CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Léon Marquis 
Exposé général
Les rues d’Étampes et ses monuments, chapitre premier
 
1881
   
Carte de la Commune d'Etampes (dessin de Léon Marquis)
 
     Voici le chapitre de généralités qui ouvre Les rues d’Étampes et ses monuments, publié en 1881. Nous mettons en garde le lecteur les erreurs de détail qu’elles comportent. Si précieuse que soit l’œuvre de Marquis, tout doit y être vérifié, surtout là où il travaille de seconde main, comme il arrive souvent dans les travaux érudits du XIXe siècle. Merci à Isabelle Soulié d’avoir saisi ce chapitre pour le Corpus Étampois, au bénéfice de tous.

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
    
CHAPITRE PREMIER
 

EXPOSÉ GÉNÉRAL

 
     Origines et Situation.Étampois.Archidiaconé et doyenné.Bailliage.Duché.Coutume.Prévôté.Élection.Gruerie.Maréchaussée.Gabelle.Commune.Département.District, arrondissement et canton.Monnaies.Sceaux.Armes.Usages.Jeux et arbalétriers.Couvents, chapelles.Fortifications.Paroisses.Cloches.Administration civile.Administration municipale.Administration judiciaire.Administration financière.Administration militaire, police.Ponts et chaussées.Instruction publique.Anciennes corporations.Sociétés.Voitures publiques. —  Géologie.Industrie et commerce.Moulins.Auberges et hôtels.Population.Quartiers et faubourgs. [ Tableau indicateur des rues.]
     Origines et situation. — Étampes est une ville très-ancienne, située à 50 kilomètres au sud de Paris, dans une vallée large et profonde.

       La vallée se dirige du sud-ouest au nord-est, de sorte que la ville a la plus belle orientation possible. En la belle saison, les rayons solaires, qui viennent obliquement dans la plupart des rues, produisent une ombre salutaire vers le milieu du jour, et des collines élevées mettent les maisons et les jardins à l’abri de la rigueur des hivers.
 
     Le nom même de la ville semblait indiquer cette heureuse situation à la plupart des historiens anciens et modernes, qui font venir Étampes, autrefois Estampes, en latin Stampæ, du mot grec Tempé, qui signifie agréable, par analogie avec la belle vallée de Tempé, en Grèce, chantée par les poètes de l’antiquité païenne. [p.48] Telle n’est pas l’opinion de M. E. Dramard, qui semble avoir résolu la question. Selon lui, Étampes viendrait de Stang-paës, pays d’étangs, ce qui est en effet très-vraisemblable (l).

     L’emplacement a été choisi d’une façon heureuse, à peu près à égale distance de deux grandes villes, Paris et Orléans.

Triens mérovingien (dessin de Léon Marquis)

(1) Dramard, Origine d’Étampes, p.51; Abeille d’Étampes du 30 janvier 1875.
     Le berceau d’Étampes est le faubourg Saint-Martin, remontant à l’époque gauloise et existant avant l’ère chrétienne. Par suite du séjour du roi Robert à Étampes, qui y fît bâtir un palais et un château de forte structure, une nouvelle ville se forma ou plutôt s’agrandit du côté de Paris; elle s’appelait au moyen âge: Étampes-le-Châtel, ou Étampes-les-Nouvelles, pour la distinguer de l’ancienne ville, qui s’appelait Étampes-les-Vieilles (2).
(2) Fleureau, Antiquités d’Étampes, p.4.
     Étampes-le-Châtel existait déjà avant le roi Robert, vu l’antiquité de l’église Saint-Pierre remontant au roi Clovis, d’après des traditions rapportées par Fleureau.

     Il y a en France trois autres localités qui s’appellent Étampes:
     1° Une commune dans le canton de Château-Thierry (Aisne);
     2° Un hameau dans la commune de Corbie (Somme);
     3° Et un hameau dans la commune de Cuq-Toulza (Tarn).

     Pour la distinguer des autres, notre cité s’appelait:
     Au XIVe siècle, Étampes-sous-Orléans;
     Au XVe siècle, Étampes-la-Vallée (3).
     En poésie, on dit quelquefois: Étampes-la-Coquette, Étampes-l’Agréable.

(3) Cloche de Notre-Dame d’Étampes, citée plus loin.

     Dans les fraîches prairies de la vallée, plantées surtout de saules, d’aunes et de peupliers, serpentent des rivières qui, selon la juste expression d’anciens géographes, «jamais ne gèlent, ni jamais ne débordent.» Elles n’ont pas même gelé durant l’hiver si rigoureux de décembre 1879, excepté toutefois la petite rivière des Prés, à cause de ses nombreux barrages.

     Formée pour ainsi dire par la réunion de deux villes, Étampes est une des plus longues villes de France pour sa population, qui est de 7,840 habitants.

     Sa plus grande longueur, mesurée de l’extrémité du faubourg [p.49] Saint-Martin à celle du faubourg Evézard, atteint 3,500 mètres, sans compter les écarts.

     Charles-Quint, en parlant d’Étampes, disait: «C’est une belle rue.»
     Un autre a dit: «Cette ville est grande et vague.»
     Un troisième: «Sa forme est longue, tirant vers la pyramidale.»

     Le cosmographe Belleforest, dans un langage imagé, s’exprime ainsi: «Estampes a un chasteau beau et fort.... un collège et un petit fleuve fertile en escrevisses.... Son assiette est très-belle et très-plaisante, ayant un vignoble fertile et le pays jadis bocageux.»

     Le naïf Dom Morin dit à son tour: «Cette ville est bâtie sur un haut, et au bas d’un côté coule la rivière de Juine, nommée d’Étampes, qui va se décharger aux portes de Corbeil dans la Seine; de l’autre part, vers le midi, elle est environnée de hautes montagnes de sablon, d’où l’on mène quantité de tonneaux à Paris et autres villes pour écurer les vaisselles, et au bas des montagnes sont des prés entre deux collines, ce qui rend la situation de cette ville forte.»

     Étampes était l’une des douze bonnes villes de France, sous Philippe-Auguste. Ce roi disait à Othon IV, empereur d’Allemagne, que c’était une des meilleures cités du royaume après Orléans et Paris.

     Cette belle situation attirait autrefois à Étampes les rois de France, qui y faisaient leur résidence. Plusieurs ont habité le château d’Étampes, et du Séjour ou palais des Quatre-Tours, qui sert aujourd’hui de Palais-de-Justice, sont datées plusieurs chartes du XIe siècle. La plus ancienne remonte à l’année 1030.


     Étampois. — II est déjà question de l’Étampois ou du pays d’Étampes dans des écrits de l’an 587 et de l’an 615. C’est qu’à cette époque notre cité était déjà le chef-lieu d’un pays d’une grande étendue, d’un pagus gaulois, comprenant non seulement l’arrondissement d’Étampes, mais un territoire deux fois plus grand, qui allait, suivant l’érudit M. Guérard, de Bondoufle près Corbeil à Bullion près Dourdan, et de Garencières à Monnerville et à Maisse. Étampes, au VIIIe siècle, était la capitale d’une province dont l’empereur [p.50] Charlemagne fait mention dans ses Capitulaires, qu’il publia en l’année 770 (1).
(1) Fleureau, p.20; Guérard, Polyptique de l’abbé Irminon, p.64.


     Archidiaconé et doyenné d’Étampes. — Étampes appartenait autrefois au diocèse de Sens; sous Charlemagne, l’archidiaconé d’Étampes était l’un des cinq de l’archevêché de Sens, et il n’avait qu’un seul doyenné, celui d’Étampes.

      L’archidiaconé était à peu près de la même étendue que l’Étampois; celui-ci comprenait en plus le doyenné de Rochefort, du diocèse de Chartres. Étampes fut du diocèse de Sens jusqu’en 1790.

     L’Église, qui aime tant les anciens souvenirs, a conservé jusqu’à nos jours une preuve palpable du haut rang que tenait Étampes dans le clergé du diocèse: au chapitre de la cathédrale de Sens, il y a encore aujourd’hui un prêtre qui porte le titre d’archidiacre d’Étampes.

     D’après un contrat de janvier 1275, Jean-Henry de Saint-Julien a vendu à Etienne, archidiacre d’Étampes, en l’église de Sens, le port existant sur la rivière d’Yonne, entre Saint-Julien-du-Sault et Villevallier. Ledit archidiacre céda ce port sous certaines conditions, en 1277, à Gilon, archevêque de Sens (2).

     Jusqu’au décret sur la constitution civile du clergé (12 juillet et 24 août 1790), l’archidiacre d’Étampes eut, à l’exclusion du chantre de Notre-Dame, qui était chargé de la discipline du chœur et de la direction du chant, toute juridiction sur les chanoines, vicaires et clercs de ladite église (3).

     Lors de la rédaction de la coutume d’Étampes, en 1556, le cardinal de Bourbon, alors archevêque de Sens, se fit représenter par «Maistre Guillaume Poissonet, chanoine, archidiacre d’Étampes en l’église de Sens, et Maistre Simon Charbonnier, doyen de la chrestienté dudit Estampes (4).»

     L’archidiacre d’Étampes, lors de la promulgation de la constitution [p.51] civile du clergé, était M. Lestoré, natif de Lorris, en possession de ce titre depuis 1783.

Sceau du chapitre de Notre-Dame d'Etampes (dessin de Léon Marquis)      (2) Arrêt du Conseil d’Etat du 30 janvier 1753, qui maintient l’archevêque de Sens dans le droit de tenir des bacs sur la rivière d’Yonne. Paris, Imprimerie royale, 1753.

     (3) Fleureau, p.335.

     (4) Coutume d’Étampes.


     Bailliage d’Étampes. — C’était, dès la fin du XIIe siècle, le territoire d’une juridiction administrée par un bailli royal, seigneur haut justicier, chargé de rendre la justice aux assises et recevant les appels du prévôt d’Étampes et des justices subalternes.

     Les baillis d’Étampes, Orléans, Bourges et Arras sont les premiers qui furent établis en France. Nous avons trouvé, comme ayant rempli ces fonctions à Étampes:

     En l’année 1202, Hugues de Gravelle; en 1217, Adam Héron; en 1227, Guillaume Menier; en 1236, Adam Pannetier; en 1265, Pierre d’Auteuil; en 1269, Garin Roussel (il n’y eut point de bailli à Étampes de 1237 à 1246, ni de 1271 à 1300) (l); en 1397, Jean Davy (2); en 1432, Jean des Mazis (3); en 1514, Roger de Béarn (4); en 1539, Nicolas de Herbelot (5); en 1556, Nicolas Petau (6).

     Tous ces baillis étaient juges à robe longue, d’après une ordonnance de confirmation de cet office par Charles X en 1570. Henri III fit en 1554 un règlement pour les fonctions et gages du lieutenant-général du bailli, et en 1555 un autre règlement pour l’exécution des sentences de ce bailli (7).

     Nous trouvons ensuite les noms suivants pour les baillis à robe courte, qui devaient être gentilhommes de nom et d’armes, et être âgés de trente ans au moins, d’après une ordonnance de 1566:
Sceau de Guillaume Meunier (dessin de Léon Marquis)      (1) Brussel, Nouvel examen des fiefs, 1750, in-4, t. I. — (2) Fleureau, p.543. — (3) Id., p.545. — (4) Id., p.215. — (5) Rapsodie. — (6) Coutume d’Étampes; Rapsodie. — (7) Compilation chronologique. — (8) Fleureau, p.253. — (9) Rapsodie.
     En 1588, Michel de Veillard (8); en 1602, Jean Camus, seigneur de Saint-Bonnet; en 1628, Pierre du Bois, seigneur de La Fayette (9); en 1650, Henry Camus, fils de Jean Camus et frère [p.52] aîné de Camus, évêque du Bellay et bienfaiteur d’Étampes (l); en 1676, Pierre Boutet, seigneur de Marivaux (2); en 1722, Regnault, comte de Barres (3); en 1764, Guy-Henry de Valory; en 1774, Charles-Jean-Marie de Valory, qui fut le dernier des baillis d’Etampes (4).
     (1) Rapsodie, notes 31 à 31 ter, et Inventaire sommaire des archives de Seine-et-Oise, t. II. — (2) Rapsodie; Mercure de 1702. — (3) Manuscrits particuliers. — (4) Manuscrits particuliers et Inventaire sommaire des archives départementales, t. II.
     D’après sa nomination par la princesse de Condé, dame engagiste du duché d’Étampes, Adrien-Constant-Esprit Renaud, comte de Barres, a été, par le roi, le 7 juillet 1722, pourvu en survivance de la charge de bailli, gouverneur et capitaine des ville, château et duché d’Étampes, créée par un édit d’octobre 1693, et dont son père était pourvu.

     Le ler avril 1760, le duc d’Orléans, seigneur engagiste, nomma le marquis de Valory en survivance du comte de Barres, et pour en jouir en cas de décès ou de démission de celui-ci.

     Le 6 octobre 1764, le comte de Barres ayant donné sa démission, la charge de conseiller du roi et bailli d’épée au bailliage d’Étampes fut octroyée par Louis XV, le 4 décembre 1765, «à Guy-Henry-Louis, marquis de Valory, lieutenant-général des armées du roi, grand’croix de Saint-Louis, né le 12 novembre 1692, en reconnaissance des services rendus à l’Etat comme ambassadeur de Prusse, fonction dont il s’est acquitté avec toute l’intelligence et la capacité possibles (5).»

     (5) Manuscrits particuliers.
     Le nouveau bailli paya au trésor la somme de 2,000 livres pour jouir du droit de survivance attribué à sa charge. Ses gages n’étaient que de 200 livres par an; mais il avait les honneurs et les prérogatives dus à son rang, et il jouissait d’une foule de droits, privilèges, franchises, autorités et libertés.

     En 1740, le tribunal du bailliage comprenait: le bailli, le président, lieutenant-général civil et criminel; le lieutenant-général d’épée, le lieutenant particulier, assesseur criminel; le lieutenant-général des maréchaux de France, le lieutenant-général de police, [p.53]  conseiller au bailliage et à la prévôté; l’avocat du roi, le procureur du roi, le substitut, le greffier, huit procureurs et le premier huissier (l).

(1) Manuscrits particuliers. — V. la note 12.
     Comme chef-lieu de l’un des bailliages du royaume, la ville d’Étampes méritait de devenir chef-lieu de département. Plusieurs tentatives qui furent faites à ce sujet échouèrent, comme on le verra par la suite, ce qui contribua, avec d’autres causes, à faire perdre à cette ville une partie de sa splendeur passée. Le bailliage de La Ferté-Alais fut réuni à celui d’Étampes en 1769 (2).
(2) V. les notes 32 bis, 37 et 41.



     Duché d’Étampes. — La seigneurie d’Étampes, fondée en 1240, n’était d’abord qu’une baronnie érigée successivement en comté-pairie et en duché-pairie.

     Le duché d’Étampes avait la même étendue, le même territoire que le bailliage d’Étampes. Il comprenait, en 1553, quatre-vingt-une paroisses et quatre-vingt-dix hameaux; il était beaucoup plus grand que l’Étampois, car il s’étendait de Saint-Chéron à Autruy du nord au sud, et de Denonville à la rivière d’Essonne de l’ouest à l’est.

     En 1536, François ler érigeait Étampes en duché, pour en faire présent à Anne de Pisseleu, qui devint par cela même duchesse d’Étampes; il y incorporait les «chastellenies de Dourdan et de La Ferté-Alais;» mais cette annexion dura peu, car dix ans après, à la mort de son royal protecteur, la duchesse perdit tout. La seigneurie de Dourdan fut vendue en 1549, par le roi Henri II, à François de Lorraine; celle d’Étampes passa dans les mains de
Diane de Poitiers, favorite du roi.

     Il y avait dans le duché d’Étampes, en 1667, époque à laquelle écrivait dom Fleureau: 12,422 feux pour tout le duché; 2,106 feux pour la ville et les faubourgs (3).

(3) Fleureau, p.31.
     On comptait habituellement quatre habitants par feu, ce qui ferait 8,424 habitants pour la ville.

     D’après un dénombrement du royaume publié en 1709 et tiré des mémoires des intendants fournis à cette époque, sur la demande [p.54] du roi, 1’élection d’Étampes comprenait quarante-six paroisses dans lesquelles on comptait 1,329 feux (l).

(1) Voir Dictionnaire géographique d’Expilly, au mot Étampes.


     Coutume d’Étampes. — Lors du dénombrement de 1709, il y avait à Étampes: un bailliage, une prévôté, une justice royale non ressortissante et un grenier à sel.

     Le pays d’Étampes était alors régi par la coutume d’Étampes, rédigée en 1556 par des commissaires royaux, en présence des gens des trois Etats desdits bailliage et prévôté et anciens ressorts.

     L’assemblée pour la rédaction de la coutume se tint «en la salle du plaidoyer du Séjour dudit Estampes.»

     C’est encore dans cette salle du Séjour que le tribunal de première instance de l’arrondissement d’Étampes tient ses séances.

     C’est depuis le 28 novembre 1518 que les juridictions diverses qui se sont succédé à Étampes siègent dans cette salle. Auparavant les plaids se tenaient au-dessus de la halle ou boucherie (2), c’est-à-dire au premier étage de la halle qui était sur le petit marché, «dans la paroisse, de Saint-Basile, au-dessous du château, et en la place qui est devant l’église Notre-Dame (3).»

(2) Fleureau, p. 212. — (3) Id., p.98.


     Prévôté d’Étampes. — La prévôté d’Étampes avait le même territoire que le duché. Le prévôt avait la juridiction en première instance sur la ville et les faubourgs, les villages et les hameaux où il n’y avait pas de justice particulière, et par appel sur les jugements des maires.

     Cette prévôté était l’une des quarante-cinq de France sous Philippe-Auguste. Elle était du nombre des prévôtés qui ne payaient rien à la sénéchaussée de France, parce qu’il y avait dans chacune d’elles, en 1202, un palais ou château royal dans lequel le grand sénéchal prenait son logement comme aussi ses livrées, quand il allait tenir son assise au grand jour dans ces villes. Il n’était dû au roi aucun droit de gîte dans ces mêmes villes, au nombre desquelles étaient Poissy et Dourdan, Mantes, Senlis, Melun (4)..... [p.55]

     Le tribunal de la prévôté comprenait en 1740: le président, le lieutenant, quatre conseillers élus, le procureur du roi, le greffier, le premier huissier et le receveur des tailles (l).

     (4) Brussel, Usage des fiefs, 1727, in-4, t.I, p.439. — V. dans la Rapsodie et à l’article Sceaux les noms de quelques prévôts d’Étampes

     (l) Manuscrits particuliers.


     Élection d’Étampes. — L’élection d’Étampes était une division administrative beaucoup plus petite que les précédentes, et répondait à peu près à la circonscription actuelle d’un arrondissement. Elle était l’une des vingt-deux élections de la généralité de Paris. Chaque élection avait un tribunal composé de plusieurs officiers, pour juger les différends touchant les tailles, les aides et les gabelles. Ce  tribunal en connaissait seulement en première instance.

     Le nom d’élection vient de ce que, dans l’origine, les magistrats composant ce tribunal étaient élus par le peuple ou par les Etats généraux.

     L’élection d’Étampes, qui comprenait quarante-sept paroisses entre les vallées de la Juine et de l’Essonne, d’Étampes à Maisse et d’Etréchy à Gironville-sous-Buno, était composée, au XVIIe siècle, d’après Fleureau, d’un président, d’un lieutenant particulier, d’un lieutenant assesseur, de deux élus, d’un procureur du roi,
d’un greffier et de quelques sergents.

     On trouve une carte de l’élection d’Étampes dans l’atlas de la généralité de Paris, publié en 1762 par l’abbé Régley. Une carte minéralogique de cette élection a été insérée, par notre compatriote Guettard, dans les Mémoires de l’Académie des sciences de 1753. Cette carte donne des renseignements intéressants sur les connaissances minéralogiques de cette époque.

     L’élection d’Étampes était au sud de Paris, et placée entre les élections de Melun, Paris, Nemours et la généralité d’Orléans.

     En 1740, le tribunal de l’élection comprenait: un président, un lieutenant, quatre conseillers élus, un procureur du roi, un greffier, un premier huissier et un receveur des tailles.

     Il y avait encore à Étampes, chef-lieu d’élection: un directeur des aides pour les bailliages d’Étampes et de Dourdan, un receveur des aides, un contrôleur des vingtièmes, un contrôleur des [p.56] actes des notaires, un entreposeur des tabacs, un ingénieur des ponts et chaussées.




     Gruerie d’Étampes. — La gruerie d’Étampes et de La Ferté-Alais était une juridiction qui connaissait en première instance de toutes les contestations au sujet des eaux et forêts de son ressort, et des délits qui s’y commettaient.

     Cette gruerie, l’une des sept de la maîtrise particulière des eaux et forêts de Paris, n’était composée que du buisson appelé  Mours-bois [ou bien faut-il lire Moursbois (?)], avait  une contenance de 149 arpents 29 verges, et le seigneur d’Étampes en touchait les revenus (l).

     L’officier qui exerçait cette juridiction prenait le nom de gruyer.

     (1) Piganiol de la Force, Nouvelle description de la France, 1753, in-12, p. 15.


     Maréchaussée d’Étampes. — La maréchaussée d’Étampes avait encore le même territoire que le bailliage. C’était la gendarmerie qu’on appelait ainsi autrefois, parce qu’elle était dirigée par un prévôt des maréchaux (2).

     Le roi Charles IX, par un édit de l’année 1543, établit dans cette fonction Michel Brosset, seigneur d’Anjanville.

     Avant la Révolution, il n’y avait à Étampes qu’un brigadier de la maréchaussée et quatre cavaliers, placés sous les ordres d’un lieutenant qui était à Melun (3). C’est ce qui fait qu’en cas de trouble dans l’étendue du bailliage d’Étampes, il fallait l’intervention de la maréchaussée de Melun.

     Il y avait en outre à Étampes, en 1740, un lieutenant de la police royale et deux commissaires.

(2) V. la note 2.




(3) État de la maréchaussée. Paris, 1784.






     Gabelle d’Étampes. — La gabelle ou grenier à sel avait une juridiction plus étendue que celle du bailliage d’Étampes; elle s’étendait de Linas à Gommerville du nord au sud, et de Rochefort à Gironville-sous-Buno de l’ouest à l’est.

     Les officiers de la gabelle, qui siégeaient dans leur grenier à sel, situé près de l’Hôtel-de-Ville, comprenaient, d’après Fleureau: [p.57] deux présidents, deux grènetiers, deux contrôleurs, un avocat, un procureur du roi, un greffier, et quelques huissiers et sergents.

     Le nombre de ces officiers fut réduit, à la fin du XVIIe siècle, à un président, un grènetier, un contrôleur, un procureur du roi et un greffier.

     Étampes, qui appartenait à la généralité de Paris, était un pays de grande gabelle, c’est-à-dire où le sel se vendait les plus hauts prix. Il y avait des généralités dont les pays étaient de petites gabelles, où le prix du sel était beaucoup plus bas, et les pays rédimés ou exempts de gabelles.

     En l’année 1697, nous voyons: Michel Pichonnat, élu médecin contrôleur de la gabelle d’Étampes; Jean-François Gabaille, grènetier de la gabelle; Jacques Duvis, conseiller du roi, receveur des tailles et gabelles (l).

     En 1777, François-Alexandre Frère était procureur du roi audit grenier à sel. A sa mort, le 25 septembre 1777, il fut remplacé par Louis Barbier, qui se démit, le 14 juillet 1779, en faveur de Jean Champigny (2).

     (1) Manuscrit de l’Armorial de d’Hozier.



     (2) Manuscrit de l’acte de nomination.


     Commune d’Étampes. — La commune d’Étampes est une institution remontant au roi Philippe-Auguste; mais la ville ne jouit pas longtemps de ce privilège, car le même roi l’abolit en 1199. Elle paraît avoir été rétablie en 1224, et il est même probable qu’elle a été tolérée en tous temps, même quand elle fut abolie (3).
     (3) Guizot, Histoire de la civilisation en France, t. IV. Document sur Étampes.
     L’érection définitive d’Étampes en commune remonte au roi Louis XII. C’est par lettres patentes de mai 1514 qu’il établit dans cette ville un maire et quatre échevins.

      On lit dans ces lettres:
     «Nous avons reçu l’humble supplication de nos chers et bienaimés les manants et habitants de la ville d’Étampes..... contenant qu’ils n’ont ni maison, ni logis convenable pour mettre en sûreté leurs titres, lettres, papiers, pancartes et autres choses appartenant à la communauté, lesquels, faute d’être en lieu sûr, se perdent et gâtent..... Lesdits suppliants feraient volontiers bâtir [p.58] une maison commune en cette ville, feraient et députeraient maire et échevins, et autres officiers nécessaires pour le bon régime et gouvernement de ladite chose publique....
     «Donnons et octroyons permission de construire une maison commune de ville pour retirer et mettre en sûreté leurs dits titres et papiers.... pour mettre ordre au bien de la chose publique et traiter de leurs affaires communes. Aussi qu’ils puissent dorénavent faire ériger et députer en celle maison de ville maire et échevins, et autres officiers, ainsi qu’on a coutume dans les autres villes de notre royaume ayant maison commune de ville (l).....»

(l) Fleureau, p. 213.
     Telle qu’elle est actuellement, la commune d’Étampes remonte à 1789, époque à laquelle les anciennes paroisses furent remplacées par les communes. A une paroisse ancienne correspond généralement une commune moderne: celle d’Étampes se compose des cinq paroisses de l’ancienne ville.


Carte de la Commune d'Etampes (dessin de Léon Marquis)

     La commune d’Étampes est bornée à l’est par les communes de Morigny et de la Forêt-Sainte-Croix; au nord par celles de Brières-les-Scellées et Boissy-le-Sec; à l’ouest par celles de Boutervilliers, Saint-Hilaire et Châlo-Saint-Mard; au sud par celles de Guillerval, Saclas, Boissy-la-Rivière et Ormoy-la-Rivière.

     Elle a 8 kilomètres 8 du nord au sud, et 12 kilomètres 8 de l’est à l’ouest.

     Sa superficie est de 4,522 hectares, ce qui est une grande étendue, si l’on songe que la superficie moyenne des 36,068 communes de France est de 1,463 hectares.




     Département de Melun et Étampes. — L’administration provinciale de la généralité de Paris fut organisée à Melun en 1787. Cette généralité fut divisée en douze départements dont chacun était formé de deux ou trois élections, et divisé en six arrondissements.

     Les élections de Melun et Étampes, qui étaient voisines, formèrent le département de Melun et Étampes.

     A l’assemblée provinciale de la généralité de Paris qui eut lieu à Melun le 11 août 1787, Marie-Elisabeth de la Vergne de Tressan, [p.59] vicaire général du diocèse de Rouen, dernier abbé commandataire de l’abbaye de Morigny, représentait le département de Melun et Étampes.

     Le même personnage figure le 9 mars 1789 à la tête du clergé, à l’assemblée générale des trois Etats du bailliage d’Étampes (l).

(l) Aubergé, Étude sur l’administration provinciale. Meaux, 1878, in-8. — H. de la Bigne, Les derniers abbés de Morigny. Étampes, imprimerie de Aug. Allien (s. d.).
     Le département de 1787, plus petit que le département actuel, en fut cependant le point de départ; mais l’arrondissement d’alors ne représentait qu’une division électorale.

     A différentes époques, surtout en 1790, la ville revendiqua l’honneur de devenir chef-lieu du département: d’abord elle était chef-lieu de duché; ensuite elle est éloignée de douze à dix-huit lieues des grandes villes voisines: Paris, Chartres et Orléans; son commerce et ses impôts sont très-importants: enfin, son marché au blé et aux bestiaux est une des principales sources de l’approvisionnement de Paris. Malgré cela, Versailles fut choisi, quoique cette ville, bien près de Paris, eût déjà le privilège d’être la résidence du souverain (2).

(2) Précis en faveur de la ville d’Étampes. De l’imprimerie de Prudhomme (s. d.). (1790), in-4 de 4 pages.


     District, arrondissement et canton d’Étampes. — En 1790, quand la France fut divisée en quatre-vingt-trois départements, Étampes devint le chef-lieu de l’un des neuf districts du département de Seine-et-Oise, qui étaient: Versailles, Saint-Germain, Mantes, Pontoise, Dourdan, Montfort, Étampes, Corbeil et
Gonesse (3).

(3) Décrets des 15, 16 et 26 février 1790.
     Notre ville devint en l’an IV le chef-lieu de l’un des sept cantons du district, savoir: Étampes, Chamarande, La Ferté-Aleps, Milly, Maisse, Saclas et Angerville.

     D’après une loi du 12 août 1792, c’est à Étampes, chef-lieu de district, que les assemblées primaires de Seine-et-Oise devaient se réunir pour nommer les électeurs convoqués le 2 septembre suivant pour procéder à  l’élection des députés à la Convention nationale [p.60] (1); mais une loi du 17 août suivant remplaça Étampes par Saint-Germain pour le lieu de cette réunion (2).

     (l) Loi relative à la formation des assemblées primaires électorales. Paris, de l’Imprimerie nationale, in-4 de 8 pages. — (2) V. la note 85.
     En 1800, la nouvelle division territoriale fit d’Étampes le chef-lieu de l’un des cinq arrondissements de Seine-et-Oise, et le divisa en six cantons.

     Les cinq arrondissements étaient Versailles, Mantes, Pontoise, Corbeil et Étampes.

     Les six cantons étaient Étampes, Dourdan-nord, Dourdan-sud, La Ferté-Aleps, Méréville et Milly.

     Enfin, en 1811, une loi distrait de l’arrondissement d’Étampes les deux cantons de Dourdan, pour établir un sixième arrondissement à Rambouillet.




       Monnaies d’Étampes. — On battait monnaie à Étampes sous les Mérovingiens, les Carlovingiens et les Capétiens.

     La pièce la plus ancienne est un triens mérovingien en or fin, remontant au VIe ou au VIIe siècle d’après M. de Saulcy, et portant les mots: DRVCTOMARUS — STAMPAS FITVRC (3).

       Une autre pièce qui a été frappée sous Raoul ou sous Charles-le-Simple porte: STAMBIS — GRATIA DEI REX (4).

     Sous la troisième race, la plupart des pièces de Philippe ler, Louis VI et Louis VII sont de ce type: CASTELLVM STAMPIS — PHILIPPVS REX DEI.

       Au nombre des privilèges accordés en 1137 par Louis VII aux habitants d’Étampes est celui par lequel «il ne feroit ni ne souffriroit que l’on fît aucun changement à la monnoie dont ils usoient et qui avoit cours parmy eux, tant en son poids qu’en sa valeur, à condition qu’il lui paieroient tous les trois ans 100 livres de la même monnoie (5).» «Il y en a de différentes sortes, ajoute Fleureau, sur quelques-unes desquelles est le portraict du roy avec ces mots: LODOVICVS REX FRANCORVM, et sur le revers une montagne avec un château au-dessus et les mots: CASTELLO STEMPIS.» [p.61]

Monnaie de Louis VI (dessin de Léon Marquis)      Une charte de saint Louis (1252) fait don aux Templiers de 50 livres, monnaie d’Étampes, à prendre sur le monnayeur d’Etampes (1). Il y avait une monnaie qui s’appelait un étampois, le nom même qui sert à désigner aujourd’hui un habitant de cette ville (2).
Triens mérovingien (dessin de Léon Marquis)
(3) Revue de numismatique, t. III. — (4) Id., t.IV.

Monnaie de Raoul (dessin de Léon Marquis)

(5) Fleureau, p.102.

(1) De Montrond, t. I, p.128. — (2) De Montrond, t. I, p. 134.



Sceau du chapitre de Notre-Dame d'Etampes (dessin de Léon Marquis)      Sceaux d’Étampes. — II existe au musée d’Étampes les empreintes des sceaux des archives nationales concernant Étampes, et apposés à des actes de comtes d’Étampes, magistrats et chapitres d’églises de cette ville: des assesseurs Barthélemy et Adam Héron (année 1204); du châtelain Guillaume Menier (1211); du chapitre de Notre-Dame (XIIe siècle); de Guillaume, chantre de Notre-Dame (1221); du chapitre de Sainte-Croix (1221); du prieur de Saint-Pierre, de l’Hôtel-Dieu, des prévôts Pierre de Sorcy (1231), Biaubouchier (1283) et Jehan Plumet (1452); du receveur Etienne Valeton (1395); de Jehan Bouchier, garde du scel (1414); des comtes d’Étampes, Louis II (1361 et 1380) et Richard de Bretagne (1427).
Sceau de Guillaume Meunier (dessin de Léon Marquis)


     Armes d’Étampes. — Les armes d’Étampes au XVIIe siècle étaient: «de gueules, à un château maçonné de sable, chargé d’un écu écartelé, au l et 4 de France, au 2 et 3 de gueules à la tour d’or crénelée d’argent (3).»

     L’origine de ces armes remonte probablement à la reine Blanche de Castille, première suzeraine d’Étampes, qui portait: «de gueules au château sommé de trois tours d’or (4).»

     L’Armorial national de France, de Traversier, indique les armoiries suivantes: «de gueules, à un château d’or crénelé et surmonté d’une tour carrée et crénelée de même, chargé d’un écusson écartelé, au l et 4 de France, au 2 et 3 de gueules à une tour d’or.» - «De gueules, à une tour crénelée, flanquée de deux tourelles en forme de guérite, le tout ouvert, ajouré et maçonné de sable; au-dessus de la porte de la tour, un écusson de France [p.62] brisé en cœur, d’un bâton raccourci et péri en bande, de gueules, chargé de trois lionceaux d’argent (l).»

       Les armes indiquées par d’Hozier en 1697, absolument les mêmes que celles concédées par Louis XVIII, le 17 avril 1819, sont les suivantes: «de gueules, à une tour crénelée d’or, flanquée de deux tourelles en forme de guérite et de même; la tour ouverte .et ajourée de sable et chargée d’un écusson d’azur, a trois fleurs de lis d’or, deux et une, brisé en cœur; d’un bâton raccourci et péri en bande, de gueules, et chargé de trois lionceaux d’argent (2).»

     Les armes actuelles de la ville sont un peu différentes. Il est à remarquer, du reste, que chaque siècle apporte un nouveau changement. Aujourd’hui la ville d’Étampes a pour armes: «de gueules, à trois tours crénelées d’or, accolées ensemble et finissant en cul-de-lampe; celle du milieu, plus haute et plus basse que les deux autres, est chargée dans son milieu d’un écusson écartelé, le l et le 4 d’azur et une fleur de lis d’or, le 2 et le 3 de gueules à une tour crénelée d’or (3).»

     (3) Fleureau, p. 28.

     (4) Anselme, Histoire généalogique de la maison de France.

Armes d'Etampes en 1881 Armes d'Etampes en 1881
     (l) Traversier, Armorial national de France, 1843, in-8, p. 27

     (2) Armorial national de France. — Lettres-patentes de Louis XVIII, dont l’original est à l’Hôtel-de-Ville d’Étampes.

     (3) Girault de Saint-Fargeau, Dictionnaire des communes de France, t. l.


     Usages. — Un ancien usage d’Étampes, qui existe toujours dans beaucoup de villes du Midi, était de jeter les ordures et les eaux ménagères par la fenêtre, ce qui salissait la rue ou la tête des passants. La coutume d’Étampes, rapportée à celle de Bordeaux, porte que celui qui jette eau ou autre chose par la fenêtre doit crier par trois fois.

     Avouons qu’il y a du progrès, et que si cet usage existe encore dans quelques rues de faubourgs, il tend au moins à disparaître.

     Les habitants d’Étampes étaient tenus de faire construire des latrines ou chambres aisées; et une amende de 6 sols parisis était infligée à ceux qui déposaient des ordures «près des portes de la ville, églises et autres lieux publics (4).»

     (4) Coutume d’Étampes.
     Les cabaretiers ne jouissaient pas autrefois d’une excellente réputation. [p.63] Ils ne pouvaient arrêter les habitants pour les dépenses faites, ni même prendre une action contre eux, car de tels endroits «sont lieux de débauche où les habitants vont sans nécessité, ayant leurs maisons pour prendre leurs repas, et ces sortes de lieux ayant été établis pour les passants et étrangers.... Il est même défendu par les ordonnances générales de police de cette ville de retenir les bourgeois et enfants de famille après neuf heures du soir.» Des arrêts de saint Louis en 1254 et de Charles IX en 1565 font défense aux gens mariés d’aller boire et manger dans les cabarets, et aux cabaretiers de les recevoir. Ces lieux étaient tellement suspects et décriés que la loi ne voulait pas que l’accusation d’adultère ait lieu à l’égard des cabaretières (l).
     (1) Coutume d’Étampes, art.145. V. les notes 18 à 21.
     Il était détendu aux charcutiers de faire griller leurs porcs dans les rues, et ils devaient faire cette opération dans les remparts de cette ville (2).
     (2) Arrêt du Parlement du 6 avril 1780.
     Anciennement, les bouchers et les charcutiers d’Étampes demeurant dans l’intérieur de la ville ne pouvaient garder chez eux que pendant huit jours au plus les animaux destinés à être abattus, et ils étaient obligés de les tuer sur les rivières et non ailleurs (3).
     (3) Coutume d’Étampes, art.185, 186.
     Les tanneurs d’Étampes ne pouvaient jeter leurs plains dans la rivière que pendant la nuit, et les tanneries devaient être en dehors de la ville (4); néanmoins on dut tolérer celles qui existaient rues de la Foulerie et de la Tannerie.
     (4) Id., art.186.
     Les publications dans la ville ne se faisaient pas, comme aujourd’hui, à son de caisse, mais à cor et à cris, et dans les grandes occasions au son des trompettes (5).
     (5) Rapsodie.
     Au marché de Saint-Gilles et au petit marché de Notre-Dame, il existait autrefois un droit singulier, dont les abus le firent supprimer petit à petit dès les premières années du XVIIIe siècle, et qui s’éteignit tout à fait à la Révolution.

     Nous voulons parler du droit de havage qui avait lieu au profit de l’exécuteur de la haute justice d’Étampes. Ce fonctionnaire avait [p.64] à cet effet sept ou huit préposés chargés de prendre à chaque marchand une poignée de ses denrées ou marchandises; et, pour que cette poignée fût aussi grande que possible, il devait choisir des acolytes aux mains larges et puissantes, enduites au besoin de poix. Ces huit hommes s’en allaient donc par les marchés, prenant une poignée de blé par ci, une poignée de légumes par là, des poulets d’un côté, des fruits d’un autre. Cela finissait par faire assez pour remplir les magasins du bourreau d’Étampes, Dourdan et La Ferté-Alais d’une grande quantité de denrées et de marchandises les plus diverses, dont la vente lui procurait de gros béné-
fices.

     Or, les gens des campagnes qui vendaient au petit marché «des denrées, comme beurre, œufs, gibier, volailles, fruits, légumes, poissons,» furent fatigués des abus qui eurent lieu en l’année 1767, et se plaignirent aux maire et échevins d’Étampes, qui proposèrent un nouveau système, approuvé par arrêt du parlement du 13 juillet 1767, et portant une forte atteinte au droit de havage. Pour en tenir lieu au bourreau Desmorets, il fut autorisé à percevoir tous les jours, aux portes et barrières de la ville, 6 deniers par sac de froment, orge et avoine, et 3 deniers par sac de pois, fèves, vesces et lentilles qui entreront pour être vendus.


     Défense lui était faite de percevoir aucuns droits* les jours d’exécution, de foires et de marchés, ni sur les beurres, œufs, légumes, fruits, gibier et autres denrées. Il resta exempt de tous impôts, et après lui avoir supprimé sept ou huit employés, sa charge lui procurait encore plus de 3,000 livres par an, beaucoup moins cependant qu’auparavant, car dans l’arrêt précité, qui est intervenu sur ses plaintes, il est dit «que lorsqu’une ville, de concert avec le prince engagiste, lui offrait un sort, il devait l’accepter ou quitter sa place s’il n’était pas content (l).»
      * Ce qui signifie en ancien français: certains droits (B.G.).

     (l) Arrêt du Parlement du 13 juillet 1767, dans la Collection de décisions nouvelles, par Denizart, 1771, 4 vol. in-4. - V. la note 15.
     Il était défendu aux meuniers d’Étampes de prendre livraison eux-mêmes, avec chevaux et charrettes, des grains qu’ils avaient achetés aux habitants, et ces derniers devaient les conduire eux-mêmes dans les moulins. Les farines en provenant ne pouvaient [p.65] être vendues dans le bailliage, mais être transportées à Paris ou à Versailles (l).
     (1) V. la note 31.
     Au nombre des usages singuliers qui existaient à Étampes, on doit citer celui qui concernait le fief des Meignants, près Chemault en Gâtinais, et suivant lequel tous les meignants ou chaudronniers et autres ouvriers en métaux, demeurant et passant à Étampes, payaient 4 deniers parisis de redevance annuelle au seigneur des Meignants, qui avait sur eux certains droits, notamment ceux de haute, moyenne et basse justice.

     Un acte d’échange de 1549 définit ainsi cet ancien droit:
     «Que sur tous et chacun les mignants, serruriers, braisilleurs de serpes, faiseurs de clairines, et tous ceux qui besongnent en airain, passants et résidents entre Seine et Loire, le portail d’Orléans, le pavé d’Étampes et la pierre lectrée, y a droit de prendre part, par chacun an, 4 deniers parisis, avec haute justice, moyenne et basse, et autres droits d’icelle seigneurie...»

     L’avantage qu’en tiraient les meignants était de se faire juger par les juges du fief, qui devaient être moins sévères que les juges royaux; ils pouvaient, du reste, faire déclarer ces derniers incompétents ou, suivant leur intérêt, se faire renvoyer devant leurs juges particuliers.

     Ce droit se complétait par l’obligation imposée à tous les chaudronniers de passage à Chemault de venir «offrir leur métier, et radoubler et raccommoder ce qu’il y a de leur état dans le château (2).»

     (2) Revue nobiliaire de 1868, Le fief des Meignants, par E. Dramard.
     A Montlhéry on percevait pour le compte du trésor royal un droit qui rappelle celui-ci: c’était un droit de péage ou de passage dû pour les draps, toiles et peaux, grains et bestiaux venant d’Étampes, Orléans, et de toutes les villes conduisant à cette grande route, la seule qui paraît avoir servi, au XIIIe siècle, à un passage considérable de denrées pour Paris (3).
     (3) Règlement sur les arts et métiers de Paris, par Depping, introduction.
     Autrefois, quand on faisait l’estimation des meubles dans un inventaire, on ajoutait la crue, qui était «une augmentation de prix pour suppléer à ce qu’on présume manquer à leur juste valeur.» [p.66] A Paris, Montdidier, Dourdan, Orléans, la crue était du quart en sus de la prisée, tandis qu’à Étampes et à Melun elle n’était que «du demi-parisis, c’est-à-dire de 2 sols par livre (1)» d’après Denizart, et de 2 sols 6 deniers d’après la coutume.
     (1) Denizart, Collection de décisions nouvelles, t. I.
     Le droit de suite, pratiqué par le Châtelet de Paris, avait lieu pour les successions des personnes domiciliées à Paris qui y décédaient. Un arrêt du parlement du 23 janvier 1714, rendu entre les officiers du Châtelet et ceux d’Étampes pour la succession du sieur Moulineuf, décédé à Paris en chambre garnie, décida qu’il n’y avait pas lieu au droit de suite, parce que Moulineuf n’était pas domicilié à Paris (2).
     (2) Id. , t. IV.

     Le soir du premier dimanche de carême était autrefois une grande fête pour les gens des campagnes. Les habitants d’Étampes montaient à Guinette pour voir ces feux de joie, appelés brandons, qu’on voyait brûler dans le faubourg Saint-Pierre et les hameaux environnants. Dans notre enfance, cet ancien usage était encore assez répandu; aujourd’hui, il est toujours pratiqué à Morigny, près Étampes.
 
     Ces feux de paille et de brindrilles [sic] de bois sont un reste du paganisme et rappellent une coutume des druides, qui allaient en grande pompe, au commencement de l’année, couper le gui sacré avec une serpe d’or.

     Les villageois, hommes, femmes et enfants, dansaient autour des brandons une partie de la nuit, et dans certaines provinces de France des coutumes singulières entouraient cet ancien usage.

     On avait aussi coutume, au passage de grands personnages dans la ville, d’envoyer au-devant d’eux des ménétriers qui jouaient de la flûte, du violon et d’autres instruments (3).

     (3) V. Rapsodie.


     Jeux et arbalétriers. — Les jeux les plus répandus autrefois à Étampes étaient: le jeu de l’arc, celui de l’arbalète, le noble jeu de l’arquebuse, le jeu d’esses ou de clés, les jeux de paume, de boules, de billard, de dés, de cartes, de quilles, de [p.67] volant, de bâtonnet, de dégaut, de blanque, de tourniquet, de chevilles (l).
     (1) Arrêt de la Cour du Parlement du 10 juillet 1779... sur la police de la ville d’Étampes, 1780, in-4.
     On jouait encore à tirer dans un livre et à se battre à coups de pierre. Ce dernier était un bien vilain jeu, car les enfants ne s’arrêtaient généralement que quand l’un d’eux était tué ou blessé. Nous y reviendrons en traitant des rues d’Étampes.

     Les jeunes gens, accompagnés de ménétriers jouant du violon, parcouraient les rues en chantant (2).

     (2) Rapsodie.
     A l’occasion d’un mariage, on faisait le charivari avec des poêles et des chaudrons; on tirait des coups de mousqueton, et on lançait des pétards et des fusées par les fenêtres des maisons.

     Le jeu le plus ancien est celui de l’arc, car les archers d’Etampes remontent au moins à l’année 1179, date de l’ordonnance de Louis VII faite en faveur des habitants d’Étampes, laquelle «règle la redevance des vendeurs d’arc à un arc chacun par an (3).»

    (3) Fleureau, p. 114.
     Les arbalétriers d’Étampes remontent au moins à l’année 1369, car Charles V rendit à cette époque une ordonnance «enjoignant à tous ses sujets de s’appliquer à l’exercice des armes et à apprendre à tirer de l’arc et de l’arbalète (4).»
     (4) Id., p. 232.

 
Drapeau des arquebusiers d'Etampes (dessin de Léon Marquis)      Les arquebusiers d’Étampes se joignirent aux arbalétriers au milieu du XVIe siècle; ils furent en effet établis dans cette ville par le roi Henri III, suivant lettres patentes du 21 mai 1549, octroyant aux vainqueurs des prix et des exemptions diverses d’impôts.

     Henri IV, en 1605, retrancha l’exemption sur le droit de gabelle.

     Les autres exemptions d’impôts furent successivement abolies, suivant d’autres arrêts et édits, durant les XVIIe et XVIIIe siècles. Par un arrêt de 1727, Louis XV dit que celui qui aura abattu l’oiseau trois années de suite jouira, sa vie durant, de toutes exemptions de droits de tailles, aides et autres impositions. Charles Périer, marchand d’Étampes, roi de l’oiseau et capitaine des grenadiers [p.68 (paginée 78 par erreur)] de la compagnie, jouissait de ce privilège pour avoir abattu l’oiseau en 1733, 1734 et 1735 (l).


     Par un autre arrêt du 25 mai 1728, concernant spécialement les arquebusiers d’Étampes, le nommé Antoine Parisot, marchand, qui était roi de l’oiseau, se croyait exempt de divers droits montant à 33 livres pour onze poinçons de vin. Sur son refus de payer, Pierre Brossard, sous-fermier des aides, le poursuivit, et il en résulta cet arrêt du Conseil d’Etat qui supprime les exemptions de droits d’aides et d’octroi aux arquebusiers d’Étampes, leur conservant toutefois divers privilèges (2).

       En 1754, leur drapeau était: «fond blanc avec croix bleue,» et leur guidon: «fond blanc avec un soleil d’or rayonnant à seize pointes dans lesquelles est enlacée la devise: Nec pluribus impar (3).»
Guidon des arquebusiers d'Etampes (dessin de Léon Marquis)

     (1) Manuscrits particuliers.

     (2) V. la note 14

     (3) Revue de Champagne et de Brie, février 1880.
     Leur dicton était en 1778: «les sables, ou les écrevisses.»
     Air: Ne v’la-t-il pas que j’aime.

Nous n’allons pas à reculons
     Comme les écreyisses.
Vaincre et mourir pour les Bourbons,
     Voilà tous nos délices (4).
     (4) Recueil de pièces sur les arquebusiers de Meaux, p. 122.
     Le dicton de 1754 était: «les sables d’Étampes.»
Le sable de stérilité
De toute part est le symbole;
Entre nos mains, sur ma parole,
Il désigne fertilité.
Certes, la Marne, sur la rive,
N’en peut autant compter les grains
Que la beauté qui nous captive
Donne à nos cœurs de souverains (5).


     (5) Revue de Champagne et de Brie de 1879.
     Les arquebusiers de presque toutes les compagnies du royaume se réunissaient de temps en temps, tantôt dans une ville, tantôt [p.69] dans une autre, pour concourir au prix général de l’arquebuse de France, ce qui était l’occasion de banquets, bals et feux de joie.

     Le registre des délibérations de la compagnie royale de l’arquebuse d’Étampes, qui est à la bibliothèque municipale, donne des renseignements sur les faits et gestes de la compagnie au XVIIIe siècle; il nous apprend qu’elle prit part aux concours de Compiègne, en septembre 1729; Châlons-sur-Marne, en septembre 1754; La Ferté-sous-Jouarre, en septembre 1767; Montereau, en août 1773; Saint-Quentin, en septembre 1774; Meaux, en 1778; Nogent en septembre 1783.

     En outre, elle faisait partie du concordat qui eut lieu à Paris le 18 décembre 1775, et auquel prirent part quarante-huit compagnies.

     Au prix général qui fut tiré à Compiègne le 4 septembre 1729, le capitaine et les chevaliers, au nombre de dix, avaient à leur tête deux tambours, un hautbois et un marqueur petite livrée du roi. Tous étaient en uniforme de drap gris de fer, boutons d’argent des deux côtés, vestes de chamois galonnées en plein, chapeaux bordés d’argent aux plumets blancs et cocardes noires (l).

     (1) Legrand, Notice sur l’arquebuse de Compiègne, 1846, in-8.
     Au prix général de l’arquebuse de Châlons-sur-Marne, en 1754, le capitaine de la compagnie d’Étampes était Adrien-Constant-Esprit Regnault des Barres, capitaine, gouverneur et grand bailli pour le roi des ville, château et duché d’Étampes, baron de Laaz, seigneur de Villeneuve-sur-Auvers et autres lieux, ancien capitaine commandant des dragons wallons de la garde de l’empereur Charles VII. Il faisait partie du conseil ou jury du prix général de Châlons.

     Un mémoire qui fut fait à l’occasion de ce prix dit que la compagnie d’Étampes se pique d’observer la discipline militaire des dragons, et que les autres compagnies n’osent pas se flatter d’être commandées par des hommes de cette distinction (2).

     (2) Revue de Champagne et de Brie , février 1880.

     Leur costume était alors: habits-vestes rouges, parements et collets bleus, agréments d’or, chapeaux bordés d’or, plumets blancs (3).
     (3) Id., 1879.
     En 1774, il y avait en France quarante-huit compagnies de l’arquebuse [p.70] et celle d’Étampes, la plus nombreuse après celle de Sainte-Menehould, comptait cinquante-cinq arquebusiers qui furent réduits à quarante en 1775.

     La compagnie d’Étampes assista au prix général de Meaux en 1778; son uniforme était changé. Ils portaient alors: habit écarlate, collet, revers, parements, veste et culotte chamois, doubles galons d’or aux manches des officiers, comme aux revers et collet de l’habit; veste pareillement galonnée, double épaulette en or aux capitaine-commandant, major et capitaine des grenadiers, pareille épaulette à cordelière aux autres officiers; gros et petits boutons plats de cuivre doré empreints d’une couronne de France; une sablière au-dessous, une butière en arc et des flèches en croix; bas de soie blancs, chapeau uni avec plumet blanc, cocarde blanche et une plume, col noir et queue uniforme.

     Les sapeurs portent moustaches, tabliers blancs, bonnets de grenadiers, sabres surdorés et haches militaires; les grenadiers, moustaches, bonnet de poil, celui du capitaine enrichi d’un gland d’or pur, et celui des autres sapeurs et grenadiers de glands d’or et soie avec plumes blanches ou sultanes, et cocardes blanches, guêtres blanches, sabres surdorés, fusils et baïonnettes, cheveux tressés et relevés; même uniforme pour les chevaliers, sans aucun galon, qu’une épaulette en or sans cordelière.

     Voici les noms des arquebusiers d’Étampes en 1775: Bigault, capitaine en chef; Creuset, major; Perrier, capitaine des grenadiers; Hémard, aide-major; Perrier, lieutenant; Desforges, lieutenant; Chazottier, maréchal-des-logis; l’abbé Ruelle, doyen de Milly, aumônier; Boivin l’aîné, Dablay, Boivin, Le Lièvre de la Lande, Conti, Rigault fils, Bourgeois, Conti, Choiseau, Perrier, Beschu, Thibout, de la Borde, Godin le jeune, Gervaise, Godin,
Chevallier, Darblay, Darblay, Chevallier, Guettard, Houdry, Louis Lejeune, Hénin de Chérel, Ruelle, Mainfroy, Creuset, Barbot, Dolimier, Landry, de la Place, Bonté.

     Le 27 mai 1789, de la Borde fils fut nommé colonel de la compagnie, qui se réunit le mois suivant à l’occasion de l’établissement de la rosière d’Étampes.

     Le 15 août 1790, jour de la procession en l’honneur du vœu de Louis XIII, eut lieu à l’église Notre-Dame une cérémonie pour la [p.71] dissolution de la compagnie, où fut faite, selon les termes du registre des délibérations, «la remise de ses drapeaux et guidon qui l’ont toujours conduite dans le champ de l’honneur et de la gloire.»

     Le jeu d’esses ou de clés paraît avoir été particulier aux environs d’Étampes, puisque l’Encyclopédie méthodique dit qu’il se jouait dans l’étendue de la justice de Chamarande et du bailliage d’Étampes.

     On joue à ce jeu sur une grande table à l’une des extrémités de laquelle est fixée une fiche en fer. La table est cirée avec du savon pour que l’esse glisse facilement. Le joueur se sert d’une pièce en fer pesant près d’un kilo, nommée esse à cause de sa ressemblance avec la lettre S, qu’on lance avec force contre la fiche, et l’objet du jeu est d’en approcher le plus.

     Ce jeu présente de graves inconvénients quand le palet frappe le but violemment, car il peut rebondir et blesser les spectateurs.

     Aussi, des accidents ont motivé plusieurs arrêts du parlement faisant défense d’y jouer.

     L’un de ces arrêts, du 16 juin 1779, en fait la défense pour la justice de Chamarande; un autre, du 6 avril 1780, pour la ville d’Etampes; un troisième, du 4 juillet 1781, pour le bailliage d’Étampes.

     Ce jeu se joue toujours à Étampes, à Dourdan et à Saint-Arnoult.

     Le jeu de paume se jouait dès le milieu du XVIIIe siècle, et même avant, dans les fossés de la ville, entre les portes Saint-Jacques et Evézard; mais on l’a abandonné depuis un demi-siècle. Ce jeu, ainsi que ceux de quilles, de volant, de bâtonnet et de dégaut, était défendu dans les rues d’Étampes (l).

     (l) Arrêt du Parlement du 6 avril 1780, portant homologation d’une sentence du siége de la police de la ville d’Étampes, concernant l’ordre et la tranquillité publique. Paris, Simon, 1780, in-4 de 20 pages. — V. les notes 34 et 36.
     Les maîtres de jeux de paume et de billard n’avaient aucune action contre les mineurs de moins de vingt ans, valets et artisans, pour les dépenses faites par eux, et cela pour empêcher la débauche et la passion des jeux de hasard, car on tenait souvent brelan sous prétexte de jeu de paume (2).
     (2) Coutumes d’Étampes, art.106.
     Par son ordonnance de 1369, recommandant le jeu de l’arbalète, Charles V défendait les jeux de cartes et de dés. Un arrêt du parlement, du 6 avril 1780, défend aux hôteliers et cabaretiers d’Étampes [p.72] ce jeu et tous ceux de hasard, «fixe à cinq le nombre des billards qui pourront être établis dans la ville et les faubourgs;» il y avait alors onze billards dont plusieurs avaient été établis sans permission, et où les jeunes gens perdaient leur fortune.

     Malgré l’impôt sur les billards, leur nombre actuel à Étampes est de cinquante-quatre, dont vingt chez les particuliers et trente-quatre dans les cafés et autres établissements.




     Fortifications d’Étampes. — Une série d’ouvrages fortifiés réunissait autrefois le château à la ville d’Étampes-le-Châtel, ceinte dès le XIIe siècle de fossés, et environnée au XIVe siècle de murs flanqués de tourelles dont les restes se voient du côté de la prairie.

     La forme de la ville fortifiée était assez irrégulière, et formait un quadrilatère dont les quatre côtés étaient à peu près droits, excepté celui de la prairie.

     Des chaussées dépourvues de maisons réunissaient les faubourgs à la ville; quelques îlots d’habitations isolées apparaissaient au milieu de la verdure.

     Les murs d’enceinte étaient percés de huit portes fortifiées; les quatre premières furent entourées durant le siége de 1652 d’un redan en forme de demi-lune. Ces murailles avaient une longueur de 1,777 toises, sans compter les tourelles et les portereaux (l).

     (l) Mémoires particuliers.
     Il existe au musée une ancienne peinture du commencement du dernier siècle, représentant une vue ancienne de la ville. On y voit à gauche la porte Saint-Jacques, l’ancien cimetière et le clocher de Saint-Basile; à droite, les murs d’enceinte de la ville et les ruines du château. [p.73]

     A l’aide de l’ancien plan cadastral et de différents mémoires sur l’histoire de France, nous donnons des renseignements précis sur les anciennes portes d’Étampes, indiquées vaguement par tous les historiens, y compris Fleureau.

     1° La porte de la Barre ou Saint-Martin. C’était la plus fortifiée et celle qui eut le plus à souffrir durant le siége de 1652. Au XVIIe siècle, le produit de quelques locations qui existaient dans son intérieur était abandonné aux hallebardiers, anciens valets de la ville. La porte menaçant ruine en 1771, elle fut démolie en 1772, «jusqu’à un pied au-dessous du sol, par Martin Chanton, qui paya 800 livres à la ville (l).»


     2° La porte Dorée, qui commandait l’ancienne route de Dourdan, venant rejoindre la rue du Creux-Chemin. Elle avait sans doute été décorée et dorée en l’honneur de quelque reine qui devait passer sous cette porte pour aller de la ville au château.

     3° La porte du Château ou des Lions, au-dessous du château et à l’extrémité de la rue de ce nom. Ses deux tours ont été remplacées vers 1770 par deux piliers surmontés de deux lions. Elle fut supprimée tout à fait vers 1840, avec les murs d’enceinte qui étaient de ce côté.

Vue d'Etampes au début du 18e siècle (dessin de Léon Marquis d'après un tableau du Musée d'Etampes)


(1) Bourgeois, Quelques recherches sur le port d’Étampes.
     4° La porte Saint-Jacques, sous laquelle passait la rue Saint-Jacques. Elle date de l’année 1512 (2). Ses deux tours menaçant ruine en 1772, elles furent remplacées par des piliers avec chapiteaux d’un seul bloc de pierre du banc royal. Ce fut le maître maçon Châtelain qui fit ces travaux, moyennant 150 livres à donner à la ville. Cette porte, l’une des plus élevées, était flanquée de deux tours réunies par un portail voûté surmonté d’un pavillon avec toit aigu. Le devis de démolition porte «qu’elle sera démolie jusqu’au ras de terre, et que l’arche du pont qui la précédait serait conservée sous le pavé, ainsi que les deux corps-de-garde voûtés et souterrains placés de chaque côté du portail, lesquels devaient être seulement remplis de décombres (3).»
     (2) V. la Rapsodie. - Fleureau, p.199.


     (3) Bourgeois, Quelques recherches, etc.
     Si des fouilles étaient pratiquées en cet endroit, il est probable que l’on trouverait la trace de ces constructions. [p.74]
     Quant aux piliers, ils ont été abattus en mars 1871, après les murs d’enceinte longeant la promenade du Port.

     5° La porte de la Couronne ou Evézard. C’est l’ancienne porte Evrard (porta Eurardi) du XIIIe siècle, indiquée dans une charte de 1226 pour la séparation des paroisses Notre-Dame et Saint-Basile (l). C’est par cette porte que Gaston de Foix, comte d’Étampes, fit son entrée solennelle dans la ville, en l’année 1506. Cette porte, qui a été démolie vers 1775 (2), s’appelait aussi porte du Sauvage, à cause d’une ancienne auberge voisine  portant cette enseigne.

     (1) Fleureau, p. 404.

     (2) Bourgeois, Quelques recherches, etc.

     6° La porte Saint-Pierre ou de Pluviers, menant au faubourg Saint-Pierre et à la ville de Pithiviers, autrefois Pluviers. Une maison bâtie contre une des tours de cette porte et les murs d’enceinte fut achetée par la ville vers 1570 (3).
     (3) Rapsodie.
     7° La porte Saint-Fiacre, conduisant à la prairie du côté du pont Quesneaux.

      8° La porte Saint-Gilles, en face l’église de ce nom.

     Toutes ces portes étaient munies de ponts-levis et défendues chacune par deux tours. Un grand nombre de tourelles flanquaient en outre les murs d’enceinte entre les huit portes, qui ont été démolies vers le milieu du XVIIIe siècle. Ces murs étaient soutenus par des remparts de terre fort larges (4). Les portes de la Barre, Saint-Jacques et de la Couronne étaient plus considérables que les cinq autres (5).

     (4) Fleureau, p. 23.

     (5) Manuscrits particuliers de 1740.
     Les fossés avaient en moyenne 20 mètres de largeur et une profondeur variable.

     Les chemins de ronde intra-muros furent aplanis par les assiégés de 1652, pour permettre aux rondes de marcher commodément (6).

     (6) Fleureau, p. 240.
     Les murs, rasés en partie par Henri IV, ont été reconstruits ou entretenus jusqu’à la révolution de 1793, afin d’empêcher la fraude sur l’octroi. [p.75]



Partie des remparts conservée en 1881 (dessin de Léon Marquis d'après un tableau du Musée d'Etampes)
Murs de la ville. Partie existante


Partie des remparts supprimée (dessin de Léon Marquis d'après un tableau du Musée d'Etampes)
Murs de la ville. Partie supprimée

     Du reste, des droits de barrage, affermés pour deux ans, se payaient en 1560 aux portes Saint-Martin, Dorée, Saint-Jacques, Evézard et Saint-Pierre (l).
     (1) Rapsodie.
     Il y avait encore la porte des Capucins, en face le couvent de ce nom, et la porte Saint-Jean, à côté de l’hôpital Saint-Jean-du-Haut-Pavé; mais ces deux entrées dans la ville n’étaient que deux portes fictives (2).
     (2) De Montrond, t. II, p. 139.
     Le château d’Étampes, dont nous parlerons amplement, avait aussi ses deux portes fortifiées sous lesquelles passait la route de Dourdan.

     L’église Notre-Dame, avec ses créneaux et ses fossés qui ont disparu, faisait également partie des fortifications de la ville; le plan du chevet, qui contient une demi-rosace quadrilobée, rappelle la forme du donjon du château.

     En 1353, à l’époque des guerres avec les Anglais, «cette église, dit Fleureau, fut environnée de larges fossez en la place desquels il y a aujourd’hui des maisons bâties, et elle servoit de retraite aux habitants qui s’y deffendoient vaillamment, d’où elle a pris le nom de Notre-Dame-du-Fort (3).»

     (3) Fleureau, p.97.
      II y avait des caves allant de différents endroits de la ville dans les fossés (4). On en voit toujours les traces sous les anciennes maisons des rues du Château, Sainte-Croix, Saint-Antoine, de la Queue-du-Renard, dans les jardins dépendant de l’ancien hôtel du Dauphin, et sous le pâté de maisons de la rue Saint-Jacques qui ont été démolies par suite d’expropriation pour la construction du théâtre.
     (4) Id., p.280.
     Le faubourg Saint-Martin était également environné de murailles (5), et l’on montre encore aujourd’hui l’emplacement des anciens fossés.
     (5) Id., p.4.
     Il y avait deux portes fortifiées aux deux extrémités de la grande rue du faubourg, la porte d’Orléans, près de la rue Reverseleux, du côté d’Orléans, et la porte Brûlée ou de Paris, près de la rue [p.76] de la Bretonnerie, du côté de Paris. Il y avait en outre la porte fictive de Chauffour, au bout de la rue et vers le moulin de ce nom (l).
     (1) Mém. de 1’Acad. des sciences de 1754, mém, sur l’ostéocole d’Étampes, par Guettard.
     La forme du faubourg fortifié était donc à peu près celle d’un carré dont le premier côté était baigné par la Louette; le deuxième suivait la rue de la Bretonnerie; le troisième longeait la rue Reverseleux, et le quatrième allait de la porte d’Orléans à la Louette.

     Le faubourg Saint-Pierre était également fortifié, si l’on en juge par les anciens remparts Saint-Pierre, indiqués sur le plan cadastral au-dessus de la ruelle Saint-Symphorien. La Juine et deux murailles allant des remparts à cette rivière devaient former les autres côtés du faubourg fortifié, lequel avait deux portes fictives: celle de Pithiviers et celle de La Ferté-Alais.

     Cela fait donc en tout quinze portes fortifiées ou non, tant pour la ville que pour ses faubourgs.

     Aujourd’hui, les seuls restes de murs d’enceinte se voient promenade des Prés et rue du Filoir.




     Paroisses. — Étampes et son arrondissement, dont la plupart des communes dépendaient autrefois du diocèse de Sens, font aujourd’hui partie de celui de Versailles.

  
     Il y avait jadis cinq paroisses: Saint-Martin, Saint-Gilles, Saint-Basile, Notre-Dame et Saint-Pierre.

     L’église Notre-Dame avait le titre de collégiale, et la paroisse Saint-Basile renfermait la collégiale de Sainte-Croix.

     Primitivement, Saint-Martin était aussi une collégiale, et Saint-Pierre un prieuré de religieux.

     Aujourd’hui, il n’y a plus que quatre paroisses, celle de Saint-Pierre ayant été démolie sous la Terreur et son église rasée, malgré les protestations des habitants de la paroisse, présentées dans un mémoire imprimé en 1791 (2).

Blason de Notre-Dame (dessin de Léon Marquis) Blason de Sainte-Croix (dessin de Léon Marquis)

     (2) V. la note 54.
     Saint-Martin a un curé; Saint-Gilles a un curé et un vicaire; Saint-Basile a un curé et un vicaire qui est en même temps desservant de Brières-les-Scellées, et aumônier de la prison et du collège; [p.77] Notre-Dame a un curé et un vicaire. Il y a en outre un aumônier attaché à l’Hôtel-Dieu.

     Un projet de décret établit les limites des anciennes paroisses, qui avaient autrefois un capitaine (l); l’un se signala par sa vaillance durant le siége de 1652; Guillaume des Corres était capitaine de la paroisse Saint-Gilles en 1625 (2).

     Voici un relevé de la population des cinq paroisses d’Étampes à différentes époques:

     (1) Fleureau, p. 268.

     (2) Épitaphe relatée sur le registre des actes de la paroisse Saint-Gilles.

1740 (3).
1762 (4).
Notre-Dame
348 feux.
227 feux.
Saint-Basile
407  —
247  —
Saint-Gilles
362  —
114  —
Saint-Martin
338  —
266  —
Saint-Pierre
167  —
128  —
TOTAUX
1628 feux.
982 feux.
     (3) Manuscrits particuliers.
     (4) Dictionnaire Expilly.


     Couvents, chapelles, anciennes maisons religieuses de la ville d’Étampes. — Voici la liste des couvents, chapelles, hôpitaux et maisons religieuses qui existaient à Étampes:

     Aux portes de la ville il y avait: les Mathurins, les Capucins, les Templiers, les chevaliers de Malte, la maladrerie Saint-Lazare, l’hôpital Buzenval, les chapelles Saint-Jacques-de-Bédégond, Saint-Laurent-au-Château, Saint-Médard, Saint-Aubin, Saint-Symphorien.

    Dans la ville même, on voyait: les religieuses de la congrégation de Notre-Dame, les Cordeliers, les Augustines de l’Hôtel-Dieu, les Barnabites, la chapelle Saint-Jean-du-Haut-Pavé.

     Vers la fin du XVIIe siècle, il devait y avoir en outre une chapelle protestante, car Pierre Jannon, imprimeur de l’Académie de Sedan, fils du célèbre Jean Jannon, graveur et imprimeur, quitta [p.78] Sedan au mois de janvier 1664, pour aller exercer les fonctions de ministre calviniste à Étampes (l).

Blason des Barnabites (dessin de Léon Marquis)      Blason des Trinitaires (dessin de Léon Marquis)


(1) Revue des Ardennes, t. V; Hist. de Sedan, t. II.

     Cloches d’Étampes. — La tempête révolutionnaire n’a pas réussi à les détruire à Étampes et ailleurs; leur usage ancien est devenu une nécessité pour les fidèles; leur baptême ou bénédiction est l’objet d’une grande cérémonie religieuse.

     Une loi du 3 août 1791, article 3, dit que «les directoires des départements tiendront à la disposition du ministre des contributions publiques les cloches des églises supprimées dans leur arrondissement.»

     Or, d’après le décret du 19 juillet 1790 sur la constitution civile du clergé, titre ler, article 15, «dans les villes qui ne comprennent pas plus de 6,000 âmes, il n’y a qu’une seule paroisse; les autres seront supprimées.»

     Étampes ayant alors plus de 6,000 âmes, devait conserver toutes ses paroisses et toutes ses cloches; mais une loi du 14 avril 1792 dit que le nombre des cloches pourra être réduit par un arrêté du directoire du département, et une loi du 23 février 1793 autorise les communes à convertir en canons une partie de leurs cloches.

     C’est sans doute par application de ces deux lois que Couturier envoya à Paris, le 17 novembre 1793, dix-huit à vingt voitures de cloches provenant des églises d’Étampes; l’envoi des cloches de l’arrondissement n’eut lieu que le 2 avril 1794 (2).

(2) Procès-verbaux de la Convention.
     Malgré le zélé conventionnel, l’ancienne collégiale de Notre-Dame d’Étampes a conservé deux cloches très-anciennes dont l’une remonte à l’année 1401. L’autre servit de beffroi sous la Terreur.

     L’église Saint-Basile a trois belles cloches modernes, qui ont le privilège assez rare d’avoir été baptisées par un évêque.

     La tour de l’église de l’ancienne abbaye de Morigny possède trois cloches, dont deux sont antérieures à la révolution, qui en supprima d’autres comme partout ailleurs, car il y avait dans cette abbaye une cloche appelée le petit Moineau.

     La grosse cloche de Morigny a cela de remarquable qu’elle est [p.79] écrite en patois et qu’elle eut pour parrain de Lavergne de Tressan, dernier abbé commandataire de Morigny.

     Voici l’inscription de cette cloche:


JON ÉTÉ BÉNIE PAR M. S. LACOMBE, CURÉ ET SUP.,
NOMMÉE MARIE PAR ILLUSTRISSIME ET R. V. RENDISSIME SEIGNEUR
ELB. DE LAVERGNE DE TRESSAN,
VIC. GÉNÉRAL DU DIOCÈSE DU ROUEN,
ABBÉ C. M. D. T, R. DE L’ABBAIE ROIALE DE LA Ste TRINITÉ DE MORIGNY,
S. G. R. DUDIT LIEU,
ET PAR MARIE STANISLAS DE LAVERGNE DE TRESSAN,
MARQUISE DE MAUPOU, SŒUR DUDIT SEIGNEUR.
JERMEIN DUCHÉ,
POULLE SERE, TOUS DEU MARGUILLIER.

     La cloche moyenne de Morigny, venant de l’église de Champigny, remonte à l’année 1720.

     La petite cloche a été baptisée en 1838 par Guillaume-Vincent Dussuc, aumônier de l’Hôtel-Dieu d’Étampes.

     En 1793, à Autruy, paroisse près de la source de la Juine, les femmes s’opposèrent formellement à ce qu’on leur enlevât les cloches de leur église, menaçant d’écharpiller ceux qui seraient assez osés pour les descendre. La menace ne fut pas vaine, car les cloches restèrent à leur place, et l’on voit toujours dans le clocher d’Autruy trois cloches anciennes, ce qui est rare, car les conventionnels ne laissaient généralement dans chaque église qu’une
cloche pour sonner les heures ou donner l’alarme, et appelée en certains pays la cloche civique.

     Les cloches ont quelque chose de sublime et de divin. Ce sont elles qui annoncent les heures du travail, du repas et du repos; qui annoncent l’Angélus au commencement, au milieu et à la fin du jour.

     Le matin, quand le soleil se montre sur la terre, la cloche dit à l’homme de sortir sans retard du lieu de son repos pour commencer son travail; à midi, quand le soleil est au point le plus élevé du ciel, elle annonce au travailleur qu’il a accompli la moitié de sa tâche, et que son fardeau va devenir de plus en plus léger; le soir, quand le soleil se couche, elle se fait entendre une dernière [p.80] fois, et annonce l’heure du repos et de la récompense. Ainsi, trois fois par jour, la cloche fait entendre des paroles d’émulation, d’encouragement et d’espérance (l).

     (1) Essai sur le symbolisme de la cloche, par un prêtre. Poitiers, Oudin, 1859, in-8.
L’AN 1787,

     Sans elles, il n’y aurait pas de clochers; nos églises n’auraient pas pris vers le ciel un si bel essor; nous n’aurions pas les belles flèches d’Étampes découpées comme des dentelles.

     Les cloches, tant tournées en ridicule, sont cependant bien utiles. Elles annoncent la tempête et l’orage à l’habitant des campagnes. De rares tintements frappés à de longs intervalles indiquent la proximité d’un abri au voyageur égaré. Cet usage a amené petit à petit des sonneries à toutes volées en temps d’orage, ce qui, selon certaines gens, aurait attiré la foudre. Tel n’est pas l’avis de l’illustre Arago: «En résumé, dit-il, dans l’état actuel de la science, il n’est pas prouvé que le son des cloches rend les coups de tonnerre plus imminents, plus dangereux; il n’est pas prouvé qu’un grand bruit ait jamais fait tomber la foudre sur des bâtiments que, sans cela, elle n’aurait point frappés (2).»

     Les cordes de toutes les cloches d’Étampes furent coupées par les Prussiens le 4 octobre 1870, quatre jours avant le combat de Courpain. Celles des cloches de Saint-Martin furent coupées en petits morceaux par un officier bavarois.

Blason de Saint-Yon (dessin de Léon Marquis)


     (2) Annuaire du bureau des longitudes de 1838.









     Administration civile. — Étampes est le chef-lieu de l’un des six arrondissements du département de Seine-et-Oise, dont la préfecture est à Versailles. L’arrondissement comprend soixante-neuf communes réparties en quatre cantons.

     Il y a dans l’arrondissement un sous-préfet dont la résidence est fixée à Étampes, et un conseil d’arrondissement dans lequel chaque canton est représenté. Le conseil s’assemble chaque année. L’époque et la durée de ces sessions sont déterminées par le gouvernement.

     Administration civile. — Étampes est le chef-lieu de l’un des six arrondissements du département de Seine-et-Oise, dont la préfecture est à Versailles. L’arrondissement comprend soixante-neuf communes réparties en quatre cantons.

     Il y a dans l’arrondissement un sous-préfet dont la résidence est fixée à Étampes, et un conseil d’arrondissement dans lequel chaque canton est représenté. Le conseil s’assemble chaque année. L’époque et la durée de ces sessions sont déterminées par le gouvernement.


 

ANNÉE
NOMS
DES MAIRES
NOMS
DES ADJOINTS
DATES des
ACTES DE NOMINATION
1826
BOIVIN-CHEVALLIER (Jean-Gilles).
DUVERGER (Antoine).
BRICHARD (Christophe-Nicolas).
Ordonnance royale du 18 janvier.
Id.
1826
Le même.
DRUILHET.
VIOLETTE.
Ordonnance royale du 4 mai.
Id.
1830
Le même.
GOUPY (Louis-Pierre), remplace Druilhet, démissionnaire.
Ordonnance royale du 15 septembre.
1831
BOIVIN-CHEVALLIER (Jean-Gilles).
HUET (Théodore).
VENARD (Louis-Narcisse).
Ordonnance royale du 4 octobre.
Id.
1834
CRESTÉ (François-Charles)
BRICHARD (Christophe-Nicolas).
Ordonnance royale du 18 novembre.
1837
CRESTÉ (François-Charles)
BRICHARD (Christophe-Nicolas).
DELANQUE (Charles).
Ordonnance royale du 27 juin.
Id.
1840
CRESTÉ (François-Charles)
DELANQUE (Charles).
Ordonnance royale du 19 juillet.
1843
CRESTÉ (François-Charles)
DELANQUE (Charles).
LAMARE (Pascal-Hippolyte)
Ordonnance royale du 18 juillet.
Id.
1844
POMMERET DES VARENNES (Albin-Nicolas).
BABIN DE GRANDMAISON (Jean-Marie-Narcisse-Auguste)
LAMARE devient premier adjoint.
Ordonnance royale du 1er juin.
1846
POMMERET DES VARENNES se retire, et remet l’administration provisoire entre les mains de M. Grivot, troisième conseiller municipal.
     "
     "
1847
VENARD (Louis-Narcisse), maire provisoire.
HUET (Charles), adjoint provisoire.
Arrêté préfectoral du 19 novembre. [p.82]
1848
POMMERET DES ARDENNES (Albin-Nicolas)
HUET (Charles).
DUVERGER (Henri).
8 janvier.
Id.
1848
BARON-GENET, maire provisoire.
     "
18 août.
1849
CHAUVET-GRANDEMAIN, remplit les fonctions de maire.
     "
     "
1850
CHARPENTIER (Théodore-Alexis).
GRESLAND (Auguste-Edouard).
BONTÉ (Baptiste-Adolphe).
Décret du président de la République du 7 février.
1850
Le même démissionnaire.
Les mêmes, démissionnaires.
12 août.
1850
Le même revient.
     "
17 septembre.
1851
Le même est révoqué.
Les mêmes sont révoqués.
Novembre.
1852
COLLIN (Hippolyte).
BARRÉ (Faustin-Frédéric).
BUCHÈRES (Charles-Ambroise).
Décret du président de la République du 24 juillet.
1855
POMMERET DES ARDENNES.
Les mêmes.
Décret impérial du 19 septembre.
1859
Le même.
LEFEBVRE (Alphone-Bertrand), remplace Buchères, démissionnaire.
Décret impérial du 27 octobre.
1860
CHARPENTIER (Théodore-Alexis).
BARRÉ (Faustin-Frédéric).
GUERRAZ (Julien-Remy).
Décret impérial du 17 juillet.
Id.
1865
Le même.
Les mêmes.
Décret impérial du 26 août.
1869
POMMERET DES ARDENNES.
LEFEBVRE (Bertrand).
BOUVARD (Michel-Amable).
Décret impérial du 25 septembre.
Id.
1870
BRUNARD (Alphonse-Philippe-Auguste).
BOUVARD (Michel-Amable).
DÈCOLANGE (Étienne-Auguste).
4 septembre.
1871
Le même.
Les mêmes.
30 avril.
1874
Le même.
Les mêmes.
3 février.
1878
DÈCOLANGE (Étienne-Auguste).
BOURDEAU (Dosité).
MOULLÉ (Alphonse).
29 janvier.
1879
BOURDEAU (Dosité), remplace Décolange, décédé.
BREUIL, remplace Bourdeau, nommé maire.
Décret du 2 janvier.
1818 [sic] Le même.
MOULLÉ et BREUIL.
     " [p.83]

     Administration judiciaire. — Le département de Seine-et-Oise dont fait partie notre arrondissement est du ressort de la Cour d’appel de Paris, devant laquelle doivent être portés les appels des jugements rendus par le tribunal de première instance d’Étampes, soit en matière civile ou commerciale, soit en matière correctionnelle. Les crimes passibles de la cour d’assises sont jugés par celle du département siégeant à Versailles, et présidée à chaque session par un conseiller à la cour de Paris, désigné parle garde des sceaux.

     Le tribunal de première instance d’Étampes connaît, dans les limites de sa compétence, des appels des jugements en premier ressort rendus par les juges de paix du canton, des affaires civiles et commerciales de l’arrondissement, et enfin des délits et contraventions passibles de sa juridiction. Ce tribunal se compose: d’un président, de deux juges, dont l’un est chargé de l’instruction des affaires criminelles; d’un procureur de la République dont la mission est de poursuivre la répression des crimes et délits; d’un substitut du procureur; d’un greffier et d’un commis-greffier.
 
     En outre, il y a un juge de paix du canton et deux suppléants du juge de paix.

     Le juge de paix a des attributions de diverses natures: au civil, en matière non contentieuse, il est chargé de présider le conseil de famille, d’apposer et de lever les scellés après décès ou en cas de faillite et dans un grand nombre de cas, de dresser des actes de notoriété, d’adoption, etc.

     Il juge, en matière civile, les affaires de sa compétence dans les limites de la loi. Il est chargé d’entendre les parties en conciliation avant qu’elles n’aient porté leurs difficultés devant le tribunal de première instance. En matière criminelle, il tient le tribunal de simple police du canton, et connaît des contraventions punies par
la loi d’une amende de 15 fr. et au-dessous.

     Il y a Étampes: trois notaires, quatre avoués, quatre huissiers et un commissaire-priseur. Il n’y avait qu’un seul notaire jusqu’en 1782, époque à laquelle un édit royal en établit trois pour la ville et neuf pour le reste du bailliage (1). [p.84]

     (1) V. la note 111. En 1782, les trois notaires étaient Venard, Goupy et Sagot.
     Administration financière. —II y a à Étampes un receveur particulier des finances pour l’arrondissement, ayant sous ses ordres un fondé de pouvoirs et huit percepteurs, dont trois résident à Étampes. Il existe en outre deux contrôleurs des contributions directes de l’arrondissement.

     Les contributions indirectes sont représentées à Étampes par un receveur-entreposeur de l’arrondissement et un commis principal de première classe, trois commis de deuxième et de troisième classe, et un receveur-buraliste.

     Le sous-directeur des arrondissements de Corbeil et Étampes réside à Corbeil.

     Les octrois municipaux comprennent: un préposé en chef, un brigadier, six surveillants et sept receveurs aux barrières.

     Il y a à Étampes un vérificateur des poids et mesures de l’arrondissement.

     L’administration de l’enregistrement, des domaines et du timbre est représentée par un vérificateur de l’arrondissement, un conservateur des hypothèques de l’arrondissement et un receveur de l’enregistrement du canton.

     La caisse d’épargne et de prévoyance d’Étampes est administrée par un président, un vice-président, un secrétaire, un trésorier et un conseil composé de personnes notables. Quatre succursales de la caisse centrale d’Étampes existent dans l’arrondissement, à Méréville, Angerville, Milly et La Ferté-Alais (1).

     (1) V. les notes 107 et 108.
     Le bureau de la poste aux lettres et des télégraphes comprend la ville et quinze communes de l’arrondissement. Il est desservi par un directeur, deux commis, quatre facteurs de ville, sept facteurs ruraux, un facteur boîtier.


   Administration militaire, police. — La gendarmerie, qui comprend sept brigades pour l’arrondissement, dont une à cheval et une à pied pour Étampes, est commandée par un lieutenant, un maréchal-des-logis, un brigadier.

     La police se fait par un commissaire, deux agents et trois gardes champêtres (2). [p.85]

     (2) V. la note 135.

     Ponts et chaussées, chemins vicinaux, chemins de fer. — L’administration des ponts et chaussées place à Étampes un ingénieur des ponts et chaussées, chef du service de l’arrondissement du sud de Seine-et-Oise, arrondissement spécial comprenant, en outre des quatre cantons d’Étampes, une partie des arrondissements de Corbeil et de Rambouillet.

     L’ingénieur a sous ses ordres: sept conducteurs des ponts et chaussées, dont quatre résident à Étampes, deux employés secondaires demeurant également à Étampes.

     Ce service comprend la surveillance et l’entretien de trois routes nationales, dix routes départementales, huit rivières, dont cinq arrosent Étampes.

     L’administration des chemins vicinaux est représentée à Étampes par un agent-voyer d’arrondissement, un agent-voyer de canton.

     Ce service comprend l’entretien de huit chemins de grande communication, vingt chemins vicinaux d’intérêt commun.

     L’administration du chemin de fer d’Orléans occupe a Étampes un chef de gare, un chef de district, un chef de dépôt et un sous-chef de gare.



    Instruction publique. — L’instruction publique est donnée à Étampes: aux garçons, dans un collège communal de plein exercice, qui reçoit des pensionnaires et des externes, dans un petit séminaire, dans trois écoles primaires tenues par un maître laïque, et dans trois écoles libres dirigées par les Frères des écoles chrétiennes; aux filles, dans trois pensionnats dirigés par Mme Mellet, les Sœurs de la congrégation de Notre-Dame et les Sœurs de la Sainte-Enfance.

     Pour l’instruction primaire, il y a deux écoles communales de filles, dirigées par les Sœurs de la Présentation. Les deux écoles ont un asile pour les enfants des deux sexes en bas âge.

     Il y a un inspecteur des écoles de l’arrondissement.

     Le juge de paix est aussi chargé de l’inspection des asiles.



     Anciennes corporations. — Nous avons peu de documents sur les anciennes corporations ou communautés de métiers de la ville. Du reste, elles ne paraissent pas avoir été aussi bien [p.86] organisées qu’à Dourdan, Orléans et autres villes voisines, où elles avaient des bannières armoriées que l’on sortait à la fête patronale.

     Les plus anciennes sont celles des tisserands et des bouchers, qui existaient dès le XIIe siècle (1). Viennent ensuite les ciriers, les mégissiers, les regrattiers, les marchands d’arcs, de lin et de chanvre, les vignerons, les tanneurs, les drapiers, la bazoche des procureurs, les jardiniers, les apothicaires-épiciers-droguistes et les barbiers-perruquiers-baigneurs-étuvistes. Ces derniers cumulaient encore ces fonctions avec celle de chirurgien (2).

     (1) Fleureau, p.132, 136.

     (2) V. la note 16.
     Un manuscrit de 1740, qui est la copie d’un mémoire envoyé à M. Hérault, intendant de Paris, donne la liste suivante des trente-trois communautés de marchands et artisans d’Étampes sujets à la police: apothicaires, boisseliers, bonnetiers, bouchers, boulangers, bourreliers, chapeliers, charcutiers, charrons, charpentiers, chaudronniers, chirurgiens, cordiers, cordonniers, corroyeurs, drapiers, maçons, maréchaux, menuisiers, merciers, pains d’épiciers, plâtriers, potiers d’étain, savetiers, selliers, serruriers, taillandiers, tailleurs, tisserands, tourneurs, vanniers, vinaigriers, vitriers.


     Institutions de bienfaisance, sociétés. — Le bureau d’assistance judiciaire pour l’arrondissement est composé d’un président et de quatre membres.

     Le bureau de bienfaisance, qui a un revenu de 16,359 fr., est composé d’un président, de cinq membres, d’un médecin et d’un receveur.

     La Société de Saint-Vincent-de-Paul, distribuant des secours aux pauvres, a un président et un trésorier.

     La Société d’horticulture, rétablie en 1864, a un président, un vice-président, un secrétaire, un secrétaire adjoint, un trésorier et neuf conseillers administrateurs (3).


     La Société de secours mutuels des sapeurs-pompiers, fondée en 1865 (4);

     La Société de secours mutuels pour les ouvriers en bâtiment, fondée en 1848 (5); [p.87]
     (3) V. les notes 126, 127, 160.

     (4) V. la note 122.

     (5) V. la note 136.
     La corporation des jardiniers-horticulteurs-pépiniéristes, qui a pour syndic actuel M. Pinguenet, et qui célèbre chaque année la fête de saint Fiacre;

     La communauté des huissiers (1);

     (1) V. la note 119.
     La Société des portefaix, fondée en 1817, qui célèbre tous les ans la fête de saint Christophe;

     La Société de Saint-François-Xavier, fondée en 1848;

     La Société de Sainte-Marthe, société de secours mutuels pour les femmes;

     La Société mutuelle de crédit au travail, fondée en 1868 (2);

     La Société de la boulangerie de Saint-Martin, fondée en 1868 (3);

     (2) V. la note 132.

     (3) V. les notes 128, 129, 133.
     La Société des fêtes étampoises, fondée en 1878;

     La Société philotechnique et la Société de tir, fondées en 1879 (4).

     (4) V. les notes 156 et 164.
     On peut encore citer: la chambre consultative d’agriculture, le conseil d’hygiène publique et de salubrité, la commission administrative de l’hospice, un groupe de la Société centrale des chasseurs, la fanfare municipale, la fanfare Saint-Nicolas et la Société du crayon, fondée en 1881;

    Plusieurs cercles, dont le plus important est le cercle Central, rue du Creux-Chemin (5).

     (5) V. les notes 117, 124, 142.

     Voitures publiques. — D’Étampes à Angerville, le vendredi de chaque semaine; d’Étampes à Milly, le jeudi de chaque semaine; d’Étampes à Pithiviers, tous les jours; d’Étampes à Saclas, trois fois par jour.

     Deux messagers font les services des marchandises d’Étampes à Paris et localités intermédiaires, deux fois par semaine.

    Pour aller d’Étampes à Paris par le chemin de fer, il en coûte actuellement 3fr.75 en troisième classe; autrefois, le même voyage coûtait 6fr.25 avec les diligences, et 4fr. sur les impériales des berlines de commerce des frères Duverger.

     M. Chevallier-Joly, loueur de voitures, est actuellement camionneur [p.90] de la compagnie d’Orléans et entrepreneur de pompes funèbres, qui se font avec chevaux et voitures depuis le ler octobre 1880 (1).

     (1) V. la note 165.
     Géologie. — Étampes est sur le terrain tertiaire inférieur. Les sables ont une épaisseur variant de 30 à 35 mètres; on rencontre après: 2 mètres de moellon, 23 mètres de glaises vertes, 24 mètres de calcaires marneux, 4 mètres de grès, 23 mètres d’argiles et sables mélangés à des marnes calcaires (2).
     (2) De Sénarmont, Essai d’une description géologique de Seine-et-Oise, 1844, in-8.
     Ces marnes des couches inférieures, qui se rencontrent partout, sont propres à la fabrication de la chaux hydraulique artificielle, étant mélangées d’argile. Il existait à Étampes, il y a peu d’années, deux carrières de cette sorte: l’une dans la vallée Collin, et l’autre au bout du faubourg Saint-Pierre.

     Les argiles sont souvent assez pures pour servir à la fabrication de la tuile et de la brique; on les exploite en plusieurs endroits des environs d’Étampes.

     Le niveau des eaux ascendantes dépasse de l mètre environ celui de la rivière. Une tentative a été faite il y a quelques années pour obtenir une eau jaillissante dans la vallée Collin, à gauche de la route de Dourdan; mais le résultat n’a pas été favorable. En 1842, un puits a été creusé dans la gare des marchandises.

     Après avoir traversé 22 mètres de sable, on a rencontré les différentes assises du calcaire lacustre sur 5l mètres, et pénétré de 28 mètres dans le terrain d’argile plastique. Un seul niveau d’eau ascendante a été trouvé dans cette formation. Rien n’annonce que les sondages soient près d’avoir traversé l’argile plastique, qui forme avec la craie des couches irrégulières nuisant à la construction des puits ordinaires et des puits artésiens (3).

     (3) V. aussi le chap. Hameaux, collines.
     Industrie et commerce. — La première industrie d’Étampes était anciennement celle des tisserands en drap, en laine et en linge. Les plaines de la Beauce étant favorables à la production [p.89] des bêtes à laine, cela permettait aux habitants d’Étampes de faire un grand commerce de draperie. Aussi le roi Philippe ler encouragea les tisserands d’Étampes, en leur accordant beaucoup de privilèges en l’année 1204. Il les exempte de toutes coutumes, tailles et autres levées, réservant toutefois qu’ils le serviront en ses armées; il leur accorde le droit d’élire quatre prud’hommes choisis parmi eux pour veiller à la bonne confection de leurs ouvrages, et punir au besoin d’une amende les fabricants de mauvais produits (1).
     (1) Fleureau, p. 132.
     En l’année 1269, les tisserands d’Étampes prétendaient être exempts de la taille royale levée pour la chevalerie de Philippe, fils aîné du roi, et pour le voyage d’outre-mer du roi; mais un arrêt du parlement décide que cette exemption ne pourrait s’étendre qu’à ceux qui tissaient eux-mêmes de leurs propres mains, et que, même à l’égard de ceux-là, on ferait une enquête pour savoir s’ils avaient été quelquefois soumis à la taille, auquel cas ils la paieraient comme les autres (2).
     (2) Actes du Parlement de Paris, par Boutaric, t. I.
     Ce document tendrait à prouver que les tisserands étaient autrefois nombreux à Étampes; mais leur nombre diminua par la suite, surtout en 1652, dans ces guerres «qui ont ruiné la ville... détruit le commerce et les manufactures des étoffes de laine, et plusieurs autres qui ne l’augmentaient pas peu (3).»
     (3) Coutume d’Étampes, art.185.
     En 1683, les tisserands, en petit nombre à Étampes, avaient cependant conservé une marque de leurs anciens privilèges, car quand l’un d’eux avait commis un délit, il avait le droit d’être conduit chez le prévôt par un clerc de la corporation, et sans le sergent qui arrêtait tout autre accusé (4). Ainsi, ils avaient à Etampes une justice particulière qu’ils exerçaient sur ceux de leur métier.
     (4) Fleureau, p.133.
     La tannerie, la mégisserie et le commerce des moutons et des laines ont toujours été très-importants. Ces industries étaient et sont encore établies sur la rivière forcée qui a été amenée dans l’intérieur de la ville; elles étaient précédemment, suivant la tradition, [p.90] dans le faubourg Saint-Pierre, où la Juine, par plusieurs saignées existantes, leur fournissait l’eau nécessaire. D’anciens mémoires font mention de plus de quatre mille ouvriers en drap et en étoffes de laine, et vantent beaucoup la bonté des eaux de la rivière pour les mettre en teinture (l).
    (1) Manuscrits particuliers.
     Il n’existe plus de tisserands à Étampes; mais le commerce des laines pour les manufactures françaises est considérable, et les six marchands de laines vendent annuellement 265,000 toisons, représentant 1,060,000 kilos et 2,120,000fr. d’affaires. Il y a lieu d’ajouter à ce chiffre un million pour le commerce de la mégisserie. Dans cette profession on est susceptible d’être atteint de la pustule maligne ou charbon; mais quoique les peaux et les laines exhalent une odeur putride, il n’en résulte pas de maladies épidémiques ou individuelles (2).
     (2) Traité pratique de la pustule maligne ou charbon externe chez l’homme, par le Dr Bourgeois, médecin des épidémies de l’arrondissement, 1861, in-8.
     Le commerce de la boucherie était certainement plus important autrefois qu’aujourd’hui, vu la consommation qu’entraînaient les auberges de la ville et le grand nombre de voyageurs qui s’arrêtaient sur la grande route. Aussi, c’était la corporation la mieux organisée.

     Des lettres de Louis VII, en 1155, abolirent un ancien usage d’Étampes d’après lequel les sergents royaux et autres officiers qui achetaient de la viande aux bouchers ne payaient que les deux tiers du prix (3).

     (3) Ord. du Louvre.
     Voici un extrait du règlement pour les bouchers de la grande boucherie de Notre-Dame, qui reçurent des privilèges de la reine Marguerite en 1274, moyennant un bail perpétuel de 72 livres parisis par an:

     Nul ne pouvait être boucher à la grande boucherie, si lui ou sa femme n’était issu de la postérité des bouchers qui existaient à l’origine des privilèges.

     Il fallait que celui qui avait prouvé venir de ladite postérité passât un examen très-sérieux devant les maîtres jurés du métier.

     Les bouchers ne pouvaient exposer aucune viande qu’elle n’ait [p.91] été visitée par les maîtres jurés. Ils devaient vendre à part, derrière les étaux, les viandes malsaines et dangereuses, telles que pourceaux surmenés, daims et chèvres.

     Il leur était défendu de s’entremettre pour langayer (l) les pourceaux, à moins d’être maître juré de la grande boucherie.

     (1) Langayer, c’est visiter la langue d’un pourceau pour voir s’il est sain ou ladre.
     Enfin, et c’est l’article le plus remarquable, il y avait défense d’acheter aucune bête des personnes malades de lèpre, maréchaux, barbiers et huiliers.

     Quant aux bouchers des trois autres boucheries, il n’était pas nécessaire qu’eux ou leurs femmes fussent issus de l’ancienne famille des bouchers; mais ils étaient obligés de n’exposer aucune viande qu’elle n’eût été visitée par un des maîtres jurés de la grande boucherie et un autre des bouchers des autres boucheries. Ils étaient également tenus de vendre à part les viandes malsaines; enfin, il leur était aussi fait défense d’acheter des bêtes à des lépreux, des maréchaux, etc. (2).

     (2) Fleureau, p. 134, 137.
     Les coutumes, franchises et libertés des bouchers d’Étampes ont été publiées par jugement du bailliage d’Étampes du 19 mars 1484.

     Le commerce de la meunerie est des plus considérables, car au marché de chaque samedi il est vendu 300,000 kilos de blé et autres céréales, et en certaines années, notamment en 1879, il en arriva 203,400 kilos par jour du Havre et de l’Ouest, à destination des différents meuniers de la ville (3). La farine fabriquée annuellement atteint le chiffre de 25 à 30 millions de kilos.

     (3) V. la note 163.
     La vente des bestiaux, qui se fait au marché des Prés tous les premiers samedis du mois, est également très-importante. On y vend annuellement: l,000 bœufs, vaches et taureaux; 500 chevaux, 70 ânes, 1,000 porcs, 120,000 moutons.

     Les objets de plus grande importance commerciale venant ensuite sont les graines, les peaux, les laines, les sables, les truffes, et surtout les produits maraîchers.

     Les truffes d’Étampes sont très-estimées, sans l’être autant que celles du Périgord, qu’elles surpassent en grosseur. M. Poupier surtout se livre à la culture du précieux tubercule dans les bois des [p.92] environs d’Étampes. Il a fait des baux avec un grand nombre de propriétaires.

     Voici un relevé de la production des carrières de Saint-Martin (1): moellon ou pierre à bâtir, 1,100 mètres cubes; sable fin, 1,500,000 kilos.

     (1) D’après le propriétaire, M. Fourgeau.
     Ce sable, presque impalpable, est expédié principalement à Limoges pour la fabrication de la porcelaine, et à Montluçon pour celle des glaces. Cette dernière manufacture en consomme à elle seule 30,000 kilos par mois.

     Il est donc éminemment propre à la fabrication des cristaux.

     Cette propriété était connue il y a plus de trois siècles. «Les Français ayants n’a pas longtemps commencé à faire les verres cristallins (écrivait Pierre Bélon au XVIe siècle), ont fait servir le sablon d’Étampes au lieu des cailloux du Tésin, que les ouvriers ont trouvé meilleur que ledict caillou de Pavie (2).»

     (2) Pierre Bélon, Observations sur plusieurs singularités. Anvers, 1555, in-8.
     En parlant des cristalleries de Saint-Germain sous Henri II, Le grand d’Aussy dit qu’à défaut des cailloux du Tessin ou des cendres dont on se servait à Murano, les Français y substituèrent du sablon d’Étampes (3).
     (3) Legrand d’Aussy, Hist. de la vie privée des Français, 1782, in-8, t. III.
     Il n’y a donc rien d’étonnant si l’un des anciens cris de Paris était: sablon d’Étampes, et si le dicton des arquebusiers rappelait cet ancien commerce (4).
     (4) Encycl. méth. — Dict. des jeux.
     Dans une série de proverbes du XIIIe siècle, on trouve les échalottes d’Étampes, les ognons de Corbeil et l’ail de Gandeluz (5).
     (5) Legrand d’Aussy, déjà cité. — Monteil, Hist. des Français, t. I.
     Le poisson d’Étampes avait aussi de la célébrité, car dans l’état des dépenses de Philippe-Auguste, en 1202, on trouve la somme considérable de 40 livres employée à cet achat. Les rivières étaient et sont renommées pour leurs carpes, et surtout pour leurs écrevisses, le second dicton des arquebusiers d’Étampes (6).
     (6) Legrand d’Aussy, déjà cité.
     Les vins d’Étampes, dont la production est aujourd’hui insignifiante, étaient autrefois l’objet d’un grand commerce, car il en est beaucoup question dans une charte de privilèges accordés par [p.93] Louis VII aux habitants d’Étampes, entre autres «il les exempta de payer un septier de vin au prévôt, à son lieutenant et à ses serviteurs, qu’ils avoient coutume de prendre de chaque bourgeois qui vendoit son vin à pot.» Moyennant un certain droit qu’ils percevaient, les crieurs de vin étaient tenus de fournir des mesures pour que les habitants puissent le vendre (1).
     (1) Fleureau, p.103.
     Il y avait à Étampes les vignes du roi (2); leurs vins faisaient parler d’eux, mais d’une façon peu avantageuse (3).

     Les gâteaux d’amandes d’Étampes, que l’on fabrique principalement rue de l’Hôtel-de-Ville, ont une grande renommée. La pâtisserie est une vocation chez beaucoup de jeunes gens d’Étampes, et plusieurs qui se sont établis à Paris font de brillantes affaires; ils ont adopté chacun une spécialité: M. Julien, rue de la Bourse, fabrique des savarins; M. Petit, gendre et successeur de Piché, boulevard Saint-Martin, a de bons gâteaux aux amandes; les brioches sont recherchées, boulevard des Italiens, chez M. Julien, et l’ambroisie chez M. Giboust, place du Théâtre-Français.

     (2) Id.
     (3) Henri d’Andely, La bataille des vins, fabliau du XIIe siècle. — Abeille du 28 septembre 1872.
     Voici le relevé annuel des principaux objets soumis aux droits d’octroi: vin, 15,000 hectolitres; cidre, 400 hectolitres; alcool, 360 hectolitres; lapins, 40,000 têtes; beurre, 150,000 kilos; truffes, 250 kilos; bois, 5,000 stères; charbons, 15,000 kilos; charbon de terre, 80,000 kilos; coke, 20,000 kilos; fers, 40,000 kilos; huiles, 50,000 kilos; foin, pailles, 660,000 kilos; briques, tuiles, 450,000 (nombre); ardoises, 100,000 (nombre) (4).
     (4) V. les notes 137, 138.

     Moulins. — Plusieurs moulins d’Étampes sont presque aussi anciens que la ville elle-même. Les premiers étaient banaux (5), c’est-à-dire que les habitants étaient astreints à s’en servir, car le roi ou le seigneur engagiste y percevait un droit.
     (5) Nouveau coutumier général. Paris, 1734, in-fol.
    Ils n’étaient pas tous à farine: il y en avait à foulon, à tan, à [p.94] peau et à papier. La plupart étaient anciennement à foulon; le moulin à tan était au-dessus du moulin de l’Ouche; le moulin à peau était au-dessous du moulin de Chauffour; enfin, il y avait trois moulins à papier sur la Chalouette, dans le faubourg Saint-Martin (l).
     (1) Manuscrits particuliers. — Guétard, Mém. sur l’ostéocole. — Mém. de l’Acad. des sciences de 1754.
     Si l’on en croit l’Encyclopédie méthodique, il y avait à Etampes, en 1810, une manufacture de couvertures, un moulin à foulon, un à chamois, un à tan, deux tanneries en cuir fort et en veau, une mégisserie, une chamoiserie et seize moulins à farine (2).
     (2) Géographie physique, par Desmarets, 1811, in-4, t. IV.
     Autrefois, il était défendu à tout seigneur du bailliage de construire des moulins sans l’autorisation du prince engagiste. «Défense était faite aux meuniers, même à ceux qui avaient payé leur abonnement au prince, de quêter, chasser et enlever aucuns grains avec mules, mulets, chevaux, bêtes asines ou charrettes, sauf aux habitants à les conduire eux-mêmes en leurs moulins avec leurs propres chevaux et voitures; permet ausdits meuniers d’acheter des grains dans le marché d’Étampes et autres lieux circonvoisins, en payant les droits accoutumés.... à la charge néanmoins de ne pouvoir verser les farines qui en proviendront dans l’étendue dudit ressort d’Étampes pour l’usage des domiciliés, mais seulement de les transporter en cette ville de Paris et à Versailles pour y être vendues....»

     Ceci est relaté dans un arrêt du parlement du 31 janvier 1763, rendu au profit de Nicolas Lamoureux, meunier de Pierre Brou, dont la voiture chargée de quinze sacs de froment avait été saisie rue de l’Étape «par Pierre Sureau, huissier royal voyer à Étampes (3).»

     (3) V. la note 32.
     Un arrêté de Couturier, daté du ler frimaire an II, dit qu’on ne pourra établir dorénavant des usines sur la rivière d’Étampes sans autorisation. Il est dit dans cette pièce que le citoyen Dupré, imprimeur à Étampes, «agit avec une noire méchanceté (4).» Il ne [p.95] faut pas, du reste, s’étonner du différend qui existait entre Dupré et Couturier, car ce dernier était influencé par son subordonné Berchère, qui était membre du comité révolutionnaire (1).
     (4) Archives nationales.

     (1) V. les notes 49, 50, 53.
     C’est en 1825 que furent établis à Étampes les premiers moulins dits à l’anglaise, le moulin de l’hospice par M. Thirouin, et le moulin Branleux d’en bas par M. Théodore Mainfroy.

     Depuis environ dix ans, un certain nombre ont emprunté à la vapeur une partie de leur force motrice.

     Les moulins sont au nombre de 29 pour la commune d’Étampes, dont 21 à eau, 2 à vapeur, 6 mixtes, à eau et à vapeur. Ils ont le plus souvent trois ou quatre paires de meules, quelquefois cinq et huit paires.

     Le débit des rivières est à peu près constant, excepté celui de la Chalouette, qui subit de grandes variations depuis quelques années; aussi, les moulins situés sur cette rivière, munis de deux, trois ou quatre paires de meules, sont-ils souvent obligés de n’en faire marcher qu’une paire. La cause de cette variation singulière est le curage de l’étang de Chalou vers 1865, ce qui supprima une source importante, arrêta la marche du moulin de Chalou et diminua la force du moulin de Moulineux. Dans le courant de cette année, le niveau des eaux tend à prendre un mouvement ascensionnel qui, s’il continue, rétablira la marche de ces deux usines.

     Le chemin des Meuniers, allant de Saint-Martin à Guinette, semblerait indiquer qu’il existait autrefois des moulins à vent aux alentours.

     La suppression, dans ces dernières années, du moulin Baccanal, sur le Juineteau, et du moulin à Tan, sur la Louette, transformé en usine de distribution d’eau dans la ville, réduit de 31 à 29 le nombre des moulins.

     D’après le tableau ci-après, qu’on peut considérer comme officiel, les moulins d’Étampes ont ensemble quatre-vingt-onze paires de meules et produisent journellement 457 sacs de farine, ce qui, à 157 kilos le sac, représente 71,749 kilos. [p.96]


 
NUMÉROS
D’ORDRE

NOMS DES
RIVIÈRES
NOMS DES
MOULINS
SITUATION
GENRE
NOMS DES
MEUNIERS
NOMBRE
de paires
de meules.

NOMBRE
de sacs
de farine
par jour.

1
La Juine
De Vauroux
Vauroux
A eau.
Pierre père.
4
9
2

De Gérofosse
Rue de Gérofosse
Mixte.
Marchon (Valentin).
5
40
3

Guerraz
Rue de la Boucherie
Id.
Rebiffé.
4
40
4

Des Fontaines
Rue de Moulin-des-Fontaines
A eau.
Soret.
3
6
5
Le Juineteau
De Coquerive
Rue du Perray
Mixte.
Tournemire.
4
35
6
La rivière
d’Étampes
Du Port (double)
Promenade du Port
A eau.
Mercier.
5
20
7
La Chalouette
De Valnay
Valnay
Id.
Marchon (Jules).
2
6
8

Badran supérieur
Rue Badran
Id.
Couteau.
2
6
9

Badran inférieur
Rue Badran
Id.
Leroux.
2
5
10

Baildar
Rue Badran
Id.
Marchon (Paul)..
3
8
11

Braban
Braban
Id.
Marchon (paul).
1
5
12

De la Pirouette
Rue de la Pirouette
Id.
Courtois.
3
8
13

De la Trinité
Rue de la Digue
Id.
Bouché.
3
10
14

De la Digue
Rue de la Digue
Id.
Bouché.
1
4
15

De l’Hospice
Rue de Bressault
Id.
Lajotte.
4
10
16

Sablon
Rue Basse-de-la-Foulerie
Id.
Denis.
4
9
17

Petit-Moulin
Rue du Petit-Moulin
Id.
Marchon (Jules).
3
7
18

Grand-Moulin
Rue Darnatal
Mixte
Pothan.
8
60
19

De l’Île-Maubelle
Rue Île-Maubelle
Id.
Pothan.
4
35
20
La Louette
De Vaujouan
Vaujouan
A eau.
Marchon-Dupuis.
2
6
21

De l’Ouche
Place de l’Ouche
Id.
Courtois.
1
4
22

De Chauffour
Rue de Chauffour
Id.
Poussard.
3
10
23

Chamois
Rue Saint-Martin
Id.
Pierre père.
3
6
24

Branleux d’en bas
Rue Saint-Martin
Mixte.
Hérissez.
3
20
25

Branleux d’en haut
Rue Saint-Martin
A eau.
Chedeville.
3
8
26

De Saclas
Rue de Saclas
Id.
Chedeville.
2
5
27

Brunard
Rue Basse-des-Grisonneries
A vapeur.
Brunard.
4
35
28

Pierre
Rue des Cordeliers
Id.
Pierre fils.
4
40 [p.96]

     Auberges et hôtels. — Un grand roulage avait lieu autrefois à Étampes, quand on transportait les vins et autres marchandises allant d’Orléans et du Midi vers Paris. Le mouvement commença à diminuer à la fin du XVIIe siècle, après l’ouverture du canal de Briare, ce qui fait que les auberges étaient déjà beaucoup tombées au commencement du XVIIIe siècle.

     Néanmoins, pendant la première moitié de notre siècle, le passage des voitures, diligences et troupeaux dans la rue Saint-Jacques était littéralement continu, et il était quelquefois impossible de traverser cette rue.

     Gare aux enfants qui jouent dans la rue, surtout à ceux vêtus de couleurs voyantes!
Voilà les bœufs cornus qui passent;
Cachez vos rouges tabliers.

     L’établissement du chemin de fer d’Orléans, en 1843, changea la face des choses. Que d’hôtelleries, que d’auberges ont disparu! Nous avons retrouvé la trace et les enseignes du plus grand nombre. Il y en avait une cinquantaine dans la grande rue seulement de Saint-Martin au Port. Il est à remarquer que les enseignes d’auberges étaient à peu près les mêmes partout, notamment dans les villes voisines: Angerville, Arpajon, Dourdan et Orléans.

     Le chemin de fer porta une grave atteinte à certains corps de métiers, tels que bouchers, boulangers, bourreliers, selliers, et surtout les maréchaux; l’un deux, qui n’avait plus qu’un seul ouvrier dans ces derniers temps, en avait vingt-cinq a trente en 1843.


     Population. — En 1667, époque à laquelle écrivait Dom Fleureau, les cinq paroisses figurent ensemble pour 2,106 feux (1).
     (1) Fleureau, p. 31.
     Les guerres de 1652 et les maladies épidémiques qui régnèrent à la suite avaient déjà décimé la population. La diminution est sensible en 1700, et on ne compte plus que 1,188 feux.

     En 1740, il y a 1,628 feux; en 1762, 982 feux; en 1777, 1,412 feux et 3,500 communiants, et en 1789, 2,019 feux. [p.98]

     Le recensement de 1740 accuse en outre 4,746 personnes au-dessus de huit ans, 503 chevaux, 342 vaches, 3,650 bêtes à laine et 47 cochons (1).

     (1) Expilly. — Manuscrits particuliers. — Almanach de Sens pour 1778.
     La population est de 7,870 habitants en 1805, 8,109 en 1830, et 8,083 en 1855.

     L’arrondissement d’Étampes, l’un des six du département, est le dernier pour sa population; mais la ville d’Étampes vient en première ligne parmi les six sous-préfectures.

     D’après le recensement quinquennal de 1876, la population totale de la commune est de 7,840 habitants; la population municipale est de 7,635; la population agglomérée est de 7,399; la population éparse est de 236; le nombre des étrangers est de 203, et le nombre des ménages est de 2,369.



     Quartiers et faubourgs d’Étampes. — On peut diviser la ville d’Étampes en six parties: trois quartiers et trois faubourgs:

     Les quartiers Saint-Gilles, Saint-Basile et Notre-Dame;
     Les faubourgs Saint-Martin, Saint-Pierre et Evézard.

     Chacun des trois quartiers forme une paroisse du même nom; les faubourgs Saint-Pierre et Evézard sont compris dans la paroisse Notre-Dame; mais le faubourg Saint-Pierre a un cimetière particulier. Les quartiers de Saint-Basile et de Notre-Dame ont deux cimetières communs. Enfin, Saint-Gilles et Saint-Martin ont chacun leur cimetière.

     Pendant la Révolution, le faubourg Saint-Martin s’appelait faubourg du Midi; le faubourg Saint-Pierre, faubourg du Levant, et le faubourg Evézard ou des Capucins-Evézard, faubourg du Nord.

     Il y a environ 151 rues, ruelles, impasses, promenades, places et carrefours, et 1,473 maisons.

     Le faubourg Saint-Martin étant le plus ancien, nous commencerons par là notre promenade historique.

     Partant de la Grande-Rue, nous viendrons à la rue de la Cordonnerie, deux rues dont presque toutes les autres ne sont que des [p.99] ramifications, et qui, se bifurquant en différentes routes et chemins extra muros,  conduisent alors dans toutes les directions.

     La plupart des rues sont en pente sensible, assez bien alignées, de sorte que les eaux pluviales emmènent toutes les boues à la rivière, ce qui contribue au nettoyage du pavé et à l’assainissement de la ville.

     Il paraît que la plus grande propreté n’a pas toujours régné, car, soit qu’il y eut autrefois des éleveurs de troupeaux, soit pour toute autre cause, on était obligé «de curer les rues et oster les fiens» au moment du passage d’une reine dans le faubourg Saint-Martin (1).

     (1) Rapsodie.
TABLEAU INDICATEUR
DE LA LARGEUR DES RUES, RUELLES ET IMPASSES DE LA VILLE D’ÉTAMPES



1. Faubourg Saint-Martin

NUMÉROS
D’ORDRE.

NOMS des RUES ET PLACES.
Largeur
1
Belles-Croix (Des)
12 m
2
Charpeaux (De)
10 m
3
Grande-Sente-de-Valnay
6 m
4
Charpeaux (Petite-Rue de)
6 m
5
Pont-d’Orléans (Du) (2)
12 m
6
Treille (De la)

7
Reverseleux
7 m
8
En-Bas (D’)

9
Petit-Saint-Mars (Du)
8 m
10
Badran
6 m
11
Braban
6 m
12
Courte
6 m
13
Cimetière (Du)
6 m
14
Eglise (De l’)
3 m
15
Ouche (De l’)
6 m
16
Ecole (de l’)
6 m
17
Pirouette (De la)
6 m
18
Chauffour (De)
7 m
19
Moulin-à-Tan (Du)

20
Sacals (De)
6 m
21
Bressault (De)
6 m
22
Paradis (Du)
7 m
23
Bretonnerie (De la)
6 m
24
Digne (De la)
6 m
25
Porte-Brûlée (De la)

26
Abreuvoir (De l’)

27
Coq (Du)
5 m
28
Saint-Martin
12 m
29
Moulin-à-Peau (Du)

30
Saint-Jean
6 m
31
Haut-Pavé (Du)
12 m
32
Mouton (Du)

33
Remparts (Des)

34
Vivier (Du)

35
Filoir (Du)
6 m



2. Quartier Saint-Gilles

NUMÉROS
D’ORDRE.

NOMS des RUES ET PLACES.
Largeur
36
Neuve-Saint-Gilles
12 m
37
Enfer (D’)
5 m
38
Lenicolais
7 m
39
Saint-Jacques
12 m
40
Religieuses (Carref. des)

41
Vendôme (De)
9 à 10,4
42
Mouton (Du)
10 m
43
Cordeliers (Des)
10 m
44
Manivelle (De la)
10 m
45
Abreuvoir-des-Cordeliers
3 m
46
Abreuvoir-du-Mouton
8 m
47
Puits-du-Coq (Du)
10 m
48
Coq (Petite rue du)
3 m
49
Rose (De la)
8 m
50
Saint-Gilles (Place)

51
Saint-Gilles (Impasse)
5 m
52
Traversière
11 m
53
Vicariat (Du)
5 à 6,5
54
Simonneau
9,5 m
55
Haute-des-Groisonneries
6 m
56
Basse-des-Groisonneries
6 m
[p.100]

57
Basse-de-la-Foulerie
8 m
58
Plisson
5 m
59
Trois-Fauchets (Des)
5 m
60
Pavée
6,5 m
61
Pavillon (Impasse du)

62
Prateau (Du)
4 m
63
Remparts (des)
12 m

(2) Rue supprimée et se confondant avec la rue Saint-Martin.
3. Quartier Saint-Basile

NUMÉROS
D’ORDRE.

NOMS des RUES et PLACES.
Largeur
64 Moulin-Sablon (Carr. du)

65
Groisonneries (Des)
5 m
66
Porte-Dorée (De la)
6,7 m
67
Creux-Chemin (Du)
7 m
68
Geoffroy-St-Hilaire (Pl.)
69
Saint-Antoine
12,5
70
St-Antoine (Petite-Rue)
5 m
71
Vigne (De la)
6 m
72
Pont-Quesnaux (Du)
11 m
73
Flacon (Du)
6 m
74
Plâtrerie (De la)
6 m
75
Damoise
5 m
76
Saint-Mars
6 m
77
Marionnettes
5 m
78
Sainte-Croix
6 à 8
79
Sainte-Croix (Petite-Rue)
6 m
80
Sainte-Croix (Impasse)
4 m
81
Conilles (Impasse)

82
Pain (Du)
6 m
83
Tribunal (Place du)

84
Hôtel-de-Ville (De l’)
8 m
85
Hôtetl-de-Ville (Place de l’)

86
Juiverie (De la)
8 m
87
Henri IV (Boulevard)
13,80
88
Embarquadère (Place de l’)

89
Élias-Robert
8 m
90
Château (du)
8 m
91
Petit-Moulin (Du)
6 m
92
Puits-Plisson (Du)
7 m
93
Prison (De la)
5 m
94
Pont-Doré (Carrefour du)

95
Pont-Doré (Du)
6 m
96
Pont-d’Anjouan
5 m
97
Roche-Plate (De la)
7 m
98
Queue-de-Renard
5 m
99
Romanet (Place)

100
Saint-basile
6 m
101
Anse (de l’)
4 m
102
Petit-Panier (Du)
5 m
103
Renard (Du)
5 m
104
Cordonnerie (de la)
6 à 8
105
Ronneau (Du)
5 m


4. Quartier Notre-Dame

NUMÉROS
D’ORDRE.
NOMS des RUES et PLACES.
Largeur
106
Marché N.-D. (Place du)
10 à 19
107
Baugin
5 m
108
Petit-Marché (Place du)

109
Cerf (Impasse au)

110
Bois (Impasse au)

111
Ancienne Comédie (De l’)
6 m
112
Dauphine (Place)

113
Tannerie (De la)
8 m
114
Puits-de-la-Chaîne (Du)
6 m
115
Darnatal
8 m
116
Mauconseil
6 m
117
Île-Maubelle (De l’)
11 m
118
Prés (Promenade des)
9,5 m
119
Bonneveaux (Avenue)
12 m
120
Comte (Au)
6 m
121
Chat (Carrefour au)
6 m
122
Chat (Impasse au)

123
Rempart, Port
6 m
124
Remparts, Île-Maubelle
7 m
125
Cloître-Notre-Dame (Du)
8 m
126
Evézard
8 m
127
Coquerive (Allée de)
18 m
128
Perray (Du)
10 m
 
 
Armes d'Etampes en 1881
5. Faubourg Saint-Pierre
 
NUMÉROS
D’ORDRE.

NOMS des RUES et PLACES.
Largeur
129
Boucherie (De la)
10 m
130
Moulin-Fouleret (Du)

131
Coquerive (De)

132
Alun (De l’)
7 m
133
Avaloir (De l’)
8 m
134
Torse
3 à 5
135
Torse (Impasse)

136
Grès (Des)
5 m
137
Sablon
10 m
138
Gérofosse
7 m
139
Sans-Pain
10 m
140
Saint-Symphorien
3 m
141
Anciens-Remparts-St-P.
4 m
142
Gué-des-Aveugles (Du)
6 m
143
Min-du-Bourgneuf (Ch. du)
4 m
144
Aveugles (Des)
6 m
145
Prés (Passage des)
5 m
146
Min-des-Fontaines (Ch. des)
4 m


6. Faubourg Évézard

NUMÉROS
D’ORDRE.

NOMS des RUES ET PLACES.
Largeur
147
Port (Promenade du)

148
Dourdan (Route de)
10 m
149
St-Jacques-de-Bézégon
6 à 9
150
Faubourg-St-Jacques (Du)
24 m
151
Faubourg Evézard (Du)
24 m

 

Armes d'Etampes en 1881

 
     Origines et Situation.Étampois.Archidiaconé et doyenné.Bailliage.Duché.Coutume.Prévôté.Élection.Gruerie.Maréchaussée.Gabelle.Commune.Département.District, arrondissement et canton.Monnaies.Sceaux.Armes.Usages.Jeux et arbalétriers.Couvents, chapelles.Fortifications.Paroisses.Cloches.Administration civile.Administration municipale.Administration judiciaire.Administration financière.Administration militaire, police.Ponts et chaussées.Instruction publique.Anciennes corporations.Sociétés.Voitures publiques. —  Géologie.Industrie et commerce.Moulins.Auberges et hôtels.Population.Quartiers et faubourgs. [ Tableau indicateur des rues.]


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Source: Saisie numérique en mode texte d’Isabelle Soulié, 2004 (Mise en page: B. G.).
Éditions

     Léon MARQUIS, Les rues d’Étampes et ses monuments, Histoire - Archéologie - Chronique - Géographie - Biographie et Bibliographie, avec des documents inédits, plans, cartes et figures pouvant servir de suppléments et d’éclaircissement aux Antiquités de la ville et du duché d’Etampes, de Dom Basile Fleureau [in-8°; 438 p.; planches; préface de V. A. Malte-Brun], Étampes, Brière, 1881 [dont deux rééditions en fac-similé: Marseille, Lafitte reprints, 1986; Éditions de la Tour Gile, 1996].

     Bernard GINESTE [éd.],
«Léon Marquis: Les rues d’Étampes et ses monuments (1881)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-marquis.html, en cours depuis 2003.

     Isabelle SOULIÉ & Bernard GINESTE [éd.], «
Léon Marquis: Exposé général sur Étampes (1881)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-marquis-rues01.html, 2004.


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