CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Charles Forteau
Préface à la Rapsodie de Pierre Plisson
1909
     
  Titre de la Rapsodie, écrit de la main de Plisson lui-même, vers 1680
Titre de la Rapsodie, écrit de la main de Plisson lui-même, vers 1685
 
     Charles Forteau, employé de la Caisse d'Éparge d'Étampes, est un historiographe important de la ville et de sa région. Il ne s'est jamais risqué à ma connaissance à quelque synthèse que ce soit, et, avec une modestie rare, a toujours présenté ses travaux comme de simples études préparatoires destinées servir à l'histoire de la ville. Ainsi en va-t-il de cette édition d'une importante compilation du XVIIe siècle, par un contemporain de dom Basile Fleureau.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
 
LA RAPSODIE DE MAITRE PIERRE PLISSON,
AVOCAT DU ROI AU BAILLIAGE D’ÉTAMPES AU XVIIe SIÈCLE
 

PRÉFACE


     PIERRE PLISSON était le fils de Nicolas Plisson, hôtelier, et de Louise Capperon (1). Il est né à Étampes et a été baptisé en l’église Saint-Gilles, sa paroisse, le lundi 22 mai 1628. Il épousa, vers 1656, Rénée Laumosnier, fille de Jacques Laumosnier, marchand, qui fut échevin, et d’Anne d’Aigremont. De ce mariage sont issus douze enfants; six moururent jeunes; les autres sont:

     1° Marin, né en novembre 1657, curé de Saint Gilles d’Étampes le 23 décembre 1684, mort en fonctions et inhumé dans l’église le 3 mars 1703. Ce prêtre a laissé dans les registres paroissiaux des notes curieuses sur lui-même, sur sa famille et sur différents faits intéressants de son époque; [p.14]
     2° Nicolas, né en juillet 1662, avocat en Parlement; il succéda à son père dans la charge d’avocat du Roi au bailliage en 1695; époux, en 1721, de Marie-Madeleine Peschart de L’Epinay, il mourut en 1730;
     3° Renée, née en juin 1664, religieuse carmélite à Orléans sous le nom de Renée de Jésus;
     4° Antoine, né en avril 1670; «il a été six mois capucin, sept mois récollet, et il est à présent (1689) novice chez les Pères de la Merci à Paris. Dieu lui fasse la grâce de prospérer», dit Marin, son frère aîné;
     5° Marie-Angélique, née en août 1672, plus tard femme de Julien Guyot de La Barre, avocat en Parlement, président du grenier à sel;
     6° Anne, née en février 1677, qui épousa Martin-Gabriel Gallier, officier de cavalerie.

     (1) Ils décédèrent tous les deux, en 1652. Leur pierre tombale existe encore en l’église Saint-Gilles d’Étampes (cf. Léon Marquis, Les rues d’Étampes, p. 214).

Signature de Marin Plisson, fils de Pierre Plisson et curé de Saint-Gilles d'Etampes
Signature de Marin Plisson, fils de Pierre Plisson
et curé de Saint-Gilles d'Étampes (1684-1703)
     Échevin, grenetier au grenier à sel, conseiller de Mademoiselle de Montpensier, avocat du Roi, charge dans laquelle il fut installé le 3 octobre 1651, Pierre Plisson a laissé la réputation d’un magistrat intègre et sage. Il mourut le jour de la Chandeleur 1695 et fut inhumé le lendemain au côté gauche du chœur de l’église de Saint-Gilles. Sa veuve vint l’y rejoindre dix ans après, à l’âge de 66 ans.

     Pierre Plisson, contemporain de Dom Basile Fleureau (1), nous a laissé, sous le titre par trop modeste de Rapsodie, une œuvre précieuse, peu [p.15] connue, qui complète celle du savant Barnabite, et qui, sans avoir la même importance, l’égale peut-être en intérêt par ses détails plus particuliers, plus Étampois, peut-on dire; cependant, bien qu’elle soit une source très appréciable de documents sur l’histoire locale, elle n’a pas été publiée. Notre confrère, M. Léon Marquis, auquel nous sommes reconnaissants de nous l’avoir fait connaître, en a donné dans Les Rues d’Étampes (pp. 409-423) des extraits qui peuvent faire juger de l’ensemble, mais qui ne suffisent pas pour montrer tout le mérite de l’ouvrage.


     (1) Pierre Plisson, né en 1628, est mort en 1695. Nous croyons avoir établi que dom Basile Fleureau est né en 1612 (Bulletin de la Société de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix (1901). Notre confrère, M. Paul Plisson a démontré qu’il est mort en 1674 (même recueil, 1898).

     Ainsi qu’il le dit lui-même, Pierre Plisson avait mis au coffre de la Ville un premier manuscrit traitant principalement de l’Hôtel-Dieu, et renfermant, indépendamment de certains chapitres reproduits plus tard dans la Rapsodie avec quelques variantes que nous ferons ressortir, un document important qui ne figure pas dans celle-ci, intitulé: «Règlement des droits de l’exécuteur de la haute justice du Bailliage (1)».

     Qu’est devenue la Rapsodie elle-même? Il est probable qu’après le décès de l’auteur elle est restée dans sa famille, pour de là passer en diverses mains et se trouver enfin, vers les dernières années du XVIIIe siècle, dans la bibliothèque de la famille Geoffroy, ainsi que nous le dirons plus loin.



     (1) Nous avons reproduit ce document dans la notice publiée par les Annales du Gatinais (1904) sous le titre Le dernier Exécuteur des Sentences criminelles du Bailliage d’Étampes et le droit de Havage.
     Quoi qu’il en soit, le manuscrit déposé par Plisson, de son vivant, était toujours demeuré aux archives de la ville, d’où M. Picart, lieutenant général [p.16] du bailliage, le retira pour le consulter «parce qu’il contenait plusieurs notes et observations fort anciennes concernant la police urbaine».

     Il l’avait en sa possession en 1764; or Étampes soutenait à cette époque un procès contre Desmorets, l’exécuteur des hautes œuvres, au sujet du droit de havage, et l’on savait que dans le livre de Me Plisson étaient reproduits certains titres pouvant être utiles en cette affaire — le règlement des droits de l’exécuteur notamment, ce qui prouve bien que c’était la première œuvre de Plisson que l’on possédait et non la Rapsodie.

     M. Hochereau, maire, fut chargé de le réclamer à M. Picart. Celui-ci le remit aussitôt, contre récépissé, à la condition qu’il lui en serait délivré une copie et que l’original lui serait communique à première réquisition, s’il en avait besoin.

     En rendant compte du succès de sa mission à l’Assemblée municipale, le maire fit l’éloge de Me Pierre Plisson:
     «Ce registre doit paraître aux yeux des vrais citoyens moins précieux pour les choses qu’il renferme, quelque intéressantes qu’elles soient, que parce qu’il est le fruit des travaux d’un magistrat en qui l’amour de la patrie était égal à l’intégrité, et qui, dans des temps de trouble et de confusion, avait mis tous ses soins à recueillir les débris du naufrage de cette ville pour conserver à la postérité la mémoire des événements dont les monuments avaient été à jamais détruits par le désastre des guerres civiles, et dont la plupart seraient restés dans l’oubli par la perte des titres particuliers et des minutes des dépôts publics.»

     Le sieur Huet, praticien, que la municipalité chargea du travail, fit probablement deux copies du [p.17] manuscrit (qui disparut à cette époque et n’a pas été retrouvé). L’un des exemplaires fut envoyé à M. Picart en 1774; il en donne reçu sur le second en ces termes:
     «Je soussigné reconnais que le double du présent registre m’a été remis conformément à la délibération de l’Assemblée [municipale] du 7 mai 1767; à Étampes, le 15 janvier 1774, signé: Picart.»

     Il nous semble donc bien que c’est cette seconde copie qui est à la mairie, en un volume in-folio cartonné, simplement intitulé: «Registre de Notes et Remarques», se composant d’abord de huit feuillets numérotés de 1 bis à 3 bis et ensuite de 177 feuillets dont le premier porte en tête: «Paraphé au désir de la délibération du 7 mai 1767, signé Hochereau, maire,» et le dernier, à peu près la même mention, suivie du récépissé ci-dessus du lieutenant-général.


     Nous insistons sur ce point afin de bien montrer que Pierre Plisson nous a laissé deux ouvrages distincts, tout en ayant des parties communes, puisque le premier a surtout pour objet ce qui se rapporte à l’état de l’Hôtel-Dieu au XVIIe siècle, après le siège d’Étampes. Il est à regretter que ce premier manuscrit soit perdu, ayant été écrit de la main de l’auteur, comme la Rapsodie qui fort heureusement est maintenant aux archives municipales. C’est un gros volume in-folio, recouvert de parchemin qui contient du feuillet 1 au feuillet 67 des actes et délibérations du corps de Ville de 1658 à 1670, extrêmement intéressantes, surtout pendant la période où était maire René Hémard, l’auteur de La Guerre d’Étampes [p.18] et des Restes de la Guerre d’Étampes (1), célèbre par ses démêlés avec le puissant ministre Louvois, que notre savant confrère, M. Paul Pinson, nous a racontés dans le Bulletin historique et archéologique de Corbeil et d’Étampes en 1901, sous le titre «Une page inédite de l’Histoire municipale d’Étampes au XVIe siècle. Démêlés du Maire et des Echevins avec le ministre Louvois au sujet de la garnison des chevau-légers du Dauphin» (1669).





     (1) Édités par M. Paul Pinson.

     Au feuillet 68, on lit cette note qui parait avoir été écrite par Pierre Plisson:
     «Le sieur Hémard, lieutenant particulier, s’est acquitté si dignement de la charge de maire avec tant de vigueur et avec une si sage conduite, que si cette vérité constante n’estoit cognue de tout ce qu’il y a d’honnestes gens en cette ville, j’en ferois l’éloge, c’est pourquoy je me contenteray de terminer ce discours par cet hexamètre
Ad qualem sibi non vidit nec habere sequentem.

     Des feuillets blancs (2) suivent dont M. Louis Geoffroy-Château (3) a employé une partie pour y mettre des notes; enfin la Rapsodie commence au feuillet 130 et finit le registre à la page 218.
     (2) A la page 128 est inscrite cette mention d’une écriture du temps: «Le 30e jour du juillet 1683, Marie-Thérèse, infante d’Espagne, épouse de Louis le Grand, XIV du nom. décéda à Versailles: le 2e du mois d’août suivant, le cœur fut porté au Val-de-Grâce et le 10e son corps fut porté en l’église de Saint-Denis avec toute la pompe due à une si grande princesse».

     (3) Louis-Napoléon Geoffroy est né à Étampes en 1803.
    Ce livre, nous apprend M. Léon Marquis, n’est rentré à la mairie qu’en 1855 seulement, grâce au [p.19] don de M. Louis Geoffroy-Château, neveu de Geoffroy-Saint-Hilaire, qui en donne l’explication sur une des pages blanches:

    
«Depuis environ quarante-cinq ans, ce volume qui contient des documents si intéressants sur notre ville d’Étampes, se trouve dans notre bibliothèque. J’ai toujours eu la pensée de le rendre aux archives de la ville et, avant de le faire, j’ai voulu réunir ici, sur des pages vides, quelques notes qui concernent Étampes.
     «Quant à ce volume lui-même, j’ignore comment il est entré dans la bibliothèque de ma famille; sans doute il aura servi au commencement de ce siècle, ou à la fin du siècle précédent, à préparer des travaux judiciaires à l’un de mes deux grands-pères paternel et maternel, M. Geoffroy, procureur, avoué et magistrat è Étampes, ou M. Champigny, procureur, avoué et magistrat à Étampes; morts, le premier M. Geoffroy (Jean-Girard), chez son fils, M. Geoffroy-Saint-Hilaire, membre des instituts de France et d’Égypte, à Paris, et le second, M. Champignv (Jean), à Paris, le 3 septembre 1810. (M. Jean-Gérard Geoffroy est mort le 21 juillet 1804.)
     «J’ai voulu conserver ici le souvenir de ces deux hommes éminents et respectables qui jouissaient d’une grande estime dans notre ville et y ont rendu de grands services.
     « Je demande aussi à placer à côté du nom de mon illustre oncle, M. Geoffroy, né à Étampes le 15 avril 1772, et mort à Paris le 19 juin 1844, celui de mon père, M. Geoffroy Château (Marc-Antoine), major du génie, officier d’un grand mérite, ayant fait les campagnes d’Égypte et d’Allemagne, distingué particulièrement par l’empereur Napoléon, et qui, né à Étampes le 18 octobre 1774, est mort à Augsbourg (Bavière), le 25 fevrier 1806, dans la campagne d’Austerlitz.
     «A Paris, ce 23 août 1855; Signé: Louis Geoffroy-Château, juge à Paris.»


    Les notes de M. Louis Geoffroy, auquel tous ceux qui s’attachent à l’histoire d’Étampes doivent la plus [p.20] grande reconnaissance de leur avoir conservé la Rapsodie, rappellent les origines de la ville, ses seigneurs jusqu’en 1599: elles donnent une liste bibliographique des ouvrages à consulter sur le siège de 1652, et une autre des anciens auteurs qui ont parlé d’Étampes.
Signature de Louis Geoffroy
Signature de Louis Geoffroy-Château

     La Rapsodie se compose de morceaux séparés, dont certains ont été traités par Dom Basile Fleureau d’une manière plus générale, et de discours de l’avocat du Roi.

     L’une des parties les plus importantes est certainement celle qui a trait aux comptes des anciens receveurs des octrois; et une autre est celle qui se rapporte au siège de 1652, raconté dans ses détails intimes.

     Nous pensons rendre service aux amis de notre histoire locale en éditant, pour la première fois, cette œuvre dont nous copierons textuellement le manuscrit, en respectant absolument la tournure des phrases souvent naïves, parfois obscures, mais en en modernisant l’orthographe pour la commodité de la lecture. Nous la ferons suivre de la table analytique dressée par Me Plisson.

CH. FORTEAU.

   
  
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BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     Charles FORTEAU, «Préface» [à son édition de la Rapsodie de Me Plisson], in Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais 27 (1909), pp. 13-20.

     Bernard GINESTE [éd.], «Charles Forteau: Préface à la Rapsodie de Pierre Plisson (Annales du Gâtinais, 1909)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-forteau1909prefacealarapsodie.html
, 2010.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Le texte des Annales du Gâtinais saisi par Bernard Gineste en octobre 2010.
 
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