CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
De la maladerie de saint Lazare d’Estampes. 
Antiquitez d’Estampes II, 21
1668
 
Ancienne Léproserie Saint-Michel (carte postale Ramean n°200)  
Ancienne Léproserie Saint-Michel (carte postale Ramean n°200) 
   
     Dom Fleureau traite ici de la Léproserie Saint-Lazare d’Étampes. Notez qu’il l’appelle maladerie, conformément à l’étymologie, et non maladrerie. Il édite et commente dix chartes médiévales relatives à cet établissement, tirées des archives qui existaient encore au XVIIe siècle. Elles vont de 1120 à 1312. Pour d’autres, il se contente de les citer ou de les résumer, en raison de leur moindre intérêt ou peut-être dans certains cas de leur état de conservation insuffisant.
     Nous donnons ci-après traduction de chacune de ces chartes, remises dans l’ordre chronologique, avec quelques notes. Deux seules de ces chartes à notre connaissance avaient déjà été traduites, l
une par Louis-Marin Vénard en 1787, lautre par François Guizot, en 1839.
     Ce travail m’a occupé plusieurs jours d’affilée. Il doit y rester des coquilles. Merci de votre indulgence et des critiques ou notes que vous voudrez bien nous adresser pour améliorer cette première édition en ligne du chartrier de la léproserie d’Étampes, qui est loin d’être définitive, mais qui sera peut-être déjà utile aux non latinistes.

     Nous donnons aussi en Annexe 12 et Annexe 13 ce que Léon Marquis et Frédéric Gatineau ont écrit çà et là de cette Léproserie, puis une petite Bibliographie.


     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Seconde partie, Chapitre XXI,
pp. 451-462.
De la maladerie de saint Lazare d’Estampes.
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


SECONDE PARTIE, CHAPITRE XIX. 
De la maladerie de saint Lazare d’Estampes.
 
UN peu au delà des Capucins du côté de Paris, on rencontre un autre lieu de pieté de plus ancienne fondation que la Commanderie de saint Jacques, appellé la maladerie de saint Lazare. Ce lieu a esté anciennement bâty & doté par la pieté de nos Roys, de quelques Seigneurs particuliers, & des habitans d’Estampes, pour y retirer & nourrir les Lepreux separez du commerce des autres personnes. L’Eglise dediée sous l’invocation [p.452] de saint Michel Arcange, & de saint Lazare Evêque de Marseille a esté enrichie de grands dons spiritucls par le Pape Clement V. lequel par une Bulle donnée en Avignon l’an septiéme de son Pontificat, a accordé à tous les Fideles de l’un & de l’autre sexe, qui vrayement penitens & confessez, visiteront cette Eglise & y feront des aumônes, les jours de la Nativité, Circoncision, Epiphanie, Resurrection, Ascension, & de la fête du Corps de Nôtre Seigneur, de la Pentecôte, de la Nativité, Annonciation, Purification, & de l’Assomption de la sainte Vierge, de la Nativité de S. Jean, & de la fête des Apôtres S. Pierre & S. Paul, la remission d’une année & d’une quarantaine des penitences qui leur auront esté imposées: & à ceux qui feront le semblable les jours des Octaves de ces fêtes, ou quelqu’un des six jours immediatement suivant la Pentecôte, cinquante jours seulement, & afin que les fideles ne doutent point du bon employ de leurs aumônes, ou qu’elles soient diverties à d’autres choses qu’à l’utilité de cette Eglise, & des pauvres malades, il defend à qui que ce soit de l’oser entreprendre, à peine d’encourir sa malediction, & de pouvoir jamais obtenir l’absolution de son peché que du saint Siege; après avoir actuellement satisfait & restitué les choses qu’il auroit prises, si ce n’est à l’article de la mort. Voicy la Bulle.sa
Armoiries de Clément V (© Fabio Ceresa 2004)
Armoiries de Clément V
(© Fabio Ceresa 2004)
Sacre de Bertrand de Goth, pape sous le nom de Clément V (miniature tirée de la chronique Villani © Rue des Archives/The Granger Collection NYC)


Sacre de Clément V en 1305
(miniature de la chronique Villani)
(© Rue des Archives/The Granger Collection NYC)






     Clemens Episcopus servus servorum Dei universis Christi fidelibus præsentes litteras inspecturis Salutem, & Apostolicam benedictionem. Licet is de cujus munere venit, ut sibi à fidelibus dignè & fideliter serviatur, de abundantia pietatis suæ, quæ merita supplicum excedit & vota, benè servientibus sibi multo majora retribuat quam valeant promereri: nihilominùs tamen desiderantes Domino reddere populum acceptabilem, & bonorum operum sectatorem, fideles ipsos ad complacendum & quasi quibusdam allectivis muneribus, indulgentiis, videlicet, & remißionibus invitamus,ut ipsi exinde reddantur divinæ gratiæ aptiores. Cupientes igitur ut Capella leprosorum sancti Lazari Stamparum Senonensis Diocœsis congruis honoribus frequentetur: & ut infirmi in dicta domo degentes sustententur: ac domus quæ utique sicut accepimus, reparatione indiget, non modicùm sumptuosa reparetur: & ut Christi fideles ad dictam Capellam causa devotionis confluant, & ad sustentationem infirmorum & reparationem domus hujusmodi manus proprias porrigant adjutrices, quo exindè ibidem uberiùs dono cælestis gratiæ conspexerint refectos, de Omnipotentis Dei misericodia & SS. Petri & Pauli Apostorum ejus auctoritate [p.453] confisi. Omnibus verè pœnitentibus & confeßis , qui in Nativitatis, Circumcisionis, Epiphaniæ, Resurrectionis, Ascensionis, Corporis Domini nostri Iesu Christi, Pentecostes: Nec non Nativitatis, Annuntiationis, Purificationis, & Assumptionis Beatæ Mariæ Virginis, & Nativitatis B. Ioannis, & BB. Apostolorum Petri & Pauli, prædictarum festivitatum Octavas & per sex dies dictam festivitatem Pentecostes immediatè sequentes, præfatam Capellam visitaverint annuatim, & ad sustentationem infirmorum & reparationem hujusmodi manus porrexerint adjutrices; singulis videlicet festivitatum & celebritatis unum annum & quadraginta dies: Octavarum verò & sex dierum prædictorum, quibus Capellam ipsam visitaverint & manus porrexerint adjutrices ut præfertur quinquaginta dies de injunctis eis pœnitentiis misericorditer relaxamus. Cæterùm ut omnia & singula quæ per eosdem fideles pro relaxationis hujumodi gratiæ consequenda offerri contigerit vel donari in usus ad quos donata vel oblata fuerint integrè convertantur, sub interminatione divini judicii districtiùs inhibemus, ne quis cujuscumque status, conditionis vel dignitatis existat, quidquam de donatis vel oblatis ipsis, sibi aliquatenùs appropriet vel usurpet. Si quis autem hoc attemptare præsumpserit non poßit à reatu præsumptionis hujusmodi ab aliquo, nisi apud sedem Apostolicam, ac satisfactione debita per eum de illis, quæ sibi appropriaverit vel usurpaverit, realiter priùs impensa; nisi in mortis articulo constitutus, absolutionis beneficium obtinere. Datum Avenione, VIII. Idus Iulii Pontificatus nostri anno VII. sigillatum sub plumbo. Exemple de charte de Clément V (1308)
Un privilège de Clément V

Bulle de Clément V (recto de ce sceau de plomb)
Bulle de Clément V (recto)

Bulle de Clément V (verso de ce sceau de plomb)
Bulle de Clément V (recto)

     Aprés avoir veu les biens spirituels de ce lieu de pieté, il faut parler des temporels, le premier bien-facteur de cet Hôpital, qui soit venu à ma connoissance est le Roy Louis VI. surnommé le Gros, lequel par le titre suivant, de l’an 1120. de son regne le XII. donne aux pauvres Lepreux de la ville d’Estampes, de la terre pour le labourage d’une Charuë au village de Boissy, avec un muid de bled Fourment mesure de Paris sur son Moulin d’Arnatal d’Estampes, au jour & fête de saint Remy: & deux muids de vin de ses vignes au temps des vendanges. Le Roy fit cette donation du consentement de Philippe son fils aîné, selon l’usage du temps, (c’est celuy qui fut écrasé par son cheval à Paris) en la presence des plus grands de sa Cour.

     In Christi nomine. Ego Ludovicus Dei gratia Rex Francorum: Notum fieri volo tàm futuris quàm & instantibus, quoniam pro animarum [p.454] patris mei, & matris meæ prædecessorumque nostrorum remedio infirmis, Stampensibus videlicet Leprosis, donavimus terram arabilem quantum sufficere uni carrucæ in villa Bußiaci: & modium frumenti parisiaci, in festo sancti Remigii, scilicet in Molendino apud Darnum stallum sito: & duos modios vini in vineis nostris, videlicet quando vindemiabuntur. Hoc autem ne valeat oblivione deleri scripto commendavimus, & ne possit à posteris infringi sigilli nostri auctoritate, nominis nostri charactere subterfirmavimus. Actum Castro Curiæ anno Incar. MCXX. Regni nostri 12. Adelaidis Reginæ 6. annuente Philippo filio nostro. Astantibus in Palatio nostro quorum nostra
[sic, lisez nomina] subtitulata sunt, & signa. Stephani Dapiferi, & Cancellari. Signa, Hugonis Constabularii. Guidonis Camerarii. Acta per manum Stephani Cancellarii.
Louis VI d'après un camée des années 1630
Louis VI (camée des années 1630)

Traduction en Annexe 2
     Louis VII. dit le Jeune, heritier de la pieté de son Pere, & successeur de son Roiaume ajoûta par ses Lettres patentes de l’an 1147 de son regne le 10. à ce don, qu’il avoit fait aux pauvres Lepreux d’Estampes, une pareille quantité de terre, au même lieu, & joignant la precedente: deux muids de bled fourment mesure de Paris à prendre dans ses greniers: & dix muids de vin dans sa cave tous les ans au jour de saint Remy pour leur aider à vivre. Il leur accorda une foire qui se tiendroit le jour de saint Michel, auprés de l’Eglise de saint Lazare, avec tous les droits de marché, qui luy pouvoient appartenir pendant huit jours dans Estampes, & l’exercice de toute justice, excepté de la Haute, qu’il reserve à ses Officiers: & sauve-garde pour ceux qui viendront à cette Foire, tant en venant qu’en retournant, sans qu’ils puissent être arrestez que pour crimes. La datte de cette concession n’est pas lisible, mais il est certain qu’elle a été faite avant l’an 1147. aussi bien que le don de l’usage du bois dans la forest de Montbardon le vieil, Montbardon le jeune; parce qu’il est fait mention de ces deux donations dans les lettres de sauve-garde que ce Roy accorda à la même Maladerie ladite année 1147. Ces titres meritent d’être veûs.

     In nomine sanctæ, & individuæ Trinitatis. Ludovicus Dei gratia Francorum Rex, & Dux Aquitanorum, omnibus in perpetuum. Æterna sine dubio retributione carere non posse confidimus quidquid ad sustentationem Pauperum Christi clementer impertimur. Eo nimirùm intuitu leprosorum Stampensium infirmitatem, & indigentiam benigna pietate considerantes, dignum duximus de redditibus nostris victui eorum aliquod perenne beneficium misericorditer providere. Donamus [p.455] igitur eis in perpetuum, & per præsentis paginæ auctoritatem quietè semper ac liberè poßidendum firmamus duos modios frumenti in granario nostro, Stampis: Et in Cellario decem modios vini in festo S. Remigii, absque omni contradictione, annis singulis persolvendos. Quod ut ita ratum inposterum inconcussumque permanent, scripto commendari, sigilli nostri impreßione signari, nostrique nominis subter inscripto charactere corroborari præcepimus. Actum publicè Parisius, an. ab Incarn. Domini MCXLVII. Regni verò nostri X. Adstantibus in Palatio quorum nomina subtitulata sunt, & signa. Radulphi Viromanduorum Comitis, Dapiferi nostri. Guillelmi Buticularii. Matthæi Camerarii. Matthæi Constabularii. Acta per manum Cadurci Cancellarii.

     Ludovicus ego Dei gratia Rex Francorum, & Dux Aquitanorum. Notum facimus universis præsentibus pariter & futuris, quod fratribus S. Lazari de Stampis, Feriam quamdam dierum octo, singulis in perpetuum annis, ad festivitatem B. Michaëlis juxta prædicti S. Lazari Ecclesiam donavimus atque conceßimus; ea nimirùm libertate quod nihil omninò nobis in ea retinemus: nihil penitùs in ea nostri capere poterunt Ministeriales, præter latronem, quem ideò à potestate nostra non dejicimus, ut debitam de illo justitiam faciamus. Euntes si quidem ad feriam istam in conducto nostro recipimus. Quod ut ratum habeatur in posterum sigilli nostri auctoritate muniri fecimus , & signari, &c.
Louis VII d'après un camée des années 1630
Louis VII (camée des années 1630)


Traduction en  Annexe 4


Sceau de Louis VII
Sceau de Louis VII



Traduction en Annexe 3

     In nomine sanctæ, & individuæ Trinitatis. Ludovicus Dei gratia Rex Francorum, & Dux Aquitanorum, omnibus in perpetuum. Ipsa nos humanæ conditionis hortatur infirmitas, Leprosorum angustiis, & egestatibus tanto majori humanitate compati quanto eos videmus acerbius in nostræ carnis humilitate torqueri: quo nimirùm intuitu leprosorum Stampensium utilitatibus ac quieti in posterum providentes, ipsos & universa quæ poßident ex dono prædecessorum nostrorum, vel ex eleemosinis quorumdam fidelium sibi collata, sub protectionis nostræ perenni tuitione suscipimus, & auctoritatis nostræ præcepto communimus; quorum hæc propriis duximus experimenta vocabulis. In terra Bußiaci terram arabilem quantùm sufficere poßit uni carrucæ, de dono patris nostri, & alteram carrucatam continuam in eadem villa, quam nos præfatis fratribus præposito dono contulimus Parisius. Modium frumenti in festo S. Remigii, in molendino videlicet apud Darnum stallum sito: & duos modios vini in vineis nostris, quando vindemiabuntur Stampis. Feriam octo dierum ad festivitatem S. Michaëlis. Ea [p.456] nimirum libertate quod nihil omninò nobis in ea retinemus præter latronem: omnes etiam euntes ad feriam istam, & redeuntes ab ipsa, in conducto nostro recipientes. Prætereà confirmamus eis nemus mortuum de Montebardon juvene, de Montebardon veteri ad omnes proprios usus. Hæc igitur omnia quæcumque in præsentiarum continentur liberè sibi in perpetuum poßidenda concedimus, & per præsentem munitionis nostræ paginam confirmamus. Quod in perpetuæ stabilitatis obtineat munimenta scripto commendari, sigillique nostri impreßione signari, nostrique nominis subter inscripto charactere fecimus consignari. Actum publicè Stampis anno ab lncarn. Domini MCXLVII. Regni verò nostri X. adstantibus in Palatio nostro quorum nomina subtitulata, & signa. Radulphi Comitis Viromanduorum Dapiferi nostri, Guillelmi Buticularii, Matthæi Camerarii, Matthæi constabularii. Data per manum Cadurci Cancellarii.

     Il se trouve deux autres confirmations de l’usage du bois: l’une de Louis d’Evreux, Comte d’Estampes, donnée Paris le XIV. Avril MCCCXIXC. [sic] avant Pâques: & l’autre de Jean, fils de Roy de France, Duc de Berry, & Comte d’Estampes, du VI. Decembre MCCCCIV.




Sceau de Louis VII

Sceau de Louis VII




Traduction en Annexe 5

     La diverse façon de parler de Louis le Gros, & de Louis le jeune son fils, en leurs lettres cy-dessus rapportées, est remarquable. Le premier dit qu’il donne aux pauvres Lepreux d’Estampes, infirmis Stampensibus videlicet Leprosis, & le second aux Freres de S. Lazare d’Estampes Fratribus S. Lazari de Stampis: parce que de cette diversité l’on infere que dans l’intervalle de ces deux concessions, qui ne peut avoir été que de vingt-sept ans, le gouvernement de cette Maladerie a été reglé sous un Maître, & des freres pour servir les Lepreux, qui vivoient en quelque sorte de communauté, & traitoient leurs affaires Capitulairement, comme on l’apprend de l’Acte suivant, par lequel ils demandent delay au Roy saint Louis de luy payer quarante livres parisis, qu’ils étoient obligez de luy donner à la fête de la Purification, jusques au jour de saint Remy suivant, auquel temps ils auront recueilly leurs fruits, dont ils pouront retirer de l’argent.

     Ludovico Dei gratia Regi Francorum Illustrißimo Capitulum sancti Lazari Stampensis salutem in præsenti, & gloriam in futuro, & semper de suis hostibus triumphare. Majestati Regiæ duximus Rex illustrißime ut de XL. lib. Paris. quas vobis ad instantem Purificationem Beatæ Mariæ Virginis tenemur persolvere, ad instans [p.457] festum sancti Remigii terminum concedatis misericorditer, & respectum: & tunc nostris collectis fructibus de primo fructu nostro super dicto debito vestrum beneplacitum faciemus. Datum sabbato post festum sancti Vincentii Anno Domini MCCXXXVI.

     Le plus illustre bienfacteur de cette Maladerie, aprés nos Rois, est Thibault Comte de Blois, & Grand Maître de la Maison du Roy, lequel du consentement de la Comtesse Alix sa femme, de ses deux fils Jacques, & Louis, & de ses deux filles Marguerite & Isabelle, donna aux Lepreux d’Estampes, dix muids de son vin de Chartres chaque année à perpetuité par le titre suivant de l’an MCLXXXIII.
Saint Louis IX d'après un camée des années 1630
Saint Louis (camée des années 1630)

Traduction en Annexe 10

     Ego Theobaldus Blesensis. Comes, & Franciæ Senescallus, notum facio universis, quòd pro remedio animæ meæ, &c. animarum Patris, & Matris meæ, Adelicia Comitissa uxore mea, filiisque, & filiabus meis, Ludovico, & Iacobo, Margarita, & Isabella laudantibus, & concedentibus, Leprosis Stamparum decem modios vini, singulis annis in redditu meo vini, Carnoti, in perpetuum dedi, reddendos eis semper in vindemiis. Quod ut ratum maneat semper, & firmum, litteris commendavi, & sigilli mei impositione confirmavi. Testes inde fuerunt Lambertus Saccus, Reginaldus de Roboreto. Herbertus Marescallus, Fulco Camerarius. Raginus [sic, lisez Raginaldus] Crispinus, Sancio Belellus, Herveus de Curvavilla Rag. Capellanus, Gaufridus Presbyter. Actum Stampis an. Incarn. Dominicæ MCLXXXIII. Data per manum Magistri Hildrici Cancellarii, & sigillatum.

     Par Lettres du 8. Octobre 1594. Alphonse d’Este, Duc de Ferrare & de Chartres, a abandonné le droit des Terreaux de Chartres, pour être déchargé de ces dix muids de vin de redevance, comme il est porté par un Arrest du Conseil du 29. Mars 1617. rendu entre Henry de Savoye, Duc de Nemours, & de Chartres, & François Hardy, Fermier du revenu de la Maladerie d’Estampes.
Blason de Thibault de Blois (© Odejea, Wikipédia)

Traduction en Annexe 7

     Manassés de Garlande, Evêque d’Orleans, aprés avoir fait tous ses efforts pour se faire adjuger une partie d’une Metairie assise en la Paroisse d’Audeville, que la maison de saint Lazare d’Estampes possedoit avec d’autres terres à Merobrés, que Guillaume Lisiard, & Milon d’Estampes les vieilles luy avoient données en aumônes; lesquelles ce Prelat soûtenoit être tenues de luy en fief, & que cette maison ne pouvoit pas les tenir sans son agrément: Il accorda tellement ce differend, que par le conseil, & à la priere [p.458] de plusieurs Gentils-hommes d’Estampes ses amis, & pour procurer du soulagement aux amis [sic, lisez: ames] d’Estienne de Garlande son frere, & de Jean Doyen, son Cousin, il consentit que la Leproserie jouît paisiblement, de tout ce qui luy avoit été donné: & qu’elle peût encore acquerir des terres pour le labourage d’une charuë, à la charge de payer tous les ans le jour des Morts, au Chantre de Pluviers, en sa place, dix livres de cire de quinze onces chacune: & trois autres de pareil poids par forme d’amende, en cas de delay de payement jusques au jour de S. Martin suivant, comme nous l’apprend le titre suivant.

Audeville, Sermaises et Merobes sur la carte de Cassini, édition de 1756

     Omnibus sanctæ Ecclesiæ curam gerentibus specialiter expedit, ut in omnibus actionibus suis opera imitentur charitatis, & eleemosinas suas tàm potentibus quàm impotentibus largiantur egenis: undè ego Manasses Dei gratia Aurelianensis Ecclesiæ Minister humilis, declarandum duximus universis tàm instantibus quàm futuris, quod lis, & contentio erat inter nos, & Domum sancti Lazari de Stampis. Nos quidem reclamabamus partem terræ de Audevilla quàm [sic] Theodoricus ejusdem villæ Presbyter diù excoluerat: nostro tamen juri non potuimus adprobare nisi……. uno. Reclamabamus etiam quod feodos nostros in prædicta villa absque assensu, & laude nostra poßidebant, videlicet villam de Mesrobrai, & eleemosinam Guillelmi Lisardi, & Milonis de Stampis veteribus. Tandem intuitu pietatis, & ob remedium animæ Domini Stephani de Garlanda, & Ioannis Decani fratris, & Cognati nostri: compulsus etiam carorum nostrum hominum, scilicet Stampensium composuimus ut terram prædictam teneant, videlicet Alledii, quam nostro dominio reclamabamus. Censuales fecimus eleemosinas prædictas de feodis nostris factas: Terram etiam ad unam carrucam arabilem, si quidem acquirere poterunt; laudavimus, & conceßimus tali siquidem pacto, quatenùs singulis annis ad festum Mortuorum decem ceræ libras, libras scilicet quindecim unciarum, Cantori Pitiviensi loco nostro, Ministeriales Domus prædictæ persolvant. Quod si tardi, & negligentes reddendi censum prædictum usque ad sequens festum Beati Martini extiterint, per tres ceræ libras ejusdem ponderis emendabunt, & prædicta pacificè poßidebunt. Actum publicè Pivieriis. anno Incarn. verbi MCLXIX. Regnante Lodovico, Ludovici filio, an. XXXIII. Episcopatus verò nostri anno XXIII. astantibus ex parte nostra Marseto Archidiacono, Gernaudo Succentore, Mauberto, Cadulæo sanctæ Crucis Canonicis. Michaële Sarginensi Cantore sancti Petri… Cantore ex parte infirmorum Milone de Stampis Veteribus; Roberto [p.459] de Catena, Federico de Gondrevilla, Guillelmo Gulduani, Reginaldo Bestira, Theobaldo de Papilione, Hugone infirmorum Cellerario. Data per manum Roberti Pitiveris Cantoris.
Traduction en Annexe 6
Audeville, Sermaises et Merobes sur la carte de Cassini, réédition de 1815

     Quelques années aprés le Prieur, & les Freres de cette Maison de saint Lazare acquirent de Guillaume de Champtembre Damoiseau, & d’Aalés sa femme vingt arpens de terre, assis en la même Paroisse d’Audevile [sic] mouvans du fief de Guillaume de Tignonville Chevalier, qui consentit avec Jeanne sa femme, qu’ils leur demeurassent a perpetuité, moiennant la somme de trente livres, & un denier, qui luy furent payées, pour son droit d’indemnité, comme il appert par Acte du mois d’Avril 1221. scellé du sceau de ce Chevalier.

     L’an 1209. Guillaume Bourguignel donna à cette Maladerie pour le salut de son ame, & de celle d’Emeline sa femme, & de ses pere & mere, du consentement de Thibault son fils, de ses autres enfans, & amis, & d’Isembert Curé, la dixme de toutes les terres labourables qu’il avoit à Villiers prés de Bauville [Lisez Bouville] voulant que le revenu fust employé à donner aux freres, & sœurs de cette Leproserie, tant sains que malades, quatre Oeufs tous les Vendredis de chaque Semaine, depuis la saint Remy, jusques au Carnaval, & deux Harengs depuis le Carnaval jusques à Pâques. En reconnoissance de laquelle aumône le Prieur nommé Simon, & tout le Chapitre de la maison de saint Lazare s’obligerent de leur bongré & par charité, de celebrer tous les Vendredis une Messe pour le repos des ames de leurs bienfacteurs, & autres cy devant nommez: & des anniversaires pour luy, pour sa femme, pour son pere, & pour sa mere, aux jours convenables. Ce que Robert Brucard, Chanoine de Sens, au nom, & comme Procureur de l’Archevêque approuva, au mois d’Aoust de la même année: & au mois d’Octobre suivant l’Archevêque luy-même, comme il appert par les titres suivans.

Bouville et Villiers sur la carte de Cassini, réédition de 1815

     Notum sit omnibus quod ego Vvillermus Burginellus pro redemptione animæ meæ, & animæ Emelinæ uxoris meæ, & patris mei, & matris meæ, & omnium prædecessorum meorum dedi & conceßi in perpetuam eleemosinam, assensu Theobaldi filii mei, & aliorum puerorum meorum Domui sancti Lazari de Stampis, & omnibus in servientibus decimam terræ meæ arabilis quam habeo apud Villiers juxta Bovillam, tali facta institutione, quod de hac præfata decima, Domus præfata debet ministrare omnibus fratribus, & sororibus ejusdem [p.460] domus, tàm sanis, quàm infirmis, omnibus diebus Veneris, à festo sancti Remigii usque ad carnis privium, quatuor Ova, à carnis privio usque ad Pascha, omni sexta feria duo Halecia; per ita quod si dicta decima ad hanc refectionem sufficere non potuerit domus prædicta de proprio perficiet: Si autem aliquod residuum affuerit, domui liberè remanebit. Prætereà dedit, & integrè conceßit unam hostiliam cum censu, & rentitia integra, quam habebat apud Stampas veteres. Simon verò Prior totumque ejusdem domus Capitulum panes, & capones quos habebant apud Fontenettes, & apud Ezarville eidem Vvillermo, ejus hæredi liberè quittaverunt. Simon siquidem domus prædictæ Prior totumque domus Capitulum benignè, & charitativè concesserunt dicto Vvillermo, pro redemptione animæ suæ, & uxoris suæ Emelinæ, & aliorum prænominatorum, singulis diebus Veneris celebrationem unius Missæ de fidelibus. Concedunt etiam in perpetuum eidem Vvillermo celebrationem anniversarii sui, & anniversarii uxoris suæ Emelinæ, & Patris sui, & Matris suæ annuatim diebus advenientibus. In cujus rei testimonium præsentem chartam conscribi, & sigilli Capituli, & nostri munimine fecimus roborari. Actum anno gratiæ MCCIX. Traduction en Annexe 8
Fontenettes et Ezarville sur la carte de Cassini, édition de 1815  

     Petrus Dei gratia Senonensis Archiepiscopus, dilectis filiis Magistro Simoni, & fratribus domus Leprosorum Beati Lazari Stampensis, salutem in vero salutari. Cùm nobis petitur quod justum est, vel quod videtur honestum, assensum nostrum ex injuncto nobis officio tenemur de facili impertiri. Eapropter, Carissimi in Christo filii, vestris justis postulationibus annuentes, Decimam omnium terrarum Villermi [sic] Borginelli [sic] arabilium, quas habet apud Villare juxta Bovillam, Vobis ab ipso, de assensu Isemberti Presbyteri de Villari, misericorditer collatam, secundum quod in litteris dilecti nostri Roberti Bocardi, quondam Archiepiscopalium procuraroris, perspeximus contineri, vobis & Ecclesiæ vestræ perpetuo poßidendam confirmamus, & præsenti scripti patrocinio donationem ipsius Decimæ communimus. Actum anno gratiæ MCCIX. mense Octobri.
Traduction en Annexe 8
Bouville et Villiers sur la carte de Cassini, édition de 1756

     Au mois de Janvier MCCXXXIV. Gautier de Nanteüil Seigneur de Boissy, du consentement de Marguerite sa femme, & de Jean son fils, pour le soulagement de leurs ames & de celles de leurs Parens consentit & approuva, en qualité de Seigneur de fief, que le Prieur & les Freres de la Leproserie d’Estampes, possedassent en main morte toutes les terres assises entre Boissy & Chandoux, tenantes à celles qu’ils avoient déja, qu’Odeline de [p.461] Boissy, vefve de Marc le Maire, dudit Boissy, Guerin, Hilaire, & Girard ses enfans, & Anseau son Nepveu, leur avoient vendus pour la somme de soixante livres parisis une fois payée, & trois muids de bled métail mesure d’Estampes, du meilleur de leur metairie chaque année, à ladite Odeline sa vie durant, dans la quinzaine d’aprés la saint Remy: à la charge de luy payer seulement tous les ans, & à ses heritiers cinq sols parisis de censive. Voicy cet acte d’amortissement.

Boissy le Sec et Champdoux sur la carte de Cassini, réédition de 1815

     Ego Galterus de Nantolio, Miles, & Dominus de Buxiaco, omnibus præsentes Litteras inspecturis notum facio quòd Odelina de Buxiaco, relicta Marci quondam Majoris de Buxiaco, Guerinus Clericus, Hilarius & Girardus Laïci, Fratres, filii dictæ Odelinæ, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ, in præsentia mea constituti, recognoverunt se vendidisse, & conceßisse Priori & fratribus Domus sancti Lazari Stampensis totam terram suam quam habebant inter Duxiacum [sic] & Chandoux, contiguam terræ dictorum Prioris & fratrum, pro sexaginta lib. Paris. jam solutis: & pro tribus modiis melioris mistolii de grangia dictorum Prioris & fratrum, ad mensuram Stampensem, dictæ Odelinæ, quamdiù vixerit, infra quindenam B. Remigii annuatim persolvendis: quam terram tenebant à me in feodo prædicti Odelina, & tres filii sui, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ. Predicti autem Odelina & tres filii sui, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ in manu dicti Prioris fidem præstiterunt corporalem, quod in prædicta terra, per se, vel per alios, jure hæreditario, vel alio modo nihil de cætero reclamarent: hanc autem venditionem & conceßionem, ut superiùs dictum est, factam volui, laudavi & ad preces bonorum virorum, assensu & voluntate Margaretæ uxoris nostræ, nobilis mulieris, & Ioannis filii mei, ob remedium animarum, nostrarum & parentum nostrorum, dictis Priori & fratribus sancti Lazari, in manu mortua, in perpetuum poßidendam conceßi pro quinque solidis paris. censualibus, & nihil ampliùs, mihi vel hæredibus meis, singulis annis, in festo Beati Remigii persolvendis in futurum. Post decessum verò dictæ Odelinæ, prædicti Prior & fratres à solutione trium modiorum mistolii liberi, quieti & absoluti remanebunt. Quod ut ratum & stabile permaneat, & memoriæ commendetur in posterum ad petitionem prædictarum partium præsentes Litteras sigilli mei munimine roboravi. Actum publicè anno Domini MCCXXXIV. mense Ianuanio.
Traduction en Annexe 9
     Pour ce qui est du Moulin de la maladerie, situé à Estampes les vieilles, au dessous de celuy de la Trinité, il a esté autrefois [p.462] donné à huit livres de rente par an, aux Ministres de cette maison, qui l’ont laissé tomber en ruine. Un titre du mois d’Octobre 1243. fait voir que le Prieur & les Freres de saint Lazare en ont acquis la moitié d’Adam de Berenville, Escuyer, & de Richaudis sa sœur, femme d’Arnoul de Gondreville, pour la somme de soixante & cinq livres parisis. Peut-être que l’autre moitié leur avoit esté auparavant donnée, & qui [sic] les obligea à faire cette acquisition.

     Je ne m’étendray pas davantage sur les donations, acquisitions, & autres droits de cette maladerie, pour n’avoir pû voir les tiltres qui en font mention, qui sont entre les mains de quelques particuliers.


  
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
NOTES

1) La Bulle de Clément V de 1312 (Voir Annexe 11)

Bulle de Clément V (recto de ce sceau de plomb)      Le Pape Clement V.... l’an septiéme de son Pontificat.  La bulle est datée d’Avignon le septième jour avant les ides de juillet, en la septième année du pontificat de Clément V, qui a été élu pape à Lyon le 5 juin 1305. Elle a donc été expédiée le 9 juillet 1312. Nous proposons en Annexe 11 une traduction de cette Bulle.

     Nativité (Noël, naissance du Christ): 25 décembre. Circoncision (du Christ, “huit jours” après sa naissance): 1er janvier. Épiphanie (visite du Christ enfant par les mages, baptême du Christ par Jean-Baptiste et miracle de Cana): 6 janvier, ou, en France, 1er dimanche après le 1er janvier. Resurrection (du Christ), dite aussi Pâques: le dimanche qui suit le 14éme jour de la lune, au plus tôt le 21 mars. Ascension (du Christ au ciel, “quarante jours” après sa résurrection): le jeudi 39e jour après Pâques. Fête du Corps de Nôtre Seigneur (dite aussi Fête-Dieu): 60 jours après Pâques. Pentecôte (effusion du Saint-Esprit sur les Apôtres “cinquante jours” après la Résurrection du Christ): le dimanche 49 jours après Pâques. Nativité (naissance de la Sainte-Vierge): 8 septembre. Annonciation (annonce par l’ange Gabriel à la Sainte-Vierge de la conception virginale en elle du Christ): 25 mars. Purification (de la Sainte-Vierge au Temple de Jérusalem après son retour de couches), dite aussi Présentation (du Christ au Temple) ou Chandeleur (fête des chandelles): 2 février. Assomption de la sainte Vierge (sa montée au ciel après sa semi-mort ou Dormition): 15 août. Nativité de saint Jean (de saint Jean-Baptiste, 6 mois exactement avant celle du Christ à Noël): 24 juin. Fête des Apôtres saint Pierre et saint Paul: 29 juin.

     
Licet is de cujus munere venit, etc.
Tout le préambule de cette Bulle et plus largement l’ensemble de sa structure et sa phraséologie sont totalement stéréoypés. On les retrouve tels quels dans de nombreuses bulles papales ou documents assimilés depuis au moins Grégoire IX en 1235. En avril 2006 il y avait déjà en ligne au moins dix bulles de cette famille, mises en ligne par des sites allemand, autrichien, italiens et espagnol, datant respectivement de 1235, 1252, 1257, 1284, 1287 (bis), 1289, 1381, 1392 et 1400. Nous avons réuni ces textes en Annexe 11
     L’examen de ce formulaire et de ses variantes permet au passage de voir sur le vif le fonctionnement de la chancellerie apostolique, qui recopie à la chaîne des formulaires où se sont parfois introduites des corruptions qui sont le plus souvent recopiées sans sourciller.
     Ainsi on écrit d’abord
ad complacendum ei quasi (1235, 1252, 1257, 1284, 1287, bis, et 1289) puis, par mégarde, ad complacendum et quasi. On pourrait croire à une erreur de lecture de Fleureau, mais cette erreur se retrouve en 1392 et en 1400, et la corruption est confirmée entre temps en 1381 par la correction maladroite d’un scribe qui a vu le problème mais corrigé incorrectement ad complacendum sibi quasi.

Bulle de Clément V (recto de ce sceau de plomb)      Populum acceptabilem, & bonorum operum sectatorem. Citation de la Lettre de saint Paul à Tite, chapitre 2, verset 14: (Jesus Christus) qui dedit semet ipsum pro nobis ut nos redimeret ab omni iniquitate et mundaret sibi populum acceptabilem sectatorem bonorum operum«Jésus Christ qui s’est offert lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se purifier un peuple agréable (c’est-à-dire susceptible d’être offert en offrande) et adepte des bonnes œuvres.» On notera que dans les parallèles en ligne du texte de cette bulle, la réminiscence biblique se réduisait originellement à populum acceptabilem (1235, 1252, 1257, 1284, 1287, bis, et 1289), tandis qu’elle n’est complétée par sectatorem bonorum operum qu’ultérieurement, en même temps que s’introduit la corruption et pour ei (1312, 1381, 1392 et 1400).

     Sigillatum sub plumbo. «scellé avec du plomb». Il s’agit de la fameuse «bulle», reproduite ci-contre, qui donne son nom  ce genre de document.

2) La charte de Louis VI de 1120 (Voir Annexe 2)


     Le titre suivant, de l’an 1120. de son regne le XII. Cette charte, dont Fleureau paraît avoir consulté l’original, disparu relativement récemment, nous est également connue par une copie du 14 mars 1787, faite par Louis-Marin Vénard, notaire royal au bailliage d’Étampes, qui est conservée aux Archives nationales sous la cote R4 998, avec une traduction par le même, dans le dossier «Étampes».
     Selon Dufour (p. 360, n. 2), «L’inventaire sommaire manuscrit des archives hospitalières d’Étampes de 1865 l’analyse et le décrit encore ainsi sous la cote “carton n°14”: “feuille simple en parchemin, longue et étroite; le sceau n’existe plus.” Le récolement effectué à partir de cet inventaire montre le déficit de cette pière, comme de nombreux autres titres des XIIe-XIXe siècle». Rappelons que nous avons mis en ligne l’Inventaire des archives anciennes d’Étampes par Marie-Anne Chabin de 1990.
     Sur la base de ces deux témoins (l’édition de Fleureau et la copie de Vénard) Jean Dufour en a donné en 1990 une nouvelle édition dans son Recueil des actes de Louis VI. Nous donnons son texte en regard de celui de Fleureau, et de notre traduction, en Annexe 2.

     Son Moulin d’Arnatal d’Estampes
. Graphie aberrante pour Darnatal (comme l’écrit d’ailleurs Fleureau p. 404). La charte porte: in molendino apud Darnum Stallum sito, «Au moulin situé au Darne Estal». Ce secteur s’appelle à Étampes Darnatal et non Darnétal comme l’écrit Dufour par distraction et par confusion avec le faubourg rouennais de ce nom. Le latin nous permet ici indirectement de remonter à l’étymologie de ce nom de lieu longtemps énigmatique. Darne représente l’ancien français Derrain et ses variantes dialectales Dergne, Dargne, Derne ou Darne, c’est-à-dire «dernier» pris en l’occurence au sens de «nouvel».
     
C’est ce que j’ai montré dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°7, pp. 119-120. Il s’agit (ici comme pour les autres Darnétal, Darnatal ou Darnestal de France), des nouvelles boucheries fondées par Philippe-Auguste, qu’on appelait aussi à Étampes ad novos stallos (chartes de 1246 et de 1274 citées par Fleureau pp. 128 & 136), «aux nouveaux étaux», comme on appela bien plus tard certains magasins Au bon marché, et Les Nouvelles Galeries.
     N. B. Les auteurs qui répercuteraient cette découverte étymologique, qui peut intéresser les historiens locaux de plusieurs villes de France, peuvent produire la référence suivante: Bernard GINESTE,
«Darnatal», in Cahier d’Étampes-Histoire n°7 (2005), pp. 119-120.

     Actum Castro Curiæ anno Incar. MCXX. Regni nostri 12. c’est-à-dire «donné au Castrum Curiae l’an de l’incarnation 1120 et le 12e de notre règne.» Le lieu désigné par le tour Castrum Curiae, «château de la cour (de justice)» est inhabituel et isolé, de sorte que Dufour, à la suite de Luchaire, se permet de corriger, malgré le témoignage des deux témoins qu’il suppose pourtant copiés sur l’original, le C initial en E, arrivant ainsi à Castro Evriae, «à Yèvre-le-Châtel». Mais dans la foulée il est aussi obligé de corriger la date de la douzième année du règne en treizième année du règne, XIII plutôt que XII (et donc après le 13 août plutôt qu’avant), par comparaison avec la seule autre charte de Louis VII datée de Yèvre-le-Châtel, qui porte cette leçon.
     Tout ceci est fort ingénieux, mais il me semble difficile que deux témoins indépendants du même texte original aient pu commettre les deux mêmes bourdes. Il est plus naturel de penser qu’il est ici question d’un château (castellum) qui a pour particularité de servir de siège à une cour de justice (curia); il est donc ainsi dénommé par rapport aux autres châteaux parisiens, et il s’agit déjà probablement du Châtelet. Le diminutif d’origine vulgaire castelletum ne sera en effet admis en latin qu’à partir du XIIIe siècle, au dire de Niermeyer.


3) Les trois chartes de Louis VII (Voir Annexe 3, Annexe 4 et Annexe 5)

Sceau de Louis VII      Fleureau donne dans le désordre trois chartes de Louis VII, qui a régné de 1137 à 1180: 1° une charte de 1147 qui accorde un rente de deux muids de blé et de dix muids de vin; 2° une carte dont la date n’était plus lisible de son temps et qui accorde un droit de foire; 3° une deuxième charte de 1147 qui confirme plusieurs donations antérieures: a) la charte de 1120 par laquelle Louis VI, père de Louis VII avait donné un premier champ à Boissy; b) une charte précédente de Louis VII lui-même, qui avait été donnée à Paris à une date non précisée (entre 1137 et 1147 donc), que Fleureau ne paraît pas avoir trouvée, et qui donnait un deuxième champ à Boissy-le-Sec; c) la précédente charte de la même année 1147 où Louis VII avait donné une rente de deux muids de blé et de dix muids de vin; d) un droit de ramasser le bois mort à Montbardon (dans l’actuelle commune de Richardville).
     Nous ne savons pas qui avait accordé ce dernier droit de ramassage du bois mort à Montbardon, dont Fleureau ajoute qu’il fut confirmé ultérieurement par Louis d’Évreux puis par Jean de Berry, ce qui donne à penser qu’il avait été formulé originellement par une charte spécifique de date et d’auteur inconnus: il peut aussi bien remonter à Louis VI, voire à l’un de ses prédécesseurs.
     Au total c’est donc au moins quatre chartes qui avait été données par Louis VII à la léproserie Saint-Lazare d’Étampes: les deux premières avant 1147 (la deuxième de Fleureau, et une autre, qu’il n’a pas pu retrouver); les deux autres de 1147, la dernière récapitulant toutes les précédentes.

     Une foire... avec... l’exercice de toute justice, excepté de la Haute. Fleureau a déjà fait allusion à ce droit de justice au chapitre XVIII de la première partie, p. 32: «La Maladrerie de S. Lazare a Justice, moienne, & basse, en titre de Prevôté, le jour de la Foire de S. Michel, au lieu où elle se tient.»

4) La requête à saint Louis IX en 1236 (voir Annexe 10)

5) La charte de Thibault de Blois de 1183 (Voir Annexe 7)

Blason de Thibault de Blois (© Odejea, Wikipédia)      Thibault (ou Thibaud) de Blois. Il s’agit de Thibault V dit le Bon (1130-1191), comte de Blois et de Chartres, fils de Thibault IV dit le Grand (1093-1051). En 1152, il hérita de son père les comtés de Blois et de Chartres, tandis que son aîné Henri Ier recevait la Champagne. Devenu Sénéchal de France et veuf de Sybille de Château-Renard, il épousa en 1164 Alix de France (1151- après 1195), fille de Louis VII (1100-1154) et de sa première épouse Aliénor d’Aquitaine (1122-1204). Elle lui donnera sept enfants. Il mourra lors de la troisième croisade, devant Acre.

      Theobaldus... Isabella... Raginus (sic) Crispinus. Raginus constitue vraisemblablement une erreur de lecture de Fleureau qui aura mal résolu une abréviation de Raginaldus (quelques mots plus loin il porte carrément pour un homonyme: Rag. Capellanus).
     En effet c’est bien un Renaud Crépin, personnage bien connu à Chartres, qui apparaît comme témoin dans une autre charte de Thibault de Blois au bénéfice de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, aux côtés des mêmes
Lambertus Saccus et Sancio Belellus (charte éditée en 1857 par Luc Merlet et Auguste Moutié, et mise depuis en ligne par l’École Nationale des Chartes, http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte81), et que nous avons reproduite en Annexe 7.
     Voici les trois notes que porte Luc Merlet à cette charte en faveur de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, et qui valent aussi pour la nôtre:
     «
1. Le P. Anselme (tome II, page 845) dit que Thibaut mourut peu de temps après l’an 1182.
     «2. Le P. Anselme en citant Isabelle parmi les enfants de Thibaut, comte de Blois, la nomme Élisabeth, et dit qu’elle épousa Sulpice, seigneur d’Amboise.
     «3. Ce Renaud Crespin appartenait à une famille illustre de Chartres. Vers l’année 1180, étant sur le point de partir pour Jérusalem, il donna à la léproserie du Grand-Beaulieu, du consentement de sa femme Gillette, un des étaux qu’il possédait dans la rue de Bourc à Chartres. Plus tard, en 1196, nous le retrouvons maréchal de Louis, successeur du comte Thibaut (...). L. M.»
     Le Cartulaire de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay a encore conservé une autre charte de Thibault de Blois de 1178 d’après un vidimus de 1255 (voyez http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte50, en ligne en 2006).

     Reginaldus de Roboreto. «Renaud de Rouvray». Mais de quel Rouvray s’agit-il ici? Il se présente au moins deux possibilités:
     1) Notre Renaud de Rouvray, cité ici 1187, serait apparenté
à un Jean de Rouvray que Philippe Auguste fit en 1197 seigneur de Poigny et Auffargis, qui s’illustra à Bouvines en 1214, et qui amortit en 1229 une donation faite sur ses fiefs à Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, dans le diocèse de Chartres, ainsi qu’à son fils probable Henri de Rouvray, que l’on voit seigneur d’Auffargis en 1250 (Voyez ce qu’on écrit Auguste Merlet dans son édition en 1867 du Cartulaire de Notre-Dame des vaux-de-Cernay, pp. 280-281, mise en ligne par l’École Nationale des Chartes, http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte304/ , en ligne en 2006). Il s’agirait alors selon selon toute apparence du Rouvray qui est dans le canton de Vernon, dans le diocèse d’Évreux, 124 km d’Étampes.
     2) Deuxième possibilité: il s’agirait de Rouvray-Saint-Denis, dans le diocèse de Chartres, à seulement 27 km d’Étampes où l’acte est rédigé.


     Herveus de Curvavilla. Hervé de Courville-sur-Eure, à 18 km à l’est de Chartres.

6) La charte de Manassé d’Orléans de 1169 (Voir Annexe 6)

     Manassés de Garlande, Evêque d’Orleans. Manassé de Garlande, a été évêque d’Orléans de 1146 à 1185. Le Cartulaire de Sainte Croix d’Orléans contient de nombreuses autres chartes de lui, dont l’une de cette même année 1169, que Joseph Thillier donne en note dans l’introduction à son édition de ce Cartulaire (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/scroix/pageCX/ et suivante).

     D’Estienne de Garlande son frere, & de Jean Doyen, son Cousin. Le texte de Fleureau est ici ambiguë. Il faut prendre ici Doyen comme la dignité du dit Jean, plutôt que son patronyme.

     Cet Étienne de Garlande, frère de Manassé, quoi qu’on en ait écrit, n’est pas à confondre avec son célèbre homonyme évêque de Beauvais en 1100, puis archidiacre de Paris, et chancelier de Louis VI de 1106 à 1128, qu’on fait mourir vers 1142. On voit mal en effet comment Manassé, mort vers 1185, pourrait être le frère d’un personnage qui était évêque dès 1100. Dans le Cartulaire de Sainte-Croix d’Orléans édité par Thillier il est fait de nombreuses mentions du doyen Étienne, de 1110 à 1155, date de sa mort (p. 16).

     Jean, cousin de Manassé (probablement du côté maternel puisquil ne paraît pas un Garlande), succède à Étienne comme doyen du chapitre de Sainte-Croix d’Orléans. C’est ce Jean qui a conclu en 1155 au nom du chapitre un accord avec Herbert le Vallet au sujet de la Forêt-Sainte-Croix en Étampois (cf. Alain DEVANLAY, in Cahiers d’Étampes-Histoire 7, p.61). La dernière charte connue de Jean est de cette même année 1169 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/scroix/pageCX/ et suivante), année de sa mort puisque nous entendons ici parler du salut de son âme en même temps que de celle d’Étienne. Son successeur sera Hugues, neveu de Manassé (p. 170) dont le frère, pour sa part chevecier du chapitre, s’appelle aussi Manassé comme son oncle. On est en plein népotisme.


     Ob remedium animæ Domini Stephani de Garlanda, & Ioannis Decani fratris, & Cognati nostri. Cette sorte de «dédicace» de la charte de Manassé à ses défunts frère et cousin Étienne de Garlande et Jean, anciens doyens du chapitre, se retrouve encore dans des chartes de 1176, alors que ce sont désormais ses neveux Hugues et Manassé qui sont doyen et chevecier: pro remedio anime nostre et Stephani de Garlanda et Johannis decani bone memorie (p.167), pro remedio anime nostre et Stephani de Gallanda, et pretaxati Johannis decani (p.170), pro anime nostre et Johannis decani bone memorie cognato nostri remedio (p.174).


     
Michaële Sarginensi Cantore sancti Petri. Michel de Sergines (à 20 km au nord de Sens) chantre de l’abbaye Saint-Pierre de Sens.


     Milon d’
Estampes les vieilles (de Stampis veteribus). Rappelons que cette locution dans les chartes latines, et dans la langue de Fleureau, désigne le quartier Saint-Martin d’Étampes, par suite d’une mauvaise rétroversion en latin du toponyme Les vez Estampes («les gués d’Étampes») compris les veiz Estampes («Les vieilles Étampes»), confusion qu’on observe en plusieurs autres endroits de France (Pithiviers-le-Vieil, le Vieux Rouen, le Vieil Amiens, etc.), comme je l’ai montré dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°6 (2004), pp. 72-75.

     Roberto de Catena. Ce Robert de Catena est cité en 1169. Comment faut-il entendre de Catena? L’abbé Lebeuf (dans son Histoire de Paris, 1757), parlant de Montlhéry (http://montlhery.com/lebeuf5.htm) signale un acte de 1154, apparemment dans le Cartulaire de Longpont, où l’on voit qu’un Jean de Catena était alors abbé de l’église saint-Pierre du château de Montlhéry. Lebeuf traduit littéralement «Jean de la Chaîne, De Catena», sans doute en désespoir de cause. Notons qu’on trouve aussi dans le même cartulaire un «Anseau fils d’Archembault de Catena», dans un acte que nous avons mis en ligne et qui date approximativement de 1140 (http://www.corpusetampois.com/cls-12-cartulairedelongpont.html, acte XIX).

     Federico de Gondrevilla. «Ferry de Gondreville». On trouve trois Gondreville dans le Loiret: une commune proche de Montargis, à 75 km d’Étampes; un lieu-dit de la commune d’Auxy, à 55 km dans la même direction de Montargis, après Pithiviers; un lieu dit enfin de la commune d’Andonville à 26 km au sud d’Étampes, tout près de l’actuel département de l’Essonne et relevant de l’ancien bailliage d’Étampes: c’est très vraisemblablement de ce dernier lieu qu’est originaire le dit Ferry, puisqu’il fait partie des témoins étampois.

     Theobaldo de Papilione. «Thibault du Pavillon» (et non «Thibault de Papillon» comme le porte Fleureau par distraction p. 128). Voyez notre Note au chapitre 29 de la première partie sur cette famille étampoise de Papilione. La famille du Pavillon est clairement étampoise aus XIIe et XIIIe siècles.

7) La charte de Guillaume Bourgueignel (Voir Annexe 8), et sa confirmation par Pierre de Sens en 1209 (Voir Annexe 8b)


     L’an 1209. Guillaume Bourguignel… Emeline sa femme… ses pere & mere… Thibault son fils… ses autres enfans… Que savons-nous de cette famille étampoise des Bourguinel ou Bourgueignel ou peut-être Bourgueigneux? La charte de Guillaume porte Vvillermus Burginellus. La charte de confirmation donnée par Pierre de Sens porte une rétroversion latine légèrement différente: Villermi Borginelli.
       Un autre membre de cette famille est Jean Bourgueignel, qui fut chambellan de saint Louis.
       Le 8 juin 1253 Saint-Louis, voulant récompenser son chambellan, achète à Berthault Cocalogon, seigneur de Femerez au Perche, près de Chateauneuf en Thymerais, une seigneurie, dépendante de celle de Dourdan pour l’offrir à Jean Bourgueignel et à sa femme Marguerite, après avoir rattaché le village au baillage d’Orléans. Jean Bourgueignel la revend en octobre 1266 aux religieuses de l
abbaye de Longchamp. Un vidimus de 1299 édité en 1869 par Guyot dans son Histoire de Dourdan porte lorthographe française suivante: Jehan Bourgueignel. Il a récemment été mis en ligne sur le site Wikipédia à l’article «Les Granges-le-Roi», http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Granges-le-Roi, en ligne en 2006
       Une autre charte en date de mai 1274, éditée par Fleureau (pp. 419-420), donnée par Philippe III le Hardy (1270-1285), fils de saint Louis IX (1226-1270) nous fait connaître que le même Jean Bourgueignel, depuis décédé, avait donné par testament «trente-neuf livres de cens annuel & perpetuel, avec les droits qui en dependoient, mouvant en fief du Roy, à prendre sur plusieurs heritages assis à Estampes, & au-dedans de la banlieuë, lequel cens il avoit acquis de Philippe de Veres & d’Eremburge sa femme, pour la dotation de deux Chapellenies, qu’il ordonna étre fondées dans l’Hôtel-Dieu d’Estampes, pour prier Dieu pour le repos de l’âme du Roy, de la sienne, & de celle de Marguerite sa femme».
     La charte transcrite par Fleureau porte alors Ioannes Burguineus de Stampis, ce que notre auteur rend erronément dans son commentaire par «Jean de Bourginel», orthographe malheureusement reproduite par Alliot dans son édition partielle du Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes (p. 25), et il est alors qualifié de quondam serviens de saint-Louis, ce qui est compatible avec la charge de chambellan.
     Nous sommes donc en présence d’une grande famille étampoise de la deuxième moitié du XIIe siècle et de la première moitié du XIIIe. En 1209, la donation de Guillaume à la léproserie d’Étampes mentionne en effet non seulement ses père et mère, mais aussi «tous nos prédécesseurs». La famille est alors possessionnée non seulement à Villiers près de Bouville mais à Fontenette
(commune dAbbéville-la-Rivière) et Ézarville, c’est-à-dire aux quatre coins du pays étampois. En 1253, Jean est déjà depuis au moins plusieurs années chambellan de Louis IX et se voit attribuer une seigneurie du pays de Dourdan rattachée pour l’occasion au bailliage d’Orléans; mais il revend ultérieurement, en 1266. Nous le voyons concurremment acquérir différents biens à Étampes même (apud Stampas) et dans sa banlieue (infra banleucam), peut-être pour recentrer les biens de la famille et en faciliter la gestion. Il poursuit à sa mort la tradition familiale d’évergétisme local en fondant deux chapellenies à l’Hôtel-Dieu d’Étampes.
      Il est a espérer que la documentation largement inexplorée, ou inexploitée, qui nous a été conservée sur le Moyen Age étampois, nous réserve encore beaucoup d’informations sur cette famille étampoise des Bourguinel.


Harengs Harengs      Carnis privium. «Mardi gras». Ce terme barbare (puisque privium, qui dérive sans doute de privus et signifie probablement «privation» n’existe pas en latin naturel) s’écrit aussi Carnisprivium ou Carniprivium et désigne le Carême-prenant (c’est-à-dire commençant), autrement dit mardi gras, autrement dit carnaval, c’est-à-dire le dernier jour gras avant le Carême, qui commence au «mercredi des cendres». On trouve aussi pour dire la même chose Carnislevarium (en vieil italien Carneleva, d’où par métathèse Carnavale).

     Duo Halecia.
Une des graphies du latin médiéval pour «hareng», mot toujours neutre mais d’orthographe et de déclinaison variable: alec, allec, allex (G. -ecis), allecium, allecum, allexium (G. -ii), sur la base du latin antique (h)al(l)ec ou (h)al(l)ex (G. -ecis), qui désignait une préparation culiaire à base de poisson décomposé. Une charte de Louis VII en date de 1179, donnée par Fleureau p. 119, utilise une autre dénomination plus proche de la langue parlée: exceptis harengis, «excepté les harengs», mot d’origine germanique passé dans le latin dès le IIIe siècle sous la forme aringus (Niermeyer attestant aussi les formes médiévales suivantes: harengus, haringus, harengium et  haringium).

     Hostiliam. Ce mot féminin hostilia, -ae, inconnu du Dictionnaire de Blaise est référencé par celui de Niermeyer sub verbo «hospitolium» avec pour variante hostiolum; c’est donc un diminutif de hospitium, mot dont le sens est malheureusement assez flottant, «logis», ou même «hostise», tenure d’un hôte.

     Apud Stampas veteres.  «A Étampes les Vieilles», c’est-à-dire dans le quartier Saint-Martin, comme expliqué plus haut.

     Rentitia. Ce mot féminin rentitia, -ae, est inconnu des Dictionnaires de Blaise et de Niermeyer, qui connaissent seulement les mots rentagium «cens» et rentale, «censier, pouillé». Le Lexique de l’Ancien français de Godefroy (édition de 1901) atteste p. 450 trois substantifs féminins qui signifient «rente»: rent, renterie et rentition. Le latin rentitia doit en refléter un quatrième, *rentise.

     Missa de fidelibus. Le sens de cette expression reste à préciser; il s’agit probablement d’une messe dite en faveur des simples fidèles. Dans le règlement de l’Hôtel-Dieu de Troyes, qui date de 1263 et qui a été mis en ligne par un site allemand, http://mittelalter-hospitaeler.de/editionen/trolat.html, on trouve l’injonction suivante dans la partie qui concerne les malades: Numquam detur corpus eius sepulture, nisi pro ipso missa de fidelibus celebretur, si possit sine periculo fieri:
«Qu’on ne donne jamais de sépulture à son corps tant qu’on n’aura pas célébré pour lui une messe de fidelibus, si cela peut se faire sans péril.»

     Roberti Bocardi quondam  Archiepiscopalium procuratoris. Dans son introduction, Fleureau a pourtant écrit Robert Brucard, Chanoine de Sens (p.459). Il y a donc une faute, soit dans sa transcription, ou bien dans son introduction.

7) La charte de Gauthier de Nanteuil de 1235 (Voir Annexe 9),

     Au mois de Janvier MCCXXXIV. Fleureau n’a pas pris garde que cette date est donnée par le document latin qu’il cite dans l’ancien style, où l’année commence début mars et finit fin février. Il faut donc comprendre en janvier 1235 et non 1234.

     Ego Galterus de Nantolio... assensu... Ioannis filii mei. «Moi Gauthier de Nanteuil... avec l’accord... de mon fils Jean». Le Cartulaire de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, édité par Luc Merlet et Auguste Moutié en 1857 et mis en ligne depuis par L’École Nationale des Chartes, à conservé une autre charte de Gauthier de Nanteuil datée de mars 1226 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte279/, en ligne en 2006).
     De son côté le Cartulaire de l’abbaye de Notre-Dame de la Roche, édité par Auguste Moutié en 1846 et mis également en ligne depuis par L’École Nationale des Chartes, à conservé plusieurs chartes de Jean fils de Gauthier en date de juillet 1248 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte27/), mars 1239
(http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte28/), janvier 1244 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte29/), août 1245 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte59/), août 1252 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte60/), et d’autres chartes où il est encore cité, en mars 1251 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte64/), mars 1251 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte65/), mars 1246 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte120/), en ligne en 2006.

B.G.
ANNEXE 1
CHARTRIER VIRTUEL DE SAINT-LAZARE D’ÉTAMPES

Merci de nous faire connaître d’autres éditions de ces chartes
 ou d’autres chartes relatives à Saint-Lazare non citées par Fleureau



Date
Auteur
Sommaire
Éditions connues
1
1120, Yèvre-le-Châtel (?)
Louis VI le Gros, roi de France
Don à la léproserie d’un champ à Boissy-le-Sec
Fleureau, pp. 453-454; Dufour, Recueil des actes de Louis VI, t. 1, 1992, pp. 359-361.
2
entre 1137 et 1147, à Paris Louis VII le Jeune, roi de France
Don à la léproserie d’un deuxième champ à Boissy-le-Sec
Acte cité par l’acte 5
3
entre 1137 et 1147, en un lieu inconnu
Louis VII le Jeune, roi de France
Concession à la léproserie d’une foire qui se tiendra à la Saint-Michel.
Fleureau, p. 455
4
1147, Paris
Louis VII le Jeune, roi de France
Don à la léproserie de deux muids de blé et de dix muids de vin à percevoir chaque année à Étampes
Fleureau, pp. 454-455
5
1147, Étampes
Louis VII le Jeune, roi de France
Confirmation à la léproserie des quatre donations précédentes.
Fleureau, pp. 455-456.
6
1169
Manassé, évêque d’Orléans
Compromis après contestation de donations faites à la léproserie
Fleureau, p. 458-459
7
1183
Thibault V de Blois
Don à la léproserie de dix muids annuel de vin de Chartres Fleureau, p. 457
8
1209
Guillaume Bourgueignel
Don à la léproserie de la dîme d’une terre à Bouville, pour acheter des œufs et des harengs aux malades, et d’une petite tenure à Étampes les Vieilles, contre la remise de droits en nature à Fontenette et Ézarville, et contre des messes anniversaires.
Fleureau, p. 459-460
9
octobre 1209
Pierre, archevêque de Sens
Autorisation de la transaction précédente
Fleureau, p. 460
10
avril 1221
Guillaume de Tignonville
Armortissement d’une vente à la léproserie de 20 arpents de terre à Audeville par Guillaume de Champtembre
Mentionné et résumé par Fleureau, p. 459.
11
janvier 1235
Gauthier de Nanteuil
Amortissement d’une vente à la léproserie par Odeline de Boissy de terres assises entre Boissy & Chandoux.
Fleureau, p. 461
12
samedi après la Saint-Vincent 1237
Chapitre de saint-Lazare
Requête auprès de (saint) Louis IX d’un délai pour le paiement du cens
Fleureau, pp. 456-457
13
octobre 1243
Adam de Bérenville
Vente à la Léproserie de la moitié d’un moulin
Mentionné et résumé par Fleureau, p. 462.
14
9 juillet 1312, Avignon
Clément V, pape
Privilège accordant des indulgences à ceux qui visiteront saint-Lazare et feront des offrandes en faveur des lépreux et de la chapelle
Fleureau, pp. 452-453
15
14 avril 1319, Paris
Louis d’Évreux, comte d’Étampes
Confirmation de l’usage du bois de Montbardon.
Mentionné par Fleureau, p. 456
16
6 décembre 1404
Jean de Berry, comte d’Étampes
Confirmation de l’usage du bois de Montbardon.
Mentionné par Fleureau, p. 456
17
8 Octobre 1594
Alphonse d’Este, Duc de Ferrare & de Chartres
Abandon du droit des Terreaux de Chartres pour être déchargé de la redevance en vin accordé en 1183 Mentionné par Fleureau, p. 457, d’après l’acte suivant.
18
29 mars 1617
Conseil du Roi
Arrêt rendu entre Henry de Savoie, duc de Nemours et de Chartres, et François Hardy, fermier du revenu de la Maladerie d’Étampes
Mentionné par Fleureau, p. 457.
19
1768

Quittance du responsable de la rénovation du terrier du fief Saint-Lazare pour l’hôtel-Dieu
Archives municipales d’Étampes, AA 16.

ANNEXE 2
TRADUCTION DE LA CHARTE DE LOUIS VI DE 1120

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Texte latin donné par Dufour (1993)
Traduction provisoire de B. G. (2006)
     In Christi nomine. Ego Ludovicus Dei gratia Rex Francorum: Notum fieri volo tàm futuris quàm & instantibus, quoniam pro animarum [p.454] patris mei, & matris meæ prædecessorumque nostrorum remedio infirmis, Stampensibus videlicet Leprosis, donavimus terram arabilem quantum sufficere [Ø] uni carrucæ in villa Bußiaci: & modium frumenti parisiaci, in festo sancti Remigii, scilicet in Molendino apud Darnum stallum sito: & duos modios vini in vineis nostris, videlicet quando vindemiabuntur. Hoc autem ne valeat oblivione deleri scripto commendavimus, & ne possit à posteris infringi sigilli nostri auctoritate, nominis nostri charactere subterfirmavimus. Actum Castro Curiæ anno Incar. MCXX. Regni nostri 12. Adelaidis Reginæ 6. annuente Philippo filio nostro. Astantibus in Palatio nostro quorum nostra [Lisez nomina] subtitulata sunt, & signa. [Ø] Stephani Dapiferi, & Cancellari. Signa, Hugonis Constabularii. Guidonis Camerarii. [Ø] Acta per manum Stephani Cancellarii.
     In Christi nomine. Ego Ludovicus Dei gratia Rex Francorum. Notum fieri volo tam futuris quam et instantibus quoniam, pro animarum patris mei et matris meae predecessorumque nostrorum remedio infirmis Stampensibus videlicet leprosis donavimus terram arabilem, quantum sufficere poterit uni carrucae, in villa Bussiaci et modium frumenti parisiaci in festo sancti Remigii, scilicet in molendino apud Darnum Stallum sito, et duos modios vini in vineis nostris, videlicet quando vindemiabuntur. Hoc autem ne valeat oblivione deleri, scripto commendavimus et, ne possit à posteris infringi, sigilli nostri [p.361] auctoritate, nominis nostri charactere subterfirmavimus. Actum Castro Evriæ [sic corr. Luchaire & Dufour] anno Incarnationis MCXX, regni nostri duodecimo. Adelaidis reginae sexto, annuente Philippo filio nostro. Astantibus in palatio nostro quorum nomina subtitulata sunt et signa. [Signum] [sic, conj. Dufour] Stephani dapiferi et cancellari. Signa Hugonis constabularii, Guidonis camerarii, Gilberti buticularii. Data  [Data corr. Dufour] per manum Stephani Cancellarii.
(Monogramma)
    Au nom du Christ. Moi, Louis par la grâce de Dieu roi des Francs, je veux qu’il soit connu tant des gens présents qu’à venir que, pour le salut des âmes de mon père et de ma mère ainsi que de nos prédécesseurs, nous avons donné aux malades d’Étampes, à savoir aux lépreux, une terre à cultiver d’une surface qui puisse suffire à une seule charrue, dans le domaine de Boissy, et un muid parisien de blé à la fête de saint Rémi, à savoir au moulin sis au Darne Estal (Darnatal), et deux muids de vin dans nos vignes, à savoir lorsqu’on fera les vendanges. Pour que cela ne puisse être détruit par l’oubli, nous l’avons fait mettre par écrit, et pour que cela ne puisse être enfreint par la postérité, nous l’avons ci-dessous certifié par l’autorité de notre sceau, par le monogramme de notre nom. Fait au château de la Cour [au Châtelet] l’an de l’incarnation 1120, l’an 12 de notre règne, l’an 6 de celui de la reine Alais, du consentement de notre fils Philippe, étant présents dans notre palais ceux dont sont ci-dessous portés les noms et les marques: du sénéchal & chancelier Étienne. Marques du connétable Hugues, du chambrier Guy. Fait de la main du chancelier Étienne.
Sceau de Louis VI
Sceau de Louis VI
Sceau de Louis VI
 

     Le titre suivant, de l’an 1120. de son regne le XII. Cette charte, dont Fleureau paraît avoir consulté l’original, disparu relativement récemment, nous est également connue par une copie du 14 mars 1787, faite par Louis-Marin Vénard, notaire royal au bailliage d’Étampes, qui est conservée aux Archives nationales sous la cote R4 998, avec une traduction par le même, dans le dossier «Étampes».
Sceau de Louis VI      Selon Dufour (p. 360, n. 2), «L’inventaire sommaire manuscrit des archives hospitalières d’Étampes de 1865 l’analyse et le décrit encore ainsi sous la cote “carton n°14”: “feuille simple en parchemin, longue et étroite; le sceau n’existe plus.” Le récolement effectué à partir de cet inventaire montre le déficit de cette pière, comme de nombreux autres titres des XIIe-XIXe siècle». Rappelons que nous avons mis en ligne l’Inventaire des archives anciennes d’Étampes par Marie-Anne Chabin de 1990.
     Sur la base de ces deux témoins (l’édition de Fleureau et la copie de Vénard) Jean Dufour en a donné en 1990 une nouvelle édition dans son Recueil des actes de Louis VI. Nous donnons son texte ci-dessus en regard de celui de Fleureau, et de notre traduction.

     In molendino apud Darnum Stallum sito. «Au moulin situé au Darne Estal». Ce secteur s’appelle à Étampes Darnatal et non Darnétal comme l’écrit Dufour par distraction et par confusion avec le faubourg rouennais de ce nom. Le latin nous permet ici indirectement de remonter à l’étymologie de ce nom de lieu longtemps énigmatique. Darne représente l’ancien français Derrain et ses variantes dialectales Dergne, Dargne, Derne ou Darne, c’est-à-dire «dernier» pris en l’occurence au sens de «nouvel».
     
C’est ce que j’ai montré dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°7, pp. 119-120. Il s’agit (ici comme pour les autres Darnétal, Darnatal ou Darnestal de France), des nouvelles boucheries fondées par Philippe-Auguste, qu’on appelait aussi à Étampes ad novos stallos (chartes de 1246 et de 1274 citées par Fleureau pp. 128 & 136), «aux nouveaux étaux», comme on appela bien plus tard certains magasins Au bon marché, et Les Nouvelles Galeries.
     N. B. Les auteurs qui répercuteraient cette découverte étymologique, qui peut intéresser les historiens locaux de plusieurs villes de France, peuvent produire la référence suivante: Bernard GINESTE,
«Darnatal», in Cahier d’Étampes-Histoire n°7 (2005), pp. 119-120.


     Actum Castro Curiæ anno Incar. MCXX. Regni nostri 12. c’est-à-dire «donné au Castrum Curiae l’an de l’incarnation 1120 et le 12e de notre règne.» Le lieu désigné par le tour Castrum Curiae, «château de la cour (de justice)» est inhabituel et isolé, de sorte que Dufour, à la suite de Luchaire, se permet de corriger, malgré le témoignage des deux témoins qu’il suppose pourtant copiés sur l’original, le C initial en E, arrivant ainsi à Castro Evriae, «à Yèvre-le-Châtel». Mais dans la foulée il est aussi obligé de corriger la date de la douzième année du règne en treizième année du règne, XIII plutôt que XII (et donc après le 13 août plutôt qu’avant), par comparaison avec la seule autre charte de Louis VII datée de Yèvre-le-Châtel, qui porte cette leçon.
     Tout ceci est fort ingénieux, mais il me semble difficile que deux témoins indépendants du même texte original aient pu commettre les deux mêmes bourdes. Il est plus naturel de penser qu’il est ici question d’un château (castellum) qui a pour particularité de servir de siège à une cour de justice (curia); il est donc ainsi dénommé par rapport aux autres châteaux parisiens, et il s’agit déjà probablement du Châtelet. Le diminutif d’origine vulgaire castelletum ne sera en effet admis en latin qu’à partir du XIIIe siècle
, au dire de Niermeyer.
ANNEXE 3
TRADUCTION D’UNE CHARTE DE LOUIS VII (avant 1147)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de François Guizot (1839)
     Ludovicus ego Dei gratia Rex Francorum, & Dux Aquitanorum. Notum facimus universis præsentibus pariter & futuris, quod fratribus S. Lazari de Stampis, Feriam quamdam dierum octo, singulis in perpetuum annis, ad festivitatem B. Michaëlis juxta prædicti S. Lazari Ecclesiam donavimus atque conceßimus; ea nimirùm libertate quod nihil omninò nobis in ea retinemus: nihil penitùs in ea nostri capere poterunt Ministeriales, præter latronem, quem ideò à potestate nostra non dejicimus, ut debitam de illo justitiam faciamus. Euntes si quidem ad feriam istam in conducto nostro recipimus. Quod ut ratum habeatur in posterum sigilli nostri auctoritate muniri fecimus , & signari, &c.      Moi Louis, par la grâce de Dieu, roi des Français et duc des Aquitains, faisons savoir à tous présens et à venir que nous avons accordé et accordons, aux frères de Saint Lazare d’Étampes, une foire de huit jours, à tenir chaque année, à la fête de saint Michel, auprès de l’église dudit Saint-Lazare; avec cette franchise: que nous n’y retenons pour nous absolument aucun droit, et que nos officiers n’y pourront absolument rien prendre ni arrêter personne, si ce n’est tout larron que nous ne mettons point hors de notre puissance, afin d’en faire due justice. Nous prenons sous notre sauve-garde ceux qui iront à cette foire; et afin que ce soit chose ferme et stable à toujours, etc.
Recueil des ordonnances, t. X p. 195.
Sceau de Louis VII
Sceau de Louis VII
   

     Une foire... avec... l’exercice de toute justice, excepté de la Haute. Fleureau a déjà fait allusion à ce droit de justice au chapitre XVIII de la première partie, p. 32: «La Maladrerie de S. Lazare a Justice, moienne, & basse, en titre de Prevôté, le jour de la Foire de S. Michel, au lieu où elle se tient.»
ANNEXE 4
TRADUCTION D’UNE
DEUXIÈME CHARTE DE LOUIS VII (1147)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction provisoire de B. G. (2006)
     In nomine sanctæ, & individuæ Trinitatis. Ludovicus Dei gratia Francorum Rex, & Dux Aquitanorum, omnibus in perpetuum. Æterna sine dubio retributione carere non posse confidimus quidquid ad sustentationem Pauperum Christi clementer impertimur.      Au nom de la sainte et individue Trinité. Louis par la grâce de Dieu roi des Francs, et ducs des Aquitains, à tous, à jamais. Nous croyons sans le moindre doute que tout ce ce que nous donnons généreusement aux pauvres du Christ ne peut manquer de nous obtenir une récompense éternelle.
     Eo nimirùm intuitu leprosorum Stampensium infirmitatem, & indigentiam benigna pietate considerantes, dignum duximus de redditibus nostris victui eorum aliquod perenne beneficium misericorditer providere. Donamus [p.455] igitur eis in perpetuum, & per præsentis paginæ auctoritatem quietè semper ac liberè poßidendum firmamus duos modios frumenti in granario nostro, Stampis: Et in Cellario decem modios vini in festo S. Remigii, absque omni contradictione, annis singulis persolvendos.
     C’est évidemment cette pensée qui nous a fait juger convenable, en considérant la maladie et la pauvreté des lépreux étampois, de pourvoir miséricordieusement à leur alimentation par une donation durable tirée de nos revenus. Nous leur donnons donc à perpétuité, et nous leur confirmons par l’autorité du présent document, pour en jouir à jamais paisiblement et librement, deux muids de blé dans notre grenier d’Étampes, et dix muids de vin dans notre cellier, qui seront versés à la fête de saint Rémi chaque année sans qu’il puisse y être fait opposition.   
     Quod ut ita ratum inposterum inconcussumque permanent, scripto commendari, sigilli nostri impreßione signari, nostrique nominis subter inscripto charactere corroborari præcepimus. Actum publicè Parisius, an. ab Incarn. Domini MCXLVII. Regni verò nostri X. Adstantibus in Palatio quorum nomina subtitulata sunt, & signa. Radulphi Viromanduorum Comitis, Dapiferi nostri. Guillelmi Buticularii. Matthæi Camerarii. Matthæi Constabularii. Acta per manum Cadurci Cancellarii.      Et pour que cela demeure à l’avenir ainsi établi et inébranlable, nous avons ordonné que cela soit mis par écrit, consigné par l’impression de notre sceau et certifié par la souscription du monogramme de notre nom. Fait à Paris l’an de l’incarnation du Seigneur 1147 et l’an 10 de notre règne, étant présents au Palais ceux dont sont ci-dessous portés les noms et marques: de notre sénéchal le comte Raoul de Vermandois, du bouteiller Guillaume, du chambrier Matthieu. Fait de la main du chancelier Cadurque.
Sceau de Louis VII
Sceau de Louis VII
   
ANNEXE 5
TRADUCTION D’UNE TROISIÈME CHARTE DE LOUIS VII (1147)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction provisoire de B. G. (2006)
     In nomine sanctæ, & individuæ Trinitatis. Ludovicus Dei gratia Rex Francorum, & Dux Aquitanorum, omnibus in perpetuum. Ipsa nos humanæ conditionis hortatur infirmitas, Leprosorum angustiis, & egestatibus tanto majori humanitate compati quanto eos videmus acerbius in nostræ carnis humilitate torqueri:
     Au nom de la sainte et individue Trinité. Louis par la grâce de Dieu roi des Francs et ducs des Aquitains, à tous, à perpétuité. C’est la fragilité même de la condition humaine qui nous exhorte à compâtir aux détresses et aux besoins des lépreux, avec d’autant plus d’humanité que nous nous les voyons plus cruellement tourmentés dans la faiblesse de notre chair.
     quo nimirùm intuitu leprosorum Stampensium utilitatibus ac quieti in posterum providentes, ipsos & universa quæ poßident ex dono prædecessorum nostrorum, vel ex eleemosinis quorumdam fidelium sibi collata, sub protectionis nostræ perenni tuitione suscipimus, & auctoritatis nostræ præcepto communimus; quorum hæc propriis duximus experimenta vocabulis. In terra [Lisez peut-être villa] Bußiaci terram arabilem quantùm sufficere poßit uni carrucæ, de dono patris nostri, & alteram carrucatam continuam in eadem villa, quam nos præfatis fratribus præposito dono contulimus Parisius. Modium frumenti in festo S. Remigii, in molendino videlicet apud Darnum stallum sito: & duos modios vini in vineis nostris, quando vindemiabuntur Stampis. Feriam octo dierum ad festivitatem S. Michaëlis. Ea [p.456] nimirum libertate quod nihil omninò nobis in ea retinemus præter latronem: omnes etiam euntes ad feriam istam, & redeuntes ab ipsa, in conducto nostro recipientes. Prætereà confirmamus eis nemus mortuum de Montebardon juvene, de Montebardon veteri ad omnes proprios usus.
     C’est évidemment avec cette pensée que, pourvoyant aux besoins et à la tranquillité des lépreux étampois, nous prenons sous la garde durable de notre protection autant leurs personnes que tous les biens qu’ils possèdent, qui leur ont été concédés aussi bien par une donation de nos prédécesseurs que par les aumônes de certains fidèles, et que nous les leur conférons par un édit de notre autorité. Desquels biens nous avons certifiés ceux-ci, cités nominativement. Dans le domaine de Boissy, une terre à cultiver, en quantité suffisante à une seule charrue, provenant d’une donation de notre père, et une autre charrue contiguë dans le même domaine, que nous avons dispensée, à Paris, aux dits frères en sus de la donation pré-mentionnée. Un muid de blé à la fête de saint Rémi, à savoir au moulin sis à Darnatal, et deux muids de vin dans nos vignes quand on fera les vendanges à Étampes. Une foire de huit jours à la fête de saint Michel, avec cette franchise: nous ne nous y réservons absolument rien sauf le (droit d’arrêter tout) brigand, accordant un sauf-conduit à ceux qui se rendent à cette fête ou en repartent. En outre nous leur confirmons le bois mort de Montbardon le Jeune, de Montbardon l’Ancien pour tous les usages qu’ils pourront en faire personnellement.
  Hæc igitur omnia quæcumque in præsentiarum continentur liberè sibi in perpetuum poßidenda concedimus, & per præsentem munitionis nostræ paginam confirmamus. Quod in perpetuæ stabilitatis obtineat munimenta scripto commendari, sigillique nostri impreßione signari, nostrique nominis subter inscripto charactere fecimus consignari. Actum publicè Stampis anno ab lncarn. Domini MCXLVII. Regni verò nostri X. adstantibus in Palatio nostro quorum nomina subtitulata, & signa. Radulphi Comitis Viromanduorum Dapiferi nostri, Guillelmi Buticularii, Matthæi Camerarii, Matthæi constabularii. Data per manum Cadurci Cancellarii.   Ainsi donc nous leur concédons pour qu’ils en jouissent librement à perpétuité tout ce qui est mentionné par le présent document, et nous le leur garantissons par le moyen du présent certificat. Et pour qu’il acquière les garanties d’une durable stabilité, nous l’avons fait mettre par écrit, signer par l’impression de notre sceau et consigner par la souscription du monogrammme de notre nom. Fait à Étampes l’an de l’incarnation du Seigneur 1147, l’an 10 de notre règne, en présence dans notre Palais de deux dont sont portés ci-dessous les noms et marques: de notre sénéchal Raoul, comte de Vermandois, du bouteiller Guillaume, du chambrier Matthieu, du connétable Matthieu. Donné de la main du chancelier Cadurque.
Sceau de Louis VII
Sceau de Louis VII
   
ANNEXE 6
TRADUCTION DE LA CHARTE DE MANASSÉ D’ORLÉANS (1169)
   
Audeville, Sermaises et Merobes sur la carte de Cassini, édition de 1756

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
     Omnibus sanctæ Ecclesiæ curam gerentibus specialiter expedit, ut in omnibus actionibus suis opera imitentur charitatis, & eleemosinas suas tàm potentibus quàm impotentibus largiantur egenis: undè ego Manasses Dei gratia Aurelianensis Ecclesiæ Minister humilis, declarandum duximus universis tàm instantibus quàm futuris, quod lis, & contentio erat inter nos, & Domum sancti Lazari de Stampis.
     Il convient à tous ceux qui assument la gestion de la sainte Église d’imiter dans toutes leurs actions les œuvres de la charité et de dispenser des aumônes aux pauvres, tant à ceux qui sont en bonne santé qu’aux malades. C’est pourquoi moi, Manassé par la grâce de Dieu humble serviteur de l’Église d’Orléans, avons pensé qu’il  nous fallait notifier à tous, présents et à venir, qu’il y avait un litige et un conflit entre nous et la maison de Saint-Lazare d’Étampes.
     Nos quidem reclamabamus partem terræ de Audevilla quàm [sic] Theodoricus ejusdem villæ Presbyter diù excoluerat: nostro tamen juri non potuimus adprobare nisi……. uno. Reclamabamus etiam quod feodos nostros in prædicta villa absque assensu, & laude nostra poßidebant, videlicet villam de Mesrobrai, & eleemosinam Guillelmi Lisardi, & Milonis de Stampis veteribus.
     Nous revendiquions en effet une partie de la terre d’Audeville que Thierry, prêtre du même domaine avait longtemps tenue en culture; cependant nous n’avons pas pu prouver notre droit sinon par un seul.... [lacune]. Nous nous plaignions aussi de ce qu’ils possèdent nos fiefs dans la sudite ville sans notre consentement ni notre approbation, à savoir le domaine de Mérobes, et la donation de Guillaume Lisard et de Milon des Vieilles Étampes.
  Tandem intuitu pietatis, & ob remedium animæ Domini Stephani de Garlanda, & Ioannis Decani fratris, & Cognati nostri: compulsus etiam carorum nostrum hominum, scilicet Stampensium composuimus ut terram prædictam teneant, videlicet Alledii, quam nostro dominio reclamabamus. Censuales fecimus eleemosinas prædictas de feodis nostris factas: Terram etiam ad unam carrucam arabilem, si quidem acquirere poterunt; laudavimus, & conceßimus tali siquidem pacto, quatenùs singulis annis ad festum Mortuorum decem ceræ libras, libras scilicet quindecim unciarum, Cantori Pitiviensi loco nostro, Ministeriales Domus prædictæ persolvant. Quod si tardi, & negligentes reddendi censum prædictum usque ad sequens festum Beati Martini extiterint, per tres ceræ libras ejusdem ponderis emendabunt, & prædicta pacificè poßidebunt.
    Finalement, inspiré par la piété, et pour le salut de l’âme d’Étienne de Garlande et du doyen Jean, nos frère et cousin, et aussi sous la pression de personnes qui nous sont chères, à savoir des Étampois, nous avons fait un compromis: qu’ils détiennent la susdite terre, à savoir de l’Alleu, dont nous revendiquions la seigneurie. Nous avons donné à cens les susdites donations qui avaient été faites de nos fiefs. Nous approuvons et autorisons aussi la terre labourable pour une seule charrue, si du moins ils ont pu l’acquérir, avec cette stipulation que, chaque année à la fête des morts, les officiers du dit établissement règlent dix livres de cire, à savoir des livres de quinze onces, au chantre de Pithiviers au lieu de nous. Et s’ils se montrent lents ou négligents à régler le dit cens jusqu’à la la fête de saint Martin, ils seront taxés de trois livres supplémentaires du même poids, et ils jouiront paisiblement des biens susdits.
     Actum publicè Pivieriis. anno Incarn. verbi MCLXIX. Regnante Lodovico, Ludovici filio, an. XXXIII. Episcopatus verò nostri anno XXIII. astantibus ex parte nostra Marseto Archidiacono, Gernaudo Succentore, Mauberto, Cadulæo sanctæ Crucis Canonicis. Michaële Sarginensi Cantore sancti Petri… Cantore ex parte infirmorum Milone de Stampis Veteribus; Roberto [p.459] de Catena, Federico de Gondrevilla, Guillelmo Gulduani, Reginaldo Bestira, Theobaldo de Papilione, Hugone infirmorum Cellerario. Data per manum Roberti Pitiveris Cantoris.
     Fait publiquement à Pithiviers l’an de l’incarnation du Verbe 1169, l’an 33 du règne de Louis, fils de Louis, l’an 23 de notre épiscopat, étant présents, de notre côté, l’archidiacre Marset, le sous-chantre Gernaud, les chanoines de Sainte-Croix Maubert et Cadulée (?), le chantre de Saint-Pierre Michel de Sergines, le chantre... [lacune]; et, du côté des malades, Milon des Vieilles Étampes, Robert de la Chaîne (?), Ferry de Gondreville, Guillaume Gulduani (?), Renaud Bestira (?), Thibault du Pavillon, Hugues, cellérier des malades. Donné de la main de Robert, chantre de Pithiviers.
   
     Manassés de Garlande, Evêque d’Orleans. Manassé de Garlande, a été évêque d’Orléans de 1146 à 1185. Le Cartulaire de Sainte Croix d’Orléans contient de nombreuses autres chartes de lui, dont l’une de cette même année 1169, que Joseph Thillier donne en note dans l’introduction à son édition de ce Cartulaire (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/scroix/pageCX/ et suivante).

     D’Estienne de Garlande son frere, & de Jean Doyen, son Cousin. Le texte de Fleureau est ici ambiguë. Il faut prendre ici Doyen comme la dignité du dit Jean, plutôt que son patronyme.

     Cet Étienne de Garlande, frère de Manassé, quoi qu’on en ait écrit, n’est pas à confondre avec son célèbre homonyme évêque de Beauvais en 1100, puis archidiacre de Paris, et chancelier de Louis VI de 1106 à 1128, qu’on fait mourir vers 1142. On voit mal en effet comment Manassé, mort vers 1185, pourrait être le frère d’un personnage qui était évêque dès 1100. Dans le Cartulaire de Sainte-Croix d’Orléans édité par Thillier il est fait de nombreuses mentions du doyen Étienne, de 1110 à 1155, date de sa mort (p.16).

     Jean, cousin de Manassé (probablement du côté maternel puisquil ne paraît pas un Garlande), succède à Étienne comme doyen du chapitre de Sainte-Croix d’Orléans. C’est ce Jean qui a conclu en 1155 au nom du chapitre un accord avec Herbert le Vallet au sujet de la Forêt-Sainte-Croix en Étampois (cf. Alain DEVANLAY, in Cahiers d’Étampes-Histoire 7, p.61). La dernière charte connue de Jean est de cette même année 1169 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/scroix/pageCX/ et suivante), année de sa mort puisque nous entendons ici parler du salut de son âme en même temps que de celle d’Étienne. Son successeur sera Hugues, neveu de Manassé (p. 170) dont le frère, pour sa part chevecier du chapitre, s’appelle aussi Manassé comme son oncle. On est en plein népotisme.

     Ob remedium animæ Domini Stephani de Garlanda, & Ioannis Decani fratris, & Cognati nostri. Cette sorte de «dédicace» de la charte de Manassé à ses défunts frère et cousin Étienne de Garlande et Jean, anciens doyens du chapitre, se retrouve encore dans des chartes de 1176, alors que ce sont désormais ses neveux Hugues et Manassé qui sont doyen et chevecier: pro remedio anime nostre et Stephani de Garlanda et Johannis decani bone memorie (p.167), pro remedio anime nostre et Stephani de Gallanda, et pretaxati Johannis decani (p.170), pro anime nostre et Johannis decani bone memorie cognato nostri remedio (p.174).

     
Michaële Sarginensi Cantore sancti Petri. Michel de Sergines (à 20 km au nord de Sens) chantre de l’abbaye Saint-Pierre de Sens.


     Milon d’
Estampes les vieilles (de Stampis veteribus). Rappelons que cette locution dans les chartes latines, et dans la langue de Fleureau, désigne le quartier Saint-Martin d’Étampes, par suite d’une mauvaise rétroversion en latin du toponyme Les vez Estampes («les gués d’Étampes») compris les veiz Estampes («Les vieilles Étampes»), confusion qu’on observe en plusieurs autres endroits de France (Pithiviers-le-Vieil, le Vieux Rouen, le Vieil Amiens, etc.), comme je l’ai montré dans le Cahier d’Étampes-Histoire n°6 (2004), pp. 72-75.

     Roberto de Catena. Ce Robert de Catena est cité en 1169. Comment faut-il entendre de Catena? L’abbé Lebeuf (dans son Histoire de Paris, 1757), parlant de Montlhéry (http://montlhery.com/lebeuf5.htm) signale un acte de 1154, apparemment dans le Cartulaire de Longpont, où l’on voit qu’un Jean de Catena était alors abbé de l’église saint-Pierre du château de Montlhéry. Lebeuf traduit littéralement «Jean de la Chaîne, De Catena», sans doute en désespoir de cause. Notons qu’on trouve aussi dans le même cartulaire un «Anseau fils d’Archembault de Catena», dans un acte que nous avons mis en ligne et qui date approximativement de 1140 (http://www.corpusetampois.com/cls-12-cartulairedelongpont.html, acte XIX).

     Federico de Gondrevilla. «Ferry de Gondreville». On trouve trois Gondreville dans le Loiret: une commune proche de Montargis, à 75 km d’Étampes; un lieu-dit de la commune d’Auxy, à 55 km dans la même direction de Montargis, après Pithiviers; un lieu dit enfin de la commune d’Andonville à 26 km au sud d’Étampes, tout près de l’actuel département de l’Essonne et relevant de l’ancien bailliage d’Étampes: c’est très vraisemblablement de ce dernier lieu qu’est originaire le dit Ferry, puisqu’il fait partie des témoins étampois.

     Theobaldo de Papilione. «Thibault du Pavillon» (et non «Thibault de Papillon» comme le porte Fleureau par distraction p. 128). Voyez notre Note au chapitre 29 de la première partie sur cette famille étampoise de Papilione. La famille du Pavillon est clairement étampoise aus XIIe et XIIIe siècles.
ANNEXE 7
TRADUCTION DE LA CHARTE DE THIBAULT DE BLOIS (1183)
et d’une autre charte non étampoise du même (1187)
(cette dernière mise en ligne par l’École Nationale des Chartes)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
     Ego Theobaldus Blesensis. Comes, & Franciæ Senescallus, notum facio universis, quòd pro remedio animæ meæ, &c. animarum Patris, & Matris meæ, Adelicia Comitissa uxore mea, filiisque, & filiabus meis, Ludovico, & Iacobo, Margarita, & Isabella laudantibus, & concedentibus, Leprosis Stamparum decem modios vini, singulis annis in redditu meo vini, Carnoti, in perpetuum dedi, reddendos eis semper in vindemiis. Quod ut ratum maneat semper, & firmum, litteris commendavi, & sigilli mei impositione confirmavi. Testes inde fuerunt Lambertus Saccus, Reginaldus de Roboreto. Herbertus Marescallus, Fulco Camerarius. Raginus [Lisez sans doute Raginaldus, cf. acte suivant] Crispinus, Sancio Belellus, Herveus de Curvavilla Rag. Capellanus, Gaufridus Presbyter. Actum Stampis an. Incarn. Dominicæ MCLXXXIII. Data per manum Magistri Hildrici Cancellarii, & sigillatum.
     Moi le comte et sénéchal de France Thibault de Blois, je fais savoir à tous que pour le salut de mon âme, etc. des âmes de mon père et de ma mère, avec l’approbation et le consentement de mon épouse la comtesse Alix, de mes fils et des mes filles, Louis, Jacques, Marguerite et Isabelle, j’ai donné aux lépreux d’Étampes dix muids de vin, chaque année, de ma production de vin à Chartres, à perpétuité, qui leur seront toujours versés lors des vendanges. Et pour que cela reste toujours bien établi et ferme, je l’ai mis par écrit et confirmé par l’imposition de mon sceau. Les témoins en ont été Lambert Le Sac (?), Renaud de Rouvray, la maréchal Herbert, le chambrier Foulques, Renaud Crépin, Sanche Belleau (?), Hervé de Courville, le chapelain Renaud, le prêtre Geoffroy. Fait à Étampes l’an de l’incarnation du Seigneur 1883. Donné par la main du chancelier maître Haudry, et scellé.
   
Blason de Thibault de Blois (© Odejea, Wikipédia)      Thibault (ou Thibaud) de Blois. Il s’agit de Thibault V dit le Bon (1130-1191), comte de Blois et de Chartres, fils de Thibault IV dit le Grand (1093-1051). En 1152, il hérita de son père les comtés de Blois et de Chartres, tandis que son aîné Henri Ier recevait la Champagne. Devenu Sénéchal de France et veuf de Sybille de Château-Renard, il épousa en 1164 Alix de France (1151- après 1195), fille de Louis VII (1100-1154) et de sa première épouse Aliénor d’Aquitaine (1122-1204). Elle lui donnera sept enfants. Il mourra lors de la troisième croisade, devant Acre.

 
     Theobaldus... Isabella... Raginus (sic) Crispinus. Raginus constitue vraisemblablement une erreur de lecture de Fleureau qui aura mal résolu une abréviation de Raginaldus (quelques mots plus loin il porte carrément pour un homonyme: Rag. Capellanus).
     En effet c’est bien un Renaud Crépin, personnage bien connu à Chartres, qui apparaît comme témoin dans une autre charte de Thibault de Blois au bénéfice de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, aux côtés des mêmes
Lambertus Saccus et Sancio Belellus (charte éditée en 1857 par Luc Merlet et Auguste Moutié, et mise depuis en ligne par l’École Nationale des Chartes, http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte81), reproduite ci-dessous.
     Voici les trois notes que porte Luc Merlet à cette charte en faveur de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, et qui valent aussi pour la nôtre:
     «
1. Le P. Anselme (tome II, page 845) dit que Thibaut mourut peu de temps après l’an 1182.
     «2. Le P. Anselme en citant Isabelle parmi les enfants de Thibaut, comte de Blois, la nomme Élisabeth, et dit qu’elle épousa Sulpice, seigneur d’Amboise.
     «3. Ce Renaud Crespin appartenait à une famille illustre de Chartres. Vers l’année 1180, étant sur le point de partir pour Jérusalem, il donna à la léproserie du Grand-Beaulieu, du consentement de sa femme Gillette, un des étaux qu’il possédait dans la rue de Bourc à Chartres. Plus tard, en 1196, nous le retrouvons maréchal de Louis, successeur du comte Thibaut (...). L. M.»

     Reginaldus de Roboreto. «Renaud de Rouvray». Mais de quel Rouvray s’agit-il ici? Il se présente au moins deux possibilités:
     1) Notre Renaud de Rouvray, cité ici 1187, serait apparenté
à un Jean de Rouvray que Philippe Auguste fit en 1197 seigneur de Poigny et Auffargis, qui s’illustra à Bouvines en 1214, et qui amortit en 1229 une donation faite sur ses fiefs à Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, dans le diocèse de Chartres, ainsi qu’à son fils probable Henri de Rouvray, que l’on voit seigneur d’Auffargis en 1250 (Voyez ce qu’on écrit Auguste Merlet dans son édition en 1867 du Cartulaire de Notre-Dame des vaux-de-Cernay, pp. 280-281, mise en ligne par l’École Nationale des Chartes, http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte304/ , en ligne en 2006). Il s’agirait alors selon selon toute apparence du Rouvray qui est dans le canton de Vernon, dans le diocèse d’Évreux, 124 km d’Étampes.
     2) Deuxième possibilité: il s’agirait de Rouvray-Saint-Denis, dans le diocèse de Chartres, à seulement 27 km d’Étampes où l’acte est rédigé.


     Herveus de Curvavilla. Hervé de Courville-sur-Eure, à 18 km à l’est de Chartres.

Charte du même en faveur de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay (1187)
(donnée ici à titre de comparaison et permettant une correction du texte de Fleureau
pour la première: on y retrouve notamment trois témoins de la cour du comte de Blois)


Texte latin donné par Luc Merlet
et Auguste Moutié (1857)

Traduction de B. G. (2006)
     Ego Theobaldus, comes Blesensis, Franciæ senescallus, omnibus, tam futuris quam presentibus, notum facio quod, pro remedio animæ meæ et animarum patris mei et matris meæ, amore Dei et caritatis intuitu, abbatiæ de Sarnaiaco et monachis ibidem Deo servientibus dedi in perpetuum et concessi quadraginta solidos in censu meo de Castelleto, singulis annis reddendos die dominica incipientis Quadragesimæ, laudante et concedente Adelicia comitissa, et filiis meis Theobaldo, Ludovico, Philippo, et filiabus Margarita, Isabella; et quicumque censum prædictum recipiet eos sine dilatione solvet. Quod, ut ratum semper maneat nec oblivione deleri possit aut a posteris infirmari, literis commendo et sigilli mei impressione confirmo. Hujus rei testes sunt: Lambertus Saccus; Robertus de Carnoto; Gaufridus de Bero; Bartholomæus de Roia; Nicolaus marescallus; Sanctio Bellelus; Raginaldus Crispini; Fulco; Odo, decanus. Actum Carnoti, anno incarnati Verbi millesimo centesimo octogesimo septimo. Datum vacante cancellaria.
     Moi le comte et sénéchal de France Thibault de Blois, je fais savoir à tous, tant présents qu’à venir, que pour le salut de mon âme et des âmes de mon père et de ma mère, pour l’amour de Dieu et  inspiré par la charité, je donne à perpétuité et concède à l’abbaye de Cernay et aux moines qui y servent Dieu quarante sous à prendre sur mon cens du Chatelet, qui seront réglés chaque année le premier dimanche de carême, avec l’approbation et le consentement de mon épouse la comtesse Alix, de mes fils Thibault, Louis et Philippe, et des mes filles Marguerite et Isabelle. Et quiconque percevra le dit cens les paiera sans différer. Et pour que cela reste toujours bien établi et ne puisse être détruit par l’oubli ou abrogé par la postérité, je le mets par écrit et le confirme par l’impression de mon sceau. Les témoins en sont Lambert Le Sac (?), Robert de Chartres, Geoffroy de Ber (?), Barthélemy de Roye [sans doute le garnd chambrier de Philippe Auguste, mort en 1237], Nicolas Maréchal, Sanche Belleau, Renaud Crépin, Foulques, le doyen Eudes. Fait à Chartres, l’an de l’incarnation du Verbe 1187. Donné alors que la chancellerie était vacante.
     
     Le Cartulaire de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay a encore conservé une autre charte de Thibault de Blois de 1178 d’après un vidimus de 1255 (voyez http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte50, en ligne en 2006).
ANNEXE 8
TRADUCTION DES CHARTES DE GUILLAUME BOURGUEIGNEL (1209)
ET DE PIERRE DE SENS (1209)
 
Bouville et Villiers sur la carte de Cassini, réédition de 1815
 
Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
Harengs      Notum sit omnibus quod ego Vvillermus Burginellus pro redemptione animæ meæ, & animæ Emelinæ uxoris meæ, & patris mei, & matris meæ, & omnium prædecessorum meorum dedi & conceßi in perpetuam eleemosinam, assensu Theobaldi filii mei, & aliorum puerorum meorum Domui sancti Lazari de Stampis, & omnibus in servientibus decimam terræ meæ arabilis quam habeo apud Villiers juxta Bovillam, tali facta institutione, quod de hac præfata decima, Domus præfata debet ministrare omnibus fratribus, & sororibus ejusdem [p.460] domus, tàm sanis, quàm infirmis, omnibus diebus Veneris, à festo sancti Remigii usque ad carnis privium, quatuor Ova, à carnis privio usque ad Pascha, omni sexta feria duo Halecia; per ita [sic] quod si dicta decima ad hanc refectionem sufficere non potuerit domus prædicta de proprio perficiet: Si autem aliquod residuum affuerit, domui liberè remanebit.
Harengs      Qu’il soit connu de tous que moi Guillaume Bourgueignel, pour le salut de mon âme et de l’âme de mon épouse et de mon père, et de ma mère, et de tous mes prédécesseurs, j’ai donné et concédé en perpétuelle aumône, avec le consentement de mon fils Thibault et de mes autres fils, à l’établissement Saint-Lazare d’Étampes, et à tous ceux qui la desservent, la dîme d’une terre à cultiver que j’ai à Bouville près de Villiers, étant stipulé que le susdit établissement doit utiliser le revenu de la susdite dîme pour servir à tous les frères et sœurs du même établissement, tant bien portants que malades, tous les vendredis, depuis la fête de saint Rémi jusqu’au mardi gras, quatre œufs; depuis mardi gras jusqu’à Pâque, chaque vendredi, deux harengs. Si la dite dîme ne suffit pas à cette pitance, le susdit établissement la complètera sur ses propres revenus, et s’il subsiste un solde, il demeurera à la libre disposition de l’établissement.
 
     Prætereà dedit, & integrè conceßit unam hostiliam cum censu, & rentitia integra, quam habebat apud Stampas veteres.
     En outre il a donné et concédé sans réserve une petite tenure avec cens et rente entières, qu’il avait aux Vieilles Étampes.
     Simon verò Prior totumque ejusdem domus Capitulum panes, & capones quos habebant apud Fontenettes, & apud Ezarville eidem Vvillermo, ejus hæredi liberè quittaverunt.
     Quant au prieur Simon et à tous le chapitre du même établissement, ils ont librement affranchi le même Guillaume et son héritier des pains et des chapons qu’ils avaient à Fontenette et à Ézarville.
     Simon siquidem domus prædictæ Prior totumque domus Capitulum benignè, & charitativè concesserunt dicto Vvillermo, pro redemptione animæ suæ, & uxoris suæ Emelinæ, & aliorum prænominatorum, singulis diebus Veneris celebrationem unius Missæ de fidelibus. Concedunt etiam in perpetuum eidem Vvillermo celebrationem anniversarii sui, & anniversarii uxoris suæ Emelinæ, & Patris sui, & Matris suæ annuatim diebus advenientibus.
     Simon, prieur du susdit établissement et tout le chapitre de cet établissement, par bonté et charité, ont concédé au dit Guillaume pour le salut de son âme, de celles de sa femme Émeline et des autres susdits, la célébration chaque vendredi d’une messe pour les simples fidèles. Ils ont aussi concédé à perpétuité au même Guillaume la célébration de son anniversaire, de l’anniversaire de son épouse Émeline,  de son père et de sa mère, chaque année, les jours où ils tombent.
     In cujus rei testimonium præsentem chartam conscribi, & sigilli Capituli, & nostri munimine fecimus roborari. Actum anno gratiæ MCCIX.
     En foi de quoi nous avons fait rédiger le présent acte et l’avons fait certifier au renfort du sceau du chapitre et du nôtre. Fait l’an de grâce 1209.
   
Fontenettes et Ezarville sur la carte de Cassini, édition de 1815
 

     L’an 1209. Guillaume Bourguignel… Emeline sa femme… ses pere & mere… Thibault son fils… ses autres enfans… Que savons-nous de cette famille étampoise des Bourguinel ou Bourgueignel ou peut-être Bourgueigneux? La charte de Guillaume porte Vvillermus Burginellus. La charte de confirmation donnée par Pierre de Sens porte une rétroversion latine légèrement différente: Villermi Borginelli.
       Un autre membre de cette famille est Jean Bourgueignel, qui fut chambellan de saint Louis.
       Le 8 juin 1253 Saint-Louis, voulant récompenser son chambellan, achète à Berthault Cocalogon, seigneur de Femerez au Perche, près de Chateauneuf en Thymerais, une seigneurie, dépendante de celle de Dourdan pour l’offrir à Jean Bourgueignel et à sa femme Marguerite, après avoir rattaché le village au baillage d’Orléans. Jean Bourgueignel la revend en octobre 1266 aux religieuses de l
abbaye de Longchamp. Un vidimus de 1299 édité en 1869 par Guyot dans son Histoire de Dourdan porte lorthographe française suivante: Jehan Bourgueignel. Il a récemment été mis en ligne sur le site Wikipédia à l’article «Les Granges-le-Roi», http://fr.wikipedia.org/wiki/Les_Granges-le-Roi, en ligne en 2006
       Une autre charte en date de mai 1274, éditée par Fleureau (pp. 419-420), donnée par Philippe III le Hardy (1270-1285), fils de saint Louis IX (1226-1270) nous fait connaître que le même Jean Bourgueignel, depuis décédé, avait donné par testament «trente-neuf livres de cens annuel & perpetuel, avec les droits qui en dependoient, mouvant en fief du Roy, à prendre sur plusieurs heritages assis à Estampes, & au-dedans de la banlieuë, lequel cens il avoit acquis de Philippe de Veres & d’Eremburge sa femme, pour la dotation de deux Chapellenies, qu’il ordonna étre fondées dans l’Hôtel-Dieu d’Estampes, pour prier Dieu pour le repos de l’âme du Roy, de la sienne, & de celle de Marguerite sa femme».
     La charte transcrite par Fleureau porte alors Ioannes Burguineus de Stampis, ce que notre auteur rend erronément dans son commentaire par «Jean de Bourginel», orthographe malheureusement reproduite par Alliot dans son édition partielle du Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes (p. 25), et il est alors qualifié de quondam serviens de saint-Louis, ce qui est compatible avec la charge de chambellan.
     Nous sommes donc en présence d’une grande famille étampoise de la deuxième moitié du XIIe siècle et de la première moitié du XIIIe. En 1209, la donation de Guillaume à la léproserie d’Étampes mentionne en effet non seulement ses père et mère, mais aussi «tous nos prédécesseurs». La famille est alors possessionnée non seulement à Villiers près de Bouville mais à Fontenette (commune d
Abbéville-la-Rivière) et Ézarville, c’est-à-dire aux quatre coins du pays étampois. En 1253, Jean est déjà depuis au moins plusieurs années chambellan de Louis IX et se voit attribuer une seigneurie du pays de Dourdan rattachée pour l’occasion au bailliage d’Orléans; mais il revend ultérieurement, en 1266. Nous le voyons concurremment acquérir différents biens à Étampes même (apud Stampas) et dans sa banlieue (infra banleucam), peut-être pour recentrer les biens de la famille et en faciliter la gestion. Il poursuit à sa mort la tradition familiale d’évergétisme local en fondant deux chapellenies à l’Hôtel-Dieu d’Étampes.
      Il est a espérer que la documentation largement inexplorée, ou inexploitée, qui nous a été conservée sur le Moyen Age étampois, nous réserve encore beaucoup d’informations sur cette famille étampoise des Bourgueignel.


Harengs Harengs      Carnis privium. «Mardi gras». Ce terme barbare (puisque privium, qui dérive sans doute de privus et signifie probablement «privation» n’existe pas en latin naturel) s’écrit aussi Carnisprivium ou Carniprivium et désigne le Carême-prenant (c’est-à-dire commençant), autrement dit mardi gras, autrement dit carnaval, c’est-à-dire le dernier jour gras avant le Carême, qui commence au «mercredi des cendres». On trouve aussi pour dire la même chose Carnislevarium (en vieil italien Carneleva, d’où par métathèse Carnavale).

     Duo Halecia.
Une des graphies du latin médiéval pour «hareng», mot toujours neutre mais d’orthographe et de déclinaison variable: alec, allec, allex (G. -ecis), allecium, allecum, allexium (G. -ii).

     Hostiliam. Ce mot féminin hostilia, -ae, inconnu du Dictionnaire de Blaise est référencé par celui de Niermeyer sub verbo «hospitolium» avec pour variante hostiolum; c’est donc un diminutif de hospitium, mot dont le sens est malheureusement assez flottant, «logis», ou même «hostise», tenure d’un hôte.

     Apud Stampas veteres.  «A Étampes les Vieilles», c’est-à-dire dans le quartier Saint-Martin, comme expliqué plus haut.

     Rentitia. Ce mot féminin rentitia, -ae, inconnu des Dictionnaires de Blaise et de Niermeyer, qui connaissent seulement les mots rentagium «cens» et rentale, «censier, pouillé». Le Lexique de l’Ancien français de Godefroy (édition de 1901) atteste p. 450 trois substantifs féminins qui signifient «rente»: rent, renterie et rentition. Le latin rentitia doit en refléter un quatrième, *rentise.

     Missa de fidelibus. Le sens de cette expression reste à préciser; il s’agit probablement d’une messe dite en faveur des simples fidèles. Dans le règlement de l’Hôtel-Dieu de Troyes, qui date de 1263 et qui a été mis en ligne par un site allemand, http://mittelalter-hospitaeler.de/editionen/trolat.html, on trouve l’injonction suivante dans la partie qui concerne les malades: Numquam detur corpus eius sepulture, nisi pro ipso missa de fidelibus celebretur, si possit sine periculo fieri:
«Qu’on ne donne jamais de sépulture à son corps tant qu’on n’aura pas célébré pour lui une messe de fidelibus, si cela peut se faire sans péril.»

CHARTE DE PIERRE DE SENS (1209)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
     Petrus Dei gratia Senonensis Archiepiscopus, dilectis filiis Magistro Simoni, & fratribus domus Leprosorum Beati Lazari Stampensis, salutem in vero salutari.
     Pierre par la grâce de Dieu archevêque de Sens à ses chers fils Maître Simon et les frères de l’établissement des lépreux de Saint-Lazare d’Étampes, salut dans Celui qui est véritablement salutaire.
     Cùm nobis petitur quod justum est, vel quod videtur honestum, assensum nostrum ex injuncto nobis officio tenemur de facili impertiri. Eapropter, Carissimi in Christo filii, vestris justis postulationibus annuentes, Decimam omnium terrarum Villermi [sic] Borginelli [sic] arabilium, quas habet apud Villare juxta Bovillam, Vobis ab ipso, de assensu Isemberti Presbyteri de Villari, misericorditer collatam, secundum quod in litteris dilecti nostri Roberti Bocardi, quondam Archiepiscopalium procuraroris, perspeximus contineri, vobis & Ecclesiæ vestræ perpetuo poßidendam confirmamus, & præsenti scripti patrocinio donationem ipsius Decimæ communimus.
     Lorsqu’on nous demande ce qui est équitable, ou ce qui paraît convenable, nous sommes contraints par la charge qui nous a été imposée à ce que notre assentiment y soit donné sans difficulté. C’est pourquoi, très chers fils dans le Christ, acquiesçant à vos demandes, nous vous confirmons, à vous et à votre Église, pour en jouir à perpétuité, la dîme de toutes les terres à cultiver de Guillaume Bourgueignel, qu’il a à Villiers près de Bouville, et que le même vous vous a miséricordieusement conférée avec l’accord d’Isembert prêtre de Villiers, comme nous lavons bien trouvé précisé par une charte de notre cher feu Robert Bocard, ancien prévôt de l’archidiocèse, et nous confirmons par l’autorité du présent document la donation de la même dîme.
     Actum anno gratiæ MCCIX. mense Octobri.
     Fait l’an de grâce 1209 au mois d’octobre.
   
     Roberti Bocardi quondam  Archiepiscopalium procuratoris. Dans son introduction, Fleureau a pourtant écrit Robert Brucard, Chanoine de Sens (p.459). Il y a donc une faute, soit dans sa transcription, ou bien dans son introduction.
ANNEXE 9
TRADUCTION DE LA CHARTE DE GAUTHIER DE NANTEUIL (1235)

Boissy le Sec et Champdoux sur la carte de Cassini, réédition de 1815

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
     Ego Galterus de Nantolio, Miles, & Dominus de Buxiaco, omnibus præsentes Litteras inspecturis notum facio quòd Odelina de Buxiaco, relicta Marci quondam Majoris de Buxiaco, Guerinus Clericus, Hilarius & Girardus Laïci, Fratres, filii dictæ Odelinæ, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ, in præsentia mea constituti, recognoverunt se vendidisse, & conceßisse Priori & fratribus Domus sancti Lazari Stampensis totam terram suam quam habebant inter Duxiacum [sic] & Chandoux, contiguam terræ dictorum Prioris & fratrum, pro sexaginta lib. Paris. jam solutis: & pro tribus modiis melioris mistolii de grangia dictorum Prioris & fratrum, ad mensuram Stampensem, dictæ Odelinæ, quamdiù vixerit, infra quindenam B. Remigii annuatim persolvendis: quam terram tenebant à me in feodo prædicti Odelina, & tres filii sui, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ.
     Moi le chevalier Gauthier de Nanteuil, seigneur de Boissy, à tous ceux qui consulteront le présent document, je fais savoir qu’Odeline de Boissy, veuve de Marc, feu maire de Boissy, le clerc Guérin et les laïcs Hilaire et Girard, frères de la dite Odeline, ainsi qu’Anseau, neveu de la même Odeline, s’étant assemblés en ma présence, ont reconnu avoir vendu et concédé au prieur et aux frères de l’établissement de Saint-Lazare d’Étampes toute leur terre, qu’il possédaient entre Boissy et Champdoux, contiguë à la terre des dits prieur et frères, contre une somme de soixante livres parisis, qui a déjà été réglée, et contre trois muids d’un méteil de qualité supérieure de la grange des dits prieur et frères, selon la mesure d’Étampes, qui seront à régler à la dite Odeline aussi longtemps qu’elle vivra, chaque année dans la quinzaine suivant la saint-Rémi; cette terre, la susdite Odeline, ses trois fils et Anseau, neveu de la même Odeline, la tenaient de moi à fief.
     Predicti autem Odelina & tres filii sui, & Ansellus Nepos ejusdem Odelinæ in manu dicti Prioris fidem præstiterunt corporalem, quod in prædicta terra, per se, vel per alios, jure hæreditario, vel alio modo nihil de cætero reclamarent:
     La susdite Odeline, ses trois fils et Anseau, neveu de la même Odeline, ont formellement prété serment en donnant la main au dit prieur que dans la susdite terre il ne réclameraient rien à l’avenir ni par eux-mêmes, ni par d’autres, soit par droit d’héritage ou de quelque autre manière.
     hanc autem venditionem & conceßionem, ut superiùs dictum est, factam volui, laudavi & ad preces bonorum virorum, assensu & voluntate Margaretæ uxoris nostræ, nobilis mulieris, & Ioannis filii mei, ob remedium animarum, nostrarum & parentum nostrorum, dictis Priori & fratribus sancti Lazari, in manu mortua, in perpetuum poßidendam conceßi pro quinque solidis paris. censualibus, & nihil ampliùs, mihi vel hæredibus meis, singulis annis, in festo Beati Remigii persolvendis in futurum. Post decessum verò dictæ Odelinæ, prædicti Prior & fratres à solutione trium modiorum mistolii liberi, quieti & absoluti remanebunt.
     Cette vente et concession, qui s’est faite comme dit ci-dessus, je l’ai acceptée et approuvée; et, sur la prière de gens de bien, avec l’assentiment et l’acceptation de notre épouse, noble femme Marguerite, et de mon fils Jean, pour le salut de nos âmes et de celles de nos parents, je l’ai concédée pour quils la possèdent en main-morte au prieur et aux frères de Saint-Lazare, contre cinq sous parisis de cens qui seront à verser à l’avenir à moi ou à mes héritiers chaque année à la fête de saint Rémi. Mais après le décès de la dite Odeline, les susdits prieur et frères seront libérés, affranchis et quittes du versement des trois muids de méteil.
     Quod ut ratum & stabile permaneat, & memoriæ commendetur in posterum ad petitionem prædictarum partium præsentes Litteras sigilli mei munimine roboravi. Actum publicè anno Domini MCCXXXIV. mense Ianuanio.
     Et pour que cela demeure sûr et stable et que cela soit confié à la mémoire de la postérité, à la demande des susdites parties, j’ai certifié le présent document au renfort de mon sceau. Fait l’an du Seigneur 1234 [ancien style, lisez 1235] au mois de janvier.
   
     Au mois de Janvier MCCXXXIV. Fleureau n’a pas pris garde que cette date est donnée par le document latin qu’il cite dans l’ancien style, où l’année commence début mars et finit fin février. Il faut donc comprendre en janvier 1235 et non 1234.

     Ego Galterus de Nantolio... assensu... Ioannis filii mei. «Moi Gauthier de Nanteuil... avec l’accord... de mon fils Jean». Le Cartulaire de Notre-Dame des Vaux-de-Cernay, édité par Luc Merlet et Auguste Moutié en 1857 et mis en ligne depuis par L’École Nationale des Chartes, à conservé une autre charte de Gauthier de Nanteuil datée de mars 1226 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/vauxcernay1/acte279/, en ligne en 2006).
     De son côté le Cartulaire de l’abbaye de Notre-Dame de la Roche, édité par Auguste Moutié en 1846 et mis également en ligne depuis par L’École Nationale des Chartes, à conservé plusieurs chartes de Jean fils de Gauthier en date de juillet 1248 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte27/), mars 1239
(http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte28/), janvier 1244 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte29/), août 1245 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte59/), août 1252 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte60/), et d’autres chartes où il est encore cité, en mars 1251 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte64/), mars 1251 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte65/), mars 1246 (http://elec.enc.sorbonne.fr/cartulaires/laroche/acte120/), en ligne en 2006.
ANNEXE 10
TRADUCTION DE LA REQUÊTE A ST LOUIS IX (1237)

Texte latin donné par Fleureau (1683)
Traduction de B. G. (2006)
     Ludovico Dei gratia Regi Francorum Illustrißimo Capitulum sancti Lazari Stampensis salutem in præsenti, & gloriam in futuro, & semper de suis hostibus triumphare.      Au très illustre Louis par la grâce de Dieu roi des Francs, le chapitre de Saint-Lazare d’Étampes [souhaite] la salut pour le présent, la gloire pour l’avenir, et de triompher toujours de ses ennemis.
     Majestati Regiæ duximus Rex illustrißime ut de XL. lib. Paris. quas vobis ad instantem Purificationem Beatæ Mariæ Virginis tenemur persolvere, ad instans [p.457] festum sancti Remigii terminum concedatis misericorditer, & respectum: & tunc nostris collectis fructibus de primo fructu nostro super dicto debito vestrum beneplacitum faciemus.      Nous avons recours à la majesté royale, très illustre roi, au sujet des 40 livres parisis que nous sommes tenus de vous régler à la prochaine Purification de la Sainte Vierge Marie, pour que vous nous accordiez miséricordieusement un terme à la prochaine fête de saint Rémi, et pour qu’alors, une fois nos moissons faites, nous réglions avec notre première récolte ce que vous aurez décidé au sujet de cette dette.  
     Datum sabbato post festum sancti Vincentii Anno Domini MCCXXXVI.
     Donné le samedi après la fête de saint Vincent l’an du Seigneur 1236.
   
ANNEXE 11
TRADUCTION DE LA BULLE DE CLÉMENT V (1312)

     Clemens Episcopus servus servorum Dei universis Christi fidelibus præsentes litteras inspecturis Salutem, & Apostolicam benedictionem.
     L’évêque Clément, serviteur des serviteurs de Dieu à tous les fidèles du Christ qui consulteront cet acte, salut et bénédiction apostolique.
     Licet is de cujus munere venit, ut sibi à fidelibus dignè & fideliter serviatur, de abundantia pietatis suæ, quæ merita supplicum excedit & vota, benè servientibus sibi multo majora retribuat quam valeant promereri: nihilominùs tamen desiderantes Domino reddere populum acceptabilem, & bonorum operum sectatorem, fideles ipsos ad complacendum ei [sic correxi; & Fleureau; vide infra alis bullas] quasi quibusdam allectivis muneribus, indulgentiis, videlicet, & remißionibus invitamus,ut ipsi exinde reddantur divinæ gratiæ aptiores.
     Bien que celui par la faveur duquel il advient qu’un service digne et fidèle soit rendu par les fidèles, du fait de l’abondance de sa piété, qui surpasse les mérites des prières et des vœux, s’attire une rétribution bien plus importante qu’on en peut promettre; néanmoins cependant, désirant rendre au Seigneur un peuple qui lui soit agréable et qui pratique les bonnes œuvres (Tite II, 14), nous poussons les dits fidèles à Lui plaire  par certaines sortes de faveurs attractives, à savoir des indulgences et des pardons, pour qu’eux-mêmes par là soient rendus plus accessibles à la grâce divine.
     Cupientes igitur ut Capella leprosorum sancti Lazari Stamparum Senonensis Diocœsis congruis honoribus frequentetur: & ut infirmi in dicta domo degentes sustententur: ac domus quæ utique sicut accepimus, reparatione indiget, non modicùm sumptuosa reparetur: & ut Christi fideles ad dictam Capellam causa devotionis confluant, & ad sustentationem infirmorum & reparationem domus hujusmodi manus proprias porrigant adjutrices, quo exindè ibidem uberiùs dono cælestis gratiæ conspexerint refectos, de Omnipotentis Dei misericodia & SS. Petri & Pauli Apostorum ejus auctoritate [p.453] confisi.
    Ainsi donc, désirant que la chapelle des lépreux de Saint-Lazare d’Étampes, au diocèse de Sens, soit honorée comme elle doit l’être, que les malades qui séjournent dans cet établissement soient sustentés, que cet établissement, qui nécessite surtout, à ce que nous avons appris, des réparations assez coûteuses, soit réparé, afin que les fidèles du Christ affluent à la dite chapelle par dévotion, et qu’ils tendent leurs propres mains secourables au secours des malades et pour la dite réparation de cet établissement, par quoi dès lors, ils y verront des gens plus abondamment restaurés par l’octroi d’une grâce céleste, et seront confiants dans la miséricorde de Dieu Tout-Puissant et dans l’autorité de Ses Apôtres Pierre et Paul:
     Omnibus verè pœnitentibus & confeßis, qui in Nativitatis, Circumcisionis, Epiphaniæ, Resurrectionis, Ascensionis, Corporis Domini nostri Iesu Christi, Pentecostes: Nec non Nativitatis, Annuntiationis, Purificationis, & Assumptionis Beatæ Mariæ Virginis, & Nativitatis B. Ioannis, & BB. Apostolorum Petri & Pauli, prædictarum festivitatum Octavas & per sex dies dictam festivitatem Pentecostes immediatè sequentes, præfatam Capellam visitaverint annuatim, & ad sustentationem infirmorum & reparationem hujusmodi manus porrexerint adjutrices; singulis videlicet festivitatum & celebritatis [sic. Lisez celebritatum?] unum annum & quadraginta dies: Octavarum verò & sex dierum prædictorum, quibus Capellam ipsam visitaverint & manus porrexerint adjutrices ut præfertur quinquaginta dies de injunctis eis pœnitentiis misericorditer relaxamus.
      tous ceux qui, s’étant vraiment repentis et confessés, à l’occasion de Noël, de la Circoncision, de l’Épiphanie, de Pâques, de l’Ascension, de la Fête-Dieu, de la Pentecôte, ainsi que de la Nativité de la Vierge, de l’Annonciation, de la Purification et de l’Assomption de la sainte Vierge Marie, de la Nativité de saint Jean-Baptiste, de la fête des saints Pierre et Paul, des octaves des sudites fêtes et des six jours suivant immédiatement la dite fête de Pentecôte, auront visité chaque année la dite chapelle et auront tendu leurs mains secourables pour le secours des malades et la dite réparation,
     
pour chacune de ces fêtes et célébration, nous les affranchissons miséricordieusement d’un an et quarante jours des pénitences qui leur auraient été imposées;
     
quant à ceux qui auront visité chaque année la dite chapelle et auront tendu leurs mains secourables comme porté ci-dessus à l’occasion des octaves et des susdits six jours, [nous les affranchissons] de cinquante jours [des dites pénitences].
     Cæterùm ut omnia & singula quæ per eosdem fideles pro relaxationis hujumodi gratiæ consequenda offerri contigerit vel donari in usus ad quos donata vel oblata fuerint integrè convertantur, sub interminatione divini judicii districtiùs inhibemus, ne quis cujuscumque status, conditionis vel dignitatis existat, quidquam de donatis vel oblatis ipsis, sibi aliquatenùs appropriet vel usurpet. Si quis autem hoc attemptare præsumpserit non poßit à reatu præsumptionis hujusmodi ab aliquo, nisi apud sedem Apostolicam, ac satisfactione debita per eum de illis, quæ sibi appropriaverit vel usurpaverit, realiter priùs impensa; nisi in mortis articulo constitutus, absolutionis beneficium obtinere.
     Au reste, pour que toute et chacune des choses qui pourront être offertes ou données par les dits fidèles à raison de la dite indulgence soit intégralement employée dans le but pour laquelle elle aura a été donnée ou offerte, nous interdisons très sévèrement, sous la menace du jugement de Dieu, que qui que ce soit, quels que soit son statut, sa condition ou sa dignité, s’approprie ou usurpe quoi que ce soit des dites donations ou offrandes de quelque manière que ce soit. Si quelqu’un avait l’audace de s’y essayer, qu’il ne puisse obtenir la grâce de l’absolution du crime d’une telle audace de personne d’autre que du siège apostolique, après qu’il aura d’abord fait réparation en remboursant ce qu’il se sera approprié ou aura usurpé, sauf à l’article de la mort.
      Datum Avenione, VIII. Idus Iulii Pontificatus nostri anno VII. sigillatum sub plumbo.
     Donné à Avignon huit jours avant les ides de juillet l’an 7 de notre pontificat, scellé de plomb.
Bulle de Clément V (recto de ce sceau de plomb)
Bulle de Clément V (recto)

Bulle de Clément V (verso de ce sceau de plomb)
Bulle de Clément V (verso)
   

     Le Pape Clement V.... l’an septiéme de son Pontificat.  La bulle est datée d’Avignon le septième jour avant les ides de juillet, en la septième année du pontificat de Clément V, qui a été élu pape à Lyon le 5 juin 1305. Elle a donc été expédiée le 9 juillet 1312.

     Nativité (Noël, naissance du Christ): 25 décembre. Circoncision (du Christ, “huit jours” après sa naissance): 1er janvier. Épiphanie (visite du Christ enfant par les mages, baptême du Christ par Jean-Baptiste et miracle de Cana): 6 janvier, ou, en France, 1er dimanche après le 1er janvier. Resurrection (du Christ), dite aussi Pâques: le dimanche qui suit le 14éme jour de la lune, au plus tôt le 21 mars. Ascension (du Christ au ciel, “quarante jours” après sa résurrection): le jeudi 39e jour après Pâques. Fête du Corps de Nôtre Seigneur (dite aussi Fête-Dieu): 60 jours après Pâques. Pentecôte (effusion du Saint-Esprit sur les Apôtres “cinquante jours” après la Résurrection du Christ): le dimanche 49 jours après Pâques. Nativité (naissance de la Sainte-Vierge): 8 septembre. Annonciation (annonce par l’ange Gabriel à la Sainte-Vierge de la conception virginale en elle du Christ): 25 mars. Purification (de la Sainte-Vierge au Temple de Jérusalem après son retour de couches), dite aussi Présentation (du Christ au Temple) ou Chandeleur (fête des chandelles): 2 février. Assomption de la sainte Vierge (sa montée au ciel après sa semi-mort ou Dormition): 15 août. Nativité de saint Jean (de saint Jean-Baptiste, 6 mois exactement avant celle du Christ à Noël): 24 juin. Fête des Apôtres saint Pierre et saint Paul: 29 juin.

     Licet is de cujus munere venit, etc. Tout le préambule de cette Bulle et plus largement l’ensemble de sa structure et sa phraséologie sont totalement stéréoypés. On les retrouve tels quels dans de nombreuses bulles papales ou documents assimilés depuis au moins Grégoire IX en 1235. En avril 2006 il y avait déjà en ligne au moins dix bulles de cette famille, mises en ligne par des sites allemand, autrichien, italiens et espagnol, datant respectivement de 1235, 1252, 1257, 1284, 1287 (bis), 1289, 1381, 1392 et 1400. Nous avons réuni ces textes ci-dessous.
     L’examen de ce formulaire et de ses variantes permet au passage de voir sur le vif le fonctionnement de la chancellerie apostolique, qui recopie à la chaîne des formulaires où se sont parfois introduites des corruptions qui sont le plus souvent recopiées sans sourciller.
     Ainsi on écrit d’abord
ad complacendum ei quasi (1235, 1252, 1257, 1284, 1287, bis, et 1289) puis, par mégarde, ad complacendum et quasi. On pourrait croire à une erreur de lecture de Fleureau, mais cette erreur se retrouve en 1392 et en 1400, et la corruption est confirmée entre temps en 1381 par la correction maladroite d’un scribe qui a vu le problème mais corrigé incorrectement ad complacendum sibi quasi.

Bulle de Clément V (recto de ce sceau de plomb)      Populum acceptabilem, & bonorum operum sectatorem. Citation de la Lettre de saint Paul à Tite, chapitre 2, verset 14: (Jesus Christus) qui dedit semet ipsum pro nobis ut nos redimeret ab omni iniquitate et mundaret sibi populum acceptabilem sectatorem bonorum operum«Jésus Christ qui s’est offert lui-même pour nous, afin de nous racheter de toute iniquité et de se purifier un peuple agréable (c’est-à-dire susceptible d’être offert en offrande) et adepte des bonnes œuvres.» On notera que dans les parallèles en ligne du texte de cette bulle, la réminiscence biblique se réduisait originellement à populum acceptabilem (1235, 1252, 1257, 1284, 1287, bis, et 1289), tandis qu’elle n’est complétée par sectatorem bonorum operum qu’ultérieurement, en même temps que s’introduit la corruption et pour ei (1312, 1381, 1392 et 1400).

     Sigillatum sub plumbo. «scellé avec du plomb». Il s’agit de la fameuse «bulle», reproduite ci-contre, qui donne son nom  ce genre de document.

Dix exemples en ligne en 2006 de
BULLES ET DOCUMENTS ASSIMILÉS DE MÊME FACTURE


1235
GREGORIUS episcopus servus servorum Dei dilectis filiis .. abbati et conventui monasterii sancti Michaelis Babembergen(sis) salutem et apostolicam benedictionem. Licet is de cuius munere venit ut sibi a fidelibus suis digne ac laudabiliter serviatur de habundantia pietatis sue que merita supplicum excedit et vota beneservientibus multo maiora retribuat quam valeant promereri nichilominus tamen desiderantes reddere domino populam acceptabilem fideles Christi ad complacendum ei quasi quibusdam illectivis premiis indulgentiis scilicet [e]t  remissionibus invitamus ut exinde reddantur divine gratie aptiores. Cupientes igitur ut ecclesia vestra congruis honoribus frequentetur omnibus vere penitentibus et confessis qui ecclesiam ipsam in die consecrationis eiusdem venerabiliter visitarint de omnipotentis Dei misericordia et beatorum Petri et Pauli, apostolorum eius, auctoritate confisi viginti dies de iniunctis sibi penitentiis misericorditer relaxamus. Dat. Perusii, II id. Iulii pontificatus nostri anno nono.
1252
Dilectis filiis priori et fratribus eremi S. Salvatoris de Sylva Lacus, Senensis dioecesis, Salutem etc. Licet his, de cuius munere venit, ut sibi a fidelibus suis digne ac laudabiliter serviatur, de abundantia pietatis suae, qui merita supplicum excedit et vota, bene servientibus multo maiora retribuit, quam valeant promereri, nihilominus tamen desiderante Domino populum acceptabilem reddere, Christifidelibus ad complacendum ei, quasi quibusdam inlectivis muneribus, indulgentiis scilicet et remissionibus invitamus, ut exinde reddantur divinae gratiae actiones. Cupientes igitur, ut ecclesia vestra congruis honoribus frequentetur, omnibus vere poenitentibus et confessis, qui ecclesiam ipsam in festo Dedicationis eiusdem venerabiliter visitaverint annuatim de omnipotentis Dei misericordia ac Beatorum Sanctorum Petri et Pauli Apostolorum, cuius auctoritate confisi, quadraginta dies de iniuncta sibi poenitentia misericorditer relaxamus. Datum Perusii XV Kalendas Maii, Pontificatus nostri anno nono.
Source: http://web.tiscali.it/ghirardacci/bullarium/bullarium.htm, sous le n°3, en ligne en 2006
1257
Alexander Episcopus, Servus Servorum Dei, dilectis in Christo filiabus, Priorisse et sororibus Monasterii Sancti Dominici de Maiorito Ordinis Sancti Augustini, Toletane Diocesis, Salutem et Apostolicam Benedictionem. Licet is, de cuius munere venit ut sibi a fidelibus suis digne ac laudabiliter serviatur, de abundantia pietatis sue, que merita supplicum excedit et vota, bene servientibus multo majora retribuat quam valeant promereri; nihilominus tamen desiderantes reddere populum Domino acceptabilem, fideles Christi, ad complacendum ei quasi quibusdam illectivis premiis, Indulgentiis scilicet et remissionibus invitamus, ut exinde reddantur divine gratie aptiores. Cupientes igitur ut Ecclesia Monasterii vestri congruis honoribus frequentetur, omnibus vere penitentibus et confessis, qui Ecclesiam ipsam in sanctorum Dominici confessoris, cuius, ut asseritis, est insignita vocabulo, necnon et Petri Martyris Festivitatibus annuatim venerabiliter visitaverint, de Omnipotentis Dei misericordia et Beatorum Petri el Pauli Apostolorum eius auctoritate confisi, quadraginta dies de injunctis sibi penitentiis misericorditer relaxamus.
Datum Viterbii, XIII kalendas Augusti, Pontificatus nostri Anno Tertio.
Source: http://cervantesvirtual.com/servlet/SirveObras/24617288435804617422202/p0000003.htm, n’est plus en ligne en 2006
1284
Vniuersis Christi fidelibus, ad quos presentes littere peruenerint, nos dei gratia Petrus Arborensis archiepiscopus, Vincentius Portugalensis, Bartholomeus Gaietanus, Acerus Wexionensis, Bernardus Humanas, Tholomeus Sardanensis, Henricus Saxenatis, Geuehardus Brandeburgensis, Torfinnus Hammarensis et Andreas Aslvensis episcopi, salutem in domino sempiternam. Licet is, de cuius munere venit, vt sibi a suis fidelibus digne ac laudabiliter seruiatur, de abundantia pietatis sue merita supplicum excedens et uota bene seruientibus tamen multo maiora tribuat, quam valeant promereri, desiderantes itaque reddere domino populum acceptabilem, fideles Christi ad complacendum ei quasi quibusdam allectiuis muneribus indulgencijs videlicet et remissionibus inuitamus, vt exinde reddantur diuine gratie aptiores. Cupientes igitur vt monasterium in Altenburch ordinis sancti Benedicti Patauiensis dyocesis congruis honoribus frequentetur, omnibus vere penitentibus et confessis, qui ad ipsum monasterium in festis subscriptis, videlicet in singulis festiuitatibus domini scilicet Natiuitatis, Resurrectionis, Ascensionis et Pentecostes, in singulis festiuitatibus beate Marie virginis, in festo sancti Michaelis archangeli, in festo sancti Johannis baptiste, in festis sanctorum apostolorum Petri, Pauli, Jacobi, Johannis atque Andree, in festo beati Lamberti, in festo sancti Benedicti, in festis sanctorum Martini et Nicolai confessorum, in festo beate Katerine virginis, in festo omnium sanctorum ac in dedicatione ipsius monasterij causa deuotionis accesserint, vel ad structuram aut ad aliqua necessaria predicti monasterij manus adiutrices porrexerint, nos de omnipotentis dei misericordia et beatorum Petri et Pauli apostolorum auctoritate confisi, quilibet nostrum quadraginta dies de injuncta sibi penitentia, dummodo consensus dyocesani accesserit, misericorditer in domino relaxamus. In cuius rei testimonium presentes litteras sigillorum nostrorum munimine duximus roborandas. Datum apud Vrbem ueterem, anno domini millesimo ducentesimo octuagesimo quarto, VII. Idus Marcij, pontificatus domini Martini pape quarti anno tercio.
1287
Universis Christi fidelibus, ad quos presens scriptum pervenerit, Sifridus Dei gracia Coloniensis ecclesie archiepiscopus, Arnoldus Babenburgensis, Fridericus Curensis, Chunradus Argentinensis, Sifridus Augustensis, Reimbotus Eistetensis, Chunradus Thulensis, Bruno Brixensis episcopi salutem in Domino sempiternam. Licet is, de cuius munere venit, ut sibi a suis fidelibus digne ac laudabiliter serviatur, de habundancia pietatis sue merita supplicum excedens et vota bene servientibus multo maiora tribuat quam valeant promereri, desiderantes tamen reddere Domino populum acceptabilem, fideles Christi ad conplacendum ei quasi quibusdam allectivis muneribus, indulgenciis videlicet et remissionibus, invitamus, ut exinde reddantur divine gracie aptiores. Cupientes igitur, ut ecclesie priorum et fratrum heremitarum ordinis sancti Augustini civitatum Austrie, videlicet Wienne, Marhek et Paden, congruis honoribus frequententur, omnibus vere penitentibus et confessis, qui ad dictas ecclesias in festis duplicibus causa devocionis accesserint aut illis prioribus et fratribus ad necessaria ipsorum elemosinas suas largiti fuerint vel ad fabricas ipsarum ecclesiarum seu ornamenta manus porrexerint adiutrices aut in extremis laborantes quicquam facultatum suarum legaverint, nos de omnipotentis Dei misericordia et beatorum Petri et Pauli apostolorum auctoritate confisi singuli singulos quadraginta dies criminalium et annum venialium de iniunctis eis penitenciis, dummodo consensus dyocesani ad id accesserit vel accedat, misericorditer in Domino relaxamus. In cuius rei testimonium presens scriptum sigillorum nostrorum munimine duximus roborandum. Datum Herbipolim (sic!), anno Domini m° cc° Ixxx° vii°, decimo kalendas Aprilis.
1287
Vniuersis Christi fidelibus, ad quos littere presentes peruenerint, nos miseratione diuina Thomas Acherarum, Leo Calamonensis, Romanus Crohensis, Valdebrunus Auellonensis, Egidius Durtiberensis, Maurus Ameliensis, Acursius Pesauriensis, Perronus Larinensis, Michael Antibarensis et Gregorius Arbensis, archiepiscopi et episcopi, salutem in domino sempiternam. Licet is, de cuius munere venit, vt sibi a suis fidelibus digne ac laudabiliter seruiatur, de habundancia pietatis sue merita supplicum excedens vota bene seruientibus multo maiora tribuat, quam valeant promereri, desiderantes tamen domimo reddere populum acceptabilem, fideles Christi ad complacendum ej quasi quibusdam allectiuis, muneribus videlicet et remissionibus, inuitamus, vt exinde reddantur diuine gracie apciores. Cvpientes igitur, vt abbacia Altenburgensis Patauiensis dyocesis congruis honoribus frequentetur, omnibus vere penitentibus et confessis, qui ad predictam abbaciam in festis subscriptis, videlicet natiuitatis domini, resurreccionis, ascensionis et penthecostes, et in singulis festis beate Marie virginis, et in festo trinitatis, beati Johannis baptiste et euangeliste, apostolorum Petri et Pauli et omnium apostolorum, Laurentij et Thome martirum, Nicolaj et Cadmundi confessorum, nec non et in festis sanctarum virginum Katerine, Margarete et Marie Magdalene, et maxime in festo beati Lamberti, in cuius honore predicta abbacia est fundata, ac eciam in festo dedicacionis eiusdem, deuotionis causa accesserint aut de bonis sibi a deo collatis ad fabricam vel ad sustentationem luminarium aliquid contulerint, seu eciam in extremis laborantes de suis legaverint vel quoquo modo dederint, nec non et qui pro animabus requiescentibus in dicta abbacia et pro animabus omnium fidelium defunctorum, quocienscumque et quandocumque orationem dominicam cum salutatione virginis supradicte pia mente dixerint, nos de omnipotentis dei misericordia et sue matris piissime nec non apostolorum Petri et Pauli et omnium sanctorum auctoritate confisi, singuli singulas dierum quadragenas de iniunctis sibi penitentijs, dummodo dyocesanus eiusdem hanc nostram indulgenciam ratam habuerit, misericorditer in domino relaxamus. In cuius rei testimonium sigilla nostra duximus apponenda. Data Rome, anno dominj millesimo ducentesimo octuagesimo septimo, pontificatus dominj Honorij pape quarti anno secundo.
1289
Nicolaus Episcopus Servus Servorum Dei. Dilectis fulijs, Generali, et Provincialibus, Prioribus, ac alijs Fratribus Universis Ordinis S. Augustini, salutem, et Apostolicam Benedictionem. Licet is de cuius munere venit, ut sibi a fidelibus suis digne, ac laudabiliter serviatur, de abundantia pietatis suae; quae merita supplicum excedit, et vota, bene servientibus multo maiora retribuit, quam valeant promereri; nihilominus tamen cupientes reddere Domino populum acceptabilem Christifideles ad complacendum ei, quasi quibusdam illectivis praemijs, Indulgentijs scilicet, et remissionibus invitamus, ut exinde reddantur Divinae gratiae aptiores. Nos igitur ob Redemptoris nostri reverentiam, et Sanctissimi Confessoris B. Augustini vestri Patroni, sub cuis Regula Domino militatis, qui Sanctam Dei Ecclesiam miris illustravit Eloquijs, et Doctrinis; memoratum Ordinem condignis favoribus, et gratijs honorare volentes, et cupientes, quod Ecclesiae locorum vestri Ordinis congruis honoribus frequententur, omnibus vere paenitentibus, et confessis, qui praedictas Ecclesias in Assumptione B. Virginis, et eiusdem Confessoris Festivitatibus, ac illas ex eisdem Ecclesijs, quae sunt hoc tempore dedicatae, in diebus Dedicationis earum, et usque ad octo dies sequentes annis singulis cum devotione debita venerebiliter visitaverint, de Omnipotentis Dei misericordia, et Beatorum Petri et Pauli Apostolorum eius auctoritate consisi, centum dies de iniunctis eis poenitentijs misericorditer relaxamus. Datum Romae apud S. Mariam Maiorem, octavo Idus Februarij, Pontificatus nostri Anno primo.
Source: http://web.tiscali.it/ghirardacci1/torelli/1289.htm, sous le n°3, en ligne en 2006
1381
Urbanus episcopus, seruus seruorum dei, Vniuersis christi fidelibus presentes litteras inspecturis Salutem et apostolicam benedictionem. Licet is de cuius munere venit, ut sibi a suis fidelibus digne et laudabiliter seruiatur, dehabundantia sue pietatis, que merita supplicum excedit et uota bene seruientibus sibi multo maiora retribuat quam valeant promereri, nichilominus tamen desiderantes domino reddere populum acceptabilem et bonorum operum sectatorem, fideles ipsos ad complacendum sibi quasi quibusdam muneribus allectiuis, indulgencijs videlicet et remissionibus invitamus, ut exinde reddantur diuine gracie aptiores. Cupientes igitur, ut Monasterium beate Marie in Sytansteten ordinis sancti Benedicti Patauien. dioc. congruis honoribus frequentetur et ut christi fideles eo libencius causa deuocionis confluant predictum ad Monasterium, quo exhijs (?) [N. B.Le point d’interrogation est de l’éditeur. D’après les autres chartes ici rassemblées (1312,1387 et 1400), il faut bien lire ex hiis, les autres portant ex hoc (B.G.)] ibidem dono celestis gracie conspexerint se refectos, de omnipotentis dei misericordia et beatorum Petri et Pauli apostolorum eius auctoritate confisi omnibus vere penitentibus et confessis, qui in Natiuitatis, Circumcisionis, Epiphanie, Resurreccionis, Ascensionis, Corporis dni. nostri ihesu christi ac Penthecostes nec non in Natiuitatis beati iohannis bapiste, dictorum apostolorum Petri et Pauli ac sancte Dorothe virginis et ipsius Monasterij dedicacione festiuitatibus et in celebritate omnium sanctorum nec non per ipsarum Natiuitatis, Epiphanie, Resurreccionis, Ascensionis, Corporis dni. ac Natiuitatis et Assumpcionis beate [295] Marie et Petri et Pauli apostolorum predictorum festiuitatum octabas et per Sex dies dictam festiuitatem Penthecostes in mediate sequentes Monasterium ipsum deuote visitauerint annuatim et ad sustentacionem ipsius pias elemosinas erogauerint singulis videlicet festiuitatum et celebritatis (?), Annum et Quadraginta dies de iniunctis eis penitentijs in domino misericorditer relaxamus. Volumus autem, quod si alias visitantibus predictum Monasterium vel ad fabricam ipsius manus porrigentibus aut alias inibi pias elemosinas erogantibus aliqua indulgencia in perpetuum vel ad certum tempus nondum elapsum duratura auctoritate apostolica fuerint concessa (?), huiusmodi presentes nostre littere nullius existant roboris uel momenti. Datum Rome apud Sanctumpetrum VI. Idus Aprilis Pontificatus nostri Anno Quarto.
Source: http://web.tiscali.it/ghirardacci1/torelli/1289.htm, sous le n°3, en ligne en 2006
1387
BONIFACIUS episcopus servus servorum dei. Universis Christifidelibus presentes litteras inspecturis salutem et Apostolicam benedictionem. Licet i de cuius munere venit ut sibi a suis fidelibus digne et laudabiliter servatur de abundantia sue pietatis que merita supplicum excedit et vota beneservientibus sibi multo majora retribuat quam valeant promerere, nihilominus tamen desiderantes domino populum reddere acceptabilem et bonorum operibus sectatorum fideles ipsos ad complacendum et quasi quibusdam allectans muneribus indulgentiis videlicet et remissionibus invitamus ut exinde reddantur divine gratie aptiores. Cupientes igitur ut ecclesia sancti Dominici de Pedemonte, Alifane diocesis, a Christifidelibus congruis honoribus frequentetur et ut fideles ipsi causa devocionis er libencius confluant et ad eius reparacionem manus promptius porrigant adiutrices quo ex hoc ibidem celestis dono gratie conspexerint se refectos de omnipotentis dei misericordia et beatorum Petri e Pauli Apostolorum eius auctoritate confisi omnibus vere penitentibus et confessis qui eandem ecclesiam sancti Dominici in festivitate sancti Thome de Aquino devote visitaverint annuatim et ad reparacionem huiusmodi manus porrexerint adiutrices illam indulg… remissionem suorum peccatorum auctoritate Apostolica tenore presencium concedimus quam ecclesiam beate Marie in Portiuncula… de Angelis extra muros Assisinatem primo et secundo diebus Augustini visitantes annuatim quomodolibet consecuuntur, volumus autem quod si alias visitantibus dictam ecclesiam aut ad eius reparacionem manus porrigentibus adiutrices seu alias inibi pias elemosinas erogantibus aut alias, per nos aliqua alia indulgentia in perpetuum vel ad certum tempus nondum elapsus duratura per nos concessa fuerit presentes littere nullius existant roboris vel momenti. Datum Rome apud sanctum Petrum in Kalendis Februarii Pontificatus nostri Anno Nono.
1400
Bonifacius Episcopus Servus Servorum Dei. Universis Christi Fidelibus presentes litteras inspecturis Salutem, et Ap[osto]licam Benedictionem. Licet is de cujus munere venit, ut sibi a suis Fidelibus digne, et laudabiliter serviatur, de abundantia Suae pietatis, quae merita suplicum exedit, et vota bene servientibus sibi multo majora retribuat, quam valeant promemeri; nihilominus tamen desiderantes Domino reddere Populum acceptabilem, et bonorum operum sectatorem, Fideles ipsos ad complacendum, et quasi quibusdam allectos muneribus IndulIndulgentijs scilicet et remissionibus invitamus, ut exinde reddantur Divinae gratiae aptiores. Hodie siquidem dilecto Filio Iacopo Antonii Benelli de Terra Centi Laico Bononien. Dioc. cupienti de bonus sibi a Deo collatis unum Altare in honorem, et sub vocabulo Beatae Mariae Virginis in Hospitali pauperum ejusdem B. Mariae de dicta Terra fundare, et pro perpetuo publico inibi Domino servituro dotare, praemissa faciendi licentia perjurat. Litteras, concedi mandavimus, prout in expressis litteris plenius continetur. Cupientes igitur ut Altare ipsum eo decentiuis fundari, et dotari valeat, et ut postquam fundatum, et dotatum fuerit Christi Fideles eo libentius causa devotionis confluant ad idem Altare, quo ex hoc ibidem Dono celestis gratiae uberius conspexerint se refectos, de Omnipotentis Dei misericordia, et Beatorum Petri, et Pauli Apostolarom ejus auctoritate, aut bonitate confisi, omnibus vere paenitentibus, ac confessis, qui in Nativitatis, Incarnationis, Epiphaniae, Resurrectionis, Ascensionis Corporis Domini Nostri Iesu Christi, et Pentecostes, nec non in Nativitatis, Annuntiationis, Purificationis, et Assumptionis dictae Beatae Mariae Virginis, et Nativitatis D. Iohannis Baptistae, ac Apostolorum Petri, et Pauli predictorum, ac Dedicationis ipsius Altaris festivitatibus, et in Celebritate omnium Sanctorum, nec non per........... Nativitatis, Epiphaniae, Resurrectionis, Ascensionis, et Corporis Domini Nostri Iesu Christi, ac Nativitatis, et Assumptionis Beatae Mariae, nec non Nativitatis S.Iohannis, et Apostolorum Petri, et Pauli predictorum Festivitatum Octavas, ac per sex dies dictam Festivitatem, et celebritatis septem Annos, et totidem Quadragenas, Octavarum vero, et sex dictorum praedictorum diebus, quibus dictum Altare annuatim visitaverint, ut praefertur, centum dies de iniunctis eis paenitentijs misericorditer relaxamus. Volumus autem quod si alias visitantibus dictum Altare, vel ad ejus fabricam manus porrigentibus adiutrices, aut alias inibi pias elemosinas erogantibus, aut aliter aliqualia Indulgentia in perpetuum, vel ad certum tempus nondum elapsum duratura per Nos concessa fuerit, hujusmodi praesentes litterae nullius existant roboris, vel momenti. Dat. Romae apud Sanctum Petrum septimo Cal. Aprilis Pontificatus Nostri Anno undecimo.
Source: www.comune.cento.fe.it/liceo/ Pagine/prg/mtf/mtf1tomo/d12.htm , n’est plus en ligne en 2006
 
ANNEXE 12
CE QUE LÉON MARQUIS A ÉCRIT DE CETTE MALADRERIE
dans Les Rues d’Étampes et ses Monuments (1881)

[p.146]
     L’an 1570, la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes n’ayant pas de lépreux, la ville obtint du roi des lettres patentes affectant une rente de 300 livres, prise sur les revenus de cet hôpital, à l’entretien du collège.
[p.211]
     Saint-Michel.— Hameau de la paroisse Notre-Dame, situé à 1,500 mètres nord d’Étampes, sur la route de Paris.
     C’est dans ce hameau qu’on voyait autrefois la maladrerie Saint-Lazare, ancien hôpital pour les lépreux, qui existait déjà en, 1120. Elle a été supprimée à la fin du XVIIe siècle, et tous ses biens furent donnés à l’Hôtel-Dieu et au collège d’Étampes.
     A gauche de la route on voyait l’église du couvent, dédiée à aint-Michel. De là le nom du hameau; de là aussi l’origine de la foire saint-Michel d’Étampes, qui se tenait primitivement auprès de la léproserie. Cette foire a été instituée en 1147 par le roi Louis-le-Jeune, qui accorda aux lépreux «tous les droits de marché qui lui pouvaient appartenir pendant huit jours dans Étampes. (Fleureau, p. 454.)
[p.417 (retranscription partielle de la Rapsodie de Nicolas Plisson)]
     Maladrerie Saint-Lazare.Jacques Yvon, prestre, maistre et administrateur de ladite maladrerie du jour de la Saint-André 1552 audit jour 1556…..
     Recepte de huit muids de bled de rente deue par les héritiers Boudon sur la métairie appelée la Grange-Saint-Ladre d’Estampes……….
     Despense de x s. parisis par sepmaine, payez à chacun lépreux ou malades de lèpre au nombre de quatre, suivant l’ordonnance de M. de Ruzé, conseiller de la cour……….
     Est faict mention de xix sols parisis, payez à Liénard Le Prince, M. des haultes œuvres de la ville d’Estampes
[autrement dit le bourreau], qui lui ont esté taxés par le bailly, pour avoir marqué lesdits malades affin qu’on les cogneust……….
     Autre despense à cause des réparations et augmentations faictes à l’église de la maladrerie
.
 
ANNEXE 13
CE QUE FRÉDÉRIC GATINEAU A ÉCRIT DE CETTE MALADRERIE
dans Étampes en lieux et places (2003)


CARRIÈRES (les)
     Autre champtier du même nom situé à Saint-Lazare. Il est cité en 1626 (A dioc 4) et en l’an II (ADY 1Q353).
     La grande carrière de sable existe toujours.
CLOS SAINT-LAZARE (le)
     Ce champtier non situé est cité en 1537 et en l’an II (ADY 1Q353). S’agissait-il d’une propriété de l’ancien hôpital Saint-Lazare établi en 1120 dans l’actuelle avenue de Paris?
DIGUE (moulin de la)
     Cet ancien moulin appartenait primitivement à la maladrerie Saint-Lazare au faubourg Saint-Michel. Sur le plan de 1827, il est assimilé au moulin de la Trinité.
GRANGE SAINT-LADRE
     Cette ferme est citée au 16e siècle comme propriété de la maladrerie Saint-Lazare, couramment abrégée en «Saint Ladre». Elle devait être située près de la maladrerie mais de l’autre côté de la route (Baron).
HOSPICE (moulin de l’)
     Situé au n° 2 rue de Bressault, cet ancien moulin porta divers noms: moulin de l’Hôtel-Dieu, moulin Bressault, moulin de la Grande-Roue. En 1820, le site comprenait deux moulins, à savoir:  quatre paires de meules montées sur deux lignes (ADE 1X43). En 1825, c’est un des deux premiers moulins d’Étampes à être équipé à «l’anglaise». Le bâtiment fut reconstruit en 1856 (ADE 1X43). Le moulin a été déclassé en 1934 et aménagé en appartements en 1935 sous le nom de Villa Bressault (ADE7S49). Son nom de moulin de l’Hospice lui vient de ce qu’il était, au 13e siècle, propriété de la maladrerie Saint-Lazare d’Étampes avant de devenir, au 18e siècle, propriété de l’Hôtel-Dieu de la ville.
LÉPROSERIES
     Les léproseries étaient, au moyen-âge, situées en dehors des limites de la ville. Les malades et ceux qui les soignaient, y vivaient en quasi autarcie. L’ancien Hôpital Saint-Lazare jouait ce rôle. En 1556 est signalée encore la présence de quatre lépreux. Il semble bien que l’ancien Hôpital de Buval ait joué aussi un temps le rôle de léproserie.
MALADRERIE SAINT-LAZARE
     Cet hôpital pour lépreux est cité dès 1120. L’hôpital était attenant à la chapelle. En face, de l’autre côté de la route, se trouvaient les dépendances, entre autres la Grange Saint-Ladre. En 1556, il y a encore quatre lépreux dans l’établissement. La maladrerie sera supprimée à la fin du 17e siècle. Au 18e siècle, la maison sera transformée en ermitage. Elle était située de part et d’autres de la grand route vers les n° 111-117 et 102  boulevard Saint-Michel. C’était le lieu primitif de la foire Saint-Michel à partir de 1147. La chapelle était dédiée à Saint Lazare et Saint Michel. Des fragments de colonnettes de cette ancienne chapelle étaient encore visibles au musée en 1922.
MALADRERIE (moulin de la)
    Ce moulin cité dès 1243 était situé «au-dessous de celui de la Trinité». Il est décrit comme tombé en ruine en 1587 (BF). Ce nom lui venait de ce qu’il appartenait à la maladrerie de Saint-Lazare.
PETITE VARENNE SAINT-LAZARE (la)
     Ancien nom du champtier des Roches de Saint-Pierre cité en 1763 (ADE H dépôt 1 B62).
     Varenne est une déformation de garenne.
SABLON DE SAINT-LAZARE
     Ce lieu-dit, près de la Croix de Vernailles, est cité en 1763. Il doit correspondre à la grande carrière de Saint-Lazare (ADE H dépôt 1 B62).
SAINT-LAZARE
     Lieu-dit du cadastre, en grande partie boisé. Le bois de Saint-Lazare est cité dès 1552. Une grande carrière de sable blanc très pur du niveau stampien y est exploitée depuis des siècles. Elle est aussi appelée carrière Saint-Michel. Vers 1756, le naturaliste étampois Jean-Etienne Guettard y fit des trouvailles de fossiles de rennes et de mammouths du quaternaire dans une fissure du grès. De nouvelles fouilles en 1965 mettront à jour d’autres fossiles de mammifères et de crocodiles. Le nom de Saint Lazare vient de l’ancienne maladrerie Saint-Lazare située non loin. [LD11]
SAINT-LAZARE
     Cette ancienne auberge, citée en 1833, était située avenue de Paris entre la rue Saint-Jacques-de-Bedegond et la Pointe.
SAINT-LAZARE (sente de)
     Ce chemin est cité en 1869 (ADE 3O168). Il dessert le lieu-dit du même nom.
SAINT-MICHEL (auberge)
     L’ancienne auberge Saint-Michel était établie dans une partie de l’ancienne maladrerie.
     Elle est citée en 1775 (AM1). L’auberge fut démolie en 1913 (ADE 7G65).
SAINT-MICHEL (boulevard)
     Cette portion de la grande route de Paris à Orléans, désignée parfois comme route de Paris, était aussi la voie de passage des pèlerins vers Saint-Jacques de Compostelle. [...]
     Au n° 42, ancienne auberge Saint-Michel. [...]
      Au 102, ancien hôtel Saint-Michel, bâti au début du 20e siècle, face à l’emplacement de l’ancienne léproserie Saint-Michel. [...]
     Au n° 111, vestiges d’un pilier ancien, unique vestige de l’ancienne léproserie Saint-Lazare. [...]
SAINT-MICHEL (carrière)
     Autre nom de la carrière située au lieu-dit Saint-Lazare.
     Cette carrière de sable blanc très pur révèle une épaisseur de plus de 50 m de sable stampien.
SAINT-MICHEL (hameau et lieu dit)
     Jusqu’à la fin du 19e siècle, le hameau de Saint-Michel était relativement isolé. Au fur et à mesure de l’urbanisation, les deux côtés du boulevard vont se garnir de maisons.
     Saint-Michel est aussi le nom d’un lieu-dit. [LD 17]
     Le nom de Saint-Michel vient de la titulature de l’ancienne chapelle de la léproserie Saint-Lazare. L’archange Saint Michel est devenu, au fil du temps, le patron fédérateur de la ville d’Étampes.
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 451-462. Saisie: Bernard Gineste, 2006.
   
 
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité entre 1662 & 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); réédition en fac-similé reliée], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2005.

     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la maladerie Saint-Lazare d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c21.html, 2006.

Sur les Chartes citées par Fleureau
 
Sceau de Louis VII Sceau de Louis VI Charte de Louis VI

     Jean DUFOUR (auxiliaire de l’Académie, maître de conférence à la IVe section de l’École Pratique des Hautes-Études), Recueil des actes de Louis VI, publié sous la direction de M. Robert-Henri Bautier, membre de l’Institut. Tome premier: actes antérieurs à l’avènement et 1108-1125 [449 p.], Paris, De Boccard, 1992
, pp. 359-361 (n°174).

Chartes de Louis VII


     François GUIZOT, 
«Chartes et pièces relatives à lhistoire d’Étampes», in ID., Histoire de la civilisation en France, depuis la chute de l’Empire romain. Deuxième édition [4 vol. in-8°], Paris, Didier, 1840 [Rééditions: 1843. 1846. Paris, Masson, 1851. Paris, Didier, 1857. Saint-Germain, L. Toinon, 1871. Paris, E. Perrin, 1884 (15e édition)], tome IV, p. 298 (traduction de la deuxième charte donnée par Louis VII en 1147, celle qui récapitule les précédentes).
 
     Bernard GINESTE [éd.], «François Guizot: Chartes et pièces relatives à lhistoire d’Étampes (1830)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-guizot1839etampes.html#1147, 2006.

Sur la Maladrerie Saint-Lazare d’Étampes

     Dom Basile FLEUREAU, «De la Commanderie de saint Iacques de l’épée, & du Couvent des Capucins», in ID., Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°], Paris, J.-B. Coignard, 1683, pp. 445-447.
     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la Commanderie de saint Iacques de l’épée, & du Couvent des Capucins (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c20.html, 2006.

     Léon MARQUIS, Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996], pp. 2146, 211 & 417.
     Bernard GINESTE [éd.], «Ce que Léon Marquis écrit de cette maladrerie», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c21.html#annexe11, 2006.

     Léon GUIBOURGÉ, «La Maladrerie Saint-Lazare», in ID., Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957 [réédition en fac-similé: Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997], pp. 135.
     Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes312maladrerie.html, 2004.

     Claudine BILLOT, «Étampes, formation et développement de la ville et de ses faubourgs», in Julia FRITSCH & Dominique HERVIER [dir.], Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix [316 p.; 10 contributeurs, 942 notes; 340 documents photographiques, la plupart en couleur; avec un résumé, with a summary, pp. 297-304], Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 30-37 [spécialement: «Les établissemens hospitaliers», pp. 36-37, & notes 45-46 p. 277].

     «Dans la banlieue sont implantés plusieurs hôpitaux sur les principales voies d’accès. Au faubourg Évezard, en venant de Paris, on rencontrait d’abord la maladrerie Saint-Lazare (102 et 111-117, boulevard Saint-Michel) qui a été fondée au plus tard en 1120 entre la route et la Chalouette. Disparue aujourd’hui, elle est connue, entre autres documents, par les donations faites par Louis VI (1120) et Louis VII (1147) de terres, de rentes de froment et de vin, d’une foire et de droits de marché comme on l’a vu plus haut (45). En 1556, des comptes y révèlent encore la présence de quatre lépreux (46).»
(45) Fleureau, B., Les Antiquitez…, actes édités p. 453-454 et 460-461. (46) Compte transcrit dans Marquis, L., Les Rues d’Étampes…, p. 147 (lisez 417).

     Frédéric GATINEAU, Étampes en lieux et places. Toponymie de la ville et de la commune d’Étampes [29,5 cm sur 21; 150 p.; dictionnaire alphabétique de 2327 entrées; 252 photographies noir et blanc; 11 plans; couverture couleur; broché], Étampes, Association A travers champs, 2003.

     Frédéric BEAUDOIN & Michel MARTIN, «L’Église et les œuvres» & «Les institutions charitables», in Jacques GÉLIS [professeur émérite d’histoire moderne à Paris VIII, directeur de la collection], Michel MARTIN & Frédéric BEAUDOIN [directeurs du premier tome], Le pays d’Étampes. Regards sur un passé. Tome 1: Des origines à la ville royale [17 cm sur 24; 215 p.], Étampes, Étampes-Histoire, 2003 [ISBN 2-9508-988-07; 27,50 €]., pp. 156-158 & 164-166.

     La première de ces sections, dont lobjet nest dailleurs pas des plus clairs, ne touche qu’indirectement à notre sujet. Dans la deuxième, qui traite de notre léproserie pp. 165-166, il faut rejeter nettement l’hypothèse des auteurs selon laquelle le droit de foire concédé à la léproserie aurait pour but «d’écarter tout bonnement ces réprouvés du commerce intra-muros» (p.166). Les auteurs n’ont pas observé que la communauté ecclésiastique de Saint-Lazare est composée tant de frères malades que de frères bien-portants. Il est évident que ce sont ces derniers qui circulent dans Étampes pour défendre les intérêts de la communauté, et que les autres sont de toute façon confinés dans la léproserie.
     De même, d’une façon générale, la notion d’Église n’est pas suffisamment définie dans cette section. Par suite, écrire que «l’Église (…) possède pratiquement le monopole des hôpitaux et des institutions charitables» n’offre guère de sens bien net, et ne traduit de toute façon aucune réalité que l
on puisse constater. En fait, ce que nous laissent entrevoir les documents, au moins dans ce cas, c’est une communauté de personnes saines et malades, mises sur le même plan (omnibus fratribus et sororibus ejusdem domus tam sanis quam infirmis). Et cest cette communauté même qui est appelée Église par l’archevêque de Sens (vous et votre Église), en ce sens qu’elle est autonome, apte à défendre ses propres intérêts, et dotée dune instance décisionnaire relativement démocratique, le chapitre (capitulum).
     Il aurait donc peut-être été plus judicieux d’écrire qu’à l’époque considérée, toute entreprise caritative qui veut s’inscrire dans la durée paraît devoir prendre une forme institutionnelle de nature ecclésiastique, pour autant du moins que nous le sachions; car nous sommes tributaires d’une documentation où la part des institutions de nature ecclésiastique est évidemment sur-représentée, et c’est une chose qu’il faut toujours avoir à l’esprit lorque l’on traite de la société médiévale.
     Au reste il ne faut pas perdre de vue que les hommes du Moyen Age n’étaient pas si différents de ce que nous sommes, et on doit considérer à cet égard comme remarquable le préambule de la troisième charte de Louis VII, si étrangement dépourvu de considérations proprement religieuses: 
C’est la fragilité même de la condition humaine qui nous exhorte à compâtir aux détresses et aux besoins des lépreux, avec d’autant plus d’humanité que nous nous les voyons plus cruellement tourmentés dans la faiblesse de notre chair.
B. G.


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Antiquitez de Fleureau resteront longtemps encore une œuvre de référence pour l’historiographie étampoise.  
   
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