CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
Description de la Châsse. 
Antiquitez d’Estampes II, 9
1668
     
Procession (châsse de Sainte-Geneviève de Paris, sur un jeton de 1702) Châsse de saint Berthuin (Malonne, Belgique)
A gauche procession de la châsse de saint Geneviève de Paris (1702), à droite, de celle de saint Berthuin de Malonne (ciselée en 1601)

     Fleureau donne ici une description de la châsse qui contenait avant la Révolution les très précieuses reliques de saints Cant, Cantien et Cantienne. Nous donnons en Annexe 2 une autre description ancienne de cette châsse.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
        
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Deuxième Partie, Chapitre IX,
pp. 363-367.
Description de la Chasse. 
 
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TABLE DES MATIÈRES
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DEUXIÈME PARTIE, CHAPITRE IX.
Description de la Chasse.
  
Châsse de saint Taurin à Evreux (1273) LA Chasse où reposent les saintes Reliques est l’une des plus belles que l’on puisse voir. La matiere en est pretieuse; mais l’artifice de l’ouvrage la surpasse: elle est de lames d’argent doré, du poids de prés de deux cent marcs appliquées sur un coffre de bois, de longueur par le haut sur le comble de trois pieds neuf pouces: par le bas, compris le soubassement, de quatre pieds un poulce: de hauteur, deux pieds & demi, de l’argeur [sic] par le bas, de dix-huit poulces deux tiers, & par le milieu de quatorze poulces. Le comble a onze poulces de hauteur. Toutes les figures sont en bas relief. A l’un des bouts est une figure de Nôtre Seigneur Jesus-Christ, faisant la benediction de la main droite, & de l’autre tenant le Globe du monde chargé d’une Croix: au dessus une planchette d’argent soutenant la figure, sur laquelle sont ces mots écrits, Salvator mundi. Il y a au dessus un chapiteau pointé de six fleurons; & au derriere de la tête une rose environnée de pierreries.

     Au bout opposé de la même Chasse, est une image de Nôtre Dame, assise en une chaise, bordée de Fleurs-de-Lys, & le fonds de rosettes, tenant le petit JESUS. Les têtes de l’un, & de l’autre sont ornées dc diadêmes enrichis de pierreries, & au bas sur la planchette qui soutient l’image, sont ces mots, Regina cœli.

     A chacun des coins de la Chasse, il y a deux pilliers en pointe continuans de bas en haut, & au milieu des deux, dans de petites niches les images des quatre Patrons des quatre autres Paroisses de la ville, & des fauxbourgs, saint Basile, saint Gilles, saint Martin, & saint Pierre. A chacun des côtez il y a cinq niches distinguées par des pilliers & couvertes de chapiteaux ornez de fleurons, & autres embellissemens, où sont les figures suivantes. La premiere qui se presente en tournant à la main droite du Sauveur, est celle du Comte Sisinius qui fit executer les saints Martyrs.
Le Christ en Salvator Munid (enluminure flamande, vers 1490, détail)
Le Christ en Salvator Mundi
(enluminure flamande, vers 1490)

     La seconde est celle de sainte Cantienne à genoux, & à son côté la figure d’un executeur de justice debout, tenant une épée levée, comme pour la decapiter.

     La troisiéme, est l’image de saint Cantien, au dessus du col duquel [p.364] est un diadême garni de pierreries, & au milieu un soleil émaillé de bleu azuré.

     La quatriéme est celle de saint Can, avec un pareil diadême au dessus du col.

     Et la derniere figure de ce côté-là, est celle de Prothus, Precepteur de ces Saints qui fut couronné du Martyre avec eux.

     Dans la premiere niche de l’autre côté de la Chasse, proche de l’image de saint Pierre, est la figure de saint Barthelemy Apôtre, tenant un couteau à la main, instrument de son Martyre, avec un diadême au dessus de sa tête garni de pierreries.

     Dans la deuxiéme est l’image de saint Pierre Apôtre, tenant d’une main un livre, & de l’autre des clefs, le Chef couvert d’un diadême garni de pierreries.

     Dans la troisiéme est la figure de saint Matthieu, tenant une épée pour marque de son Martyre, couronné d’un diadème pareil aux autres.

     L’image de saint André Apôtre, est dans la quatriéme niche. Il tient une Croix, instrument de son Martyre, & a pareillement la tête ornée d’un diadême.

     Et dans la cinquiéme est l’image de l’Apôtre saint Paul, qui tient d’une main une épée, & de l’autre un livre, le Chef couronné comme les autres.

Les trois Martyrs Cant, Cantien et Cantianille (fin XVIIe siècle, église de Notre-Dame d'Etampes)
Martyre des sts Can, Cantine et Cantienne
(Notre-Dame d’Étampes, fin VIIe siècle)

     Tout le tour de la Chasse, tant de long que de large est orné d’une bordure frisonnée, & garnie dc fleurons, & au dessus entre les images, l’argent en feuille est chargé de plusieurs fleurons, & marques en forme de roses, le tout par quarrez, avec plusieurs pieces au dessus, & à côté des chapiteaux.

     Le couronnement de la Chasse est garni tout au tour de fleurons: Les deux costez du comble de la couverture sont d’argent doré, marqueté, & façonné de fleurs-de-lys en bosse, & par quarrez, & aux quatre coins de chaque quarré sont plusieurs fleurs blanches mélées d’azur, & de violet.

     Le couronnement du comble est garni au dessus de fleurons, & au dessous de fusées. Aux deux bouts dudit comble sont deux figures en bosses, l’une de la sainte Vierge couronnée d’un diadême & l’autre d’un Ange, tenant un écriteau où sont ces paroles, Ave gratia plena, & au milieu est un pot à bouquets, & dedans un bouquet de trois fleurs-de-lys, dont la tige est de couleur verte.

     Le dessous de la même chasse est pareillement couvert de lame [sic] d’argent faites en quarré, avec plusieurs navreuses
[sic] sans dorure: [p.365] & au milieu est un petit rond, dans lequel sont les armes d’un Comte d’Estampes de la maison d’Evreux. La raison pourquoy ces armes sont posées en ce lieu, est qu’Etienne Poncher, qui avoit esté fait d’Evêque de Paris, Archevêque de Sens, aiant défendu dans un Concile qu’il avoit celebré à Paris l’usage des bâtons de Confrairies, Messieurs de Nôtre-Dame jugerent à propos de se défaire d’un bâton d’argent qui servoit à la Confrairie des saints Martyrs, & le firent reduire en lames pour couvrir le dessous de la Chasse, qui restoit seul à revétir d’argent, pour accomplir le vœu que la ville en avoit fait quelques années auparavant. Et parce que la tradition de ce temps-là portoit que ce bâton avoir esté donné à cette Confrairie par Loüis d’Evreux Comte d’Estampes, on mit au dessous de la Chasse les armes de ce Comte: comme aussi à une Pixide, à un Calice & à des Burettes d’argent doré fleurdelisées avec des raiz solaires, qui furent faites de l’argent qui resta de ce bâton, & de quelque autre vieille argenterie de l’Eglise de Nôtre-Dame, comme on l’apprend par l’acte suivant du même Archevêque.
Bâton de confrérie (© François Lauginie pour l'Association des personnels scientifiques des musées de la région Centre, 2005. Utilisation commerciale soumise à autorisation )
Bâton berrichon (XVIIe siècle)
     Stephanus Archiep. Senonensis Cantori & Capitulo Beatæ Mariæ Stampensis. Notum facimus universis præsentibus & futuris, quòd cùm sæpè prohibuerimus in percelebri Concilio nudiùs tertius per nos Parisiis celebrato, ne deinceps in Ecclesiis vel extra, baculi, quos Confratriarum bastones vocant, defferantur [sic], nec de cætero erigantur, sed & extantes aboleantur, quibus mandatis nostris, præfati Cantor & Capitulum parêre cupientes unanimiter decreverunt ut baculus quidam argenteus Beatorum Martyrum Cantii, Cantiani & Cantianillæ simulachra effigiemque cujusdam Satellitis ac… repræsentans: quem quidem baculum à multis annis Ludovicus d’Evreux Stamparum Comes Ecclesiæ præfatæ, ut à quibusdam ferebatur, donaverat, in alios usus necessarios & ad ipsius Ecclesiæ decorem utiliter commutaretur, quasi aliàs futurus inutilis, illa mediante prohibitione nostra, decreverunt simul ut cum illo baculo commutarentur calices aliquot rupti & ampullæ parvæ, ex [sic, lisez: et] argentei disci vetustate corrupti: Eaque omnia ut commutaret [sic], & ita commutaverant [sic], & pro iis emerunt pergrandem Calicem auratum, sole, lilii floribus insignitum una cum insignibus & armis præfati Comitis, nec non variis Christi paßionis historiis decoratum; emerunt pariter ampullas duas, sole & auro illustratas, duos baßinos, Calices duos mediocres, Casulas, Tunicas aliaque id genus Ecclesiarum ornamenta: quin & sacrarii corporum Martyrum, quod capsam vocant, fundum operculo argenteo insignibus [p.366] & armis prædicti Domini Comitis munito ditaverunt; ad quodbb ex prædecessorum suorum voto jam diù tenebantur, quæ omnia ab eis fieri non potuerunt, nec facta sunt, nisi longiore & excellenti labore. Datum an. Domini MDXXIII. Die sexta Augusti.


Dont traduction en Annexe 1
     Pour augmenter la devotion du peuple d’Estampes, & des lieux circonvoisins envers les Saints Martyrs, le Pape Urbain VIII. d’heureuse memoire, par son Bref du 7. Juin 1634. a accordé à perpetuité Indulgence Pleniere à tous les Fideles de l’un & de l’autre sexe, inscrits & à inscrire en la Confrairie erigée dans l’Eglise de Nôtre-Dame à l’honneur de ces Saints; lesquels confessez & communiez, où s’ils ne peuvent, êtans vrayemcnt contrits, prononceront de bouche, ou s’ils ne le peuvent de cœur seulement, à l’article de la mort, le saint nom de JESUS. Et tous les ans, à ceux qui pareillement confessez & communiez visiteront l’Eglise où ladite Confrairie est établie, & y feront des prieres pour l’extirpation des Heresies, l’exaltation de la sainte Eglise, & pour la Paix & concorde entre les Princes Chrétiens, depuis les premieres Vêpres, jusques au Soleil couché du jour suivant; le jour de la Feste de ces glorieux Martyrs, 31. de May, le jour de la circoncision de Nôtre Seigneur; la troisiéme Ferie de Pâques; le quatriéme jour d’Aoust auquel on solemnise la translation des mêmes Saints: & le premier Dimanche d’Octobre que l’on celebre la Dedicace de la même Eglise.

     Le même Souverain Pontife accorde outre cela, à tous les Confreres inscrits & a inscrire de l’un & de l’autre Sexe, soixante jours d’Indulgence des Penitences qui leur sont, ou qui devroient leur étre enjointes & imposées suivant l’usage de l’Eglise, toutes les fois qu’ils assisteront aux Messes & aux autres Offices divins dans l’Eglise où est cette Confrairie: où [sic] aux assemblées publiques ou particulieres qui s’y font: ou qu’ils logeront des pauvres dans leurs maisons: ou qu’ils pacifieront ou moyenneront quelque reconciliation entre ceux qui seront en inimitié: ou qui accompagneront à la sepulture les corps des Confreres decedez: ou qui assisteront à toutes les Processions que l’on fera par la permission de l’Ordinaire: ou qui accompagneront le Saint Sacrement tant dans les Processions, que quand on le portera aux malades: ou s’ils ne peuvent l’accompagner, diront une fois l’Oraison Dominicale, & la salutation Angelique lors qu’ils entendront sonner la cloche pour le porter: ou cinq fois les mêmes Oraisons Dominicale & Salutation Angelique pour le repos des Ames des Confreres
[p.367] de l’un & de l’autre sexe decedez: ou qui remettront en voye de Salut quelque devoyé: ou qui enseigneront aux Ignorans les Commandemens de Dieu & les choses necessaires à salut: ou feront quelqu’autre œuvre de pieté.
Urbain VIII peint par le Bernin
Urbain VIII (1623-1644) par Le Bernin
     Outre la Chasse d’argent doré il y en a encore une autre, dans la même Eglise, plus petite, de bois doré*, dans laquelle sont des vétemens des Saints Martyrs dont j’ay parlé; & des Reliques d’autres Saints.
     * Elle est à present couverte d’argent.
     L’Image de Nôtre Dame en bosse, d’argent doré du poids de huit marcs, tenant sur son bras gauche le petit Jesus, & de la main droite un bouquet chargé de douze grosses Perles, passe pour un bien-fait du méme Comte d’Evreux, à cause de sa devotion envers la Sainte Vierge & que ses armes sont au dessous: elle renferme dans le pied un Voile de la même Sainte Vierge.

     Jean Duc de Berry, qui fut Comte d’Estampes aprés Louis d’Evreux II. du nom, donna au Chantre, & aux Chanoines de Nôtre-Dame, par acte du 13. Avril avant Pâques 1404. une amende de cent livres tournois, à laquelle Philippe & Jean de l’Humery freres avoient esté condamnez, pour étre employée à mettre en argent une Relique que luy-méme avoit donnée à leur Eglise. Cette Relique est un os confiderable de saint Matthieu Apôtre, car il n’y a à Nôtre-Dame que cette Relique enchassé en argent. La tres-precieuse Relique du bras de saint Jean Chrisostome l’un des quatres Docteurs de l’Eglise Grecque, est dans un bras de bois doré, soûtenu par un Ange de même matiere.

Jean de Berry
Jean de Berry en prière
   
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NOTES

Châsse de saint Taurin à Evreux (1253) La Chasse. On notera que Fleureau ne fait pas usage de l’accent circonflexe aujourd’hui de rigueur. Le mot châsse vient du latin capsa qui a donné aussi le français caisse. Il a désigné en latin classique une boîte à livre ou à papier puis une caisse à fruits. En latin médiéval (capsa, cassa, chassa, chassia, chaxa, chaxia), il désigne une châsse ou reliquaire, occasionnellement un ciboire, voire le châssis d’une fenêtre. Ci-contre, la châsse de saint Taurin, ciselée en 1253 et conservée à Évreux, qui a échappé à la fureur des révolutionnaires de 1793 grâce à la complicité de la municipalité, moins veule que celle d’Étampes (Voyez Giverny New, le blog d’Ariane, guide à Giverny, http://givernews.com/?2007/03).

Lames d’argent doré, du poids de prés de deux cent marcs. Le marc est une unité de masse d’ancien régime valant 244,7529 g.  Deux cents marcs valent donc environ 4,9 kg.

Le Christ en Salvator Munid (enluminure flamande, vers 1490, détail) De longueur par le haut sur le comble de trois pieds neuf pouces. Le pied-du-roi valait 32,484 cm et le pouce 2,707 cm. Trois pieds neuf pouces valaient donc 121,8 cm. Par le bas, compris le soubassement, de quatre pieds un poulce, soit 132,6 cm. De hauteur, deux pieds & demi, soit 81,2 cm. De l’argeur par le bas, de dix-huit poulces deux tiers, soit 50,5 cm. Par le milieu de quatorze poulces, soit 37,9 cm. Le comble a onze poulces de hauteur, soit 29,8 cm.

Salvator mundi. C’est-à-dire le Sauveur du Monde, locution biblique (Genèse XLI, 45) appliquée à Jésus-Christ (Évangile de Jean IV, 42; Première lettre de Jean IV, 14). Il s’agit d’un type iconographique traditionnel où le Christ est représenté, comme précisé en ce cas, bénissant de sa main droite et tenant le globe cosmique de la main gauche.

Regina cœli. C’est-à-dire la Reine du Ciel, locution non biblique, titre accordée par la tradition catholique à la Vierge Marie qui, selon une tradition attestée dès le second siècle, aurait été élevée au ciel par le Christ auprès de lui, au terme de sa vie terrestre. Ce sont aussi les premiers mots d’une hymne mariale du XIIe siècle. La prière du Regina Caeli remplace la prière de l’Angélus durant tout le temps pascal (de la nuit de Pâques à la Pentecôte), à 7h00 (ou 8h00), 12h00 et 19h00.

Saint Barthélémy au couteau, saint patron des tanneurs (XVIIe siècle, église d'Oddernes, Norvège) Saint Barthelemy Apôtre, tenant un couteau à la main. La tradition dominante veut que Barthélémy ait été écorché vif. Il est donc le saint patron des bouchers et des tanneurs. La rue de la Tannerie, à Étampes, appartenait bien à la paroisse Notre-Dame, et la corporation des tanneurs étampois devait alors être aussi riche que généreuse pour la paroisse. C’est ce qui explique sans doute que Barthélémy fasse partie des trois apôtres choisis pour être représentés sur la châsse avec saint Pierre et saint Paul.

Saint Pierre Apôtre, tenant d’une main un livre, & de l’autre des clefs. Ce livre est un attribut plutôt rare, dont la signification n’est pas évidente: il symbolise sans doute son œuvre d’évangélisation. Saint Pierre est le fondateur de l’Église romaine et représente son autorité indiscutée dont se réclament les papes, comme du reste de Paul, aussi représenté sur la châsse.

Saint Matthieu, tenant une épée. Comme tous les apôtres il serait mort martyr, exécuté, selon une tradition bien tardive, en Éthiopie, pour y avoir préconisé la chasteté à des princesses du lieu. C’est rarement en temps que martyr qu’il est représenté: l’iconographie la plus courante le présente plutôt comme un évangéliste. Originellement publicain, c’est-à-dire percepteur, il devint naturellement au Moyen Age le saint patron des banquiers et des percepteurs. Ces derniers ont pu être aussi généreux pour la paroisse que les tanneurs. Mais la présence sur cet apôtre sur reliquaire s’explique peut-être surtout par le fait que le chapitre possédait aussi une relique de saint Matthieu mentionnée un peu plus loin par Fleureau.
Saint André sur un Florin de Charles le Téméraire (vers 1475)
Saint André Apôtre... tient une Croix. Il aurait été crucifié à Patras dans le Péloponnèse. Il fut au Moyen Age le saint protecteur des états bourguignons. C’est peut-être l’explication de sa présence sur le reliquaire, car le comté d’Étampes a été tenu par Philippe II le Hardi, duc de Bourgogne, à partir de de 1388 à 1404 (comte en titre d’Étampes comme héritier de Jean de Berry, mais sans l’usufruit), par Jean Sans Peur, duc de Bourgogne, de 1404 à 1419 (fils du précédent, qui ne jouit de lusufruit quà partir de 1416), puis par Philippe III le Bon, duc de Bourgogne de 1419 à 1434 (fils du précédent, à qui la possession d’Étampes fut contestée à partir de 1421), puis par Jean de Nevers, dit aussi de Bourgogne, de 1434 à 1478 (la possession lui en étant contestée tout du long). A partir de 1421, la possession d’Étampes est en effet contestée aux Bourguignon par les Bretons, d’abord par Richard de Bretagne, de 1421 à 1438, puis par sa veuve Marguerite d’Orléans, de 1438 à 1466 et par son fils, François II, de 1438 à 1478, date à laquelle Étampes revient en droit comme en fait à Jean de Foix. Ci-contre, saint André (sanctus Andreas) sur un florin émis vers 1475 par Charles le Téméraire.

Détail de la châsse de saint Taurin à Evreux (1273): fleurons et fusées Saint Paul, qui tient d’une main une épée, & de l’autre un livre. Il aurait été décapité à Rome. Le livre symbolyse sans doute comme dans le cas de Pierre son œuvre d’évangélisation.

Bordure frisonnée. Il est peu de dictionnaire à présenter ce verbe “frisonner”, qui paraît un simple synonyme de “boucler, friser, frisotter, moutonner, onduler”. Selon Littré (qui ignore le verbe) “frison” est un “terme familier” désignant “chacune des boucles d’une frisure”.

Le tout par quarrez. Quarré est une graphie archaïsante pour carré.

au dessus de fleurons, & au dessous de fusées. Un fleuron est un ornement en forme de fleur stylisée. En terme d’architecture, de sculpture et d’orfèvrerie, c’est une feuille ou une fleur détachée. La fusée est originellement la masse de fil enroulée sur le fuseau qui provient de  la filasse de la quenouille. En terme de blason, c’est un meuble de l’écu en forme de losange parfois allongé et un peu arrondi sur les côtés. Pour comparaison, observez ci-contre un détail de la châsse de saint Taurin, ciselée en 1253. Le travail de la châsse étampoise ne devait pas être moins raffiné.

Ave gratia plena, c’est-à-dire Salut Pleine de grâce, parole prononcé par l’ange Gabriel à la Sainte Vierge lors de la scène de l’Annonciation (Évangile de Luc I, 28), parole reprise au début de la prière Je vous salue Marie pleine de grâce, etc.

Couvert de lame d’argent faites en quarré, avec plusieurs navreuses sans dorure. Ce mot de navreuses n’ayant pas de sens, il faut peut-être lire nerveures, c’est-à-dire nervures.

Etienne Poncher, qui avoit esté fait d’Evêque de Paris, Archevêque de Sens.  Évêque de Paris de 1503 à 1519, archevêque de Sens de 1519 à 1525. Rappelons que le diocèse de Paris appartenait à l’archidiocèse de Sens sous l’Ancien Régime. Voyez sa biographie en Annexe 1b.

Loüis d’Evreux Comte d’Estampes. On remarquera que Fleureau, ni les chanoines de son temps, ne savent plus s’il s’agit de Louis Ier, qui tint Étampes de 1318 à 1336, ou de son fils Louis II, qui tint ce comté de 1336 à 1400.

Stephanus Archiep. Senonensis etc. Ce texte paraît légèrement corrompu en certains endroits. Dont traduction en Annexe 1.

Cantori. Le chantre de Notre-Dame d’Étampes en 1523 paraît avoir été Jean Guichard, d’après la liste qu’a donné Fleureau au chapitre 7, p. 353.

defferantur. Il faut sans doute lire deferantur.

Le Purgatoire représenté dans les Grandes Heures du duc de Berry (folio 113v) ampullæ parvæ. de petites ampoules. On conservait dans ces fioles soit l’huile destinée aux onctions, ou bien l’eau et le vin versées dans le calice lors de la messe.

Le Pape Urbain VIII. d’heureuse memoire. Il a exercé son pontificat 1623 à 1644. Rappelons que Fleureau rédige son ouvrage vers 1668.

Indulgence Pleniere. Dans la doctrine catholique, le péché est effacé par le sacrement de la réconciliation. Mais ce sacrement n’enlève pas la peine temporelle due au péché, qui se traduit généralement par un temps de purgatoire, compté au Moyen Age en nombre de jours (ce qui a été le cas jusqu’en 1967!). Cette peine temporelle peut être atténuée voire effacée par l’indulgence. L’indulgence est dite partielle ou plénière, selon qu’elle libère partiellement ou totalement de la peine temporelle due pour le péché.

Depuis les premieres Vêpres, jusques au Soleil couché du jour suivant. Les premières vêpres sont célébrées le soir de la veille des fêtes solennelles, par opposition aux secondes vêpres qui le sont le soir du jour même.

Diront une fois l’Oraison Dominicale, & la salutation Angelique, c’est-à-dire un Notre Père et un Je vous salue.

Une ... de bois dorée... Elle est à present couverte d’argent. Il est à croire que cette note est de l’éditeur posthume, et que la deuxième châsse fut couverte d’argent entre 1668, date de la première rédaction de l’ouvrage, et 1683, date de sa publication posthume.

L’Image de Nôtre Dame en bosse, d’argent doré du poids de huit marcs. Soit 1,958 kg.

Jean Duc de Berry, qui fut Comte d’Estampes aprés Louis d’Evreux II. du nom. Jean de Berry acquit dès 1385 par échange le droit d’hériter du comté d’Étampes mais n’en jouit effectivement qu’à partir de 1400, date de la mort de Louis II, jusqu’en 1416.

Philippe & Jean de l’Humery freres. L’Humery ou Lhumery (l’orthographe hésite encore de nos jours) est un hameau de la commune d’Étampes.

La... Relique du bras de saint Jean Chrisostome.... dans un bras de bois doré, soûtenu par un Ange de même matiere.  Ce reliquaire de saint Jean Chrysostome, qui n’avait rien de précieux, a été épargné par les révolutionnaires.
Bernard Gineste, juillet 2007

Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
ANNEXE 1
Charte d’Étienne Poncher, archevêque de Sens, datée de 1523
texte et traduction

     Il est clair que le texte consulté par Fleureau, sans doute dans les archives de Notre-Dame, était abîmé ou illisible, notamment dans un passage qu’il laisse en blanc. Mais le texte paraît aussi légèrement corrompu en certains endroits. Sur le fond, on pourrait se demander quel est le but de cette charte d’Étienne Poncher. Je n’en vois qu’un possible: la fonte de ce bâton de procession avait dû susciter une certaine émotion populaire, car on sait que dans le fait l’usage de ces objets s’est conservé jusqu’à la Révolution. Aussi cette charte a-t-elle due être demandée à l’archevêque par les chanoines eux-mêmes, pour justifier aux yeux de leurs fidèles cet outrage fait à la coutume.
Bernard Gineste, novembre 2008.
 
Texte latin donné par Fleureau (1683)
(corrompu en plusieurs endroits)
Traduction proposée par B. G. (2007)
     Stephanus Archiep. Senonensis (1) Cantori & Capitulo Beatæ Mariæ Stampensis. Notum facimus universis præsentibus & futuris, quòd
     Étienne archevêque de Sens (1) au chantre et au chapitre de Notre-Dame d’Étampes. Nous faisons savoir à tous les personnes présentes et à venir ceci. 
     cùm sæpè prohibuerimus in percelebri Concilio (2) nudiùs tertius (3) per nos Parisiis celebrato, ne deinceps in Ecclesiis vel extra, baculi, quos Confratriarum bastones vocant, defferantur (4), nec de cætero erigantur, sed & extantes aboleantur (5),
     Nous avons souvent défendu lors du très grand synode (2) réuni tout récemment (3), que l’on tienne désormais en honneur (4) des bâtons appelés bâtons de confrérie, ni qu’on en fasse à l’avenir, et qu’on détruise même ceux qui existent (5).
     quibus mandatis nostris, præfati Cantor & Capitulum parêre cupientes unanimiter decreverunt ut baculus quidam argenteus Beatorum Martyrum Cantii, Cantiani & Cantianillæ simulachra effigiemque cujusdam Satellitis ac… repræsentans: quem quidem baculum à multis annis Ludovicus d’Evreux Stamparum Comes (6) Ecclesiæ præfatæ, ut à quibusdam ferebatur, donaverat, in alios usus necessarios & ad ipsius Ecclesiæ decorem utiliter commutaretur, quasi aliàs futurus inutilis, illa mediante prohibitione nostra, 
     Désireux d’obtempérer à nos ordres, les susdits chantre et chapitre ont unanimement décidé avantageusement de fondre à d’autres fins utiles et pour l’embellissement de la dite église un certain bâton d’agent portant représentation des saints martyrs Can, Cantien et Cantienne et l’image d’un certain sbire et de [lacune], bâton qui avait été donné à la sudite église il y a nombre d’années, au rapport de certains, par Louis comte d’Évreux (6), puisqu’il serait autrement inutile du fait de la notre sudite interdiction.
     decreverunt simul ut cum illo baculo commutarentur calices aliquot rupti & ampullæ (7) parvæ, ex [sic, lisez: et] argentei disci (8) vetustate corrupti: Eaque omnia ut commutaret [sic: decreverant?], & ita commutaverant [sic: communtaverunt?] (9), & pro iis emerunt pergrandem Calicem auratum, sole, lilii floribus insignitum (10) una cum insignibus & armis præfati Comitis, nec non variis Christi paßionis historiis decoratum; emerunt pariter ampullas duas, sole & auro illustratas, duos baßinos, Calices duos mediocres, Casulas, Tunicas aliaque id genus Ecclesiarum ornamenta:
     Et ils ont décidé de faire fondre avec ce bâton quelques vieux calices brisés, de petits burettes (7) et des patènes (8) d’argent abîmés par le temps, et ils [ont fait fondre] aussi tout cela comme ils [l’avait décidé] (9), et à leur place ils se sont fait faire un très grand calice doré décoré d’un soleil, de fleurs de lys (10) en même temps que des armes du susdit comte ainsi que de scènes variées de la Passion du Seigneur. Ils se sont fait faire pareillement deux burettes ornées d’un soleil et d’or, deux bassins, deux calices de taille moyenne, des chasubles, des habits liturgiques et d’autres ornements ecclésiastiques de ce genre.
     quin & sacrarii corporum Martyrum, quod capsam vocant, fundum operculo argenteo insignibus [p.366] & armis prædicti Domini Comitis munito ditaverunt; ad quod ex prædecessorum suorum voto jam diù tenebantur, quæ omnia ab eis fieri non potuerunt, nec facta sunt, nisi longiore & excellenti labore. 
      Bien plus ils ont enrichi le fond du reliquaire des corps des martyrs appelé châsse d’un couvercle d’argent portant les insignes et les armoiries du susdit comte. Il y étaient tenus depuis longtemps déjà par le vœu de leurs prédécesseurs. Toutes ces réalisations n’ont pu être  effectuées, et n’ont été effectuées, qu’au prix d’un travail assez long, et excellent.
     Datum an. Domini MDXXIII. Die sexta Augusti.
     Donné l’an du Seigneur 1523, le six août.
 
NOTES DE B. G.


Bâton de confrérie (© François Lauginie pour l'Association des personnels scientifiques des musées de la région Centre, 2005. Utilisation commerciale soumise à autorisation )
Bâton berrichon
(XVIIe siècle)

     (1) Étienne Poncher (1446-1525), archevêque de Sens (1519-1525). Voyez notre Annexe 1b, où nous donnons sa biographie tirée du Gallia Christiana français, alias La France Pontificale de Fisquet.

     (2) Ce synode parisien eut lieu selon Fisquet en mars 1523, quelque cinq mois avant cette charte.

     (3) Nudius tertius signifie théoriquement “avant-hier”, mais est évidemment pris ici, d’après le contexte, au sens large de “tout récemment”, puisque l’archevêque fait état de l’application des consignes reçues lors de ce synode, et en l’occurence de faits postérieurs s’étendant sur une certaine durée, d’au moins plusieurs mois.

     (4) Le mot defferantur qu’il faut lire deferantur, est pris en un sens non classique (quoi qu’en semble dire par erreur le Lexicon de Niemeyer), celui de “honorer”. Même en français d’ailleurs, selon le très excellent Dictionnaire historique de la langue française de Rey (2e édition), ce sens “extensif” du verbe, celui de “conférer un honneur” n’est attesté qu’à l’époque moderne, en 1541; de même déférence n’est attesté que vers 1628 au sens de “respect, égards”.

     (5) On remarquera que cette prohibition des bâtons de confrérie a été émise lors d’un synode provincial dont l’objet principal était selon Fisquet “la condamnation de deux libelles publiés par les luthériens contre le célibat des prêtres”, et près d’une génération avant le concile de Trente. Ceci donne de l’eau au moulin des historiens récents qui pensent que le terme de Contre-Réforme est impropre, et qu’il faut lui préférer le terme de Réforme catholique, parce que le catholicisme était en déjà entré dans un processus de réformation, au moins depuis la fin du XVe siècle.

     (6) Soit  Louis Ier comte d’Évreux, baron d’Étampes de 1307 à 1318, ou bien plutôt Louis II d’Évreux seul à proprement parler comte d’Étampes de 1336 à 1400. On remarquera que Fleureau ne se prononce pas.

     (7) Le mot ampulla peut désigner une “ampoule”, c’est-à-dire le récipient où l’on conserve l’huile destinée aux onctions, mais aussi selon le Lexicon de Blaise (et celui de Maigne d’Arnis reproduit par Migne) une “burette”, petit vase où on met soit l’eau ou le vin destinés à la messe, et le contexte est plutôt favorable à cette dernière interprétation.

     (8) Discus, littéralement “plat”, désigne ici évidement la patène, petite assiette sur laquelle le prêtre, lors de l’offertoire, pose l’hostie qu’il va consacrer.

     (9) Ce passage est visiblement corrompu, pour une raison ou pour une autre.

     (10) Ces fleurs de lys peuvent se rapporter tant à Vierge Marie, patronne de la collégiale Notre-Dame, qu’au roi de France à qui est réservé le titre d’abbé de Notre-Dame d’Étampes, dont le chapitre est en fait dirigé pour cette raison par le Chantre.

Éditions

     Dom Basile FLEUREAU, Antiquitez de la Ville et du comté d’Estampes, Paris, Coignard, 1683, pp. 365-366.

     Bernard GINESTE,
«Étienne Poncher, archevêque de Sens: Approbation de la fonte d’un bâton de confrérie par le chapitre de Notre-Dame d’Étampes (6 août 1523)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c09.html#annexe01, 2008.

B.G. novembre 2008
ANNEXE 1b
Honoré Fisquet (1865)
Étienne II de Poncher (1519-1525)

90. — ETIENNE II DE PONCHER (1519-1525).

       Etienne de Poncher né à Tours, en 1446, était fils de Martin de Poncher, échevin de cette ville et receveur des aides et ga belles au pays du Maine, et de Catherine Belin. Jeanne, sa sœur, fut la première femme de noble et puissant seigneur Pierre Le Gendre, seigneur d’Àlincourt, de Magny et autres terres, trésorier de France. La seconde femme de ce dernier fut Charlotte Briconnet, nièce de Guillaume, cardinal Briçonnet, ministre du roi, et de Robert Briçonnel, archevêque de Reims, chancelier et pair de France. Pierre Le Gendre mourut sans enfants après avoir eu de son mariage, avec Charlotte Briçonnet, deux filles qui décédèrent le même jour. Par son testament en date du 15 novembre 1524, il institua pour son légataire universel Nicolas de Neufville, seigneur de Villeroi, son arrière-neveu, qu’il préféra aux autres descendants de ses sœurs, mais à la condition de prendre le nom et les armes de la maison Le Gendre. Nicolas de Neufville, dit Le Gendre, satisfit à cette condition qui ne s’étendait pas au [p.107] delà du légataire. De la famille de Pierre Le Gendre d’Alincourt, sortit Claude Le Gendre, abbé d’Auberive, au diocèse de Langres, que les auteurs de la Gallia Christiana ont indiqué comme fils de Pierre Le Gendre, maître des requêtes, tandis qu’il était fils de Paul Le Gendre, seigneur de Lormoy, maître des requêtes, et de Françoise de Chaumes.

     Après avoir étudié et enseigné avec la plus grande distinction le droit civil et canonique, Etienne de Poncher obtint, en 1485, une charge de conseiller-clerc au parlement de Paris, et y devint en 1498, président aux enquêtes. Il fut également pourvu d’un canonicat dans les églises de Saint-Aignan d’Orléans, de Saint Gatien de Tours, de Saint-Martin de la même ville, et depuis 1491, était chancelier de l’Eglise et de l’Université de Paris, chancelier du duché de Milan, et aussi de l’ordre royal et militaire de Saint-Michel. Après la mort dé Jean Simon de Champigny, évêque de Paris, les chanoines de Paris se réunirent le 31 décembre 1502, pour fixer le jour où pourrait avoir, lieu l’élection de son successeur. Ayant reçu du roi Louis XII des lettres datées du 20 janvier 1503, qui leur recommandaient Etienne de Poncher, son chancelier, ils l’élurent le 3 février suivant, et aussitôt après, dès le 6 de ce mois, envoyèrent deux d’entre eux à Milan avertir de leur choix ce prince qui se trouvait alors en cette ville avec Etienne.

      Ce dernier vit sa nomination confirmée par le Saint-Siége, le 15 du même mois, et après avoir été sacré à la fin de mars, fit prendre possession, le 12 avril, par Gaillard Ruzé, son procureur, et, le 30 du même mois, il prêta entre les mains du roi, serment de foi et d’hommage. Lui-même fit, le 21 mai suivant, son entrée solennelle dans son Église, porté, selon l’usage, par les seigneurs feudataires de l’évêché, c’est-à-dire, par les barons de Chevreuse, de Montmorency, de Massy, de Montjay, de la Queue et de Luzarches.

    Le lendemain de cette cérémonie, Etienne reçut dans sou palais épiscopal, les hauts fonctionnaires de l’Université de Paris, et se rendit, le 24 mai, en personne, dans la salle Capitulaire, pour faire ses remerciements au chapitre. Le 22 juin, il confirma les privilèges et la chapelle du collège de Montaigu. Un acte du 6 juillet 1504, qualifie Etienne de conseiller du roi et de chancelier du duché de Milan, et un autre titre du 17 avril 1505, constate qu’il était à cette époque absent de son diocèse et chargé pour le roi d’une mission diplomatique en [p.108] Allemagne. Les cendres de Charles d’Orléans, père de Louis XII, mort le 4 janvier 1465 à Amboise, furent apportées à Paris en grande cérémonie et déposées auprès de celles de son père Louis d’Orléans, dans la chapelle de ces princes, aux Célestins. Etienne de Poncher et son métropolitain Tristan de Salazar assistèrent à ces obsèques solennelles, auxquelles officia le cardinal Georges d’Amboise. Cette pompe funèbre ayant cii lieu le 2! février 1505, Etienne dut quitter son diocèse fort peu de temps après.

     Le nom d’Etienne de Poncher se trouve avec celui de Robert Guibé, évèque de Nantes, au bas du contrat de mariage de François, duc de Valois, depuis Francois Ier, avec Claude de France, fille de Louis XII. Cet acte est du 22 mai 1506. L’évêque de Paris accompagna, l’année suivante, ce dernier prince en Italie, et eut l’occasion d’exercer ses talents oratoires, en plusieurs circonstances, notamment à l’entrée du roi à Padoue et à Milan, où, au dire de l’historien Jean d’Authon , il porta la parole au nom du monarque. Orateur éloquent et diplomate habile, également prudent et ferme, Etienne qu’on a souvent cité comme le modèle des magistrats, soutint en présence de Louis XII et de la reine Anne, son épouse, qui n’aimait point à être contredite, le parti des Vénitiens qu’on avait abandonnés pour soutenir celui de l’Empereur, mais l’animosité du roi contre cette république et l’autorité de la reine l’emportèrent sur ses sages conseils. Nommé abbé de Fleury, il prêta serment en cette qualité le 4 novembre 1509 et se trouva présent lé 23 juillet 1510, lorsque Louis XII s’engagea à payer aux Anglais 745,000 couronnes.

     En 1511, l’évêque de Paris se démit de la chancellerie du duché de Milan. Les archives du château de Pau renfermaient une sentence arbitrale rendue par lui et quelques autres juges, dans un différend qui s’était élevé pour l’hommage de la principauté de Béarn, entre Louis XII, roi de France, d’une part, et Jean d’Albret, roi de Navarre, et la reine Catherine, sa femme, d’autre part.
     Ces arbitres rendirent leur sentence, le 3 juillet 1512, et déclarèrent la souveraineté de cette principauté affranchie de tout pouvoir. Cet acte se trouve dans l’inventaire des chartes dressé par ordre du ministre Colbert, et conservé aujourd’hui à la Bibliothèque impériale. Etienne dé Poncher, signa également, le 17 juillet et le 7 septembre 1512, les conventions conclues à cet [p.109] égard. Léon X, le nomma, avec Jean Baillet, évêque d’Auxerre, et Laurent Allemand, évêque de Grenoble, l’un des commissaires chargés d’informer de la vie, des mœurs et des miracles de Saint François de Paule, et par acte du 25 novembre de cette même année, il fit, avec ses collègues, une délégation de ses pouvoirs pour suivre sa canonisation.

     Des lettres-patentes du roi, en date du 6 janvier 1513, le nommèrent garde-des-sceaux de France pour succéder à Jean de Ganay, mais il ne conserva ces fonctions que pendant deux ans. En 1514, Etienne publia des statuts synodaux qu’on trouve dans les Actes de l’Église de Paris: ces statuts sont un des monuments les plus importants et les plus remarquables qui nous restent en ce genre. Il y ordonne notamment d’administrer aux criminels condamnés à mort, non-seulement le sacrement de pénitence, mais encore celui de l’Eucharistie. Il souscrivit, le 14 septembre de cette année , aux fiançailles de Louis XII, avec Marie d’Angleterre, sœur d’Henri VIII, fiançailles pour lesquelles le roi de France s’engagea à payer pendant dix ans, une rente de cent mille écus au monarque anglais.

     Les sages constitutions qu’Etienne fit, pour le monastère de Chelles, pour l’abbaye de Montmartre et pour quelques autres communautés de son diocèse, prouvent assez avec quelle ardeur il travailla, pendant qu’il était sur le siège épiscopal de Paris, à la réforme des religieuses, tâche que son prédécesseur avait entreprise déjà en rétablissant la clôture pour la plupart d’entre elles. Le 18 janvier 1515, Etienne de Poncher célébra à Notre-Dame les obsèques du roi Louis XII, et se trouva, le 25 du même mois, à Reims au sacre et au couronnement de François Ier, son successeur. Le 43 août suivant , il fut avec Arthur Gouffier, grand-maître de France, l’un des plénipotentiaires du traité conclu à Noyon, entre ce dernier prince et Charles-Quint, traité qui décida le mariage de Charles, alors roi d’Espagne avec la princesse Louise, fille de Francois Ier. Ambassadeur de France auprès de la cour d’Espagne, Etienne de Poncher y signa, le 11 mars 1517, le traité conclu entre Charles-Quint, François Ier et l’empereur Maximilien Ici.

     Le 12 mai suivant, Etienne était de retour à Paris, car il recevait ce jour-la à la porte de sa cathédrale, la reine Claude de France, fille de Louis XII, et première femme du roi François Ier, lorsqu’après son couronnement qui avait eu lieu deux jours auparavant à Saint-Denys, cette princesse vint assister à un Te [p.110] Deum en actions de grâces. En 1518, il fut ambassadeur de François Ier, auprès de Henri VIII, roi d’Angleterre, avec lequel il signa, le 2 octobre de cette année, un traité d’alliance, et le 4 du même mois, les conventions matrimoniales de François, dauphin de Viennois, avec Marie d’Angleterre, fille de ce prince.

     La mort de Tristan de Salazar, arrivée le 14février 1519, ayant laissé vacant l’archevêché de Sens, les chanoines de cette métropole, au mépris du concordat du 18 août 1546, prétendirent avoir le droit de procéder à l’élection de son successeur. Français Ier avait interdit au chapitre de se réunir à cet effet; mais les chanoines, pour sauvegarder leurs anciens privilèges, sachant que le roi voulait pourvoir Etienne de Poncher de cette Église, s’empressèrent d’accorder leurs suffrages à l’évêque de Paris, ce qui les mit d’accord avec ce prince. Préconisé par Léon X, le 14 mars 1519, Etienne fit son entrée solennelle à Sens, le 31 juillet suivant. Quelques jours auparavant, il avait écrit, au nom du roi, à Érasme, pour l’engager à venir se fixer à Paris, où François Ier avait le dessein de former un établissement utile aux lettres et capable d’immortaliser son nom. Érasme, lui répondit pour le prier de témoigner au roi sa reconnaisance, et en même temps de lui faire agréer ses refus.
     Honoré FISQUET, La France pontificale (Gallia Christiana). Histoire chronologique et biographique des archevêques et évêques de tous les diocèses de France depuis l’établissement du christianisme jusqu’à nos jours, divisée en 17 provinces ecclésiastiques [22 volumes in-8°, 1864-1873]. Métropole de Sens. Sens et Auxerre [472 p.], Paris, E. Repos, 1865, pp. 106-111.
     Dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k204176g, en ligne en 2008.
     Dont la présente édition numérique en mode texte, novembre 2008.



Henri Fisquet: La France pontificale. Sens et Auxerre (1865)

     Dans son nouveau diocèse, Etienne de Poncher ne se montra pas moins vigilant à saper les abus qui s’étaient introduits dans la discipline. Tout occupé de maintenir la pureté de la foi, et de ne pas laisser pénétrer au milieu de son troupeau, les doctrines hérétiques qui commençaient à se faire jour, il présida à Paris en 1521 et en mars 1523, deux conciles provinciaux, l’un relativement à la discipline, l’autre pour la condamnation de deux libelles publiés par les luthériens contre le célibat des prêtres. Il tint à Sens, le 10 mai 1524, mardi après la Pentecôte, un synode diocésain dont les Constitutions (Paris, 1524, in-4°) jouissent de quelque réputation dans l’Eglise de France. Etienne y entre dans un grand détail sur la manière d’administrer les sacrements. Il y défend notamment de réitérer le sacrement de l’extrême-onction dans une même maladie. On voit encore dans ces statuts, que l’empêchement de parenté ou d’affinité spirituelle, n’était pas aussi restreint à cette époque qu’il l’a été quelques années après, par le concile de Trente. Ainsi, l’on déclare qu’il y a parenté spirituelle non-seulement entre le parrain et son filleul, ou son père et sa mère, mais encore, entre la [p.111] personne baptisée et les enfants ou la femme de son parrain, et que la même parenté se contracte également dans la confirmation.

     Etienne de Poncher qui prit part à toutes les grandes affaires de son temps, commença la construction du palais archiépiscopal de Sens. Il avait quitté sort diocèse pour le service du roi, lorsqu’au retour d’un mission diplomatique, il mourut à Lyon le vendredi 24 février 1525, à l’âge de soixante-dix-huit ans, aussi recommandable par son intelligence dans les affaires, que par ses vertus épiscopales. Son corps ramené à Sens, y fut inhumé dans l’église métropolitaine, et son cœur fut déposé à Notre-Dame de Paris.

     Il portait pour armoiries: d’or, au chevron de gueules, brisé à la cime d’une tête de maure de sable tortillée d’argent, accompagnée de trois coquilles de sable, avec cette légende: Non habemus hîc manentem civitatem.


 
ANNEXE 2
Autre description de la châsse
Note manuscrite découverte et citée par l’abbé Bonvoisin


     Voici le texte d’une note manuscrite que j’ai déposée dans les archives de Notre-Dame, et dans le dossier concernant les reliques des corps saints.

      «La grande châsse des corps saints est [p.55] recouverte de feuilles d’argent doré ou vermeil, du poids de deux cents marcs; elle a trois pieds neuf pouces de hauteur, quatre pieds un pouce de longueur et deux pieds de largeur; elle est surtout remarquable par la finesse du travail, et si elle le cède en quelque chose à la châsse de Sainte-Geneviève de Paris, ce ne peut être que sous le rapport des pierres précieuses dont cette dernière est enrichie. Elle a la forme d’une église flanquée de huit tourelles: deux à chaque angle, et ces tourelles, dans l’espace qui les sépare à chaque coin, forment quatre niches dans lesquelles sont placés les patrons des quatre autres paroisses de la ville, saint Pierre, saint Basile, saint Gilles et saint Martin. A l’une des extrémités de la châsse est la figure de Notre-Seigneur bénissant d’une main, et de l’autre portant un globe surmonté d’une croix, et au-dessous une lame d’argent sur laquelle est gravée l’inscription Salvavtor mundi. Cette partie est [p.56] complétée par un chapiteau orné de six fleurons. Au milieu, au-dessus de la tête du Christ, est une rose enrichie de pierreries. A l’extrémité opposée se trouve la Vierge portant dans ses bras l’Enfant Jésus, avec l’inscription Regina cœli. Cette Vierge est assise sur un siége, entourée de fleurs de lis d’or avec un cercle de rosettes. Les côtés de la châsse sont divisés en cinq parties formant cinq niches recouvertes d’autant de chapiteaux, et contenant d’un côté les apôtres Saint Pierre, saint Barthélemy, saint Mathieu, saint André et saint Paul portant chacun l’instrument de son martyre, et l’autre l’histoire du martyre de nos saints. Dans la première niche, le gouverneur présidant au supplice; dans la deuxième, sainte Cantianille à genoux, et le bourreau prêt à frapper; dans les trois suivantes, saint Cant, saint Cantien et saint Protus, attendant le coup qui doit leur procurer la gloire du martyre.»
     Notice historique sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes, Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 54-56.

Procession (châsse de Sainte-Geneviève de Paris, sur un jeton de 1702)
   
ANNEXE 3
Première note ancienne sur les processions
pièce des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Bonvoisin


     «Au moment de sortir de l’église les curés des quatre paroisses et faubourgs de la ville appuient une main au coin de la châsse qui leur est assigné par l’image du patron de leur paroisse. Cela se fait, dit-on, pour conserver à la ville entière la possession de cette châsse. Dès qu’elle est sortie, les curés reprennent leur rang pour suivre la procession. Et une cérémonie semblable a lieu à la [p.71] rentrée dans l’église Notre-Dame
     Notice historique sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes, Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 70-71
      
ANNEXE 4
Deuxième note sur les processions, datée de 1718
pièce des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Bonvoisin


     «La procession la plus solennelle a lieu le mardi de Pâques. En tête de la procession, l’on voit les capucins et les cordeliers dont chacun connaît le recueillement; ils sont suivis par les barnabites, qui précèdent le clergé de toutes les paroisses de la ville et des environs; ensuite arrivent les chanoines de Notre-Dame et de Sainte-Croix qui marchent ensemble sur deux rangs: ceux de Notre-Dame à droite, et ceux de Sainte-Croix à gauche. La châsse, portée par des hommes marchant pieds nus et couronnés de fleurs, est entourée de torches et de flambeaux; elle est suivie d’une autre châsse plus petite et d’un reliquaire de saint Matthieu, apôtre et évangéliste. Il y a encore un reliquaire de saint Jean Chrysostome et une image en ronde-bosse dans laquelle est un morceau des vêtements de la sainte Vierge. Le prêtre qui doit célébrer la [p.73] messe porte une croix d’argent finement travaillée. Cette croix et les deux reliquaires de la sainte Vierge ont été donnés à l’église Notre-Dame par Louis d’Evreux, comte d’Etampes
     Notice historique sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes, Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 72-73
   
ANNEXE 5
Premier récit de la destruction de la châsse, par l’abbé Baron
pièce des Archives de Notre-Dame citée par l’abbé Guibourgé

     Dans une note que nous avons trouvée dans les archives paroissiales, voici ce qu’écrit M. l’abbé Baron, curé de Notre- Dame de 1834 à 1847:
     «Au moment de la persécution en 1793, la châsse de vermeil fut enlevée et les reliques livrées aux flammes. Heureusement celui qui présidait à l’incendie de ces objets sacrés permit aux assistants d’enlever ce qu’ils pourraient, et une femme pieuse put sauver un petit ossement qu’on croit être un doigt. Elle le conserva religieusement chez elle jusqu’à la cessation de la persécution. Le commissaire qui accorda la permission d’emporter quelque chose des reliques s’appelait Lebas.

     Sitôt que 1’Eglise commença à jouir d’un peu de calme, un homme vraiment chrétien nommé M. Ranouard, mort il y a [p.62] quelques années, après avoir été trésorier de la fabrique de Notre-Dame pendant 40 ans, apprit qu’une parcelle des Corps Saints avait été sauvée. Alors il la demanda à la personne qui en était la dépositaire. L’ayant obtenue, il la fit reconnaître à Paris par M. l’abbé de l’Espinasse, chargé avant le Concordat de l’administration spirituelle des environs de Paris. Aussitôt que toutes les formalités voulues pour établir l’authenticité de la relique furent accomplies, et dès que le culte fut rétabli, il y eut une cérémonie pour la reconnaissance et le rétablissement de la dévotion aux Corps Saints.

     En présence de M. Boivin, curé de Saint-Basile, de Saint Gilles et de Saint-Martin, et d’un grand nombre de fidèles, le petit ossement fut renfermé dans une petite boîte. Le sceau de l’ancien Chapitre de Notre-Dame fut apposé dessus, sur cire cachetée collant un ruban rouge; puis la même petite boîte fut renfermée dans une châsse en bois doré.

     Dès lors le culte des Corps Saints fut observé comme avant 1793. Les processions des mardis de Pâques et de la Pentecôte, les neuvaines, reprirent avec une nouvelle vigueur. Plus tard, par les soins de M. Banouard, une autre châsse fut substituée à l’ancienne qui n’était qu’en bois doré. Cette châsse d’un très beau travail est en cuivre doré.

     On connaît tous ces détails par le récit de M. Banouard et par des vieillards qui en furent les témoins. La relique est bien authentique qui fasse mention de son existence, de sa reconnaissance, de l’approbation de l’autorité spirituelle. Il est à désirer que cette relique soit revêtue d’une authenticité plus régulière et plus canonique.

     signé:     Baron, curé de Notre-Dame.

     Étampes ville royale, 1957, pp. 61-62.
    
ANNEXE 6
Deuxième récit de la destruction de la châsse, par l’abbé Bonvoisin
Notice historique, 1867, pp.

     «Il nous a été possible, pendant 800 ans, de suivre l’histoire de ces saintes reliques à Etampes. Nous avons constaté six fois leur reconnaissance dans cet espace de huit siècles, et nous arrivons ainsi à établir une possession non interrompue qui ne peut laisser aucun doute dans les esprits même [p.61] les plus prévenus; mais nous touchons à des jours calamiteux: ce que n’avait pas fait le temps, ce qu’avait tenté en vain la rage de l’hérésie, s’est accompli presque sous nos yeux. Les saintes reliques ont été détruites comme le furent, dans le même temps, celles de la glorieuse patronne de Paris.

     Dans ces jours d’aveuglement, on vit par toute la France des scènes de même nature. Les ornements, les vases sacrés, en un mot, toutes les richesses des églises leur furent enlevées, le plus souvent pillées, presque partout dilapidées; les châsses d’or, d’argent, enrichies de pierres précieuses, eurent le même sort. Ainsi en fut-il de la châsse dite des corps saints: elle fut ouverte, profanée, et les saints ossements livrés aux flammes devant la porte principale de Notre-Dame, sur la place dite de l’Hospice, au milieu de danses extravagantes, accompagnées de hurlements impies.


     On a conservé les noms de quelques-uns [p.62] de ceux qui participèrent à ces sacrilèges orgies. Ils ont disparu: le tombeau renferme leurs cendres. Ne redisons pas des noms qui ne doivent être connus que de Celui qui pardonne au repentir. Il y en a un cependant que nous voulons arracher à l’oubli parce que, remplissant des fonctions odieuses, il a su céder à un bon mouvement. C’est celui du commissaire Lobas (1), qui présidait à l’incendie. A quelques-uns des assistants qui ne pouvaient maîtriser la peine qu’ils éprouvaient dans leur cœur, il permit d’emporter ce qui pouvait encore être sauvé, lorsque la première fureur commença à se calmer. Hélas il était bien tard déjà. Cependant une pieuse femme, dont le nom n’a pas été conservé, put enlever un petit ossement qui avait roulé en dehors du foyer. Ce petit ossement est regardé comme une [p.63] phalange d’un des doigts de nos saints. Cette chrétienne garda chez elle ce trésor jusqu’à la fin de la Terreur. Dès que l’Eglise eut retrouvé un peu de calme, sur le témoignage de cette dame et sur celui de M. Banouard, depuis membre du conseil de Fabrique, qui s’était mis en rapport avec elle dès les premiers jours, la sainte relique fut reconnue par M. l’abbé de l’Espinasse, vicaire général de Paris, chargé, avant le Concordat, et aussitôt après le rétablissement du culte extérieur, de l’administration spirituelle de tous les environs de la capitale.

     M. Boivin, curé de Notre-Dame, assisté de MM. les curés de Saint-Basile, Saint-Gilles et Saint-Martin et en présence d’un grand nombre de fidèles, déposa le petit ossement, reconnu par M. de l’Espinasse, dans une boîte oblongue fermée avec un ruban rouge sur lequel fut apposé l’ancien sceau du chapitre de Notre-Dame: et ladite boîte fut placée dans une châsse en bois doré. [p.64]

     Cette châsse fut remplacée en 1832 par la châsse en cuivre que nous portons aujourd’hui, dans les processions solennelles.

     Indépendamment de cette châsse dite des corps saints, celle en bois doré connue sous le nom de châsse de sainte Julienne contient:
     1° Une relique de sainte Julienne, provenant de la collégiale de Sainte-Croix;
     2° Une relique de saint Vincent de Paul;
     3° Une relique de sainte Pauline, martyre.

     Il y a encore dans cette châsse huit petits reliquaires, dont l’authenticité ne pourra être reconnue que lorsqu’on ouvrira la boîte qui les contient.
»
     Notice historique sur le culte et les reliques des saint martyr Cant, Cantien et Cantianille, patrons de la ville d’Étampes, Versailles, Beau jeune, 1866, pp. 60-64
    
ANNEXE 7
Synthèse et bibliographie (assez brouillonne) de Léon Marquis
Les rues d’Étampes, 1881
     L’érudit local étampois, Léon Marquis, toujours intéressant lorsqu’il traite de nouvelles matières, est des plus brouillons lorsqu’il récapitule les travaux de ses devanciers. Cette lecture est instructive pour qui peut savoir comment se défier des travaux d’érudition locale du XIXe siècle. Sa bibliographie notamment est catastrophique, contenant autant d’erreurs que d’items.
     C’est dans l’église Notre-Dame d’Étampes que sont conservés les restes précieux des saints martyrs Can, Cantien et Cantienne, qui moururent pour la foi à Aquilée (4), l’année 304 de notre ère.

     Le roi Robert, fondateur de l’église Notre-Dame, obtint du Souverain-Pontife une partie notable des reliques de ces martyrs. On croit qu’il les rapporta en France lors de son voyage en Italie, vers l’an 1020, sous le pontificat de Benoît VIII; mais on est certain qu’il les confia au temple qu’il venait de faire élever à Étampes en l’honneur de la Vierge Marie. A partir de cette époque, les trois martyrs devinrent les patrons de la ville d’Étampes.

     (4) Ville de Vénétie de 1,500 habitants, et qui était environ cent fois plus peuplée du temps d’Auguste.
     Un procès-verbal sur parchemin, renfermé autrefois dans la châsse, mentionne une première translation des reliques en l’an née 1282.

     Durant les guerres de religion en 1562, les reîtres, établis dans l’église Notre-Dame, brûlèrent les châsses, emportèrent les calices d’or et d’argent; mais les reliques avaient été soustraites à leur fureur.

     En 1570, on fit solennellement la translation dans une nouvelle châsse des reliques, «qui avaient été, d’après un manuscrit des archives de Notre-Dame, sauvées par aucuns bons habitants de cette ville.»

     En 1620, une nouvelle visite eut lieu sous la direction de [p.265] Guidon de Vérambois, curé de Saint-Martin d’Étampes, doyen de la chrétienté dudit lieu.

     Le 12 avril 1621 eut lieu la translation, dans une châsse nouvelle, par messire Henry Clausse, évêque d’Aure, coadjuteur de Châlons.


     Une magnifique châsse en vermeil contenait les reliques depuis le 30 juillet 1620. D’après dom Fleureau, «*elle était recouverte de feuilles d’argent, du poids de 200 marcs, avait 5 pieds 9 pouces de hauteur... Sa forme était celle d’une église flanquée de huit tourelles, dont deux à chaque angle, formant quatre niches où étaient placés les patrons des quatre autres paroisses de la ville, saint Pierre, saint Basile, saint Giles et saint Martin... A l’une des extrémités était Notre-Seigneur, et à l’autre la Vierge et l’Enfant-Jésus... Les côtés de la châsse étaient divisés en cinq parties, formant cinq niches et contenant, d’un côté, les apôtres saint Pierre, saint Barthélemy, saint Mathieu, saint André et saint Paul, portant chacun l’instrument de son martyre, et de l’autre l’histoire du supplice de nos saints.

     Dans la première niche, le gouverneur présidant au supplice; dans la deuxième, sainte Cantianille ou Cantienne, à genoux, et le bourreau prêt à la frapper; dans les trois suivantes, saint Can, saint Cantien et saint Protus, attendant le coup qui doit leur procurer la gloire du martyre.


     
* Marquis paraît citer ici un texte précis mais ne referme pas ses guillemets. Il utilise en fait, contrairement à ce qu’il dit, une description anonyme reproduite par l’abbé Bonvoisin dans sa notice, et non pas celle de Fleureau.
     Toutes ces figures étaient des bas-reliefs; au-dessous, on voyait les armes d’un comte d’Étampes de la maison d’Évreux.

     Le pied de l’image de Notre-Dame en bas-relief, qui a été donné également par ce comte d’Étampes, renfermait un voile de la Sainte- Vierge*.

     En 1793, comme tant d’autres objets précieux, la châsse fut ouverte et détruite pour en avoir l’argent.


     Les reliques furent profanées en 1793; mais une partie, sauvée comme miraculeusement par une pieuse femme, fut placée en 1804 dans un reliquaire qu’on remplaça, en 1832, par la châsse en cuivre actuelle.
* Marquis confond ici deux statues de la Vierge: ce n’est pas celle de la châsse qui contenait le voile dont il parle.
     L’autre châsse en bois doré contient les reliques de sainte Pauline, de sainte Julienne (1) et de saint Vincent de Paul. En 1865, [p.266] l’abbé Bonvoisin, curé de Notre-Dame, obtint de l’archevêque de Sens une partie des reliques de chacun* des martyrs d’Etampes, qui étaient conservées dans la cathédrale depuis le XIe siècle.

     On voyait autrefois à Notre-Dame d’autres châsses, notamment une en bois argenté, dans laquelle étaient les vêtements des trois martyrs; une en argent, contenant un os de saint Mathieu, apôtre; un bras de bois doré soutenu par un ange de la même matière, contenant un bras de saint Jean Chrysostome.

     Avant la Révolution de 1795, la fête des corps saints avait lieu tous les ans, le 31 mai, et de plus on faisait, les mardis de Pâques et de la Pentecôte, autour de la ville, une procession composée du clergé des cinq paroisses et de tous les religieux de la ville: Capucins, Cordeliers, Mathurins, Barnabites. Les magistrats et les personnes notables de la cité se faisaient gloire d’assister à ces processions.

     La châsse principale était portée par six paysans revêtus d’aubes, couronnés de fleurs et nu-pieds, ce qui fait qu’on les appelait les nuds.

     A la sortie de l’église, chaque curé de la ville appuyait une main sur le côté de la châsse qui lui était désigné par l’image du patron de sa paroisse.

     Aujourd’hui, la procession a toujours lieu deux fois par an, le mardi de Pâques et le lundi de la Pentecôte; mais le zèle des fidèles s’est considérablement refroidi.
     (1) V. la note 99. [Voici le texte de cette "note bibliographique" (p. 387):]
     99. La vie de sainte Julienne, vierge et martyre, avec quelques réflexions sur cette vie, une instruction sur les pèlerinages, des prières, la messe, et une neuvaine en son honneur.  
     Cette sainte est honorée singulièrement en l’église Notre-Dame d’Étampes: elle y est réclamée pour le mal de contagion, pour les femmes en travail d’enfant, fièvres et autres afflictions.  
     Sa fête est le 16 février, et sa translation le lundi de la Trinité: en ce jour la châsse est portée processionnellement autour de la paroisse. — A Paris, de l’imp. de Doublet, rue Gît-le-Cœur. Se trouve à Étampes, à la sacristie de Notre-Dame, 1819, in-8 de 28 p.

     * Précision fantaisiste.

     Ces reliques étaient jadis l’objet d’une grande vénération. On n’invoquait pas toujours en vain les trois martyrs et à l’occasion de grandes sécheresses qui eurent lieu en mai 1566, «ceux du Gastinois et du pays de Beauce, dit Claude Haton*, alloient à Estampes de 5 à 6 lieues à l’entour, en l’honneur des corps saincts, MM. saincts Cancien et Cancianille.»
     *Les Mémoires du prêtre Claude Haton (1534-1605), curé de Provins, avaient été publiés en 1857 par Félix Bourquelot.
     Voici la liste des principales hymnes et pièces imprimées en l’honneur de ces martyrs:
     1. Hymne des martyrs. (1)
     2. Petrus Gendræus Cantiades (2).
     3. La vie, martyre, translation et miracles des martyrs Can, cantian et Cantianne, en prose et en vers, par H. B. T. (Hardy, religieux de Morigny; Bastard et Thirouyn, chanoines de Notre-Dame d’Étampes). Paris, Vérat (3), 1610. [p.267]
     4. Cantiadis (4), poème latin en quatre chant. Paris, 1613 (4).
     5. Opuscules chrétiennes, contenant l’éloge des trois martyrs, par Jean Chauvin, conseiller en la cour des monnaies. Paris, Sara, 1650 (5).
     6. Éloge des trois martyrs saint Can, saint Cantien et sainte Cantienne. Paris, 1670 (6).
     7. La Cantiade ou l’éloge des illustres martyrs saints Can, Cantian et Cantienne. Paris, 1673 (7).
     8. Hymni sacri… Claudii Caroli Hemaridæ Stampensis (Claude-Charles Hémard) (8).
     (1) Marquis paraît ici désigner l’hymne imprimée par Bonvoisin dans sa Notice de 1867; il s’agit en fait d’une des hymnes de Claude-Charles Hémard.
     (
2) Marquis reproduit ici dans un mauvais latin une erreur un doublon (cf. n°4)
     (
3) Lisez Vérac et non Vérat.
     (
4) Lisez en fait Cantias. C’est le même ouvrage qu’en (4).
     (
5) La BNF donne la même date, Bonvoisin donne 1658.
     (
6) C’est en fait le même ouvrage que le précédent (autre édition?).
     (
7) C'est l'ouvrage de Sébastien Bredet.
     (8) Hymnes dont l’une est déjà cité sous le numéro (1)..

      9. La vie des saints Martyrs Can, Cantien et Cantianille. Saint-Germain, 1747, in-12 de 136 pages (9).
     10. La vie des trois martyrs. Orléans, 1718 (10).
     11. Abrégé de la Vie des saints martyrs. Sens, 1781
(11).
     12. Office des saints Can, Cantien et Cantianille, 2e édition revue et corrigée. A Sens, chez P.-H. Tarbé, 1781, in-12 de 94 p. Contient la vie des saints martyrs et l’histoire des reliques d’Etampes (12).
     13. Abrégé de la vie des saints martyrs Can, Cantien et Cantianille, tiré du P. Mabillon et des Bollandistes. In-12 de 63 p. (S. d.)
(13)
     14. Notice historique sur le culte et les reliques des saints martyrs. (14)
     15. La Triade ou les martyrs d’Étampes, par Roquet, publiée d’après un manuscrit de la bibliothèque de l’Arsenal. (15)
     A cette liste on peut ajouter le livre de Simon Chauvin, imprimé en 1610, dont le titre nous est inconnu (1). (16)


[Extrait de la Rapsodie de Nicolas Plisson,
donné par Marquis pp. 408-428]

     [...] [p.422] [...]
Les patrons de la ville d’Estampes, saints Can, Cantien et Cantienne.— …Suit l’histoire des trois martyrs, celle de leurs reliques, et la translation d’une châsse dans une autre le 4 août 1282, leurs miracles, les processions, le livre de Simon Chauvin, avocat du roi à Étampes, imprimé en 1610…
     (9) Ouvrage cité par Bonvoisin.
     (10) Lisez 1748, ouvrage de Charles Jacob, cité par Bonvoisin.
     (11) Cet ouvrage est le même que le suivant, dont il n’est qu’une partie.
     (12) Marquis paraît avoir consulté cet ouvrage-ci.
     (13) Cet ouvrage paraît le même qu’en (11) et faire donc partie lui aussi du (12).
     (14) C’est celle de l’abbé Bonvoisin, de 1866.
     (15) Ouvrage cité par Bonvoisin.
     (16)
Marquis s’est embrouillé dans ses notes. L’ouvrage de Jean (et non Simon) Chauvin date de 1670 (et non de 1610)

     (1) Rapsodie. [Marquis a donné une édition partielle de ce document en Annexe à son ouvrage; nous donnons le passage considéré ci-contre.]
 
Les rues d’Étampes et ses monuments,
Étampes, Brière, 1881
, pp. 264-267 (et 422)
    
ANNEXE 8
Note de Léon Marquis sur la grosse cloche de Notre-Dame baptisée Cant en 1718
Les rues d’Étampes, 1881.
 
     «La grosse cloche, ou bourdon de Notre-Dame, date de 1718; elle a 1m 50 de diamètre, 1m 22 de hauteur et pèse environ 4,000 kilos.
     Une main montre l’inscription latine suivante, gravée sur son pourtour en caractères gothiques:

     Première ligne. — Mihi Canti nomen dedere magister Joannes Dansflelt presbiter et canonicis antiquior quimper annos sexaginta quinque et amplius.
     Deuxième ligne. — Huicce ecclesiæ summâ cum laude militavit et domina Maria Bredet clarissimi viri Petri Hemar Danjouan proprætoris uxor meritissima.
     Troisième ligne. — Lustravit me Dominus magister Michael Edwardus Guyonnet de Rouvray presbiter jurium doctor protonotarius apostolicus præses cantor.
     Quatrième ligne. — Et canonicus nec non regis Consilliarius in curie Stampensi *** magistro Juliano Jacobo prouvansal presbitero canonico procurante. Anno Christi M.DCC.XVIII.
     Cinquième ligne (au bas de la cloche). — Josepho Mainfroy, Joanne Buisson, Symphoriano Rousseau, Joanne Dauphin, ædituis. — Nicolas de la Paix, Jacoves et Louis de Claudiveau monfait.

     Au milieu, il y a deux vignettes. Sur la première on lit: N. de la Paix. I…r bum. Sur la deuxième est une croix de 30 centimètres de hauteur et trois personnages que nous supposons être les trois martyrs d’Étampes.

     Les rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, Brière, 1881,  pp. 278-279
     Voici la traduction de cette inscription: [p.279]
     Le nom de Cant m’a été donné par maître Jean Dansflelt, prêtre et doyen des chanoines, qui lutta depuis plus de soixante-cinq ans pour la gloire de son église,
     Et par dame Marie Bredet, femme très-méritante de très-illustre Pierre-*Hémar Danjouan.
     J’ai été purifiée (1) par maître Michel-Edouard Guyonnet de Rouvray, prêtre, docteur en droit, protonotaire apostolique, premier chantre et conseiller du roi en la Cour d’Étampes.
     Maître Julien Jacoves, prêtre, premier chanoine, étant pourvoyeur (2) de la fabrique et du chapitre. An du Christ 1718.
     Joseph Mainfroy, Jean Buisson, Symphorien Rousseau, Jean Dauphin, marguilliers.
     Nicolas de la Paix, Jacques et Louis de Claudiveau m’ont fait.
I. R. BVM
     * Trait d’union et orthographe étranges: Hémard est ici évidemment un patronyme.

     (1) Purifiée. Traduction littérale, plus exacte que baptisée.

     (2) Trésorier.
     On retrouve sur cette cloche, qui porte le nom de l’aîné des martyrs d’Étampes, plusieurs noms historiques:
     Marie Bredet était fille de Sébastien Bredet, magistrat d’Etampes. auteur de La Cantiade, mort à la fin du XVIIe siècle. Il était lui-même d’une famille d’avocats et de procureurs du roi au XVIIe siècle (3).
     Pierre Hémard Danjouan est le fils de René Hémard et le père de Charles-Claude Hémard, qui composa aussi, au commencement du XVIIIe siècle, une hymne en l’honneur des martyrs d’Étampes (4).
     Cette cloche a une forte brèche à la partie inférieure, ce qui lui a un peu faussé le son. L’accident est sans doute arrivé quand la cloche a été mise en branle trop rapidement, car la cassure existe où frappe le battant. Il est question de la remplacer par une autre de fabrication moderne et qui, sans être plus grosse, aurait le son plus grave, grâce à la forme perfectionnée apportée aujourd’hui à la fabrication


     (3) V. la note 1 bis. [Il faut lire sans doute 1 ter. Voici cette note bibliographique 1 ter (p.374):] 1 ter. Arrest de la cour des aydes pour les priviléges des officiers domestiques et commensaux de la maison de la royne pour le trafic de la marchandise, rendu au profit de P. Bredet contre les habitans d’Estampes. — Paris, 1624, petit in-8. Vendu à la vente Labbe par M. Claudin, en 1874.

     (4) V. précédemment. [Voyez notre Annexe 7.] [Voyez aussi la note bibliographique n°145 de Marquis (p.392) qui suit:] 145. Le Chien pêcheur ou le Barbet des Cordeliers d’Étampes, poème héroï-comique... suivi de trois hymnes sur SS. Can, Cantien et Cantienne, par Claude-Charles Hémard de Danjouan, précédé d’une notice biographique sur l’auteur par Paul Pinson. — Paris, Wilhem, 1875, pet. in-4 de 72 p.
   
    
ANNEXE 9
Notes de Léon Marquis sur l’argenterie de Notre-Dame au XVIIIe siècle
Les rues d’Étampes, 1881

     «En janvier 1760, le roi ayant jugé propos d’envoyer sa vaisselle d’argent à la Monnaie de Paris pour subvenir aux besoins de l’État, les seigneurs de la cour et plusieurs églises et communautés religieuses imitèrent son exemple. A cette occasion, la paroisse Notre-Dame envoya 19 marcs 4 onces d’argenterie, et la congrégation de Notre-Dame 57 marcs 4 onces 2 gros [en note: Mercure de France de 1760].
     Le 9 août 1792, il y eut un autre envoi à la Monnaie par les membres du directoire du district, composé de Charpentier, président, Héret, Venard et Crosnier. L’argenterie provenant des églises et des couvents fut pesée par Hugo, orfèvre, après qu’il en eut séparé le bois, le fer, le verre et les pierres fausses, savoir:  
     Chapitre Notre-Dame: un bâton cantoral, dont la tête pesait 4 marcs 6 onces, et le manche 5 marcs 1 onces 4 gros.
[...]».
     Les rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, Brière, 1881,  pp. 32-33
     «Le 25 novembre 1792 fut envoyée à la Monnaie de Paris, par les administrateurs et procureur du district d’Étampes, l’argenterie provenant des églises et des couvents.   
     Nous trouvons que cet envoi pour l’église Notre-Dame seulement comprenait: un encensoir, deux navettes avec deux cuillères attachées par une petite chaîne, 12 marcs 2 onces 6 gros; une Vierge d’argent, 7 marcs 6 onces 5 gros; deux burettes d’argent et leur plat, 4 marcs 1 once 5 gros; une lampe d’argent, 7 marc 7 onces 2 gros; trois tasses, 4 marcs 3 onces 3 gros; une jambe, 5 marcs 3 onces 7 gros; une croix de vermeil, 1 marc 3 onces ½ gros; plusieurs feuilles d’argent, vis, écrous, goupilles couvrant et servant à une châsse en bois, 34 marcs 4 onces 3 gros ½; une croix d’autel, déduction faite d’une once pour un morceau de fer greffé dans une bosse de la croix, 6 marcs 5 onces 2 gros; la garniture de deux bras de saints, 4 marcs 3 onces 4 gros ½; une croix de procession, 11 marcs 2 gros ½.
».
     Les rues d’Étampes et ses monuments, Étampes, Brière, 1881, pp. 272-273
    
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 363-367. Saisie: Bernard Gineste, 2007.
ÉLÉMENTS DE BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (1612-1674; religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2007.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Description de la Châsse (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c09.html, 2007.
 
Bibliographie sur les saint martyrs d’Aquilée et leur culte à Étampes

     Nous renvoyons ici la bibliographie du chapitre précédent: http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c08.html#bibliographie, 2007.


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