Corpus Latinum Stampense
 
Un moine de Longpont
Dons de Robert Château et de son neveu Gibert
notices des environs de 1140
   
Eglise de Longpont (Gravure de L. Gaucherel)
Statue de Notre-Dame (Gravure de L. Gaucherel)
Portail de l'Eglise de Longpont (Gravure de L. Gaucherel)
    
     Vers 1140 sont enregistrées deux donations en faveur de Notre-Dame de Longpont. Nous les regroupons ici parce qu’elle étaient visiblement rédigées sur le même parchemin original.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.

 
Un moine de Longpont
Dons de Robert Château et de son neveu Gibert
notices des environs de 1140

1. Première traduction (2008)

     Presencium posteritati commendare disposuimus quod
     Nous avons fait en sorte de transmettre à la postérité des gens présents ceci.
     Robertus Castellus (1), anime sue saluti pio providens consilio, quicquid apud Piscosas hereditario jure possidebat, videlicet censum, terram arabilem, tres partes cujusdam hospitis, partem suam furni, tres partes cujusdam prati, & si quid aliud ibi habebat, totum ex integro ecclesie beate Marie de Longo Ponte devote contulit,
     Robert Château (1), pourvoyant au salut de son âme sous le coup de pieuses réflexions, a dévotement donné à l’église Notre-Dame de Longpont, intégralement, tout ce qu’il détenait par droit d’héritage à Pecqueuse, à savoir un cens, une terre cultivable, trois parts d’un certain serf, sa part du four, trois parts d’un certain pré et tout ce qu’il pouvait détenir dans cet endroit.
     assensum prebentibus Walterio Gohori & Gisleberto, nepotibus suis, domino etiam Symone de Rupe Forti, comite, de cujus fedo hoc ipsum erat, benigne concedente.
     Ses neveux Gautier Gohori et Gibert y ont consenti, et monseigneur le comte Simon de Rochefort, de qui ce bien était tenu à fief, l’a benoîtement autorisé.
     Dedit etiam memoratus Robertus beate Marie medietatem omnium que apud Curvam Villam habebat, concedentibus Balduino Cuungerio, de quo ipse tenebat, & Guidone filio Frederici de Palaciolo, & Bucchardo, fratre Guillelmi de Orceaco, qui cognominatur Panis & Aqua (2), de quibus Balduinus tenebat.
     Le susdit Robert a aussi donné à Notre-Dame la moitié de tout ce qu’il détenait à Corbeville, avec le consentement de Baudoin Congier, de qui il le tenait, de Guy fils de Ferry de Palaiseau, et de Bouchard frère de Guillaume d’Orsay surnommé Pain-et-Eau (2), desquels Baudouin le tenait.
     Has predictas donaciones Galterius & Gislebertus, & due Gisleberti sorores & earum liberi concesserunt. [p.73]
     Gautier, Gibert, les deux sœurs de Gibert et les enfants de ces dernières y ont consenti.
     Sciant etiam omnes quod Gislebertus, prefati (3) Roberti nepos, se & sua beate Marie reddens, quicquid de avunculi sui successione apud Guarnoveisin (4) possidebat, terram scilicet arabilem cum nemore, fratre ejus Gualterio concedente, totum prefate concessit ecclesie, domino etiam Symone, de cujus fedo erat, concedente.
     Que tous sachent aussi que le susdit (3) Gibert neveu de Robert, faisant donation de sa personne et de ses biens à Notre-Dame, a cédé intégralement à la dite église tout ce qu’il détenait à Garnevoisin (4), à savoir une terre cultivable avec un bois, avec le consentement de son frère Gautier. Monseigneur Simon, de qui ce bien était tenu à fief, y a également consenti.


NOTULES

     (1) Ce Robert Château est encore mentionné par les chartes n°297 et n°348 du Cartulaire de Longpont.
     La première est un acte d’échange avec de Robert Château avec le prieur Landry. Marion la date des environs de 1136, parce qu’elle mentionne l’abbé Landry, dont la Gallia Christiana précise qu’il était abbé de Longpont à cette date-là, sans quon possède dautres donnée chronologique relative à ce personnage; par ailleurs, dans le catalogue des abbés de Longpont qu’il donne à la fin de son Introduction (p.55), Marion fournit notamment ces dates: Henry, cinquième abbé, cité en 1086 et 1125; Landry, sixième abbé, cité en 1136; Jean, septième abbé, cité en 1140. Cependant j’ai montré ailleurs (ici) que l’abbé Landry apparaît déjà dans une charte qu’il faut dater d’avant 1129.
     La seconde nous montre Robert Château témoin d’une donation que Marion date des environs de 1170.


     (2) Ce surnom de Pain-et-Eau que Marion ne reprend pas dans son index paraît avoir été usuel pour qualifier des personnages remarqués pour leur ascétisme réel ou supposé. Nous trouvons aussi dans le pays chartrain un certain Guillaume Pain-et-Eau (Guillemus Panis et aqua) prieur de Coulombs vers 1136 (Cartulaire de Josaphat, éd. Métais, tome 1, p. 117). Dans les Anecdotes historiques, légendes et apologues d’Étienne de Bourbon (éd. Lecoy de la Marche, 1877, p. 164), ouvrage du XIIIe siècle, nous voyons Jacques de Vitry (mort en 1244) se moquer d’un templier qui fléchit au combat parce qu’il s’était affaibli lui-même par des austérités excessives, et il l’appelle alors ironiquement domine Panis-et-Aqua, “monsieur Pain-et-Eau” (B.G).

     
(3) On voit par ces mots que ces deux notices que Marion édite sous des numéros distincts, étaient en fait portées sur le même et unique parchemin original, recopié par l’auteur du Cartulaire.

     
(4) Pour ce lieu-dit, Marion note ceci dans son Dictionnaire géographique du Cartulaire (p.361) : “Garnevesin, Garnulvisin, Guarnoveisin. Garnevoisin & Guarnoversin [note: Ces deux hameaux, mentionnés par l’abbé Lebeuf (Hist. du Dioc. de Paris, IX, 188), avec la désignation d’ecarts, ne figurent pas sur la carte de l’État-major.]. Deux petits hameaux limitrophes, dépendant de la commune de Limours (Seine-et-Oise), arrondissement de Rambouillet, canton de Limours (B.G.).

 
Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
2. Texte et notes de Marion (1879)

XI.
Presencium posteritati commendare disposuimus quod Robertus Castellus, anime sue saluti pio providens consilio, quicquid apud Piscosas hereditario jure possidebat, videlicet censum, terram arabilem, tres partes cujusdam hospitis, partem suam furni, tres partes cujusdam prati, & si quid aliud ibi habebat, totum ex integro ecclesie beate Marie de Longo Ponte devote contulit, assensum prebentibus Walterio Gohori & Gisleberto, nepotibus suis, domino etiam Symone de Rupe Forti (1), comite, de cujus fedo hoc ipsum erat, benigne concedente. Dedit etiam memoratus Robertus beate Marie medietatem omnium que apud Curvam Villam habebat, concedentibus Balduino Cuungerio, de quo ipse tenebat, & Guidone filio Frederici de Palaciolo, & Bucchardo, fratre Guillelmi de Orceaco, qui cognominatur Panis & Aqua, de quibus Balduinus tenebat. Has predictas donaciones Galterius & Gislebertus, & due Gisleberti sorores & earum liberi concesserunt. [p.73] 
S. D.
Vers 1140.


     (1) Gui de Montlhéry, dit le Rouge, fils de Gui de Montlhéry, le fondateur du Prieuré de Longpont, & frère de Milon le grand, seigneur de Montlhéry, devint comte de Rochefort-en-Yveline & seigneur de Châteaufort; puis, sénéchal de France vers 1093. Il mourut en 1108, laissant deux fils, qui lui succédèrent l’un après l’autre: 1° Hugues de Rochefort, seigneur de Crécy, sénéchal de France en 1107, mort sans enfants vers 1120; 2° Gui II de Rochefort. (P. Anselme, Hist. Généal. t. III, p. 666, & t. VI, p. 29.) — Il y a tout lieu de croire que le Simon, comte de Rochefort, qui figure dans nos chartes XI & XII était le fils & successeur du comte Gui II.
XII.
     Sciant etiam omnes quod Gislebertus, prefati Roberti nepos, se & sua beate Marie reddens, quicquid de avunculi sui successione apud Guarnoveisin possidebat, terram scilicet arabilem cum nemore, fratre ejus Gualterio concedente, totum prefate concessit ecclesie, domino etiam Symone, de cujus fedo erat, concedente.
S. D.
Vers 1140.




        
Source du texte: L’édition de Jules Marion (1879).
 
   
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE ET PROVISOIRE
 
Éditions

     Jules MARION, Le Cartulaire du Prieuré de Notre Dame de Longpont de l’ordre de Cluny au diocèse de Paris, publié pour la première fois avec une Introduction et des Notes. XIe-XIIe siècle [in-8°; 371 p.; 3 planches; texte latin; index], Lyon, A. Louis Perrin  & Marinet, 1879, n°XI et n°XII, pp. 72-73.
     Dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k111131d
, en ligne en 2008.

     Bernard GINESTE [éd.], «Un moine de Longpont: Dons de Robert Château et de son neveu Gibert (notices des environs de 1140)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-12-robertchateau1140longpont.html, 2008.
 
 

Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.

    
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