CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Henri III
Don d’Étampes à Marguerite de Valois
lettres patentes du 8 juillet 1583 
     
Marguerite de Valois
Marguerite de Valois
Henri III
Henri III
     
     Le 8 juillet 1583, Henri III, roi de France, donne entre autres biens le duché d’Étampes à sa sœur Marguerite, reine de Navarre et épouse du futur Henri IV. Elle tiendra ce duché jusqu’en 1599.
     Nous suivons ici l’édition de cet acte par dom Basile Fleureau, dans ses Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, pp. 261-264.

 
Lettres patentes du 8 juillet 1583
     Aprés avoir remarqué ce qui s’est passé de memorable à Estampes pendant les regnes d’Henry III. & IV. Il nous reste à voir qui a possedé ce Duché pendant les mêmes regnes. Le Roy Henry III. l’ayant retiré des mains de la Duchesse de Montpensier, à laquelle il l’avoit laissé en engagement pour la somme de cent mille livres, comme j’ay déja dit, le donna par Lettres patentes du huitiéme jour de Juillet 1582. à Marguerite de Valois, Reine de Navarre, sa sœur, & pour supplément de la somme qu’il luy avoit promise en dot par son Contract de mariage avec Henry de Bourbon, Roy de Navarre. Et cette Princesse le donna quelques années aprés, à Gabrielle d’Estrée Duchesse de Beaufort, à Usson, l’onziéme jour de Novembre 1598. & sous le seel du Chastelet de Paris le 4. Janvier 1599. de la teneur suivante.

Anonyme: Marguerite de Valois (vers 1571)
     Henry par la grace de Dieu Roy de France & de Pologne, à tous ceux qui ces presentes verront, Salut; Pour donner contentement à nôtre tres-chere & tres-amée Sœur, la Reine de Navarre, du paiement de [p.262] la somme de soixante-sept mille cinq cent livres, à quoy monte la rente à raison du denier douze, qui sont huit & un tiers pour cent par an de 300. écus de 54. sols piece revenant à huit cent dix mille livres, à quoy ils ont esté evaluez: à elle promis & accordez par le Contract de mariage avec noftre tres-cher & tres-amé Beaufrere, le Roy de Navarre, Nous aurions dés le XVIII. jour de Mars 1578. par vertu de nos Lettres patentes verifiées où befoin a esté, baillé, cedé, quitté, transporté, & delaißé à faculté de rachapt, & remeré perpetuel, les taxes, & Seigneuries d’Agenois, Roüergue, les quatre frigeries de riviere, & Verdun, Rieux, & Albigeois, les Comtez de Quercy, Gaure, & autres terres , & Seigneuries qui se trouvoient lors n’étre alienées, és generalité d’Amiens, & Chaalons. Et sur ce fait proceder aux evaluations desdites terres , & Seigneuries, étans du costé de la Guienne cy-dessus declarées; par les commissaires à ce par nous deputez, lesquelles estimées, & evaluées, se seroient trouver monter & revenir ensemble à la somme de cinquante trois mille cent quinze livres vingt sols, à sçavoir Agenois, Roüergue, & Frigeries, quarante-trois mille quatre vingt seize livres six sols trois deniers. La Comté de Gaure deux mille dix-huit livres quatorze sols trois deniers, & la Comté de Quercy huit mille livres, les charges déduites, & dépuis à l’occasion de la distraction des petits Sceaux, qui auroient esté baillez & vendus en titre d’Office; de sorte qu’il y auroit diminution de douze cens quinze livres un sol, ayant le surplus desdits soixante sept mille cinq cens livres esté par nous aßigné sur les deniers de la recepte generale de nos finances à Tours: ayans jusques à present jouy desdites terres & revenu d’icelles: comme außi desdits 15500. livres aßignées sur le fond de la recepte generale de Tours, selon & ainsi qu’il est plus au long contenu & declaré par lesdites Lettres patentes, dudit jour 18. Mars I578. & verification d’icelles. Mais ayant dépuis consideré les instantes poursuites qui nous sont faites par les heritiers de l’Infante de Portugal , à laquelle la pluspart desdites terres & Seigneuries cy dessus déclarées ont esté alienées, pour n’estre entierement payez & satisfaits de leur deub, & en demandent la joüissance jusques à leur parfait remboursement, à joüir parleurs mains, & ne voulans en cela troubler nostredite Sœur, laquelle desirant en tout gratifier, & pour ce, ne luy laisser en difficulté ce que justement luy appartient, luy aurions offert reprendre en nos mains, & reünir à nostre Domaine lesdites terres, cy dessus declarées & specifiées, & au lieu d’icelles luy bailler autres terres & Seigneuries en tiltre de Duchez & Comtez pour en joüir par elle à faculté dc rachapt & remeré perpetuel, selon & ainsi qu’elle a joüy desdites [p.263] terres, à elle ainsi delaissées, au dedans du Duché de Guienne, à quoy pour obtemperer & obeir à nostre volonté elle se seroit tres-volontiers condescenduë. Pour ces causes, & autres considerations à ce nous mouvans, avons à nostredite Sœur la Reine de Navarre, au lieu desdites terres ainsi alienées, comme dit est, & que nous voulons & entendons de son gré & consentement, & si-tost qu’elle joüira de l’effet entier du present échange, estre reunies & remises à nostredit domaine, pour demeurer dorénavant jointes & unies à nostredite Couronne & seule disposition, ainsi que nous pouvions faire auparavant ladite vendition & alienation, vendu, ceddé, quitté, transporté & delaissé, vendons, ceddons, quittons, transportons, & delaissons par ces presentes signées de nôtre main, à faculté de rachapt & remeré perpetuel, les Duchez de Valois dont joüit à prefent nostre tres-honnorée Dame & Mere en dot, & qu’elle a remis en nos mains, & celuy d’Estampes, & les Comtez de Senlis & de Clermont en Beauvoisis, & leurs annexes appartenances & dépendances: & ce à même & semblable estimation & evaluation que lesdits Duchez & Comtez ont esté baillez & évaluez à ceux qui les détiennent à present, pour en joüir cy-après, par nostredite Sœur; Anonyme: Marguerite de Valois (16e siècle, musée de Fécamp) ensemble de toutes les maisons, Villes, Places, Châteaux & autres choses qui en dépendent. & de tous les fruits, profits revenus & émolumens d’icelles, tout ainsi & en la propre forme & maniere qu’elle a joüy & joüit encores à present, desdites terres & Seigneuries à elle allienées ausdits pays & Duché de Guyenne aux mesmes auctorité, & droits qui sont ordonnées & declarées par lesdites Lettres parentes, dont coppie collationnée est cy attachée sous le contre seel de nôtre Chancellerie: & d’autant que le revenu desdites terres cy-dessus mentionnées n’est suffisant pour rendre à present autant de revenu en fond que se monte la somme de 67500. livres de rente, que nous avons cy-devant constituée à nostredite Sœur, à la raison du denier douze, Nous luy avons outre celles que dessus vendu, ceddé, quitté, transporté; vendons, ceddons, quittons, & transportons, à pareille condition, raison, & droits que dessus, autres terres, & Seigneuries de nôtre domaine non engagées, ne alienées jusques à la concurrence, & au parfait desdites 67500. livres de rente: & jusques à ce que ce que dessus soit effectué, & qu’elle soit en posseßion paisible desdits Duchez & Comtez & autres terres, Voulons, entendons, & nous plaist qu’elle joüisse paisiblement de la vente & delaissement desdites terres & Seigneuries audit pays de Guyenne, aux mêmes droits qu’elle fait & continuë faire. Comme außi de l’aßignation de 15500. livres qu’elle a sur la recepte generale de Tours, sans que pour quelque cause, & occasion [p.264] que ce foit, il luy en puisse estre aucune chose reculé ny retranché, à la charge toutefois qu’à mesure qu’elle sera en posseßion paisible d’aucunes desdites terres, à elle nouvellement accordées, nous rentrions außi en celles dudit pays de Guyenne, de pareille valeur, & estimation, ainsi que par ensemble sera avisé, & à ce faire avons icelle nostredite Sœur subrogé, & subrogeons par cesdites presentes en tous les droits, noms, raisons, & actions que nous avons & pourrions avoir, pretendre, & demander des Comtez, & Duchez cy-dessus declarées, & autres terres, & Seigneuries de nostre Domaine, que luy baillerons cy-après, jusques à parfait desdits 67500. livres de rente, desquelles en tant que besoin est ou seroit, dés a present comme pour lors, Nous sommes desaisis & demis au profit de nostredite Sœur, & de ses hoirs, successeurs, & ayans cause. Et en ce faisant, & lors que tout ce que dessus sera effectué, ladite recepte generale de nos Finances à Tours, sera dechargée du payement de 15500 livres de rentes, que nostredite Sœur y prend: le tout nean-moins à faculté de rachapt perpetuel, aprés le deceds & trépas de nostredite Sœur seulement, sur ses hoirs, & ayans cause, en leur rendant ou payant par nous, ou nos successeurs Roys, suivant ledit Contract de mariage, la somme de huit cent dix mille livres, pour le sort principal desdites 67500. livres de rente, fans qu’ils puissent aucunement estre depossedez desdites terres & Seigneuries & choses cy-dessus par Nous à elle baillées, & delaißées, pour quelque cause & occasion que ce soit, jusques au parfait & entier remboursement de ladite somme principale. Si donnons & mandons à nos amez & feaux les gens tenans nostre Cour de Parlement à Paris, Chambre de nos Comptes. Le surplus est du stile , avec les clauses derogatoires ordinaires & extraordinaires en cas d’alienation du Domaine de la Couronne, jusques à ces mots. Donné à Fontainebleau le huitiéme jour de Iuillet, l’an de grace mil cinq cent quatre vingt deux, & de nostre regne le neuviéme, ansi signé Henry. Et sur le reply par le Roy estant en son Conseil, la Reine sa Mere presente Bruslard. Et seellées du grand seel de Sa Majesté de cire jaune. Et au bas sur ledit reply est écrit. Leües publiées & registrées, oüy sur ce le Procureur General du Roy, aux charges portées par le registre, à Paris en Parlement, le cinquiéme jour d’Avril, l’an mil cinq cent quatre vingt trois. Ainsi signé Deheves. Les mêmes Lettres patentes cy-dessus ont esté enregistrées au Bailliage d’Estampes, le vingt-sixiéme jour de Juillet suivant.

Source: l’édition de Basile Fleureau de 1683, saisie par Bernard Gineste en 2005.
 
 
 
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
  
Éditions
      
       Dom Basile FLEUREAU [1612-1674; religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul; rédigé entre 1662 et 1668], Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683 [dont une réédition en fac-similé: Marseille, Lafittes reprints, 1997], pp. 261-264.

     Bernard GINESTE,
«Henri III: Don du Duché d’Étampes à Marguerite de Valois (lettres patentes du 18 mai 1576)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-henri3etampes1583amarguerite.html, 2005.


 
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