CORPUS LATINUM STAMPENSE
 
Henricus Monantholius
Ad Jacobum Hollerium
Carmen, 1565
    
Portrait fantaisisite de Jacques Houllier (Hôtel de ville d'Etampes)
 
     Trois ans après la mort de Jacques Houllier d’Étampes, illustre médecin en son temps, ses disciples et ses amis publièrent un recueil de ses œuvres principales, presque toutes inédites. Entre autres pièces liminaires, on y trouve un poème latin de dix-sept distiques élégiaques dû à son ami Henri de Monantheuil, dont voici le texte, et une première traduction.
     







Ad Iacobum Holle-
RIVM MEDICVM CLA-
rissimum Henrici Monantholij
Rhemi Carmen.

IVppiter æternùm terris infensus habebat,
     (Nescio quid, si quid, mouerit ante Iouem)
Deina feron, vasto quod nos tremefecit hiatu,
     Nostra tot impendens vas super ora dies.
 5
Hinc febres, hinc pestifero condîta veneno,
     Hinc Acherontigenis mens agitata deis,
Hinc hmitritaioi, hinc nigro carbunculus igne,
     Hinc veneri ultæ plena madore lues,
Hinc polypi, hinc Elephas, atque hinc apoplexia, lõgis
10
     Hinc crescens pedibus rumina Cancer edit,
Hinc Vertigo, Caros, Catoche, Paralysis, & omne,
     Quod tam homines torsit tempora longa, malum.
Quis tantum in superos potuit committere crimen?
     In miseros homines sic stimulare Iouem?
15
Hic, quisquis fuit, ignotus sine nomine pendit,
     Quas meritò pœnas Rex Acherontis habet.
Sed torquendo homini totus non sufficit orcus,
     Tormina tam dirum nulla piare scelus.
Ille licet pœnas referat quas Tantalus: aut quas
20
     Sisiphus: aut Tityi tempus in omne iecur.
Propter quem meruere homines tot adire ruinas,
     Tortáque tot iactis membra videre malis. [p.XXXVIII]
Et paterentur adhuc, passuri plura, nisi quis
     Doctus Apollinea sorte tulisset opem.
25
Hîc miseros tandem (seu quis sis ipse deorum,
     Siue Holleri hominum) nunc miseratus ades.
Floribus electis, cocta radice, suaui
     Exhibito potu subtrahis omne malum.
Vas Iouis exhauris totum: vel si qua profundo
30
     Immittantur adhuc, irrita tela facis.
Ergo tuum vt nomen iam sæcula nulla latebit
     (Si Deus æqualis fásque nefásque videt)
sic tibi non quicquid cœlos extra eminet omnes.
     Sufficiet meritis reddere iusta tuis.



N.B. On suit ici deux corrections manuscrites de l’exemplaire conservé aux Archives Municipales d’Étampes: veneri et non veneris (v. 8); Holleri et non Hollere (v. 26).
     
Monantholii Carmen
Monantholii Carmen
 
   








Ad Jacobum Hollerium
medicum clarissimum
Henrici Monantholii Rhemi
Carmen
(orthographe normalisée)

Poème
adressé à l’illustrissime médecin
Jacques Houllier
par Henri de Monantheuil, de Reims
(traduction et notes de Bernard Gineste)

Juppiter aeternum terris infensus habebat,
     (Nescio quid, si quid, moverit ante Jovem)
Deina feron, vasto quod nos tremefecit hiatu,
     Nostra tot impendens vas super ora dies.
     Jupiter (1) irrité contre le monde avait de toute éternité, — et je ne sais ce qui avant cela avait ému Jupiter, si quelque chose l’avait ému (2) — plein de monstruosités (3), nous terrifiant de son goulot énorme, un vase, suspendu au-dessus de nos têtes tant et tant de jours.
 5
 
 
 
 
10
Hinc febres, hinc pestifero condita veneno,
     Hinc Acherontigenis mens agitata deis,
Hinc hmitritaioi, hinc nigro carbunculus igne,
     Hinc veneri ultae plena madore lues,
Hinc polypi, hinc Elephas, atque hinc apoplexia, longis
     Hinc crescens pedibus rumina Cancer edit,
Hinc Vertigo, Caros, Catoche, Paralysis, & omne
     Quod tam homines torsit tempora longa malum.

     De là les fièvres; de là, imbibé d’un poison mortel, de là l’esprit agité par des divinités filles de l’Achéron (4); de là les fièvres demi-tierces (5); de là le charbon à la noire brûlure (6); de là lécoulement (7) plein d’humeurs qui punit l’amour (8); de là les polypes (9); de là l’éléphantiasis (10); de là l’apoplexie (11); de là, déployant ses longues pattes, le cancer ronge l’estomac (12), de là le vertige, la torpeur, la catalepsie, la paralysie (13) et chaque mal qui tourmenta les humains pendant de si longs siècles!
 
 
15
 
 
 
 
20
Quis tantum in superos potuit committere crimen?
     In miseros homines sic stimulare Jovem?
Hic, quisquis fuit, ignotus sine nomine pendit,
     Quas merito poenas Rex Acherontis habet.
Sed torquendo homini totus non sufficit orcus,
     Tormina tam dirum nulla piare scelus.

Ille licet poenas referat quas Tantalus: aut quas
     Sisiphus: aut Tityi tempus in omne jecur.
Propter quem meruere homines tot adire ruinas,
     Tortaque tot jactis membra videre malis.

    Qui a pu commettre un si grand crime contre les dieux pour irriter ainsi Jupiter contre les misérables humains? (14) Celui-là, quel qu’il soit, inconnu, anonyme, endure justement les châtiments que réserve le roi de l’Achéron (15); mais à supplicier cet homme tout l’enfer ne suffit pas: aucune colique (16) ne peut expier un crime si funeste, même s’il éprouve à son tour les châtiments de Tantale (17), ou ceux de Sisiphe (18) ou celui du foie de Tityos (19) éternellement, puisqu’à cause de lui les hommes ont dû connaître tant de désastres et voir tant de leurs organes tourmentés des maux qui les frappent.
 
 
25
 
 
 

30
Et paterentur adhuc, passuri plura, nisi quis
     Doctus Apollinea sorte tulisset opem.

Hic miseros tandem (seu quis sis ipse deorum,
     Sive Holleri hominum) nunc miseratus ades.
Floribus electis, cocta radice, suaui
     Exhibito potu subtrahis omne malum.
Vas Jovis exhauris totum: vel si qua profundo
     Immittantur adhuc, irrita tela facis.
     Et ils souffriraient encore, et ils auraient à souffrir davantage, si un certain Savant envoyé par Apollon (20) n’y avait porté secours. Voilà enfin qu’à ces malheureux (quel que tu sois, l’un des dieux, Houllier (21), ou simple mortel), tu te présentes avec compassion. De fleurs bien choisies, d’une racine cuite, d’une douce potion que tu en produis (22), tu supprimes tout mal, tu vides tout entier le vase de Jupiter; et si quelques traits ont causé de profondes blessures (23), tu les rends sans effet.

Ergo tuum ut nomen jam saecula nulla latebit
     (Si Deus aequalis fasque nefasque videt)
sic tibi non quicquid coelos extra eminet omnes.
     Sufficiet meritis reddere justa tuis.
     Ainsi donc, de même qu’aucun siècle n’effacera ta gloire — s’il est un Dieu impartial qui considère la justice et l’impiété (24) — de même rien ne te surpasse sous aucun des cieux. Il suffira de rendre justice à tes mérites.


NOTES


     (1) Jupiter, nom latin du dieu grec Zeus, roi des dieux, représente ici la puissance divine considérée comme responsable de l’ordre du monde et notamment de l’existence des maladies qui frappent le genre humain. On note cependant dans ce poème certaines allusions qui donnent à penser que l’existence même de la divinité n’est pas sans poser problème à l’auteur, de même que la possibilité d’attribuer à cette entité théorique des mobiles clairs (vers 2), voire un quelconque souci de rétribuer la justice des hommes (vers 32). Cependant le maître en philosophie de Monantheuil, Pierre de la Ramée, dit Ramus, était pour sa part calviniste: mais il fut égorgé deux jours après la Saint-Barthélémy par des tueurs à gage.

     (2) Peut-être donc les souffrances humaines n’ont-elles aucune explication métaphysique.

     (3) Deina feron,
«portant des monstruosités». Nous n’avons pas trouvé la source de cette probable réminiscence.

     (4) Il s’agit ici semble-t-il ici des trois Furies de la Mythologie, filles selon Virgile de la Nuit et de 
l’Achéron, qui représentent ici les délires occasionnés par la fièvre, lorsque l’esprit comme confit (condita)  d’humeurs vénéneuses, est agité par des visions ou des cauchemars. L’Achéron est l’un des fleuves des Enfers, réputé presque stagnant, marécageux et malsain: c’est lui que devait traverser les morts, sur la barque de Charon, pour gagner leur ultime séjour; le mot signifie ici par synecdoque «Enfers», comme plus bas.
     L’adjectif acherontigenus est singulièrement rare et ignoré des dictionnaires usuels; voici ce qu’en dit l’Officinae Epitome de Joannes Ravisius Textor, publiée à Lyon en 1560, p. 138, au sujet des Furies, auxquelles il est appliqué semble-t-il par Baptista Mantuanus, poète carmélite de la Renaissance (1447-1516)
:
     FVRIAE TRES. FVrias poentae Acherontis ex nocte filias vocant. Vergilius, Dicuntur geminae pestes, cognomine dirae, Quas et tartaream nox intempesta Megaeram, Uno eodemque tulit partu. Propterea Galterus in Alexandreide decenti epitheto eas vocat Noctigenas libro decimo, ubi ait, Hoc ego si dea sum, qua nulla potentior inter Noctigenas, si me vestram bene nostis alumnam. Eadem ratione Mantuanus eas vocat Acherontigenas.
     (5) Grecs hmitritaioi, latin hemitritaei (c’est donc par pure coquetterie que le poète a porté une graphie grecque, puisque le mot a connu une transcription latine dès l’époque classique), français hémitritées ou fièvres demi-tierces. Il s’agit dans la médecine ancienne de cette catégorie de fièvres intermittentes qui connaissent un accès chaque jour avec un accès plus intense tous les deux jours (Dictionnaire de Bouillet, 1872).

     (6) Le Charbon est autrement appelé anthrax malin ou pestilentiel: «tumeur dure et circonscrite, extrêmement douloureuse, avec tension et chaleur brûlante dans le tissu cellulaire sous-cutané, et rougeur livide de la peau, au centre de laquelle s’élèvent bientôt une ou plusieurs phlyctènes, qui crèvent et se convertissent en une escarre ou croûte noirâtre gangréneuse.» (Bouillet, 1872)

     (7) Le mot latin, lues, est ambigu parce qu’il peut signifier tant «écoulement» que «contagion».

     (8) Le texte imprimé de 1565 porte veneris ultae, mais nous pensons devoir suivre la correction manuscrite de l’exemplaire des Archives Municipales d’Étampes qui raye le S, ce qui donne un datif que nous comprenons, littéralement: «pour tirer vengeance de plaisirs sexuels».

     (9) Le polype, en grec polupous («à plusieurs pieds»), latin polypus, «tumeur charnue, ordinairement pédiculée, qui se développe dans les cavités du corps revêtues d’une membrane muqueuse, notamment dans les fosses nasales.
» (Bouillet, 1872)

     (10) Littéralement «l’éléphant», grec elefas ou elefantiasis, latin elephas ou elephantiasis, maladie décrite par le médecin grec Arétée et qu’on croit être la lèpre des anciens et du moyen âge.

     (11) Apoplexie, en grec apoplhxis ou apoplhxia, «apopoplexie», «paralysie», latin apoplexis ou apoplexia, «état morbide caractérisé  par une suspension plus ou moins brusque, plus ou moins prolongée, de la sensiblité et du mouvement,sans que la respiration et la circulation soient toutefois interrompues, et qui amène la mort soit subitement, soit à la suite de quelques accès laissant après eux une paralysie partielle ou totale» (Bouillet, 1872). Le terme recouvre en fait différentes sortes d’accidents vasculaires cérébraux.

     (12) Latin cancer, littéralement «crabe» (qui a donné en français autant chancre que cancer) : «On appelle ainsi une maladie chronique, et presque toujours incurable, qui désorganise tous les tissus où elle se développe en s’étendant toujours de plus en plus. On lui a donné ce nom soit qu’on ait comparé aux pattes d’un crabe les veines dilatées et engorgées qui s’écartent en rayonnant autour de la tumeur, soit parce qu’on a cru anciennement qu’un animal dévorait les parties malades» (Bouillet, 1872).


     (13) Subtile gradation: Vertigo, «vertige», «étourdissement», «éblouissement»; Caros, transcription non classique du grec karos, qui signifie tant «vertige» chez Apollonius de Rhodes que «engourdissement» ou «sommeil profond» chez Plutarque et Aristote; Catoche, du grec katoch, «rétention», qui signifie plus précisément «possession (par la divinité)» chez Plutarque et qui désigne une «sorte de catalepsie» chez le médecin Gallien, terme plutôt rendu en latin par catocha chez Caelius Aurelianus, avec le sens de «catalepsie»; Paralysis, du grec «relâchement», d’où «paralysie» (dès Théophraste et Polybe), sens du mot en latin dès Pline.

     (14) On peut se demander si l’on n’a pas là une allusion ironique à l’explication donnée par le livre de la Genèse et par les trois religions monothéistes de la cause première des malheurs de l’humanité, à savoir la faute d’Adam et Ève, à partir de laquelle l’humanité aurait connu pour la première fois et la mort et le cortège des souffrances humaines.

     (15) Le roi de l’Achéron, c’est-à-dire, par synecdoque, des Enfers, est Pluton. On retrouve cette expression rex Acherontis au moins dans un poème hollandais du 17e siècle, Sic rerum invertitur ordo (
XLIV.C.2.2)
Fax lymphis Dodona tuis immersa necatur
Quae micat igne; nitet, quae sine luce fuit:
Fons sacer iste Deo, sic pristina credidit aetas,
At Deus hic stygii rex Acherontis erat.
Patrat idem cum fonte suo regnator averni,
Ordinis inversi gaudet & ille dolis:
Nempe pios rigidae percellit acumine legis,
Blanditurque malis sanguine, Christe, tuo.

     (16) Par Tormina il faut entendre «colique», c’est-à-dire «toute affection de la cavité abdominale dont le caractère est une douleur vive, exacerbante et mobile» (Bouillet, 1872); il y a là sans doute une volonté du poète de plaisanter, et le ton devient héroï-comique.

     (17) Le châtiment de Tantale aux Enfers est déjà décrit par l’Odyssée, mais les sources varient beaucoup tant sur la nature du crime qu’il avait commis que sur celle de son supplice; on admet en général que l’eau et les mets se dérobent sans cesse à sa soif et à sa faim dévorantes.

     (18) Le châtiment de Sisyphe est de rouler éternellement un rocher en haut d’une pente dont retombe à chaque fois. Comme dans le cas de Tantale, la mythologie n’est pas bien unanime sur la nature du crime qui lui aurait valu cette peine.

     (19) Le géant Tityos avait essayé de violer Latone, mère d’Apollon et de Diane; comme plus tard Prométhée, il fut condamné à voir dévorer son foie toujours renaissant, soit par deux aigles, ou deux serpents. L’expression poétique tempus in omne se retrouve au moins deux fois dans les poèmes d’Ovide, chez Alcuin et bien d’autres poètes latins, à ce même endroit de l’hexamètre dactylique.

     (20) Apollon est un dieu aux fonctions multiples, qui notamment préside à la divination et aux arts; il peut représenter ici la quasi-divination que représente un bon diagnostic; mais c’est aussi le père d’Asclépios (Esculape en latin), dieu de la médecine, et comme lui le patron des médecins, selon du moins ces vers célèbres de Ronsard:
Apollon et son fils, deux grands maîtres ensemble,
Ne me sauraient guérir, leur métier m’a trompé;
Adieu, plaisant Soleil, mon œil est étoupé,
Mon corps s’en va descendre où tout se désassemble.
     (21) Jacques Houllier d’Étampes, en latin Jacobus Hollerius Stempanus, est mort en 1562, trois ans avant la publication du recueil de ses traités où est édité pour la première fois ce poème, qui est peut-être postérieur à sa mort puisqu’il y est dit que les siècles n’effaceront pas sa mémoire. L’exemplaire des Archives Municipales d’Étampes porte ici une heureuse correction manuscrite, Holleri pour Hollere.

     (22) Les traités de Jacques Houllier proposent de nombreuses recettes de médicaments. L’expression coacta radice se retrouve dans un poème sur l’épine, 43e énigme des Aenigmata de Johann Lauterbach (1601).

Confero caeliacis cocta radice, cruentam
Et tussim, prohibens dira venena, leuo.

     (23) Houllier a aussi écrit sur le traitement des blessures. Cette fin d’hexamètre se retrouve presque identique dans les Lamentations de Jérémie d’Abraham Loescher (1520-1575):
Saepe manu torquet iaculum: sed ut erret ab ictu,
Imperat, et retrahens irrita tela facit.

     (24) On peut considérer cette nouvelle parenthèse comme une simple clause de style, ou bien y voir encore une fois l’indice d’une pensée libertine. En tout cas, au 17e siècle, Guy Patin, qui cite fréquemment Houllier parmi ses auteurs de référence, est clairement un libertin.


Pierre Bayle
Henri de Monantheuil
Dictionnaire, édition de 1730

Texte principal
Références du texte principal
Remarques
Références
des notes
     MONANTHEUIL (HENRI DE) en Latin Monantholius (A), natif de Reims en Champagne, étoit Professeur Roial à Paris en Mathématique dès l’an 1577 (a) (B). Il a été aussi Doien de la Faculté de Médecine de Paris (b). Il avoit été élevé sous la discipline de Ramus au College de Prêle, & il étoit fort attaché à la Philosophie de ce nouveau Chef de Parti. Monsr. De Thou qui nous apprend cette particularité (c), parle avec éloge de Monantheuil, qui lui avoit enseigné l’Arithmétique & la Géométrie. Il avoit été précepteur du savant Pierre de Lamoignon (d), dont Theodore de Beze a fait l’Epitaphe en Vers Latins. (a) Du Breul, Antiquitez de Paris, pag. 567.
(
b) Menage, Rem. Sur la Vie de P. Ayrault, pag. 254.
(
c) Thuan. de Vita sua, Libr. I.
(d) Oncle du prémier Président de Lamoignon. Menage, Remarques sur la Vie de P. Ayrault, pag. 254.
     (A) En Latin Monantholius.] C’est sans doute son vrai nom Latin: mais parce que Vossius le nomme je ne sai pourquoi Monatholius, Mr. Moréri non seulement ne l’a pas mis sous son vrai nom François, comme il devait faire, il l’a encore mis sous un nom Latin un peu altéré, je veux dire sous celui de Monatholius. Il n’a rien ajoûté au petit Article qu’il en a trouvé dans Vossius.
     (B) Il étoit Professeur Roial…. Dès l’an 1577.] Je croirais aisément qu’il prit possession de cette Charge en 1574, étant déjà Professeur en Médecine; je le croirais, dis-je, aisément sur ce Titre de Harangue rapporté par Du Verdier Vau-Privas dans le Supplément de l’Epitome de la Bibliothéque de Gesner. Henrici Monantholii Rhemi Scholarum Medicinæ Professoris, Oratio pro Mathematicis artibus, Parisiis habita, ibidemque excusa in 4 apud Dionysium à Prato 1574. Mais cet autre Titre de Harangue que je vois à la page  367 de la II Partie du Catalogue de Monsr. De Thou pourroit tenir en suspens, Henrici Monantholii Oratio pro suo in regiam Cathedram ritu 8 Paris. 1585.

Il publia à Paris en 1599 la Traduction Latine des Mécaniques d’Aristote (e) (C), & y joignit un fort savant Commentaire. La mort l’empêcha d’achever un grand Ouvrage de Mathématique auquel il avoit long-temps travaillé, & qui devoit avoir pour titre, Heptatecnon Mathematicum. Nous dirons quelque chose de ses autres Livres dans les Remarques. Il étoit des amis particuliers du Garde des Seaux du Vair, & il est le Musée dont Monsr. Du Vair a fait mention dans son Livre de la Constance.
(e) Vossius, de Scient. Mathem. pag. 306.
     (C) Il publia… la Traduction Latine des Mécaniques d’Arsitote.] Quand je voi d’un côté que le Sieur Konnig (1), sur le témoignage de Cardan, nous parle d’un François Monantholius Auteur d’un Livre intitulé Ludus iatromathematicus, & de l’autre que Henri de Monantheuil a fait un Livre intitulé Ludus iatromathematicus Musis factus ad averruncandum tres Academiæ perniciosissimos hostes, polemon, limon, loimon (2), j’ai quelque disposition à croire que d’un auteur on nous en fait deux, & qu’ainsi le Petrus Monantholius dont on nous parle immédiatement après, comme d’un auteur qui publia des Commentaires à Paris sur la Rhétorique d’Aristote l’an 1599 est une nouvelle multiplication du même Ecrivain, & la prise d’un Ouvrage de Rhétorique pour un Traité de Mécanique. Je n’ose néanmoins rien décider, n’aiant point en ma disposition une Bibliothéque assez bien fournie.
(1) Biblioth. pag. 548.

(
2) Voiez Lindenius renovat. pag. 397.
Il eut un fils nommé THIERRI de MONANTHEUIL, qui fut Avocat au Parlement de Paris, & qui a composé un Livre intitulé de Puncto (D), qu’il a dédié à son pere. Ce Thierri mourut à Paris en 1621, âgé de cinquante ans. Sa sœur CATHERINE fut mariée à Jérôme Goulu, comme nous l’avons déjà remarqué (f). Voiez Mr. Menage (g).
(f) Ci-dessus, Remarq. (A) de l’Article GOULU (Jerome).
(
g) Remarques sur la Vie de P. Ayrault, pag. 254.
     (D) THIERRI… son fils… a composé un Livre intitulé de Puncto.] Monantheuil le pere a écrit sur le même sujet: voiez dans le Catalogue de Mr. De Thou ce Titre, Henr. Monantholii de Puncto primo Geometriæ principio 4. Lugd. Bat. Commel. 1600. Le Catalogue d’Oxford n’a point ce Traité; mais on y voit un Panégyrique Henrico IV Galliarum Regi dictus, imprimé à Paris en 1594, & une Admonitio ad Jac. Peletarium de angulo contactus, imprimée à Paris en 1581.

 

     N.B.:  On notera que Bayle commet ici au moins une erreur en attribuant au fils de Monantheuil un traité de mathématiques distinct de celui de son père. Il semble en fait que Thierry de Monantheuil n
ait rien publié du tout, si ce nest un poème inséré par son père comme  pièce liminaire à son traité sur le Point (B.G.).
Source: exemplaire de l’édition de 1565 conservé aux Archives Municipales d’Étampes. Saisie: Bernard Gineste, mai 2005.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
  
Éditions

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL) (vers 1536-1606), «Ad Jacobum Hollerium Medicum clarissimum Henrici Monantholii Rhemi Carmen», in Desiderius JACOTII Vandoperanus (Didier JACOT de Vandœuvre) & Christophorus BURGENSIS Confolentaneus (Christophe BOURGEOIS de Conflant) [éd.], Jacobus HOLLERIUS Stempanus (Jacques HOULLIER d’Étampes, †1562) [auteur], Iacobi Hollerii Stempani medici Parisiensis celeberrimi De morborum curatione. Ejusdem De Febribus, De peste, De remediis kata topous in Galeni libros, De materia chyrurgica, Desiderii Jacotii Vandoperani et Chrystophori Burgensis Confolentanei Opera nunc primum (præter Chyrurgiam) in lucem edita, & scholiis illustrata [pagination multiple], Parisiis [Paris], Apud Jacobum Maceum, 1565, pp. XXXVII-XXXVIII.

     Texte repris dans toutes les éditions ultérieures de ce recueil.

     Bernard GINESTE [éd.], «Henricus Monantholius: Ad Jacobum Hollerium Carmen (1565)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-16-monantholius1565adhollerium.html, 2005.
 

Autres œuvres d’Henri de Monantheuil

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL) (vers 1536-1606), Oratio pro mathematicis artibus Parisiis habita ab Henrico Monantholio,... [in-4°; 24 p.], Parisiis [Paris], ex typogr. Dionysii a Prato [Denis Dupré], 1574.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), H. Monantholii,... de Angulo contactus. Ad Jacobum Peletarium... admonitio [in-4°; sign. A-D; figures], Lutetiae [Paris], apud J. Mettayer (in mathematicis typographum regium), 1581

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), Henrici Monantholii, medici et mathematicarum artium professoris regii, pro suo in regiam cathedram reditu, oratio. - Coppie du placet présenté au Roy pour le rétablissement de Henry de Monanthueil... [in-8°; 24 p.; pièce signée: Jean de Cinquarbres, Loys Duret, Nicolas Goulu, Jean Passerat, Jean Pelerin, Gilbert Genebrard, Jacques Helias], Paris, 1585.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), Panegyricus Henrico IIII, Francorum et Navarrae regi... dictus ab H. Monantholio,... in Schola regia, Lutetiae Parisiorum, XVI kal. jun. [in-4°; 48 p.; figures], Lutetiae [Paris], apud Franciscum Morellum [François Morel], 1594.

     Henri de MONATHEUIL, Panegyric de Henry IIII. Roy de France et de Navarre, Tres-chrestien, Tres-inuincible, Tres-clement. Traduit en François du Latin prononcé le 17. May, 1594, par H. de Monanthueil... [in-8°; 52 p.], Paris, F. Morel, 1594.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), Oratio qua ostenditur quale esse deberet Collegium professorum regiorum, ut sit perfectum atque absolutum, habita 18 cal. dec. in auditorio regio, ab Henrico Monantholio,... [in-8°; VII-64 p.; figures], Lutetiae [Paris], apud Franciscum Morellum  [François Morel], 1595.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), Ludus iatromathematicus musis factus ab Henrico Monantholio Medico, & Mathematicarum Artium professore Regio ad averruncandum tres Academiae perniciosissimos hostes... [in-8°; VII+136 p.], Parisiis [Paris], apud Leodegarium Delas [Léger Delas], 1597. [dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-73892, en ligne en 2005].
 
     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL) [traducteur du grec en latin], ARISTOTE (384-322 av. J.-C.), Mechanica graeca, emendata, Latine facta, & Commentariis illustrata ab Henrico Monantholio medico & mathematicarum artium professore regio, ad Henricum IIII. Galliae et Navarrae Regem christianissium [in-4°], Parisiis [Paris], apud Jeremiam PERIER [Jérémie Périer], 1599. Dont une réédition numérique en mode image et en mode texte par le Max Planck Institute dans le cadre du projet Archimède,
http://archimedes.mpiwg-berlin.mpg.de/cgi-bin/toc/toc.cgi?dir=monan_mecha_035_la_1599;step=thumb, 2003, en ligne en 2005.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONANTHEUIL), De Puncto primo geometriae principio liber, authore Henrico Monantholio Medico, & Mathematicarum Artium professore Regio, ad Henricum Borbonium Primum Galliæ Principem [in-4°; VI+38 p.; figures ; avec un poème latin de Theodoricus MONANTHOLIUS (Thierry de MONANTHEUIL, avocat et fils de l’auteur), ce qui a fait croire par erreur à Du Thou suivi par BAYLE que les deux Monantheuil avait écrit chacun un traité sur le même sujet], Lugduni Batavorum [Leide, Leyde aux Pays-Bas], ex bibliopolio Commeliniano, 1600 [dont une réédition numérique en mode image par la BNF, 1995, mise en ligne sur son site Gallica, http://visualiseur.bnf.fr/Visualiseur?Destination=Gallica&O=NUMM-73891, en ligne en 2005].

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONATHEUIL) [auteur], Problematis omnium quae a mille et ducentis annis inventa sunt nobilissimi demonstratio ab Henrico Monantholio,... [in-4°; 8 p.; figure gravée], Parisiis [Paris], apud J. Perier, 1600.

     Henricus MONANTHOLIUS (Henri de MONATHEUIL) [auteur], De Jacobo Brissarto, consiliariorum regiorum decano... vita honorificentissima functo, ad ejus nepotem Jacobum Brissartum, abbatem Samprisium... Auctore Henrico Monantholio [in-4°; 9 p.], Parisiis [Paris], e typogr. S. Prevosteau, 1601.

     MAX PLANK INSTITUTE [éd.], «Monantheuil, Henri de, Aristotelis Mechanica, 1599» [édition numérique en mode texte et en mode image], in The Archimedes Project [«The Archimedes Project is the digital library component of a major research project of the Max Planck Institute for the History of Science dealing with mental models in the history of mechanics. The library contains key primary sources documenting the development from ancient to early modern mechanics. The collection browser of the project coordinates images and text and links the texts by means of language technology to dictionaries.»], http://archimedes.mpiwg-berlin.mpg.de/cgi-bin/toc/toc.cgi?dir=monan_mecha_035_la_1599;step=thumb, 2003, en ligne en 2005.

Sur Henri de Monantheuil

     Guillaume DU VAIR (1560-1621) [garde des sceaux, évêque de Lisieux, moraliste], De la constance et consolation és calamitez publiques [in-12 (13,7 cm); 170 p.], Paris, Mamert Patisson & Abel Langelier, 1594. 2e édition reveue et corrigée [in-12; 172 p.], Paris, A. L’Angelier, 1595. 3e édition [in-16], Paris, 1597.

     Pierre BAYLE (1647-1706), «Monantheuil (Henri de)», in ID., Dictionnaire historique et critique [voir ci-dessous les différentes éditions], édition de 1740, tome III, p. 409, dont une saisie numérique en mode image par l’Université de Chicago, in ARTFL Project & ATILF,  Bayle’s Dictionnaire (tome III, p. 409), http://colet.uchicago.edu/cgi-bin/BAYLE.sh?PAGEIDENT=3:409, en ligne en 2005, dont une saisie numérique en mode texte par le Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-16-monantholius1565adhollerium.html#bayle, 2005.

Première édition [4 parties en 2 volumes  in-folio] Amsterdam, Reinier Leers, 1697. Deuxième édition [3 volumes in-folio], Amsterdam, Reinier Leers, 1702. Troisième édition, ou première édition pirate [3 volumes in-folio], Rotterdam (Geneva, Fabri et Barrillot), 1715. Troisième édition [4 volumes in-folio], Rotterdam, chez Michel Bohm, 1720 [à partir de cette édition que les remarques sont dans leur ordre définitif, et le texte des articles n’est plus uniformément en haut des pages, mais à la suite des notes du précédent article; édition reproduit sur microfilm par Yale University Photographic Services (1983)]. Quatrième édition [4 volumes in-folio; avec la vie de l’auteur, par Mr des Maizeaux], Amsterdam, P. Brunel & alii, 1730. Cinquième édition [5 volumes in-folio; remarques de l’abbé Le Clerc à la fin de chaque volume], Amsterdam, Compagnie des Libraires, 1734. Cinquième édition [4 volumes in-folio; réimpression de l’édition de 1730, dont l’Avertissement est reproduit sans modification; même pagination; papier et impression très mauvais], Bâle, chez Jean-Louis Brandmuller, 1738. Cinquième édition [4 volumes. in-folio; copie de celle de 1730, même pagination; édition reproduite en microfiches et inclue dans la Goldsmiths’-Kress Library of Economic Literature (n°7736) et mise en ligne en mode image par l’Université de Chicago], Amsterdam & Leyde & La Haye & Utrecht, 1740. Autre édition [4 volumes in-folio; édition réimprimée par Slatkine Reprints (4 volumes, 37 cm)], Bâle; 1741. Autre édition [8 parties in-8° ont paru juqu’à l’article Hoornbeck], Leipzig, P. Phil. Wolf, 1801-1804. Nouvelle édition par Beuchot [16 volumes. in-8°; édition reproduite en microopaques], Paris, Desoer, 1820. Douzième édition [2 vols. in-8° parus jusqu’à l’article Alting], Paris, C.V. Duriez, Crevot, 1830 [source bibliographique: Nous reprenons ici ce qu’en a mis en ligne l’Université de Chicago, après l’avoir elle-même emprunté à Pierre Rétat dans Le Dictionnaire de Bayle et la lutte philosophique au XVIIIe siècle, Paris, Belles Lettres, 1971]

 
     René RADOUANT, Guillaume du Vair, l’homme et l’orateur jusqu’à la fin des troubles de la ligue, Paris, 1907 [cité par Olivier THILL 2005].

     Olivier THILL, «Guillaume du Vair», in Personal web site, http://members.aol.com/OlivThill/duvair1.htm, en ligne en 2005.
Ses

     «Probablement en 1591, Guillaume du Vair compose De la constance et consolation ès calamitez publiques qui sera publié en 1594. Les personnages principaux sont des amis de du Vair: Musée est Henri de Monantheuil, Orphée est Jacques Houllier, et Linus est Nicolas le Fèvre.»


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