CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Maxime de Montrond
Étampes de 1513 à 1534 
Essais historiques sur la ville d’Étampes, chapitre XV
1837
 
Jean Bourdichon: Anne de Bretagne en prières (livres d'heures, vers 1505)
Pierre Bontemps: Claude de France en prières (marbre, vers 1550)  
Jean Bourdichon: Anne de Bretagne (v. 1505) Pierre Bontemps: Claude de France (v. 1550)

   Maxime de Montrond traite ici de l’histoire d’Étampes de 1513 à 1534, alors que le comté est tenu successivement par les reine Anne de Bretagne et Claude de France puis par les grands officiers Artus Gouffier et Jean de la Barre. Il y ajoute une liste des magistrats municipaux étampois de 1503 à 1837, ainsi que sur les sous-préfets dÉtampes.

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Essais historiques sur la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1837, tome 2
Chapitre XV, pp. 47-57.
Étampes de 1513 à 1534
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


CHAPITRE QUATORZIÈME
ÉTAMPES DE 1513 A 1534


SUIVE DE: NOTE V
SUR L’ADMINISTRATION MUNICIPALE D’ÉTAMPES.


     CHAPITRE XV: Anne de Bretagne, Claude de France, Comtesse d’Étampes Quelques détails historiques sur ces deux reines Nouveaux détails sur la commune d’Étampes. NOTE V: Sur l’administration municipale d’Étampes. NOTE VI: Conseil municipal en 1837. —  magistrats.

    Anne de Bretagne, fille et héritière du duc François II et de Marguerite de Foix, naquit au château de Nantes (1476) et fut, à l’âge de quinze ans, mariée à Charles VIII, roi de France (1491). Peu de princesses ont reçu de la nature autant de dons séduisans qu’en possédait la jeune fille bretonne qui devait s’asseoir sur le trône de nos rois. Elle avait toutes ces grâces de la figure qui enchantent les yeux; sa taille était moyenne, mais noble et pleine de dignité. Le seul défaut que les historiens·aient remarqué en sa personne, est celui d’être un peu boiteuse: mais elle savait, dit-on, cacher avec tant d’art cette légère [p.48] infirmité, qu’il était comme impossible de l’apercevoir. Les qualités de son esprit répondaient aux agrémens de son corps. Elle était naturellement éloquente, judicieuse et très sensée. Son cœur se montrait généreux, sensible et franc; et l’une de ses vertus favorites était cette libéralité inépuisable qui sied si bien à la grandeur.

     Telle était la princesse qui partagea la couronne avec Charles VIII, gentil prince, doux, gracieux et accointable, dit un historien contemporain, et si bon qu’·il n’est point possible de voir meilleure créature. Pendant l’expédition du monarque en Italie, sa jeune épouse sut gouverner le royaume avec une prudence et une sagesse peu communes. Puis quand après sept ans d’une heureuse union, elle vit périr à la fleur de son âge le prince auquel elle avait donné son cœur, elle demeura quelque temps inconsolable. On rapporte que durant deux jours elle resta étendue par terre versant d’abondantes larmes, et refusant de prendre aucune nourriture. Et lorsque les dames de sa cour plaignaient sa destinée, en la voyant si jeune rester seule, sans enfans et veuve d’un grand roi. « Ah! plutôt, s’écriait-elle, rester ainsi veuve toute ma vie, que de m’abaisser jamais à un moindre que mon premier époux (1) ».
     (1) Chron. de Philippe de Comines, l. 5 et 6.
     La reine de France ne fut point infidèle à ces paroles; mais elle ne demeura point aussi dans un veuvage éternel. Un autre monarque devenant son époux la fit asseoir de nouveau sur ce même trône qu’elle avait déjà si dignement [p. 49] occupé. C’était Louis XII, successeur de Charles VIII, l’un des princes les plus accomplis de son temps.

     La royale veuve, replacée au rang suprême dont elle avait cru descendre, y brilla de nouveau par toutes les qualités heureuses dont la nature l’avait si libéralement dotée. Elle donna à sa cour un vif éclat, en appelant auprès de sa personne un grand nombre de nobles demoiselles bretonnes ou françaises. Son palais était pour elles une excellente école; elle leur. offrait constamment un modèle des plus hautes vertus et leur donnait l’exemple du travail. Jouissant de la plus grande partie des revenus de la Bretagne, elle les employait à secourir les malheureux, à fournir des équipages aux pauvres officiers, et à soulager leurs enfans ou1eurs veuves. Mais ses chers Bretons étaient toujours les principaux objets de sa libéralité. Aussi le roi, dit le chroniqueur Brantôme, l’appelait-il quelquefois dans ses goguettes, ma bretonne; trouvant qu’elle avait réellement le cœur plus breton que français (1). Elle avait su prendre un grand empire sur l’esprit de son époux. La première entre nos reines de France elle a joui de la prérogative d’avoir des gardes à elle et de donner audience à des ambassadeurs.
     (1) Brantôme.


     Mais il est temps de considérer Anne de Bretagne au sein de la ville dont elle devint souveraine par la munificence du roi. Hâtons-nous donc de la montrer au milieu de ses loyaux habitans d’Étampes, joyeux de voir [p.50] une si belle reine s’avancer vers leurs murs, et promettre à ses nouveaux sujets.sa puissante protection.

     Le roi Louis XII, voulant donner à la reine une preuve de son amour, jeta les yeux sur son comté d’Étampes que la mort du jeune Gaston venait de réunir à la couronne. Le monarque voulut qu’il devint la propriété d’Anne de Bretagne (1). Ce n’était point la première fois que ce même comté appartenait ainsi à une reine de France. On doit se rappeler que déjà deux illustres souveraines, Blanche de Castille et Marguerite de Provence, mère et femme de notre saint Louis, l’avaient possédé tour à tour (2).
     (1) Les lettres patentes données par le roi Louis XII en cette occasion, sont datées de Blois, du mois de mai, l’an de grâce 1513.

     (2) Voy. tome I, chap. XII, page 172 et suiv. [ici]
     Les habitans d’Étampes, instruits que leur nouvelle comtesse arrivant de Blois devait faire bientôt·son entrée dans leur ville, lui préparèrent une magnifique réception. Le roi, qui la précédait, arriva le premier; et sur son ordre, les échevins allèrent au devant de la. Reine jusqu’à Angerville. Elle parut bientôt au milieu des murs de la cité; et bien qu’elle eût désiré ne point faire d’entrée. Solennelle, elle ne put s’empêcher d’agréer de bonne grâce tous les honneurs qui lui ·furent offerts. La princesse logea dans le château, et elle trouva le paysage d’alentour si gracieux, que son séjour en cette contrée se prolongea durant un temps considérable. Cependant [p.51] les habitans, joyeux de sa présence, n’épargnèrent rien pour captiver sa bienveillance et l’attacher de plus en plus à des lieux qu’elle aimait et qu’en partant elle espérait sans doute bientôt revoir (1). Hélas! il n’en fut point ainsi. Une année ne s’était point écoulée encore et voilà que déjà Anne de Bretagne traverse de nouveau la ville d’Étampes. Mais quel lugubre cortège l’environne! Au lieu des grands de sa cour revêtus d’ornemens magnifiques, ce sont de fidèles serviteurs couverts de longs habits de deuil. Les chants de joie et d’ivresse sont remplacés par les larmes de la douleur, et le peuple qui avait contemplé naguère une reine, belle et jeune encore, parée de grâces et de vertus, ne découvre plus sous les voiles sombres de la mort qu’un corps inanimé, cheminant tristement vers l’antique basilique de Saint-Denis.


     (1) Voir pour plus de détails la note justificative à la fin du volume.
     Anne de Bretagne venait en effet d’expirer au château de Blois à l’âge de trente-huit ans (9 janvier 1514). La nouvelle d’une mort si inattendue causa une profonde tristesse aux habitans d’Étampes; ils voulurent du moins rendre dignement à leur chère comtesse les derniers honneurs, seul tribut d’hommage et de reconnaissance qu’il fût désormais en leur pouvoir de lui offrir. Instruit de l’approche du funèbre cortège, le peuple se porta en foule à sa rencontre. Les officiers de justice et les échevins, vêtus de robes et de chaperons de deuil, reçurent le corps de la reine à la porte de la ville au faubourg de [p.52] Saint-Martin; et suivis de tous les habitans, ils le conduisirent jusqu’à l’église Notre-Dame, où un pompeux service devait être célébré. On voyait, dit-on, briller dans cet imposant cortège, huit cents flambeaux ornés des armes de la ville, et autour du cercueil surmonté d’un dais, se tenaient fièrement six cents nobles chevaliers portant chacun un flambeau blanc, armoirié aux armes de Jérusalem. C’étaient les nombreux descendans d’Eudes-le-Maire, dit Challo Saint Mard, ce preux et fidèle seigneur dont on connaît déjà l’histoire. En vertu de leur franchise, ils étaient tenus de rendre en pareille occurrence aux têtes couronnées un solennel honneur; et ils s’acquittaient aujourd’hui de ce triste devoir imposé par la reconnaissance (1).
     (1) Voir tous les détails relatifs à l’histoire d’Eudes-le-Maire au tome I, chap. VI, p. 75 et suiv. [ici]
     Après que les habitans d’Étampes eurent ainsi rendu à leur illustre comtesse ces hommages d’un pieux souvenir, ils accompagnèrent ses restes hors de la ville, avec la même pompe qu’ils les avaient reçus. Et le char funèbre reprenant sa marche vint déposer le corps de l’auguste reine sous les voûtes de l’abbaye antique, auprès de celui du roi. Charles VIII, son premier époux (2). [p.53]

     
Le roi Louis XII ne survécut pas longtemps à son épouse bien aimée: dès l’année suivante, ce bon prince que ses vertus avaient fait surnommer le père du peuple rendit lui-même le dernier soupir (1515). Il ne laissait que deux filles, Claude et Renée de France. La couronne passa au comte d’Angoulême, premier prince du sang, issu de Charles V, par la branche cadette d’Orléans. C’était ce brillant monarque qui sous le nom de François premier, le père des lettres, allait régner avec tant d’éclat; son esprit, son talent, son courage, sa grandeur d’âme le rendaient digne du trône. Heureuse la France, si à tant de qualités précieuses, il en eût joint d’autres moins enviées mais non moins utiles: l’économie, la modération et la prudence!
     (2) Au nombre des qualités qui distinguaient la reine Anne, il en est une dont nous n’avons point parlé encore et qu’il est juste pourtant de rappeler: c’est son amour éclairé pour les beaux arts. Il existe à la bibliothèque royale un monument précieux du goût qu’avait cette princesse pour l’art de la peinture. C’est son livre d’Heures, en manuscrit, in-4° [bib]. Ce livre, à l’ornement duquel elle avait sans doute présidé, est décoré de figures en miniature d’une exécution très remarquable. Douze d’entre elles, distribuées pour chaque mois, représentent les opérations agricoles; les autres représentent les fêtes de l’année. Toutes les marges sont ornées de la figure d’une plante avec des insectes. Les plantes sont au nombre de 300; et plusieurs d’entre elles ne seraient pas rendues aujourd’hui avec plus de finesse et d’exactitude.
    Claude, la fille aînée de Louis XII et d’Anne de Bretagne, avait succédé à sa mère dans la possession du comté·d’Étampes (1). Cette princesse, née à Romorantin (1499), avait été fiancée, dès l’âge de sept ans, à François comte d’Angoulême (1506). Lorsqu’elle eut atteint sa quinzième année le roi voulut qu’on procédât à la célébration du mariage. La jeune épousée, qui se trouvait à Blois, fut donc mandée à Saint-Germain en [p.54] Laye (1). Elle prit son chemin par Étampes; mais la jeune princesse, modeste et timide, refusa pour cette fois toute espèce d’honneur; ce passage rapide de Claude de France fut néanmoins pour les habitans d’Étampes la source de quelques bienfaits. Elle avait reçu d’eux, par l’intermédiaire des seigneurs qui l’accompagnèrent, une humble requête qu’elle s’empressa de présenter au roi; le monarque céda facilement à ses prières, et le jour même du mariage de la princesse sa fille, il accorda à ses vassaux d’Étampes la faveur pour laquelle ils avaient imploré son bienfaisant appui (mai 1514) (2).
     (1) En vertu des lettres-patentes données par le roi à Anne de Bretagne et citées ci-dessus.

     (1) Le mariage de Claude de France et de François, comte d’Angoulême, fut célébré à Saint-Germain en Laye, le 4 mai 1514.

     (2) cette faveur consistait, ainsi qu’on l’a déjà vu ailleurs, dans le droit accordé aux habitans d’Étampes de se soustraire à la dépendance des lieutenans du roi, de se construire une maison commune et de régir eux-mêmes librement leurs affaires communales, à l’exemple de tant d’autres bonnes villes du royaume. (Voir tome I, chap. VII, p. 87 [ici]). Nous renvoyons à la fin de ce chapitre quelques nouveaux éclaircissemens sur cet objet.
     Deux années plus tard, Claude de France fidèle à sa promesse revint pour la seconde fois sur les terres de son comté. Alors le roi Louis XII, son père, avait terminé son règne; François premier était monté sur le trône; et la jeune comtesse d’Étampes, son épouse, joignait à ce titre celui de reine de France (28 janvier 1516). Les échevins suivis d’une foule d’habitans sous les armes, vinrent à sa ·rencontre et la reçurent sous un superbe dais qu’ils portèrent eux-mêmes au dessus de sa litière depuis la porte Saint-Martin, jusqu’au château, où elle [p.55] voulut loger. Les rues étincelaient d’une multitude innombrable de flambeaux; mais ce qui réjouit surtout les yeux de la reine, ce fut, dit-on, une compagnie de deux  cents petits garçons, portant chacun à la main une banderolle de taffetas ornée de ses armes. Après quelques jours passés à Étampes, elle continua sa route vers Paris, laissant tous les habitans enchantés des qualités heureuses qu’ils avaient reconnues en leur auguste souveraine.


     Claude de France, dont le règne fut si court et la fin si prématurée, Joignait en effet à une piété sincère, une grande douceur, un caractère toujours égal, et surtout une extrême bonté, qui la fit appeler de son temps la bonne reine. Son unique soin était de plaire à son époux, et de servir de son mieux Dieu et les pauvres. La douce et modeste devise qu’elle avait choisie, peint d’un seul trait la mansuétude et tout le calme de son âme. C’était une lune en plein avec ces mots: Candida candidis. Mais bien différente de sa mère Anne de Bretagne, la jeune épouse de François Ier n’avait point reçu de la nature ces dons extérieurs qui au premier abord séduisent les regards; sa taille était médiocre, les traits de son visage n’avaient rien qui fixât l’attention; et si quelque chose dans sa démarche rappelait la reine Anne, c’est qu’à son exemple elle boitait un peu, sans avoir toutefois comme elle l’art de déguiser presque entièrement ce défaut.

     Claude de France, à peine à l’âge de vingt cinq ans, vit terminer ses jours dans ce même château de Blois, où dix ans auparavant Anne de Bretagne avait rendu [p.56] aussi le dernier soupir. A sa mort le comté d’Étampes fut réuni au domaine de la couronne (20 juillet 1524). Deux ans après la mort de la reine Claude, François premier fit don du comté d’Étampes à Jean de la Barre premier gentilhomme de la chambre du roi (lettres-patentes du 13 avril 1526): l’histoire ne cite rien de remarquable de ce seigneur, qui jouit peu de temps de sa nouvelle possession.

    Bien que Claude de France ait été jusqu’à la fin de sa vie comtesse titulaire d’Étampes, la jouissance du comté paraît avoir été pendant quelques années, dans le même intervalle, affectée à messire Arthus Gouffier, comte de Maulevrier, et grand-maître de France, qui en avait au moins l’administration. Son nom se trouve mêlé à quelques faits que nous allons analyser.

    On a vu plus haut la concession des privilèges d’un maire et de la construction d’un hôtel de ville accordée par Louis XII, à Étampes, le jour du mariage de sa fille Claude. Par une circonstance singulière, cette concession ne reçut point une exécution immédiate. Ce furent les officiers mêmes du roi à Étampes qui s’y opposèrent, sans doute dans la crainte de voir diminuer leur influence et leur autorité; le procès renvoyé devant le prévôt de Paris, dura plusieurs années et fut terminé par une sentence arbitrale provoquée par Arthus Gouffier, et rendue malgré lui en faveur de la ville (28 mars 1517). Cette sentence règle dès lors la constitution municipale d’Étampes, lui donne une maison commune, un maire, et quatre échevins élus pour quatre ans par les habitans ou leurs députés, en présence des officiers du comté. Ce [p.57] n’est guère en effet que vers cette époque qu’on voit le premier magistrat municipal d’Étampes prendre le titre de maire et en exercer les prérogatives. La première élection faite vers l’an 1523*, donna pour maire à Étampes Jean de Villette, et pour échevins, Jean Poignard, Mace Baudequin, Jean Guétard Drapier, et Jean Gironné. Cet état de choses subit dans la suite diverses modifications que nous essaierons peut-être d’indiquer dans la suite de cet ouvrage (1).
     * Le texte porte: faite en 1517, mais fait l’objet d’une correction en fin de volume, p. 238 (B.G.).


     (1) Voir aux pièces justificatives [ici].
     CHAPITRE XV: Anne de Bretagne, Claude de France, Comtesse d’Étampes Quelques détails historiques sur ces deux reines Nouveaux détails sur la commune d’Étampes. NOTE V: Sur l’administration municipale d’Étampes. NOTE VI: Conseil municipal en 1837. magistrats.


NOTE V.
Sur l’administration municipale d’Étampes.
(Chap. XV, p. 56-57.)

     Nous avons mentionné en plusieurs chapitres de ces Essais (t. I, chap. VII; t.II, chap. XV), les privilèges concédés par Louis XII aux habitans d’Étampes, le 4 mai 1514. Ces privilèges, qui réglèrent dès lors la constitution municipale de cette ville, lui donnèrent une maison commune, un maire, et quatre échevins élus pour quatre ans. Cet état de choses subit dans la suite diverses modifications, que nous avions d’abord espéré pouvoir indiquer par ordre chronologique et successif. Mais les documens que nous avons pu recueillir à ce sujet sont fort incomplets et très confus, tant par suite de la dispersion d’une grande partie des registres de la mairie, qu’à cause des lacunes que présentent ceux même dont les archives de la ville sont dépositaires. Aussi n’entreprendrons-nous point sur cette matière un travail suivi et détaillé, qui offrirait d’ailleurs un bien mince intérêt, aujourd’hui qu’une administration [p. 230] uniforme régit la France entière. Nous pouvons toutefois tirer de nos recherches les inductions suivantes:


Edit du roi de 1677. Le corps de ville, vu la diminution considérable du nombre des habitans, fut réduit à deux échevins.

Nouvel édit de 1692, créant les offices royaux d’un maire, de deux assesseurs, d’un procureur du roi, d’un substitut, et laissant à la ville deux échevins électifs.

1717. Autre édit portant suppression de tous les offices municipaux. Election rendue à la ville.

1723. Création d’un maire mi-triennal aux gages de 378 fr. par an, et de deux échevins aux gages de 76 fr., sous le titre d’alternatifs et mi-triennaux, d’un lieutenant du maire, etc.

1724. Suppression des offices royaux; l’administration est réduite à deux échevins nommés par la ville, dont l’un prend le titre de syndic.

1727. Retour au système d’élection d’un maire et de deux échevins, par l’assemblée de ville, sous la présidence d’un officier du bailliage.

1765. Nouvel édit. Le roi nomme aux places de maire sur la présentation de trois candidats désignés par l’assemblée de la ville.

1772. Rétablissement des maires et des échevins au titre d’offices royaux.

1786. Nouvelle concession de la nomination des maire et échevins à l’assemblée de ville.
10°
1790. A cette époque la ville d’Étampes subit les changemens qu’un nouvel ordre de choses introduisit dans le royaume. Dès lors l’histoire de son organisation administrative se confond dans celle du reste de la France.
  

     On nous saura peut-être gré de présenter ici, à la suite [p. 231] de ces courtes remarques, une liste chronologique de quelques uns des magistrats municipaux de la ville d’Étampes, à quelque titre qu’ils aient exercé leurs fonctions. Nous regrettons qu’il s’y trouve des lacunes considérables, résultant de celles qu’offrent eux-mêmes les registres de l’Hôtel-de-Ville, dans lesquels nous avons puisé ces documens.

Années.
Noms des magistrats (1).
1503.
Ferry Alleaume.
1504.
 Jean Hue
1505.
Ant. Guichard-Mich. Poinat.
1506.
Robert Lecomte.
1507.
Pierre Branzon-Jean Baudequin.
1508.
Pierre Cunelier.
1509.
Noël Boutet.
1510.
Jean Poignard.
1511.
Jean Parent.
1512.
Jean Paris.
1513.
Cantian Ponville, Houdin-Hacte (2).
1515.
Guill. Texier-Litran Morin.
1516.
Jean Godin.
1517.
Jean Guillotin.
1518.
Jean Boutet. [p. 232]
1519.
Pierre Lelong.
1520.
Simon Collin.
1521.
Et. Lejeune-Jean Girault
1523.
Jean de Villette, premier maire. Jean Poignard, Mace Baudequin, Jean Guettard et Jean Gironné, échevins.
1536.
Simon Audren, maire. Jean Allard, Ant. Paris, Gilles Paulmier, Girault Hacte, échevins.
1539.
Jean Guettard, maire. Jean Mazublier, Jean Dantelu, Jean-Guy Laisné, Jacques de la Lucasière, échevins.
1551.
Jean Chaudoux, maire. Guillemot de la Lucasière, Jean Hamoys, Claude Godin, Michel Sainxard, échevins.
1555.
Ferry Alleaume, maire. Jacques de Lambon, Girault Hacte, Pierre Poignard, échevins.
1558.
Philippe Cormereau, maire.  Ferry Hue, Simon de la Lucasière, échevins.
1561.
Nicolas Mahon, Pierre de Billet, échevins.
1563.
Jean Chaudoux, maire. Jean Hue, Pierre de la Lucasière, Cantian Dallier, échevins.
1567.
Claude Paulmier, maire. Pierre Forest, Jean Houy, Christophe Chandelier, Jean Traincard, Simon Lelong, Jean Delaunay, Pierre Lamy, Etienne Levassor, échevins.
1573.
Simon Delorme, maire. Jean Levassor, Jean Lambert, échevins.
1575.
Jean Houy, maire.
Jacques Brechenier, J. de la Lucasière, Guettard, [p. 233] J. Dallier, Guill. Vincent, Cantian Foudrier, échevins.

1583.
Etienne Poignard, maire. F. Canivet, P. Ponville, Emery David, Guillaume Desauge, échevins.
1587.
Guillaume Vincent, maire. Barth. Chéron, Fr. Chéron, Cl. Hamoys, J.Godin Laisné, échevins.
1591.
Thomas Guettard, maire.
1595.
Claude Hamoys, maire. L. Levassor, A. Hobier, J. Moullé, échevins.
1600.
Pierre Ponville, maire. P. Boudeaux, F. Pinot, J. Boutevillain, Michel Lambert, J. Guerton, échevins.
1606.
Jean Hersant, maire. P. Lambert, Arthur Lelong, échevins.
1609.
Louis Levassor, maire. Ph. Thibault, P. Legendre, J. Guyot l’aîné, Jacques Desauge, échevins.
1613.
Jean Hardy, maire. Cantian Charron, Léon Laureault, P. Girard, J. Perrot, échevins.
1619.
Pierre Legendre, maire. J. Paris, Cantian Tronchot, P. de Lambon, Isaac Guisenet, échevins.
1623.
Simon Chauvin, maire. Michel Plumet, Michel Billet, P. Baron, échevins.
1627.
Léon Laurault, maire. Médard Godin , P. Laumosnier , Lambert, échevins.
1632.
Pierre Baron, maire. Cl. Poisson, J. Foudrier, P. Guyot, Robert Petit, [p. 234] J. Canivet, P. Boussard, échevins.
1636.
Michel Plumet, maire.
1637.
Pierre Guyot, maire. P. Legendre, J. Hersant, Fr. Pichonnat, échevins.
1641.
Gédéon Duplessis, maire. Fr. Rousse, J. Provensal, P. Bredet, Alexandre Charron, P. Laumosnier, échevins.
1646.
Jacques Bourdon, maire. Ch. Godin, L. Septier, L. Levassor, Noël Boissière, échevins.
1650.
Pierre Baron, maire. Et. Rivet, J. Laumosnier, J. Hochereau, Math. Genest, échevins.
1654.
Gabriel Debry, maire. Thibault Morin, J. Levassor, L. Charron, Claude Levassor, échevins.
1659.
François César Provensal, maire. J. Vincent, Gédéon Percheron, Fr. Martin, Jean Gabaille, échevins.
1663.
Thomas Migault, maire.
1664.
Sébastien Bredet, maire.  J. Rousse, Jean Lesage, Noël Joly, P. Plisson, échevins.
de 1672 à 1676 et de 1676 à 1716.
Sébastien Bredet, Pichonnat, Manet, maires. Julien Guyot de Labarre, Michel Pichonnat, Jean-François Gabaille, Clozier, J. Michel Picart, Ch. Gillet, Nicolas Plisson, Christian Hochereau, échevins. (De 1672 à 1716, il règne une confusion extrême dans les documens incomplets dont nous avons extrait les noms des magistrats cités ci-contre). [p. 235]
1721.
Gabriel Pichonnat, maire ( qualifié dans les délibérations du titre de maire perpétuel).  Martin, Lamy, Rousse d’Inville, Laumosnier de Gitonville, échevins.
1722.
Marc-Antoine Sergent, échevin.
1723.
Louis-Morin Le Roy de Gomberville, maire ancien et mi-triennal. Ant. Martin, P. Jabineau, Ant. Hochereau, Pierre Doches, Thomas Petit, Ch.Clozier, échevins; Laumosnier, lieutenant de maire ancien et mi-triennal; Et. Simonneau, P. Martin, échevins alternatifs et mi-triennaux.
1724.
Pierre Doches, Ant. Parizot, Laurent François.
1725.
Lepetit, échevin.
1727.
Le Petit, maire. Fesson et Parizot, échevins.
1735.
Le Roy de Gomberville, maire. Louis Brizet, échevin.
1738.
Nicolas Baron, Alexis Desforges, échevins.
1739.
Louis-Chrétien Hochereau, Jacques- François Voizot, échevins.
1746.
Edeline-Jean Gérard, maire. Ant. Pineau et F. Voizot, échevins.
1753.
Martin D’Aumont, maire. J.-F. Hochereau, L.-Cl.-Chrétien Hochereau, Michel-Alexis Desforges, échevins.
1755.
Claude Bomard Auquetin de la Chapelle, maire. Ph. Delisle, Clozier, échevins.
1757.
Charles-Alexandre Sergent, échevin.
1759.
Louis-Claude-Chrétien Hochereau, maire. Charles-Alexis Baron, Jean-Marc-Antoine Sergent, Ph. Delisle, échevins. [p. 236]
1766.
Hochereau, Ph. Poussin, Ch. Chrétien Périer, Chazottier, échevins. 
1767.
Denusières, P. Guetard, Charles Boivin, curé, Boncerf, échevins.
1771.
Ch. Chrétien Périer, Ph. Poussin, échevins.
1772.
Augustin de la Chapelle, maire. François Venard, Jean-Marc-Antoine Sergent l’aîné, échevins.
1774.
Jean-Marc-Antoine Sergent, maire. Baron aîné, J. Hochereau Desgréves, échevins.
1776.
Jacques Hochereau Desgréves, maire. François Venard, Baron, échevins.
1778.
Desmollières, Ch. Boivin, prêtre, échevins.
1787.
Jacques-Julien-François Picart, maire. Baron, Hème de Maison-Rouge,Jean Chevalier, chanoine, Baudry de la Poterie, échevins.
1790.
 Thomas Petit, maire. Nombre d’officiers municipaux.
1791.
Jacques-Guillaume Simonneau, maire, tué dans une émeute le 3 mars 1792.
1792.
Armand Clartan, maire. Administration municipale, cantonnale. Bouquin du Boulay, président.
An VII de la république
Boisson, président.
An VIII de la république
Thomas Petit, président.
1800.
Charles de Bouraine, maire. Louis-Marin Venard, Pierre-Louis Bureau, adjoints.
1808.
Joseph de Romanet, maire. Venard, Robert, Ant. Poluche, adjoints.
1815.
Jean-Gilles Boivin, adjoint.
Mai 1816.
Pierre-Louis-Marie de Tullières, maire. [p. 237] L. M. Venard, J.-G. Boivin, adjoints.
1821.
Les mêmes.
1824.
Ant. Duverger, adjoint, en remplacement de L.-M. Venard.
1826.
Jean-Gilles Boivin-Chevallier, maire. Druillet, Violette, adjoints.
1830.
Même maire. Louis-Pierre Goupy, adjoint.
1831.
Louis-Narcisse Venard, adjoint.
1834.
Colonel Cresté (François-Charles), maire. Nicolas-Christophe Brichard, adjoint.
1837.
Les mêmes.  Delanoue, avoué, deuxième adjoint.
 


SOUS-PRÉFETS DE L’ARRONDISSEMENT D’ESTAMPES
DEPUIS LA CRÉATION DE CES ADMINISTRATEURS.


An IX de la
république.

Marie-J.-B. Hénin de Longuetoise.
An XIII.
Charles de Bouraine.
1815.
Jamet.
Même année.
Charles de Bouraine.
Id.
La Boulinière, décédé en fonctions (1826).
1827.
Desroys du Roure.
1830.
Foye (Isidore), député en 1833.
1832.
Pavée de Vandœuvre ( maître des requêtes en 1834).
1834.
Edouard Bocher, auditeur au Conseil d’État, sous-préfet actuel (1837).
 







     (1) Les magistrats municipaux, au commencement du 16e siècle, portaient le nom de Syndics, échevins ou procureurs de la ville.
















     (2) En 1514. Concession de privilèges communaux par le roi Louis XII (Voir ci-dessus). Procès à cette occasion. La nomination du premier maire en vertu de cette concession, n’eut lieu que vers 1523, par suite de la sentence arbitrale, rendue en faveur de la ville en 1517. (Voir chap. XV, p. 56-57 [ici])


Frédéric Barré: Portrait de Jean de Villette (vers 1852)
Portrait de Jean de Villette, premier maire d’Étampes en 1523
par Frédéric barré, vers 1852
* NOTE VI.

     A la désignation des Magistrats qui, sous le titre de Maires, Échevins, Adjoints, etc., etc., ont rempli depuis un temps reculé jusqu’à nos jours, les fonctions municipales à Étampes, nous joignons celle des Membres du Conseil qui complète en 1837 l’administration de la cité

CONSEIL MUNICIPAL

     MM. Angiboust.
Boivin-Chevallier. Brichard, adjoint. Chevallier-Gérosme. Cresté, maire. Delanoue, adjoint. Doucet. Drot. Duverger (Henri). Gabaille, procureur du roi. Grandmaison (Aug.te). Grattery, juge. Gresland. Hamouy (Marc-Ant.e) Hamouy (Jean-Bapt.e). Huet (Théodore). Millocheau (Mathurin-Laurent). Pommeret des Varennes (Albin). Poteau. Sergent (Charles), juge. Sergent-Genet. Venard (Narcisse). Voizot, commandant de la garde nationale. [p. 240 (non paginée)]

Fonctionnaires de l’ordre judiciaire, en 1837, à Étampes.

TRIBUNAL DE PREMIÈRE INSTANCE.

      MM. Hénin de Chérel, président.
Sergent (Ch.es), Grattery, juges. Roger (Félix), Haüer, suppléans. Gabaille, procureur du roi. Tarbé, substitut. Diet, greffier.

JUSTICE DE PAIX.

      MM. Chartrain, juge de paix.
Chenain, greffier.
    * Cette note n’apparaît semble-t-il que dans certains exemplaires. (B.G.)
     CHAPITRE XV: Anne de Bretagne, Claude de France, Comtesse d’Étampes Quelques détails historiques sur ces deux reines Nouveaux détails sur la commune d’Étampes. NOTE VI: Conseil municipal en 1837. —  magistrats.

 
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
Source: édition de 1837 saisie par Bernard Métivier en mars 2012 (chapitre 15 et note 5)
BIBLIOGRAPHIE

Éditions
 
Jean Bourdichon:Oignon (livres d'heures d'Anne de Bretagne, vers 1505)      Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre quinzième» & «Note V. Sur l’administration municipale d’Étampes», Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°; planches»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2 (1837),  pp. 47-57 & 229-237.

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.

     
Réédition numérique de ce chapitre: Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Étampes de 1513 à 1534 (1837)» [édition numérique illustrée en mode texte], in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre15.html, 2012.

Sources alléguées par Montrond

     Jean BOURDICHON (enlumineur), Les Grandes Heures d’Anne de Bretagne [30,5 cm sur 20; 476 p.; manuscrit en français et en latin; 49 miniatures pleine page; 337 enluminures marginale; 337 plantes légendées en latin et en français], 1503-1508, conservé par la Bibliothèque nationale de France sous la cote Ms lat. 9474 (dont un scan du folio 143 ci-contre).
     Henri OMONT (1857-1940), Heures d’Anne de Bretagne: reproduction réduite des 63 peintures du ms. latin 9474 de la Bibliothèque nationale [in-8°; 10 p.; 64 planches], Paris, Berthaud [«Reproductions de manuscrits et miniatures de la Bibliothèque nationale. II. Miniatures» 18], 1906.
     Fernand de MÉLY (1851-1935), «Les Heures d’Anne de Bretagne et les inscriptions de leurs miniatures. Jean Bourdichon ou Jean Poyet?», in Gazette des Beaux-Arts 51 (1909), pp. 149-168.
     Léopold DELISLE, Les Grandes heures de la reine Anne de Bretagne et l’atelier de Jean Bourdichon [122 p;], Paris, E. Rahir, 1913.
     Émile MÂLE (1862-1954) [texte] & Edmond POGNON (1911-2007) [légendes], Jean BOURDICHON, Les heures d’Anne de Bretagne [36 cm sur 27; 34 p.; planches en couleurs], Paris, Verve [Verve IV/14-15], 1946.


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