Corpus Historique Étampois
 
Terrier
À tire d’ailes, Étampes en 1911
L’Abeille d’Étampes du 30 décembre 1911
     
Tire d'ailes      

     Au seuil de l’année 1912, l’un des frères Terrier que nous navons pu identifier avec certitude, soit Léon (1869-1937) ou Auguste (1873-1932), propose aux lecteurs de L’Abeille d’Étampes un bilan de l’année 1911 qui sachève, pour ce qui concerne du moins Étampes et sa région. Cette synthèse de l’actualité locale, si subjective soit-elle, a naturellement une valeur irremplaçable pour l’histoire locale du XXe siècle étampois, et c’est pourquoi nous la mettons à la disposition de tous les historiens comme de tous les curieux de l’histoire du Sud-Essonne.
Bernard Gineste, 2018
  
Terrier
À tire d’ailes, Étampes en 1911
L’Abeille d’Étampes du 30 décembre 1911
   

  À tire d’ailes
Étampes en 1911


   
Danse    La vie locale n’a pas été précisément calme à Étampes pendant l’année que nous enterrerons demain. Notre ville s’est offert sa petite crise ministérielle pour elle toute seule. Dame! Cela ne s’est pas passé sans quelque tumulte, et des habitudes, nouvelles chez nous, se sont introduites dans nos mœurs électorales si paisibles. N’évoquons pas ces journées où l’on a confondu activité avec agitation et bornons-nous à rappeler que depuis le mois de mai, M. Dujoncquoy, le vétéran respecté de notre Hôtel de Ville, a pris en main comme maire, à la suite de la démission de M. Louis, la direction de la barque municipale qu’une partie de l’équipage a tendance à transformer parfois en galère et à piloter vers les récifs. Il y a encore bien du mouvement à bord et le Dieu des Tempêtes seul sait comment se doublera au mois de mai prochain le redoutable cap du renouvellement des Conseils municipaux. Autre changement: notre sous-préfet, M. Jouhannaud, est devenu secrétaire général à Versailles et a été remplacé par M. Darras.

     Plus intéressante est pour nous tous l’inauguration du chemin de fer départemental dont le sifflet éveille chaque jour les échos de Brières-les-Scellés et de Villeconin. Il a quelque peu troublé, au premier jour, les habitants de la rue Saint-Jacques dont les trains de ballast faisaient vibrer les vieilles et solides maisons. Le progrès ne va pas sans bruit. Nos voisins de Milly seront très heureux dans quelques mois, quand la ligne d’Étampes à Corbeil sera exploitée comme l’est celle d’Étampes à Arpajon.

Fantassin      Un fait à relever, c’est la vie de plus en plus active de nos sociétés locales. Celles qui se livrent au tir et aux sports ont tenu haut et ferme leur drapeau. Elles ont utilement travaillé et, de plus, nous ont donné de fort belles fêtes, matinée des Enfants de Guinette, fête du tir de Chalou-Moulineux, concours de gymnastique de Milly, course de natation du Pont-de-Pierre, kermesse de la Revanche Étampoise à Guinette, fête du Club Sportif sur le Port d’Étampes avec match de boxe, concours de la Fédération des Sociétés de tir à Monnerville et à [ligne manquante] dont notre Compagnie de sapeurs-pompiers se couvrit au concours de Dol. Dans l’ordre musical, si nous avons entendu le De Profundis de la Fanfare de Méréville, nous avons eu à La Ferté-Alais un intéressant concours de musique, et nous avons assisté à la naissance de la fanfare de Morigny. Enregistrons aussi pour l’histoire à l’actif de 1911 l’apparition du Skating à Étampes et la fondation d’une Société de cochonnet. Ce fut aussi une belle journée de sport que la fête donnée à Étampes en l’honneur du Raid hippique du Matin. Puisque nous parlons fête, citons encore le succès de la Kermesse de l’Union des Industriels et des Commerçants sur le Marché-franc.

Aéroplane    Mais le sport le plus sensationnel d’Étampes c’est toujours l’aviation, et cette passionnante rubrique ne chôme guère. Nos écoles Blériot, Farman et Deperdussin ont continué de produire un grand nombre d’aviateurs et des exploits historiques ont eu Étampes comme point de départ, vol de Gouguenheim sur Méréville, vols de Chevilliard sur Étampes, envolées de Védrines et de Helen à Lhumery, établissement du record de la hauteur par le capitaine Félix, vol d’Étampes à Versailles de la première escadrille de sept aéroplanes, etc. L’aviation a valu à Étampes sa première garnison, faite de quelques sections de sapeurs-aérostiers, et sa première caserne à laquelle l’Abeille a eu le plaisir de voir attribuer le nom suggéré par elle du lieutenant Princeteau, mort tragiquement brûlé par son moteur le jour du départ du Circuit Européen. Et ce nom évoque aussi ceux des victimes étampoises de laviation, la pauvre Denise Moore qui voulut voler pour faire plaisir à des amis et le lieutenant Lantheaume, victime de son appareil abîmé par l’incurie de l’administration militaire et aussi Lemartin, mort au départ du Circuit européen.

   Crimes et délits? La rubrique est toujours fournie. Dans le genre tragique nous avons eu l’incendie criminel de l’usine de la Française rue du Moulin de la Digue, l’assassinat du carrier Maffeis à Puiselet-le-Marais par son camarade Ahrant, le crime passionnel de Maisse où le terrassier Clavier revolvérisa sa fiancée et se suicida ensuite, l’assassinat resté mystérieux de la mère Argant à Montanchaut, etc. Dans le genre joyeux, mentionnons l’audace de ces gars de batterie qui scièrent la porte du violon du Marché-Franc pour délivrer un de leurs camarades et celle des mystérieux cambrioleurs de la rue Saint-Antoine qui entrèrent dans la boutique d
un boucher et emportèrent... vingt kilos de viande!

   Nous aurons dit tout ce qu’il y a eu de remarquable chez nous pendant cette année en mentionnant enfin l’angoisse patriotique avec laquelle les Étampois ont suivi la crise extérieure: on en eu la preuve à la belle cérémonie des Anciens Combattants. Et à ceux qui nous reprocheraient de n’avoir pas pris assez au tragique dans ce court historique les soubresauts de la vie municipale étampoise, nous répondrons en leur donnant rendez-vous à l’année prochaine pour voir avec eux si la rue Saint-Jacques ne sera plus livrée aux travaux de réfection, si la place Geoffroy-Saint-Hilaire est débarrassée de ses pavés et si le contribuable étampois est plus content de son sort!

Moustique.
   L’Abeille d’Étampes 100/52 (30 décembre 1911), p. 1 (saisie de Bernard Gineste).


Tire d'ailes      

   
SourceL’Abeille d’Étampes 100/52 (30 décembre 1911), p. 1 (saisie de Bernard Gineste, 2018).
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     Léon ou Auguste TERRIER (sous le pseudonyme de Moustique), «À tire d’ailes, Étampes en 1911», in L’Abeille d’Étampes 100/52 (30 décembre 1911), p. 1.

     Bernard GINESTE [éd.], «Terrier: À tire d’ailes, Étampes en 1911
», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-terrier1911etampesen1911.html, 2018.


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