CORPUS HISTORIQUE ETAMPOIS
 
 Maxime de Montrond
Étampes sous Robert le Pieux 
Essais historiques sur la ville d’Étampes, chapitres IV et V
1836
  
Sceau de Robert le Pieux (dessin d'un manuel de diplomatique de 1759)
Sceau de Robert II le Pieux (dessin fort idéalisé de 1759)

     Ces deux chapitres sont sans doute ceux qui ont le plus vieilli de l’ouvrage de Maxime de Montrond, puisque presque tout y est faux. Le palais et le château qu’il pense être ceux de Robert le Pieux lui sont bien postérieurs. L’église Notre-Dame a bien été fondée semble-t-il sous son règne, mais sans qu’il paraisse y avoir de part sensible. L’église Saint-Basile, quant à elle, lui est antérieure, et celle de Saint-Gilles bien postérieure. Quant aux reliques des saints Can, Cantien et Cantienne, elles ne paraissent pas s’être trouvées à Étampes avant le XIIIe siècle. D’une manière générale, les anciens Étampois attribuaient à Robert le Pieux tout ce qui leur paraissait remonter à une haute antiquité: mais les progrès constants de la recherche historique, qui se sont accélérés ces quinze dernières années, ont peu à peu tout démenti de ces prétendues traditions.
B.G., février 2012

      La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
     
Essais historiques sur la ville d’Étampes
Étampes, Fortin, 1836
Chapitres IV et V et Note III et IV, pp. 41-70.
Étampes sous le roi Robert le Pieux
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT


CHAPITRES QUATRIÈME ET CINQU
IÈME
ÉTAMPES SOUS LE ROI ROBERT LE PIEUX

SUIVI DE
Note III: Sur le château d’Étampes et la tour dite de Guinette.
Note IV:
Sur l’église collégiale de Notre-Dame d’Étampes.


     Chapitre quatrième: Robert-le-Pieux. — Son séjour à Étampes. — Palais, Châtel. — Tour dite de Guinette. — Chapitre cinquième: Suite du règne de Robert. —  Description de l’église Notre-Dame d’Étampes. — Détails sur l’architecture de divers autres monumens. — Quelques souvenirs du roi Robert. Note III: Sur le château d’Étampes et la tour dite de Guinette.Note IV: Sur l’église collégiale de Notre-Dame d’Étampes.


CHAPITRE QUATRIÈME


     Il est souvent, dans les annales des villes comme dans celles de la plupart des peuples, une époque glorieuse, que chacun de leurs habitans environne d’un religieux respect. C’est celle où, sortant de l’obscurité dont elles fu­rent couvertes jusqu’alors, elles apparaissent au jour, et commencent à jouer sur la scène du monde un rôle important, auquel peut-être plus d’une d’elles n’aurait osé prétendre. Ne pourrait-on pas dire que le règne du bon roi Robert, fils de Hugues Capet, fut pour la ville d’Étampes cette époque heureuse, qui sembla ouvrir pour
[p.42] elle une ère nouvelle de gloire et de prospérité? Ce pieux monarque, cherchant aux alentours de sa capitale un lieu propre à venir s’y délasser des fatigues de la royauté, arrêta sa vue sur le gracieux vallon arrosé par les eaux de la Juine. Sa présence habituelle sur ces bords, les dota de bienfaits, et donna enfin quelque peu de célébrité à des lieux demeurés jusqu’à lui presque inconnus dans notre histoire. Reposons donc nos regards avec complaisance sur le règne de ce prince. Ce n’est plus à travers des scènes de pillage ou des guerres sanglantes, que nous sui­vrons désormais les traces de l’acçroissement d’Étampes. Notre tâche devient plus douce et plus facile, en abordant de nouveaux récits où de brillans souvenirs font disparaître entièrement les vestiges de ses malheurs.

     La nature s’était plue à répandre ses dons sur le jeune Robert. Elle avait favorisé ce noble héritier du trône d’une taille majestueuse, d’une belle figure, et de toutes les grâces qui séduisent et captivent les cœurs; la France jouissait sous son règne d’un repos auquel elle n’était guère accoutumée. Mais lorsqu’il s’appliquait de tout son pouvoir à la félicité de son peuple, ce bon prince,eut à éprouver lui-même de rudes infortunes. Il avait épousé Berthe, sa parente, à un degré prohibé par l’Eglise. Résistant aux menaces du pape Grégoire V, qui exigeait une cruelle séparation, il fut excommunié par le souverain pontife; et le monde vit alors pour la première fois le spectacle d’un royaume mis en interdit. Les larmes du pauvre peuple émurent bientôt le cœur sensible de Robert. Il sacrifia son amour au bonheur de ses sujets. Berthe quitta la cour; et la reine Constance, fille de Guillaume
[p.43] comte d’Arles, vint s’asseoir à sa place sur le trône de France (998).

     Ce fut peu de temps après son mariage avec cette princesse, que Robert fit d’Étampes l’une de ses résidences royales. Un ancien auteur, contemporain et digne ami de ce monarque, a donné dans la chronique de sa vie quelques détails sur son séjour dans cette contrée. Nous aimons à rapporter ces naïfs récits.

     «— La reine Constance, dit Helgaud, avait fait construire à Étampes-le-Châtel, un noble palais, avec un oratoire. Le roi, charmé de cette nouvelle habitation, vint un jour plein de joie s’y reposer, et y prendre son repas avec les siens. Il ordonna qu’on laissât sa maison se remplir de pauvres. Un d’entre eux s’étant placé à ses pieds, le bon Robert voulut bien le nourrir lui-même, en lui passant des vivres sous la table. Cependant celui-ci, ne s’oubliant pas, fixait d’un œil avide un ornement de la valeur de six onces d’or, qui pendait aux genoux de son maître; il le détache enfin avec un couteau et prend aussitôt la fuite. Lorsque la foule des pauvres se fut retirée, la reine Constance voyant son seigneur dépouillé, se troubla et se laissa emporter contre le Saint à des paroles empreintes de peu de constance: — Hé, bon seigneur, quel est l’ennemi de Dieu qui a déshonoré votre robe d’or? —Moi? répondit Robert; personne ne m’a déshonoré: cet or était sans doute plus nécessaire à celui qui l’a pris qu’à moi, et, Dieu aidant, il lui profitera. Le roi ayant ainsi calmé l’orage se retira joyeux dans son oratoire. Avec [p.44] lui étaient alors Guillaume, abbé de Dijon, le comte Eudes, et bon nombre de notables seigneurs français (1).»

     Le noble palais, ouvrage de la reine Constance, con­struit dans la nouvelle ville, dite Étampes-le-Châtel, fut nommé le palais des quatre tours, à cause des tou­relles qui ornaient les quatre coins de son enceinte. Quel­quefois aussi il était appelé le séjour. Il se composait de plusieurs vastes batimens, bordés de jardins, et garnis d’immenses caves ou greniers, pour recevoir les vins et les blés du monarque, provenant des nombreuses vignes et terres qu’il possédait dans le territoire d’Étampes. Ces
[p.45] batimens étaient surmontés d’une haute tour en pierre d’où la vue pouvait s’étendre au loin dans la vallée envi­ronnante (1).

     C’est dans ce palais d’Étampes que vinrent habiter tour à tour le roi Robert, Philippe Ier, Louis-le-Gros, Louis VII, la reine Blanche et d’autres monarques char­més aussi des agrémens de ce séjour. L’histoire, en con­servant plusieurs diplômes de ces princes, datés du palais d’Étampes, a laissé des traces certaines de leur rési­dence dans cette contrée. Parmi ces actes, la majeure partie énonce des privilèges concédés aux habitans d’Étampes: le roi Robert, en fixant sa demeure dans cette ville, et lui donnant ainsi quelque importance, avait ou­vert pour elle une source nouvelle de bienfaits, et ses successeurs imitèrent son exemple.
     (1) Stampis castro Regina Constantia palatium construxerat nobile, simul cum oratorio. Quo delectatus rex ad prandendum cum suis laetus assedit, impleri domum sanctis pauperibus jussit. Inter quos ad pedes ejus unus se collocans, ab eo sub mensâ saliatus est; qui non obliviosus factus, ornamentum, quod erat in sex unciis auri dependens à genibus, et quod nos linguâ rusticâ labellos vocamus, ipso conspiciente, cultello diripit, quantocius discessurus. Liberata vacuatur domus à pauperum catervâ, imperat longè à se expelli, qui jam satiati fuerant carnium esu simul et poculo. Cumque surgerunt à mensâ, aspicit Regina dominum suum fraudatum gloriâ. Et turbata contra sanctum Dei, non constantia protulit verba: Heu, senior bone! quis inimicorum Dei vos aureo vestitu deturpavit honesto? — Me? inquit, aliquis non deturpavit; sed illi qui abstulit necessarium magis quam nobis, volente Deo, proficiet. Sedatis his vocibus, collocat se in oratorio rex Dei dono, laetificans se de suo perdito, et de suae conjugis dicto; adstantibus ibi domino Guillielmo Divionensium abbate, simul et Odone comite et non minimis francorum primoribus.
(Helgaldi Epit. Vitae Roberti regis. — Rec. des hist. de Fr., t. IX.) (bib)

     (1) L’antique palais de la reine Constance subsiste encore au­jourd’hui, mais dans un état bien différent de ce qu’il était jadis. La principale partie de ses bâtimens fut destinée à l’exercice de la justice, par Claude de France, femme du roi François Ier, et com­tesse d’Étampes. C’est à cet usage qu’il est consacré de nos jours. Des traces d’une ancienne chapelle ou oratoire s’y laissent encore apercevoir.

     Avant le milieu du dix-septième siècle, on voyait en­core à l’extrémité de la ville d’Étampes, du côté de Paris, et sur une colline qui domine toute la vallée, de nombreux débris d’un vaste château-fort, que plus d’un siège avait déjà ébranlé. Le dernier qu’il eut à subir, l’an 1652, par l’armée du roi sous les ordres de Turenne, fut suivi de sa ruine totale. Depuis cette époque, une énorme tour iso­lée, percée de nombreuses crevasses, est restée seule [p. 44] dans ces lieux comme pour en rappeler le souvenir. Or, c’est aussi au roi Robert qu’est attribuée la construction du Châtel d’Étampes. Les historiens contemporains de ce prince ne font point, il est vrai, une mention expresse de cette construction; mais cette opinion, appuyée sur une tradition ancienne, se déduit aussi d’une manière indirecte des propres paroles de ces mêmes historiens. Le chroniqueur Helgaud, faisant le récit des fondations de la reine Constance ou de Robert à Étampes, désigne tou­jours par ces mots: Étampes-le-Châtel (Stampis Castro), la partie de la ville où ces différens édifices furent élevés. On doit en conclure que, du vivant même du roi Robert, un nouveau quartier de la ville avait reçu le nom d’Étampes-le-Châtel, et que ce nom lui avait été donné par suite de la construction sur son territoire d’une vaste forteresse. Avant le règne de ce prince, on ne trouve dans l’histoire aucune trace du Châtel d’Étampes, ni rien qui rappelle le souvenir de la nouvelle ville. On ne peut donc guères hésiter à reconnaître dans le monarque qui le premier vint fixer sa demeure sur ces bords et les orna de plusieurs édifices, le fondateur de ce monument. De nombreux seigneurs de sa suite étant venus habiter avec lui au sein de la même vallée, y construisirent à leur tour de nouveaux manoirs aux environs de son palais; et c’est ainsi sans doute que se forma une nouvelle enceinte à laquelle sa proximité de la colline iù s’élevait le châ­teau fit donner le nom d’Étampes-le-Châtel (
1).
     (1) Voir Mémoires de du Tillet (bib).
     Nous voudrions pouvoir offrir ici une description [p.47] exacte de ce colossal édifice, dont plus d’une fois dans le cours de cet ouvrage nous aurons l’occasion de redire la gloire ou les malheurs. Mais lorsque le temps ou la main des hommes, passant sur ce monument antique, n’en ont laissé que de faibles débris, comment retrouver au milieu de leurs ravages les traces de son ancienne splendeur? Aucun écrivain du moyen âge n’a pris soin de le décrire, alors que debout encore sur sa colline, il dominait et dé­fendait la vallée tout entière. On peut cependant, à l’aide des indications géométriques de ses principaux bâtimens, fournies par un document historique que le temps nous a conservé, se former quelque idée de la construction et de l’aspect de l’ancien château d’Étampes (1). C’est d’après cette pièce importante que le P. Fleureau, dans son ou­vrage sur les antiquités de cette ville, en a donné à son tour une description. Nous la rapporterons ici presque fidèlement, en essayant toutefois de rajeunir et de rendre plus clair le style vieilli et embarrassé de son an­cien auteur.
     (1) Voir Extrait d’un procès-verbal de l’évaluation des domai­nes du duché d’Étampes, fait au mois de juin 1543, fol. 52.

     Le château d’Étampes, situé au bout de la ville du côté de Paris, sur une éminence d’où il dominait tout le vallon, était environné de fossés; on découvrait d’a­bord un gros pavillon de quatre toises de hauteur et de seize pieds et demi de large, servant de porte d’entrée. Il y avait trois grands corps de logis: l’un de neuf toises de hauteur et de quatre de large, au bas duquel était, au rez-de-chaussée, une chapelle dédiée à saint Laurent, [p.48] martyr; le second bâtiment avait treize toises et demi de hauteur et trois et demi de largeur; enfin, le troi­sième, haut de huit toises, en avait cinq de largeur. Ces divers corps de logis étaient accompagnés de trois grands escaliers couverts en pavillon, et de plusieurs petits bâ­timens servant de dépendances. Sur le haut s’étendait une belle galerie de douze toises de longueur sur deux de large, d’où l’on découvrait la ville entière. Un escalier particulier y conduisait, et elle se terminait par une vaste plate-forme garnie de gros murs. Il y avait en outre trois tourelles sur le devant avec des contre-piliers. Cette plate­forme servait de point de batterie pour la défense du château; c’était aussi un lieu agréable, d’où les yeux se promenaient avec plaisir sur la ville, les prairies voisines et toute la vallée. Au centre de tous ces édifices s’élevait une énorme tour de vingt-et-une toises de hauteur sur quatorze de large, dans laquelle était un puits de vingt-cinq toises de profondeur. Auprès de cette tour s’en trou­vait une autre servant de donjon et faite en forme de rose à quatre feuilles; elle avait quarante toises de cir­conférence et vingt de hauteur; ses murs avaient douze pieds d’épaisseur. Dans son sein était un escalier en forme de pied droit pour monter à son sommet sur lequel s’é­levait une tourelle ou guérite qui servait à surveiller les avenues et les environs du château. Tous ces édifices étaient revêtus d’ardoise et de plomb, et décorés de roses, de fleurons et autres ornemens. Il ne reste aujourd’hui qu’une partie de la tour ou donjon.

     Le plan de cette tour, dite tour de Guinette, «est extraordinaire et se compose de quatre sections de
[p.49] cercle qui, dans leur élévation, présentent les forme de quatre tours rondes, réunies et engagées les unes dans les autres. L’intérieur offre un plan circulaire; l’espace qui se trouve entre ce plan intérieur et celui de quatre portions de tour qui se voient à l’extérieur, est occupé par quelques pièces de dégagement qui sont éclairées par de petites fenêtres. Cette tour était fort élevée.» (Dulaure, Histoire des environs de Paris, t. VII) (bib).

     Quant à l’étymologie du nom Tour de Guinette, ce n’est qu’à l’aide de conjectures plus ou moins probables, qu’on peut espérer de la découvrir. Un tel sujet a exercé la sagacité de quelques habitans de ces lieux; l’un d’entre eux, après de laborieuses recherches, cédant trop facile­ment sans doute au désir de trouver dans les siècles les plus reculés quelques traces de l’origine de l’antique châ­teau d’Étampes, a cru le voir déjà célèbre au temps des premiers gaulois, nos aïeux. Dans son opinion, le sol d’Étampes ne serait autre que celui de l’Agendicum des Romains, dont il est si souvent fait mention dans les Com­mentaires de César. S’appuyant donc sur certains passa­ges du même ouvrage, relatifs à un ancien temple des Druides, sis dans le voisinage des villes Agendicum et Carnutum (Sens et Chartres), et dont le conquérant des Gaules aurait fait une forteresse, notre antiquaire croit rencontrer les vestiges de cet édifice dans les ruines du castel même d’Étampes. C’est dans son enceinte qu’aurait eu lieu chaque année la consécration solennelle du Gui par les prêtres gaulois, et le nom de Guinette aurait ainsi été donné à une partie du bâtiment destinée plus spécia­lement sans doute à cette cérémonie. Mais dans ces débris
[p.50] d’un château fort, dont tout nous porte à fixer la fonda­tion au temps du roi Robert, comment reconnaître des traces d’un monument druidique? Loin de s’élever sur des collines, ces mystérieux asiles, formés par de sombres cavernes cachées au fond des bois, tels qu’il s’en trouve encore quelques vestiges sur le sol de notre France, étaient des réduits presque impénétrables. Mais c’est déjà s’arrê­ter trop long-temps sur une supposition erronée, aussi gratuite que bizarre et singulière.

Daniel Ramée: Notre-Dame d'Etampes (gravure, 1836)
Daniel Ramée: Tour de Guinette (1836)
     Sans remonter à des âges aussi reculés, peut-être devrait-on croire que le nom de Guinette dérive de celui du seigneur Gui, fils de Hugues du Puiset et vicomte d’Étampes, sous le règne de Louis-le-Gros. Mais l’opinion la plus probable et que nous adoptons de préférence, est celle qui trouve dans le mot guinette une corruption du vieux mot français guignier (voir de loin, observer). Cette étymologie parait d’autant plus juste, que cette tour, bien plus élevée autrefois qu’elle ne l’est aujourd’hui, servait de donjon ou de point de mire pour surveiller, en temps de guerre, les dispositions de l’ennemi et donner l’éveil aux troupes du castel au moment de son approche (1).
     (1) Voir à la fin du volume la note III, sur le château d’Étam­pes et la tour de Guinette (ici);
     La sombre enceinte du château d’Étampes servit plus d’une fois la vengeance des princes, quand, après une victoire, ils voulurent enchaîner les mains coupables qui avaient osé attenter aux droits de leur couronne. Là furent enfermés sous bonne escorte, Humbault, seigneur [p.51] de Sainte-Sévère, au pays du Limousin (1), le comte de Glocester, vaincu par les armes de Philippe-Auguste, Jean Britaut, chevalier, et sans doute aussi bon nombre d’au­tres seigneurs dont l’histoire n’a point conservé les noms. Pourquoi faut-il qu’au souvenir des guerriers, ennemis de la France ou de leur roi, dont ces murs furent la prison, vienne se mêler celui d’une illustre princesse, belle autant qu’innocente, et vertueuse autant qu’infortunée! Mais bien que la dure captivité de la reine Ingelburge semble devoir imprimer à ce château un caractère sombre de terreur et d’effroi, on sent à son approche d’autres pen­sées s’offrir à l’esprit. Plusieurs sièges importans soutenus depuis avec vigueur, et de nobles faits d’armes, ont fait presque oublier les royales douleurs dont ces lieux furent les témoins.

     Mais n’anticipons point sur des événemens qui trouve­ront place à leur tour dans la suite de cet ouvrage. Après avoir parlé de quelques-uns des monumens dus au règne du roi Robert, poursuivons notre tâche sur le même ter­rain, et montrons par quels autres édifices il signala sa piété et sa munificence en faveur de la ville qui avait accueilli, joyeuse, cet hôte royal dans ses murs.


     (1) Vita Sugerii. — Chroniques de Saint-Denis (bib).

CHAPITRE CINQUIÈME


     Suite du règne de Robert. —  Description de l’église Notre-Dame d’Étampes. — Détails sur l’architecture de divers autres monumens. — Quelques souvenirs du roi Robert.

     A l’avènement de Robert au trône, le monde chrétien était dans l’attente de cette heure solennelle qui devait clore la série des siècles écoulés. C’était en effet une croyance universelle au moyen âge, que le monde devait finir avec l’an 1000 de l’incarnation (1). «Avant le christianisme, dit M. Michelet, les Etrusques aussi avaient [p.54] fixé leur terme à dix siècles, et la prédiction s’était accomplie. Le christianisme, passager sur cette terre, hôte exilé du ciel, devait adopter aisément ces croyances (1)». Les calamités effroyables qui précédèrent ou suivirent de près l’an 1000, avaient accru dans les esprits cette sombre et mystérieuse attente. Le cours des saisons semblait être interverti, et d’horribles fléaux venaient affliger la terre, comme des signes certains de sa décadence et de sa prochaine destruction (2).
     (1) Voyez une foule de chartes de cette époque, commençant toutes par l’une de ces formules: Mundi termino appropinquante, fine saeculi imminente, ou d’autres semblables.

     (1) Hist. de France, t. II (bib).
     (2) An 987, grande famine et épidémie. — 989, grande famine. — 990-994, famine et mal des ardens. — 1001, grande famine, etc. On peut lire dans nos vieux historiens les récits affreux des souffrances du peuple durant ces années de détresse et de calamités. — Voy. Rad. Glaber. — Chronic. Ademari Cabannens. — Chronic. Virdunense, etc. (bib)
     C’est au milieu de cette époque si critique que parut le bon roi Robert. L’an 1000 s’écoula enfin sous son règne, sans que le soleil suspendît sa marche, et sans que la voix de l’ange appelât les hommes au dernier jugement. «Il sembla que la colère divine fût désarmée par cet homme simple, en qui s’était comme incarnée la paix de Dieu. L’humanité se rassura et espéra durer encore un peu; elle vit, comme Ezéchias, que le Seigneur voulait bien ajouter à ses jours. Elle se leva de son agonie, se remit à vivre, à travailler, à bâtir; à bâtir d’abord les églises de Dieu (3).» Alors on vit à une morne stupeur succéder une activité extraordinaire. Quelques années s’étaient écoulées à peine depuis l’époque fatale, et déjà dans le  [p.65] monde presque entier, mais surtout en Italie et dans les Gaules, les basiliques avalent été renouvelées. Les peuples chrétiens rivalisaient entre eux à qui élèverait les plus magnifiques. «On eût dit, ajoute une chronique, que le monde se secouait lui-même, et qu’ayant dépouillé sa vieillesse, il revêtait partout la robe blanche des églises (1).»
     (3) Michelet, Hist. de France, t. II (bib).

     (1) «… Erat enim instar ac si mundus ipse excutiendo semet, rejecta vetustate, passim candidam ecclersiarum vestam indueret.» (Glaber, l. III, ch. 4, apud Scr. fr.  X, 29.) (bib)
     Le roi Robert seconda, de tous ses efforts cet élan religieux des peuples. C’est à son zèle et à sa piété qu’est due la construction de plusieurs de ces temples splendides qui ornent aujourd’hui encore la surface de la France (2).
     (2) Helgaud, Vie de Robert (bib).

     La ville d’Étampes, l’une des résidences royales de Robert, ne devait point demeurer étrangère à ce genre de bienfaits. L’historien Helgaud nous apprend que ce pieux monarque fit bâtir, dans Étampes-le-Châtel, une église sous l’invocation de la vierge Marie (
3).
     (3) Voir Helgaud, Vita Roberti (bib).
     Elle fut élevée sur les ruines d’une petite chapelle, consacrée autrefois sous l’invocation de saint Serin. C’est cette belle église de Notre-Dame, qui fait aujourd’hui encore le principal ornement de notre ville. Sise non loin de l’ancien palais des rois, et comme au centre d’Étampes-le-Châtel, elle prit dans la suite le nom de Notre-Dame-du-Fort; des murs crénelés, qui environnent encore la partie inférieure du clocher, témoignent de ses anciennes fortifications. Le voisinage de cet édifice des autres fondations [p.56] du roi Robert, et les souterrains qui joignaient le palais au château, où la cour, dit-on, se retirait souvent aux approches de la nuit pour éviter les surprises de l’ennemi, semblent nous révéler dans ces trois monumens un seul et vaste système de constructions qu’on ne peut guère séparer. Lorsque deux d’entre eux, détruits ou mutilés, ne présentent que peu de traces de leur ancienne splendeur, le troisième, l’église de Notre-Dame, est debout encore, bien qu’elle ait eu aussi à souffrir des injures du temps et de la main des hommes. Sur lui, nous arrêterons donc plus long-temps nos regards, et nous essaierons de faire connaître avec quelque détail les principales beautés de son architecture.

     L’église collégiale de Notre-Dame d’Étampes mérite d’être rangée au nombre des monumens historiques les plus remarquables et les plus antiques de la France. Cet édifice, si voisin de la capitale, n’est point assez connu; puisse la courte description qui va suivre, faire porter les yeux sur lui, et engager quelque habile antiquaire à lui consacrer une étude spéciale, pour en dévoiler tous les mystérieux trésors!

     L’aspect extérieur de ce monument annonce déjà toute son ancienneté. La tour du clocher et sa flèche octogone, entourée à sa base de quatre clochetons percés à jour, sont d’une forme élégante et légère. Les réparations successives que le temps a nécessitées, ont défiguré quelques parties de la façade; ces deux causes réunies concourent à diminuer l’agrément que sa vue devrait offrir à l’artiste. Une des singularités extérieures de cet édifice, c’est qu’il est [p.56] [p.57] couronné, comme l’église de l’abbaye royale de Saint-Denis, près Paris, d’un rang de créneaux, ce qui lui donne un air de forteresse. Cette partie de l’édifice, toute militaire dans ses formes, fut ajoutée au treizième ou quatorzième siècle, lors des guerres contre les Anglais. Le portail principal est simple, et mérite peu de fixer notre attention. Mais il n’en est point ainsi d’un portail latéral, ouvert sur la place du marché; c’est l’un des objets les plus curieux de tout le monument, et je dois me garder de le passer sous silence. Ce portail, construit en ogive, appartient au commencement du XIIIe siècle. On y trouve des chapiteaux uniques dans leur genre: au lieu de feuilles, de rinceaux, ou de têtes de chimères, ils présentent des scènes entières du Nouveau Testament sculptées avec beaucoup d’art. Ainsi à droite, nous voyons l’Annonciation, la naissance de Jésus-Christ, la fuite en Egypte, etc., à gauche, c’est la présentation du temple, la tentation de Jésus sur la montagne, etc. En ôtant l’épaisse poussière ramassée sur ces beaux chapiteaux, M. Daniel Ramée, jeune et savant architecte, qui vint visiter cette église durant l’automne 1835, découvrit des peintures aussi fraîches que si elles venaient d’être appliquées (
1). Les petites figurines de ces sculptures ont une délicatesse et un fini qui permettent de voir en elles l’ouvrage de très habiles mains. Au-dessous de ces chapiteaux, et à chacun [p.58] des deux côtés de la porte, on aperçoit trois grands personnages sculptés sur la pierre, et revêtus de longues robes. L’un d’eux, qui tient dans ses mains les tables de la loi, est sans doute Moïse: un autre qui porte une verge, est peut-être Aaron. Les autres ne portent aucun emblème qui puisse les faire reconnaître. Ces grossiers simulacres, tous mutilés par le haut, sont chacun surmontés d’un de ces baldaquins élégans dont le double but était d’honorer de pieuses images et de les préserver des injures du temps. Dans la partie supérieure du portail, et dans l’enceinte enfoncée du demi-cercle qui domine l’entrée, on voit environ trente autres personnages sculptés et vêtus de robes également, tous assis et tenant en main des lyres, ou autres instrumens à cordes. Il est difficile de donner l’explication certaine d’un tel sujet; peut-être a-t-on voulu représenter une image des concerts du ciel: mais serait-il trop téméraire de croire que l’artiste a voulu plutôt consacrer ici le souvenir du célèbre concile national tenu à Étampes sous le règne de Louis-le-Gros? Ce concile, dont nous parlerons ailleurs avec détail, est un événement important au moyen âge. Ce fut, selon toute apparence, dans l’église de Notre-dame, que se tint cette mémorable assemblée. Pourquoi donc n’aurait-on point cherché à en perpétuer la mémoire, en gravant l’image d’une réunion d’hommes occupés à chanter les louanges de Dieu, sur le fronton de ce même édifice où tout l’épiscopat des Gaules avait aussi, par des actes de justice et de sagesse, célébré la gloire de l’Eternel (1)? [p.59]
Daniel Ramée: Notre-Dame d'Etampes (gravure, 1836)
Daniel Ramée: Notre-Dame d’Étampes (gravure, 1836)

     (1) M. Daniel Ramée, l’auteur des quatre planches renfermées dans cet ouvrage,  a bien voulu me communiquer ses notes sur l’église de Notre-Dame d’Étampes: c’est donc à lui que je suis redevable d’une partie des détails consignés ici sur cet intéressant monument.






     (1) Voir au chapitre VIII de cet ouvrage l’histoire de ce concile (ici).
     Nous nous sommes long-temps arrêtés sur le seuil du temple; pénétrons maintenant dans son enceinte. Ce qu’elle présente de plus remarquable sont les variétés nombreuses de son architecture. On trouve ici réunis tous les genres de style qui ont caractérisé l’art aux diverses époques de notre histoire: le style roman, le style en ogive, celui enfin de la renaissance. On doit en conclure que l’église de Notre-Dame d’Étampes, demeurée inachevée au temps de son premier fondateur, fut en d’autres siècles tour à tour agrandie, réparée, en même temps qu’elle était décorée des ornemens conformes au goût des différens âges. La nef principale, d’un aspect un peu lourd et massif, est sans contredit, avec le clocher et les deux collatéraux, la partie la plus ancienne et la portion primitive de l’église. Comme nous l’avons dit ailleurs, elle date du règne du roi Robert, au commencement du XIe siècle. Cette nef n’a que deux travées, dont l’architecture est romane. Les colonnes sont grosses, courtes, peu élégantes, mais les chapiteaux qui les couronnent sont fort caractéristiques, quoique peu élevés et aplatis sur eux-mêmes. Quelques-uns sont ornés de figures bizarres et symboliques. Les feuilles dont ils se composent représentent une végétation exotique, la plupart des plantes grasses. Leur simplicité annonce que la peinture devait venir en aide à la sculpture, afin de produire cette richesse et cette magnifience [sic] que nous admirons dans l’architecture polychrome de quelques édifices d’Allemagne et d’Italie. Aussi découvre-t-on sous l’épais badigeon qui recouvre ces chapiteaux, des vestiges, quoique rares, de couleurs brillantes et bien conservées. Il suffit d’enlever [p.60] avec un outil cette désespérante croûte pour découvrir l’azur, le vermillon, le sinople et l’or qui rendaient les édifices sacrés si riches et si éblouissans aux XIe, XIIe et XIIIe siècles, époques si religieuses et si grandes en toutes choses.

     On doit ranger aussi au nombre des objets les plus antiques le bénitier en marbre, ou espèce de granit noir, en forme de chapiteau renversé, qui se trouve à droite à l’entrée de l’église par le portail méridional. On y aperçoit des fleurs de lys dont la forme remonte vers les premières années du XIe siècle.

     La totalité du chœur et les croisées appartiennent, par leur style et celui des ornemens, à la seconde période du XIIe siècle. Aussi les colonnes sont-elles annelées et d’une architecture élégante, selon le goût de cette époque. Elles sont toutes, ainsi que les colonnettes, d’un diamètre petit en apparence, vu leur grande élévation. Mais ce défaut de proportion leur donne un aspect de légèreté et de délicatesse qui distingue d’une manière toute particulière l’église de Notre-Dame d’Étampes. Il est à regretter que la terminaison du chœur ait été mutilée. Ainsi au lieu d’une jolie abside circulaire, flanquée de chaque côté de chapelles mystérieuses, éclairées par un demi-jour, on aperçoit une grande fenêtre qui coupe carrément l’extrémité orientale du chœur. A droite de cette partie de l’enceinte sont deux jolies rosaces, placées au-dessus d’un grand vitrail peint, dont les nombreuses dégradations ne permettent guère d’apprécier le sujet.

     La forme de l’édifice entier est fort irrégulière. On doit remarquer d’abord que le clocher n’est point placé vis-à-vis
[p.61] la nef. Les deux bas-côtés sont en outre très inégaux, surtout dans leur partie supérieure; ainsi tandis que celui de droite se développe et s’élargit en avançant vers le haut de l’église, celui du côté gauche au contraire se replie sur lui-même, et laisse à peine à son extrémité place à une étroite chapelle. Cette chapelle est ornée de deux statues en pierre du XIIe siècle. L’une d’elles représente saint Pierre, tenant en mains les clefs; la seconde, grossièrement mutilée, ne peut guère être reconnue.

    Deux autres chapelles doivent aussi fixer l’attention. La première dite de Sainte-Marguerite, ou du Sépulcre, annexée à l’aile gauche est une construction du XVe ou XVIe siècle. Les voûtes peu élevées sont couvertes de peintures à fresque représentant les quatre évangélistes avec leurs divers symboles et d’autres ornemens. L’une des clefs de voûte est sculptée avec assez d’art, et offre l’image de la Vierge tenant l’enfant Jésus dans ses bras. La seconde chapelle, souterraine, et placée sous les dalles du chœur, servait, dit-on, aux chanoines durant l’hiver pour y célébrer l’office canonial. Elle est voûtée également, et comme la première, elle offre des peintures à fresque bien conservées.

     Nous terminerons cette description en mentionnant deux portes latérales qui ne doivent point passer inaperçues. L’une d’elles, ouverte du côté du cloître, est remarquable par la fenêtre qui la surmonte, où l’on rencontre des sculptures du style de la renaissance. L’autre, aujourd’hui inconnue et hors d’usage, est située à l’extérieur de l’édifice, dans l’angle que forme la nef avec le bras gauche de la croisée. C’est là qu’on découvre en effet [p.62] les restes d’un portail en ogive de la forme la plus élégante. Il est supporté par de légères colonnettes ornées de bandelettes et d’un rang de perles. Ces précieux débris, si dignes de voir le jour, demeurent aujourd’hui ignorés et enclavés dans un chantier.

     Tels sont les détails les plus curieux que j’ai dû signaler dans l’ancienne église collégiale de Notre-Dame d’Étampes. Bien qu’au milieu des dégradations ou des réparations successives qu’il a éprouvées il soit assez difficile d’en rétablir le plan, la forme et les proportions primitives, ce bel édifice, comme on pu le voir, offre à l’artiste et à l’antiquaire un objet fécond d’observations et d’études; il mériterait donc à tous égards de prendre rang parmi ces monumens nationaux que l’état protège, et dont il s’efforce de sauver d’un dernier naufrage les restes vénérés.

     L’auteur des Antiquités d’Étampes, en gardant un silence complet sur les richesses architecturales de l’église Notre-Dame, c’est au contraire longuement apesanti sur les privilèges et les prérogatives des chanoines de cette collégiale. Il a rappelé avec complaisance les divers titres publiés en leur faveur par les souverains pontifes ou les rois de France. Ses nombreux chapitres sur ce sujet me dispenseraient de le traiter à mon tour, si tous ces détails, aujourd’hui peu importants pour bien des lecteurs, n’étaient d’ailleurs étrangers au plan que je me suis tracé (1). [p.63]
     (1) Voir la note IV à la fin du volume (bib).
     Mais on pourrait m’adresser de justes reproches si, en décrivant les richesses de Notre-Dame d’Etampes, j’oubliais de parler du dépôt sacré qui lui fut confié jadis et qu’elle garde encore soigneusement dans son enceinte. Ce sont les restes précieux des saints martyrs Can, Cantien et Cantienne, dont cette église est en possession depuis son origine. On croit en effet que ces reliques furent données par le pape Benoit VII au roi Robert, lors de son voyage à Rome, et que ce prince en enrichit immédiatement le pieux édifice dont il était le fondateur. La ville d’Étampes reconnut dès lors ces généreux personnages pour ses patrons, et elle n’a cessé depuis cette époque de les honorer d’un culte particulier.

     Can, Cantien et Cantienne, nobles romains, étaient issus de l’illustre famille d’Anicius, d’où sortirent plusieurs consuls ou empereurs, et qui donna le jour au célèbre Boëce. Ils furent élevés dans la foi chrétienne. Mais la cruelle persécution de Dioclétien et de Maximien étant survenue, ces jeunes seigneurs vendirent leurs grands biens, en donnèrent le prix aux pauvres, et fuyant leur patrie, se retirèrent en la ville d’Aquilée. L’obscurité dont ils cherchaient à s’envelopper ne put les dérober à la fureur de leurs ennemis. Leur nom, le bruit de leurs vertus se répandit bientôt dans la cité. Ils furent dénoncés comme chrétiens et forcés de comparaître  devant le préfet Dulcidius. La fermeté, la hardiesse de leurs réponses irrita le fidèle ministre de la cruauté de l’empereur. Les jeunes romains furent jetés dans une étroite prison. Or, on rapporte que brisant leurs fers, ils étaient parvenus à s’évader. Ils fuyaient hors des murs lorsque à trois mille pas de [p.64] la ville, l’un des coursiers qui traînaient leur char étant venu à s’abattre leur marche fut ralentie, et il retombèrent captifs entre les mains des soldats qui les poursuivaient. On leur présenta aussitôt une petite idole de Jupiter pour la leur faire adorer: mais ces généreux chrétiens la repoussant avec horreur, persistèrent dans leur noble refus. Les soldats tirant alors leurs glaives, exécutèrent aussitôt sur eux la sentence de l’empereur. Sur le terrain témoin du supplice de ces trois martyrs, dans le voisinage de la mer, se trouve maintenant, dit-on, un petit village nommé San Cantiano.

     Tels sont les héros chrétiens dont la ville d’Étampes a recueilli les restes précieux. Ces restes reposaient autrefois dans une magnifique châsse où l’or et l’argent brillaient de toutes parts. Elle n’existe plus aujourd’hui: mais de nos jours encore, quand deux fois durant l’année, au retour du printemps, les reliques des glorieux patrons d’Étampes, portées en des châsses plus modestes, parcourent en triomphe les rues de la cité, la foule n’est pas moindre qu’aux plus beaux jours des temps passés. Des hameaux voisins, des villes environnantes, on accourt se ranger sur les pas de la marche solennelle. Les mères amènent joyeuses leurs petits enfants à la fête des corps saints, et la religion reçoit dans cette pompe sacrée un éclatant hommage (1).
     (1) Cette fête se célèbre encore à Étampes, le mardi de Pâques et le mardi après la Pentecôte. L’affluence du peuple y est toujours très considérable.
     Mais ce n’est point en ces jours seulement que les patrons [p.65] d’Étampes reçoivent des marques touchantes de la vénération du peuple; de tout-temps lorsque la maladie ou l’adversité l’accablent, on l’a vu recourir à leur puissante protection: et plus d’une fois, disent les chroniques, des prodiges merveilleux sont venus couronner sa pieuse confiance. Dans les calamités publiques, c’est toujours à eux qu’il demande du secours. A une époque récente encore, quand le fléau asiatique qui décimait la capitale, étendait aussi ses ravages sur la vallée d’Étampes, on a vu ce pauvre peuple, conduit par l’espérance, se rassembler en foule sous l’aile tutélaire de ses saints, et réclamer leur salutaire  appui avec les larmes d’une simple et consolante foi.


     L’église Notre-Dame d’Étampes n’est point la seule en cette ville dont on doive attribuer la fondation au roi Robert. Celle de Saint-Basile, sise dans son voisinage, se présente aussi à nos regards comme un monument élevé par les soins de ce monarque. Ici encore c’est l’historien Helgaud qui sera notre guide. Cet écrivain, après avoir parlé du premier de ces deux édifices, ajoute ces mots:
«Robert fit bâtir aussi une autre église dans Étampes-le-Châtel (1).» Et dans un diplôme de Henri Ier, son fils, nous découvrons une mention expresse de ce monument. On ne peut donc douter qu’il ne soit ici question, dans les paroles du chroniqueur Helgaud, du bâtiment qui porte aujourd’hui encore le même nom de Saint-Basile, et dont [p.66] nous allons essayer de donner une courte description. L’église de Saint-Basile d’Étampes ne nous apparaît plus dans sa forme primitive; mais elle conserve de nos jours encore des traces de sa première fondation. Elle n’a point la splendeur ni l’élégance de celle de Notre-Dame, dont elle fut une succursale; mais elle porte comme elle l’empreinte de diverses sortes d’architecture. Ainsi, le portail principal en style roman pur, et l’une des parties les plus anciennes, remonte sans contredit au onzième siècle. On doit remarquer sur ce portail quelques sculptures d’un assez bon goût; ce sont deux anges en adoration devant une main ouverte qui est placée là sans doute comme un emblème de la Providence, toujours prête à répandre des grâces*. Quant au clocher, qui semble n’avoir point été terminé, il convient de lui assigner pour date le commencement du treizième siècle. Enfin, les sculptures, les pilastres et le portail du côté de la rue Sainte-Croix, sont du seizième siècle, ou de la renaissance. L’intérieur de l’église n’offre rien de bien remarquable: plusieurs parties paraissent être du quinzième siècle. La fenêtre au fond du chœur présente des vitraux peints d’un assez bon effet.




     (1) Item in ipso castro ecclesiam unam (aedificavit). (Helgald. Vita Roberti ) (bib)[Malheureusement, Montrond suit ici de confiance dom Fleureau, et reproduit son texte tronqué des mots in palatio, qui démontrent que ce n’est pas de Saint-Basile que parlait Helgaud, mais d’un simple oratoire dans le palais royal (B.G.)].







     * Cette description trop brève est très précieuse: c’est la seule que nous ayons du portail de Saint-Basile avant la découverte en 1842 du croissant de lune historié qui était jusqu’alors caché par une gangue de plâtre (B.G.).

     L’église de Saint-Basile avait été construite pour servir de paroisse aux habitans d’Étampes-le-Châtel; quelques siècles plus tard, on ajouta à la nef principale, la petite nef où se trouvent les chapelles côté droit: l’intention de l’architecte était d’agrandir l’autre côté également, et le chœur aussi en proportion; mais des obstacles s’opposèrent sans doute à l’exécution de son dessein; et depuis l’an 1559, où l’on a cessé d’y travailler, cette église est demeurée [p.67] imparfaite, pour être terminée quand il plaira à Dieu, comme l’indique cette inscription, que l’on lit encore sur un médaillon dans un coin de la façade extérieure du chœur: Faxit Deus ut perficiar. Anno 1559.

     En dehors du temple et près de la porte latérale du côté de la rue de la Cordonnerie, se trouve une tourelle octogone ornée d’une corniche dont les dessins se composent de feuillages entremêlés de médaillons, dans le style de la renaissance. Enfin je ne dois pas oublier de mentionner un petit bas relief du seizième siècle, sculpté avec beaucoup d’art, mais que sa place singulière dérobe à tous les regards, et que découvre seul le visiteur attentif. Il est situé en effet sur le flanc de la tourelle qui conduit au clocher, non loin du vestibule où l’on entre par le portail de la rue Sainte-Croix. Ce bas relief, digne d’une place plus apparente, représente la Vierge tenant dans ses bras le corps de Jésus. On y voit aussi sculpté un troisième personnage qui doit être Joseph d’Arimathie.


     Il me reste à donner quelques détails sur l’église de Saint-Gilles, afin de compléter tout ce qui concerne les monumens du même genre existant aujourd’hui encore dans la ville d’Étampes. Cet édifice ne reconnaît point de fondateur particulier. On doit croire qu’il fut construit aux frais des habitans. Mais cette construction, quelle qu’en soit l’origine, remonte aussi à une époque reculée. On peut, sans crainte de se tromper, lui assigner pour date le onzième siècle; les arcades à double voussure formant le plein ceintre qui sépare la nef des bas-côtés, les chapiteaux qui les surmontent et les petites fenêtres arrondies [p.68] qu’on aperçoit au-dessus appartiennent au genre d’architecture de cette époque. La porte principale de l’édifice semble être d’un temps postérieur, à cause de la finesse de ses sculptures. La forme octogone de la base du clocher est caractéristique du douzième siècle. La disposition de ses quatre frontons, ainsi que les filets et le genre d’ornemens des corniches annoncent la fin de ce siècle.

     La tradition porte que l’église de Saint-Gilles ne fut dans son origine qu’une chapelle succursale de la paroisse Saint-Martin d’Étampes-les-Vieilles. Plus tard le nombre des habitans de ce quartier s’étant accru à cause de la tenue d’un marché en ce lieu, et surtout par suite de la franchise accordée par le roi Louis-le-Gros (1), cette église dut aussi être agrandie: devenue alors plus importante, elle fut séparée de celle de Saint-Martin pour former une paroisse distincte. On découvre en effet que les nefs latérales et les chapelles sont d’une époque bien postérieure à celle des parties primitives de l’édifice.
     (1) Voir les détails de cette franchise au chap. VIIe (ici).

     On vient de voir par quels monumens de divers genres le roi Robert signala son séjour au sein de la vallée d’Étampes. Nous nous sommes arrêtés long-temps avec complaisance sur le règne de ce prince, et cependant avec regret nous quittons un sujet sur lequel nous aimerions à laisser se promener encore les regards du lecteur. Il est doux pour l’historien fatigué de récits de combats ou du triste tableau de discordes civiles, de reposer sa vue sur
[p.69] le règne paisible d’un vertueux monarque. Or est-il, après notre roi saint Louis, un souverain qui mieux que Robert ait mérité l’amour de son peuple? Sans sortir même de l’enceinte d’Étampes, ne pourrions-nous pas rechercher et découvrir la place où sa main royale distribuait ces abondantes aumônes par lesquelles il soulageait la misère de tant de pauvres habitans? «Dans chacune des villes où il résidait, dit l’historien Helgaud, à Paris, à Senlis,..... à Étampes, le bon roi Robert avait coutume de fournir copieusement du pain et du vin à trois cents, ou pour parler plus vrai, à plus de mille pauvres (1)..... Au jour de la cène du Seigneur (charité incroyable pour quiconque n’en était pas témoin, mais admirable aux yeux des serviteurs qui l’aidaient dans ces pieuses fonctions), le même prince rassemblait dans son palais plus de trois cents pauvres; et là on le voyait, à genoux devant eux, distribuer à chacun de sa main vénérable des légumes, du poisson, du pain et un denier;..... à la sixième heure de ce même jour il distribuait à cent pauvres clercs de semblables aumônes, ajoutant pour chacun douze deniers; et après leur repas ceignant un cilice, il leur lavait les pieds qu’il essuyait avec ses cheveux, en chantant du cœur et de la voix les cantiques du prophète royal (2).»
     (1) .... ln unâ quâque harum sede trecentis, vel quod est veriùs, mille pauperibus dabatur panis et vinii abundanter...... (Helgald. Vita Roberti.) (bib)





     (2) Helgald. Vita Roberti. Rec. des hist. de Fr., t. X (bib). [Les cantiques du prophète royal sont les Psaumes, attribués au roi David (B.G.)]
     Tel est le simple récit par lequel l’historien Helgaud fait connaître comment le bon roi Robert se plaisait à [p.70] répandre partout autour de lui d’innombrables bienfaits. Ainsi plus d’une fois le noble palais d’Étampes dut être le théâtre de ces nombreuses largesses. Plus d’une fois aussi, sans doute, la même enceinte devint cette demeure bien connue et chérie du pauvre, où l’on voyait souvent, au rapport de la chronique, des malades, des infirmes, venir se faire bénir et toucher par leur souverain (tant était grande l’opinion qu’ils avaient de ses vertus!) et s’en retourner ensuite certains d’une prochaine guérison (1). O naïfs et précieux souvenirs d’un autre âge et du règne d’un bon prince, j’aime à vous consigner dans mes récits! Aussi bien l’histoire, qui laissa dans l’oubli tant d’autres faits de nos annales, n’a-t-elle eu garde de vous passer sous silence: elle vous a recueillis avec soin; et maintenant vous ennoblissez ces temps antiques, et vous environnez le trône de Robert de l’odeur d’un parfum suave et pur que le souffle de huit siècles et bien des orages n’ont pu encore dissiper.
     (1) Helgald. Vit. Rob. reg. (bib) - D. Rivet, Hist. littér. t. VII (bib).

NOTE III.
Sur le château d’Étampes et la tour dite de Guinette.
(Chap. IV, p.50)

     Le château d’Étampes, par suite de son heureuse position à l’entrée des fetiles plaines de la Beauce, s’est trouvé souvent en butte à des attaques ennemies. Comme le château de Montlhéry, dont quelques lieues seulement le séparent, il a vu plus d’une fois, surtout durant le cours de nos guerres civiles, des troupes nombreuses, rassemblées à ses pieds, s’efforcer d’abattre ses murailles. Non moins donc que cette ancienne forteresse, on doit aussi le considérer comme un précieux monument historique; et la tour de Montlhéry et la tour de Guinette, seuls débris subsistant encore,  après la ruine de deux grands édifices, doivent paraître d’une égale importance aux yeux de l’historien, de l’antiquaire et des amis de nos vieux souvenirs. [p.194]

     Ce n’est point ici le lieu, sans doute, de décrire avec détail des événemens qui plus tard trouveront chacun leur place dans le texte même de cet ouvrage: mais il ne me semble point inutile d’offrir dès à présent dans ces notes, un court précis de quelques uns des faits les plus intéressans
qui concernent l’antique château d’Étampes.

     Sous le règne de Charles VI, l’an 1411, au temps des guerres des Bourguignons et des Armagnacs, cette forteresse eut un rude siège à soutenir contre l’armée bourguignonne, où se trouvait le jeune dauphin, venu là pour faire ses premières armes. Après la plus vigoureuse résistance, la garnison fut forcée de se rendre. Louis de Bosredon qui la commandait, obtint la vie sauve avec trente de ses braves soldats. Tous les autres, dit-on, furent passés au fil de l’épée.

     En 1567, durant les guerre de religion, les calvinistes commandés par le capitaine Saint-Jean, frère du comte de Montgomery, vintent assiéger Étampes. La ville fut prise d’assaut, et le château se rendit aux vainqueurs qui, après y avoir mis une forte garnison, marchèrent vers Dourdan (1).
     (1) De Thou, liv. 97 (bib). — Journal du règne de Henri IV, t.IV (bib).
     En 1589, Étampes était devenu le rendez-vous des troupes de la Ligue. Henri III s’empara de cette place qui avait refusé de se soumettre; et vers cette époque, dans l’espace de six mois, cette même ville tour à tour prise et reprise, fut attaquée et soumise trois fois. Le 5 novembre 1590, Henri IV partit de Linas, sous Montlhéry, et s’approcha d’Étampes, dans le dessein de se rendre maître de [p.195] la ville et du château. La garnison se retira tout entière dans la forteresse, qui fut investie par les troupes du roi. Privée des secours qu’elle attendait, elle se vit contrainte de mettre bas les armes. Henri IV fut généreux envers les vaincus. Touché ensuite des malheurs que les guerres précédentes
avaient apportés aux habitans d’Étampes, il voulut pour l’avenir en détruire la cause: il ne laissa donc point de garnison dans leur ville, et fit raser les fortifications du château (1).

     (1) De Thou, t.V, p. 363 (bib).
     Durant les troubles de la Fronde, d’autres attaques tumultueuses vinrent affliger cette contrée. Tandis que le prince de Condé et le cardinal Mazarin se disputaient le droit de gouverner la France, la ville d’Étampes, pourvue alors d’une grande abondance de blé, se vit en butte aux assauts des partis ennemis. Le comte de Tavannes, commandant l’armée du prince de Condé, avait choisi cette
place pour son quartier; quand au mois de mai 1652, l’armée royale, commandée par Turenne, vint en faire le siége. Louis XIV, encore enfant, assistait à cette expédition. Le siége dura quinze jours et fut très meurtrier, sans qu’il en résultât une victoire décisive pour aucun des deux partis.

     Le château d’Étampes, démantelé par les ordres d’Henri IV, fut détruit vers le milieu du dix-septième siècle, à la suite des guerres de cette époque. Mais pendant long-temps encore, on a pu voir plusieurs pans de murs ou des tourelles qui faisaient partie de l’édifice. Ce n’est que par degrés que l’on a démoli ces restes et déblayé entièrement la sol de la colline sur laquelle s’élève aujourd’hui [p.196]
l’énorme tour de Guinette. Vers l’an 1735, on abattit un nombre assez considérablede ces débris. Durant les premières années de notre siècle, quelques vieillards d’Étampes se rappelaient encore, dit~on, ayoir souvent passé dans leur jeune âge, sous les arcades et les tourelles de la porte principale du chàteau. Le chemin actuel de Dourdan était situé au dessous de ces tourelles. Celui  qui était autrefois en usage, sortait par la porte dorée.

     Quelques fouilles, déjà essayées sur ce sol, n’ont amené aucune découverte. Peut-être de nouvelles tentatives, faites avec suite et persévérance, produiraient-elles enfin quelques résultats satisfaisans, et dédommageraient-elles le maître de ces lieux de ses pénibles et utiles travaux.



NOTE IV.

Sur l’église collégiale de Notre-Dame d’Étampes.
(Chap. V, p. 82.)

     La belle église de Notre-Dame d’Étampes, oeuvre du roi Robert, comme Saint-Aignan d’Orléans, Saint-Pierre de Senlis, Notre-Dame de Melun, etc., avait été dotée par ce prince de biens considérables. De simples particuliers, ainsi que nous le voyons par le diplôme de Henri Ier,
cité à la note V ci-après, l’avaient aussi enrichie de plusieurs revenus. Ce monarque y établit un collége composé d’un abbé et de douze chanoines. Dans un vieux cartulaire manuscrit conservé encore dans les archives de cette église, on trouve le texte de la plupart des titres ou lettres publiés en sa faveur à diverses époques, par les souverains pontifes ou les rois de France. On y voit entre autres fondations, que dans les années 1254 et 1255, saint Louis, par suite de sa dévotion particulière pour Notre-Dame [p.198]  d’Étampes, y institua deux chapellenies royales, l’une à l’autel de Saint-Denis, l’autre à celui de Saint-Pierre.

     On découvre aussi dans ce cartulaire une copie de l’acte de division du territoire des paroisses Notre-Dame et Saint-Basile*. Jusque vers l’an 1226 en effet, ce territoire était demeuré commun: mais à cette époque, par l’autorité de Gaultier, archevêque de Sens, ces deux paroisses furent séparées et renfermées dans la circonscription qu’elles occupent encore aujourd’hui.
     * J’ai donné en 2008 une édition critique de cette charte (bib), consultable en ligne ici (B.G.).
     Chapitre quatrième: Robert-le-Pieux. — Son séjour à Étampes. — Palais, Châtel. — Tour dite de Guinette. — Chapitre cinquième: Suite du règne de Robert. —  Description de l’église Notre-Dame d’Étampes. — Détails sur l’architecture de divers autres monumens. — Quelques souvenirs du roi Robert. Note III: Sur le château d’Étampes et la tour dite de Guinette.Note IV: Sur l’église collégiale de Notre-Dame d’Étampes.

   
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
Source: édition de 1836 saisie par François Besse (chapitres IV et V) et Bernard Gineste (notes III et IV) en février 2012.
BIBLIOGRAPHIE

Éditions

 
     Clément-Melchior-Justin-Maxime FOURCHEUX DE MONTROND (dit Maxime de MONTROND ou de MONT-ROND), «Chapitre quatrième», «Chapitre cinquième» et «Note III», in ID., Essais historiques sur la ville d’Étampes (Seine-et-Oise), avec des notes et des pièces justificatives, par Maxime de Mont-Rond [2 tomes reliés en 1 vol. in-8°; planches; tome 2 «avec des notes... et une statistique historique des villes, bourgs et châteaux de l’arrondissement»], Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 1 (1836), pp. 41-70 et .

     Réédition numérique illustrée en mode texte: François BESSE, Bernard MÉTIVIER & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Essais historiques sur la ville d’Étampes (1836-1837)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-montrond.html, 2012.

     
Réédition numérique de ce chapitre: François BESSE & Bernard GINESTE [éd.], «Maxime de Montrond: Étampes sous les rois carolingiens (1836)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-19-montrond1836chapitre04-05.html, 2012.

Sources alléguées par Montrond

     Original: Gautier CORNU (achevêque de Sens), Charte, février 1237, perdue. — Copie: Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes [registre en papier de format in-quarto, comptant 189 folios, dont 66 seulement ont été utilisés pour recopier, à l’extrême fin du 15e siècle, un ensemble de 114 pièces datées de 1046 à 1495], conservé en 2006 aux Archives départementales de l’Essonne, à Chamarande, sous la cote 1 J 448, folio 8 r°. — Édition princeps: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite,1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec l’histoire de l’abbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; 622 p.; rédigé entre 1662 et 1668; publication posthume par Dom Remy de Montmeslier], Paris, J.-B. COIGNARD, 1683 [dont une réimpression: Marseille, Lafittes reprints, 1977], —  Édition critique numérique: Bernard GINESTE [éd.], «Gautier Cornu, archevêque de Sens: Division des paroisses Notre-Dame et Saint-Basile d’Étampes (20 février 1237)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-13-gautiercornu1237division.html, 2008.

     Jean (ou Jehan) du TILLET, sieur de La Bussière (c.1505-1570) [juriste, historien; à ne pas confondre avec son frère Jean Du Tillet, évêque de Saint-Brieuc, puis de Meaux, mort le 18 décembre 1570], Les Mémoires de Jean Du Tillet [in-12], Paris & Troyes, Philippe Deschamp, 1578. — Plusieurs réédition: Les mémoires et recherches de Jean Du Tillet,... contenans plusieurs choses memorables pour l’intelligence de l’estat des affaires de France [in-f°; 272 p.; pièces liminaires], Rouan, Philippe de Tours, 1578. Recueil des rois de France, leurs couronne et maison,... ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet, sieur de La Bussière, protonotaire & secretaire du roy, greffier de son Parlement. Plus une Chronique abbrégée contenant tout ce qui est advenu, tant en fait de guerre, qu’autrement, entre les roys et princes, Républiques et potentats étrangers, par M. J. Du Tillet, évesque de Meaux, frères. En ceste dernière édition ont été adjoustez les Mémoires du dit sieur sur les privilèges de l’Église gallicane et plusieurs autres de la cour de Parlement concernant les dits privilèges (Par L. S. D. F. D. G.) [2 tomes en 1 volume in-4°; portraits; le tome II portant la date de 1601], Paris, Houzé & J. et P. Mettayer & B. Macé, 1602. Recueil des rois de France, leurs couronne et maison, ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet,... Plus une Chronique abbrégée contenant tout ce qui est advenu, tant en fait de guerre, qu’autrement, entre les Roys et princes, Républiques et potentats étrangers, par M. I. du Tillet, évesque de Meaux, frères. En outre les Mémoires dudit sieur sur les privilèges de l’Eglise Gallicane, et plusieurs autres de la Cour de Parlement, concernant lesdits privilèges. En ceste dernière édition a esté ajouté les Inventaires sur chaque maison des rois et grands de France et la chronologie augmentée jusques à ce temps [3 parties & 2 tomes en 1 volume in-4°; le tome II porte la date de 1606; portraits], Paris, P. Mettayer & B. Macé, 1607. Recueil des roys de France,... ensemble le rang des grands de France, par Jean Du Tillet, sieur de La Bussière,... plus une chronique abbrégée... par M. J. Du Tillet, évesque de Meaux, frères; en outre les Mémoires du dit sieur sur les privilèges de l’Église gallicane... En ceste dernière édition a esté adjousté: les inventaires sur chasque maison des roys et grands de France et la chronologie augmentée jusques à ce temps [4 parties en 2 volumes in-4°; la 1re partie seule constitue une édition séparée; les autres, datées de 1606, appartiennent aux éditions précédentes], Paris, P. Mettayer, 1618.

     Jacobus-Augustus THANUS (Jacques-Auguste de THOU,dit le président de THOU, 1553-1617), Historiarum sui temporis Libri XVIII [in-f°; «Dix livres d’histoires de son époque»], Parisiis (Paris), apud viduam Patissonii typographi regii (veuve de Mamert Patisson imprimeur du roi), Ex officinâ Roberti Stephani, 1604. — Nombreuses rééditions: 2) [in-f°; 5 volumes], Paris, Ambrose et Jérôme Drouart , 1604-1608. — 3) [in-f°; 4 volumes], Paris, Ambrose et Jérôme Drouart, 1606-1609. — 4) [in-12; 11 volumes], Paris, Jérôme Drouart, 1609-1614. — 5) [in-f°; 1 volume (édition préparée par l’auteur et interrompue à sa mort)], Paris, Robert Estienne, 1618. — 6) [in-f°; 5 volumes], Genève, Pierre de La Rovière, 1620. — 7) [in-f°; 5 volumes] Genève, héritiers de Pierre de La Rovière, 1626-1630. — 8) [in-f°; 4 volumes], Francfort, Kopff, 1608-1621. — 9) [in-f°; 4 volumes], Francfort, Kopff, 1609-1658. — 10) [in-f°; 5 volumes] Francfort, Kopff, 1614-1621. — 11) [in-f°; 4 volumes], Francfort, Kopff et Ostern, 1625-1628. — 12) [in-f°; 7 volumes], Londres,Samuel Buckley, 1733.
     Traduction en français: Pierre DU RYER (1605-1658) [traducteur], Histoire de M. de Thou, des choses arrivées de son temps, mise en françois par P. Du Ryer [in-f°; 3 volumes (X+1206+64 p.; 89 p.; II+961+69 p.)], Paris, A. Courbé, 1659.

     Pierre Joseph d’OLIVET (abbé, 1682-1768) [éd,], Pierre de L’ÉTOILE (1546-1611) [premier auteur], Journal du règne de Henri IV, roy de France et de Navarre, par M. Pierre de L’Estoile, grand audiencier en la Chancellerie de Paris, tiré sur un manuscrit du temps [in-8°; 2 volumes], sans mention de lieu ni d’éditeur], 1732. Réédition [2 tomes en 1 volume], 1736. — Nicolas LENGLET DU FRESNOY (1674-1755) [éd.], C. BOUGES (religieux augustin) [auteur de Remarques (qui seraient en fait aussi de Lenglet du Fresnoy selon Barbier)], Journal du règne de Henri IV,  roi de France et de Navarre, par M. Pierre de L’Etoile, avec des Remarques historiques et politiques du chevalier C. B. A. et plusieurs pièces historiques du même tems [in-8°; 4 volumes], La Haye, les frères Vaillant, 1741. — Gilbert SCHRENCK [dir.], Xavier LE PERSON [éd.], Volker MECKING [auteur du glossaire], Pierre de L’ÉTOILE (1546-1611) [premier auteur], Journal du règne de Henri IV. Édition critique. Tome 1, 1589-1591 [18 cm; 347 p.; fac-simile; bibliographie pp. 19-28; lexique; index], Genève, Droz [«Textes littéraires français» 609], 2011.

     Dom Martin BOUQUET (bénédictin de l’ordre de Saint-Maur, 1685-1754, mort pendant l’impression) & alii [éd.], Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus nonus (Novæ Collectionis Historicorum Franciæ tomus nonus) – Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome neuvième, contenant ce qui restoit à publier des monumens de la seconde race des rois de France, depuis le commencement du règne de Louis le Bègue fils de Charles le Chauve, jusqu’aux premières années du règne de Hugues Capet chef de la troisième race c’est-à-dire depuis l’an DCCCLXXVII jusqu’à l’an DCCCCXCI, par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur [in-8°; CLXVIII+787; sommaire: pp. CLXVII-VIII], Paris, Imprimerie Royale, 1752 Réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910) [éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome huitième, édité par des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Nouvelle édition publiée sous la direction de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination], Paris, Victor Palmé, 1870.  Réédition en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey.  Réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k501279, 1995 (en ligne en 2005).

     Jean-Baptiste HAUDIQUIER, Charles HAUDIQUIER, Étienne HOUSSEAU, Jacques PRÉCIEUX & Germain POIRIER (bénédictins de l’ordre de Saint-Maur) [éd.], Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus decimus (Novæ Collectionis Historicorum Franciæ tomus decimus)Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome dixième, contenant ce qui s’est passé depuis le commencement du règne de Hugues-Capet jusqu’à celui du roi Henri I, fils de Robert le Pieux, par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur [in-8°; CLXVI+768; sommaire: pp. CLXIV-VI], Paris, Imprimerie Royale, 1760. Réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910) [éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome dixième, édité par des bénédictins de la congrégation de Saint-Maur. Nouvelle édition publiée sous la direction de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination], Paris, Victor Palmé, 1874.  Réédition en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey.  Réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k501279, 1995 (en ligne en 2005).

     François CLÉMENT & Michel-Jean-Joseph BRIAL (1743-1828) (bénédictins de l’ordre de Saint-Maur) [éd.], Rerum Gallicarum et Francicarum Scriptores. Tomus duodecimus (Novæ Collectionis Historicorum Franciæ tomus duodecimus) – Recueil des Historiens des Gaules et de la France. Tome douzième, contenant ce qui s’est passé sous les trois règnes de Philippe 1er, Louis VI dit le Gros, et de Louis VII surnommé le Jeune, depuis l’an MLX jusqu’en MCLXXX, par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur [in-8°; LVI+1013 p.; sommaire: p. LVI], Paris, Imprimerie Royale, 1781. —Réédition: Léopold DELISLE (membre de l’Institut, 1826-1910) [éd.], Recueil des historiens des Gaules et de la France. Tome douzième, édité par des religieux bénédictins de la Congrégation de Saint-Maur. Nouvelle édition publiée sous la direction de M. Léopold Delisle [mêmes texte & pagination], Paris, Victor Palmé, 1877. — Réédition en microfiches: Doetinchem, Microlibrary Slangenburg Abbey. — Réédition numérique en mode image par la BNF sur son site Gallica, http://gallica.bnf.fr/ark:/12148/bpt6k501306, 1995 (en ligne en 2005).


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