Corpus Historique Étampois
 
Terrier
À tire d’ailes, Étampes en 1926
Abeille d’Étampes du 8 janvier 1927
     
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Logo de l’Abeille d’Étampes en 1927

     Au seuil de l’année 1927, l’un des frères Terrier que nous navons pu identifier avec certitude, soit Léon (1869-1937) ou Auguste (1873-1932), propose aux lecteurs de L’Abeille d’Étampes un bilan de l’année 1926 qui vient de s’écouler, pour ce qui concerne du moins Étampes et sa région. Cette synthèse de l’actualité locale, si subjective soit-elle, a naturellement une valeur irremplaçable pour l’histoire locale du XXe siècle étampois, et c’est pourquoi nous la mettons à la disposition de tous les historiens comme de tous les curieux de l’histoire du Sud-Essonne.
Bernard Gineste, 2018
  
Terrier
À tire d’ailes, Étampes en 1926
Abeille d’Étampes du 8 janvier 1927
 

À tire d’ailes
Étampes en 1926


   L’année 1926 comptera parmi les années noires de l’histoire locale étampoise: de chef-lieu d’arrondissement, notre cité est tombée au rang de chef-lieu de canton, perdant, avec son titre, son tribunal, sa sous-préfecture, sa recette des finances, son bureau d’enregistrement, et jusqu’à sa prison.

Tribunal d'Etampes    Annoncée par un ministre et appliquée par son successeur, la «Grande pénitence» nous a été sérieusement infligée; plus sérieusement même qu’à nos voisines, puisque l’on nous a infligé la double pénitence d’aller nous faire juger administrativement à Rambouillet, judiciairement à Corbeil.

   Que fera-t-on de nous au point de vue politique? 1927 qui verra certainement se dérouler au Parlement la lutte entre arrondissementiers et proportionnalistes, nous le dira.

   Les Étampois et leurs compatriotes beaucerons des autres cantons s’étaient volontairement d’ailleurs imposé économies et restrictions. Pas de cérémonies tapageuses, pas de fêtes, peu de concours. Seules, les traditionnelles fêtes locales, égayées par les refrains joyeux de «Chantecler» ou des fanfares communales, furent les points de repère indiquant la marche des saisons au cours de cette morose et décevante année.

   Une seule grande manifestation émerge des banalités locales: le Congrès de la Paix à Bierville. Il groupa dans le parc ombreux cinq mille manifestants de toutes nationalités.

   Dans le domaine politique, rien. Arrondissement disparu, celui d’Étampes ne cherche pas une place que le nombre de ses électeurs ou de ses délégués l’empêche de disputer aux autres arrondissements; et l’élection sénatoriale de demain ne remue vraiment pas «les couches profondes».

   Dans le domaine judiciaire, peu de choses. Le contingent habituel des poivrots, chapardeurs, cambrioleurs fut hospitalisé dans les violons municipaux par les soins de nos actifs gendarmes, agents et gardes champêtres. Ici et là, quelques suicides dus à la grande misère des temps, quelques crépages de chignons, quelques déconfitures et quelques fugues mirent en branle l’appareil judiciaire.

Moissonneur    La sécheresse, due à un très bel été, provoqua quelques gros incendies, notamment dans la région étampoise où la motopompe, mise en batterie par nos dévoués sapeurs-pompiers, qui cessèrent de la bouder, put prouver son utilité.

   Dans le domaine agricole, les Sociétés d’Horticulture et d’Agriculture organisèrent les expositions traditionnelles et connurent les succès coutumiers. La Ferté-Alais reçut la visite des parlementaires les plus côtés de Seine-et-Oise pour son concours agricole. Quant à la région Milliacoise, elle semble s’orienter vers une culture très intéressante: celle du tabac. Le blé, principale richesse de nos contrées beauceronnes, suivit les fantaisies de la livre: il cota jusqu’à 245 francs les 100 kilogs, descendit jusqu’à 150, pour finir en fin d’année à 185 francs.

   Ceci nous valut le pain cher, et, comme conséquence, la vie ultra-chère et l’inévitable chômage dans de nombreuses usines. Comme étrennes de fin d’année nous enregistrons à Étampes un budget de 2 millions, l’élévation du prix du gaz et de l’électricité (avec multiplication de pannes).

   Quelques citoyens de notre bonne ville ont essayé d’échapper aux soucis de l’existence en se groupant en Sociétés amicales, l’une «Le Cercle Philatélique», réunissant les collectionneurs de timbres-poste, l’autre «Les Amis du Théâtre», réunissant les fidèles abonnés des spectacles donnés sur notre scène municipale.
Théâtre d'Etampes Le but des premiers est de collectionner les innombrables vignettes passées, présentes et futures que les gouvernements impriment avec majoration constante pour se procurer des fonds; le but des seconds est de doter notre théâtre d’un matériel propre et de décors appropriés aux scènes qui s’y jouent.
Ces sociétés sont prospères car l’Art semble résister aux attaques des mœurs charlestonesques et des difficultés de la vie; la 3e Exposition artistique nous en a donné la preuve; et l’on voit, dans de nombreuses petites communes, se former des groupements artistiques qui vivent et prospèrent... On a bien parlé, à La Ferté- Alais, de la mort de la «Cigale Fertoise», mais nous ne la croyons qu’engourdie et toute prête, dès que reviendra le printemps, à reprendre son chant...

   La hausse des tarifs de chemins de fer, rendant très onéreux les déplacements, exige qu’on fasse appel à toutes les ressources locales pour agrémenter et faciliter la vie. D’où la prospérité des patronages, amicales, sociétés sportives, de tir, etc...

   Dans le but d’attirer les touristes, on a pu voir les hôteliers et les municipalités faire de grands efforts pour rendre plus attrayantes leurs cités. À Étampes, des ponts en ciment armé rendent plus facile l
accès des promenades des Prés. Et l’on nous promet, pour 1927, des squares fleuris... Pourquoi pas? Quand on veut, on peut... Les habitants de Guinette et de Saint-Martin ont bien eu leur réservoir à eau. Pourquoi les habitants de la rue Saint-Jacques (Théâtre et Saint-Gilles) n’auraient-ils pas des oasis fleuries?

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*   *

   Ce sont toutes sortes de fleurs et de bonnes et agréables choses que le chroniqueur de fin d’année souhaite à ses amis et lecteurs en leur disant d’oublier l’année défunte comme on oublie un mauvais rêve et de sourire à l’année nouvelle qui ne doit être qu’une bonne et heureuse année.


X...
L’Abeille d’Étampes 116/2 (8 janvier 1927), p. 1.


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SourceL’Abeille d’Étampes 116/2 (8 janvier 1927), p. 1 (saisie de Bernard Gineste, 2018).
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     Léon ou Auguste TERRIER, «À tire d’ailes, Étampes en 1926», in L’Abeille d’Étampes 116/2 (8 janvier 1927), p. 1.

     Bernard GINESTE [éd.], «Terrier: À tire d’ailes, Étampes en 1926
», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-terrier1927etampesen1926.html, 2018.


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