CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
La Maladrerie Saint-Lazare à Étampes
Étampes ville royale, chapitre III.12
1957
 
La fête Saint-Michel au début du 20e siècle (carte postale Royer n°139)
  La Foire Saint-Michel vers 1905 (cliché de Paul Royer)
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre III.12, pp. 134-135.
La Maladrerie Saint-Lazare
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Léon Guibourgé     LES LÉPREUX, LEUR HÔPITAL A ÉTAMPES, DONS ROYAUX, FOIRE SAINT-MICHEL.

     Au moyen âge, les pestiférés étaient nombreux. Cette maladie de la peste aurait été rapportée d’Orient à la suite des Croisades. A cause de la contagion de cette terrible maladie, le pestiféré était repoussé des villes et des campagnes. Exilé dans quelque ruines désertes ou maisons abandonnées, il errait solitaire, agitant sa crécelle pour éloigner les passants. Ceux-ci, en détour nant la vue, leur laissaient rapidement quelques aliments pour les empêcher de mourir de faim.

       C’est alors que la charité chrétienne vint en aide à ces malheureux. Elle créa un peu partout à l’entrée des villes, assez loin cependant pour empêcher la contagion, des maisons spéciales pour les recueillir, dites maladreries ou léproseries.

Étampes fut une des premières villes à posséder une maladrerie. Cette maison se trouvait sur la grande route de Paris, à l’entrée de la ville, un peu après l’endroit où étaient les Capucins, exactement où est aujourd’hui le café-hôtel Saint-Michel. Elle se mit sous la protection de saint Michel, patron de la ville, et de saint Lazare, patron de la maladrerie, d’où son nom de maladrerie Saint-Michel, ou plus communément de maladrerie Saint-Lazare.

     C’est le roi Louis Le Gros qui au commencement du XIIe siècle apporta son concours pour la construction et l’entretien de la maladrerie. On conserve de ce roi un acte de donation qui accorde «aux pauvres lépreux de la ville d’Étampes la quantité de terre suffisante pour le labourage d’une charrue au village de Boissy, un muid de froment, mesure de Paris, sur son moulin d’Arnatal d’Étampes, et deux muids de vin de ses vignes».

     Son fils Louis VII, dit le Jeune, les protégea également. Par des lettres patentes de l’an 1147 il les gratifie de nouvelles concessions. D’après dom Fleureau, il leur donne «une pareille quantité de terre, plus deux muids de blé, mesure de Paris à prendre dans ses greniers, et dix muids de vin dans sa cave, tous les ans au jour de saint Rémy, pour leur aider à vivre. Il leur accorde une foire qui se tiendrait le jour de saint Michel auprès de leur église Saint-Lazare, avec tous les droits de marché, qui luy pouvaient appartenir, pendant huit jours dans Étampes, et l’exercice de toute justice, excepté de la Haute, qu’il réserve à ses officiers; et sauve-garde pour ceux qui viendront à cette foire, tant en venant qu’en retournant, sans qu’ils puissent être arrêtés que pour crimes».

     A l’exemple de nos rois, plusieurs seigneurs des environs firent aussi des dons importants à la maladrerie, entre autres Thibault, comte de Blois et grand maître de la Maison du Roi.


     Les malades étaient bien soignés et recevaient de l’argent de poche. On voit dans les comptes une dépense de 10 sols parisis par chaque semaine à chacun des lépreux, qui étaient alors au nombre de quatre. Nous étions au XVIe siècle, la lèpre disparaissait. Les importants revenus de la maison furent donnés en partie, le 15 septembre 1576 par le roi Henri III au Collège d’Étampes qui manquait de ressources.

     Dans la suite, la maladrerie fut confiée à l’Hôtel-Dieu d’Étampes. A la Révolution, les bâtiments furent vendus avec leurs dépendances, le 14 Floréal an III à Mathieu Bourganel pour 32.090 fr. Aujourd’hui dans ce quartier Saint-Michel d’Étampes, il n’y a plus de vestiges de la maladrerie, mais il reste pour la ville d’Étampes le souvenir de la foire de Saint-Michel dont l’origine remonte à la fondation de cette maladrerie, et qui subsiste toujours, transportée sur la promenade du Port depuis l’année 1774, toujours florissante, reparaissant régulièrement chaque année en fin septembre pour la fête du saint patron d’Étampes. [p.136]
Ancienne Léproserie Saint-Michel (carte postale Rameau n°200)
Cliché d’Eugène Rameau

  
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Léon Guibourgé BIBLIOGRAPHIE

Éditions

       Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

    
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957. Réédition en fac-similé: Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997, pp. 134-135.

    
Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: La Maladrerie Saint-Lazare (1957)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes312maladrerie.html, 2004.

Sur la Maladrerie Saint-Lazare

     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la maladerie Saint-Lazare d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c21.html, 2006.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 134-135. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
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