CORPUS ARTISTIQUE ÉTAMPOIS
 
Christian Binet
Douze dessins humoristiques de jeunesse
Bulletin Municipal d’Étampes, 1967-1969
   
Christian Binet: Dessin humoristique de 1967
 
     Voici ce qu’on peut lire dans le Bulletin Municipal d’Étampes n°5, du premier semestre 1967, page 31:
     «Un appel avait été lancé auprès d’écrivains, de dessinateurs et humoristes bénévoles pour apporter à ces numéros de Bulletin un peu de gaieté et de fantaisie.
     «Cet appel a été entendu. Nous publions une charmante nouvelle signée Freral, probablement un pseudonyme. Et aussi d’excellents dessins humoristiques dus à la plume prometteuse de Christian Binet, habitant la Pente de Guinette, actuellement sous les drapeaux au Fort neuf de Vincennes. Un grand merci au nom de tous les Étampois.»

     Reprenons ici ces derniers mots: un grand merci au nom de tous les
Étampois. La plume de Christian Binet, comme on sait, a tenu ses promesses et c’est désormais une des gloires de notre bonne ville. Voici donc douze dessins qu’il a donnés au Bulletin Municipal de 1967 à 1969. Naissance d’un talent.
 
     Post Scriptum: On notera que cette page, mise en ligne le 6 mai 2005, a beaucoup servi à Renaud Donnedieu de Vabres pour composer le discours qu’il a prononcé le 31 du même mois à l’occasion de la la remise à Christian Binet
des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des lettres. Preuve que le Corpus Étampois est apprécié en haut lieu... A quand les subventions?

   

Christian Binet: Dessin humoristique de 1967


Christian Binet: Dessin humoristique de 1967



Christian Binet: Dessin humoristique de 1967



Christian Binet: Dessin humoristique de 1967


Christian Binet: Dessin humoristique de 1967




Christian Binet: Dessin humoristique de 1968


Christian Binet: Dessin humoristique de 1968


Christian Binet: Dessin humoristique de 1968


Christian Binet: Dessin humoristique de 1969


Christian Binet: Dessin humoristique de 1969


Christian Binet: Dessin humoristique de 1969

 
CHRISTIAN BINET

Christian Binet      Binet est né le 20 mars 1947 à Tulle, mais passe sa scolarité à Étampes. Dès 1961 il publie son premier dessin dans Humour magazine. Il suit des études de dessin en architecture, et de dessin de presse. Disant avoir toujours dessiné, il date lui-même ses débuts dans la profession de 1965.

     Habitant alors sur la Pente de Guinette, c’est à partir de 1967, alors qu’il est sous les drapeaux, qu’il donne ses premières contributions bénévoles au Bulletin Municipal d’Étampes; dans le même temps, il publie les aventures du soldat Schwartxz pour un magazine de l’armée. De retour à la vie civile, il publie de nombreux dessins dans différentes publications, comme le Journal du dimanche, dans le style de Jean Bellus.

     A partir de 1969, il travaille pour les éditions Fleurus. Dans Formule 1 il crée le personnage de Graffiti. Dans Djin il commence Poupon la Peste en 1975. Dans Record, il crée les séries Gallagher et surtout Forum, qui se poursuivra dans À Suivre à partir de 1979. Les premières productions de Binet pour adultes paraissent en 1974 et 1975 dans Mormoil. La plupart de ces premières œuvres ont été ultérieurement réunies dans un recueil, Bédés Juvéniles.

     En 1977 il rejoint lequipe très conviviale du mythique magazine Fluide Glacial par lequel il se fera surtout connaître. Il y crée en effet la série du chien philosophe Kador (qui figurait déjà dans Poupon la Peste).

     Ces premiers personnages trouveront leur aboutissement dans sa série la plus célèbre, celle des époux Bidochons, stéréotypes des Francais moyens dans toute leur splendeur. Il se trouve que le patronyme Bidochon est bien attesté dans le pays étampois, ce qui n’a pas été, pour la petite histoire, sans menues conséquences procédurières. Ces personnages, dont le succès ne s’est jamais démenti, lui ont inspiré à ce jour 19 albums, sans parler d’une adaptation cinématographique.

     Parallèlement, Binet a produit bien d’autres personnages et d’autres albums (au total plus de 35 à ce jour) qui brossent un tableau sans complaisance de différentes institutions religieuses et politiques, et notamment, dans les années 80, L’Institution (album qui serait pour une part de caractère autobiographique, et plein de réminiscences de la scolarité de lauteur dans un établissement privé étampois), Déconfiture au Petit Déjeuner, Propos Irresponsables et M. le Ministre. Sa nouvelle série, Les Impondérables, rencontre un grand succès destime. Il a donné à Aubert Bonneau, le 25 janvier 2005, au festival dAngoulème, une interview dont nous recommandons la lecture.

Merci de nous communiquer toute information sur cet artiste et son œuvre en votre possession.  
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Éditions

     Christian BINET,
«Dessins humoristiques», in Bulletin Municipal d’Étampes 5 (1967), pp. 29 [dessins 1, 2 & 3] & 31 [dessin 4]; 6 (1967) p. 25 [dessin 5] & 32 [dessin 6]; 8 (1968), pp. 30 [dessin 7, 8 & 9]; 9 (1969), p. 24 [dessin 10]; 10 (1969), pp. 8 [dessin 11] & 24 [dessin 12].

     Bernard GINESTE [éd.], «Christian Binet: Douze dessins humoristiques de jeunesse (Bulletin Municipal d’Étampes, 1967-1969)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-20-binet1967bulletinmunicipal.html
, 2005

Sur Christian Binet

     Henri QUÉRÉ, La Publicité par la bande. Analyse sémiotique [21 cm; 19 p.; analyse du discours narratif et sémiotique des bandes dessinées], Paris, École des hautes études en sciences sociales, Groupe de recherches sémio-linguistiques [«Actes sémiotiques. Documents» 78], 1986.

     Philippe BRONSON, 
«Christian Binet», in ID., Guide de la bande dessinée. 2e édition ... mise à jour [24 cm; 273 p.], Grenoble, Glénat, 1986 [ISBN 2-7234-0720-9; 79 FF en 1986], p. ?.

     Henri FILIPPINI,
«Binet, Christian», in ID., Dictionnaire de la bande dessinée [27 cm; 731 p; relié; illustrations; bibliographie pp. 719-722], Paris, Bordas, 1989 [ISBN 2-04-018455-4; 450 FF], p. ?.

     Jean-Paul TIBÉRI [scénariste de BD], Christian Binet, portraits de famille. Tome 1, 1945-1991 [24 cm; 255 p. ; broché; illustrations; couverture en couleur: «Confessions de Binet à Jean-Paul Tibéri, Tout savoir sur Binet, Tout savoir sur les Bidochon, 200 dessins inédits en album
»], Paris, J.-C. Godefroy, 1991 [ISBN 2-86553-090-6; 98 F].

     Henri FILIPPINI, Dictionnaire encyclopédique des héros et auteurs de BD. Volume 1, Animaux, histoire, humour, policier [29 cm; 789 p; relié; illustrations; bibliographie p. 789], Grenoble, Opera Mundi & Glénat, 1998 [ISBN 2-7234-2735-8].

    ANONYME, «Christian Binet», in 
Wikipédia [«L’encyclopédie libre et gratuite»], http://fr.wikipedia.org/wiki/Christian_Binet, en ligne en 2005.

     LAMBIEK [«antiquarian comic shop
», Amsterdam], «Christian Binet (b. 20/3/1947, France)» [en anglais], in Comiclopedia, http://www.lambiek.net/artists/b/binet.htm, en ligne en 2005.
     Version française:
«Christian Binet (né le 20/03/1947, France)», in Comiclopedia, http://www.lambiek.net/fr/binet_christian.html, en ligne en 2006.

     Aubert BONNEAU [éd.], «Interview: Entretien avec Binet lors du festival dAngoulème» [«Entretien réalisé par Aub, le 28 janvier 2005 sur le stand des Editions Fluide Glacial à Angoulème»], in sceneario.com, http://www.sceneario.com/sceneario_interview.php?idInterview=BINET, en ligne en 2005 [interview très intéressante].

Curiosa: notre page repompée par un ministre de la Culture

     MINISTÈRE DE LA CULTURE ET DE LA COMMUNICATION,
«Fête de la Bande Dessinée: Discours de Renaud Donnedieu de Vabres. Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres à Christian Binet, mardi 31 mai 2005», in ID., Discours et communiqués, http://www.culture.gouv.fr/culture/actualites/conferen/donnedieu/binet.html, en ligne en 2005.


Discours de Renaud Donnedieu de Vabres
Remise des insignes de Chevalier dans l’ordre des Arts et des lettres à Christian Binet
mardi 31 mai 2005

     Cher Christian Binet,

Décoration de Binet      Il est périlleux, pour un ministre, de s’adresser à l’inventeur de Lucien Grandgarçon, ce Monsieur le Ministre, dont les initiales sont les mêmes que M le Maudit, et qui, dans le premier tome de ce portrait cruel mais bien documenté du monde politique, charge une commission de lui remettre un rapport sur le salami coréen, avant de déclarer dans le second tome, lors d’une désopilante séance de négociation: «l’impulsion est donnée et je prendrai dans les jours à venir des initiatives dans le but d’intensifier ce mouvement».

     Y-a-t-il un esprit français? Sans doute, au moins depuis les Essais de Montaigne, les Pensées de Pascal, les Caractères de La Bruyère et les Maximes de La Rochefoucauld. La fierté de notre identité, un certain orgueil, aussi, complété par une distance critique, qui va jusqu’au dénigrement de soi et des autres, et surtout, l’humour constant en font pleinement partie. Mais il y a incontestablement, au moins depuis que vous avez dessiné les péripéties comiques de Graffiti, puis de Poupon la peste, il y a une trentaine d’années, un «esprit Binet». Cet esprit, on le reconnaît immédiatement dans les traits, dans les mots, dans la vision qui sont les vôtres. De quoi est-il fait? D’une ironie extrêmement libre, d’une volonté toujours forte et toujours drôle d’attaquer toutes les médiocrités, toutes les laideurs de la société et de l’âme, toutes les complaisances collectives ou individuelles, tous les pouvoirs qui abîment, tous les ridicules, qui tuent, lentement et sûrement. Et le succès n’a jamais édulcoré, et ne vous a jamais amené à renoncer à cette liberté, à cette fronde intérieure, bien au contraire: la bande dessinée est toujours pour vous, et pour nous, quitte à rire jaune, parfois, la meilleure manière de ravager le monde en beauté, pour le délivrer de tous ses faux-semblants.

     Après avoir étudié l’architecture, vous vous êtes orienté vers l’illustration et vous avez véritablement entamé votre carrière dans la bande dessinée, dès 1969, en entrant aux éditions Fleurus.

     Votre talent s’est révélé particulièrement précoce, puisque votre premier dessin est publié par Humour Magazine, alors que vous n’avez que douze ans. Et vous n’avez guère changé depuis l’époque du Bulletin Municipal d’Etampes, auquel vous avez apporté vos premières contributions bénévoles, où s’exprimait cette «insoutenable légèreté de l’être» qui accompagne tous vos personnages, depuis Les aventures du soldat Schwartz publiées pendant votre service militaire pour le magazine de l’armée TAM (Terre-Air-Mer). Vous n’avez cessé de créer des personnages, qui habitent depuis notre imaginaire comique, des personnages qui vous permettent d’exercer votre art de la férocité juste, du portrait acide et définitif, du trait implacable qui ne manque jamais sa cible et fait rire. J’ai évoqué Graffiti apparu dans Plexus, puis Formule 1, celui de Poupon la Peste. Ce bambin insupportable continuera sa carrière dans Fluide Glacial où il mènera la vie particulièrement difficile au seul chien capable de lire Kant dans le texte, le fameux Kador, dont on envie presque l’intelligence, la sagacité, l’impertinence jamais muselée et le goût pour la philosophie...

     Il y a toujours, dans la vie et le parcours d’un auteur de bande dessinée — et ce n’est pas le moindre mérite de cet art de toujours susciter une vraie convivialité, une solidarité artistiques — la rencontre, la participation à une équipe: ce sera pour vous celle de Fluide Glacial, ce magazine «d’Umour et de bandessinée», devenu mythique, un modèle de soufre et de talent corrosif.

     Et Kador est vite supplanté par ses «maîtres», Robert et Raymonde, les Bidochon, leur immense, leur éternel succès, la gloire des 19 albums que vous leur avez consacrés. Oui, Les Bidochon dans tous leurs états. Ou plutôt, la France, une certaine image de la France, dans tous ses états tant le couple est devenu emblématique du Français que l’on dit moyen. Les Bidochon nous touchent au cœur et resteront inoubliables. Parce que votre trait n’est pas seulement empreint de cruauté, mais porte une sorte de compréhension souterraine, d’indulgence intime; une certaine tendresse, empreinte de vraie sympathie, voire une reconnaissance secrète de votre part, de notre part, pour ce qu’ils ont d’éternellement, d’irrémédiablement comique. Mais aussi parce que, en un certain sens, nous sommes, et nous connaissons tous des Bidochon. Nous nous en moquons volontiers, nous adorons les détester, mais au fond, sans doute, les aimons-nous un peu. Nous célèbrerons au mois d’octobre, les 25 ans des Bidochon. Alors, bon anniversaire à eux!

     Mais il y eut beaucoup d’autres albums, depuis, où votre verve caustique, dans toute sa force, n’épargne rien de ce qui est installé dans les institutions, quelles soient religieuses ou politiques, dans l’Institution, Déconfiture au petit déjeuner, Propos Irresponsables et, bien sûr, Monsieur le Ministre….

     Votre dernière série, Les Impondérables, rencontre un très grand succès.

     Même si vous aimez et n’hésitez jamais à la malmener, même si aucun de ses travers n’échappe à votre ironie, vous faites partie de la France, vous lui appartenez, vous la faites tellement rire et sourire, que je crois pouvoir dire, aujourd’hui, en son nom, qu’elle vous est reconnaissante.

     Cher Christian Binet, au nom de la République, nous vous faisons chevalier dans l’ordre des Arts et des Lettres.


 
Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Bulletin Municipal d’Étampes 5 à 10 (1967-1969).
     
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