CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Léon Guibourgé
La Congrégation Notre-Dame
Étampes ville royale, chapitre V.3
1957
 
Extérieur du Cloître du Sacré-Coeur de la Congrégation Notre-Dame à Etampes (carte postale Brières)  
Extérieur du Cloître du Sacré-Cœur de la Congrégation Notre-Dame à Etampes (carte postale Brières)
  
 
ÉTAMPES, VILLE ROYALE
Étampes, chez l’auteur, 1957
chapitre V.3, pp. 170-178.
La Congrégation Notre-Dame
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


Léon Guibourgé FONDATEUR, ARRIVÉE A ETAMPES.

     Nous avons vu à propos de l’histoire des Cordeliers à Etampes qu’au XVIIe siècle ces religieux eurent comme voisines les religieuses de la Congrégation Notre-Dame. Qu’étaient ces religieuses? Cette Congrégation fut fondée par Pierre Fourier. Voici une brève notice sur ce personnage que l’Église à canonisé.

     Pierre Fourier est né à Mirecourt dans les Vosges en 1565. Il entra au chapitre régulier de Chamousey, près Epinal en 1585 et fut nommé curé à Mattaincourt (Vosges). Après avoir fondé pour l’instruction des jeunes filles la Congrégation de Notre- Dame que le pape Paul V approuva en 1616, il travailla à la réforme des chanoines réguliers de Lorraine sur l’ordre de Grégoire XV. La Congrégation de Saint-Sauveur qu’il institua pour réunir les chanoines réguliers fut approuvée par Urbain VIII en 1624 : il lui donna pour mission principale l’instruction des enfants des campagnes. Il mourut à Gray dans la Haute-Saône en 1640. Le pape Léon XIII le canonisa en 1899. Son corps a été transporté à Mattaincourt où son tombeau attire de nombreux pèlerins.

     La première maison fondée par Pierre Fourier pour l’éducation des jeunes filles s’ouvrit en Lorraine à Saint-Mihiel. Elle fut aussitôt suivie d’une seconde à Nancy. L’ordre se répandit bientôt dans presque toute la Lorraine, puis dans plusieurs villes de France, notamment à Provins en 1629, à Etampes la même année, un peu plus tard à Corbeil en 1643. [p.171]

     A Etampes l’établissement des religieuses de la Congrégation Notre-Dame ne se fit pas aisément. La ville avait déjà choisi des religieuses d’une autre Congrégation, des Ursulines mais elle avait omis de demander l’autorisation de l’Archevêque de Sens dont dépendait Etampes. Aussi l’Archevêque de Sens s’en plaignit au maire d’Etampes dans une entrevue qu’il eut avec lui à Paris, et il le pria de convoquer une réunion des habitants pour substituer aux Ursulines les religieuses de la Congrégation Notre-Dame.

     Dans ses notes, Maître Plisson, avocat du roi à Etampes au XVIIe siècle, nous donne le compte rendu de cette réunion qui eut lieu le 27 décembre 1629:
     «Aujourd’hui jeudi, 27e jour de décembre 1625, de 2 heures à heures après-midi, en la maison commune de la ville d’Etampes, assemblée de ville a été faite, où sont comparus devant nous Jacques Petau conseiller du roi, lieutenant civil et criminel au bailliage et gouvernement d’Etampes, président de ladite assemblée, les maire et échevins, M. Pierre Baron, maître Clément Poisson, Jean Foudrier, Pierre Guyot et Pierre Goussard, Me Jean du Buis, conseiller et élu pour le roi en l’élection d’Etampes, Me Pierre Legendre, ancien avocat, et autres habitants de la ville.
     «Le sieur Baron, maire, a dit qu’étant depuis peu à Paris il avait été mandé par Mgr l’Archevêque de Sens qui lui aurait rendu plainte qu’il avait été averti que les habitants avaient donné naguère leur consentement pour l’établissement des religieuses Ursulines dans leur ville, ce qu’il trouvait étrange, vu que cela lui appartenait et dépendait de son autorité et approbation.
     «Il ajouta qu’en faisant sa visite dans ladite ville, il avait été prié par certains d’y mettre des religieuses pour l’instruction des filles. Pour le bien de tous il avait engagé sa parole et il avait demandé des Filles de la Congrégation Notre-Dame, ayant bonne connaissance qu’elles profiteraient grandement au public pour l’instruction des filles, tant à la piété qu’aux exercices convenables à leur sexe.

     «C’est pourquoi il avait chargé ledit Baron, maire, de proposer son intention aux habitants de cette ville et de leur demander leur consentement pour l’établissement des Filles de la Congrégation Notre-Dame, comme ils l’avaient donné pour les Ursulines, et qu’ils lui laissassent et remissent l’établissement des religieuses à son choix et option. Ce qu’ayant été entendu, l’assemblée d’un commun avis, a résolu de s’en remettre à la volonté, [p. 172] discrétion et choix de Mgr l’Archevêque, moyennant que les religieuses, qu’il lui plaira d’établir en cette ville, soient obligées par leur institut d’enseigner les filles gratuitement aux exercices ci-dessus, sans apporter aucune charge à la ville, qui ne sera tenue de contribuer en rien à leur établissement.
     «Le tout sous le bon plaisir et permission de S. M. et le consentement de Mgr le Duc de Vendôme, duc d’Etampes...»

     Suit la signature du secrétaire: «Guibourg».
Saint Pierre Fourier (1565-1640)
AUTORISATION DE L’ARCHEVÊQUE DE SENS, DIFFÉRENTES MAISONS OCCUPÉES A ÉTAMPES PAR LA CONGRÉGATION.

     A la suite de la demande de M. Pierre Baron, maire d’Etampes, pour avoir des religieuses enseignantes à Etampes, Mme de Vendôme, au nom de son mari, Mgr le Duc de Vendôme, donna son consentement le 2 janvier 1630: «laissant, disait-elle, à Mgr l’Archevêque de Sens le choix de telles religieuses et de tel ordre qu’il trouvera bon.
»

     L’Archevêque de Sens avait proposé les religieuses de la Congrégation Notre-Dame. Ces dames arrivent à Etampes les 5 janvier. Elles doivent tout d’abord, n’ayant pas encore de maison, loger à l’hôtel. Elles descendent aux «Trois Mages», rue Saint-Jacques, qu’on appelle encore les «Trois Rois». Elles s’occupent aussitôt de trouver un domicile. Elles prennent à loger la maison du «Petit Paris». Cette maison est probablement l’immeuble occupé de nos jours par un marbrier, au 4, de la rue Saint-Jacques (rue Louis Moreau).

     L’Archevêque qui était alors à Etampes vient les voir, et choisit une chambre pour y dire la messe. Il publie le même jour une ordonnance au sujet de leur établissement. Voici les principaux passages de cette ordonnance:
     «Octave de Bellegarde, par la grâce de Dieu et du Saint Siège apostolique, archevêque de Sens, primat des Gaules et de Germanie, à tous ceux qu’il appartiendra, salut en Notre Seigneur.
     «Sachant combien la pieuse éducation et instruction de la jeunesse est utile, et nous ayant été depuis peu représenté par quelques vertueuses personnes qu’elles auraient dévotion de fonder en la ville d’Etampes de notre diocèse un monastère de la Congrégation Notre-Dame, nous suppliant d’établir ledit monastère... A ces causes, conformément aux bulles de sa Sainteté, nous, en présence des Sieurs le lieutenant-général, les maires et
[p.173] échevins de ladite ville d’Etampes et de plusieurs notables, avons par ces présentes établi, et établissons le susdit monastère, en la ville d’Etampes, des religieuses de la Congrégation Notre-Dame, à la charge que les dites religieuses garderont la clôture, qu’elles instruiront les filles, et qu’elles seront soumises sous notre perpétuelle charge, visite, correction, gouvernement et entière obéissance et juridiction, et de nos successeurs archevêques...
     «A cet effet, nous avons les dites religieuses renfermées dans une maison en l’enclos de la ville, et dans un oratoire, après avoir fait la bénédiction, célébré la sainte Messe, et donné pouvoir d’y célébrer et administrer les sacrements, tant aux dites religieuses qu’à leurs écolières et autres, par des prêtres de nous approuvés... En foi de quoi, nous avons signé les présentes de notre main.
     «A Etampes, le 6e jour de janvier l’an 1630.»

     Les religieuses, une fois installées officiellement, reçoivent des acquisitions. Le 26 mars 1632, elles obtiennent en partie une ferme à La Forêt-le-Roi, comme dot d’une religieuse. Le 16 juillet, elles achètent plusieurs maisons côte à côte, rue de la Plâtrerie, qu’on appelait à cette époque la rue des Tripots.

     Leur premier domicile, rue Saint-Jacques, devenant trop étroit, elles s’installent en 1634 dans leurs immeubles de cette rue des Tripots, qu’on aménage en monastère. Elles s’agrandissent les 16 et 28 juillet 1635 en y ajoutant deux jardins contigus. Le 13 décembre de la même année il est fait acquisition d’une petite ferme à Pierrefitte, terroir de Saint-Hilaire, contenant 30 arpents, 80 perches.

     L’importance de la Communauté allant toujours croissant, les religieuses ne tardent pas à manquer de place dans la rue des Tripots. Alors, elles se décident à bâtir un nouveau et plus vaste couvent dans la paroisse Saint-Gilles, près des Cordeliers. Pour cela, elles achètent en cet endroit plusieurs terrains voisins les uns des autres, et sur leur emplacement elles construisent aussitôt de grands bâtiments, sous la direction de la Supérieure, qui était alors Mme Madeleine d’Herbemont de Charmois, en religion Mère Gabrielle de l’Annonciation.

     A l’heure actuelle, le carrefour qui est au bout de la rue des Cordeliers avant d’arriver à la rue Saint-Jacques s’appelle encore le «Carrefour des Religieuses». Il s’agit bien entendu des religieuses de la Congrégation Notre-Dame qui s’installèrent près du carrefour. [p.174].


SON ÉTABLISSEMENT DANS LE QUARTIER SAINT-GILLES, ÉPREUVES SOUS LA FRONDE, ACQUISITIONS ET TRAVAUX, LA CHAPELLE.

     En vue d’établir leur Congrégation dans le quartier Saint Gilles, proche des Cordeliers, les religieuses font l’acquisition de plusieurs maisons et terrains en cet endroit.

     C’est d’abord le 16 février 1645 une petite maison servant d’hôtellerie, à l’enseigne des «Trois-Marchands», puis le 25 avril, plusieurs autres bâtiments, un grand jardin, un pré, d’un côté aulnaie, de l’autre arbres fruitiers ; le 24 octobre 1647, deux maisons voisines et un jardin, et, le 2 novembre 1648, toujours dans le voisinage, une grande maison et un jardin servant d’auberge à l’enseigne des «Trois-Maures».

     Les propriétés des religieuses s’étendaient ainsi depuis le carrefour jusqu’à la rivière des Prés. Le 19 septembre elles avaient obtenu du seigneur d’Etampes la permission de renfermer la rivière dans ces propriétés, afin d’en compléter la clôture malgré la vive opposition des religieux Cordeliers, leurs voisins.

     En 1649, les travaux pour aménager le couvent et le pensionnat sont à peu près terminés. Le 28 août, en la fête de Saint Augustin, elles viennent s’établir dans leur nouvelle résidence. L’année suivante, elles s’agrandissent encore par l’acquisition de l’hôtellerie du «Cheval Blanc». Ces différentes hôtelleries achetées par la congrégation s’installèrent ailleurs dans la rue Saint Jacques.

     Nous arrivons en 1652, époque de la terrible guerre civile de la Fronde, qui amène ruines et misères. L’armée de Condé, qui luttait contre l’armée de Mazarin, ministre du roi, s’empare d’Etampes, se promettant pillage et viol. Les habitants sont affolés. Le couvent de la. congrégation Notre-Dame sert d’asile à un grand nombre de dames et de jeunes filles, parties précipitamment de chez elles. On les met à l’abri dans la partie du couvent réservée aux religieuses avec leurs pensionnaires, sous la garde de deux soldats en sentinelles devant leur porte. Pendant ce temps les autres soldats pillent le reste de la maison. Les religieuses ne sont donc pas insultées, mais courant des dangers continuels, vingt et une: d’entre elles se font conduire à Paris, protégées par une forte escorte pour trouver refuge chez les Dames de Port-Royal. Elles ne reviennent à Etampes auprès des sœurs  qui étaient restées pour empêcher la destruction de [p.175] leur maison que lorsque l’ordre fut entièrement rétabli, c’est-à-dire en janvier 1653.

     Après ces troubles, il faut remettre la maison en ordre. Les religieuses rentrées de Paris avaient apporté une somme de 2.000 francs données par leurs familles, et cette somme va aider aux réparations et aux agrandissements.

     A la communauté il manque une chapelle. Les religieuses songent à la construire sur un terrain vague attenant à leur propriété. Elles le demandent au duc d’Etampes. Voici en partie le libellé de leur requête:
     «Du 22 janvier 1662, les religieuses de la Congrégation Notre-Dame demeurant à Etampes ont présenté requête à Mgr le Duc de Vendôme et d’Etampes pour qu’il lui plaise leur accorder et faire don d’une place vide, attenant leur couvent, qui ne sert à nul usage, ni habitation; au contraire, dans l’état qu’elle est à présent, elle sert de retraite et donne sujet de débauche et d’assemblée à des joueurs, qui blasphèment et font d’autres excès; pour y faire construire une église ou chapelle, chœur et cour, pour la commodité publique et augmentation du service divin...
»

     Mais le duc d’Etampes, avant d’accorder ce qu’on lui demande, renvoie la requête aux juges maire et échevins d’Etampes afin d’avoir leur avis. Cette sorte d’enquête va durer un bon moment et va rencontrer des difficultés. Elle commence en février 1662.

     Le lieutenant général du bailliage, le maire, les échevins, les magistrats sont d’accord pour donner aux religieuses ce qu’elles demandent. Toutefois Pierre Plisson, avocat du roi, demande «qu’on informe le duc d’Etampes que la place demandée par les religieuses qui ont déjà en dedans un grand enclos vacant sur lequel elles peuvent édifier, est de temps immémorial un lieu public, de belle symétrie, destiné tant pour les exécutions de justice que pour les marchés, s’appelant de toute ancienneté le marché aux Porcs, et que sous le bon plaisir de M. le Duc, il y a lieu de faire assemblée générale des habitants pour entendus...
»

     Malgré cette opposition, l’affaire suit son cours, et le 7 mai 1663, le Procureur du Roi signe son consentement, donnant ainsi une réponse favorable aux religieuses. Ce qui n’empêche pas Pierre Plisson de protester encore au sujet du procès-verbal de l’alignement du terrain accordé. «Cet alignement, dit-il, outre qu’il semble confus, semble trop nuisible à la décoration de la ville, aux intérêts des R. Pères Cordeliers, et autres voisins.» [p.176]

     Evidemment, dans cette affaire, on ne pouvait faire plaisir à tout le monde. Les religieuses ont gain de cause, et elles commencent aussitôt la construction de leur chapelle.


SA PROSPÉRITÉ, TROUBLES CAUSÉS PAR LE JANSÉNISME, DISPERSION DES RELIGIEUSES A LA RÉVOLUTION, LEUR RETOUR.

     «Les religieuses de la Congrégation Notre-Dame, dit dom Fleureau, avaient bâti un très beau monastère; dûment autorisées, elles achevèrent la construction de leur chapelle, dont la première pierre fut posée en grande cérémonie le jeudi 7 mai 1665, par Jean Chesnay, curé de Saint-Basile, chargé de la procuration de Mgr de Gondrin, archevêque de Sens. La chapelle ayant été terminée la première, elle fut bénite avec les cérémonies accoutumées et dédiée à saint Joseph, le jeudi 23 septembre 1666, par le même Jean Chesnay, curé de Saint-Basile, doyen de la chrétienté au détroit d’Etampes, suivant la commission qu’il en avait reçue du même archevêque.»

     Tous ces travaux ont sans doute épuisé les ressources de la Congrégation. Les religieuses restent plusieurs années sans rien acquérir. En 1676, elles achètent la ferme de Guinette, et en 1679, elles ajoutent à leur propriété principale une maison voisine qui sera transformée en classes pour les élèves externes. Elles font l’acquisition, ensuite, de terres sur Saint-Martin, à Bois-Herpin, à Etréchy, à Dhuilet, à Mérouville et à Bouville.

     Nous sommes à la fin du XVIIe siècle. La Communauté est en pleine prospérité. Il y a 52 sœurs professes et 6 converses. Grâce aux revenus de leurs propriétés, elles peuvent subvenir aux besoins de leurs nombreuses pensionnaires et des externes qui, comme nous l’avons dit, sont instruites gratuitement.

     La Communauté, devenue prospère après les troubles de la Fronde, va subir de nouvelles épreuves au début du XVIIe siècle. On connaît l’impression profonde qui a produit [lisez qu’a produite] en France la promulgation en 1713 de la Bulle du Pape, intitulée Unigenitus, condamnant les maximes du Jansénisme. Rappelons que cette hérésie tendait à limiter la liberté humaine devant la grâce divine. En France, plusieurs prélats refusent d’accepter la Bulle. A Etampes, 23 prêtres de la ville et des environs protestent également; et nous voyons qu’en 1732, vingt-deux religieuses de la Congrégation Notre-Dame s’opposent à cette Bulle et au nouveau catéchisme de l’archevêque de Sens.
 
     En 1736, celui-ci se rend à Etampes, à leur couvent, dans le [p.177] dessein de leur faire reconnaître la Bulle Unigenitus et de faire procéder à l’élection des dignitaires de la Communauté. La Sœur Marie de Jésus est élue Supérieure, malgré la protestation des opposantes. Ensuite, l’archevêque de Sens tient un chapitre pour faire admettre à profession la Sœur novice Lefebvre.

     Les opposantes protestent contre la profession de la novice et se retirent. Mais elles remettent, en même temps, entre les mains de la Sœur Marie de Jésus, un acte pour l’assurer de leur disposition à ne jamais la reconnaître pour Supérieure.

     Les récalcitrantes, refusant toujours de se soumettre, la situation ne pouvait se prolonger. Huit religieuses sont enlevées de force dans la nuit du Ier juin 1736 et conduites par le prévost de la maréchaussée au couvent des Ursulines de Saint-Charles, près d’Orléans. Elle ne revinrent pas à Etampes et moururent en exil, et furent enterrées dans le cimetière des Ursulines.

     En 1740, le couvent, qui comptait encore une cinquantaine de religieuses, est visité par l’abbé Arnaud, prédicateur envoyé par l’archevêque de Sens pour convertir au nouveau catéchisme les quelques insoumises qui y étaient demeurées. Et nous pensons que le prédicateur obtient quelques succès, puisque, avant de mourir, une d’entre elles fait sa soumission le 26 décembre 1740.

     Peu de temps avant la Révolution, le nombre des religieuses dans la Communauté a diminué de moitié. En 1789, époque de la Révolution, une ancienne religieuse, la citoyenne Coffy, dénonce indignement ses anciennes compagnes au Comité révolutionnaire pour de prétendus complots. Le 3 septembre 1792, les religieuses, au nombre de 30, sont chassées de leur couvent, et on les recueille dans différentes maisons de la paroisse Saint-Basile.


     Les propriétés de la Congrégation sont alors vendues comme biens nationaux. Et c’est un serrurier d’Etampes, un nommé Delaville, qui achète le couvent d’Etampes. Après la Révolution, les religieuses le rachètent et s’y établissent en 1808. Une ordonnance royale du 1er novembre 1826 leur donne une existence légale. Elles reprennent l’instruction des jeunes filles, suivant leur règlement d’avant la Révolution, qui disait: «Notre Ordre a été institué sous le titre de Chanoinesses régulières de Saint-Augustin de la Congrégation Notre-Dame pour l’instruction gratuite des jeunes filles. A notre profession, nous faisons un vœu particulier: celui d’enseigner la religion, d’apprendre à écrire, à travailler à toutes sortes d’ouvrages; le tout, sans aucune rétribution de la ville d’Etampes, ni des parents des externes. [p.178] Nous prenons les enfants à cinq ans et les gardons tant que les parents le souhaitent.»

     Les religieuses ont rempli avec succès leur mission à Etampes jusqu’en l’année 1900, époque pénible où toutes les Congrégations religieuses furent dissoutes en France. Notons qu’à l’heure actuelle, la Congrégation Notre-Dame a rétabli plusieurs maisons et que leur maison la plus connue et la plus florissante est le «Couvent des Oiseaux». [p.179]
Cour intérieure du Pensionnat de la Congrégation Notre-Dame à Etampes (carte postale Brières)




Cour intérieure du Pensionnat de la Congrégation Notre-Dame à Etampes (carte postale Brières)
       
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
Léon Guibourgé
     Brochure préalable: Léon GUIBOURGÉ [chanoine, ancien archiprêtre d’Étampes, officier d’Académie, membre de la Commission des arts et antiquités de Seine-et-Oise, vice-président de la Société artistique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix], Étampes, la favorite des rois [in-16; 64 p.; figures; plan et couverture en couleur; avant-propos de Barthélémy Durand, maire; dessin de couverture de Philippe Lejeune], Étampes, Éditions d’art Rameau, 1954.

    
Édition princeps: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [in-16 (20 cm); 253 p.; armoiries de la ville en couleurs sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Étampes, chez l’auteur (imprimerie de la Semeuse), 1957.

    
Réédition en fac-similé: Léon GUIBOURGÉ, Étampes, ville royale [réédition en fac-similé: 22 cm; 253 p.; broché; armoiries de la ville sur la couverture; préface d’Henri Lemoine], Péronnas, Éditions de la Tour Gile, 1997.

    
Édition électronique: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: Étampes ville royale (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampesvilleroyale.html (33 pages web) 2004.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: La Congrégation Notre-Dame à Étampes (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes503congregationnotredame.html, 2004.

Sur la Congrégation Notre-Dame à Étampes

     Bernard GINESTE [éd.], «Marie Angélique Arnauld: Sur des religieuses fuyant le siège d’Étampes (fin mai 1652)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-16520628arnauld.html, 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Congrégation Notre-Dame d'Étampes: Déclaration de biens, rentes et meubles (22 février 1790)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-17900222congregation.html, 2008.

     Dom Basile FLEUREAU, «Du Monastere des Religieuses de la Congregation de Nôtre-Dame», in ID., Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°], Paris, J.-B. Coignard, 1683, pp. 445-447.
     Dont une réédition électronique en ligne: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De I’Eglise & du Couvent des RR. PP. Cordeliers (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c19.html, 2006.

     Bernard GINESTE [éd.], «Léon Guibourgé: La Congrégation Notre-Dame (1957)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-guibourge1957etampes503congregationnotredame.html, 2004.

     Jacques GÉLIS, «Religieux et religieuses à Étampes aux XVIIe et XVIIIe siècles» (7 illustrations), in ID. [dir.], Église et Société dans le Pays d’Étampes, Étampes, Association Étampes-Histoire [«Les Cahiers d’Étampes-Histoire» 7], 2005, pp. 4-24, spécialement pp. 11-15 & 21-24 [La légende de l’illustration de la page 12 doit être rectifiée: il s’agit des locaux du XIXe siècle sur le site de l’ancien couvent des Cordeliers].


Toute correction, critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
Source: Léon Guibourgé, Étampes, ville royale, 1957, pp. 170-178. Saisie: Bernard Gineste, octobre 2004.
    
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail