Corpus Littéraire Étampois
 
 
Pierre Jabineau
Lettre à la Comédie Française
1779
 

Signature de Pierre Jabineau
 
     Dans cette lettre Pierre Jabineau de la Voute, étampois, avocat de la Comédie Française, adresse à cette compagnie un exemplaire de la traduction en italien de L’Orphelin de la Chine, drame de Voltaire, que lui offre son auteur, un certain abbé Pezzana, qui, en remerciement, se vit offrir l’entrée gratuite jusqu’à la fin de son séjour à Paris.
   
LETTRE DE JABINEAU Á LA COMÉDIE FRANCAISE
[original conservé par la Comédie Française]


Paris ce 5 juillet 1773.


     Je me suis chargé, Monsieur, avec bien du plaisir du soin de faire passer à la Comédie la Traduction que Mr L’abbé Pezzana a faitte de l’orphelin de la Chine de Monsieur de Voltaire. Ceux d’entre vous qui sçavent l’Italien verront combien sont mérités les éloges que le Poëte fait du Traducteur, outre cet ouvrage, Monr L’Abbé Pezzana a encore traduit la Phèdre de Racine, et Roméo et Juliette que la ville de Verone lui a demandée; aussitôt que ces deux pieces seront imprimées, il aura l’honneur d’en offrir un exemplaire à la Comédie. Je proffite avec empressement de cette occasion pour renouveller à toute votre Société les assurances de mon attachement pour elle, et à vous, Monsieur les sentiments d’Estime avec lesquels j’ai l’honneur d’etre

Monsieur

Signature de Pierre Jabineau Votre tres humble et tres
obeissant serviteur
Jabineau de la Voute

[Note du lecteur]

répondre à M. jabineau honnêtement et l’instruire de la lettre ecrite a Mr Labbé Pezzana.

RÉPONSE DE LA COMÉDIE FRANCAISE
[copie conservée par la Comédie Française]

Mr
     La Comédie française vous remercie du présent que vous lui avez procuré. Ce n’est point assez pour vous de lui rendre les services les plus utiles, vous saisissez l’occasion de lui en rendre d’agréables; que ne vous doit-elle point?
     Voudrez-vous bien, Monsieur, vous charger de faire remettre à Mr l’Abbé Pezzana la Lettre ci-jointe, qui lui auroit été adressée si l’on avoit connu sa demeure?
    J’ai l’honneur d’être…&c.
LETTRE DE PEZZANA Á LA COMÉDIE FRANCAISE
[original conservé par la Comédie Française]


     Messieurs

     Ne soyez point étonnés qu’un étranger ose vous présenter la traduction d’une piece sur laquelle vous avez des droits. C’est l’ouvrage du sophocle de notre siècle, sous un autre habillement. L’attachement et la vénération que vous avez pour le pere, m’a [correction en bas de page: m’ont] fait espérer que vous voudriez bien accueillir favorablement un de ses enfants qu’il n’a pas dédaigné de reconnoître.
     Mon offre, Messieurs, est moin un effet de mon amour propre que le transport de ma reconnoissance. Vous m’avez causé autant de plaisir que d’étonnement.Je n’aurois jamais cru que l’on pût porter l’illusion à un si haut point. Il falloit que je vinsse à Paris, pour me convaincre qu’il est des Acteurs, aussi capables de faire naître d’excellens auteurs, que ceux-ci le sont de former des acteurs habiles. Pourquoi ne m’est-il pas permis, Messieurs, de profitter, aussi longtems que je le voudrois, de pareilles leçons! J’ose croire que je ne serois pas toujours borné à vous offrir des traductions.
     J’ai l’honneur d’être avec les sentimens de respect et d’admiration que vous m’inspirez

          Messieurs

Votre très-humbre et très obéïssnt
Serviteur L’abbé Pezzana
     a Paris ce 4 Juillet 1773.


[Note du lecteur]

     Repondre une lettre tres honnête, et Le prier daccepter son Entrée jusques à son depart.
RÉPONSE DE LA COMÉDIE FRANCAISE
[copie conservée par la Comédie Française]

     Mr.

     Vous avez envoyé à la Comédie française votre traduction Italienne de l’Orphelin de la Chine; elle ne pouvoit recevoir un présent qui lui fut [sic] plus agréable; vous y avez ajouté ce qu’il y avoit de plus flatteur pour elle, les applaudissemens d’un homme de lettres tel que vous qui joignez à tant de savoir, du goût et de la délicatesse.
     La Comédie, Monsieur, vous prie d’accepter vos entrées à son Spectacle. c’est moins un acte de sa reconnoissance, qu’un tribut qu’elle paye avec plaisir aux hommes de votre mérite.
 
     J’ai l’honneur d’être…&c.

Source: photocopies des textes conservés à la Bibliothèque-Musée de la Comédie Française, grâce à l’obligeance de MM. Joël Huthwohl et Clément Wingler. Texte saisi par Bernard Gineste, avril 2004..
 
 
     
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

     Original: Conservé à la Bibliothèque Musée de la Comédie Française [cf.  INSTITUT ET MUSÉE VOLTAIRE 2003, http://www.ville-ge.ch/bpu/imv/dossier_pdf/Catalogue1.pdf, notice (reprise par notre page de bibliographie) qui confond l’auteur avec son frère l’abbé Jabineau].

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Jabineau: Lettre à la Comédie Française (1773)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-pjabineau-lettrealacomediefrancaise.html, 2003.

Autres lettres de Pierre Jabineau

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Jabineau: Lettre au comte Malvassi (1774)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-pjabineau-lettreamalvassi.html, 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Jabineau: Lettre à d’Alembert (1779)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-18-pjabineau-lettreadalembert.html, 2003.
 
 
Sur Pierre Jabineau


       Voir pour l’instant notre bibliographie générale sur les Jabineau.
 
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