp. 386-390.
Blason dessiné par O. de Chavagnac pour l’Armorial des
As
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Joseph
d’Astorg, auteur de la branche cadette seule subsistante, laissa plusieurs
fils dont les deux aînés, Paul d’Astorg, Sgr d’Aubarède,
marié en 1629 à Gabrielle de Mauléon, gouverneur de
Sedan en 1652, et Alexandre, furent maréchaux de camp. Paul laissa
lui-même six fils dont l’aîné Bernard, connu sous le
titre de comte |388 d’Aubarède, fut lieutenant général
des armées du Roi et gouverneur de Salins, dont le second, Jacques,
marié en 1682 à Hilaire de Busca, fut maréchal de
camp et gouverneur de Blaye et continua la descendance et dont les quatre
plus jeunes périrent sur différents champs de bataille. Jacques
laissa lui-même deux fils, Charles d’Astorg, comte d’Aubarède,
dont le fils, Louis, lieutenant général des armées
du Roi, n’eut pas d’enfants de son mariage en 1744 avec Mlle de Boufflers,
et Bernard d’Astorg, Sgr de Montégut, en Armagnac, marié en
1723 à Françoise de Maignan de Castillon, qui continua la
lignée. Celui-ci fut père de Jean, marquis d’Astorg, qui épousa
en 1745 Mlle de Galard-Terraube, et grand-père de Jean-Jacques, comte
d’Astorg, maréchal de camp, marié en 1783 à Mlle Eon
de Cély, qui fut admis en 1774 aux honneurs de la Cour et qui prit
part en 1789 aux assemblées de la noblesse du Maine et du Comté
de Comminges. C’est de ce dernier personnage que descendent les représentants
actuels de la maison d’Astorg ses deux fils, Adrien, comte d’Astorg, né
en 1783, marié en 1825 à Mlle le Clément de Saint-Mars,
fille d’un général espagnol, décédé
en 1849, et Eugène, vicomte d’Astorg, né en 1787, gentilhomme
d’honneur et aide de camp de Mgr le duc de Bordeaux, décédé
en 1850 [Lisez: 1852 (B.G.)], ont été des officiers généraux
de grand mérite. Le second d’entre eux avait épousé
en 1819 une fille du comte Dupuy, pair de France; il fut substitué
à la pairie de son beau-père par ordonnance du Roi Charles
X du 28 août 1828 et lui succéda après sa mort arrivée
le 3 février 1832. Il a été le père du comte
Charles d’Astorg, né en 1819, ministre plénipotentiaire, qui
a lui-même laissé deux fils.
Un grand nombre de membres de la famille d’Astorg
ont été admis dans l’ordre de Malte depuis François
d’Astorg-Ségreville admis en 1572.
Principales alliances: d’Espagne-Montespan 1505,
de Lomagne 1539, d’Aure de Larboust 1555, de Gelas d’Ambres 1621, de Lordat
1604, de Podenas 1683, de Mun 1592, de Mauléon 1629, de Baulat, de
Boufflers 1744, de Galard-Terraube 1745, de Loubens de Verdalle, de Baroncelli-Javon,
de Lestrade, etc.
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Ex-libris du général Eugène d’Astorg (1787-1852)
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ASTORG ou ASTORGUE (d’). Armes: de sable à
un faucon d’argent longé et habillé de sinople, posé
sur une main gantée d’argent sortant de l’extrémité
senestre, accompagné en chef de deux fleurs de lys d’argent et en
pointe d’une demi-fleur de lys de même mouvant de l’extrémité
dextre de l’écu.
La maison d’Astorg ou mieux d’Astorgue, de noblesse
chevaleresque d’Auvergne, éteinte dans les males en 1828, parait être
|389 distincte de la famille précédente, bien que les
généalogistes aient voulu les rattacher à une même
souche.
Saint-Allais qui en a donné une généalogie
en fait remonter la filiation suivie à Pedro d’Astorga, gentihomme
espagnol qui accompagna Raymond, comte de Toulouse, à la première
croisade en 1093 et qui, au retour de cette expédition, s’établit
en Languedoc. Il lui attribue pour fils, mais sans preuves à l’appui,
un Pierre d’Astorg qui aurait assisté en 1213 à la bataille
de Muret, ce que l’éloignement des dates rend tout à fait
invraisemblable.
On attribue d’ordinaire pour auteur à la famille
d’Astorgue, Pierre Astorg, d’Aurillac, chevalier, Sgr de Laval, cosgr de
Chalier, en Auvergne, Sgr de Noalhac, en Limousin, petit-fils présumé
du précédent, qui accorda en 1268 des privilèges aux
habitants de sa seigneurie du Limousin et qui vivait encore en 1289. Ce
personnage aurait été père d’Adhémar Astorg,
capitoul de Toulouse en 1298, auteur de la maison d’Aslorg du Languedoc,
et de Guillaume d’Astorg ou d’Astorgue, Sgr de Vaudelin et de Montiroy du
chef de sa femme, Jeanne de Maulmont, qui est mentionné dans une
montre d’armes de 1339 et qui fut l’auteur de la maison d’Astorg ou d’Astorgue
d’Auvergne. Le rapport dressé par le généalogiste des
ordres du Roi lors de l’admission de cette dernière famille aux honneurs
de la Cour en 1788 commence en ces termes: «La maison d’Astorgue est
ancienne dans la province d’Auvergne. Son nom est connu depuis Guillaume
d’Astorgue qui ne vivait déjà plus le samedi avant la fête
de Saint-Luc 1350 qu’il est rappelé dans un hommage rendu par Amblard
Astorgue, damoiseau, à Hugues de la Roche, Sgr de Chateauneuf. Amblard
d’Astorgue, damoiseau, son fils, possédait des héritages dans
la paroisse de Charbonnières et en rendit hommage à Hugues
de la Roche, Sgr de Chateauneuf, le samedi avant la fête de Saint-Luc
1350. On ignore son degré de consanguinité avec Pierre d’Astorgue,
premier du nom, damoiseau, Sgr de Montiroy, depuis lequel la filiation est
parfaitement établie. Ce sujet fournit le mercredi après la
fête de Saint-Urbain en 1389 à Hugues de la Roche, Sgr de Chateauneuf,
le dénombrement de ce qu’il possédait dans la paroisse de Manzac».
D’après la généalogie de Saint-Allais,
Amblard d’Astorgue n’aurait laissé qu’un fils nommé Pierre
qui alla se fixer au royaume de Naples et qui eut lui-même pour fils
unique Agueze d’Astorg, évêque d’Ancone, puis archevêque
de Ferrare, cardinal, décédé à Rome en 1451.
Pierre d’Astorg, Sgr de Montiroy, frère aîné d’Amblard,
tué à la bataille de Poitiers en 1356, aurait été
père |390
d’autre Pierre d’Astorgue qui fournit un dénombrement en 1389 et
auquel les preuves de cour font remonter la filiation suivie. On ignore
le nom de la femme de ce personnage; il fut père d’Hugues d’Astorg,
damoiseau, Sgr de Vaudelin et de Montiroy qui épousa Barbe de Poncet
de Corrœuf, qui prit part à la guerre contre les Anglais et qui rendit
hommage de sa terre de Vaudelin le 23 mai 1467 à l’abbé de
Saint-Amable de Riom. Son descendant, Amable d’Astorg, écuyer, Sgr
de la Feuillade, la Chassagne, etc., fut maintenu dans sa noblesse le 7
juin 1668 par jugement de M. de Fortia, intendant d’Auvergne. Il fut père
de Jean d’Astorg, Sgr de Chaludet, capitaine de chevau-légers, marié
le 17 février 1669 à Gilberte d’Anglars, qui obtint en 1698
l’admission à la maison de Saint-Cyr de sa plus jeune fille, Marie,
née en 1686, plus tard mariée à Philibert de Combes.
Ce fut le frère de cette dame, Jacques d’Astorg, Sgr de Chaludet,
né en 1678, qui quitta l’Auvergne; élevé parmi les pages
du comte de Toulouse, il devint dans la suite commandant du fort Saint-André,
à Salins, en Franche-Comté, épousa le 24 juin 1729
Rose Nicod et mourut en 1765. Il fut père d’Hugues, comte d’Astorg,
gouverneur de Poligny, conseiller maître en la Chambre des comptes
de Dôle, et grand-père de Jacqucs-Hippolyte d’Astorg, né
à Poligny en 1759, admis aux honneurs de la cour sous le titre de
comte d’Astorg en 1788, maire de Saint-Cyr-la-Rivière, près
d’Étampes, et conseiller général de Seine-et-Oise sous
le premier Empire, créé baron de l’Empire avec majorat par
lettres patentes du 28 mai 1809, député de Seine-et-Oise en
1813, contre-amiral honoraire la même année, créé
comte héréditaire par lettres patentes du 30 août 1825,
qui fut le dernier représentant de sa famille et qui mourut en 1828.
De son mariage contracté en 1789 avec Mlle de Grassin l’amiral comte
d’Astorg n’avait eu qu’une fille, Adèle, qui épousa en 1813
le comte de Choiseul Daillecourt et qui mourut prématurément
dès 1818 laissant deux filles en bas âge. Celles-ci devinrent
dans la suite la marquise de Quinsonnas et la marquise de Froissard.
Principales alliances: de Noailles 1280, de Salvert-Montrognon,
d’Aubigné 1472, de Saint-Quentin de Beaufort, du Peyroux 1639, d’Anglars
1669, de Grassin 1789, de Choiseul 1813, etc.
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