Corpus Historique Étampois
 
Maxime de Montrond
Essais historiques sur la ville d’Étampes
1836-1837
   
Couverture du tome premier des Essais historiques sur la ville d'Etampes (1836)
Couverture du tome premier publié en 1836
    
     En 1836-1837, le polygraphe Maxime de Montrond, dont la famille s’était installée à Étampes, donna une nouvelle histoire de cette ville en deux volumes, destinée à remplacer celle de Dom Basile Fleureau, qui remontait à 1668. Il fallait évidemment continuer l’ouvrage du savant barnabite; mais aussi adopter un style moins austère, plus synthétique, et plus au goût du jour.
     C
ette synthèse importante et pionnière reste largement méconnue. Ses nombreux mérites, en effet, ont été assez vite et pour longtemps éclipsé par l’ouvrage que donna à la génération suivante Léon Marquis, malgré son caractère nettement plus brouillon.
     Depuis plusieurs années, nous envisagions de rééditer en ligne les Essais de Montrond. Mais nous n’avons pu y aboutir enfin que grâce au dévouement  et au travail minutieux de François Besse et de Bernard Métivier dans le commencement de cette année 2012. Voici donc l’intégralité de cet ouvrage, dont la lecture reste agréable et coulante, même s’il a naturellement un peu vieilli par endroits. Nous avons essayé d’en rendre la lecture plus agréable encore en l’illustrant aussi bien que possible.
     Nous indiquons en note et le plus brièvement possible tous les endroits où se présentent des assertions aujourd’hui indéfendables. Enfin, nous avons donné de nouveaux titres à certains chapitres qui n
en avaient pas. Bonne lecture à tous.
Bernard Gineste, 2012

     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.

 
Maxime de Montrond
ESSAIS HISTORIQUES SUR LA VILLE D’ÉTAMPES
1836-1837
TABLE.

TABLE DES MATIÈRES DU PREMIER VOLUME.
NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
     ERRATA.

     INTRODUCTION. (pp. I-XIV)

     CHAPITRE PREMIER.Antiquité d’Étampes. — Conjectures sur son origine et sa fondation. — Coup d’œil général sur ses principaux monumens. (pp. 1-13)
     Note I. Détails topographiques sur la vallée d’Étampes. (pp. 185-188)
     Note II. Sur la reine Brunehaut. (pp. 189-191)
     CHAPITRE SECOND.Étampes sous les premiers rois Mérovingiens. — Bataille sanglante sur son territoire. — Église de Saint-Martin. — La reine Brunehaut. (pp. 15-32)
     Planche 1: Étampes. Vue prise du côté de Vauroux.
     Note II. Sur la reine Brunehaut. (pp. 189-191)
     CHAPITRE TROISIÈME. — Étampes sous Charlemagne et ses successeurs. — Pillage d’Étampes par les Normands. (pp. 33-40)
 
     CHAPITRE QUATRIÈME. [Étampes sous Robert le Pieux] — Robert-le-Pieux. — Son séjour à Étampes. — Palais, Châtel. — Tour dite de Guinette. (pp. 41-51)
     Planche 2: Étampes. Tour de Guinette.
     Note III. Sur le château d’Étampes et la tour dite de Guinette. (pp. 193-196)
     CHAPITRE CINQUIÈME. [Étampes sous Robert le Pieux] — Suite du règne de Robert. — Description de l’église Notre-Dame d’Étampes. — Détails sur l’architecture de divers autres monumens. — Quelques souvenirs du roi Robert. (pp. 53-70) [p.242]
     Planche 3: Notre-Dame d’Étampes.
     Note IV. Sur les églises de Notre-Dame et de Saint-Basile. (pp. 197-198)
     CHAPITRE SIXIÈME. [Étampes sous les rois Henri Ier et Philippe Ier] — Henri Ier. — Philippe Ier — Étampes sous ces deux monarques. — Histoire d’Eudes-le-Maire, dit Challo Saint-Mard. (pp. 71-79)
     Note V. Charte du roi Henri Ier. (pp. 199-202)
     Note VI. Sur Eudes-le-Maire dit Challo Saint-Mard. (pp. 203-207)
     CHAPITRE SEPTIÈME. [Étampes sous le roi Louis VI le Gros] — Affranchissement des communes. — Commune d’Étampes. — Chronique de quelques faits et gestes de Louis-le-Gros. (pp. 81-96)
     Note VII. Charte de la franchise du marché Saint-Gilles. (pp. 209-210)
     Note VIII. Droit de Commune d’Étampes. (pp. 211-212)
     CHAPITRE HUITIÈME. [Étampes chrétienne aux XIe et XIIe siècles] — Abbaye de Morigny. — Le pape Innocent II à Étampes. — Léproserie, maison des Mathurins. — Conciles tenus à Étampes. — Saint Bernard. (pp. 97-117)
     Planche 4: Reste de l’abbaye de Morigny.
     CHAPITRE NEUVIÈME. [Étampes sous le roi Louis VII le Jeune] — Grande assemblée de seigneurs convoquée par Louis-Ie-Jeune en son palais d’Étampes. — Suger, abbé de Saint-Denis. — Concessions diverses de Louis VII aux habitans d’Étampes.— Templiers. — Monnaies d’Étampes. (pp. 119-134)
     Planche 5: Monnaies frappées à Étampes (sous les règnes de Philippe Ier et Louis VI ou Louis VI).
     CHAPITRE DIXIÈME. [Étampes sous le roi Philippe II Auguste] — Règne de Philippe-Auguste. — Juifs chassés d’Étampes. — Eglise collégiale de Sainte-Croix. — Faits et gestes divers de Philippe-Auguste relatifs à Étampes. — Anecdote historique. (pp. 135-145)
     Note IX. Fragmens du Compte général des revenus du roi Philippe-Auguste. (pp. 213-215)
     CHAPITRE ONZIÈME. [Histoire de la reine Ingelburge] — Épisode de la reine Ingelburge. — Son mariage avec Philippe-Auguste. — Elle est repoussée du trône. — Douleurs de son exil. — Sa captivité au château d’Étampes. — Lettres de cette reine infortunée. (pp. 147-167)
     Note X. Sur la reine Ingelburge. (pp. 217-220)
     CHAPITRE DOUZIÈME. [Étampes de 1226 à 1319] — Étampes sous le règne de saint Louis. — Blanche de Castille, — Marguerite de Provence. — Maison des pères Cordeliers. — Chien pêcheur. — Premiers comtes apanagistes d’Étampes. (pp. 169-181)
     Note XI. Poème du chien pécheur. (Canis piscator.) (pp. 221-255)
     Note XII. Charte d’érection de la baronie d’Étampes en Comté. (pp. 237-239)
     TABLE DES MATIÈRES (pp. 241-243)

TABLE DES MATIÈRE DU SECOND VOLUME.
NOTES ET PIÈCES JUSTIFICATIVES.
     CHAPITRE TREIZIÈME. [Étampes de 1327 à 1411] — Suite des comtes d’Étampes. — Charles d’Évreux, Louis II, etc. — Étampes sous la domination de la maison de Bourgogne.— Ligue des Armagnacs.— Siége d’Étampes par les Bourguignons. (pp. 1-16)
     CHAPITRE QUATORZIÈME. [Étampes de 1411 à 1512] — Courte digression sur Jeanne d’Arc.—Suite des comtes d’Étampes.— Louis XI. — Messire Jean Hue, docteur en Sorbonne. — Jean de Foix et Gaston de Foix. — Quelques détails sur l’établissement d’un port à Étampes. — Episode des faits et gestes de Gaston. (pp. 17-45)

     CHAPITRE QUINZIÈME. [Étampes de 1513 à 1534] — Anne de Bretagne, Claude de France, comtesses d’Étampes. — Quelques détails historiques sur ces deux reines.— Nouveaux détails sur la commune d’Étampes. (pp. 47-57)
     Note V. Sur l’administration municipale d’Étampes. (pp. 229-237)
     Note VI. Membres du Conseil municipal et fonctionnaires de l’ordre judiciaire en 1837 (pp. 239-240)
     CHAPITRE SEIZIÈME. [L’Hôtel-Dieu et le Collège d’Étampes] —Hôtel-Dieu — Collège d’Étampes. (pp. 59-65)

     CHAPITRE DIX-SEPTIÈME. [Étampes de 1534 à 1559] — François Ier, Henri II. — Anne de Pisseleu. — Erection du comté d’Étampes en duché. — Diane de Poitiers. — Quelques détails historiques sur ces deux duchesses d’Étampes. (pp. 67-83) [p.249]
     Note I. Charte d’érection du comté d’Étampes en duché. (pp. 209-211)
     Note IV. Éclaircissemens et détails historiques sur la coutume du bailliage d’Étampes. (pp. 221-227)
     CHAPITRE DIX-HUITIÈME. [Étampes de 1559 à 1589] — Étampes sous le règne de François II et de Charles IX. — Suite des ducs et duchesses d’Étampes. — Étampes sous les guerres de la Ligue. — Règne de Henri III. — Henri de Bourbon. (pp. 85-100)
     CHAPITRE DIX-NEUVIÈME. [Étampes de 1589 à 1652] — Henri IV. — Prise d’Étampes par Henri-le-Grand. — Louis XIV. — Quelques détails sur la Fronde. (pp. 101-109)
     CHAPITRE VINGTIÈME. [Étampes en 1652] — Siége d’Étampes par l’armée royale sous le commandement de Turenne. — Peste à Étampes. — Saint Vincent de Paul. (pp. 111-128)

     CHAPITRE VINGT-UNIÈME. [Étampes de 1652 à 1774] — Suite des ducs ou duchesses d’Étampes. — Règne de Louis XV. — Passage et réception de princes et princesses à Étampes. (pp. 129-142)
     Note II. Tableau chronologique de la filiation des suzerains d’Étampes. (pp. 213-217)
     Note III. Sur le passage du Dauphin, fils de Louis XV. (pp. 219-220)
     CHAPITRE VINGT-DEUXIÈME. [Étampes de 1774 à 1837] — Jacques-Guillaume Simonneau, maire d’Étampes. — Étampes au XIXe siècle.— Choléra. — Conclusion. (pp. 143-151)
     Note VI. Membres du Conseil municipal et fonctionnaires de l’ordre judiciaire en 1837 (pp. 239-240)
     CHAPITRE VINGT-TROISIÈME.De quelques hommes remarquables de la ville d’Étampes. (pp. 153-163)

     APPENDICE.Statistique historique des villes, bourgs et châteaux de l’arrondissement d’Étampes. (pp. 167-205)

     ERRATUM. (p. 238)

     TABLE DES MATIÈRES (pp. 239-240)

 
ERRATA
(aussi portés, dans cette édition numérique, en note aux lieux indiqués)

Tome premier
(au début du volume)
(non paginé)
ERRATA.
    Page 28 , ligne 11 , au lieu de prise en possession, lisez prise de possession.
    Page 167, ligne 4, au lieu de grands maîtres, lisez commandeurs.
    Page 91, ligne 2, au lieu de qui l’environnent, lisez qui l’environnaient.
Tome second (p. 238)
ERRATUM.
     Page 57, ligne 4, au lieu de faite en 1517, lisez faite vers l’an 1523.
      

INTRODUCTION.


     Quand on considère d’un œil attentif la nature des travaux auxquels se livre de nos jours l’esprit humain, on s’étonne de voir avec quel zèle le goût des études historiques se réveille de toutes parts. Chacun s’efforce de recueillir les souvenirs des âges qui nous ont précédés. Et cependant au milieu des vives préoccupations d’un [p.II] présent semé de tant d’événemens divers; en face d’un avenir incertain dont chacun cherche à deviner le mystère, on croirait qu’il ne doit plus rester de place pour le passé, dans les labeurs de l’intelligence. Mais lorsque celle de l’homme embrasse à la fois, dans sa sphère immense, ces trois portions successives du temps, il sent que l’avenir échappe à ses prévisions; le présent lui apparaît troublé par trop de partis opposés, de passions contraires, auxquelles souvent lui-même il ne peut espérer de demeurer étranger. Alors il se réfugie dans le passé: il étudie avec calme et loisir dans nos vieilles annales les faits et gestes de nos aïeux; il recueille et fixe d’anciens souvenirs prêts à disparaître; il ajoute quelquefois aux naïfs récits des vieux âges ses propres réflexions, ses propres lumières; et il trouve un double charme dans cette étude, s’il pense qu’elle puisse être utile à ses contemporains. [p.III]

     Un genre particulier de travaux historiques occupe en ce moment une partie de nos écrivains. Ce n’est point l’histoire générale d’un peuple, d’une province, ou celle d’une époque, qu’ils ont entrepris de raconter. Ils veulent rappeler séparément les souvenirs qui se rattachent à chaque cité, décrire sa formation, son accroissement successif, et remettre en mémoire les principaux événemens survenus dans son sein. Il est facile de concevoir l’importante utilité d’un pareil travail. L’écrivain qui parcourt la suite des annales relatives à un royaume, à une vaste contrée, ne peut s’arrêter long-temps sur chacun des lieux dont il fait mention. Semblable au voyageur qui se contente de jeter en passant quelques regards furtifs sur mille objets intéressans semés le long de sa route, il ne peut, sans s’écarter du plan qu’il s’est tracé, que nommer par intervalles tant de villes, tant de bourgs qu’il rencontre dans le cours de son récit. Ainsi [p.IV] souvent échappent à sa vue, ou demeurent cachées dans l’ombre, une foule de scènes diverses, dignes aussi de figurer dans ses tableaux. Retrace-t-il au contraire l’histoire d’une seule ville: se concentrant alors dans une étroite enceinte, il la parcourt dans tous les sens, n’omet aucun des événemens qui la concernent, et présente sa biographie complète, depuis l’ère de sa naissance jusqu’à son âge actuel.

     Mais au milieu de ses veilles et de ses louables efforts, une pensée pénible agite parfois l’esprit de l’historien. Quand, solitaire et pensif, il poursuit ainsi à travers les voies poudreuses de nos vieilles annales, son pèlerinage vers les siècles passés, et que s’arrêtant sur divers points du sol de notre France, il essaye d’en redire les anciens faits, souvent il s’afflige d’en voir la chaîne interrompue et brisée, soit par les ravages [p.V] du temps, soit par la main des hommes eux-mêmes. Ce n’est plus alors cet heureux moissonneur qui s’en vient joyeux dans un champ fertile, et recueille en abondance des gerbes précieuses entassées sous ses pas: c’est au contraire un timide glaneur qui cueille quelques épis, échappés par hasard à la faux destructive, et ne peut en rassembler qu’un modique faisceau, faible récompense de longues fatigues et de pénibles efforts.

     Le sol où s’élève aujourd’hui la ville d’Étampes, n’est point ce champ tout-à-fait stérile où la faux du temps et de l’oubli n’a laissé que d’informes débris, dispersés et confus. Cette ville, qui figure avec honneur dans l’histoire générale de la France, méritait elle-même d’avoir son histoire particulière. Il est peu de villes d’une médiocre étendue, qui aient vu autant d’événemens [p.VI] importans se passer au milieu d’elles. Plusieurs pages brillantes de nos fastes nationaux se rattachent par divers liens à sa destinée spéciale. Robert-le-Pieux, Louis-le-Gros, Philippe-Auguste, saint Louis, n’ont-ils pas honoré de leur séjour la gracieuse vallée d’Étampes? Visitée par plusieurs pontifes de Rome, elle a vu les Suger, les saint Bernard, ces gloires de la Gaule religieuse, apparaître dans son sein, et y recevoir les hommages éclatans dûs à leurs vertus. La gloire militaire ne fut pas non plus étrangère aux habitans de ces bords: plusieurs sièges soutenus avec vigueur par la ville et le château, attestent la bravoure qu’ils surent déployer dans mainte occasion. Enfin, si l’on recherche des souvenirs de chevalerie, de courtoisie ou de beauté, ils s’y rencontreront en foule: les noms de Louis XII, de François Ier, Henri IV, seront plus d’une fois mêlés dans nos récits; tandis que ceux d’Anne de Bretagne, Claude de France, [p.VII] Anne de Pisseleu, Diane de Poitiers, Gabrielle d’Estrées, tour à tour comtesses ou duchesses d’Étampes, pourront aussi revêtir de quelque éclat l’histoire de la ville dont nos princes leur avaient fait hommage, comme un noble gage de leur amour?

     Tels sont les récits divers que j’ai entrepris d’écrire, en puisant aux sources originales, et recueillant les documens épars dans nos Mémoires, nos Chartes, ou nos vieilles Chroniques. Nos recherches nous permettront de présenter avec détail quelques uns des événemens dont Étampes a été le théâtre. A l’égard de quelques autres, nous devons l’avouer, l’histoire n’a laissé qu’un petit nombre de matériaux bien insuffisans pour en donner une idée juste et complète. Lorsque nous serons réduits à les indiquer seulement en passant, qu’on veuille bien se rappeler [p.VIII] ce que nous disions tout à l’heure, et songer alors que souvent l’historien d’une ville est réduit à rassembler ça et là quelques débris échappés à la faux du temps. Mais avant de faire connaître le plan et la forme de cet ouvrage, je dois dire ici quelques mots d’un écrivain qui m’a précédé dans la carrière, et payer un juste tribut à celui qui dans plus d’une occasion sera mon guide et mon appui.

     Vers l’an 1683, un volume fut publié sous ce titre: les Antiquités de la ville et du duché d’Estampes (1). L’auteur, D. Basile Fleureau, religieux barnabite de la congrégation de Saint-Paul, entreprit ce livre, ainsi qu’il nous l’apprend lui-même, par le motif d’une louable émulation: «car voyant, dit-il, les histoires que l’on [p.IX] a composées depuis peu des villes qui ne sont pas si considérables que celle d’Estampes, ma patrie, j’ay cru que je luy devois mon étude, et mon travail, pour la rendre plus célebre, en mettant au jour ses antiquités (1).» Les habitans d’Étampes doivent une éternelle reconnaissance à ce savant religieux, qui le premier débrouillant le dédale de mille faits confus, consacra ses soins et ses veilles à retracer l’histoire des monumens de sa ville natale. Son ouvrage, fruit de longs et consciencieux efforts, renferme une foule de détails curieux sur nos vieilles coutumes, et sur les faits et gestes de nos rois dans leurs rapports avec cette contrée. Mais ce livre, demeuré entre les mains d’un petit nombre de lecteurs, est aujourd’hui inconnu d’une partie des habitans d’Étampes, qui ne songent guère à venir y apprendre les actions de leurs [p.X] aïeux. Une pareille lecture d’ailleurs serait souvent pour eux pénible et rebutante. Le texte vieilli n’offre qu’un style traînant et confus, hérissé sans cesse de chartes latines ou françaises, qui, interrompant la narration, ralentissent la marche de l’historien. En outre, l’auteur donnant trop de place à une foule de détails peu importans, nous semble négliger ou effleurer trop rapidement certaines parties historiques de son sujet. Quelques uns de ces défauts peuvent être attribués au temps où vécut
cet écrivain. Les autres dérivent du plan même de l’ouvrage, d’après lequel l’auteur doit s’occuper moins des événemens dont sa patrie fut le théâtre, que de ses monumens et surtout de ses antiquités religieuses.
     (1) L’ouvrage de D. Fleureau qui fut imprimé l’an 1683, avait été composé en l’année 1668. (Voy. p. 600)


    (1) Préface.
     J’ai tâché dans ces Essais historiques, de remédier aux défautx que je viens de signaler. J’ai [p.XI] voulu par de simples récits rendre populaire et accessible à tous, la connaissance des faits relatifs à l’histoire d’une ville qui tient un rang distingué dans nos annales. M’environnant donc du résultat des travaux de mes devanciers, et y ajoutant le fruit de mes recherches particulières, continuées jusqu’à nos jours, je me suis efforcé de les réunir dans un corps d’ouvrage dont le style et la forme n’eussent rien d’austère, rien de rebutant. Rejetées à la fin du récit, ou dans des notes en dehors du texte, les pièces justificatives, ou certains détails de moindre importance, ne viendront point interrompre inutilement le fil de la narration. Je me suis efforcé de demeurer toujours dans mon sujet: ou si parfois, m’écartant par quelque digression, j’ai semblé perdre de vue l’enceinte dont nous suivions les traces; ce n’est qu’afin d’éclaircir quelques faits purement locaux, ou pour leur donner plus de variété et d’intérêt, en montrant leur liaison [p.XII] avec des événemens plus importans encore de l’histoire générale de la France.

     L’histoire d’Étampes se divise naturellement en deux parties. La première, qui doit comprendre le laps de temps durant lequel son territoire fit partie du domaine de la couronne, nous conduira jusqu’au XIIIe siècle. La seconde, commençant après le règne du roi saint Louis, se continue jusqu’à nos jours. Ainsi dans un premier volume, nous aurons à rechercher l’origine d’Étampes, à parler de ses accroissemens successifs, et à décrire ses divers monumens. Dans un second volume, nous poursuivrons l’histoire d’Étampes jusqu à l’époque actuelle. Ses seigneurs, ses comtes et ses ducs, passeront tour à tour sous nos yeux; et le récit détaillé de chacun de ses sièges et de ses combats fixera particulièrement notre attention. [p.XIII]

     Mais avant d’entrer en matière, qu’il me soit permis de remercier toutes les personnes qui ont bien voulu m’aider de leurs secours et de leurs conseils, ou me fournir des matériaux précieux pour les joindre à mon travail. Je ne puis résister ici au désir de nommer M. Grandmaison, digne propriétaire des ruines du château d’Étampes, qui m’a donné le premier l’idée de cet ouvrage, et n’a rien épargné pour en assurer le succès. MM. de Barville, Vénard, Hénin de Longuetoise, de Bonnevaux, Sédillon, Lenoir fils, et Chauvet, gardien des Archives de la ville, ont aussi des droits particuliers à ma reconnaissance. Enfin, je dois des remercîmens à tous ceux qui se sont empressés d’encourager de leur souscription l’œuvre modeste de celui qui venait au milieu d’eux leur offrir le fruit de ses veilles et de ses efforts. Puisse-t-il n’avoir pas trompé entièrement leur attente! Puissent aussi les habitans d’Étampes accueillir favorablement [p.XIV] ces Essais historiques, faible tribut d’hommage et de gratitude d’un jeune étranger, dont la famille, transplantée des rives natales sur les bords rians de la Juine, n’a cessé d’y recevoir la plus gracieuse hospitalité!

 
Source du texte: L’édition de 1836-1837, saisie par François Besse et Bernard Métivier, annotée et illustrée par Bernard Gineste.
BIBLIOGRAPHIE SOMMAIRE
 
Éditions

      Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND, ancien élève de l’École des Chartes, 1805-1879), Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes parfois reliés en 1 vol. in-8°; planches; tome 2 «avec des notes... et une statistique historique des villes, bourgs et châteaux de l’arrondissement»], Étampes, Fortin, 1836-1837.

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
 
Explicit
 
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail