CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
La Commanderie Saint-Jacques-de-l’Épée
Étampes ville royale, chapitre III.10
1957
 
L'Abattoir en 1908 (carte postale de Théodule Garnon n°532)  
L’Abattoir en 1908, avenue de Paris (carte postale de Théodule Garnon n°532) 
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre III.10, pp. 127-130.
La Commanderie Saint-Jacques-de-l’Épée
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Léon Guibourgé      CE QU’EST UNE COMMANDERIE, LE HAMEAU SAINT-JACQUES DE BÉDÉGON, DESTRUCTION DE CE HAMEAU.

     Sur l’emplacement de l’abattoir actuel, avenue de Paris, il y avait un établissement servant d’hôpital, appelé «la Commanderie hospitalière de Saint-Jacques-de-l’Epée». On disait plus couramment «la Commanderie Saint-Jacques».

     Voici ce qu’écrit dom Fleureau sur l’origine de cette Commanderie: «Les ordres militaires sont ceux où l’on fait profession de combattre par mer ou par terre contre les ennemis de la foy, en vivant sous une règle approuvée de l’église. La sépulture de l’apôtre saint Jacques le Majeur ayant été découverte en Espagne à Compostelle et la renommée des miracles, qui s’y faisaient journellement par l’intercession de ce saint, s’étant répandue partout, causa une grande dévotion, non seulement au peuple de l’Espagne, mais aussi à ceux des provinces éloignées de l’aller visiter.
     «Mais les difficultés des chemins à cause de la stérilité des lieux par où il fallait passer et la crainte de tomber entre les mains des Mores qui volaient et pillaient les pèlerins, empêchaient plusieurs personnes d’entreprendre le voyage. Alors les Chanoines de l’Ordre de Saint-Augustin du couvent de Saint-Eloy, près de Compostelle, firent bâtir plusieurs hôpitaux pour recevoir les pèlerins. Quelques gentilshommes excités par l’exemple de ces chanoines décidèrent de s’employer aussi à secourir les pèlerins. [p.128]
     «Le légat cardinal Hyacinthe, légat en Espagne, l’ayant appris, leur proposa un règlement. Ces chevaliers acceptèrent et formèrent une Communauté ou Commanderie. La marque honoraire de cette commanderie est une épée rouge en forme de croix sur un manteau blanc.»

     Rappelons pour bien comprendre le symbolisme de cette marque que saint Jacques apôtre est mort martyr à Jérusalem, la tête tranchée par une épée.

     Pour répondre à leur but, les Commanderies Saint-Jacques s’installèrent sur les grandes routes suivies par les pèlerins allant en Espagne sur le tombeau de saint Jacques. Les pèlerinages à Compostelle commencèrent vers le XIIe siècle et durèrent jusqu’au XVIe siècle. Les pèlerins venant de Paris et du Nord de la France, passaient par Etampes. C’est ainsi que le chemin qu’ils empruntaient prit le nom de route ou de rue Saint-Jacques. Sur cette route, avant d’entrer dans Etampes, il y avait un groupe de maisons ou hameau qui s’appelait Saint Jacques de Bédégon. Dans ce hameau, le roi Philippe Ier fit bâtir une chapelle en bordure du grand cimetière qui servait aux deux paroisses de Saint-Basile et de Notre-Dame.

     Philippe Auguste y établit deux chapelains et leur assigna à chacun comme traitement 12 livres 10 sols «à prendre sur les revenus de ses moulins à fouler draps d’Etampes». Ces chapelains dépendaient des chanoines de Notre-Dame.

     Pendant la guerre civile de la Fronde, le hameau Saint-Jacques-de-Bédégon et sa chapelle furent rasés, les bâtiments se trouvant trop près des remparts de la ville gênaient la défense. L’armée des Princes occupait alors Etampes et de grands travaux furent entrepris pour prévenir une attaque de l’armée royale. On était au mois de mai 1652.

     «Tous les édifices, raconte dom Fleureau, tant dedans que dehors la ville, proches des murailles, furent rasés, même les murailles des clôtures du cimetière quoi qu’elles fussent fort basses. Ceux qui entreprirent d’abattre la chapelle Saint-Jacques-de-Bédégon, qui est au bout du cimetière du côté de Paris, furent par un effet visible de la divine Justice, écrasés sous les ruines.»

     Près de ce hameau de Saint-Jacques qu’on venait de détruire, il y avait à cette époque un hôpital ou Commanderie Saint-Jacques. Plus éloigné des murailles de la ville que le hameau, cet hôpital échappa à la destruction.

     Depuis quand cet hôpital Saint-Jacques était-il installé â Etampes?

     SON EMPLACEMENT, SON PORT, EN RIVALITÉ AVEC CELUI D’ETAMPES, CESSION DE L’HÔPITAL AUX CAPUCINS.

     Nous avons dit précédemment que le hameau Saint-Jacques-de-Bédégon avait été détruit complètement au moment de la guerre civile de la Fronde en 1652 par l’armée des Princes qui défendaient Etampes. De nos jours, il reste un souvenir de ce hameau dans une petite rue qui part du début de l’avenue de Paris, après la salle des Ventes et rejoint la rue Van-Loo. C’est une plaque indicatrice: «Rue Saint-Jacques-de-Bézégond». Il y a là une déformation du vrai nom qui est Bédégon. Dom Fleureau, dans son histoire sur Etampes, écrit bien: «Bédégon». En tout cas, c’est pour nous le seul souvenir de l’ancien hameau.

     A côté de ce hameau était le grand cimetière. Aujourd’hui sur l’emplacement de ce cimetière il y a la salle des Ventes et la halte des autocars. Et si parfois on fouille le sol à cet endroit, on trouve encore des ossements. Dom Fleureau rapporte qu’un évêque, originaire d’Etampes y a été enterré. Voici d’après lui l’épitaphe de la pierre tombale de cet évêque, pierre qui à la Fronde fut enlevée du cimetière et transportée dans l’église des Cordeliers.

     «Ci-git Révérendissime Père en Dieu, frère Jean d’Arsel, évêque de Turrible, suffragans de Sens, natif d’Etampes, de l’Ordre des Frères mineurs, qui trépassa audit Etampes le dimanche VIe jour de décembre 1484. Et près de lui gisent ses Père et Mère, sœurs, pour le salut desquels et de tous les trépassez, qui gisent en ce cimetière il a donné 40 jours de pardon à tous catholiques prians Dieu pour eux.»

     Revenons à la Commanderie Saint-Jacques-de-l’Epée qui était près du hameau de Saint-Jacques-de-Bédégon et qui ne fut pas détruite au moment de la Fronde.

     Depuis quand fonctionnait-elle? On ne peut donner de date précise. On sait qu’elle existait au XVe siècle. En 1490, quand Jean de Foix, comte d’Etampes, accorda à la ville le droit de port, on voit la Commanderie s’y opposer, disant que ce droit lui revenait, possédant déjà un port situé derrière ses bâtiments au bord de la rivière.

     Finalement, François Ier pour faire la paix accorda le droit de port aux deux parties.
A cette époque, le Commandeur s’appelait Pierre Dance. Par un arrêt du 23 décembre 1527, c’est ce Commandeur qui fut maintenu en possession du droit de port qui était derrière la Commanderie, [p.130] «droit d’y recevoir toutes sortes de marchandises pour y charger les bateaux, et aussi les bateaux chargés, qui y seraient amenés, pour les décharger; et de prendre par chaque charrette qui y viendrait chargée de blé ou autre marchandise, ou qui chargerait les marchandises amenées dans les bateaux, deux deniers tournois; et défense aux habitants d’y apporter aucun empêchement».

     D’autre part, le Maire et les Echevins pour les habitants furent aussi maintenus «au droit de port qui leur avait été octroyé, depuis les fossés de la ville jusqu’à une ruelle descendant du bout du faubourg Evézard aux Prés».

     A la suite de l’Edit de Charles IX, en 1561, ordonnant que l’administration des établissements hospitaliers devait être contrôlée par le Maire et les Echevins, le bailli de la ville d’Etampes s’opposa, en 1576, à la nomination du Luc Arnault, maréchal des logis du roi, comme Commandeur s’appuyant sur l’Edit de Charles IX.

     On passa outre. Luc Arnault resta comme Commandeur, mais pas pour longtemps. Dès 1580, les Capucins furent nommés à la demande des Etampois, comme successeurs aux chevaliers de la Commanderie Saint-Jacques de l’Epée.

     Voici l’histoire des Capucins à Etampes. [p.131]


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BIBLIOGRAPHIE

Éditions

Léon Guibourgé      Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

     Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

     Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997 [ISBN 2-87802-317-X].

     Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.


Toute critique ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 127-130. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
   
Le Couvent disparu des Capucins (gravure du XVIIIe siècle)  
Le Couvent disparu des Capucins (gravure du XVIIIe siècle)
 
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