CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
 Maxime de Montrond
L’Hôtel-Dieu et le Collège d’Étampes
Essais historiques sur la ville d’Étampes, chapitre XVI
1837

Fronton de la chapelle de l'Hôtel-Dieu d'Etampes (état en 2002)
Fronton de la chapelle de l’Hôtel-Dieu d’Étampes (état en 2002)

     Dans ce chapitre consacré à l’Hôtel-Dieu et au Collège d’Étampes, Montrond ne fait guère que résumer ce qu’il a trouvé dans les Antiquitez d’Estampes de dom Basile Fleureau, en y ajoutant juste quelques brèves mais intéressantes références à ce qui s’est passé depuis lors pour ces importants établissements de la ville.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Essais historiques sur la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1837, tome 2
Chapitre XVI, pp. 59-65.
L’Hôtel-Dieu et le Collège d’Étampes
 
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CHAPITRE SEIZIÈME
L’HÔTEL-DIEU ET LE COLLÈGE D’ÉTAMPES



     Chapitre XVI: Hôtel-Dieu Collège d’Étampes.

     Nous nous sommes jusqu’ici presque entièrement attachés dans ce second volume à présenter quelques détails historiques sur chacun des personnages qui figurent tour à tour dans nos annales comme souverains du domaine d’Étampes. Il est temps de suspendre cette énumération, et de porter un instant nos regards sur quelques établissemens utiles qui dans le cours du seizième siècle florissaient au sein de cette ville. Deux principaux fixeront en ce moment notre attention: ce sont l’Hôtel-Dieu, et le collège d’Étampes. [p.60]

1° HÔTEL-DIEU D’ÉTAMPES.

     Une ancienne tradition rapporte que dans l’enceinte même de l’église Notre-Dame, à l’extrémité de la nef, et au dessus de la porte du marché, étaient autrefois placés les lits des pauvres malades venus de la ville ou des bourgs environnans. Mais les graves inconvéniens qui résultaient de cette disposition firent songer à construire un bâtiment séparé de l’église. Il fut élevé dans son voisinage, et dans la cour attenant à cette collégiale. On ignore l’époque précise de cette première construction; quelques raisons portent à croire qu’elle remonte vers la fin du douzième siècle. Cette maison hospitalière fut d’abord nommée l’aumônerie de Notre-Dame (1). Des accroissemens successifs sont venus depuis embellir, agrandir la demeure du pauvre, et ont formé enfin ce vaste Hôtel-Dieu d’Étampes, aujourd’hui possesseur de revenus considérables, qu’il fait servir dignement au soulagement de l’humanité.
     (1) Voir aux archives de Notre-Dame et à celles de I’Hôtel-de-Ville, plusieurs titres concernant l’Hôtel-Dieu d’Étampes.


     Cet établissement a été desservi longtemps par des frères laïcs, dévoués au service des pauvres, sur lesquels on n’a que de vagues renseignemens. Mais on sait par un contrat du 16 avril 1537, passé devant Jean Thibaut et Richard de Bourdelle, notaires royaux à Étampes, qu’en cette année le maître et administrateur de l’Hôtel-Dieu [p.61] (on ignore à quel titre) était messire Jacques de la Vallée, prêtre. Il paraît que sa mauvaise administration, par suite de laquelle, dit l’acte, il serait mort plusieurs pauvres sur le pavé devant l’Hôtel-Dieu même, faute de les recevoir et secourir, aurait excité les plaintes les plus vives de la part des maire et échevins. Ils réclamèrent donc l’administration du revenu temporel de l’Hôtel-Dieu, comme leur appartenant de droit. Après beaucoup de difficultés, elle leur fut cédée par Jacques de la Vallée, sous l’approbation de l’archevêque de Sens; et depuis cette époque la ville n’a cessé d’être en possession de ce privilège, qui fut confirmé plus tard par diverses ordonnances de nos rois. Les maire et échevins de la ville s’empressèrent d’y établir des religieuses hospitalières de l’ordre de Saint-Augustin. Un ancien auteur remarque ici que pour trouver des servantes des pauvres, point ne leur fut nécessaire de porter leurs regards au loin. «Ils n’en allèrent point, dit-il, quérir en d’autres villes; mais il se présenta des filles d’Étampes, qui se vouèrent à ce service (1)». Des sœurs du même ordre peuplent encore cet asile; et aujourd’hui comme autrefois, ce sont encore le plus souvent de jeunes filles de la ville qui viennent remplacer dans le séjour des pleurs les vierges chrétiennes qu’on a vues s’envoler au céleste séjour.
     (1) D. Basile Fleureau. Antiq. d’Étampes. [bib]


     La chapelle de l’Hôtel-Dieu d’Étampes fut construite vers l’an 1559, comme l’indique le chiffre placé sur la porte extérieure au dessus de ce verset de l’Évangile, [p.62] l’un des plus touchans et des plus féconds en œuvres de miséricorde:
Amen dico vobis, quandiu fecistis uni ex his fratribus meis minimis, mihi fecistis
MATTH.*
     * Amen, je vous le dis: quand vous l'avez fait à l'un de mes tout petits frères que voici, c'est à moi que vous l'avez fait (Évangile selon saint Mathieu XXV, 40)

     On doit remarquer que ce bel hospice ne reconnaît aucun fondateur particulier; il fut bâti et agrandi successivement à l’aide des aumônes des habitans d’Étampes ou des environs. Il est juste toutefois de nommer ici l’homme de bien qui, par une donation récente faite à cet établissement, a permis de construire un vaste et beau local pour y recueillir de pauvres vieillards. M. Baugin, en léguant ainsi aux malheureux une riche portion de son patrimoine, a inscrit son nom parmi les bienfaiteurs de l’humanité. L’asile qu’il a fondé est déjà terminé, et déjà chaque jour douze voix de vieillards bénissent sa mémoire, attendant en paix leur dernière heure sous le toit hospitalier qui abrite leurs cheveux blancs, et où des mains amies soulagent leurs infirmités (1).
     (1) Une ordonnance de monseigneur l’évêque de Versailles, en date du 18 septembre 1835, a réglé l’administration spirituelle de l’asile Baugin, ou des vieillards.

2° COLLÈGE D’ÉTAMPES.


     Le souverain pontife Luce III, en instituant à Étampes le chapitre de Sainte-Croix, lui avait concédé le droit de désigner un maître qui eût la direction des écoles. Cette [p.63] collégiale en fit usage tour à tour avec celle de Notre-Dame, qui revendiqua aussi en sa faveur la possession de ce privilège (1). Telles sont les premières traces que nous découvrons d’un enseignement public à Étampes. Ces deux chapitres, dont nous avons longuement parlé ailleurs, peuvent donc être regardés comme les premiers instituteurs de la jeunesse. Ils en remplirent ou en dirigèrent ainsi les fonctions jusque dans 1e cours du seizième siècle.



     (1) Voir tome I, chap. X, p. 137 et suiv. [ici]
     À cette époque vint s’asseoir sur le trône de France, François Ier, prince brave et généreux, qui mérita le glorieux titre de père des lettres. Les habitans d’Étampes, connaissant son estime pour les savans, implorèrent son appui, afin de construire dans leur ville une enceinte spécialement consacrée à l’instruction gratuite de la jeunesse. Ils obtinrent du roi la permission d’employer à cet usage une partie des deniers qu’il leur avait octroyés pour réparer leurs murailles; «Estimant, dit un ancien auteur, que leur ville serait mieux défendue par des citoyens bien instruits aux bonnes lettres, avec la connaissance desquelles l’on acquiert aussi la prudence, que par des murailles et autres fortifications (2).» Les rois successeurs de François Ier secondèrent l’œuvre de ce grand monarque: Charles IX se .signala surtout en cette occasion par ses libéralités. C’est à l’aide de ses dons que fut bâti le grand corps de logis du collège, ainsi que l’indiquait [p.64] une inscription gravée sur une tourelle située à l’un des angles·de cet édifice (1).
     (2) Antiquités d’Étampes, p. 422.

     (1) Cette inscription était conçue en ces termes: Caroli noni regis galliarum christianissimi In Stampenses scholas beneficentia. Munere structa tuo quod habent haec tecta Camenae; Iustitia, ut regnes, et pietate rogant MDLXIV.
     Un revenu annuel de trois cents livres, pris sur les fonds destinés à l’entretien de la léproserie d’Étampes, fut dès lors affecté à celui du collège, dont les habitans de la ville choisissaient à leur gré les professeurs. Cet état de choses subsista jusque vers l’an 1629. A cette époque, ils résolurent, à l’imitation de quelques cités voisines, de se décharger de ce soin important, pour s’en reposer sur une communauté enseignante. Ils appelèrent donc dans leur sein plusieurs membres de la congrégation de Saint-Paul, dits Barnabites, et leur confièrent l’éducation de leurs fils. Ces religieux s’acquittèrent dignement de leur noble tâche, et jusqu’à la fin du dernier siècle, ils n’ont cessé de poursuivre dans la même enceinte avec zèle et désintéressement leurs paisibles et précieux travaux.

     De nos jours le collège d’Étampes, toujours situé dans le même édifice, vers le milieu de la rue Saint-Antoine, est une institution communale, dépendant de l’Université de France. Des professeurs zélés et habiles, choisis dans son sein, y dirigent la jeunesse, comme ses anciens maîtres, dans les droits sentiers de la science et de la vertu. Dans ces derniers temps l’administration municipale·s’est efforcée d’y favoriser les études spéciales [p.65] au commerce et à l’industrie, auxquels se destine, la majeure partie des élèves qui le fréquentent. Des cours particuliers à ses matières y sont établis. C’est un système d’éducation bien entendu dans ce pays et parfaitement approprié à ses besoins. La ville y consacre sur son budget une somme annuelle à titre de supplément de recette.

     Chapitre XVI: Hôtel-Dieu Collège d’Étampes.

 
 
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Source: édition de 1837 saisie par Bernard Métivier en mars 2012 (chapitre 16)
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
 
     Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre seizième», in ID., Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°; planches»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2 (1837),  pp. 59-65.

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.

     
Réédition numérique de ce chapitre: Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: L’Hôtel-Dieu et le Collège d’Étampes  (1837)» [édition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre16.html, 2012.

Sources utilisées par Montrond

     Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p.; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683.
     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De I’Hôtel-Dieu d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c13.html, 2007.
     Bernard GINESTE [éd.], «Dom FleureauDu College d’Estampes (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c14.html, 2005-2007.
     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De la Chapelle, & de l’Hôpital de saint Antoine (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c15.html, 2001-2007.
     Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: De l’origine et institution des Religieux Barnabites de la congrégation de saint Paul (1668)», in Corpus Étampois, www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-c16.html, 2001-2012.



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