CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 Maxime de Montrond
Étampes en 1652
Essais historiques sur la ville d’Étampes, chapitre XX
1837
 
Etampes vers 1636 (gravure de Tassin)
Étampes vers 1636 (gravure de Tassin)

     Montrond raconte ici le siège et le sac épouvantables que subit en mai 1652 la ville d’Étampes, ainsi que les suites de cette tragédie où s’illustra par son magnifique dévouement saint Vincent de Paul.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Essais historiques sur la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1837, tome 2
Chapitre XX, pp. 111-128.
Étampes en 1652
 
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TABLE DES MATIÈRES
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CHAPITRE VINGTIÈME
ÉTAMPES EN 1652



     Chapitre XX: Siège d’Étampes par l’armée royale sous le commandement de Turenne Peste à Étampes Saint Vincent de Paul.

     Le 4 mai 1652, au point du jour, Turenne suivi de ses troupes arriva aux portes d’Étampes. L’aspect inattendu de cette armée jeta le trouble et l’ effroi dans celle du comte de Tavannes; elle se replia précipitamment vers les murs de la ville; mais plus prompt que l’éclair, Turenne s’est élancé à sa poursuite, et dans un instant il a joint les bataillons ennemis surpris de le voir aussi près d’eux. L’action s’engage aussitôt dans le faubourg et devient très meurtrière (1). [p.112]

     Parmi les guerriers qui combattaient alors sous les ordres de Turenne, on remarquait un jeune prince âgé de dix-huit ans, qui, bien qu’étranger sur notre sol, servait dans les rangs de nos armées en qualité de volontaire: c’était le duc d’York, héritier du royaume de la Grande-Bretagne.
Charles Ier, son père, était tombé sous la hache régicide, et lui, proscrit, fugitif, était venu avec la reine Henriette sa mère, et son frère Charles, demander un asile à la France. Ce jeune rejeton de la race infortunée des Stuarts, déjà rempli d’admiration pour Turenne, avait sollicité la faveur de combattre à ses côtés, afin d’apprendre à son école le métier de la guerre. Il avait suivi le maréchal jusque sous les murs d’Étampes, et il le seconda vaillamment dans le siège de cette ville. Ce brave guerrier a décrit lui-même dans d’intéressans mémoires les diverses particularités du combat et de l’attaque dont il avait été le témoin et l’un des principaux acteurs. Nous lui emprunterons quelques pages qui serviront à éclaircir et à revêtir d’une couleur plus vive cette partie de nos écrits.
     (1) Hist. de Turenne.  Les mémoires de Turenne [bib] et ceux du duc d’York [bib] vont être nos principaux guides dans le récit des faits que nous avons à décrire. Nous emprunterons aussi quelques détails à un mémoire manuscrit rédigé par un notable habitant d’Étampes, qui fut témoin oculaire des événemens qu’il raconte [bib]. Ce curieux document nous avait été confié par M. de Barville [Voir notre Annexe (B.G.)], vénérable vieillard presque nonagénaire. L’auteur de ces Essais historiques, réduit à déplorer sa perte récente, regrette de ne pouvoir restituer aujourd’hui ce manuscrit à celui là-même de qui il l’avait reçu; comme aussi de ne pouvoir offrir la seconde partie de son travail à l’aimable et savant vieillard qui avait accueilli avec tant de bienveillance le premier volume de cet ouvrage.
     «Étampes est située dans un fond: une petite rivière [p.113] coule le long de ses murailles, et va tomber dans la Seine à Corbeil; le côté de la ville et du faubourg qui est sur la droite en venant de Châtre, est commandé par une petite hauteur, dont toute la plaine se peut découvrir du haut d’une tour ronde des plus élevées qui se voient: les murailles sont flanquées de petites tours qui ne sont point à l’épreuve du canon; elles ne sont entourées que d’un fossé sec du côté de Châtre; le faubourg vers Orléans est environné de la rivière et d’un ruisseau qui se joignent à la porte d’Orléans, par laquelle seule la ville peut avoir communication avec ce faubourg. Les ennemis y avaient neuf régimens d’infanterie, entre’autres ceux de Condé, de Conti et de Bourgogne, les troupes auxiliaires des Pays-Bas, et environ cinq cents chevaux. Ils s’y étaient retranchés à la faveur du ruisseau, qui couvrait tout un côté à la réserve d’un petit espace près de la porte où ils avaient élevé une bonne ligne.

     «L’infanterie de l’armée du roi attaqua les ennemis en arrivant; l’infanterie de M. d’Hocquincourt, qui avait la droite, fit son attaque du côté du ruisseau; elle marcha jusqu’au bord, essuyant le feu des ennemis; mais des officiers l’ayant sondé avec leurs piques et trouvé plus profond qu’on n’avait cru, on se retira en bon ordre et on marcha un peu plus haut vers un moulin.

     «M. de Turenne fit attaquer par M. de Gadagne, lieutenant-colonel du régiment de la marine, près de la ville à gauche, qui n’étant défendue que d’une ligne fut emportée sans beaucoup de résistance ... On fit immédiatement après des barricades au travers de la rue, vis-à-vis la porte: M. de Turenne fit entrer par là toute [p.114] son infanterie, qui fit des passages à la cavalerie, à la tête de laquelle entra le maréchal d’Hocquincourt. Mais il était venu avec tant de précipitation, qu’il oublia de donner ses ordres au reste de son aile, tellement qu’elle suivait tout entière dans le faubourg, si M. de Turenne s’en étant aperçu, ne fût allé les arrêter tous, à la réserve des premiers escadrons qui étaient déjà entrés. Il leur ordonna d’aller occuper la hauteur où sa cavalerie était postée. …»

     «
Cependant le régiment de Picardie avec le reste de l’infanterie de M. d’Hocquincourt, passa le ruisseau au moulin, attaqua les ennemis vigoureusement qui se défendirent de même, et après avoir été forcés, firent ferme de muraille en muraille, et de poste en poste. D’un autre côté, l’infanterie de M. de Turenne. Ayant achevé sa traverse contre la ville, tourna à droite, et attaqua en flanc le régiment de Bourgogne qui défendait sa ligne: mais quoique l’attaque fut des plus violentes, et que le canon les désolât, ils disputèrent opiniâtrement  toutes les murailles qui servaient de clôtures aux jardins, dont les derrières aboutissaient à la ligne … Ce fut là où leur résistance fut si vigoureuse, qu’ils chassèrent les attaquans des murailles qu’ils avaient gagnées, les repoussèrent si loin, et les mirent dans un si grand désordre, que sans le régiment de Turenne qui arrêta leur impétuosité, et donna aux autres le temps de se rallier, on courait risque de perdre tout l’avantage qu’on venait de gagner: mais l’effort des ennemis ayant été soutenu, on les poussa derechef de muraille en muraille, jusqu’à la dernière où reprenant vigueur, ils repoussèrent une [p.115] seconde fois les attaquans dans un enclos voisin, et en firent un grand carnage.
Charles de Monchy seigneur d'Hocquincourt
Charles de Monchy
seigneur d’Hocquincourt


Henri de la Tour d'Auvergne vicomte de Turenne
Henri de la Tour d’Auvergne
vicomte de Turenne

     « On les avait poursuivi la dernière fois avec trop d’ardeur, et si peu d’ordre, que les cavaliers et les fantassins étaient pêle-mêle. Les ennemis ne poussèrent pas plus loin leur avantage; ils se contentèrent d’avoir conservé leur dernière muraille, pendant que les attaquans se rallièrent à l’abri de celle qui était la plus proche; de sorte qu’il resta un enclos entre deux: on se contenta pour un temps de faire grand feu de part et d’autre. Le duc d’York qui était présent à cette chaude attaque, y vit un officier des ennemis nommé Dumont, qui était major de Condé, entreprendre une action capable d’arrêter le cours de cette victoire, s’il eût été soutenu: il sortit de son rang la pique à la main; et s’avançant vingt pas, qui étaient la largeur de l’enclos, il s’exposa à tout le feu des attaquans: mais n’étant suivi de personne, il fut contraint de se retirer. Il fit jusqu’à trois fois cette dangereuse manœuvre sans recevoir la moindre blessure; elle donna de l’émulation aux troupes du roi. Il était dangereux d’aller à la brèche ou à l’ouverture qui était défendue par tant de braves gens. Un officier dont on a oublié le nom, sortit de l’ouverture de la muraille que les attaquans occupaient; et à la vue de ses ennemis, s’avança jusqu’à celle qu’ils défendaient: il fut suivi d’autres des siens qui purent se mettre à couvert du feu. L’enclos était étroit et il n’y avait plus qu’une muraille entre les deux partis: il se fitlà une manière de combat singulière. La muraille étant bâtie de grosses pierres, on se les roulait les unes sur les autres; et elle commençait [p.116] à diminuer considérablement lorsque les troupes du roi ayant reconnu une petite hauteur d’où on pouvait battre les ennemis à revers, on tira sur eux si à propos, que se voyant attaqués en flanc et de front, et la place n’étant pas tenable, ils abandonnèrent leur dernière muraille, et se retirèrent dans une église voisine, où le régiment de Picardie avait aussi poussé ceux qu’il avait attaqués: ils ne pouvaient pas s’y défendre, et demandèrent quartier, qui leur fut accordé. Leur cavalerie passa le ruisseau, et se sauva après avoir perdu le baron de Briole qui la commandait, et le comte de Furstemberg, qui furent tués.

     «
Pendant qu’on combattait dans le faubourg, les ennemis qui étaient dans la ville firent quelques sorties pour forcer la barricade, et poussèrent si vivement les troupes du roi, que si M. de Turenne ne s’était avancé lui-même pour les soutenir, avec un escadron de sa cavalerie, la barricade courait grand risque d’être emportée. Tout dépendait de ce poste, dont la perte aurait entraîné la défaite entière des troupes qui étaient actuellement aux mains dans le faubourg; mais le secours que M. de Turenne donna si à propos, les munitions qu’il fit distribuer, et la fermeté de M. de Gadagne rendirent inutiles les efforts des ennemis, qui firent encore deux autres sorties, où ils furent repoussés avec perte.
Jacques Stuart duc d'York, futur Jacques II
Le duc d’York, futur Jacques II
     « Des neuf régimens d’infanterie que les ennemis avaient dans ce faubourg, à peine se sauva-t-il un homme: il y en eut neuf cents de tués, et dix-sept cents prisonniers. Les principaux de ces derniers furent Briole, maréchal-de-camp; Montal qui commandait le régiment de [p.117] Condé, Dumont, major du même régiment, qui s’était distingué avec tant de bravoure à l’attaque de la dernière muraille; le baron de Berlo, maréchal de bataille; Vanga Pleur, La Motte. L’armée du roi perdit au moins cinq cents hommes: le jeune comte de Quincé reçut un coup de mousquet au travers du corps, et le comte Carlo de Broglio, un dans le bras, dont ils guérirent tous deux  (1).»
     (1) Mémoires du duc d’York, livre I, an. 1652 [bib].
    Sur le soir, l’action étant finie, le maréchal d’Hocquincourt et Turenne, contens d’avoir montré ce que pouvait tenter l’armée royale, songèrent à revenir vers Étréchy. D’Hocquincourt partit le premier avec la tête de l’armée. Turenne qui ne rassemblait qu’avec peine ses soldats dispersés et occupés à piller le faubourg, ne put le suivre sur-le-champ avec l’arrière-garde; ce retard faillit lui être funeste. Les ennemis attaquèrent ses troupes pendant qu’elles se retiraient en désordre, embarrassées dans leur marche par un grand nombre de prisonniers; le maréchal, voyant le danger qui les menaçait, revint sur ses pas avec un corps de cavalerie et parvint à les dégager. Il se hâta ensuite de gagner Étréchy où il joignit d’Hocquincourt; le lendemain toute l’armée se dirigea vers Châtre (Arpajon) et reprit les positions qu’elle avait quittées deux jours auparavant (2).
     (2) Histoire de Turenne [bib].  Mémoires ms. Du duc d’York [bib]. - Mémoires de Turenne [bib].
    Ce combat important livré dans l’un des faubourgs d’Étampes, avait eu lieu le 4e jour de mai; et le 27 du [p.118] même mois Turenne, à la tête de dix mille hommes, reparut encore aux portes de la ville. Cet habile capitaine savait que toutes les forces du prince de Condé, en deçà de la Loire, étaient réduites aux seules troupes renfermées dans Étampes où le fourrage commençait à manquer; il avait donc résolu de bloquer cette place et de s’en rendre maître, soit par la famine, soit en livrant un nouveau combat aux assiégés, s’ils osaient faire quelques sorties. Trois guerriers d’un courage éprouvé se trouvaient alors dans la ville; le comte de Tavannes commandait les troupes de Condé, Valon, celles du duc d’Orléans, et Clinchamp, les Espagnols. Mais la mésintelligence et la jalousie qui régnaient entre eux, occasionnaient de fréquentes disputes, dont la prudence du vicomte savait toujours tirer quelque profit.

     Au premier bruit de l’approche de l’armée royale, les chefs ennemis firent raser tous les édifices qui avoisinaient les murailles, tant au dedans qu’au dehors de la ville. Le pieux historien des Antiquités d’Étampes remarque à ce sujet que, ceux qui entreprirent d’abattre la chapelle de Saint-Jacques de Bedegon, furent par un effet visible de la divine justice écrasés sous ses ruines. (D. Fleureau, p. 275.) Le comte de Tavannes fit mettre le feu dans les faubourgs, et tous les officiers appliquèrent leurs soins à fortifier la ville. Les chefs de l’armée contraignirent les habitans de porter leurs armes à l’Hôtel-de-Ville, pour les distribuer à leurs troupes. Ils se saisirent des greniers à sel et à bled; et tandis qu’ils tenaient aux Cordeliers leurs magasins de vivres, ils [p.119] avaient renfermé leurs poudres et autres munitions de guerre dans l’église de Sainte-Croix.

     Cependant le prince de Condé redoutant vivement l’attaque de Turenne dont il connaissait la bravoure et le mérite, pressait l’archiduc Léopold, alors gouverneur des Pays-Bas, de lui envoyer promptement du secours. Le vicomte, durant ce temps, hâtait de tous ses efforts les opérations du siège. Quelques escarmouches avaient déjà eu lieu le lundi 27 mai, sur la colline de Machefer et sur celle de Guinette, où Turenne, qui s’en était rendu maître, avait fait placer quelques pièces de canon. On en fit usage pour battre la vieille tour du château, mais la solidité de ses murailles rendit leurs coups inutiles.

     Les jours suivans les attaques continuèrent. Quelques sorties des assiégés occasionnèrent de nouveaux combats où de part et d’autre on éprouva de grandes pertes. Le jeudi 30 mai, jour de la Fête-Dieu, ils firent du côté de la porte dorée une sortie générale, dont le résultat leur fut plus funeste encore; près de trois cents des leurs demeurèrent sur le champ de bataille: parmi eux on compta le marquis de la Londe, dont la perte fut universellement regrettée.

Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé
Louis II de Bourbon-Condé
dit le Grand Condé
     Le samedi 1er juin, Turenne voulant tenter un assaut décisif, avant l’arrivée des troupes attendues par les assiégés, étendit son camp du côté du quartier Saint-Martin. Il fit dresser deux batteries contre la porte qui séparait la ville de ce faubourg (1). Les assaillans engagèrent une vive attaque contre la demi-lune construite en avant de [p.120] cette porte, laquelle fut·prise et reprise jusques à trois fois. Enfin elle fut abandonnée par les troupes de l’armée royale. Dès que les assiégés s’étaient aperçu qu’elles se dirigeaient du côté de Saint-Martin, ils avaient fortifié de leur mieux ce poste important; ils avaient démoli les maisons situées près de la porte et construit des retranchemens derrière les murailles. Lorsque Turenne les somma de se rendre, en les menaçant de ne point faire de quartier, ils répondirent fièrement qu’ils étaient prêts à recevoir l’assaut et qu’eux-mêmes ne donneraient point de quartier à l’ennemi. Ils avaient sur-le-champ pris les armes et placé autour de la brèche que le canon avait faite à la courtine,·cinq cents cavaliers armés de faux emmanchées à l’envers.


     (1) À l’entrée de la rue du Haut pavé, près de l’Ecce homo.
    Quelques-uns des principaux seigneurs du parti du roi combattirent vaillamment à ces divers assauts, où périt un nombre d’hommes considérable. Le jeune duc d’York, frère du roi d’Angleterre, s’y était trouvé présent; près de lui Schomberg, brave volontaire, et le chevalier de la Vieuville, furent blessés grièvement. Du côté des assiégés, on eut à déplorer la perte du marquis de l’Échelle, commandant du régiment de Valois, et celle de quelques autres braves capitaines (1). [p.121]

     La vive résistance du faubourg Saint-Martin semble être le fait le plus mémorable de ce dernier siège d’Étampes. Il avait déjà duré treize jours, pendant lesquels les assiégés avaient fait vingt-deux sorties. Il aurait sans doute continué encore, si des ordres venus de la cour n’avaient obligé Turenne de s’éloigner des murs d’Étampes, au moment où la disette de vivres et de fourrages se joignant à la vigueur des assauts, allait sans doute mettre la ville en son pouvoir.

     (1) Parmi les habitans d’Étampes qui prirent part au siège de cette ville dans les troupes royales, un titre d’anoblissement que l’auteur de ces Essais a eu entre les mains, cite dans les termes les plus honorables Isaac de Foudrier, sieur de Boirveaux, qui plus tard, sous le règne de Louis XIV, se distingua également dans un grand nombre de sièges et d’attaques énumérés dans le même titre.
    Les mémoires du temps rapportent que vers la fin de mai, Louis XIV, alors âgé de treize ans, partit de Melun sous la conduite du cardinal Mazarin, et se rendit au camp devant Étampes, afin de réveiller par sa présence l’ardeur guerrière des combattans. Il logea, dit-on, au château de Brières-les-Scellées, à une demi-lieue de la ville. Le roi fit demander une trêve aux commandans de la place, mais ils refusèrent de l’accorder (1). Or un jour que le jeune monarque voulait passer d’un quartier dans un autre, il dépêcha le sieur de Sainte-Marie, lieutenant de ses suisses, vers le comte de Tavannes, pour le prier de ne point faire tirer le canon pendant qu’il passerait près de la ville. «Le comte de Tavannes, dit un historien contemporain, se souvenant qu’une affaire pareille l’avait pensé faire périr dans Seurre, fit le malade et envoya à Sainte-Marie un allemand qui n’entendait pas le français; ils ne s’entendirent pas l’un l’autre, et se séparèrent ainsi; et le roi en passant, fut salué [p.122] de plusieurs volées de coups de canon… (1)» Quelques boulets passèrent tout auprès de la personne du monarque, qui ne parut point sans émouvoir. Comme tout le monde le félicitait le soir sur son courage, il demanda à Delaporte, son premier valet de chambre, qui s’était trouvé auprès de lui, s’il n’avait point eu peur des canons: «Je lui répondis que non (dit Delaporte, qui nous a transmis lui-même ces détails), et qu’ordinairement on n’avait point peur quand on n’avait point d’argent. Il m’entendit bien et se prit à sourire: mais personne n’en devina la cause. Le roi voyait quantité de soldats malades et estropiés, qui couraient après lui, demandant de quoi soulager leur misère, sans qu’il eût un seul douzain à leur donner; de quoi tout le monde s’étonnait fort (2).» [p.123]

     Turenne ayant reçu des ordres de la cour qui le pressaient de diriger ses armes contre le duc de Lorraine, leva donc le siège d’Étampes, avec le regret de voir échapper de ses mains une conquête prête à couronner ses valeureux efforts.

     Deux jours après, le comte de Tavannes reçut également du prince de Condé l’ordre de rassembler toutes les troupes et de marcher vers Paris. L’armée des princes sortit d’Étam
pes et s’en vint coucher à Étréchy le Larron, d’où elle reprit son chemin vers la capitale. [p.124]

     Ainsi après un siège opiniâtre et sanglant, les habitans d’Étampes virent enfin s’éloigner les armées rivales dont les luttes acharnées leur apportaient chaque jour l’épouvante et l’effroi. Mais il leur restait les affreuses suites de ces combats meurtriers, et de l’entassement de troupes nombreuses dans leurs murs. La vive frayeur éprouvée par les uns pendant le siège, la douleur de ceux qui dans les chocs multipliés avaient perdu leurs parens ou leurs amis, le peu de soin qu’on avait pu donner aux blessés et aux malades, les cadavres demeurés souvent sans sépulture et entassés sous les murs ou même dans l’intérieur de la ville; tout se réunissait pour continuer d’affliger la cité: les campagnes d’alentour avaient leur part de ces tristes calamités. Les champs étaient ravagés comme après un violent orage; et la plupart des villages abandonnés, n’offraient que le spectacle du deuil et de la désolation (1).
Louis XIV jeune


     (1) Mémoires de Jacques de Saulx, comte de Tavannes [bib].


     (1) Mémoires de François de Clermont, marquis de Montglat [bib], t. III.

     (2) Mémoires de Delaporte, premier valet de chambre de Louis XIV [bib]. Les mémoires de Delaporte contiennent sur ce même sujet quelques autres détails qu’on sera peut-être bien aise de voir reproduits dans cette note:
     « De Saint-Germain, dit-il, nous retournâmes à Corbeil, et de là le roi alla au siège d’Étampes. S. M. se leva de grand matin, sur ce que M. le Cardinal lui avait dit qu’à cause des grandes chaleurs il fallait partir de bonne heure; et cependant le vigilant personnage dormit encore deux heures après que le roi fut levé.
     «J’étais allé déjeuner lorsqu’on vint me dire que le roi me demandait. Je m’en allai le trouver, et m’étant enquis auprès de S. M. de ce qu’elle désirait, elle me dit qu’elle m’avait fait appeler pour me donner cent louis d’or que M. de la Vieuville, alors intendant des finances, lui envoyait, tant pour ses menus plaisirs [p.123], que pour en faire des libéralités aux soldats estropiés. Il me dit qu’on les avait mis dans ses poches; mais qu’ayant la botte haute, il aurait peine à les garder. Je lui dis qu’ils étaient aussi bien dans ses poches que dans les miennes: mais cela ne se trouva pas vrai dans la suite.
     «Comme Moreau, premier valet de garde-robe, avait avancé onze pistoles pour des gants qu’il avait achetés à Saint-Germain pour S. M. et par son ordre; quand il vit que le roi avait de l’argent, il me pria de le lui demander, et de lui dire que … tout le monde avait besoin de son petit fait: ce que je lui promis.
     «De Corbeil nous allâmes nous allâmes coucher au Ménil-Cornuel … Quand le roi fut couché et que tout le monde se fut retiré, je lui dis ce que Moreau m’avait chargé de lui dire; à quoi il répondit tristement qu’il n’avait plus d’argent. Je lui demandai s’il avait joué chez M. le Cardinal, il me répondit que non; et plus je le pressais pour savoir ce qu’il en avait fait, et moins il avait envie de me le dire. Enfin je devinai, et lui dis: N’est-ce point M. le Cardinal qui vous a pris votre argent ? - Il me dit que oui, mais avec un chagrin si grand qu’il était aisé de voir qu’il ne lui avait pas fait plaisir de lui prendre son argent, et moi de lui demander ce qu’il en avait fait.»  (Mémoires de Delaporte, premier valet de chambre de Louis XIV [bib], p. 284 et suiv.)

     (1) Extrait d’un mémoire manuscrit d’un témoin oculaire, communiqué à l’auteur [bib].

     Tels étaient alors dans les pays voisins de la capitale, les résultats funestes de tant de marches, de contremarches, de campemens et de combats d’armées rivales. Non moins que le territoire d’Étampes, ceux de Corbeil, de Palaiseau, Saint-Cloud, Saint-Denis, Lagny, etc., étaient la proie aux désordres qu’entraîne la guerre; partout les pauvres furent les premières et les principales victimes de ces cruelles dissensions. La faim et bientôt après d’affreuses maladies se faisaient sentir partout où les armées avaient passé. Cependant on voyait arriver [p.125] parfois dans ces infortunés cantons quelques hommes apostoliques, que la charité chrétienne, soigneuse et vigilante s’empressait d’ envoyer au secours de leurs frères; leurs mains compatissantes pansaient les plaies de tant de malheureux; et leurs bienfaisans travaux faisaient disparaître par degrés la trace de leurs douleurs (1).

     (1) Collet, Vie de Saint Vincent de Paul [bib], t. I.
     La ville d’Étampes, plus qu’aucune autre souffrante et désolée, ne fut point privée de ces secours précieux. Il y avait alors en France un homme qui semblait s’être chargé de toutes les misères humaines; véritable apôtre du Christ, dont l’âme aimante, dilatée au souffle de la charité, s’étendit, s’élargit encore, et devint ainsi comme un voile immense dont la Providence se servit pour essuyer les pleurs de tous les infortunés. Vincent de Paul était son nom; ce nom vénéré surtout des pauvres, l’est aussi des grands qui l’entourent d’hommages; et la philosophie elle-même tombant à ses pieds, a bien voulu lui pardonner sa foi en faveur des œuvres qu’elle lui fit enfanter. Des montagnes des Pyrénées, où jeune enfant il gardait un troupeau, Vincent s’était élevé par degrés à la dignité de pasteur des âmes; et jamais charge ne fut plus dignement remplie. Pauvre et ne possédant rien, il distribua lui seul plus d’aumônes que bien des souverains n’en distribuent dans l’espace d’un siècle. Quand il n’avait plus rien à donner il se donnait lui-même; et ses pieds qui couraient partout vers l’homme égaré, portèrent longtemps l’empreinte des fers dont il se chargea un jour au bagne de Marseille pour briser ceux d’un père infortuné. [p.126]

     Vincent de Paul avait appris le triste sort de la ville d’Étampes; aussitôt son cœur se remplit d’une tendre émotion. Suivi de quelques uns de ses compagnons, il vole au secours des habitans de cette contrée. Voyez-vous avec quel zèle et quelle sage prévoyance ces pieux ouvriers remplissent leurs charitables travaux ? Ils commencent par ensevelir avec soin les cadavres qu’ils trouvent entassés et abandonnés en divers lieux de la ville (1). Les habitans découragés, étaient hors d’état de les, seconder dans ce triste devoir; les missionnaires ne se rebutent point: ils font chercher au loin des hommes forts et vigoureux, et de concert avec eux, ils enlèvent du milieu des rues les restes hideux du carnage et de la destruction. Alors mêlant leurs pleurs à ceux des infortunés qu’ils venaient secourir, ils rendent à la terre le corps de leurs parens, de leurs amis; et après ce premier bienfait envers leurs frères morts, ils cherchent à consoler ceux qui leur ont survécu.
Saint Vincent de Paul
Saint Vincent de Paul



     (1) Collet, Hist. de Saint Vincent de Paul [bib].
     Grâce à leurs soins, on vit bientôt s’établir quatre hospices, où les pauvres, les malades étaient reçus et servis chaque jour par Vincent de Paul lui-même, à la tête de ses généreux compagnons. Deux de ces maisons étaient destinées aux habitans d’Étampes, et les autres à ceux d’Étréchy, Villeconin, Guillerval et les villages environnans. Les enfans orphelins ne furent pas délaissés par celui dont le zèle ingénieux avait su donner des mères tendres aux jeunes infortunés qui en étaient privés. Il les recueillait dans une vaste maison à Étampes, où ils furent nourris, [p.127] entretenus et surveillés avec le soin le plus paternel. Le vénérable prêtre appela à son aide des sœurs de la charité, qui, dociles à la voix de leur père, vinrent en hâte seconder ses touchans travaux; cinq d’entre elles, dit-on, ainsi que cinq missionnaires, furent victimes de leur généreux dévouement. Cependant Vincent de Paul et les siens ne négligèrent point un autre ministère, non moins précieux. Ils instruisaient à la fois le riche et le pauvre, s’efforçaient partout de ranimer le zèle de la foi; et en même temps qu’ils soulageaient leurs frères, ils jetaient dans l’âme de chaque être souffrant des rosées de consolation et d’espérance, puisées à leur source divine.

     De si nobles travaux portèrent d’heureux fruits: l’ordre et la paix se rétablirent par degrés dans les cantons où venaient de régner le trouble et la misère. Les convalescens recouvrèrent la santé, les malades de langueur et d’inanition commencèrent à retrouver leurs forces; et Vincent de Paul en quittant les murs de la ville dut être salué des acclamations de tout un peuple dont il avait relevé le courage, et adouci les cuisantes douleurs (1).
Louise de Marillac co-fondatrice des Soeurs de la Charité
Louise de Marillac
co-fondatrice des Sœurs de la Charité

     (1) Vie de Saint Vincent de Paul, par Collet [bib], t. I.
     Non loin de l’église Saint-Basile d’Étampes, sur le terrain dit le carrefour des ormes, on apercevait encore il y a quelques années une petite croix de fer, plantée en souvenir du passage dans ces murs de l’homme charitable dont nous venons de raconter quelques bienfaits. Cet humble hommage rappelait dignement la mémoire de [p.128] l’humble prêtre, qui puisait aux pieds du signe rédempteur tout le secret des œuvres merveilleuses dont il a rempli le monde. Cette croix n’existe plus aujourd’hui, et l’homme de bien s’afflige de sa disparition.

     Mais pour la ville d’Étampes, Vincent de Paul n’est point disparu tout entier. Quelques parcelles de son corps y reposent encore dans une modeste châsse, au sein du pieux édifice du roi Robert. Lorsqu’à certains jours, la foule des fidèles prosternée au seuil du temple, vénère les restes de ses saints patrons, le glorieux fils du pâtre des montagnes est associé à leur triomphe; et la foule ne passe point indifférente devant les reliques si chères de celui qui lui-même un jour au sein de notre ville, a passé en faisant le bien.


     Chapitre XX: Siège d’Étampes par l’armée royale sous le commandement de Turenne Peste à Étampes Saint Vincent de Paul.

 
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
Source: édition de 1837 saisie par Bernard Métivier en mars 2012 (chapitre 21) et annotée par Bernard Gineste
ANNEXE
Sur le manuscrit étampois consulté par Maxime de Montrond

1) Acte de décès de monsieur de Barville (5 novembre 1836)

     Du cinq novembre mil huit cent trente six, à cinq heures après midi.  Acte de décès de monsieur de Barville, François Louis, chevalier de l’ordre royal et militaire de saint Louis, ancien premier lieutenant au régiment des gardes française, ancien colonel d’infanterie, agé de quatre vingt huit ans, né en cette commune de Villeconin, décédé aujourd’hui à neuf heures du matin en son château du Fresne, en ectte commune.  Les témoins ont été monsieur Louis de Belot, propriétaire, agé de soixante six ans, demeurant à Vineuil, arrondissement de Blois, gendre du décédé, et monsieur Henry de Grimaudet de Rouvoltz, propriétaire, agé de soixante douze ans, demeurant en cette commune de Villeconin, aussi gendre du décédé, lesquels ont signé, avec nous maire, après lecture faite, et le décès constaté par nous soussigné.  [Signé:] L. de Belot  de Grimaudet de Rouvoltz  De Rotrou [paraphe] maire.
Saisie de Bernard Gineste (juillet 2012)

2) Destinée du manuscrit selon son éditeur Paul Pinson (1884)
     Le manuscrit autographe de René Hémard appartient à M. Vernot de Jeux qui a bien voulu nous le communiquer et nous en laisser prendre copie. Antérieurement, il avait appartenu à son beau-père, M. de Barville, qui le tenait de son père, Louis-Robert de Barville, marié à Marie-Claude Hémard, dame du Fresne et de Saudreville, petite-fille de René Hémard.
Paul Pinson, La Guerre d’Estampes en 1652, Paris, Champion, 1884, p. 3.

BIBLIOGRAPHIE

Éditions
 
     Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre vingtième», in ID., Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°; planches»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2 (1837),  pp. 111-128.

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.

     
Réédition numérique de ce chapitre: Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Étampes en 1652 (1837)» [édition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre20.html, 2012.

Sources utilisées par l’auteur


Manuscrit de René Hémard

     Henry de LA BIGNE [éd.] «?» [première édition du dernier chapitre de la Guerre d’Étampes en 1652], in Abeille d’Étampes (22 avril 1871), p. ?
     Paul PINSON [éd.], «La Guerre d’Estampes en 1652, par René Hémard. Relation inédite, annotée et publiée par Paul Pinson», in Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais 1 (1883), pp. 219-? & 2 (1884), p. 11-? [au total 36 p.]. 
      Paul PINSON [éd.], La Guerre d’Estampes en 1652, par René Hémard. Relation inédite, annotée et publiée par Paul Pinson [in-8°; 36 p.; pièce; extrait des Annales de la Société historique et archéologique du Gâtinais; introduction datée du 2 septembre 1883], Paris, Champion, 1884. 
      4) François JOUSSET & Bernard GINESTE [éd.], «René Hémard: La Guerre d’Estampes en 1652 (édition 1884 de Pinson)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-renehemard-guerre.html, janvier 2003.  

Antiquitez d’Estampes par Fleureau

     
Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité entre 1662 & 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683. Réédition numérique en ligne: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Les Antiquitez d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-fleureau.html, 2001-2012.

Henri de la Tour d'Auvergne vicomte de Turenne Mémoires et Histoire de Turenne
     Henri de LA TOUR D’AUVERGNE vicomte de TURENNE (1611-1675),
«Mémoires sur la guerre», in ID. & alii, Mémoires sur la guerre, tirés des originaux de M. de T*** [de Turenne] avec plusieurs mémoires concernant les hôpitaux militaires, présentés au Conseil en l’année 1736, par M*** [La Mairie d’Olainville] [2 parties en 1 volume in-12; 170 p.; 1re partie: Turenne; 2e partie: Mémoires et Observations de La Mairie d’Olainville et de M. de Flobert], La Haye, P. Gosse, 1738.  Paris, Rollin fils, 1739.
     Henri de LA TOUR D’AUVERGNE vicomte de TURENNE,
«Mémoires» [Lettres, instructions politiques et autres pièces], in Andrew Michael RAMSAY (1686-1743), Histoire du vicomte de Turenne, maréchal général des armées du roy [in-8°; 4 tomes; le tome IV contenant les Mémoires de Turenne (Lettres, instructions politiques et autres pièces)], Paris, 1736, tome IV. 2e édition [les  tomes III et IV enrichis des plans des batailles et des sièges], Amsterdam & Leipzig, 1749. 3e édition [in-12], Paris, 1773-1774.
     Henri de LA TOUR D’AUVERGNE vicomte de TURENNE,
«Mémoires», in Camille ROUSSET (1821-1892 ) [éd.], Henri de LA TOUR D’AUVERGNE vicomte de TURENNE (1611-1675) & NAPOLÉON Ier (empereur des Français, 1769-1821), Mémoires de Turenne suivis du précis des campagnes du maréchal de Turenne par Napoléon [in-16; XII+468 p.], Paris, Hachette [«Bibliothèque de l’armée française»], 1872 2e édition, Paris, Hachette, 1877.
     Henri de LA TOUR D’AUVERGNE vicomte de TURENNE,
«Mémoires», in Jacques-Joseph CHAMPOLLION (dit CHAMPOLLION-FIGEAC, 1778-1867) & AIMÉ CHAMPOLLION fils (1813-1894) [éd.], Mémoires du comte de Brienne [suivi de:]  [suivi de:] Mémoires du comte de Montrésor (pp. 173-241) [suivi de:] Relation faite par M. de Fontrailles, des choses particulières de la Cour (pp. 243-266) [suivi de:] Mémoires du comte de La Châtre contenant la fin du règne de Louis XIII et le commencement de celui de Louis XIV (pp. 267-296) [suivi de:]  Observations de M. le comte de Brienne (pp. 297-305) [suivi de:] Extrait des mémoires de Henri de Campion (pp. 307-312) [suivi de:] Mémoires du maréchal vicomte de Turenne contenant l’histoire de sa vie depuis l’année 1643 jusqu’en 1659 (pp. 313-529) [suivi de:]  Mémoires du duc d’Yorck (pp. 531-612)  [24 cm; 612 p.], Paris, Editions du commentaire analytique du Code civil [Joseph-François MICHAUT (1767-1839) & Jean-Joseph-François POUJOULAT: «Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France» 3/3], 1837. Réédition: Paris, Guyot frères, 1850.

Le duc d'York, futur Jacques II Mémoires du duc d’York
     Jacques (James) STUART, duc d’YORK (futur Jacques II roi d’Angleterre, 1633-1701), «Mémoires du duc d’Yorck», in Andrew Michael RAMSAY (1686-1743) [éd.], Histoire du vicomte de Turenne. Tome II [in-4°], Paris, 1735.
     Jacques (James) STUART, duc d’YORK,
«Mémoires du duc d’Yorck», in Jacques-Joseph CHAMPOLLION (dit CHAMPOLLION-FIGEAC, 1778-1867) & AIMÉ CHAMPOLLION fils (1813-1894) [éd.], Mémoires du comte de Brienne [suivi de:]  [suivi de:] Mémoires du comte de Montrésor (pp. 173-241) [suivi de:] Relation faite par M. de Fontrailles, des choses particulières de la Cour (pp. 243-266) [suivi de:] Mémoires du comte de La Châtre contenant la fin du règne de Louis XIII et le commencement de celui de Louis XIV (pp. 267-296) [suivi de:]  Observations de M. le comte de Brienne (pp. 297-305) [suivi de:] Extrait des mémoires de Henri de Campion (pp. 307-312) [suivi de:] Mémoires du maréchal vicomte de Turenne contenant l’histoire de sa vie depuis l’année 1643 jusqu’en 1659 (pp. 313-529) [suivi de:] Mémoires du duc d’Yorck (pp. 531-612)  [24 cm; 612 p.], Paris, Editions du commentaire analytique du Code ci
     David RANDALL [éd.], Arthur Lytton SELLS [trad.], The Memoirs of James II, his compaigns as duke of York, 1652-1660. Translated by A. Lytton Sells from the Bouillon manuscript edited and collated with the Clarke edition [in-8° (24 cm); 301 p.; planches; «Campagnes tirées mot pour mot des mémoires de Jacques Stuart pour lors duc d’York, et depuis roi d’Angleterre, Jacques second : depuis 1652 inclusivement, iusqu’en 1660»; préface de Percy MUIR; introduction d’Arthur Wynne Morgan BRYANT(1899-1985)], London (Londres), Chatto & Windus, 1962.

Mémoires de Tavannes

     Jean de SAULX vicomte de TAVANNES (c.1555-c.1629), Mémoires de Messire Jacques de Saulx, comte de Tavannes,... contenant ce qui s’est passé de plus remarquable depuis 1649 jusqu’en 1653 [in-12], Paris, J.-B. Langlois, 1691.
     Célestin MOREAU (1808-?) [éd.], Jean de SAULX vicomte de TAVANNES (c.1555-c.1629), Mémoires de Jacques de Saulx comte de Tavannes. Suivis de L’histoire de la Guerre de Guyenne, par Balthazar. Nouvelle édition, revue et annotée par C. Moreau [15 cm; XXXII-432; notes bibliographiques; index], Paris, P. Jannet [
«Bibliothèque elzévirienne» 64], 1858

François-de-Paule de Clermont marquis de Monglat Mémoires de Monglat
     Guillaume-Hyacinthe BOUGEANT (1690-1743) [éd.], François-de-Paule de CLERMONT marquis de MONTGLAT (16??-1675), Mémoires de François de Paule de Clermont, Marquis de Montglat, contenant l’histoire de la guerre entre la France et la Maison d’Autriche durant l’administration du cardinal de Richelieu et du cardinal Mazarin, sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, depuis la déclaration de la guerre en 1635 jusques à la paix des Pirénées en 1660 [4 volumes in-12], Amsterdam (Rouen), 1727-1728.
     François-de-Paule de CLERMONT marquis de MONTGLAT, Mémoires de Montglat [3 tomes in-8° (459+478+485 p.); le tome 3 contient aussi: Mémoires du comte de La Chatre; extrait des Mémoires de Henri de Campion; tome 1 des Mémoires de La Rochefoucauld], Paris, Foucault [
«Collection des mémoires relatifs à l’histoire de France depuis l’avènement de Henri IV jusqu’à la paix de Paris conclue en 1763» 49-51], 1825-1826.
     François-de-Paule de CLERMONT marquis de MONTGLAT (16??-1675),
«Mémoires de François de Paule de Clermont, contenant l’histoire de la guerre entre la France et la maison d’Autriche durant l’administration du cardinal de Richelieu et du cardinal Mazarin, sous les règnes de Louis XIII et de Louis XIV, depuis la déclaration de la guerre en 1635, jusques à la paix des Pyrénées en 1660», in Joseph-François MICHAUT (1767-1839) & Jean-Joseph-François POUJOULAT [éd.], Mémoires de François de Paule de Clermont [suivi de:] Mémoires de La Rochefoucauld [suivi de:] Mémoires de Jean Hérault de Gourville [24 cm; 593 p.], Paris, éditions du commentaire analytique du Code civil  [«Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France» 3/5], 1838. Réédition: Paris, Guyot frères [«Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France» 3/5], 1851.

Mémoires de Delaporte

     Pierre de LA PORTE (premier valet de chambre de Louis XIV, 1603-1680), Mémoires de M. de La Porte, premier valet de chambre de Louis XIV, contenant plusieurs particularités des règnes de Louis XIII et de Louis XIV [in-12; 324 p.], Genève, 1755. 1756.
Réimpression en fac-similé [14 cm; 329 p.], Paris, l’Arche du livre, 1970.
     Pierre de LA PORTE, Mémoires de M. de La Porte, premier valet de chambre de Louis XIV, contenant plusieurs particularités des règnes de Louis XIII et de Louis XIV [in-12/in-18; XVI+328 p.], Paris, Volland, 1791.
     Pierre de LA PORTE, «Mémoires de P. de La Porte, premier valet de chambre de Louis XIV, contenant plusieurs particularités des règnes de Louis XIII et de Louis XIV» in Joseph-François MICHAUT (1767-1839) & Jean-Joseph-François POUJOULAT [éd.], Mémoires de P. de La Porte [suivi de:] Mémoires de ce qui s’est passé dans la chrétienté, depuis le commencement de la guerre en 1672, jusqu’à la paix conclue en 1679, par le chevalier du Temple [suivi de:] Histoire de madame Henriette d’Angleterre, première femme de Philippe de France, duc d’Orléans, par madame de La Fayette [suivi de:] Mémoires de la Cour de France, pendant les années 1688 et 1689, par madame de La Fayette [suivi de:] Mémoires et réflexions sur les principaux événemens du règne de Louis XIV, et sur le caractère de ceux qui ont eu la principale part, par le marquis de La Fare [suivi de:] Mémoires du maréchal de Berwick, écrits par lui-même [suivi de:] Souvenirs de madame de Caylus [suivi de:] Mémoires du marquis de Torcy pour servir à l’histoire des négociations depuis le traité de Riswick jusqu’à la paix d’Utrecht [24 cm; 735 p.], Paris, éditions du commentaire analytique du Code civil [«Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France» 3/8], 1839. Paris, Guyot frères [«Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France» 3/8], 1851   Réédition (des seuls mémoires de La Porte) [21 cm; 166 p.], Clermont-Ferrand, Paleo, 2003.

Saint Vincent de Paul Vie de saint Vincent de Paul par Collet
     Pierre COLLET
(lazariste, supérieur du séminaire Saint-Firmin ou des Bons-Enfants à partir de 1732, secrétaire de la congrégation en 1762, 1693-1770), La Vie de saint Vincent de Paul [2 volumes in-4°], Nancy, A. Leseure, 1748.
     Pierre COLLET, Histoire abrégée de St Vincent de Paul [in-12; XVI+622 p.], Avignon, A.-I. Fez, 1762.
[in-12; XXXVIII+514 p.], Paris, 1764.
     Pierre COLLET, Vie de Saint Vincent de Paul, par M. Collet. Nouvelle édition revue avec le plus grand soin [in-12; 511 p., portrait], Paris, veuve Nyon, 1804.
Nouvelle édition [in-12; 416 p.; édition abrégée], Paris, L. Saint-Michel, 1816.  Paris, Méquignon fils aîné, 1819. Paris, Méquignon junior, 1822 [in-12; 395 p.; portrait], Avignon, J.-A. Joly, 1820 [in-12; 448 p.], Lyon, L. Boget, 1825.
     Pierre COLLET, Abrégé de l’histoire des Sœurs de la Charité, extrait de la Vie de saint Vincent-de-Paul. Par M. Collet,... Edition augmentée de plusieurs nouveaux traits historiques [in-18; 106 p.; planche], Paris, Delarue [
«Petite bibliothèque du catholique»], 1827.
     Pierre COLLET, Vie complète de S. Vincent de Paul, par M. Collet. Nouvelle édition, augmentée des discours et des écrits textuels du saint [4 volumes in-8°; portrait], Paris, Demonville, 1818.
     Pierre COLLET, Vie abrégée de saint Vincent de Paul, d’après M. Collet. Nouvelle édition [in-12; 276 p.; planche], Tours, A. Mame [
«Bibliothèque des écoles chrétiennes»], 1843. Vie abrégée de saint Vincent de Paul, instituteur de la Congrégation de la Mission et des filles de la Charité, d’après M. Collet, prêtre de la Mission [in-12; 144 p.], Tours, Mame, 1868. 1872. 1877. Nouvelle édition [in-12], Tours, A. Mame et fils, 1884. Vie abrégée de saint Vincent de Paul, d’après M. Collet [in-18], Tours, A. Mame et fils, 1889. 1891. 1895. 1896. 1901. 1907.
     Pierre COLLET, La Vie de saint Vincent de Paul, d’après Collet [in-12; 252 p.; planche], Limoges, Barbou frères, 1846.
[in-18], Limoges, M. Barbou, 1866. 1867. 1868. 1871. 1872. 1873. 1874. 1876. [in-12], Limoges, M. Barbou, 1882.
     Pierre COLLET, Vie de S. Vincent de Paul,... rédigée d’après la Vie du saint par Collet [2 volumes in-18; portrait], Lille, L. Lefort, 1828.
[in-18; 216 p.; portrait], Lille, L. Lefort, 1832. Vie de S. Vincent de Paul, extraite de la Vie du saint, par Collet [in-12; 283 p.], Lille, L. Lefort, 1839. 1847. Vie de S. Vincent de Paul,... rédigée d’après la Vie du saint par Collet. 3e édition [in-18; 215 p.; portrait], Lille, L. Lefort, 1850.  L’Apôtre de la charité. Vie de saint Vincent de Paul, d’après sa Vie par Collet [in-8°; 160 p.; figures], Lille, L. Lefort, 1858. — Vie de S. Vincent de Paul,... rédigée d’après la Vie du saint par Collet. 4 e édition [in-18; 215 p.; figure], Lille, L. Lefort, 1860.
     Pierre COLLET, Vie de saint Vincent de Paul,... extraite de M. l’abbé Collet [in-8°; 192 p.; planche], Limoges, M. Ardant frères, 1857.


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