Corpus Littéraire Étampois
 
Pierre Goldman 
1960-1961. 
Extrait des Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, 1975
   
Pierre Goldman      Pierre Goldman, fils d’un Résistant juif d’origine polonaise, conçu dans la clandestinité sous l’occupation nazie, est né à Lyon en 1944. Parti avec sa mère en Pologne, il est enlevé en 1947 par son père, qui le ramène en France. Il a été un révolté toute sa vie. En internat depuis l’âge de 12 ans, renvoyé du lycée d’Évreux, il entre en seconde au collège d’Étampes en 1960-1961. De cette période apparemment plus calme de sa vie il ne semble guère avoir gardé que le souvenir des événements d’avril 1961, c’est-à-dire de l’éphémère putsch d’Alger, qui fit trembler la France.   
   
Pierre Goldman
     Rappelons pour mémoire le cours postérieur de sa vie, beaucoup plus mouvementé et si caractéristique d’un certain aspect des années 70. Insoumis et militant antifasciste viscéral, mêlé à des guérillas en Amérique du Sud, il mènera une vie extrêmement agitée qui le conduira en France à la délinquance. Mêlé à une sombre affaire de meurtre en 1969, il sera condamné à la perpétuité par suite d’un procès bâclé en 1974. A la suite d’une campagne d’opinion (illustrée notamment par une célèbre chanson de Maxime Leforestier, La vie d’un homme), il fut rejugé en 1976 et reconnu innocent, mais bientôt  assassiné en 1979 par un groupe d’extrême-droite bien mal nommé Honneur de la Police. L’affaire n’a jamais été élucidée.   
   
     Nous citons ici, de la célèbre autobiographie qu’il écrivit en prison, la section qui raconte la fin de son année de troisième à Évreux, son année de seconde à Étampes, et le début d’année suivante à Compiègne.  
     
Souvenirs obscur d’un juif polonais né en France

Curiculum vitae
[pp. 37-40: Scolarité à Évreux, Étampes, puis Compiègne]



     A Évreux je compris que j’étais inculte, que j’étais insensible à [p.38] la littérature et à l’art français. Racine et Corneille n’éveillaient en moi qu’un ennui implacable. J’étais, moi, ce Juif dont Maurras disait qu’il ne pouvait accéder à la beauté des tragédies et de la poésie raciniennes. Mais j’aimais — sensuellement — Baudelaire.         Je mesurai aussi, ce fut ma première expérience de ce plaisir, la volupté des instants de libération et de révolte. Vers la fin de l’année scolaire 1959-1960, je participai activement à une mutinerie d’élèves, d’internes. Ce fut une mutinerie contre la discipline qu’imposait un surveillant général roide et pervers. Nous déclenchâmes l’action à minuit, de nos dortoirs, en lançant des pétards-crapauds (du haut des fenêtres) dans la cour de l’internat (on en écouta les détonations dans la ville: le lycée la surplombait). Puis nous nous mîmes à hurler des slogans vengeurs et homicides (Cyrac assassin, Cyrac au poteau, fusillez Cyrac). Nous étions déchaînés et désenchaînés de la discipline de troupeau, nous étions une meute, nous étions libres. Je jouissais. Cela dura deux jours, l’élan fut brisé par les moyens traditionnels. Mais durant ces deux jours nous fûmes libres et cette saveur nous était enivrante: on nous craignait et nous ne respections plus nul règlement. On m’enferma ensuite dans l’infirmerie de l’internat, pour que j’y attende ma comparution devant le conseil de discipline. Ce fut ma première détention préventive. Je me souviens, bien sûr, de ce premier jugement, et je m’en souvins devant les Assises. Je fus exclu définitivement du lycée.  
     J’avais vécu deux ans dans cet internat et j’y étais attaché par des fibres de plaisir quotidien et simple. Devoir m’y arracher me rendit fou d’une douleur furieuse. Quand je montai dans la salle d’études de l’internat pour y chercher mes affaires — mon père m’attendait dans le hall du bâtiment principal, il avait été convoqué en prévision de l’issue du conseil de discipline — je fus pris d’une violente crise et brisai une bonne partie du mobilier de la salle. Puis je partis en courant — l’internat était situé sur une colline, je redescendis donc vers le bâtiment principal — pour fuir. Les professeurs du conseil de discipline, alertés, vinrent à ma rencontre. Je les évitai d’une feinte et traversai une porte vitrée que j’avais cru pousser dans le sens de l’ouverture — en réalité il fallait la tirer. On déclara que j’avais tenté de me suicider, qu’il s’agissait d’un acte manqué. Je dis à mon père que je voulais rester à Évreux et que c’était la raison de ma fuite et [p.39] de ma fureur. Il accéda à mon désir et m’émancipa sur-le-champ.   
     Je devais préparer le brevet. En fait, je passais mon temps dans les nombreux bars et cabarets de cette ville faite en partie — à l’époque — pour la soldatesque américaine. Je fréquentais des gangsters juifs, des proxénètes (me semble-t-il) et quelques jeunes voyous motorisés dont l’univers était régi par les chants d’Elvis Presley. Je commençai la révision des matières inscrites au brevet quelques heures avant l’examen. Je le ratai. Mais peu m’importait, car j’étais admis à passer en seconde.  
     Je partis à Varsovie où je connus la fille d’un noble polonais. Elle était belle et majeure. Je m’en épris. Je ne pouvais la posséder (c’était la première fois que je pénétrais une femme) sans penser à mon père, à mes aïeux, pour qui une telle relation — en leur temps — eût été impossible ou extrêmement périlleuse. Je baisais une belle Polonaise blonde et noble. Je la baisais en Pologne. Je la baisais dans la douce nuit de l’été de Pologne, ce pays d’hiver où les chaleurs sont spécialement bouleversantes.  
     (C’est à Évreux que j’eus la transparence définitive que je n’étais pas vraiment français. J’étais dans un train secondaire, entouré de paysan normands. Je les regardai et pensai que je n’étais pas français. Et j’ai toujours su que je n’étais pas polonais.)  
Pierre Goldman






Pierre Goldman
       1960-1961. Classe de seconde à Étampes. 21 avril, le putsch. J’espère cette invasion, une guerre civile, je suis rempli d’images de guerre d’Espagne. La nuit du dimanche 22 au lundi 23, je la passe dans le local du parti communiste, à Montrouge. Vers minuit, après que le discours de Debré eut provoqué en moi un frisson de plaisir — j’y voyais (sentais) le signe d’un orage majeur et historique — j’ai informé mon père que j’allais répondre à l’appel du parti et de la CGT, que la radio avait répercuté et diffusé. Il est couché et me dit: «Ils vont se rendre, c’est du cinéma, de toute façon, s’il faut être là je serai là.» Et il s’endort. Mais je sens qu’il est heureux de ma décision. J’attendis les parachutistes toute la nuit, et des armes pour les combattre, qui, pas plus que les parachutistes, ne nous arrivèrent. Ce fut une nuit d’attente impatiente et exaltée. Je pensais que nous étions près d’Orly et que nous serions les premiers à nous battre. Le matin, déçu, exténué aussi, je regagne le lycée. Je dors toute la journée. La nuit (du lundi au [p.40] mardi), je suis envahi de la frayeur de périr au combat et j’ai un moment de lâcheté imaginée, l’envie de renoncer (à cette guerre qui n’eut pas lieu). Mais je me lève victorieux de ma peur passagère, résolu. J’apprends que le putsch est fini, que les généraux se sont rendus ou sont passés dans la clandestinité. J’en suis triste. (Plus jamais je ne connaîtrai ce veule abandon d’envisager de préférer vivre à mourir violemment. J’allais avoir dix-sept ans.)

     Varsovie, été 1961. Je suis initié à la vodka.  

     1961-1962. Classe de première à Compiègne. Je suis choqué de la passivité de la gauche organisée envers l’OAS et que la lutte efficace soit surtout conduite par les équipes spéciales du gouvernement. J’ai, pour les policiers pogromistes des ratonnades d’octobre 1961, une haine farouche et juive. Je ne comprends pas que les victimes assassinées de Charonne ne soient pas vengées. A Compiègne, je rencontre le fils d’un FTP juif tombé en août 1944. Il est interne, comme moi. Nous prévoyons la formation d’un groupe clandestin qui mènerait de violentes et meurtrières actions antifascistes. Nous recrutons un autre interne. Nos projets: voler des armes (nous savons où), tuer quelques personnalités connues pour leurs sympathies OAS. La guerre d’Algérie se termine avant que nous passions à l’action. (Nous avions confié notre intention à une personne qui travaillait avec le Front universitaire antifascite, avec le FLN aussi, et qui, horrifiée, nous avait suppliés de ne rien faire. Était-il possible qu’une action sorte de notre rève? Oui, je crois.) [...]
Collège Etienne-Geoffroy-Saint-Hilaire d'Etampes (aujourd'hui collège Jean-Etienne-Guettard)
 
 
Source: © Seuil 1975. Ouvrage épuisé et non réédité en 2003.  Réédité en 2005.
BIBLIOGRAPHIE

Édition

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Goldman: 1960-1961 (extrait des Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France, 1975)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-20-pierregoldman.html, 2004.

Œuvres de Pierre Goldman

Pierre Goldman      Pierre GOLDMAN, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France [285 p.; autobiographie], Paris, Seuil, 1975 [épuisé]. Réédition: [18 cm; 311 p.],  Paris, Seuil [«Point» 1294], 2005

Pierre Debray: Les rendez-vous manqués (pour Pierre Goldman), 1975      Pierre GOLDMAN, L’ordinaire mésaventure d’Archibald Rapoport. Roman [189 p.], Paris, Julliard, 1977.

Dossier de presse sur Pierre Goldman

       Libération, Le Monde, Esprit, Les Temps Modernes, L’Arche, VSD: 87 articles de presse de 1974, 1975, 1976, 1977, 1979 et 2001, réunis, saisis et mis en ligne sous la direction de Jean-Michel FONTAINE, www.parler-de-sa-vie.net/pierre/pierre.html, en ligne en 2004.

     Trois articles dans Le Figaro du 24 septembre 2005: Patrice BURNAT, «Le braqueur révolutionnaire avait étudié en cellule» [909 mot]; «L'embarrassant fantôme de Pierre Goldman» [746 mots] & «Pierre Goldman La contre-enquête qui embarrasse ses anciens camarades», [p.8; 19 mots].

Ouvrages sur Pierre Goldman

Marcel Leclerc, De l'antigang à la criminelle, 1980      Hélène CIXOUS, Un K. incompréhensible: Pierre Goldman, Paris, Christian Bourgois, 1975.

Jean-Paul Dollé, L'insoumis: vies et légendes de Pierre Goldman, 1997       Régis DEBRAY, Les rendez-vous manqués (pour Pierre Goldman), Paris, Le Seuil, 1975.

       Wladimir RABI & Alter Goldman, L’homme qui est entré dans la loi: Pierre Goldman. Entretien avec Alter Goldman, Paris, La Pensée Sauvage [«supplément à la revue Les temps modernes numéro 353»], décembre 1976 [dont une réédition numérique en mode texte par Jean-Michel FONTAINE: www.parler-de-sa-vie.net/pierre/197612xx01.html, en ligne en 2004]. 

       Dr Yves ROUMAJON, Ils ne sont pas nés délinquants, Paris, Robert Lafon [«Press Pocket»], 1981.

     Jean-Paul DOLLÉ, L’insoumis. Vies et légendes de Pierre Goldman, Paris, Grasset, 1997.

Message d’une internaute étampoise qui recommande le livre de Dollé
     Au delà du parcours de vie de Goldman l’intérêt de ce livre réside, à mon sens, dans le témoignage sur une époque, les années 60-79, marquées par des idéaux et le brassage d’idées dont on aimerait qu’elles rejaillissent aujourd’hui... J’ajoute qu’à l’époque le Magazine Littéraire avait salué ce bouquin comme relatant l’épopée "d’un héros de notre temps".
Critique de Josyane Savigneau parue dans Le Monde du 24 Octobre 1997
Jean-Paul Dollé, témoin lucide
Jean-Paul Dollé, L'insoumis: vies et légendes de Pierre Goldman, 1997    Ce n’est pas sans appréhension, en ce temps fanatiquement voué à la commémoration, que l’on voit venir le trentième anniversaire de mai 68. Après le déferlement de mythologie virile, guerrière et «christique» qui entoure le trentième anniversaire de la mort de Che Guevara, on peut tout craindre. C’est pourquoi, d’emblée, on se dit que l’essai de Jean-Paul Dollé, L’Insoumis, vies et légendes de Pierre Goldman, n’est que le premier d’une longue cohorte de livres «générationnels», déclinant à l’infini le «qu’avons nous fait de nos années 60?». Si l’on passe sur le titre, grandiloquent, et sur l’accablante phrase de Péguy placée en épigraphe «Nous voulons bien avoir été bernés, mais nous voulons avoir été grands», qui, en fait, décrit assez justement les protagonistes du récit, on lira un texte remarquable de finesse et de lucidité. A l’inverse de la pulsion commémorative, qui porte en elle la volonté d’amnésie, l’analyse de Dollé incite à comprendre, à penser un individu exceptionnel et une époque dans toutes leurs complexités et leurs ambiguïtés, donc à les garder en mémoire.
    Comment résumer, pour ceux auxquels ce nom ne dit rien, le destin de Pierre Goldman, alors que, précisément, le livre de Dollé va contre toutes les simplifications? Né à Paris en 1944 dans une famille juive polonaise, Goldman, au début des années 60, entre dans le cercle de ceux qui militent à l’Union des étudiants communistes. Ce «héros sartrien» fait la connaissance de jeunes intellectuels bien décidés à renverser le vieux monde et qui, pour l’heure, font le coup de poing contre les étudiants d’extrême droite en rêvant de guérilla en Amérique latine. Goldman ne sera jamais vraiment l’un d’eux d’ailleurs parmi eux, déjà, il y a les normaliens de la rue d’Ulm et «les autres». Régis Debray, qui «se méfie de la marginalité et de l’amateurisme intellectuel de Goldman», est l’un de ces normaliens avec lesquels on «bute toujours sur [un] fond de scepticisme, qui est le nom, plus anodin, de leur arrogance».
    Comme Régis Debray, Goldman ira en Amérique latine. En 1967. En mai 68, à Paris, il ne comprend pas ces gens qui veulent «parler, comprendre, ne plus obéir bêtement, ni se faire voler leur vie ; ils ne veulent pas prendre le pouvoir, encore moins déclencher une guerre civile. Ils veulent être libres». Goldman rejoint le Venezuela. Quand il en revient, en 1969, il choisit la marginalité du gangstérisme. Le 8 avril 1970, il est arrêté, accusé de braquages, qu’il reconnaît, et du meurtre de deux pharmaciennes, qu’il nie. Lors de son procès, en 1974, on a le sentiment d’assister à un règlement de comptes entre une société qui a eu peur et un symbole de la jeunesse qui s’est soulevée à la fin des années 60. Il est condamné à la réclusion criminelle à perpétuité, alors que l’accusation n’a rien pu prouver. Dans la salle de la cour d’assises de Paris, c’est l’émeute. Puis intellectuels et artistes se mobilisent pour Goldman. Son pourvoi en cassation est accepté, il est rejugé en 1976 et acquitté par la cour d’assises de la Somme. En prison, il écrit un très beau livre, publié en 1975, Souvenirs obscurs d’un juif polonais né en France.
    Selon Dollé, «Goldman est resté un insoumis. En 1976, quand il sort de prison, c’est une disposition d’esprit de plus en plus mal vue. Depuis la désagrégation de la mouvance gauchiste, l’irrégulier est passé de mode». Il écrit dans Libération, et, en 1977, publie L’Ordinaire mésaventure d’Archibald de Rapoport, sorte de roman picaresque qui met en scène un tueur méditatif et qui met mal à l’aise beaucoup de ses amis. Pour le reste, on ne sait pas très bien quelles sont ses activités. Certains prétendent qu’il fait de la contrebande d’armes. Le 20 septembre 1979, à quelques jours de la naissance de son fils, il est tué dans la rue. Il a trente-cinq ans. Un mystérieux groupe «Honneur de la police» revendique son assassinat, qui n’a jamais été élucidé.
Pierre Goldman     S’il ne faisait que raconter, avec empathie et émotion, cette histoire qui fut celle de son ami, Jean-Paul Dollé aurait simplement écrit un récit de souvenirs. Mais son livre va bien au-delà. Outre les portraits, vifs, pertinents, originaux, subtils, qu’il trace des figures intellectuelles de l’époque, Lacan, Deleuze, Althusser, Dollé donne à comprendre, de l’intérieur, le parcours de ces «jeunes mâles» d’hier qui sont devenus les hommes de pouvoir d’aujourd’hui en politique, dans les médias, dans les entreprises. Goldman partageait avec eux une impossibilité à «concevoir des rapports d’égalité avec l’autre sexe», un embarras avec la sexualité et des désirs «d’honneur et de fraternité», de «communion avec les autres mâles, combattants, amis ou ennemis, peu importe». Mais lui, dit Dollé, était assuré de «ne jamais consentir à la communauté des seigneurs». Face à tous ces futurs «petits maîtres» à l’esprit policier, Goldman est le héros ambigu qui veut défier la mort. Héros sartrien parce que «non récupérable».
    Finalement, Goldman est moins éloigné de cette avant-garde intellectuelle «structuraliste, tel-queliste», qu’il détestait lui préférant «l’archaïsme du courage» que de ceux qui prétendaient «faire la révolution» par simple passion de commander. Car la question qui l’obsède, c’est celle de l’écrit. «Je voulais écrire ma vie dans la vie, l’y inscrire, qu’elle soit un roman, dit-il dans Souvenirs obscurs... Elle ne le fut pas et de l’avoir écrite sans la romancer ne la transforme pas en roman.» Et Dollé commente: «Vouloir écrire sa vie mais ne pas écrire dans sa vie; que sa vie soit un roman et s’interdire d’être romancier, par honte d’écrire. Goldman n’a pas d’autre manière de surmonter cette contradiction fondamentale que d’accomplir des crimes pour les expier, et par là même, se laver de l’infamie d’écrire, puisqu’il écrit pour se défendre.» Mais c’est sans doute le sujet d’un autre livre.
    Si la lecture de Jean-Paul Dollé est si stimulante, ce n’est pas à cause de la figure héroïque de Goldman, c’est au contraire parce qu’il ne cède jamais à l’héroïsation niaise et que son livre n’est pas un morceau de passé, mais un matériau pour penser l’avenir. A ce titre on ne saurait trop recommander aux anciens «jeunes mâles» de le méditer longuement et plus encore aux jeunes femmes de l’analyser en détail. Car les hommes dont on parle ici, ce sont leurs pères, et si elles ne sont pas résolues à combattre leur vision des femmes, elles feraient mieux de ranger leurs livres et de s’en tenir au tricot.
   JOSYANE SAVIGNEAU

     Commissaire Marcel LECLERC, «Pierre Goldman», in ID., De l’anti-gang à la criminelle. Un grand flic ouvre ses dossiers, Paris, Plon, 2000, chapitre 5, pp. 45-76 [dont une réédition numérique en mode texte par Jean-Michel FONTAINE: www.parler-de-sa-vie.net/pierre/2000xx01.html, en ligne en 2004].

     AMNASSAR [pseudonyme], Matricule: 518.941-2.87. Prison de Fresnes. Correspondance d’un prévenu avec son professeur [13,5 cm sur 21; 91 p.; extraits de la correspondance de Pierre Goldman avec son professeur d’espagnol en 1972-1974], Paris, Presses littéraires, 2005 [ISBN: 2-35073-044-1; 12 €].

Amnassar: Matricule Matricule: 518.941-2.87 (Presses littéraires, 2005) Présentation par l'éditeur
     Pourquoi ressusciter une affaire oubliée?
     Malgré les passions apaisées, la plupart de ceux qui se souviennent de cette affaire, un quart de siècle plus tard, la considèrent comme un banal fait divers, un règlement de compte entre malfrats: l’exécution soit disant «justifiée» d’un «mafioso». C’est donc un cadavre qu’il n’y a pas lieu d’exhumer. La vérité n’est pas si simple.
     La victime ne peut être considérée comme un simple délinquant de droit commun. Certes il est coupable, il l’a reconnu. La délinquance, la violence n’étaient pas pour autant un choix délibéré, tout au plus un malheureux concours de circonstances. Il n’en avait pas fait son plan de carrière. Ses motivations, ses objectifs, ses projets étaient différents, il les plaçait à un niveau plus élevé, plus louable, plus noble. Ces six semaines de dérives «fuori legge» engagées de manière aveugle, il les avait payées et il ne méritait pas la mort.
     Donner au lecteur un portrait de l’accusé, devenu victime, différent de celui dont s’étaient emparés les médias de l’époque, rendre justice à l’homme, tel est le but de l’auteur.

          Michaël PRAZAN, Pierre Goldman. Le frère de l'ombre [15 cm sur 22; 295 p.], Paris, Seuil [«Biographie»], 2005 [ISBN : 2020678950; 21€].

Michael Prazan: Pierre Goldman, le frère de l'ombre (Seuil, 2005) Présentation par l'éditeur
     Révolutionnaire au Quartier latin des années soixante, guérillero à Cuba, puis au Venezuela, joueur frénétique de salsa, gangster, taulard, écrivain, Pierre Goldman est surtout connu pour avoir été le principal accusé dans la sordide affaire du meurtre de deux pharmaciennes, au cours du hold-up raté d'une officine, le 19 décembre 1969. Condamné à perpétuité par la cour d'assises de Paris en 1974, il sera rejugé, puis acquitté, avant d'être assassiné en pleine rue, quatre ans après sa libération. Qui était vraiment Pierre Goldman? Un personnage aux multiples vies, qui a suscité rumeurs et légendes. Vingt-cinq ans après son mystérieux assassinat, ce livre éclaire les jeux d'ombre d'une
existence marquée par la tragédie: Pierre Goldman était-il bien coupable du double meurtre dont il a été accusé? Qui a commandité son assassinat? Au-delà des faits et des anecdotes, l'auteur tente de restituer la trajectoire paroxystique de ce Juif polonais né sous l'Occupation de parents résistants, et tué à 35 ans. Par une enquête qui revient sur les lieux (Caraïbes, Pologne, Venezuela) et grâce aux témoignages de ceux qui l'ont connu, Michaël Prazan trace le portrait sensible et contrasté de celui qu'il considère comme un frère de l'ombre, un homme hors normes, tiraillé entre désir de mourir et soif de vivre.

Biographie de l'auteur
     Michaël Prazan, enseignant et documentariste, est l'auteur de plusieurs ouvrages dont Les Fanatiques, histoire de l'Armée rouge japonaise (Seuil, 2002). Il a collaboré à différents journaux et magazines (Le Figaro, Le Monde, Marianne, Ça m'intéresse).

Pages web sur Pierre Goldman

     Page de référence, avec un important dossier de presse et des extraits de différents ouvrages en ligne sur Pierre Goldman: Jean-Michel FONTAINE, «Pierre Goldman», in ID., Jean-Jacques Goldman: Parler d’sa vie, www.parler-de-sa-vie.net/index2.html, en ligne en 2004.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
  
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire- Mail