CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Dom Basile Fleureau 
Des choses memorables arrivées à Estampes
v
ers le Regne de Charles VII et de Louis XI
Antiquitez d’Estampes I, 36
1668
     
Charles VII d'après un camée des années 1630
Charles VII
Jean de Bourgogne dans les Statuts de l'Ordre de la Toison d'Or
Jean de Bourgogne
Marguerite d'Orléans représentée sur son Livre d'Heures
Marguerite d’Orléans
Louis XI d'après un camée des années 1630
Louis XI
 
     Ce chapitre est consacré en gros au deuxième tiers du XVe siècle, période pendant laquelle Étampes fut tenu par Jean de Bourgogne, malgré des efforts de la royauté.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Premiere Partie, Chapitre XXXVI,
pp. 180-190.
Des choses memorables arrivées à Estampes vers le Regne de Charles VII et de Louis XI
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


PREMIÈRE PARTIE, CHAPITRE XXXVI.
Des choses memorables arrivées à  Estampes, vers le Regne de
Charles VII. Roy de France, m. 1461.
Louis XI. Roy de France.

Iean de Bourgogne, Nevers.
Richard de Bretagne.
François fils de Richard.
Comtes d’Estampes.

Depuis 1442. jusqu’à 1478.
 
Jean Sans Peur (assassiné en 1419) Comme Jean Duc de Bourgogne, lors qu’il se disoit Regent du Royaume, fit confisquer sur le Duc de Berry le Comté d’Etampes, & les autres Seigneuries de ce Prince; parce qu’il suivoit le party des Orleannois, auquel il étoit opposé: Ainsi Charles VII. de ce nom, étant Regent en France pendant l’incommodité du Roy Charles VI. son pere, fit confisquer sur le même Duc de Bourgogne, le même Comté d’Estampes, qui luy étoit écheu par la mort du Duc de Berry, & les autres Seigneuries qu’il possedoit mouvantes de la Couronne; pource qu’il avoit pris les armes contre l’Etat: & qu’il exerçoit tous les actes d’hostilité contre sa personne, quoy qu’il sceût qu’il êtoit l’heritier presomptif de la couronne. Ensuite de cette confiscation Charles disposa des Seigneuries [p.181] du Bourguignon, au profit des Princes, & des Seigneurs, qui défendoient avec luy l’Etat, & les prerogatives deuës à sa naissance contre un étranger qui les usurpoit. Entre autres il donna, l’an 1421. à Richard de Bretagne le Comté d’Estampes, à le tenir perpetuellement de la Couronne à foy, & hommage lige, pour recompense de ce qu’il l’avoit aidé, avec Jean VI. Duc de Bretagne son frere, à retirer Marie d’Anjou sa femme, fille de Louis II. Roy de Naples, de la main des Anglois, qui la tenoient enfermée dans Paris, & étant depuis parvenu à la Couronne, il confirma l’an 1425. la donation qu’il avoit fait  [sic] à Richard, nonobstant laquelle il fut arrêté au Traité d’Arras, dont j’ay déja parlé, auquel Richard étoit l’un des Deputez pour le Roy, touchant le Comté d’Estampes, ce que j’ay cy-devant remarqué, qu’il seroit rendu à Jean de Nevers, aprés qu’il auroit prouvé le don que le Duc de Berry luy eu avoit fait. Quelques années aprés la mort de Richard, Marguerite d’Orleans sa veuve, qui avoit le Bail, & la Garde-Noble de François leur Fils, obtint du Roy l’an 1442. la confirmation du don de ce Comté, qu’il avoit fait à son Mari, & sur l’enterinement qu’elle en demanda à la Cour, il y eut deux oppositions formées, l’une de la part du Duc de Bourgogne prenant la garantie pour le Comte Jean de Nevers, à qui il l’avoit transporté, pretendant que ce Comté luy appartenoit en vertu de la donation du Duc de Berry. L’autre de la part du Procureur General, qui soûtenoit que ce Comté ayant été donné en appanage à Louis d’Evreux premier du nom, pour luy, & pour ses enfans*, lesquels manquant, il devoit être au domaine de la Couronne: Même que le dernier desdits successeurs n’avoit pû le transporter au Duc de Berry. Sur cette contestation les parties furent appointées en droit: Elles produisirent chacune leurs tiltres, & leurs écritures; sur lesquelles intervint l’Arrest suivant, par lequel le Comté d’Estampes fut reuny au domaine de la Couronne.

EXTRAIT DES REGISTRES DE PARLEMENT.
ENtre Dame Marguerite d’Orleans, veuve de feu Richard de Bretagne en son nom, & comme ayant le Bail, Garde, Gouverneur, &….. de François de Bretagne, fils dudit feu Richard, & de ladite Dame Marguerite, demanderesse, & requerant l’enterinement de certaines Lettres de don fait audit feu Richard du Comté d’Estampes, & ses appartenances, par le feu Roy Charles VII. au mois de Juin 1442 confirmatoires de certaines autres lettres de don dudit Comté, [p.182] dont ou procez est fait mention, d’une part: Et le Duc de Bourgogne, ou nom, comme ayant prins la garendie, & deffense de cette cause. Item Meßire Iean de Bourgogne, Comte de Nevers, & le Procureur General du Roy, pour tant qu’à chacun d’eux touche, & peut toucher: Et que en icelles Lettres enterinant, que iceux deffendeurs, & opposans fussent condamnez, & contrains à la souffrir, permettre, & laisser jouïr dudit Comté d’Estampes, & de sesdites appartenances: & le dit Duc de Bourgogne contraint à luy en rendre les fruits, & emolumens, que luy, & ses Officiers en avoient prins, & perceus: ou qu’elle en eût pû prendre, & percevoir, & sous l’estimation du plus haut prix: & en outre qu’il fût dit que ladite demanderesse, à bonne, & juste cause, avoit requis l’entherinement, & publication desdites lettres Roiaux: Et qu’à mauvaise, & injuste cause lesdits deffendeurs, & opposans, & chacun d’eux s’estoient opposez d’autre part. Veu par la Cour les écritures par faits contraires d’entre lesdites parties; l’Enqueste faite de la part dudit Duc de Bourgogne, Lettres, Titres desdites parties, & tout ce que par icelles a esté mis, & produit par devers ladite Cour, avec certaine Requeste baillée à ladite Cour par ledit François de Bretagne le XI. jour de Decembre 1465. par laquelle il requeroit, que certaines autres Lettres de don a luy fait dudit Comté d’Estampes par le Roy nôtre Sire, au mois d’octobre 1465. qui avoient este veuës, leuës, publiées, & enregistrées en ladite Cour, sans prejudice de la main mise audit Comté d’Estampes, fussent jointes audit procés principal, pour en jugeant iceluy, y avoir tel regard que de raison: & tout consideré, dit a esté, qu’à mauvaise & injuste cause ladite Dame, ou dit nom, a requis l’entherinement desdites lettres Roiaux: Et que à bonne, & juste cause ledit Procureur du Roy s’est opposé: & au surplus la Cour absoit ledit Procureur du Roy des demandes, requestes, & conclusions, tant desdits demandeurs, que du Duc de Bourgogne, ou dit nom. Prononcé le XVIII. jour de Mars, l’an MCCCCLXXVIII. signé, Chartelier.
  Charles VII peint par Fouquet
Charles VII peint par Fouquet
(à gauche, Jean sans Peur
    * Per eundem fratrem nostrum, & successores suos in perpetuum ex suo corpore descendentes. [“par notre frère et ses successeurs à perpétuité, descendant de sa chair”. Fleureau a donné le texte intégral de la charte au chapitre XXXI, pp. 143-144, dont traduction ici (B.G., 2007)].



Marguerite d'Orléans représentée sur son Livre d'Heures
Marguerite d’Orléans

Philippe le Bon, duc de Bourgogne
Philippe, duc de Bourgogne

Jean de Bourgogne dans les Statuts de l'Ordre de la Toison d'Or
Jean, comte de Nevers
     Ce procés dura long-temps; car l’on trouve que le Procureur General du Roy fit saisir le Comté d’Estampes, dés l’an 1446. & il se voit par plusieurs comptes qu’il fut depuis la saisie regy, gouverné & administré par des Commissaires commis, & ordonnez par la Cour. Et Argentré en son Histoire de Bretagne dit, que François II. Duc de Bretagne succeda au Comté d’Etampes aprés son pere, duquel il joüissoit fort peu; parce que tantôt le Roy en joüssoit, tantôt le Duc de Bourgogne, & tantôt d’autres. Jean de Nevers depuis cet Arrest, ne mit plus en ses titres celuy de Comte [p.183] d’Estampes; mais il prit seulement la qualité de Duc de Brabant, Comte de Nevers, d’Eu, & de Rethelois, & Seigneur de Donziois.

      Les bien-faits que le Roy Louis XI. étant encore Dauphin, avoit receus pendant son séjour en Flandre du Duc de Bourgogne, l’honneur que ce Prince avoir receu de Sa Majesté qui le choisit pour le faire Chevalier, avant son Sacre à Rheims. Le bon accueil que le Roy fit au Comte de Charolois, fils du Bourguignon, lors qu’il vint à Amboise, en l’établissant son Lieutenant General en Normandie, & les protestations reciproques d’amitié du Roy envers ces Princes, & de ces Princes envers Sa Majesté, faisoient esperer aux peuples de France une bonne paix, & une profonde tranquillité. Mais il n’est que trop vray, qu’entre les Grands du monde, il n’y a point d’amitié si fortement établie, qu’ils ne la rompent facilement au premier soupçon qu’ils ont d’être offensez, nous en verrons un exemple tres-funeste en la suite de cette Histoire.

Louis XI
Louis XI
     Peu de temps aprés que le Comte de Charolois sur de retour de France auprés du Duc son pere, en Flandre*, on découvrit que quatre Flamans avoient conspiré de luy faire perdre la vie, par le moien de certaines images de cire. Mais ayant été pris, ils confesserent des choses étranges (dit Monstrelet,) & ce peut être à cause qu’il y avoit des personnes de grande condition mêlées, en ce malheureux dessein. Entr’autres Jean de Bourgogne, Comte d’Estampes, Cousin germain du Duc en fut grandement soupçonné, parce que deux ou trois de ses serviteurs, & même son Medecin, furent convaincus d’avoir travaillé à ces images. Ce soupçon pouvoit être aussi appuyé sur ce que le Duc n’aiant point d’enfans legitimes que le Comte de Charolois, celuy-cy êtant mort, la riche, & ample succession du Duc venoit à Jean & à Charles son frere aîné, qui n’avoit point aussi d’enfans legitimes. Jean, pour se justifier, livra son Medecin au Comte de Charolois, qui n’en crût rien moins pour cela, sçachant bien que les Princes ont accoûtumé de désavoüer leurs serviteurs, lors qu’ils n’ont pas reüssi dans l’execution de leurs commandemens injustes. Et peu de temps aprés, Jean, soit que sa conscience luy reprochât quelque chose; ou qu’il apprehendât que son Cousin en luy rendant le semblable, ne se défit de luy par quelque moien, se retira en France auprés du Roy. Cette retraite produisit deux mauvais effets dans l’esprit du Comte de Charolois. Le premier fut, de le confirmer davantage en son soupçon. Et le second, de l’étendre jusques au Roy de France, se persuadant [p.184] qu’il étoit d’intelligence, & peut-être le promoteur de l’entreprise: à cause que Jean avoit sujet de s’éloigner plûtôt de la France, & du Roy, que de s’en approcher; parce que le Procureur General avoit dés l’an 1446. fait saisir, & mettre sous la main du Roy son Comté d’Estampes, dont le revenu étoit administré par des Commissaires deputez par la Cour de Parlement comme j’ay dit.

     Il y eût encore d’autres sujets de soupçon, & de mécontentement entre le Roy & le Comte de Charolois. Ce Comte étoit en Hollande, lors que le Roy passa à Hesdin, pour retirer d’entre les mains du Duc de Bourgogne, ses villes de la riviere de Somme, lesquelles étoient rachetables par le Traité d’Arras de quatre cent mille écus que le Roy avoit fait transporter à Abbeville, qui en étoit une. Le Duc envoya querir par divers messagers le Comte son fils, pour venir faire la reverence au Roy; mais il refusa constamment d’y venir, tandis que le Comte d’Estampes seroit auprés de Sa Majesté: parce qu’il le croioit son ennemy mortel, & qu’il avoit attenté à sa vie. D’ailleurs le Roy ayant eu avis que Romille Vice-Chancellier de Bretagne, qui avoit été en Angleterre de la part de son Maître, pour y negocier contre Sa Majesté, devoit passer en Hollande pour le même sujet, dépêcha le bastard de Rubempré avec quarante hommes bien armez, dans un vaisseau, pour tâcher de le surprendre. Il descendit luy quatriéme en un port prés de la Haye, où le Comte de Charolois faisoit sa residence ordinaire, à dessein d’apprendre des nouvelles de celuy qu’il cherchoit: il fut pris par ceux du païs, & mené en la presence du Comte: Et sur le refus qu’il avoit fait de dire son nom, & la cause de son voyage, on soupçonna, & on l’accusa d’être venu là par le commandement du Roy pour enlever ce Comte, vif, ou mort. Le Comte écrivit au Duc son pere, qu’il avoit découvert une entreprise faite par le Roy sur leurs vies; & qu’il tenoit prisonnier celuy qui avoit attenté sur la sienne: ce qu’il fit publier, non seulement par toutes les terres de son pere: mais aussi par toute la France; de quoy le Roy fut extrêmement outré.
     *1462. & 1463.
Charles le Téméraire
Charles le Téméraire
     D’un autre côté les Princes du sang étoient fâchez de se voir éloignez du gouvernement de l’Etat: & le Duc de Berry, frere unique du Roy, ressentoit plus que nul autre son éloignement du Conseil, ce qui le fit facilement resoudre à entrer en la ligue des Princes mécontans [sic], en qualité de Chef. Cette ligue eut pour pretexte, & couverture, la reformation des desordres de l’Etat, & eut pour titre la ligue du bien public. Charles se retire en Bretagne, où le [p.185] Duc commence aussi-tôt à assembler des troupes. Les Ducs de Bourbon, de Calabre, & de Nemours, le Comte d’Armagnac, le Sire d’Albret, & d’autres grands Seigneurs arment aussi: & l’Anglois leur promet de les assister. Le Roy, pour ne pas demeurer seul desarmé, assemble trente mille hommes, qu’il divise en deux corps, en donnant un au Roy de Sicile, & au Comte du Maine, pour se tenir aux frontieres de Bretagne, & empécher les courses des Bretons; & luy avec l’autre s’en va dans le Berry, & dans le Bourbonnois, contre le Duc de Bourbon. Cependant le Comte de Charollois à la tête d’une armée de quatorze à quinze mille hommes sortit de Flandre, pour s’avancer vers Paris, où les forces de la Bourgogne devoient le joindre; & où les Princes liguez avoient promis de se rendre à certain jour. Il se logea à saint Denis au commencement du mois de Juillet 1465. & pendant qu’il y sejourna, il se presenta souvent devant Paris, & escarmoucha avec ceux qui y étoient. Le Roy avoit pourveu à la deffense de sa ville, y ayant envoyé une forte garnison: neanmoins parce qu’il craignoit la legereté du peuple de cette grande ville, que le Bourguignon flatoit de l’abolition des gabelles, & des subsides, dont il étoit surchargé, il y vint promptement pour la retenir dans l’obeïssance; il passa à côté d’Estampes, & logea à Châtres sous Mont-l’Hery. Philippe de Commine dit que ce fut le 26. jour de Juillet.

     Le Comte de Charollois, qui avoit cependant eu avis que les Ducs de Berry, & de Bretagne étoient arrivez à Estampes avec leurs troupes; quoy que cela ne fût pas, & qu’ils n’osoient passer outre, de peur de se trouver engagez entre l’armée du Roy, & Paris, prit resolution de les aller joindre: Et pour avoir un passage libre, sur la riviere de Seine, il attaqua le pont de saint Cloud & le prit par composition, il envoya le Comte de saint Paul à Mont l’Hery avec son avant-garde: luy conduisant la bataille demeura à Lonjumeau, à deux lieuës de-là; & laissa derriere à égale distance, Antoine son frere bâtard avec l’arriere-garde. Les armées du Roy & du Comte s’étant rencontrées par hazard, les Chefs n’avoient au commencement, ny le dessein, ny la volonté de combatre; parce qu’ils attendoient du secours de part, & d’autre, le Roy du côté de Paris, & le Comte du côté de Bourgogne, & de Bretagne: Neanmoins plusieurs bonnes raisons balancées dans leurs conseils les engagerent au combat, particulierement à cause que les Ducs de Berry, & de Bretagne étoient prés d’Estampes: & qu’il [p.186] étoit plus expedient d’attaquer le Bourguignon que de retourner en arriere contre les autres; parce que si le Roy tournoit le dos, le Bourguignon le suivoit en queuë, & Sa Majesté se trouveroit enfermée entre deux armées: & si le Bourguignon eût tourné le dos, le Roy l’auroit aussi suivi de prés, & il se seroit trouvé enfermé entre Paris & l’armée de Sa Majesté. La bataille fut donnée le 27. jour de Juillet: Tous y firent tres-bien leur devoir; l’aisle droite des François mit en fuite l’aîle gauche des Bourguignons, & luy donna la chasse: Le Bourguignon de son côté rompit l’aîle gauche des François: Mais au lieu de les poursuivre en leur fuite, il rallia les siens, & les employa charger les François, qui revenoient sans ordre de la poursuite des Bourguignons: Ils en tuerent, & en firent beaucoup de prisonniers, de sorte que ceux qui au commencement avoient été les vainqueurs, se trouverent à la fin les vaincus.

     Le Roy se retira la nuit, sans bruit à Corbeil avec son armée: & le Comte aprés avoir sejourné le lendemain à Mont-l’Hery, s’en alla le jour suivant à Estampes, où il fit conduire les blessez, & les malades de son armée, qui étoient prés de huit cent [sic]. Les Ducs de Berry, & de Bretagne y arriverent aussi, avec les Comtes de Dunois, de Dampmartin, & plusieurs Seigneurs que le Roy avoir désapointez immediatement aprés son avenement à la Couronne. Leurs troupes étoient composées de huit cens hommes d’armes bien équipez, aussi bien que leurs Archers, faisant tous ensemble six mille chevaux, & avec les gens de pied environ dix mille combatans, tous entretenus aux dépens du Duc de Bretagne.
Charles le Téméraire
Charles le Téméraire en chevalier
     Les Princes avec les Seigneurs de marque, & les malades, qui étoient en grand nombre logerent dans la ville, & aux fauxbourgs, & le reste de l’armée fut dispersé par les villages circonvoisins. Il en mourut beaucoup de malades, pendant les quinze jours que ces troupes séjournerent pour se rafraîchir: Et parce que la plus grande partie fut enterrée en un lieu, qui est au dessus de l’Eglise de saint Pierre au de-là du chemin d’Estampes à Morigny, ce lieu-là a retenu le nom de cimetiere des Bretons: de méme que le lieu qui est au dessous de Mont-l’Hery, où les Bourguignons furent enterrez, est nommé le cimetiere des Bourguignons.
     

     Les Princes de la ligue aprés avoir rafraîchi leur armée à Estampes, considerant de quelle importance seroit l’exemple de Paris à toutes les autres villes du Roiaume, s’ils pouvoient attirer cette puissante Cité à leur party, se resolurent de l’avoir, ou par de secrettes [p.187] entreprises, ou en luy coupant les vivres, ou même de vive force. Ils délogerent d’Estampes, & marcherent enseignes déployées de ce côté-là: Les Ducs de Berry, & de Bretagne allerent loger à S. Mathurin de l’Archant, & à Moret: & les Comtes de Charollois, & de Dunois au dessous, sur le bord de la riviere de Seine, où ils firent dresser un pont, avec une extrême diligence; de sorte que dés le lendemain de leur arrivée, ils passerent la riviere, & le jour suivant les Ducs de Berry, & de Bretagne la passerent aussi sur le même pont, avec le reste de l’armée, & vinrent assieger Paris. Comme cette armée étoit composée de diverses nations, aussi les Chefs & les soldats avoient ils diverses inclinations, & divers desseins, qui étoient autant de moiens propres pour détruire leur ligue. En effet le Roy, qui étoit extrémement adroit à se servir des occasions, en usa si bien en cette rencontre, qu’en contentant tous ces Princes par le traité qu’il fit avec eux à Conflans, au mois d’Aoust de la même année 1465. il les renvoya chacun en leurs terres, & avec le temps il eut raison des uns, & des autres. Pendant que l’armée étoit à Estampes un homme de la compagnie des Bretons, qui prenoit plaisir à jetter des fusées, étant monté au haut d’une maison, en jetta une d’un lieu, d’où il ne pouvoit être apperceu, qui donna contre le meneau d’une fenêtre, sur laquelle le Duc de Berry, & le Comte de Charollois étoient appuiez discourans ensemble. Ces deux Princes se leverent aussi-tôt, & demeurerent fort étonnez de ce coup, soupçonnant qu’il eut été fait expressement pour leur faire du mal. Ils firent prendre les armes aux Archers de leur garde, & à plusieurs hommes d’armes, de sorte que la place qui étoit devant leur logis en fut incontinent remplie: & comme on cherchoit par tout d’où avoir pû venir ce feu, celuy qui avoit jetté la fusée s’alla jetter aux genoux de ces Princes, & leur demander pardon de ce qui étoit arrivé par mégarde, & contre sa volonté. Il en jetta trois, ou quatre autres en leur presence, le soupçon cessa, & le tout se passa en risée.
     Louis de Luxembourg Connêtable de France fut l’un de ceux qui accommoda avantageusement ses affaires au Traité de Conflans; en execution duquel, l’Office de Connêtable de France luy fut conferé. Le Roy, & le Duc de Bourgogne s’étant enfin apperceus qu’il tâchoit par toute sorte de moiens de les brouïller; s’obligerent l’un & l’autre, que le premier des deux qui l’auroit en son pouvoir, le feroit mourir huit jours aprés, ou le donneroit à l’autre pour en faire sa volonté. Le Connétable étant entré en [p.188] défiance du Roy, parce qu’il luy avoit mandé qu’il avoit des affaires de si haute importance à démêler; qu’une tête comme la sienne luy étoit necessaire, aima mieux se confier, & se rendre entre les mains du Bourguignon, le fit aussi-tôt arrêter, & ensuite livrer à Peronne, entre les mains de ceux que le Roy y avoit envoyé [sic], qui l’amenerent à Paris, où par Arrest de la Cour de Parlement, rendu en la Chambre de la Tournelle, le Mardy dix-neuviéme jour de Decembre 1475. il fut condamné à être ce jour-là decapité en Greve, ce qui fut executé. Ce que je trouve de remarquable pour Estampes, en la mort de ce Seigneur, c’est que l’un des quatre Docteurs de Sorbonne qui luy furent donnez pour l’assister à la mort; c’étoit Messire Jean Huë, natif de la méme ville, où il y a encore des personnes sorties de sa famille. C’étoit un personnage illustre en doctrine, & en conduite, puis qu’on l’employoit à assister à la mort les criminels de leze-Majesté, chose de tres-grande importance. Il avoit été choisi l’année precedente, pour assister le nommé Jean Hardy, accusé, & convaincu d’avoir voulu empoisonner le Roy; pour reparation de quoy, par Arrest de la Cour du Jeudy trentiéme de Mars, il fut condamné à étre écartelé sur un échaffaut en la place de Greve, sa teste mise sur une lance devant l’Hôtel de Ville, ses quatre membres portez en quatre des bonnes villes du Roiaume, avec un écriteau attaché à chacun, contenant la cause pour laquelle ils étoient ainsi exposez; & le tronc brûlé, la maison où il avoit pris naissance rasée, & un écriteau mis en la place, pour faire connoître l’énormité du crime qui avoit été cause de cette démolition.

     L’an 1478. Les Pazzi, Bandivi, Salviati, & autres conjurez de la ville de Florence, qui avoient entrepris de tuer les Seigneurs Julien, & Laurent de Medicis, freres, le jour d’une Feste, au mois de May, durant la Messe, lors que le Prestre diroit le Sanctus, ce qu’ils executerent seulement sur Julien; Laurent s’étant heureusement sauvé dans la Sacristie, après avoir été blessé de plusieurs coups, ils supplierent le Pape Sixte IV. qui n’aimoit pas les Medicis, de les prendre en sa protection, ce qu’il fit*; & à l’aide de Ferdinand d’Arragon, Roy de Naples, leur donna de puissantes forces, dont le Duc de Calabre fut General; excommunia les Florentins, & mit leur ville en interdit. Les Florentins irritez de ce procedé du Pape envers eux, demanderent du secours à Loüis, qui suivant l’alliance qu’il avoit fait peu auparavant avec eux, leur envoia Philippe de Commines, Seigneur d’Argenton, avec trois [p.189] cent chevaux: les Venitiens, & le Duc de Milan luy donnerent aussi quelque secours: & le Roy pour faire plus de peur au Pape Sixte, assembla les Prelats de France en la ville d’Orleans, pour rétablir la Pragmatique de Sanction, & ordonner que l’argent des Benefices qui vaqueroient dans son Roiaume, ne seroit plus porté à Rome. L’Histoire remarque, que nôtre Jean Huë fut Deputé par la Sorbonne, & par l’Université pour assister, comme il fit, à cette Assemblée, & qu’il parla fortement, & hardiment sur la matiere proposée: Mais qu’enfin il ne fut rien conclu, l’Assemblée ayant été remise au mois de May suivant, en la ville de Lion, où elle ne fut pas tenuë. Pendant qu’il fut Doien de Sorbonne la Faculté de Theologie de Paris, fit en divers temps plusieurs Censures de livres, ausquelles il presida toûjours avec applaudissement; specialement à une, qui fut faite le cinquiéme jour de Fevrier 1487. de quatorze propositions, qui avoient été préchées à Tournay, par un Cordelier, lesquelles le Chapitre de l’Eglise Cathedralle de cette ville-là envoya à la Faculté de Paris, pour en avoir son jugement. On lit de luy dessus un marbre posé dans le Chœur de l’Eglise de Nôtre Dame d’Estampes, ce qui suit.





     *
Mem. De Commines, liv. 6. c. 5.
     Maistre Jean Huë, Docteur en Theologie, & Doyen de la Faculté de Theologie, Chanoine de Paris, & de Rheims, & grand Doyen de Sens, l’an 1477. fonda en cette Eglise le grand Couvre-feu, ou Salut par personnages, & la feste de la Visitation de Nôtre Dame, & de sainte Elisabeth, & son Anniversaire. Dieu lui retribuë, Amen.  

     Le grand Salut par personnages se chante dans cette Eglise le jour de la feste de l’Annonciation de Nôtre Dame, auquel on habille deux enfans de Chœur, l’un en fille, qui represente la Sainte Vierge, & l’autre qui represente l’Ange Gabriel, qui luy annonce le Mystere de l’Incarnation. Tous les Ecclesiastiques vont processionnellement au dessous des Orgues, où ils chantent divers Motets convenables à la solemnité: Cependant les deux enfans habillez comme nous avons dit, montent au Jubé. Celuy des deux qui represente l’Ange, se place au bout du méme Jubé, du côté de l’Evangile, & celuy qui represente la Vierge se met à l’autre bout du côté de l’Epître: Et après que les Prestres ont cessé, ils chantent à leur tour, en forme de Dialogue l’Evangile qu’on lit à la Messe de ce jour; ensuite tous passans par dedans le Chœur, disent le De profundis, pour le repos de l’ame du Fondateur, & jettent de l’eau benîte sur la tombe sous laquelle son corps repose devant le grand Autel. Outre les qualitez, dont je viens de parler, il étoit [p.190] encore Penitencier de l’Eglise de Paris, & Curé de saint André des Arcs de la même ville, comme on le peut voir sur cette tombe, avec le jour de son deceds, qui fut le XX. de Janvier: Le chifre suivant est rompu.


     
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
NOTES


Traité d’Arras, dont j’ay déja parlé. Au chapitre précédent: il est dit dans un article du Traité arrêté à Arras le 21. jour de Septembre 1435. entre le Roy Charles VII. & Philippe le Bon, que ces Seigneuries soient renduës à Jean de Nevers, qui luy appartenoient par le transport que Monsieur de Bourgogne luy en avoir fait, aprés qu’il auroit apparu par titre valable de la donation du Duc de Berry.
 
Ou dit nom. Comprenez: au dit nom (ou est la contraction de en le, qui n’a pas encore été assimilé à au, contraction de à le).

Argentré en son Histoire de Bretagne. Ouvrage publié en 1588 et qui fut l’objet de plusieurs éditions dont la dernière date de 1668, année où Fleureau compose ses Antiquitez. Voir notre Bibliographie.

Monstrelet. Nous donnerons à part le récit d’Enguerrand de Monstrelet, dans sa fameuse Chronique, qui parle fréquemment du comte d’Étampes, aux livres V et VI.


Mem. De Commines, liv. 6. c. 5. Nous éditerons à part, cum commento, les passages des Mémoires de Philippe de Commynes (1445-1509) qui intéressent l’histoire du pays d’Étampes. Le site Gallica de la BNf en a mis en ligne de nombreuses éditions.

Messire Jean Huë. C’est le premier véritable Étampois qui surgisse de l’histoire dans l’œuvre de Fleureau, qui ne lui consacre pas moins de quatre paragraphes et l’appelle fièrement nôtre Jean Huë.

Disent le De profundis. Le De Profundis est le Psaume130 (auquel les catholiques donnaient autrefois le n°129), qui commence par ces mêmes mots: “Des profondeurs je crierai vers toi Seigneur, etc.” Il est appliqué dans la prière publique de l’Église à ceux qui ont été emportés dans les profondeurs de la mort.

Bernard Gineste, juillet 2007

Toute critique ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
ANNEXE 1
César du Boulay, Historia Universitatis Parisiensis, tom. 5 (1670)
Extraits relatifs à Jean et Cantien Hue


Texte de 1670
Traduction proposée par B.G. (2007)
HISTORIA
VNIVERSITATIS
PARISIENSIS

     PLVRIMORVM COLLEGIORVM FVNDATIONES, STATVTA, Priuilegia, Reformationes, aliarum Vniuersitatum quæ ex eadem communi Matre prodierunt, erectiones: Legationes plurimas ad Reges, & ad alias Vniuersitates. Eiusdem in reducenda pace Regni & Ecclesiæ Catholicæ, in extinguendo Schismate diuturno curas & labores, pro tuendis Regis & Ecclesiæ Gallicanæ Iuribus, Sanctione-Pragmatica & libertatibus pugnas, in negotijs Fidei Censuras multiplices, aliaque id genus ex Autographis desumpta plusquam mille, Tabularij Academici, Manuscriptis Codicibus & membranis complenctens. 
 
     Autore CÆSARE EGASSIO BULÆO, Eloquentiæ emerito Professore, antiquo Rectore & Scriba ejusdem Vniuersitatis.

TOMVS QVINTVS.
Ab Anno 1400. ad an. 1500.
 
 PARISIIS,
Apud PETRUM DE BRESCHE, Typographum Reginæ ordinarium, & Bibliopolam juratum Vniuersitatis Parisiensis;
ET
IACOBVM DE LAIZE-DE-BRESCHE, viâ Iacobæâ
è regione Sancti Benedicti.

M. DC. LXX.
CVM PRIVILEGIO REGIS.

HISTOIRE
DE L’UNIVERSITÉ
DE PARIS

     comprenant les FONDATIONS, STATUTS, privilèges, réformes D’UN GRAND NOMBRE DE COLLÈGES, les établissements d’autres universités qui naquirent de cette université-mère, ses très nombreuses délégations auprès des rois et des autres universités, ses travaux et peines pour ramener la paix entre le roi et l’Église catholique en éteignant un long schisme, ses luttes pour préserver par la pragmatique sanction et les franchises les droits du roi et de l’Église gallicane, les censures qu’elle a multipliées en matière de foi et d’autres informations de ce genre tirées de plus de mille documents originaux, livres et parchemins manuscrits des Archives de l’Université,

     par CÉSAR
ÉGASSE DU BOULAY, professeur émérite de Rhétorique, ancien recteur et secrétaire de l’Université.

TOME 5.
De l’année 1400 à l’année 1500.
 
 A PARIS,
chez PIERRE DE BRESCHE, imprimeur ordinaire de la reine et libraire juré de l’Université de Paris;
ET
JACQUES DE LAIZE-DE-BRESCHE, rue Saint-Jacques
au quartier de Saint-Benoît.

1670.
AVEC PRIVILÈGE DU ROI

[Catalogus illustrium Academicorum]
[p. 889]

     Ioannes Huë Stampensis Diœcesis Senonensis Magister in Artibus & Baccal. formatus in Theologia fit Procurator Nationis Gallicanæ die 26. Aug. 1438. Vniuersitatis Rector 24. Martij 1450 [sic]. hinc Doctor Theologus. Multas legationes nomine Vniuersitatis obijt. Eiusdem Facultatis Decanus, Pœnitentiarius Ecclesiæ Parisiensis, de Cancellariatu Vniversitatis contendit cum M. Ambrosio de Cameraco Decretorum Doctore ab an. 1482. ad an. 1488. quo obijt. Eiusdem cognominis floruerunt hoc seculo Cantianus Hüe qui Rector electus fuit 10. Octob. an. 1473. & Guillelmus Huë Doctor Theologus, qui Decanus fuit Ecclesiæ Parisiensis. 

[Liste des Universitaires illustres]
[p. 889]

     Jean Huë d’Étampes au diocèse de Sens, maître ès-Arts et diplômé en théologie devient prévôt de la nation française le 26 août 1438 et recteur de l’Université le 24 mars 1451 [liitéralement, 1450 en termes d’année universitaire du temps], puis docteur en théologie. Il effectua de nombreusses missions au nom de l’Université. Doyen de la dite faculté, pénitencier de l’Église de Paris, il disputa le rang de chancelier de l’Université à M. Ambroise de Cambrais, docteur en décret depuis l’an 1482 à l’année 1488, où il mourut. Se sont fait remarquer sous le même patronyme en ce siècle Cantien Hüe, qui avait été élu recteur le 10 octobre de l’an 1473, et Guillaume Huë, docteur en théologie, qui fut doyen de l’Église de Paris.


[Catalogus Rectorum Vniversitatis]
[p. 921]
   


Hugo Droüardi Nat. Gall.  23. Iunij 1439
Mathæus Poterij Paris. 10. Oct. 1439
Guill. Bouylle Primarius Coll. Belacens. 15. Decemb. 1439
Io. Milet Parisinus 23. Marstij 1439 [sic]


Io. De Oliua Parisinus 23. Iunij 1439 [sic]
Io. Dancy seu Danchy Normanus 10. Oct. 1440
Guill Aubry 16. Dec. 1440
Ioannes Huë Bacc. In Theol. 24. Martij 1440 [sic]


Io. Amici Picardus  23. Iunij 1441
Petrus de Vaucello 10. Oct. 1441
Io. De Oliua Paris. 15. Decemb. 1441
Nicasius Biel picardus 24. Martij 1441 [sic]


[Liste des recteurs de l’Université]
[p. 921]
   


Hugues Drouard de la nation française  23 juin 1439
Matthieu Potier, Parisien 10 oct. 1439
Guillaume Bouylle Principal du Collège de Beauvais 15 décemb. 1439
Jean Milet, Parisien 23 mars 1439 [sic]


Jean De l’Olive, Parisien 23 juin 1439 [sic]
Jean Dancy (ou: Danchy), Normand 10 oct. 1440
Guillaume Aubry 16 déc. 1440
Jean Huë diplômé en théologie 24 mars 1440 [sic]


Jean Lamy, Picard  23 juin 1441
Pierre de Vaucelle 10 oct. 1441
Jean De l’Olive, Parisien 15 décemb. 1441
Nicaise Biel, Picard 24 mars 1441 [sic]


[p. 922]
   


Reinerus Hanegrant seu Hanegreur Germ. Nat. licent. in Med. Coll. Montis-Acuti  23. Iunij 1472
Philippus Languet Bac. formatus 12. Oct. 1472
Martinus Briçonnet in Theol. Baccal. form. 16. Dec. 1472
Io. Mene Nat. Gallic. 24. Martij 1472 [sic]


Iacobus Houc 23. Iunij 1473
Cantianus Huë  10. Octob. 1473
Io. Fanuche de parisius 16. Dec. 1473
Dionysius de Sabrenois in Theol. Baccal. 24. Martij 1473 [sic]


   
[p. 922]
   


Reinier Hanegrant (ou: Hanegreur), de la nation allemande, licencié en médecine, du collège de Montaigu  23 juin 1472
Philippe Languet, diplômé 12 oct. 1472
Martin Briçonnet diplômé en théologie 16 déc. 1472
Jean Mene, de la nation française 24 mars 1472 [sic]


Jacques Houc 23 juin 1473
Cantien Huë  10 octob. 1473
Jean Fanuche, de Paris 16 déc. 1473
Denis de Sabrenois, diplômé en théologie 24 mars 1473 [sic]


   
 
     Source: Cæsar Egassius BULÆUS (César-Égasse du BOULAY), Historia Universitatis Parisiensis [6 vol. (1665-1673)], tomus V, Parisiis, F. Noel & P. de Bresche, 1670, pp. 889, 921 & 922.

ANNEXE 2
Description d’un manuscrit ayant appartenu à Jean Hue
par Frédéric Duval et Françoise Vielliard

     Nous extrayons la notice suivante d’une édition en ligne sur le site ELEC de l’École des Chartes, par Frédéric Duval et Françoise Vielliard, de la traduction en français par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse (1375-1401) d’un ouvrage classique de la littérature romaine, Les neuf livres Faits et dits mémorables, de Valère Maxime. Cette traduction fut commencée en 1375 par Simon de Hesdin fut terminée en 1400-1401 par Nicolas de Gonesse pour le duc de Berry. L’un des manuscrits utilisés par cette édition, comprenant deux volumes manuscrits actuellement conservés à la BNF sous les cotes fr. 23090 et fr. 23091, et daté du troisième quart du XVe siècle, a été donné par Jean Hue au Collège de Navarre. Sa description minutieuse donne une idée du cadre intellectuel et matériel dans lequel évoluait notre personnage, mort en 1488.

Notice de Frédéric Duval et Françoise Vielliard

     (vu ms) Paris, Bibl. nat. de Fr., fr. 23090-91: 274 (livres I-III) + 267 (livres IV-IX) f. papier (filigranes [fr. 23091, f. 158] sim. Briquet 1547 [Bordeaux, 1459-1460; sim. 1460-1474]; [fr. 23091, f. 268] sim. Briquet 13858 [Troyes, 1458-1461; sim. 1468-1476]); 3e quart du XVe s. (proche du ms Paris, bibl. de l’Arsenal 2886, f. 305v [1472], Mss datés, t. I, pl. 131); traduction des Factorum et dictorum memorabilium libri novem* de Valère Maxime par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse [titre: Commentum supra quartum, quintum, sextum, septimum, octavum et nonum libros Valerii** fr. 23091, f. 269v (page de garde de fin)]; fr. 23090: prologue du traducteur f. 1-2v; prologue de l’auteur f. 2v-5v; livre I f. 5v-114v; livre II f. 115-209v; livre III f. 210-274v ; fr. 23091: livre IV f. 1-47v; livre V f. 48-92v; livre VI f. 93-121; livre VII f. 121-158v: fin de la traduction de Simon de Hesdin et début de celle de Nicolas de Gonesse f. 142v; livre VIII f. 159-200v; livre IX f. 201-267v.
     * Neuf livres de Faits et dits mémorables


     * Commentaire sur les livres  4, 5, 6, 7, 8 et 9 de Valère Maxime.
     Possesseurs: donné en 1489 par maître Jean Hue au collège de Navarre (n°52) (ex dono fr. 23091, f. 269v: «Ex dono magistri Johannis Hue in sacra pagina professoris eximii ac etiam penitenciarii et canonici ecclesie parisiensis qui obiit in hac parisiensi urbe anno Domini millesimo quadringentesimo octuagesimo non post Pasca. Orate Deum pro anima ejus ut requiescat in pace; Pro libraria regali colleg[i]i Campaniae alias Navarrae»*** ou variante, fr. 23090, f. 1, 274v; fr. 23091, f. 1, 267v); marques de lecture
     *** Par un don de maître Jean Hue, professeur en théologie remarquable ainsi que pénitencier et chanoine de l’Église de Paris qui mourut dans la présente ville de Paris l’an du Seigneur 1488 avant Pâque. Priez Dieu pour que son âme repose en paix. Pour la bibliothèque  royale du collège de Champagne c’est-à-dire de Navarre.
     Bibliographie: (1) H. Omont, Catalogue général des manuscrits français, Anciens petits fonds français, t. II, Paris, 1902, p. 59.


     Source: Frédéric DUVAL & Françoise VIELLIARD, Traduction par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse (1375-1401) de l’ouvrage de: M. Valerius Maximus. Factorum et dictorum memorabilium libri novem [édition critique en ligne], Paris, ELEC (Éditions en Ligne de l’École des Chartes), http://elec.enc.sorbonne.fr/miroir/valeremaxime/traduction/?para=Hesdin_Gonesse#mspartie1, en ligne en 2007.

ANNEXE 3
Notices de Léon Marquis sur Jean et Cantien Hue
Les Rues d’Étampes et ses monuments, 1881, pp. 366-367
 
     HUE (JEAN), docteur en théolologie, né à Étampes, mort vers [p.367] l’an 1482, fut curé de Saint-André-des-Arcs, à Paris, et rendit de grands services à l’Université.

     Moréri. — Delaunay, Histoire du collège de Navarre.

Léon Marquis      HUE (CANTIEN), recteur de l’Université de Paris, né en 1442, mort le 4 avril 1502. Il fit ses études au collège de Navarre, où il passa vingt-quatre ans, d’abord comme disciple. En décembre 1470, il fut élu procureur. Au mois d’octobre 1473, il devint recteur de l’Université de Paris. L’amour de la retraite le porta ensuite dans l’ordre de Fontevrault, et il devint prieur de l’Encloître (Gironde) en 1485. Il fut fait visiteur de cet ordre et remplissait encore ces fonction en 1501. Il mourut au monastère des Filles-Dieu de Paris, et fut inhumé dans une chapelle de ce couvent où l’on avait mis cette épitaphe, d’après Piganiol de la Force (Description de Paris et de ses environs):
Cy gist Cantien Hüe, digne de mémoire,
Du monde, de la chair, du diable ayant victoire,
De louable vie et céleste conversation,
Lequel a mil cinq cens et deux de Saint-Ambroise
          Le jour et feste,
Sexagénaire et vertueux, rend l’esprit, élève la teste.
     Moréri, Dictionnaire historique.

Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 180-190. Saisie: Bernard Gineste, 2006-2007.
   
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (1612-1674; religieux barnabite, de la congrégation de saint Paul), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.

     
Réédition en fac-similé: Dom Basile FLEUREAU, Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [23 cm sur 16; XIV+622+VIII p.], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Réédition numérique en ligne (en cours depuis 2001): Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2007.

     Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Des choses memorables arrivées à Estampes vers le regne de Charles VI et Louis XI (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b36.html, 2006.

L’Histoire de Bretagne de d’Argentré


Bertrand d'Argentré (1519-1590)      Bertrand d’Argentré composa de 1580 à 1582 une Histoire de Bretagne qui favorisait les revendications autonomistes des États de Bretagne et ne parut qu’en 1588, une fois largement censurée sur ordre d’Henri III. Cette version expurgée fut rééditée en 1605, 1611. Parallèlememnt, le texte intégral de 1582 connut des impressions clandestines. Enfin, Charles d’Argentré de la Boissière, fils de Bertrand et président au parlement, donna une nouvelle édition corrigée de cette Histoire de Bretagne à Paris en 1612, réimprimé à Paris en 1618, et à Rennes en 1668. Rappelons que Fleureau compose lui-même ses Antiquitez d’Estampes vers 1668 (Source: Wikipédia).

     Bertrand d’ARGENTRÉ (1519-1590), L’histoire de Bretaigne, des roys, ducs, comtes et princes d’icelle: l’établissement du Royaume, mutation de ce tiltre en Duché, continué jusques au temps de Madame Anne dernière Duchesse, & depuis Royne de France, par le mariage de laquelle passa le Duché en la maison de France [in-f°; 1174 p.], Jacques du Puys, 1588.
     Bertrand d’ARGENTRÉ, L’Histoire de Bretaigne, des rois, ducs, comtes, et princes d’icelle, depuis l’an 383 jusques au temps de madame Anne Reyne de France dernière Duchesse. Troisième édition revue et augmentée par messire Charles d’Argentré. Paris, Nicolas Buon, 1618.
     Bertrand d’ARGENTRÉ, L’histoire de Bretagne, des roys, ducs, comtes, et princes d’icelle: l’establissement du royaume, mutation de ce titre en duché, continué jusqu’au temps de Madame Anne derniere duchesse, & depuis reyne de France, par le mariage de laquelle passa le duché en la maison de France
[environ 700 p.], Renne, Vatar, 1668.
     Dont une réedition numérique (de l’édition de 1668) [CD-ROM; 12 cm; 1 feuille]: Rennes, SAJEF, 2004 [24 €].


Jean de Berry dans le Corpus Étampois

     Voyez la Bibliographie du chapitre précédent.

Portrait de jean de Nevers (vers 1473) Jean de Bourgogne comte d’Étampes sur Internet

       Annie DELAITRE-RÉLU, “Comtes et Ducs de Nevers”, in Les pages Clamecycoises, http://perso.orange.fr/adelaitre/ComtesDucsNevers.htm, en ligne en 2007.

     COLLECTIF D’INTERNAUTES, “Jean de Bourgogne (1415-1491)”, in Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Jean_de_Bourgogne_%281415-1491%29, en ligne en 2007.

Jean de Bourgogne le Corpus Étampois

     Bernard GINESTE [éd.], «Charles d’Orléans: Rondeau pour le comte d’Étampes (vers 1440)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-15-charlesdorleans1440pourestampes.html, 2005.

     Bernard GINESTE [éd.], «Gilles Gobet: Jean de Bourgogne (miniature, vers 1473)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-15-gobet1473jeandebourgogne.html, 2007.

     Bernard GINESTE [éd.], “Dom Basile Fleureau: Des choses memorables arrivées à Estampes vers le regne de Charles VI, Louis dauphin et Charles VII (vers 1668)” & Dom Basile Fleureau: Des choses memorables arrivées à Estampes vers le regne de Charles VI et Louis XI (vers 1668), in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cae-15-fleureau-b35.html & http://www.corpusetampois.com/cae-15-fleureau-b36.html, 2007.

     Bernard GINESTE [éd.], “Pierre Bayle: Jean de Bourgogne comte de Nevers (1702)”, in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-18-bayle1702jeandenevers.html, 2007.

Sur Jean Hue

     Cæsar Egassius BULÆUS (César-Égasse du BOULAY), Historia Universitatis Parisiensis [6 vol. (1665-1673)], tomus V, Parisiis, F. Noel & P. de Bresche, 1670, pp. 889, 921 & 922.
     
Dont une réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k947659, 2001, en ligne en 2007, pp. 889, 921 & 922.
      Dont des extraits en mode texte relatifs à Jean et Cantien Hue: Bernard GINESTE,
«César Égasse du Boulay: Sur Jean et Cantien Hue (1670)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b36#annexe01, 2003.

     MORÉRI, Dictionnaire historique (non encore consulté).

     Léon MARQUIS, «Hue, Jean & «Hue, Cantien», in ID., Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996], pp. 366-367 [dont une saisie numérique en mode texte par le Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-marquis-rues06.html#huejean, 2003].

     Frédéric DUVAL & Françoise VIELLIARD, «(vu ms) Paris, Bibl. nat. de Fr., fr. 23090-91», in ID., Traduction par Simon de Hesdin et Nicolas de Gonesse (1375-1401) de l’ouvrage de: M. Valerius Maximus. Factorum et dictorum memorabilium libri novem [édition critique en ligne], Paris, ELEC (Éditions en Ligne de l’École des Chartes), http://elec.enc.sorbonne.fr/miroir/valeremaxime/traduction/?para=Hesdin_Gonesse#mspartie1, en ligne en 2007.


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