Corpus Historique Étampois
 
Bernard Gineste
Les procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle
Étude prosopographique, 2010
   
Emblème d'Esprit Hattes sur son hôtel particulier (1554)
Emblème d’Esprit Hattes (4 rue Sainte-Croix, 1554)
 
     L’histoire passionnante du seizième siècle étampois nécessite des études préliminaires de détail comme celle-ci, qui est consacrée à l’une des catégories les plus intéressantes des officiers royaux du bailliage d’Étampes à cette époque, à savoir le procureur du roi.
     Voici donc ce que j’ai pu trouver à ce jour sur les neuf procureurs du roi qui se succédèrent à Étampes
de la fin du moyen-âge à l’aurore du XVIIe siècle. C’est en quelque sorte une base de données plus souvent arides que pittoresques. Je mettrai ces neuf notices en ligne l’une après l’autre dans les jours à venir, et j’essaierai ensuite den donner une brève et modeste synthèse.
Bernard Gineste, 10 janvier 2010
Petites retouches en 2011, notamment en août.

    
Bernard Gineste
Les procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle
Étude prosopographique, 2010

Pentecôte (4 rue Sainte-Croix, 1554)
Scène de Pentecôte sculptée sur la façade intérieure de l’Hôtel d’Esprit Hattes en 1554, alors receveur du domaine.
C’est une sculpture à clef désignant les commanditaires de cet hôtel particulier, Esprit Hattes et Marie Paulmier
 

     Introduction. — 1. Pierre de Gilles (…1491-1495…) — 2. Guillaume Cormereau (…1500-1518…) — 3. Guillaume Ducamel  (…1511-1544…) — 4. Esprit Ducamel (…1550-1566…) — 5. Esprit Hattes (…1560-1571…) — 6. Pierre Legendre  (…1572…) — 7. Nicolas Guillotin (1573-1583…) — 8. Nicolas Berjonneau (…1587-1589…) — 9. Simon Égal (…1591-1616) — Conclusion et synthèse provisoire.


SOMMAIRE PLUS DÉTAILLÉ

     Introduction. — 1. PIERRE DE GILLES (...1491-1495..)  1.1. Origines et antécédents de Pierre de Gilles1.2. Pierre de Gilles procureur du roi1.3 Descendance de Pierre de Gilles 2. GUILLAUME CORMEREAU (...1500-1518...)  2.1. Origines et antécédents de Guillaume Cormereau 2.2 Guillaume Cormereau dernier procureur du comte  2.3. Guillaume Cormereau premier procureur du du roi  2.4 Sur la veuve de Guillaume Cormereau  2.5. Descendance de Guillaume Cormereau3. GUILLAUME DUCAMEL (...1511-1544...) 3.1. Sur Colin Ducamel père de Guillaume 3.2. Sur les frères de Guillaume Ducamel 3.3 Antécédents de Guillaume Ducamel 3.4. Guillaume Ducamel procureur du roi 3.5. Descendance de Guillaume Ducamel3.6. Sur son gendre Girard Garnier 3.7. Sur son petit-fils Girard Garnier II3.8. Sur l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel 4. ESPRIT DUCAMEL (...1550-1566...) 4.1 Antécédents d’Esprit Ducamel 4.2. Esprit Ducamel procureur du roi — 4.3. Réquisitoire d’Esprit Ducamel du 22 septembre 1556 4.4 Plaidoyer à Dourdan de son beau-frère et substitut Girard Garnier I 4.5. Sur la fin énigmatique du mandat d’Esprit Ducamel4.6. Descendance d’Esprit Ducamel 4.7. Sur son gendre Tristan Lecharron   4.8. Un autre gendre remarquable: Gérard François4.9. Sur quelques autres Ducamel  — 5. ESPRIT HATTES (...1560-1571...) 5.1. Premières traces de la famille d’Esprit Hattes à Étampes 5.2. Sur les frères ou cousins d’Esprit Hattes 5.3. Premières mentions d’Esprit Hattes 5.4. Esprit Hattes receveur du domaine 5.5. L’Hôtel particulier d’Esprit Hattes   5.6. Esprit Hattes l’un des deux procureurs du roi 5.7. Esprit Hattes, seul procureur du roi, et remarié 5.8. Sur la veuve et la descendance d’Esprit Hattes 5.9. Gendres et brus d’Esprit Hattes 6. PIERRE LEGENDRE (...1572...) 6.1. Sur la famille de Pierre Legendre — 6.2. Pierre Legendre receveur du domaine 6.3. Pierre Legendre procureur du roi  6.4. Sur la descendance de Pierre Legendre — 6.5. Excusus: Sur les receveurs du domaine qui succédèrent à Pierre Legendre7. NICOLAS GUILLOTIN (1573-1583...) 7.1 Sur les origines et le grand-père de Nicolas Guillotin7.2. Sur les parents de Nicolas Guillotin 7.3. Nicolas Guillotin procureur du roi 7.4. Sur un annoblissement des procureurs du roi à Étampes en 15767.5. Sur son épouse, demoiselle Ithière Lucas 7.6. Sur la descendance de Nicolas Guillotin 8. NICOLAS BERJONNEAU (...1587-1589) 8.1. Origine cognaçaise de Nicolas Berjonneau 8.2. Antécédents de Nicolas Berjonneau 8.3. Sur sa femme et son beau-père, le maire Étienne Poignard 8.4. Nicolas Berjonneau procureur du roi8.5. Comment il fut pendu 8.6. Ascendance de Nicolas Berjonneau 8.7. Excursus: les procureurs du roi en l’élection d’Étampes 9. SIMON ÉGAL (...1591-1616) 9.1. Sur le père et la mère Simon Égal 9.2. Simon Égal neveu de François Bidault? 9.3. Sur la fratrie de Simon Égal 9.4. Antécédents de Simon Égal 9.5. Simon Égal procureur du roi 9.6. Sur la femme et la belle-famille de Simon Égal 9.7. Sur la descendance de Simon Égal 9.8. Sur le successeur de Simon Égal, Isaac Blanchard ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE
 
 
Introduction
État de la question



     Le seizième marque à Étampes comme ailleurs l’apparition progressive d’une administration moderne du territoire, contrôlée toujours de plus près par l’autorité centrale, c’est-à-dire royale.

     Dès 1931, Paul Dupieux a donné de cette évolution générale une synthèse pionnière intitulée Les Institutions royales au pays d’Étampes (1), qui s’appuie sur une documentation jusqu’alors négligée par les historiens locaux, mis à part Charles Forteau (2), non seulement aux Archives nationales et à celles d’Orléans, mais encore à Étampes même. Certains des documents qu’il a pour ce dépouillés, voire édités en certains cas, ont depuis disparu, les uns des archives municipales d’Étampes, dont l’histoire tourmentée reste à écrire; les autres des archives du Loiret, presque entièrement détruites par le funeste bombardement allemand de 1940.

     Dupieux s’inspire étroitement du plan et de la méthode d’un ouvrage de référence de son  maître Gustave Dupont-Ferrier, paru en 1902: Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées et les institutions monarchiques locales en France à la fin du moyen âge (3). Sur cette base extrêmement solide et bien documentée, qui trace un tableau général de ce qu’étaient ces institutions dans l’ensemble du royaume jusqu’au début du seizième, l’auteur s’est attaché à traiter particulièrement du bailliage d’Étampes et a étendu ses recherches jusqu’à la fin du XVIe siècle.
     (a1) Les institutions royales au pays d’Étampes (comté puis duché, 1478-1598), Versailles, Mercier, 1931.

     (a2) Les historiens d’Étampes s’intéressaient moins jusqu’alors aux principaux acteurs  de l’histoire réelle du bailliage d’Étampes qu’aux trois favorites royales qui reçurent alors successivement le titre de duchesses d’Étampes, bien qu’aucune ne paraisse y jamais avoir mis les pieds (comme le simple bon sens aurait dû le leur faire entendre, sans qu’il soit besoin d’autre preuve); ils n’avaient donc rien dépouillé, et ce travail reste encore en grande partie à faire pour ce qui concerne le XVIe siècle: seul Charles Forteau avait travaillé dans ce sens, sans que ses travaux d’ailleurs aient fait beaucoup d’émules.

     (a3) Paris, Émile Bouillon, 1902, 1043 pages.
     Il a donc ainsi écrit les grandes lignes de l’histoire institutionnelle du pays d’Étampes au XVIe siècle avec une grande sûreté, et cela même quand les données concrètes récoltées étaient dans le fait, en certains cas, assez maigres. De fait il avoue clairement à plusieurs reprises que la matière lui a manqué sur bien des points, et que s’il est fier de pouvoir donner une liste enfin complète des baillis d’Étampes, il est bien loin de pouvoir produire une telle liste pour quelque autre catégorie d’officiers que ce soit (4). Concernant même le cas des lieutenants du bailli, leurs subordonnés immédiats, il exprime clairement ce regret: “Des recherches assez longues aboutiraient peut-être à dévoiler les origines familiales de ces officiers, leurs attaches dans le pays d’Étampes. Nous souhaiterions être mieux renseignés à ce sujet” (5). Et au sujet du receveur du domaine du roi: “Malheureusement nous ne pouvons insister sur lui, car les textes sont assez rares, qui le concerne personnellement” (6).
     (a4) Institutions, p. 236.



     (a5) Institutions, p. 79.

     (a6) Institutions, p. 87.
     Il reste donc bien aujourd’hui à préciser cette présentation schématique par plus de renseignements de détails, et par des études particulières s’appuyant sur les sources les plus riches, quoique les plus arides, de l’histoire locale: censiers, registres paroissiaux, actes notariés et autres documents dispersés, généralement lacunaires et de lecture parfois difficile.

     Très modestement je donne ici tout ce que j’ai trouvé jusqu’à présent au sujet de l’un seul de ces hauts fonctionnaire étampois (7), le procureur du roi, qui m’intéresse plus que le bailli ou ses lieutenants, parce que c’était, si l’on peut dire, une sorte de fonctionnaire territorial dont le recrutement était local, et que cette charge constituait à Étampes l’aboutissement final d’une carrière locale. En parcourant pour un autre propos (8), la plupart des registres paroissiaux conservés du XVIe siècle étampois, et quelques censiers, je me suis accessoirement attaché à y relever ce qui concernait les personnages qui y exercèrent cette fonction.


     (a7) Je donnerai cependant en note ce que j’ai trouvé sur quelques autres, comme l’avocat du roi, sans le garder jalousement sous le coude, à l’usage de ceux qui voudraient développer des recherches du même genre, recherches qui seraient bien souhaitables, pour donner des bases solides à l’histoire d’Étampes.

     (a8) En cherchant à identifier le commanditaire de l’hôtel particulier du n°4 de la rue Sainte-Croix, qui est l’un d’entre eux, Esprit Hattes.
     Dupieux ne mentionne que cinq d’entre eux, et encore en y incluant un procureur du XVe siècle, Pierre de Gilles (9); bien que dès le XVIIe siècle l’Étampois Pierre Plisson, sur la base d’archives aujourd’hui disparues, en ait relevé davantage dans sa Rapsodie (10), éditée en 1909 par Charles Forteau, qui en avait ajouté en note deux autres qu’il avaient trouvé mentionnés par des registres paroissiaux (11), Dupieux ne leur emprunte aucune donnée que n’aient vérifiée ses propres recherches.

     Or la consultation des premiers registres paroissiaux étampois conservés et de quelques censiers permet d’établir avec assez de précision la série de ces officiers, qui furent au nombre de neuf, les dates où ils se succédèrent, et en certains cas la manière dont il accèdérent à cette charge. On voit se dessiner des carrières et on observe le rayonnement social de ces personnages et de leur famille. On peut localiser le domicile et la généalogie de nombre d’entre eux, en croisant les données des censiers avec celles des registres paroissiaux, et on pourra ultérieurement arriver à plus de précision encore en faisant usage sur la base de ce premier travail dactes notariés actuellement inaccessibles (12).

     Je donnerai ici ce tout que j’ai trouvé sur chacun d’eux à ce jour, soit chez Dupieux ou dans des sources qu’il n’avait pas eu le bonheur de rencontrer, ou pris le temps de consulter. Il ne s’agira donc pas d’une véritable synthèse, sauf, brièvement, en conclusion; c’est plutôt une base de données rangées, pour chacun de ces officiers, par ordre chronologique, à l’usage des historiens et des curieux, et susceptible surtout d’être indéfiniment augmentée à l’avenir de tous les nouveaux renseignements qui viendront à notre connaissance.

     (a9) Il ne cite que ceux-ci: Pierre de Gilles (1491); Guillaume Cormereau (1518); Guillaume Ducamel (1520 et 1543, la date de 1520 n’étant pas justifiée par Dupieux); Esprit Ducamel (1564); Nicolas Guilleton (1578).

     (a10) Édition Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 248: “Pierre de Gilles, procureur de M. le comte (1491); Guillaume Cormereau (1503); Guillaume du Camel, procureur du Roi (1520); Esprit du Camel (1553); Esprit Hatte (1560); Nicolas Bergeonneau (1588); Simon Égal (1613); Isaac Blanchard (1624); etc.”.

     (a11) Ibid., note 4: “Pierre Legendre, procureur du roi à Étampes, 1572; Nicolas Guillotin, 1575”. Forteau précise aussi en note que Esprit Hatte est procureur “au bailliage”, sans indiquer ses sources.

     (a12) Aux archives départementales de l’Essonne.

1. Pierre de Gilles, procureur de Jean de Foix
(…1491-1495…)


Mention de feu Pierre de Gilles en 1500 (copie de 1519)
Mention de de feu Pierre de Gilles (Censier de Notre-Dame pour 1500, copie de 1519)
 
1.1. Origines et antécédents de Pierre de Gilles

     Nous commencerons comme Dupieux par Pierre de Gilles, bien que nous versions au dossier une pièce qui permet de savoir qu’il était mort dès avant le 30 octobre 1500, et qu’il ne s’agit donc pas à proprement parler d’un procureur du XVIe siècle.

     Le patronyme de Pierre de Gilles me semble tiré de la commune de Gilles, en Eure-et-Loir, au canton d’Anet.

     Ce Pierre de Gilles était établi à Étampes avant que d’y être procureur du comte, car nous l’y trouvons cité comme “notaire” dès le 4 mars 1479 (1), à l’époque où le procureur du roi est encore, selon toute apparence, Pierre Lescuier (2). Nous verrons plus tard que, de manière similaire, Guillaume Ducamel sera tabellion avant que de passer procureur du roi.

     Était-il pour autant Étampois de souche? Probablement pas, car nous ne voyons pas d’autre représentant de sa famille avant lui dans les environs, dans l’état actuel de notre documentation.
     (1.1.1) Les comptes de la maladrerie Saint-Lazare étudiés par Charles Forteau, Annales du Gâtinais 21 (1903), p. 105, le mentionnent comme le notaire devant lequel la métairie de Gandeville a été en bail viager à Macé Perdrigon.

     (1.1.2) Pierre Lescuier était procureur du roi en 1473 selon Gustave Dupont-Ferrier, Gallia regia, ou État des officiers royaux des bailliages et des sénéchaussées de 1328 à 1515, Paris, Imprimerie nationale, 1947, p.273, n°12378. On conservait de plus autrefois à Orléans, avant le bombardement de 1940, un aveu de “Michel L’Écuyer, procureur du Roi” en date de 1468 (AD45 A. 1226, cf. Inventaire-Sommaire de la série A, p. 276a). Sa famille ne paraît guère représentée à Étampes où nous ne trouvons qu’un Jaquelin Lesquier de Ville Nuefve censitaire des dames de Longchamp en 1300 (AD91 E. 3869, édition Gineste, http://www.corpusetampois.com/che-13-longchamp1292a1306.html, n°56); un Mahi Lescuier en 1323 (AD91 E. 3880, édition Gineste, http://www.corpusetampois.com/che-13-longchamp1323.html, n°27), et un Perrot Lescuyer censitaire des mêmes en 1394 (E. 3889).
1.2. Pierre de Gilles procureur du roi

     Ce personnage est qualifié le 25 juillet 1484 “honorable homme et sage Pierre de Gilles, procureur fiscal de Monseigneur le comte d’Estampes” (1). Il se transporte alors avec le prévôt Jean Laurent, le tabellion Oudin de Monerville, deux sergents et quelques autres témoins, à la chapelle Saint-Jacques du cimetière, à la requête des chanoines de Notre-Dame, qui veulent faire constater qu’ils sont empêchés d’y chanter la messe de la Saint-Jacques par le doyen Louis Boisquemin, sous peine d’excommunication.

     (1.2.1) Cartulaire de Notre-Dame d’Étampes, éd. Alliot, n°77, p. 84 (source négligée par Dupieux).
     Le lundi 20 août 1487, un arrêt du Parlement de Paris fut rendu entre d’une part le procureur de Jean de Foix à Étampes, et d’autre part maître Michel Dumoulin, licencié en décret, chanoine de l’église de Chartres et prévôt d’Auvers. Il exempta ce dernier de la juridiction d’Étampes malgré les réquisitions du procureur (2).
     (1.2.2) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A1237, fol. 31v°) et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 64).
     Le 27 juillet 1490, Jean de Foix rend un édit accordant aux Étampois le droit de creuser un port sous les murs de la ville; les termes dont use sa conclusion manifestent bien que le comte considère bien les officiers du bailliage, et notamment le procureur, comme les siens et non pas comme ceux du roi:
     “Si donnons en mandement par ces mesmes presentes à noz bailly, prevost, procureur, et autres officiers audit Estampes, ou à leurs lieuxtenants ou commis, et à chacun d’eulx en son regard, que noz presents edict, decrect et ordonnance ilz entretiennent et acomplissent et facent entretenir et acomplir de point en point sans aucune difficulté; et à ce faire et souffrir, contraignent ou facent contraindre tous ceulx qu’il appartiendra par toutes voyes et manieres deues et en tel cas requises” (
3).

     Le 28 mars 1491, permission est accordée aux célestins de Marcoussis de relever les fourches patibulaires de Villesauvage qui tombaient en ruine. Mais il y a enquête et procès, le procureur intervenant pour les sommer de détruire un pilier qu’ils avaient ajouté à ces fourches, le nombre de ces piliers signifiant l’étendue de leurs degrés de juridiction (
4).
Fourches patibulaires de Villeneuve-Montfaucon
     (1.2.3) Le texte suivi est celui qu’a établi Clément Wingler en 1993 sur l’original conservé aux Archives communales d’Étampes, préféré à celui de l’édition de Fleureau, Antiquitez, p. 195.

     (1.2.4) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A. 1238, fol. 192) et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 107, note 8). Ci-contre un croquis du XVIIe siècle  représentant les fourches patibulaires de Villeneuve-Montfaucon, analogues à celle de Villesauvage, sur le plan de dîmage des dames de Maubuison.
     Pierre de Gilles porte en 1491 le titre de “procureur de monsieur le comte” (5), et, le 31 mars 1495, celui de “procureur général du comté” (6). Ce n’était donc pas alors un fonctionnaire royal, mais bien un agent fiscal du comte d’Étampes, qui se trouvait alors être Jean de Foix (depuis 1478 et jusqu’en 1500).

     On sait maintenant qu’il habitait une maison proche de l’église Notre-Dame, devant le carrefour de cette église, dans la censive des chanoines, et qu’après sa mort, survenue avant le 30 octobre 1500, cette maison, alors appartenant à sa veuve et à ses héritiers, fut habitée par son successeur Guillaume Cormereau (7).
     (1.2.5) Selon Pierre Plisson, qui avait l’occasion de consulter d’anciennes archives à Étampes, et dont la Rapsodie a jadis été éditée par Charles Forteau, Annales du Gatinais 1909, p. 248.

     (1.2.6) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A1238, fol. 84) et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 84, note 2).

     (1.2.7) Censier de Notre-Dame d’Étampes pour 1500, édition Gineste 2010, cf. infra.
     Il apparaît de plus, et les deux faits sont liés, la chose n’ayant pas encore été observée, que ce Guillaume Cormereau était le gendre de Pierre de Gilles (8): c’est le premier exemple à notre connaissance de transmission héréditaire de cette charge à Étampes.
     (1.2.8) AD91 E. 3930:“Marie de Gilles, veuve de Guillaume Cormereau, procureur du roi au comté d’Etampes”; E.3933: “la veuve Guillaume Cormereau”.
1.3. Sur la descendance de Pierre de Gilles

     Pierre de Gilles a visiblement fait souche à Étampes, car sa famille n’est guère dans la suite représentée à notre connaissance que par des personnages qui portent le même prénom que lui et qui paraissent donc ses descendants directs.

     Pierre de Gilles II. Outre sa fille Marie, mariée à Guillaume Cormereau, et dont nous évoquerons la descendance à l’article suivant, Pierre de Gilles I eut pour fils un Pierre de Gilles II que nous trouvons censitaire des dames de Longchamp de 1532 à 1538 (1).

     Pierre de Gilles III. Nous le voyons à son tour censitaire des mêmes dame de Longchamp de 1561 à 1564, qualifié les dernières de ces années de “bourgeois d’Estampes”
(2), cité avec le même titre en 1570 (3) et sans en 1577 (4), décédé avant 1579 (5).
     Il assiste le 22 septembre 1556, parmi de nombreux autres représentants du Tiers-État, à la rédaction de la Coutume d’Étampes (6)
. Il est mentionné comme échevin en 1562 (7), et nous voyons que le 24 novembre 1567, après le départ des Huguenots, une assemblée de ville lui confie, ainsi qu’à Pierre Forest, la charge de recevoir les grains et farine qui serait amenés en la ville d’Étampes dans les greniers de l’hôtel de Mesnilgirault (8).
      Sa femme Simone Lecoup est marraine à cinq reprises à Notre-Dame de 1564 à 1568, dont une fois en même temps qu’un descendant du procureur du roi Guillaume Cormereau, et une autre fois en compagnie de la mère d’un futur procureur du roi, Simon Égal
(9). Deux de leurs filles sont signalées comme marraines à Notre-Dame, Jeanne en 1565 et Alison en 1566 et 1567 (10).

     Pierre IV de Gilles. Ce
prêtre, chanoine et boursier de la collégiale Sainte-Croix, est signalé comme parrain à Notre-Dame à trois reprises de 1564 à 1568 (11); il représente vers 1565 sa communauté devant la justice du bailli de Guillerval (12); il est censitaire vers la même époque du fief des Longs (13), et prend à bail un autre bien dans la censive de Longchamp (14); on le retrouvera encore lui-même procureur de ces mêmes dames de Longchamp en 1592 (15); il est toujours vivant en 1617 et maintenant aussi chanoine de Notre-Dame (16).
     On trouve aussi plus tard, parrain à Notre-Dame en 1588, un Guillaume de Gilles marchand qui doit être son frère (17); il a lui-même une fille Marie de Gilles, maraine à Notre Dame en 1590 (17), veuve en 1612-1614 d’un certain Étienne Desanges, marchand étampois et remariée en 1617 à Nicolas Thibault contrôleur au grenier à sel d’Étampes (19).

Signature de Marie de Gilles (Notre-Dame, 8 janvier 1614)
     (1.3.1) AD91 E. 3899.

     (1.3.2) AD91 E. 3900. — (1.3.3) AD91 E. 3901. — (1.3.4) AD91 E. 3902. — (1.3.5) AD91 E. 3902: “la veuve Pierre de Gilles”.
     (1.3.6) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, p. 39. — (1.3.7) Rapsodie de Pierre Plisson, éditée par Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 61. — (1.3.8) Rapsodie, ibid., pp. 68-69.
     (1.3.9) Notre-Dame jeudi 16 novembre 1564: “Simonne Le Coup femme de sire Pierre de Gilles” en même temps que: “honneste personne maistre Jehan Cormereau procureur au bailliage d’Estampes”; 16 juin 1565: “Symone femme de sire Pierre de Gilles et Katherine femme de Daniel Egal”; 3 janvier 1568, “Symonne femme de Pierre de Gilles”; 10 janvier 1568, “Symonne Le Coup femme de Pierre de Gilles”; 21 décembre: “Symonne femme de Pierre de Gilles”.
     (1.3.10) Notre-Dame 30 octobre 1565: “Jehanne fille de Pierre de Gilles”; 20 juin 1566: “Alison de Gilles fille de Pierre de Gilles”; 20 mars 1567: “Alyson fille de Pierre de Gilles”.

     (1.3.11) Notre-Dame 10 avril 1564: “maistre Pierre de Gilles chanoyne de l’eglise Saincte Croix”; 6 juin, “venerable et discrette personne maistre Pierre de Gilles chanoyne en l’eglise Saincte Croix d’Estampes”; 19 décembre 1568: “venerable personne maistre Pierre de Gilles chanoyne de Saincte Croix d’Estempes”. — (1.3.12) AD 91, E. 3780: “Sentence rendue par Etienne Le Vassor, bailli de la châtellenie de Guillerval, pour l’abbé de Saint-Denis, en faveur du chapitre de la collégiale de Saint-Croix d’Etampes, représentée par Pierre de Gilles, chanoine et boursier de la collégiale, et Gilles Buchon, son procureur, contre Gabriel Nyord, Pierre Millet et Jean Lebarbier, le jeune” (Inventaire-Sommaire de la série E). — (1.3.13) AD91 E. 3934.1 (1565-1572). — (1.3.14) AD91 E. 3927 (1565-1637). — (1.3.15) AD91 E. 3905: “Etat des cens reçus à Étampes, pour le compte des religieuses de Longchamp, par Pierre Degilles, prêtre, pour termes échus en 1592 ou à échoir à des années suivantes”. — (1.3.16) Notre-Dame 11 mars 1617: “venerable et discrette personne maistre Pierre de Gilles prebstre chanoine de l’eglise Nostre Dame du dict Estampes”.
     (1.3.17) Notre-Dame 1er octobre 1588: “Guillaume de Gilles marchant du dict Estampes”. — (1.3.18) Notre-Dame 5 octobre 1590: “Marie fille de Guillaume de Gilles”. — (1.3.19) Notre-Dame 28 février 1613: “Marie de Gilles veufve feu honeste personne Estienne Desanges”; 8 janvier 1614: “Marie de Gilles veufve feu Estienne Desanges vivant marchant bourgeois d’Estampes”; 6 avril: “Marie de Gilles veufve feu honnorable Estienne Desanges”; 23 avril: “Marie Gilles [sic] veufve  feu Estienne Desanges vivant marchant bourgeois d’Estampes”; 14 juin: “Marie de Gilles veufve  feu Estienne Desanges”; 3 août: “Marie de Gille [sic] veufve  feu Estienne Desanges”; 27 octobre: “Marie de Gille [sic] veufve  feu Estienne Desanges”; 4 janvier 1617: “Marie de Gilles femme de Nicolas Thibault controleur au grenier et gabelle à sel du dict Estampes”.
   
Généalogie De Gilles-Cormereau

2. Guillaume Cormereau, l’Orléanais
(…1500-1518…)


Mention de Guillaume Cormereau en 1515
Mention de Guillaume Cormereau en 1515
 
2.1. Origines et antécédents de Guillaume Cormereau

     Le successeur de Pierre de Gilles, Guillaume Cormereau, qui fut à la fois le dernier procureur des comtes de Foix et le premier procureur du roi à Étampes, était issu d’une famille orléanaise (1). Nous voyons par exemple un “Estienne Cormereau” receveur des deniers communs de la ville d’Orléans en 1493-1495 (2); ce dernier, mort avant 1512, était notaire et praticien en cour laie (3); en 1495 un sergent Aignan Cormereau (4) et bien d’autres édiles ou officiers du même nom.

     Les liens d’Étampes avec Orléans et les occasions de contact étaient nombreuses, et nous verrons par exemple que c’est à la municipalité d’Orléans que s’adresseront les édiles étampois pour leur demander copie vers 1512 des actes royaux qui avaient institué leur municipalité, afin de demander au roi la même faveur
(5). Quoi qu’il en soit c’était donc peut-être un homme du comte de Foix arrivé à Étampes vers 1478 dans le même temps que son prédécesseur. Peut-être commença-t-il comme lui par être notaire, ou bien tabellion, comme son successeur immédiat, ou encore receveur du domaine, comme les suivants: notre documentation actuelle ne nous permet pas de trancher ces différentes possibilités.
     (2.1.1) Le Maire, Histoire d’Orléans, 1648, tome 1, passim (cité par Dupieux, Institutions, p. 84, note 5)

     (2.1.2) Denis Lottin, Recherches historiques sur la ville d’Orléans, pp. 242 et 342.

     (2.1.3) François Bonnardot, Essai historique sur le régime municipal à Orléans, Orléans, Jacob, 1881, p. 16;  Bulletin de la Société archéologique et historique de l’Orléanais 18 (1884), p.128; (1965), p. 58; Pierre Bouvier, Étude sur l’Hôtel-Dieu d’Orléans au Moyen Age et au XVIe siècle, Orléans, Pigelet, 1914, p. 166; Neithard Bulst, Die französischen Generalstände von 1468 und 1484, Thorbecke, 1992, p. 294.

     (2.1.4) Philippe Mantellier, Histoire de la communauté des marchands fréquentant la rivière de Loire et et fleuves descendant en icelle, Orléans, Jacob, 1867, pp. 119-120.

     (2.1.5) Pierre Plisson, Rapsodie, éd. Forteau, in Annales du Gâtinais (1909), p. 35.
2.2. Guillaume Cormereau dernier procureur du comte

     Guillaume Cormereau nous est d’abord signalé en ces termes par le censier de Notre-Dame d’Étampes, le 30 octobre 1500: “Maistre Guillaume Cormereau procureur à present de monsieur le conte d’Estampes, demourant en la maison que apartient à la vefve (1) et hoirs feu maistre Pierre de Gilles jadys procureur, assise auprès de l’eglise Nostre Dame, tenant d’une part à Perre Piegelé, aboutissant au carrefour de devant l’eglise” (2).

     L’an 1503, il est qualifié “procureur fiscal”
(3), et la même année simplement signalé une autre fois comme procureur (4). Dupieux remarque que cette qualification de procureur fiscal est spécialement usitée dans les possessions de la maison de Foix (5).

     Le 30 juin 1511, c’est sur sa réquisition qu’est confisqué le manoir de Malicorne à Boutervilliers, et que son propriétaire Michaud Louffier assigné à comparaître devant le prévôt d’Étampes pour dire ses causes d’opposition
(6).
     (2.2.1) Le copiste a écrit par distraction: vefvent.

     (2.2.2) Item n°74 de l’édition Gineste 2010.

     (2.2.3) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A 1169, passim) cité par Dupieux (Institutions, p. 84, note 5).

     (2.2.4) Selon la Rapsodie, éd. Forteau, p. 248.

     (2.2.5) Institutions, p. 84.

     (2.2.6) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A 1197, tabl. 182, layette 2, liasse 4, pièce 2) cité par Dupieux (Institutions, p. 106). L’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 277b, porte seulement: “saisie féodale (1511) du manoir de Malicorne”.
2.3. Guillaume Cormereau premier procureur du du roi

     Après la mort sans héritier de Gaston de Foix à Ravennes, le 11 avril 1512, le comté tomba à nouveau dans le domaine royal et Guillaume Cormereau fut alors confirmé dans ses fonctions de procureur, au témoignage de Fleureau, dès le 28 avril de la même année, à Blois où était arrivé la nouvelle de la mort de Gaston: “Guillaume Cormereau et Jérôme de Villette furent aussi pourvu en même temps [que le lieutenant général Jean Tuelieu] des offices de procureur et d’avocat.” (1) Il faut entendre par là que de procureur fiscal du comte de Foix, Guillaume passa alors procureur du roi.

     Cette même année 1512, c’est dans sa maison que se réunirent les échevins de la ville d’Étampes, qui n’avaient pas encore de maison de ville. Mais cela n’était pas un usage, car on les voit se réunir parfois dans la salle des plaids, au dessus de la Halle ou Boucherie (sur l’emplacement de l’actuelle place de l’Ancienne-Comédie), et une fois chez Jean Guy, le receveur des deniers communs de 1507
(2).

     A cette époque, selon Fleureau, le procureur du roi avait un rôle plus important que d’héberger épisodiquement chez lui les réunions du conseil municipal. Les habitants en effet se plaignaient de ce que leurs représentants n’avaient aucun pouvoir réel, et que “toutes les choses se faisoient de l’Ordonnance du Lieutenant General, à la réquisition du Procureur du Roy: de sorte qu’ils ne pouvoient même assembler les habitans pour les affaires de la ville, qu’ils n’en eussent auparavant obtenu la permission de ces Officiers. Et ils n’avoient le pouvoir de disposer des deniers communs, sans Ordonnance de Justice, que jusques à vingt sols parisis. La maniere de proceder en cette élection étoit, que les Echevins obtenoient du Lieutenant General la permission de faire assembler les habitans. Ceux-cy assemblez, en la presence du même Lieutenant General, & du Procureur du Roy, en l’audience, où l’on tenoit les plaids (c’étoit au-dessus de la Halle, aujourd’huy la Boucherie.) le Procureur du Roy requeroit que l’on fit la nomination des nouveaux Echevins”
(3).

     Pierre Plisson remarque de plus dans son analyse du compte de 1512 que ces officiers se faisaient évidemment rémunérer en chacune de ces occasions: “Nota que le présent compte et tous les autres sont rendus avec l’avocat du roi et le procureur du Roi, à chacun desquels est fait taxe pour la vacation”
(4).

     C’est en cette même année 1512 que sur réquisition de Cormereau, le bailli imposa un nouveau règlement aux échevins pour éviter des errements passés: ils ne pourraient plus engager aucune dépense supérieure à 20 livres parisis sans ordre de justice, c’est-à-dire des officiers du roi
(5).

     Le 13 janvier 1513, à la requête des échevins et sur ordonnance de Jean de Villette lieutenant du bailli, il est procédé à une réunion des échevins et des “gens du roi”pour faire l’inventaire des titres détenus par la ville, en présence de l’avocat du roi Jérôme de Villette et d’un substitut du procureur du roi, qui se trouve être Guillaume Audren
(6). Il est manifeste qu’on est ici en présence, comme ce sera encore le cas en 1556 (§ 3.6), d’un simple remplacement à titre occasionnel et exceptionnel, et non pas d’une charge fixe, car Guillaume Audren est alors en réalité prévôt, depuis le 12 avril de l’année précédente (7).

     Le 9 octobre 1513, “maistre Guillaume Cormereau procureur du roy à Estampes” est cité comme tenant une parcelle au champtier de Machefer voisine de la vigne du mercier Jehan Chandelier. L’aveu en question est enregistré par son futur successeur, “Guillaume Ducamel, tabellion d’Estampes” (8). Le 8 janvier 1514, “maistre Guillaume Cormereau” est cité comme tenant la même parcelle au champtier de Machefer voisine de la vigne du foulon Pierre Boassé ou Boessé (Boissé). L’aveu en question est à nouveau enregistré par son futur successeur, “Guillaume Ducamel, tabellion d’Estampes” (9). La dite parcelle sera encore tenue par sa veuve en 1524, et à sa veuve et à ses héritiers en 1527 (10).

     Le 24 juin 1514, le procureur du roi, de concert avec l’avocat du roi et le prévôt Guillaume Audren, firent obstacle à la vérification et l’exécution de la charte accordée par Louis XII en mai 1514 (11), qui donnait au échevins le droit d’avoir une maison de ville, dans la crainte que les élus municipaux ne finissent par usurper leurs fonctions judiciaires et administratives.

     Blaise Galois, examinateur au Châtelet qui était arrivé à Étampes la veille, les cita devant le prévôt de Paris. Le procès traîna jusqu’en 1518. “Nonobstant lesdites lettres, le procureur du Roi et autres officiers d’Étampes voulaient contraindre lesdits habitants d’élire échevins par devant M. le Bailli”
(12).

     En 1515, la procédure continuait entre d’une part les échevins d’Étampes, et d’autre part le procureur du roi et le prévôt; un long procès-verbal des péripéties juridiques de cette période nous est conservé aux Archives municipale; il contient notamment une assez précieuse liste des bourgeois d’Étampes de cette époque, réalisée par le futur successeur de Cormereau, alors tabellion du bailliage, Guillaume Ducamel; Cormereau y est naturellement fréquemment cité, par exemple, les 26 avril et  le 1er septembre, en ces termes: “maistre Guillaume Cormereau procureur du roy nostre sire audict lieu”
; une autre fois il est qualifié: “maistre Guillaume Cormereau procureur fiscal oudit conté” (13).

     Cependant, très curieusement, il est qualifié aussi une fois par ce document “maistre Cormereau advocat du roy audict lieu d’Estampes” (
14). Mais il s’agit évidemment d’une étourderie du notaire. La charge d’avocat du roi a été créée à Étampes, comme on l’a déjà dit en passant, en même temps que celle de procureur du roi, en 1512; avant cela c’étaient les procureur et avocat du comte (15); en 1515, la charge d’avocat du roi est clairement occupée par Jérôme de Villette, fils et successeur du dernier avocat du comte, Jean de Villette (16), et lui-même premier avocat du roi à Étampes, depuis 1512 jusqu’en 1536 au moins (17). Elle sera tenue ensuite successivement par Claude Prévôt (18), Claude Mignault (19), Nicolas Prevôt (20) et Simon Chauvin (21).

     Le 7 février 1518 est encore cité: “G. Cormereau procureur”
(22).

     Le 28 mars 1518 
(23) il est mentionné, “Maître Guillaume Cormereau procureur du dit comté d’Estampes”, comme s’opposant à la requête des échevins d’Étampes dont on vient de parler, de concert avec le prévôt Guillaume Audren et le comte en titre, Artus Gouffier (24).

     Le 22 novembre 1518, c’est entre autres à son procureur que la reine Claude adressa depuis Blois la lettre par laquelle elle autorise la ville à user de son palais comme d’un auditoire, c’est-à-dire d’un palais de Justice; quoique, curieusement, le procureur ne soit pas cité à sa place parmi les destinataires de cet édit, entre l’avocat et le receveur
(25). L’office était-il alors provisoirement vacant?

     En revanche, il est bien fait mention du procureur du roi par une lettre de François Ier en date du 27 juillet 1519 relative au droit de haute-justice et de foire du seigneur de Saint-Cyr-la-Rivière, François du Monceau, qui avait été lui-même bailli d’Étampes l’espace de quelques mois l’année précédente (26).


     Guillaume Cormereau précisément paraît être mort vers ce moment-là, c’est-à-dire en tre le 28 mars 1518 et le 19 avril 1520, première mention explicite de son successeur Guillaume Ducamel.
     (2.3.1) Antiquitez, p. 31. Fleureau, comme on le voit, ne sait pas que Cormereau occupait cette fonction depuis déjà une douzaine d’années.

     (2.3.2) Selon la Rapsodie de Pierre Plisson éditée par Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 29.

     (2.3.3) Antiquitez, pp. 211-212.

     (2.3.4) Rapsodie éd. Forteau, p. 30.

     (2.3.5) Rapsodie éd. Forteau, p. 29.

     (2.3.6) Archives municipales d’Étampes AA 2 (copie du XVIIe siècle): “en la personne [lisez: en la presence] de sage et honorable homme maitre Jerosme Devillette avocat du roy, et maitre Guillaume Audren substitut du procureur dudit seigneur” (le document est daté de 1512, en ancien style). — (2.3.7) Fleureau, Antiquitez, p. 29: “Depuiz le Roy Loüis onziéme l’an 1471. erigea les Prevsotez en garde en titre d’Office. Guillaume Aludreu (sic) a été le premier pourveu de celle d’Estampes, en ectte qualité, par Lettres Patentes du 27. d’Avril 1512”; texte discuté par Dupieux, Institutions, p. 90.

     (2.3.8) Censier de Louis Lelong éd. Gineste 2011 38. — (2.3.9) ibid. n°72. — (2.3.10) ibid. n°57 et n°21.

     (2.3.11) Rapsodie, p. 35: “Le prévôt et le procureur du Roi ont été opposé à l’entérinement desdites lettres”.

     (2.3.12) Rapsodie, p. 36.

     (2.3.13) Archives municipales d’Étampes, AA 227 (cahier folioté 21 à 58), f°21r°, 22r°, 23v°, 27r°, etc., 52r°, etc. (f°39: du conté). Léon Marquis a eu entre les mains ce cahier qu’il a daté par étourderie de 1315 et où il n’a pas su lire le nom de Cormereau: “une enquête faite les 1er, 6, 7 et 8 septembre 1315 (sic), relative à un procès entre gentilhommes et manants, Me Guillaume.... (sic) Procureur fiscal, et Guillaume Andran, prévôt d’Étampes” (Les Rues d’Étampes, 1881, p. 114).

     (2.3.14) Ibid., f°40. — (2.3.15) Le 5 novembre 1505, cet avocat est un certain “Jean de Billault, conseiller et avocat de Gaston de Foix, agent féodal par la suite (Dupieux, Institutions, p. 86, s’appuyant sur deux registres autrefois conservées aux archives du Loiret, A. 1168, f°26 et A. 1238, f°184; cf. Inventaire-Sommaire de 1878, pp. 264b et 278b). — (2.3.16) Procès de 1520 entre Jean de Villette et Jean de Lépin, édité par Dupieux, Institutions, p. 262: “Dit qu’il a gardé l’estat d’advocat jusques à VcXII qu’il l’a resigné à son filz” (cf. Fleureau, Antiquitez, p. 31, déjà cité); dans le procès de 1517 également édité par Dupieux, p. 258, Jean de Villette semble prétendre ceci: “a esté procureur du roy à Estampes jusques à l’an VcXIIII, qu’il a résignée au prouffit son filz”; il s’agit là évidemment d’une double erreur matérielle de son défenseur ou d’un notaire, et non pas d’un mensonge maladroit de Jean de Villette comme le croit Dupieux, p. 258, note 1. Nous verrons une autre erreur de ce genre en 1515, où Cormereau sera dit “avocat du roi” en un certain passage d’un document qui le qualifie ailleurs régulièrement “procureur du roy”). — (2.3.17) Il est encore mentionné le 14 août 1536 dans un procès verbal des délibérations de l’assemblée de ville relatives aux fortifications d’Étampes (Archives municipales, AA 159; texte connu de Dupieux, Institutions, p. 86). Sa veuve est encore citée le 6 avril 1571: “mademoyselle Marie de Guy vefve feu noble homme maistre Hyerosme de Villette en son vivant advocat du roy au dict Estampes”. — (2.3.18) Le registre des baptêmes de Notre-Dame, qui commence en 1545, note comme parrain le 20 mars 1549, “maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes”, le 17 juillet 1552: “maistre Claude Prevost avocat du roy à Estampes”; cité comme tel pour l’an 1554 par la Rapsodie de Plisson (édition Forteau, p. 147), toujours en place en 1556 (Coutume d’Étampes), et encore parrain à Saint-Basile le 18 août 1568, “noble homme et saige maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes”, puis à Notre-Dame les 18 septembre 1570, “Marie fille de Claude Prevost advocat du roy” et 15 mars 1571, “Claude Prevost advocat du roy notre sire à Estampes”. — (2.3.19) En 1580 selon Forteau, Annales du Gâtinais (1909), p. 247, note 2, auteur d’une Notice sur les saint Can, Cantien et sainte Cantienne. — (2.3.20) Forteau, Annales du Gâtinais (1909), p. 248, note 1, note qu’il est “fréquemment mentionné dans les Registres paroissiaux à partir de 1588”; il est defait parmi les officiers d’Étampes qui signe le serment de Blois (Fleureau, Antiquitez, p. 254). Je l’ai noté par ailleurs parrain à Saint-Basile le 26 décembre 1591: “maistre Nicolas Prevost advocat du roy”; mentionné en 1594 par les “statuts des maîtres tailleurs d’habits de cette ville” qu’avait pu consulter Pierre Plisson (Rapsodie, éd. Forteau, p. 248); parrain à Saint-Basile le 2 mai 1596: “Chaterine (sic) Alleaume femme de Nicolas Prevost advocat du roy”; 20 juillet: “Catherine Alleaume femme de noble homme Nicollas Prevost advocat du roy à Estampes”; 13 octobre 1596: “nobles hommes Nicollas Prevost advocat pour le roy nominatif et Simon Egal procureur du dit seigneur”; 16 octobre 1597: “maistre Nicollas Prevost advocat du roy au baliage d’Estampes”; 9 janvier 1598: “honorable homme maistre Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 4 mars: “Catherine Alleaume femme honorable homme maistre Nicollas Prevost advocat du roy au bailiage d’Estempes”; il passe ensuite lieutenant du prévôt. — (2.3.21) Saint-Basile mercredi 23 février 1600: “noble homme et sage maistre Nicollas Prevost lieutenant de la prevosté d’Estampes et noble homme maistre Symon Chauvin advocat du roy nostre sire à Estampes”; 23 mars: “nobles hommes maistre Simon Chauvin advocat du roy et Simon Egal procureur du dict seigneur au bailliage et prevosté du dict Estampes, ledict Egal parrain nominatif”; Saint-Basile 3 septembre 1602: baptême de “Anthoine filz de honorable homme Simon Chauvin advocat du roy au bailliage et prevosté d’Estempeset de honorable femme Margueritte Memin” (marraine “Margueritte Chauvin”); 15 septembre 1602: “honorable homme Simon Chovin advocat du roy au bailliage d’Estempes”; samedi 9 août 1603: “noble homme maistre Simon Chauvin advocat du roy à Estampes”; 2 novembre 1605: “honorable homme maistre Simon Chauvin advocat du roy à Estampes”; Saint-Martin 28 novembre 1605 (Forteau, La paroisse de Saint-Martin d’Étampes, 1912, p. 34): “noble homme Simon Chauvin avocat du roy au bailliage et prevosté”; Saint-Basile lundi 6 novembre 1606: baptême de “Guillaume filz de honorable homme maistre Symon Chauvin advocat du roy à Estampes et de honorable femme Margueritte Memin” (marraine “Jehanne Hacte femme de deffunct Françoys Cheron”; Notre-Dame 23 novembre 1612: “Symon Chovin advocat du roy au bailliage et prevosté d’Estampes”.

     (2.3.22) Selon un document autrefois conservé à Orléans (AD45 A1170) et consulté par Paul Dupieux en 1931 (Institutions, p. 84, note 3).

     (2.3.23) Fleureau dit 1517, comme le document qu’il édite, sans prendre garde qu’elle est donnée dans l’ancien style; or la Pâques tombant, en nouveau style, les 12 avril 1517 et le dimanche 4 avril, un document daté du 28 mars 1517 dans l’ancien style est en réalité du 28 mars 1518 selon le nouveau style en vigueur depuis 1568. — (2.3.24) Sentence arbitrale éditée par Fleureau, Antiquitez, pp. 215-216.

     (2.3.25) Fleureau, Antiquitez, p. 27: “A nos amez & feaux Conseillers, les Bailly, Lieutenant, Prevôt, Advocat, Receveur, & autres Officiers de nôtre Comté, & Ville d’Estampes.”

     (2.3.26) Archives nationales P 8, n°2460 (cf. Catalogue des actes de François Ier, tome V, p. n°17154), texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques (1930-1931), p. 252: “Françoys, par la grace de Dieu roy de France, à noz amez et féaulx, gens de noz comptes et trésoriers à Paris, au bailly d’Estampes ou à son lieutenant, et à noz procureur, receveur et autres officiers au dict bailliage, salut et dilection.”
2.4. Sur la veuve de Guillaume Cormereau

     Le 18 octobre 1524, “Marie de Gilles vefve de feu maistre Guillaume Cormereau en son vivant procureur du roy nostre sire en sa conté d’Estampes, tant en son nom que comme ayant la garde de ses enffans” avoue tenir de Louis Lelong, pour 4 deniers de cens, “demy arpent de vigne assis au chantier de Macheffer, tenant d’une part à Pierre Boisse, foullon, d’autre part à [blanc], aboutissant d’un bout à la vefve et heritiers Colin Bary, et d’autre bout au chemin de Machefer” ainsi que, pour 2 deniers, “demy quartier de vigne assis au dit chantier, tenant d’une part à elle mesmes et ses dits enffans à cause de la piesce dessus declairée, d’autre part à la vefve Jehan Dan, aboutissant d’un bout à la vefve et heritiers Colin Bary, et d’autre bout au chemin de Macheffer”, cette dernière pièce ayant été acquise par Cormereau de Colas Lochereau (1).
     Ces parcelles (signalées come on l’a vu plus haut du vivant de Cormereau en 1513-1514) appartiennent encore le 14 août 1527 “à la vefve et heritiers feu maistre Guillaume Cormereau”
(2).
     (2.4.1) Censier de Louis Lelong [AD91 E. 3930; voir aussi E.3933: “la veuve Guillaume Cormereau”] éd. Gineste 2011 57. — (2.4.2) ibid. n°21.
     Le 26 octobre 1526, nous voyons que Marie de Gilles, veuve de Guillaume Ducamel, habitait encore la maison qu’elle avait héritée de son père et qui touchait à l’église Notre-Dame, car elle y héberge Madame de la Trémoille, qui conduisait le cortège funéraire de la reine Claude, de Blois à Saint-Denis, deux ans après sa mort.

     Marie de Gilles en est défrayée moyennant 60 sols, plus 118 sols pour le bois qu’elle a fourni. Voici le compte conservé à la Bibliothèque nationale:
     “A la veufve feu maistre Guillaume Cormereau, d’Estampes, pour deux cens bûches de gros boys et soixante-douze fagotz, pour le jourd’huy et le lendemain disner, CXVIII sols;
     “A ladite veufve, pour le desroy
[dérangement] du logis de madame de la Trémoille et cuysine, et avoir fourny de linge pour les tables et cuysine, baterie et ustancilles de cuysine, pour le soupper d’arsois [hier soir] et le disner du jour subséquent, LX sols”
(3).
     Ceci nous donne une idée, si vague soit-elle, de ce que pouvaient être le logis et le mobilier de Pierre de Gilles et de Guillaume Cormereau comparés à ceux de leurs voisins du quartier Notre-Dame.
Claude de France en orante funéraire      (2.4.3) BNF, K. 83, n°18 (“Despence de madame de la Trémoille et aultres dames et damoiselles qui ont accompaigné et conduict le corps de la feue royne Claude, que Dieu absoille, depuis Bloys jusques à Sainct-Denys en France”; extrait édité par Bigot de Fouchères, Tablettes historiques d’Étampes, Étampes, Auguste Allien, 1876, p. 97).
     En 1555, à Notre-Dame, elle se porte encore marraine en même temps que la femme du deuxième successeur de son mari, Esprit Ducamel (4).
     (2.4.4) Notre-Dame 2 août 1555: “fut baptisé Marie fille de maistre Claude Paulmier et de Jeanne sa femme; les parrins [sic] Jehan Hamoys, les marennes Marie Veufve de deffunct maistre Guillaume Cormereau et Marie femme de maistre Esprit Ducamel procureur du roy”.
2.5. Descendance de Guillaume Cormereau

     Comme son prédécesseur Pierre de Gilles, Guillaume Cormereau a fait souche à Étampes, et paraît avoir eu au moins deux fils, Jean et Philippe.

    Nous trouvons en effet vers le milieu du XVIe siècle un certain “Philippe Cormereau, bourgeois d’Étampes” censitaire comme sa mère Marie de Gilles du fief des Longs (1), marié à une certaine Marie Guettard qui fait une donation à l’Hôtel-Dieu (2); ce Philippe Cormereau assistera à la rédaction de la Coutume d’Étampes le 22 septembre 1556 (3), et sera maire de la ville d’Étampes en 1558 (4).

     Par ailleurs un certain Jean Cormereau est signalé en 1538 lors d’une procédure d’adjudication à la prévôté d’Étampes.
     Dans ce cadre, il rédige et signe un acte au nom du prévôt Guillaume Audren les 18 octobre 1537 et 23 février 1538 comme suit: “Cormereau commis”; il assiste par ailleurs aux quatre criées successives qui sont opérées opérées place Saint-Gilles, les jeudis 1er novembre,
15 novembre, 29 novembre et 13 décembre 1537 avec ce titre: “Jehan Cormereau clerc commis au greffe de la dicte prevosté”; il est présent enfin lors de la distribution finale du 25 juin 1538, avec cet autre: “Jehan Cormereau clerc notaire royal au dict lieu” (5). 
     (2.5.1) AD91 E. 3933.

     (2.5.2) AD91 E. 3778.

     (2.5.3) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°40r°: “Honorable homme Philippes Cormereau”.

     (2.5.4) Maxime de Montrond, Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2, p. 232, donne une liste d’édiles d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres de l’Hôtel de Ville” et notamment ceci  “1558. Philippe Cormereau, maire. Ferry Hue, Simon de la Lucasière, échevins”; Clément Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes, Archives Municipales, 2002, p. 36.

     (2.5.5) Archives municipales d’Étampes, AA 241, f°8v°, f°13v°, f°14r°, f°14v°, f°15v°, f°19r°, 34r°.
     Dans un long registre de comptes minicipaux pour les années 1564-1566, malheureusement non paginé, et qu’il serait bien intéressant d’éditer, il est fait fait mention de plusieurs quitances signées de Jean Cormereau, comme celle-ci: “quictance du dict Gourmont signée Cormereau notaire royal au dict Estampes en dacte du XXIIe jour de juillet mil  Vc soixante cinq” (6).
     (2.5.6) Archives municipales d’Étampes, AA 13.
     Dans le même registre Jean Cormereau est cité en temps que procureur des échevins d’Étampes, comparaissant par exemple avec eux devant le lieutenant du prévôt le 6 octobre 1564, à l’occasion de la prestation de serment du nouveau receveur des deniers communs de la ville Jean Delaunoy (7).
     Nous le voyons encore, après 1565, tenancier du même fief des Longs, “Jean Cormereau, procureur au baillage d’Etampes” (8).
     Il est parrain à Notre-Dame à quatre reprises de 1564 à 1570, qualifié alors tantôt 
“procureur” et tantôt “praticien” (9). On voit en la première de ces occasions que les liens sont restés vivaces entre les descendants de Pierre de Gilles et ceux de son gendre Guillaume Cormereau, car il s’agit alors de jumeaux, et le deuxième enfant a pour marraine “Simonne Le Coup femme de sire Pierre de Gilles”.




     (2.5.7) Ibid., p. 1.

     (2.5.8) AD91 E. 3934 (1565-1572).

     (2.5.9) Notre-Dame jeudi 16 novembre 1564: “honneste personne maistre Jehan Cormereau procureur au bailliage d’Estampes”; 1er juin 1566: “honneste personne maistre Jehan Cormereau procureur au bailliage d’Estampes”; 30 octobre 1568, “Jacquette femme de maistre Jehan Cormereau praticien”; 2 octobre 1570: “honnorable homme maistre Jehan Cormereau” (parrain de Jean, fils posthume, fils de Pierre Leverryer, chirurgien du roi).

Généalogie De Gilles-Cormereau    

3. Guillaume Ducamel, le fils du laboureur
(…1518-1544…)


Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Maison seigneuriale des dames de Maubuisson, résidence de Colin puis Guillaume Ducamel (2009)

Généalogie Ducamel

3.1. Sur Colin Ducamel, père de Guillaume

     L’origine de la famille Ducamel, d’où sortirent les deux premiers successeurs de Jean Cormereau, me semble locale, et liée au terroir de Villeconin, où signalé dès le XIIIe siècle un clos du Camel (1). En 1556 par ailleurs le curé de La Forêt-le-Roi s’appelle Maurice Ducamel: c’est sans doute l’un de leurs parents éloignés (2).

     Quoi qu’il en soit une branche de la famille Ducamel est établie dès la fin du XVe à Étampes dans le secteur de l’actuelle rue Louis Moreau. Nous y trouvons dès 1482 un Colin Ducamel qui paraît la souche de tous les autres: il tient une maison Grand Rue Saint-Basile qui touche à celle des dames de Maubuisson (
3). En 1498, ils sont trois censitaires des dames de Longchamp, Colin Ducamel (4), son fils et voisin François Ducamel (5), ainsi qu’un certain Pierre alias Pernet Ducamel tout récemment encore possessionné dans un autre secteur de la censive, sur le plateau (6). Colin tient alors une maison qu’on peut situer au n°12 de la rue Louis-Moreau, et son fils une parcelle attenante, sous le château.

     Le 30 octobre 1500, le censier de Notre-Dame nous montre de plus, de l’autre côté de la rue, un certain Jean Ducamel tenant une maison dans la censive des chanoines, “à cause de sa femme” (7).

     On apprend le 17 août 1507 que Colin Ducamel était “laboureur”, au moment où il prend à bail la maison seigneuriale des dames de Maubuisson, au n°10 de la rue Louis-Moreau, qui touche la maison qu’il tient déjà à cens des dames des Longchamp
(8); on note à cette occasion la présence en temps que témoin de “Pernet Ducamel”.

     A la Saint-Rémi,
c’est-à-dire le 1er octobre, des années 1509 et 1511, Colin est toujours censitaire des mêmes (9).

     Il doit être mort dans le courant de ce mois d’octobre 1511, car, le 6 novembre 1511, c’est à Guillaume Ducamel que les dames de Maubuisson donnent à bail leur maison du n°10 de la rue Louis-Moreau: “Guillaume Ducamel procureur et practicien en court laie au dict Estampes” (10). Il apparaît par là que Guillaume Ducamel était lui aussi fils de Colin, et frère certainement aîné de François.
     (3.1.1) Nous voyons qu’au XIIIe siècle il existait à Fourchainville (apud Foucheinvillam), hameau de Villeconin, un clos du Camel (clausum de Camel) où étaient possessionnés les moines de Morigny (Cartulaire de Morigny, éd. Menault: en 1230, n°37, pp. 103-104; en 1234, n°40, p. 104; en 1235, n°43, 44 et 45, pp. 100-101, 103 et 105-106; en 1237, n°46, pp 101-102. — (3.1.2) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°34r°: “Maistre Morice du Camel curé de la forest le Roy, present”.

     (3.1.3) Censier de Longchamp pour 1482 (AD91, E. 3896), édition Gineste, item n°12: “Colin du Camel, pour sa maison, court, cave, jardin, et appartenances assis en la dite Grant Rue Saint Basille tenant d’une part à l’ostel des dames de Maub[u]isson et d’autre part à Jehan Picart, abutant au pavé de la dite Grant Rue et par derriere à Guillaume Hemes ; pour ce : X s. VIII d.”. —(3.1.3) Censier de Longchamp pour 1498 (AD91, E. 3895), édition Gineste, item n°6: “Collin du Camel, pour sa maison, court, jardin et appartenances assis en la grant rue Saint Jacques, tenant d’une part à l’ostel des dames de Maubuysson, d’autre part à Jehan Pezart à cause de sa femme, aboutissant d’un bout à ladite grant rue, d’autre bout par derriere à Guillaume Hemes: VI s.VIII d. t.”. — (3.1.5) Ibid., item n°40: “François Ducamel, pour partie de l’eritage Collin Ducamel son pere où il fait faire maison, tenant d’une part audit Collin, d’autre part aux dames de Maubuysson, aboutissant à la dite grant rue: IIII s. t.” — (3.1.6) Ibid., item n°128-129: “Jehan Boissiere (…) ou lieu de Pierre du Camel, pour ung quartier de vigne assis en Espinant (…)  aboutissant d’un bout au chemin des vignes, d’autre bout au murgier: IIII d. t.” et item n°169: “Loys Johannes filz d’Estienne Johannes demourant à Brieres les Scellées, pour demi arpent et demi quartier de terre assis au Boys Belon, lequel il a achacté de Pierre Ducamel”.

     (3.1.7) Censier de Notre-Dame d’Étampes pour 1500, Archives Nationales, édition Gineste, item n°35: “Jehan Ducamel, pour sa maison assise audict lieu, tenant d’une part à Jehan Boissiere, aboutissant sur ladicte rue [=“en la grant rue Sainct Anthoine”]”; cf. item n°34: “Les hoirs Jehan Marie, pour leur maison assise en la grant rue Sainct Anthoine, tenant à Jehan Ducamel à cause de sa femme, aboutissant sur ladicte rue”. — (3.1.8) Bail de la maison seigneuriale des dames de Maubuison en 1507 (AD95 72H 108), édition Gineste; “Colin Ducamel, laboureur demourant à Estampes”. — (3.1.9) AD91 E. 3897: “Collin Ducamel”.

     (3.1.10) AD95 72H 108, édition Gineste 2010; Monique Chatenet le donnait déjà comme “procureur” et tenant cette maison en 1511, quoique sans préciser sa source, peut-être différente de la nôtre (Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, p. 201).
3.2. Sur les frères de Guillaume Ducamel
      En cette même année 1511 ce censier des dames de Longchamp nous précise que François est “marchand hôtelier” (1); il nous est aussi signalé aussi un peu plus tard, pas avant 1513, comme censitaire du fief des Longs en même temps que son frère: “François du Camel, marchand; (…) Guillaume Ducamel, praticien en cour laye” (2); en septembre 1515 il apparaît dans une liste des bourgeois d’Étampes établie par son frère Guillaume entre temps devenu tabellion du bailliage d’Étampes (3). François Ducamel est mort entre 1515 et 1529. Un registre de Longchamp mentionne sa veuve et ses héritiers de 1529 à 1536, puis ses seuls héritiers de 1537 à 1539 (4).

     Dans le même temps ce même registre mentionne, à la place de Colin, et donc sans doute pour la maison du n°12, d’abord “Pernet Ducamel” en 1529, puis “maistre Guillaume Ducamel” de 1530 à 1540, qui a dû en hériter à son tour. Ce Pernet devait donc bien être un troisième fils de Colin Ducamel mort sans descendance.


     (3.2.1) AD91 E. 3898 “François du Camel, marchant hôtelier (…) Collin Ducamel”.

     (3.2.2) AD91 E. 3930 ( à une date indéterminée entre 1513 et 1541).

     (3.2.3) Archives municipales d’Étampes AA227, f°45r°v°.

     (3.2.4) AD91 E. 3899. Cf Inventaire-Sommaire de la série E, tome 2, pp. 290-298.

3.3. Antécédents de Guillaume Ducamel

     Revenons maintenant à Guillaume Ducamel, que nous avons déjà vu signalé le 6 novembre 1511 comme “procureur et practicien en court laie au dict Estampes” lorsque les dames de Maubuisson lui donnent à bail leur maison du n°10 de la rue Louis-Moreau (1).
     ( 3.3.1) AD95 72H 108, édition Gineste 2010.
     Le 9 octobre 1513 “Guillaume Ducamel tabellion d’Estampes” enregistre des aveux de douze censitaires de Louis Lelong: Guillemin Durant, Jean Belier, Jehan Sablon, Jean Paris l’esné, Jean Chausson, Jean Chandelier, la vefve Cancian Girault, Macé Aleaume, Pierre Moreau, Pierre Girault, Pierre Bourdin, Pierre Mencion (2).

Signature de Guillaume Ducamel comme notaire en 1513 (Censier des Longs, folio 43 verso)
     (3.3.2) Censier de Louis Lelong [AD91 E. 3930] éd. Gineste 2011 Lelong n°19, 24, 25, 27, 28, 38, 44, 58, 68, 69, 70, 71.
     Le 8 janvier 1514 “Guillaume Ducamel tabellion d’Estampes” enregistre des aveux de sept censitaires de Louis Lelong: Cancien Louvet, Ferry Saillart, Louis Julin, Jehan Guyllart, Loys du Chesne, Pierre Boesse, Princet Guiart (3)
     (3.3.3) Censier de Louis Lelong éd. Gineste 2011 Lelong n°11, 16, 20, 23, 45, 72, 73.
     Le 9 octobre 1514, “Guillaume Ducamel praticien” est cité comme voisin d’un censitaire de Louis Lelong au champtier de Machefer, le cordonnier Jehan Fiette. Est-ce à dire qu’il ne soit plus tabellion? Tout indique le contraire, car dans tous les items de ce censier où il apparaît, comme tenancier, ou comme voisin, ou comme témoin, l’aveu est enregistré non pas par le tabellion, mais par son substitut, ici “Charles Bonnaurdon, clerc substitut juré au tabellionnage d’Estampes (4). Il doit obéir en cela à un principe de déontologie.
     (3.3.4) Censier de Louis Lelong éd. Gineste 2011 Lelong n°36.
     Le 9 septembre 1515 nous le retrouvons bien de fait tabellion du bailliage: “Guillaume du Camel tabellion et Pierre de Vedye notaire et substitut jurez commis ès ville et conté d’Estampes” (5). C’est sous sa direction qu’est alors établie une très précieuse liste, celle des nombreux bourgeois de la ville qui constituent alors comme leur procureur Pierrot de Feugères, procureur au Châtelet de Paris, pour y défendre leurs intérêts.
     (3.3.5) Archives municipales d’Étampes AA227, f°45r°.
     Le 11 juillet 1516, “Guillaume Ducamel, praticien au dit Estampes” se porte témoin de l’aveu d’un censitaire de Louis Lelong, à savoir de “Maistre Guillaume Audren, licencié en decret, garde de la prevosté d’Estampes”, l’aveu étant enregistré par “Charles Bonnaurdon, substitut du tabellion d’Estampes (6).
     (3.3.6) Censier de Louis Lelong éd. Gineste 2011 Lelong n°64.
     Le 22 février 1517 “ Guillaume Ducamel, praticien en court laye à Estampes” avoue devant “Philipe Hebart, clerc substitut juré au tabellionnage d’Estampes”, tenir lui-même de Louis Lelong, pour 12 deniers de cens, “demy arpent de vigne en une piece, assis ou chantier de Machefer, tenant d’une part à Cancian Tourneville, aboutissant d’un bout à maistre Michel Poynet et d’autre bout à la vefve et heritiers Fiette”. L’aveu est reçu par “Philipe Hebart clerc substitut juré au tabellionnage d’Estampes (7). Il doit donc être toujours lui-même tabellion.
     (3.3.7) Censier de Louis Lelong éd. Gineste 2011 Lelong n°22.
     On conservait enfin autrefois à Orléans, avant le bombardement de 1940, copie d’un titre de cette époque relatif, malheureusement non daté, à un cens ou rente qui était perçu par le receveur du roi sur une maison sise à Étampes et tenue par Guillaume Ducamel “praticien en cour laye” (8).
     (3.3.8) AD45 A. 1226 (registre de copies de titres), cf. Inventaire-Sommaire de la série A, 1878, tome 1, p. 276b.
     Il apparaît donc que Guillaume Ducamel a été tabellion au moins de 1513 à 1515, et certainement au-delà. C’est une donnée très intéressante sur sa carrière. Nous avons vu que Pierre de Gilles avait commencé pour sa part par être notaire.

     Reste à déterminer à quelle date Ducamel est passé procureur du roi. Nous avons vu que la dernière mention que nous connaissions de son prédécesseur Guillaume Cormereau dans cette fonction était du 28 mars 1518.


3.4. Guillaume Ducamel procureur du roi

     Pierre Plisson, qui a connu comme on l’a dit de nombreuses pièces d’archives étampoises aujourd’hui disparues, signale dans sa Rapsodie Guillaume Ducamel comme “procureur du Roi” dès 1520 (1). Il l’était même peut-être depuis déjà 1519.

     Le 19 avril 1520, de fait, nous le voyons renouveler le bail de la maison seigneuriale des dames de Maubuison, au n°10 de l’actuelle rue Louis-Moreau, avec ce titre: “honnorable homme maistre Guillaume Ducamel procureur du roy nostredit seigneur ou conté d’Estampes”
(2).
     (3.4.1) Édition de Forteau, Annales du Gatinais 1909, p. 248; c’est probablement sur cette base que Dupieux avance aussi sans référence cette date de 1520.


     (3.4.2) AD95 72H 108, édition Gineste, ligne 5-6.
     Le vendredi 14 novembre 1522, le procureur du roi se rend à la maladrerie Saint-Lazare, de concert avec le lieutenant général du bailliage, qui était alors Jean de l’Épine, assisté de son greffier, et avec deux échevins d’Étampes (3). Ils y procèdent à la prise de possession de la charge d’administrateur de cet établissement par Pierre Marchant, clerc de la chapelle de la reine Claude alors comtesse d’Étampes, nommé à ce poste par François Ier le 23 octobre (4).
     (3.4.3) Archives nationales, Papiers des Princes, Apanage d’Orléans, R4.940, liasse 1, pièce 3 (cité par Dupieux, Institutions, p. 143, note 1).

     (3.4.4) Texte édité par Dupieux, pièce justificative n°20.
     En 1532, Guillaume Ducamel rédigea un inventaire, sur un registre de papier de 148 feuillets, et ce grand in-quarto porte le titre suivant: C’est le papier mis par forme d’inventaire des registres, vidimus, adveuz, dénombremens, declarations, foys et hommaiges et aultres enseignemens, concernans les fiefz du conté d’Estampes, pour le Roy notre sire; aussy des fiefz et arrière-fiefz tenuz et mouvans dudict seigneur, à cause de sa grosse tour, chastel et conté dudict Estampes.
     Selon l’Inventaire-Sommaire, “ce papier est l’œuvre de Guillaume Ducamel, procureur du roi. Il lui fut enjoint de le faire par Jean De Pouche, lieutenant général de Languedoc, gouverneur, bailli et capitaine d’Estampes; et par Jean de La Barre, comte d’Étampes, gouverneur de Paris”
(5).
     (3.4.5) F. Maupré et Jules Doinel, Inventaire-Sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Loiret. Archives civiles. Série A. Nos 1 à 1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878, p. 268, article A. 1181. Cette transcription du titre est précieuse parce que la première page du registre est aujourd’hui pratiquement illisible. Ce très précieux registre a été sauvé par miracle lors de l’incendie de 1940, et son texte sera édité dans le présent Corpus Étampois, nous l’espérons, avant la fin de l’année 2011.
     Vers 1535, date de la mort de Guillaume de Paviot seigneur de Boissy-le-Sec (6), c’est probablement à Guillaume Ducamel que fut adressée par sa veuve Anne d’Autry une réquisition de souffrance en faveur de ses héritiers mineurs Philippe et Jacques, c’est-à-dire une suspension provisoire de leur devoir d’hommage, jusqu’à leur majorité (7). Comme on le verra à nouveau à la génération suivante, le procureur du roi dut transmettre cette demande à la Chambre des Comptes, seule habilitée à y accéder.

     Le 17 octobre 1537, à Saint-Cyr-la-Rivière, le sergent étampois Pierre Lamy vient réclamer l’exécution des clauses obligatoires d’un contrat de mariage passé à Étampes quatre ans auparavant. Le curé de Saint-Cyr s’était engagé à fournir au ménage une certaine somme d’argent et certains biens, mais il est mort avant de s’être entièrement acquitté de ses obligations. L’exécuteur testamentaire oppose au sergent Lamy, devant le prévôt de Saint-Cyr, qu’il ne dispose à cet effet d’aucun bien qui ne soit mis sous séquestre par le procureur du roi (8).
     Cependant il doit s’agir d’une erreur, car le prévôt d’Étampes, en relatant cette affaire quelques mois plus tard, le 1er juin 1538, rectifie visiblement cette assertion en précisant qu’il s’agissait plutôt du procureur du seigneur de Saint-Cyr
(9).
     (3.4.6) Jean-Pierre Dobler, Boissy-le-Sec, Écomar, 2002, p. 58 (qui ne donne pas sa source pour cette date). — (3.4.7) Selon un document autrefois conservé à Orléans, AD45 A. 1195; cf Inventaire-Sommaire de la série A, 1878, p. 270b  (premières pièces d’une série datées par l’inventaire de 1535 à 1738): “Paroisse de Boissy-le-Sec. — Boissy-le-Sec: — acte de souffrance concédé à Anne d’Autry veuve de Guillaume Pavyot, au nom de ses enfants mineurs; — réquisition de souffrance pour les mêmes mineurs, Philippe et Jacques; — acte de fois et d’hommage des mêmes; — [évidemment à la génération suivante] réquisition de souffrance de Jeanne De Brissay, veuve de Jacques Pavyot, au nom des mineurs Pierre, Claude, Louise, Suzanne et Jacqueline; — offres de foi de Pierre de Pavyot; — etc.”.

     (3.4.8) Archives municipales d’Étampes AA254 (autre cote portée par le dossier: L.241), f°7r°, édition Gineste 2010: “ceulx qu’il en a en sont empeschez à la requeste du procureur du roy mon sire”.

     (3.4.9) Ibid. f°1v°: “tout estoit empeché à la requeste du procureur du [rayé: roy] seigneur du dict lieu de Sainct Cire”; f°8r°: “à la requeste du procureur du dict seigneur de Sainct Cire”.
     En revanche, le 25 juin 1538, c’est bien au procureur du roi Guillaume Ducamel que sont versées deux indemnités dans le cadre de la même affaire.
     Une maison appartenant au défunt, à Étampes, à côté de l’Hôtel de Ville, a été mise en adjudication, et elle est finalement achetée par le maire et les échevins d’Étampes. Selon l’usage, le prix de la vente est ensuite distribué, pour rembourser d’une part les créanciers du défunt et pour payer leurs avocats et procureurs, d’autre part pour rémunérer les officiers du baillaige de leurs diligences dans le cadre de cette affaire. C’est dans ce cadre que Guillaume Ducamel se voit attribuer 10 livres et 9 sols parisis. Le prévôt précise en effet que le bailli en personne lui a déjà attribué 10 livres et 5 sols, et il y ajoute lui-même 4 sols pour avoir assisté à la dite distribution:
     “A esté baillé et distribué au procureur du roy nostre sire au bailliage et duché d’Estampes ad ce present la somme de dix livres cinq solz parisis, laquelle luy a esté par cy devant taxée par monsieur le bailly d’Estampes comme il nous est apparu par taxe faicte le vingt cinquiesme jour de jung dernier passé [sic], et pour avoir assisté à la dicte distribution avons taxé au dict procureur du roy quatre solz parisis presentement payez par le dict de la Lucariere recepveur, qui est somme toute à tournoys, treize livres ung sol et troys deniers tournoys.”
(10)
     C’est un exemple concret de ce que constate ailleurs Dupont-Ferrier: “Les enquêtes, les examens de témoins et autres actes de procédures, onéreux pour les parties, étaient souvent lucratifs pour le procureur” (11).
     (3.4.10) Ibid., f°26v°. La date du 25 juin doit constituer ici une erreur, puisque c’est la date de la distribution en cours, tandis que le 25 juin 1537 le curé de saint-Cyr était encore en vie.

     (3.4.11) Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées, Paris, Émile Bouillon, 1902, pp. 153-154.
     En cette même année 1538, quelques jours plus tard, le 5 juillet, est renouvelé le bail de la maison des dames de Maubuisson au bénéfice de “honorable homme et saige maistre Guillaume Du Camel procureur du roy nostre sire ou bailliage d’Estampes” (12).

     Le 9 juin 1543 est adressé par le roi le “mandement au bailli d’Étampes de procéder à la vente des bois de Chantropin, nonobstant le procès pendant entre le procureur du roi audit Etampes et le vidame de Chartres, et sans préjudice des droits desdites parties”
(13). Ce bois sépare les communes de Saint-Chéron et de Breux, au canton de Dourdan. Fleureau au siècle suivant cite de fait “Champtropin” parmi les hameaux dépendants de Saint Cheron, village, & paroisse (14).
     Ce conflit est toujours en cours en 1557, où il se poursuit devant le Parlement, au témoignage de ces deux mémoires conservés au Trésor des Chartes sous la cote J 737/41-41bis: 41. Cahier de copies collationnées de titres de 1334 à 1548 produits par Jean Le Roux, grènetier d’Étampes, en l’instance pendante au Parlement de Paris entre le procureur général du roi, demandeur pour son substitut à Étampes, et ledit grènetier, défendeur pour le vidame de Chartres et les religieuses de La Saussaye, sur les bois de Champturpin, dépendant du duché d’Étampes (cahier papier, 6 avril 1557); 41bis. Mémoire au procureur général du roi pour contredire ladite nouvelle production de titres de Jean Le Roux (original, sans date [XVIe s., après le 6 avril 1557]).” (15)
     (3.4.12) AD95 72H 108.

     (3.4.13) Mandement rendu à Épineuseval le 9 juin 1542, d’après une copie du temps signée Moynerie (Archives de Seine-et-Oise, série D, fonds de Saint-Cyr, 19e carton de la Saussaye, résumé par le Catalogue des actes de François Ier. Tome VI, Paris, Imprimerie nationale, 1896, p. 671, n°22410). — (3.4.14) Antiquitez, p. 62 (ici).

     (3.4.15) Centre Historique des Archives Nationales. Série J. Trésor des Chartes. Supplément. Inventaire par Henri de Curzon, relu et complété par Jean-Marc Roger, conservateur en chef. J 736 - 741. Ile de France, 1912, dont une réédiiton numériqu een ligne (cliquez ici), p. 12.
     Au début de 1544, il dépose comme procureur lors du procès verbal d’évaluation du duché (16). Il est alors interrogé par Nicolas Dupré, maître des Comptes, et Pierre le Maistre, greffier de la Chambre des Comptes, en janvier ou février (17).

     En cette occasion, Ducamel déclara entre autres que le droit de guet perçu à son époque par le bailli d’Étampes sur les contribuables imposés pour la taille du roi pouvait valoir à son bénéficiaire la somme de trois à quatre cents livres par an, somme qui étonne Dupieux, qui se demande si on n’est pas là en présence d’une exagération dictée par la jalousie envers un supérieur non résident, d’autant qu’un autre témoin que ce revenu serait plutôt inférieur à soixante livres (18).

     Nous apprenons à cette date un usage en vigueur à Étampes: lorsqu’un nouveau lieutenant général est nommé au bailliage d’Étampes, “il comparaissait dans la salle qui servait d’auditoire, en présence de tous les dignitaires du bailliage. On entendait le procureur du roi qui lui souhaitait la bienvenue, on lisait sa lettre de nomination, puis on tenait session”
(19).

     Le 31 juillet 1544, un bourgeois d’Étampes sollicite du roi la création de douze nouveaux offices à Étampes. En juin 1545 deux offices d’auneurs de draps sont effectivement crés par édit royal. Mais ce qui nous intéresse ici, c’est le rôle que joue dans cette affaire le procureur du roi à Étampes, tel que nous le révèle le texte de cet édit enregistré à la Cancellerie de France, jadis édité par Dupieux, et que nous rééditons intégralement ci-après.
     (3.4.16) Selon un document autrefois conservé à Orléans (A 1237, passim) cité par Dupieux (Institutions, p. 85, note 5, qui donne par erreur A. 1236). En voici le résumé par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 278b: “procès-verbal d’évaluation des domaines de la Ferté-Aleps (Alais) et d’Étampes en 1543. Droits de reclins et amendes. Reclin ou reclaim, de reclamium, action de réclamer son bien.” Il faut faire attention que cette date doit être corrigée, l’évaluation ayant eu lieu en janvier et février 1543 ancien style, c’est-à-dire au début de 1544 (cf. Dupieux, Institutions, p. 38, note 1). — (3.4.17) Archives nationales, anc. J. 961, n°124, cf. Catalogue de actes de François Ier, t. VIII, p. 131, n°30462 (mention de la rétribution des enquêteurs), cité par Dupieux, Institutions, p. 38, note 1)

     (3.4.18) Institutions, pp. 74-75.

     (3.4.19) Dupieux, Institutions, pp. 79-80, d’après un document aujourd’hui disparu des Archives du Loiret (A1236, folio 273), dont malheureusement il ne précise ni la nature ni la date; mais il semble que ce soit le procès-verbal d’évaluation du 1544, où dépose Guillaume Ducamel et qu’il cite avec la même référence (p. 85, note 5).
     “François, etc., à tous présens, etc.,
     
comme, dès le dernier jour de juillet dernier passé, Anthoine Regnault, sommellier ordinaire de panneterre de nostre très cher et très amé filz le Daulphin, et Pierre Gytton, marchant dappier de la ville d’Estampes, nous eussent présenté requeste tendant, par icelle et pour les causes y contenues, de créer et ériger en la dicte ville, duché et bailliage d’Estampes les offices qui s’ensuivent,
     c’est assavoir ung office d’enquesteur et examinateur, ung office d’esleu, oultre celluy qui y est de présent, deux offices de vendeurs de vins en la dicte ville et faulxbourgs, deux offices de aulneurs et courtiers de draps en la dicte ville et faulxbourgs, deux offices de priseurs de biens, tant héritaiges que meubles, et deux commissaires sur les boullengers, et deux offices de jaulgeurs de muyz et poinssons de vins en la dictes ville et faulxbourgs,
     sur quoy eussions décerné noz lettres patantes aux bailly et prévost d’Estampes ou leurs lieuxtenans, pour, appelé nostre procureur, informer sur le contenu en la dicte requeste, et de la commodité ou incommodité de nous et de la chose publicque, sur les dictes érections et créations d’offices, et la dicte information, avec leur advis sur ce et de [p.266] nostre dict procureur, renvoyez par devers nous et nostre dict conseil, pour pourveoir comme de raison,
     savoir faisons que nous, suivant les dictes requestes, lettres, informations et advis cy attachez soulz le contre-seel de nostre chancellerie, avons en la dicte ville, faulxbourgs, duché et bailliage d’Estampes créé, érigé et estably, créons, érigeons et establissons par édict perpétuel et irrévocable les offices qui s’ensuivent,
     c’est assavoir deux aulneurs et courtiers de draps en la dicte ville et faulx-bourgs, pour estre par nous pourveuz ès dictz estatz et offices de personnaiges capables et suffisans, à telz droiz, honneurs, auctoritez, proffictz, revenus et émolumeus qui y appartiennent, et à tels et semblables que ont et prennent ceulx des autres villes de nostre royaume.
     Si donnons en mandement par ces dictes présentes aus dictz bailly et prévost d’Estampes et à tous noz autres justiciers que de noz présent édict, création et érection des dictz offices ilz facent enregistrer, lyre et publier, et du contenu en icelle joïr et user, etc., ceulx qui seront par nous pourveuz des dictz estatz et offices et leurs successeurs,
     cessans et faisans, etc., nonobstant oppositions, etc. et sans préjudice d’icelles, etc. Et affin, etc., sauf etc.,
     Donné à Argentein, ou mois de juing, l’an de grace mil et Ve XLV, et de nostre règne le XXXIe. Ainsy signé: Par le Roy: Maistre Arnole Dupic, maistre des requestes de l’hostel, Chrispin Cerfier. Visa. Et scellé de nostre verd en laz de soye.(20).
     (3.4.20) Archives nationales JJ 2571, n°64, f°31 (cf. Catalogue des actes de François Ier, tome IV, p. 753, n°14502), texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques (1930-1931), pp. 265-266 (n°11).
     Ce document illustre à merveille le rôle du procureur lors de lors de toute prise de décision royale d’intérêt local: c’est lui qui est en charge de mener l’enquête de commodo et incommodo, c’est-à-dire de peser le pour et le contre de toute innovation locale, tant du point de vue des intérêts particuliers du roi que du point de vue de l’intérêt public en général.

     En 1546 (21), c’est très probablement à Guillaume Ducamel que fut adressé une réquisition de souffrance en faveur des enfants mineurs de Simon Hardy, seigneur de la Fosse à Chalo-Saint-Mars.

     La date de la mort de Guillaume Ducamel est incertaine; il est probable mais non certain qu’elle est antérieure 1547; cependant, dans l’état actuel de notre documentation, c’est seulement en 1550 que son fils et successeur Esprit Ducamel est mentionné expressément comme procureur du roi.

     Comme nous l’avons déjà vu et le verrons à nouveau dans la suite, la détention de la charge de procureur du roi à Étampes paraît donc bien avoir revêtu dès avant le XVIe siècle un caractère héréditaire, qui persistera encore pendant toute la première moitié de ce siècle (22).
     (3.4.21) AD45 A. 1198, cf. Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p. 271a: “1546-1744. — Paroisse de Châlo-Saint-Marc (suite). — Justice de la Fosse: — réquisition de souffrance par Alexandre Midon, sieur de Vaully, demeurant à Guay-Gaillard, paroisse de Férolle, au nom et comme tuteur de Simon-Nicolas-Isidore Hardy, François Hardy et Marie-Louise Hardy, enfants mineurs du premier lit de Simon-Nicolas Hardy, seigneur de Guay-Gaillard, La Motte, Férolle et La Fosse, et de Marie-Louise Midon”. A l’époque de Fleureau, vers 1668, “Auguste Hardi est seigneur du hameau de la Fosse”, mais il nous dit curieusement, Antiquitez, p. 44, que ce dernier l’aurait acheté au “successeurs de Messieurs de Thou”.

     (3.4.22) C’est pourquoi d’ailleurs il n’est impossible que l’épouse de Guillaume Ducamel, mère d’Esprit Ducamel, ait été elle-même une fille de Guillaume Cormereau, quoique rien ne l’indique positivement dans l’état actuel de notre documentation.
3.5. Descendance de Guillaume Ducamel

     Nous connaissons avec certitude trois enfants de Guillaume Ducamel, auxquels il faut joindre ccertainement une certaine Louise première épouse d’Esprit Hattes son deuxième successeur.

     1. Esprit Ducamel, fils et premier successeur de Guillaume, sur lequel nous ne étendrons pas ici puisqu’il fait l’objet de l’article suivant.

     2. Marie Ducamel épouse de Girard Garnier, dont nous allons parler ci-après.

     3. Jean Ducamel II.
Installé dans la paroisse Notre-Dame, il paraît  y avoir fait souche. Le 5 mai 1552, il s’y porte parrain, et le 13 août de la même année il y fait baptiser un Jean Ducamel III que vient de lui donner sa femme Cantienne; le parrain est son frère Esprit Ducamel, et la marraine sa sœur Marie (1). On trouve sa veuve Cantienne toujours censitaire des dames de Longchamp de 1562 à 1571 au moins (2).
     
Jean Ducamel III sera lui-même parrain à Notre-Dame le 28 octobre 1577, âgé de 15 ans. En 1582 nous le retrouverons, âgé de trente ans, contrôleur du domaine d’Étampes (3).

     4. Louise, première épouse d’Esprit Hattes, était probablement aussi une fille de Guillaume Ducamel, comme nous aurons l’occasion de le dire au sujet de son deuxième successeur.
     (3.5.1) Notre-Dame 13 août 1552: “Le dict jour fut baptisé Jehan filz de Jehan Ducamel et de Cancienne sa femme; les parrins maistre Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu et Jehan Dallier et la marenne Marie fille de maistre Girard Garnier advocat”. Nous reviendrons sur cette Marie Ducamel fille de Guillaume et femme de Girard Garnier.

     (3.5.2) AD91 E. 3900: (1562): “la veuve Jehan Ducamel; (…) M. Esprit Ducamel; M. Esprit Hacte”; (1563) “la veuve Jehan Ducamel; (…) M. Esprit Ducamel; M. Hacte, procureur du roy”; (1564) “les enffans Jehan Ducamel”; AD91 E. 3901 (1571-1576): “la veuve Jehan Ducamel”.

     (3.5.3) Notre-Dame 28 octobre 1577: “Jehan Ducamel”; Saint-Gilles 9 juillet 1582: “honeste personne maistre Jehan du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes” (marraine: “Perrine Haste”).
3.6. Sur son gendre Girard Garnier I et sur son petit-fils Girard Garnier II

     Outre son fils et successeur Esprit, dont nous parlerons dans l’article qui suit, Guillaume Ducamel a eu au moins une fille, sinon deux. Il est en effet vraisemblable que la Louise qui fut la première épouse d’Esprit Hattes, receveur du domaine au moins à partir de 1549, était une fille de Guillaume Ducamel; nous en verrons ultérieurement plusieurs indices; cependant la seule de ses filles que nous connaissions pour telle avec certitude esst une certaine Marie Ducamel.

     On la trouve marraine à Notre-Dame et à Saint-Basile, mentionnée comme épouse de Girard Garnier de 1545 à 1554, puis comme sa veuve de 1564 à 1566 (1).

     Ce Girard Garnier est signalé dès 1533 comme un avocat en activité, licencié ès lois, avocat et conseiller du bailliage, dont on a conservé un plaidoyer, également signé de Louis Lambert,  vantant les mérites d’Étampes comparés à ceux de Montfort-l’Amaury, également siège  d’un grenier à sel, à l’occasion d’un différent relatif à des localités frontalières. Je ne peux résister au plaisir de citer ce bel éloge patriotique de la ville d’Étampes:
     “Premierement que la ville d’Estampes est une belle grant ville close d’un beau et fort chastel et de fossez à eaue et fortes murailles, populée de grant nombre de bons et riches marchans, assis en l’un des meilleurs pays et passaiges dedans France et la Beaulse, et sur le grant chemyn de Paris et Orleans, sur la riviere de Juysne qui est navigable et de moult grant apport et proffit à la chose publicque du pays.
     
Et sy est douée et enrichie de Maison de Ville, en laquelle y a maire et eschevyns et aultres officiers de ville, et grant apport & affluence de marchandises qui y arrivent tant par eau que par terre, à cause de la bonne assiete de dicte ville et des marchez quant y ils sont chacune sepmaine les jours de jeudi et vendredi et samedi, et chacun jour y a marché de regraterye sans aucunes subsides.
     “Item en oultre en la dicte ville y a bailly, prevost, lieutenant general, particulier, advocat et procureur du roy, et grant affluence de notables sçavans advocatz et gens de bon conseil; dont le roy nostre sire est conte et seigneur, en grant estandue de pays qui ressortist tant en premiere instance que par appel par devant les bailly et prevost de la dicte ville”
(2).
     Le 22 septembre 1556, à l’occasion de la rédaction de la Coutume d’Étampes, nous le trouvons prévôt de la chatellenie de Mesnilgiraut; il assiste un grand nombre de participants: il est
conseil de l’Eglise d’Orléans, avocat et conseil de l’abbaye de Morigny, ainsi que des célestins de Marcoussis, conseil de Claude de Châtillon seigneur de Bouville, de François d’Alonville seigneur d’Oisonville, de Jacques de Paviot seigneur de Boissy-le-Sec, de Claude de Percy seigneur de la Tour d’Auvers, et de Claude Desmaris (des Mazis) seigneur de Marchais (3).

    Trois mois plus tard, les trois parlementaires parisiens qui avaient présidé à la rédaction de la Coutume d’Étampes s’étant transportés à Dourdan pour y faire de même, lors de rédaction de la Coutume de cet autre bailliage, le 29 décembre 1556, nous voyons intervenir “maistre Girard Garnier, Advocat à Estampes, substitut du procureur du Roy, audit Bailliage d’Estampes” (4).
     Nous reviendrons plus loin sur cet épisode, dans notre article sur le mandat d’Esprit Ducamel.
C’est deuxième cas avéré que nous ayons relevé pour l’instant au XVIe siècle d’un substitut du procureur du roi à Étampes, après celui de Guillaume Audren prévôt faisant l’office du procureur du roi le 13 janvier 1513 en remplacement occasionnel de Guillaume Cormereau (§ 2.6); il nous semble qu’il s’agissait ici aussi d’un mandat exceptionnel, et non pas d’une charge fixe, dont il n’est pour l’instant aucun autre exemple avéré à Étampes au XVIe siècle.
     On remarquera seulement ici qu’il intervient également à Dourdan en temps qu’avocat de “messire Alof de l’Hospital chevalier seigneur de sainte-Mesme, le Jallier, Denisy, Corpeaux, Roullon, Semonz, les Jourriatz, Grousteau, Chenevelles & Vausoleil” (5)
. Cest bien là sa sa véritable fonction ordinaire, car en 1557 et 1560, il est à nouveau cité avec le simple titre d’avocat (6).  
           (3.6.1) Notre Dame 2 octobre 1545 “[espace blanc] du Camel femme de maistre Girard (sic)”; 16 août 1552: “Le dict jour fut baptisé Jehan filz de Jehan Ducamel et de Cancienne sa femme; les parrins maistre Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu et Jehan Dallier et la marenne Marie femme de maistre Girard Garnier advocat”; 10 octobre 1564: “M. Marie veufve de honorable homme Girard Garnier en son vivant advocat à Estampes”; Saint-Basile les 10 février et 28 décembre 1566: “Marie du Camel veufve de deffunct Girard Garnier” (nous trouvons en même temps pour parrain “maistre Esprit Haste procureur”, qui doit être son beau-frère, si comme nous le supposons sa première épouse Louise était aussi une fille de Guillaume Ducamel, et “venerable et discrette personne maistre Nicolle Petot [Nicolas Pétau] baillif d’Estampes”; 28 décembre 1566: “Marye du Camel veufve deffunct maistre Girard [rayé: du] Garnier advocat à Estampes.”

Signature de Girard Garnier, vers 1533
Signature de Girard Garnier (vers 1533)

     (3.6.2) Archives municipales d’Étampes AA 47 ( 31 pièces de procédure au sujet de la perception de la gabelle), pièce n°23. Archives municipales d’Étampes, AA 47 n°23. Ce texte n’est pas daté, mais appartient à une liasse de trente-et-une pièces relative à une procédure que Marie-Anne Chabin date de 1532-1534. On notera que l’auteur dit que le conté est dans la main du roi, ce qui signifie qu’on est avant le 22 juin 1534, date à laquelle le conté d’Étampes fut donné par François Ier Jean de Penthièvre et à son épouse Anne de Pisseleu (Fleureau, Antiquitez, pp. 223-224). Ce texte est connu par Dupieux (Institutions, p. 79, note 1), qui en donne même un résumé (ibid., pp. 211-212).

     (3.6.3) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°32r° (bis), 32v°, 35r°, 36r°, 37v°. — (3.6.4) Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, p. 136. — (3.6.5) Ibid., p.134. — (3.6.6) Notre-Dame 12 novembre: “honorable homme maistre Girard Garnier licencié ès loix avocat à Estampes”; 26 octobre 1560: “honorables hommes maistre Girard Garnier advocat ou bailliage d’Estampes et le sire Françoys Bidault”.
    Enfin, à l’occasion  des événements de 1562, où la ville fut prise un temps par les huguenots, Girard Garnier fut un temps, au témoignage de Pierre Plisson, “lieutenant général, commissionné à faire l’exercice” (7).
     Il devait sans doute alors remplacer provisoirement dans cette fonction
Claude Cassegrain, qui avait été condamné, par arrêt du Parlement du 21 novembre 1562, pour avoir trahi la cause catholique, à estre pendu et estranglé à potences croisées, qui seront mises et plantées en la place des Halles de cette ville de Paris (8).
     Il est bien clair que cette deuxième charge était comme la première (celle de substitut du procureur en décembre 1556) était revêtue à titre provisoire, puisque après sa mort il est mentionné à nouveau comme simple avocat
(9).

     Nous voyons par là que ce gendre de Guillaume Ducamel, et beau-frère de son successeur Esprit Ducamel, était loin d’être un personnage négligeable, et que c’était surtout un catholique hors de tout soupçon de connivence avec le protestantisme.
     (3.6.7) Rapsodie, éd. Forteau, p. 245; Dupieux, Institutions, p. 79, le qualifie sur cette base “lieutenant général par interim vers 1562”. — (3.6.8) Arrêt perdu du Parlement, cité par Denis-François Secousse, Mémoires de Condé, Londres, C. Du Bosc et G. Darrès, 1743, t. IV, pp. 94 & 122. — (3.6.9) Notre-Dame 10 octobre 1564: “Marie veufve de honorable homme Girard Garnier en son vivant advocat à Estampes”.
3.7. Sur son petit-fils Girard Garnier II

     Une autre chose le manifeste évidemment quelques années après sa mort, c’est le comportement de son fils Girard Garnier II, lors d’une troisième prise de la ville par les Huguenots en mars 1568.
     Cette troisième occupation de la ville par les Huguenots, remarquons-le au passage, nous est révélée par le registre des baptêmes de Saint-Basile, car elle avait jusqu’ici complément échappé à l’attention des historiens d’Étampes (10). Le témoignage
absolument remarquable de ce registre n’est pas tout à fait isolé: il éclaircit une allusion également jusqu’ici non remarquée que faisait un autre document à deux prises successives de la ville en 1567 (11), et il explique le baptême à la huguenote d’un enfant de la paroisse Saint-Martin en février 1568 (12).
     Au folio 216 on passe brusquement du 10 février au 20 avril; mais il a été ultérieurement ajouté à droite dans la marge:
     “Mars. — Le IXe jour de mars  à huict heures du soir fut baptisée Katherine fille de honorable homme maistre Girard Garnier et de Claude Canto sa mere; le parrain Pierre Sedillot, les marraines dame Katherine Garnier femme de honorable homme maistre Barthelemy Marcial advocat à Estampes et la femme de Nicolas Mahon. Au dict moys estoient les huguenotz en ceste ville, qui estoit cause qu’on [n’]ousoit baptiser les enfans à l’eglise, et fut le pere contrainct faire baptiser la dicte Katherine en sa maison par messire Anthoine Rallé prebstre vicaire en l’eglise Sainct Basille.
[signé:] Lelong [paraphe].

     Ce que nous apprend donc le registre de Saint-Basile, c’est que Girard Garnier a opéré à son propre domicile un baptême clandestin, par fidélité au rite catholique et pour échapper à l’oppression des Huguenots qui forçaient tout le monde à suivre leurs propres rites. Il semble que ces baptêmes forcés avaient lieu à Notre-Dame (13), tandis que Saint-Basile était au nombre des églises dont usèrent les Huguenots comme d’écuries (14). Je reviendrai dans une autre étude sur ces aspects peu étudiés de l’histoire du protestantisme à Étampes.
     (3.6.10) Fleureau, Antiquitez, pp. 236-241, n’en dit rien. Il ne connaît que deux occupations d’Étampes par les Huguenots, la première du 13 novembre au 18 décembre 1562 (pp.238-239), et la deuxième du 17 octobre au 16 novembre 1567 (p. 204); il passe ensuite à la paix de Longjumeau du 23 mars 1568, sans paraître savoir qu’Étampes est alors à nouveau occupé par les Huguenots depuis semble-t-il les environs du 10 février. De même René de Saint-Périer, La grande histoire d’une petite ville, Étampes, Étampes, Caisse d’Épargne, 1938, p. 42 (mis en ligne par le Corpus Étampois ici). Comme sur bien d’autres points on s’est contenté en gros de gloser Fleureau. — (3.6.11) Mandement de Charles IX du 21 octobre 1573 édité par Dupieux, Bulletin philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques (1930-1932), p. 282: “Noz chers et bien amez les manans et habitans de nostre ville, faulxbourgs, bailliage et ellection d’Estampes nous ont faict remonstrer que, en l’année cinq cens soixante sept, ilz auroient par nostre ordonnance receu en la dicte ville d’Estampes et pour la conservation d’icelle en nostre obéissance les seigneurs de Montluc, et Tilladet, et les cappitaines de la Motte de Bonnelle, Saint Martin, et autres avec leurs troupes, pour le payement et entretenement desquelz ilz auroient fourny et fraié la somme de trois mil deux cens quatre vingtz quinze livres huit solz tournois, auroient aussy pour la nourriture de nostre camp et armée faict amas et magasin de bledz en la dicte ville, laquelle auroit esté prinse par deux fois, et tous et chacuns leurs biens meubles raviz et emportez avec les dietz bledz ainsi mis audit magasin, etc.” — (3.6.12) Saint-Martin 14 décembre 1567 (deuxième occupation) puis 12 février 1568 (troisième occupation), textes cités par Charles Forteau, Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 18 (1912), pp. 81-82. — (3.6.13) Un des baptêmes enregistrés en mars à Notre-Dame, semble-t-il d’ailleurs a posteriori, porte en marge que l’intéressé était de la paroisse Saint-Basile. — (3.6.14) Fleureau, Antiquitez, p. 239.
3.8. Sur l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel

     La question de l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel mériterait une longue étude particulière et ne saurait être traitée ici suffisamment au long, d’autant que toutes les pièces de ce dossier assez bien conservé n’ont pas encore été suffisamment étudiées.

     La question est d’autant plus complexe que cette maison seigneuriale des dames de Maubuisson touchait d’un côté à la censive des dames de Longchamp (qui tenaient l’actuel numéro 12), et de l’autre à celle des célestins de Marcoussis (qui tenaient le numéro 8); et comme les Ducamel s’agrandirent semble-t-il de ces deux côtés, il en résulta une situation complexe pour leurs successeurs, autant que pour les historiens, qui doivent naviguer entre ce qui reste de trois fonds d’archives distincts, actuellement dispersés, entre autres, entre Pontoise (pour Maubuisson), Chamarande (pour Longchamp et pour une partie des achives des Célestins de Marcoussis) et les Archives nationales (pour une autre partie des archives des célestins).

     Nous donnerons ici  ultérieurement un résumé des questions qui se posent, et de ce qu’on peut déjà savoir sur cette maison. Mais, pour ne pas avoir l’air d’ici là de garder jalousement sous le coude ce que j’ai trouvé, je donne déjà ci-contre ce beau plan de la maison seigneuriale des dames de Maubuisson conservé à Pontoise, où est figuré sous la lettre I le bâtiment qu’avait érigé Ducamel sur une parcelle que lui avaient vendue ces dames, qui s’étaient réservé naturellement les autres parties de cet ensemble, et surtout la grange où elles stockaient le fruit de leurs dîmes.
Plan de la maison de Maubuison après les aménagement opérés par Ducamel

Généalogie Ducamel


4. Esprit Ducamel, fils de Guillaume
(…1550-1566…)


Maistre Esprit Ducamel procureur du roy (Notre-Dame 28 décembre 1550)
Maistre Esprit Ducamel procureur du roy (Notre-Dame 28 décembre 1550)

Esprit Ducamel procureur du roi (Coutume d'Etampes, édition de 1557)
Esprit Ducamel procureur du roy audit Estampes (Coutume d’Estampes, édition de 1557)

4.1. Antécédents d’Esprit Ducamel

     Quelles fonctions avait occupées Esprit Ducamel, fils et successeur de Guillaume, avant d’accéder au poste de procureur du roi à Étampes? C’est ce que nous ne savons pas en l’état actuel de notre documentation. On peut légitimement se demander s’il n’avait pas été, comme deux de ses prédécesseurs, Pierre de Gilles et Guillaume Ducamel, soit notaire ou tabellion, ou bien encore, comme ses deux premiers successeurs, Esprit Hattes et Pierre Legendre, receveur du domaine (1). Mais nous n’avons pour l’instant aucun indice positif en ce sens.
     (4.1.1) Comme le sera aussi en 1582 son petit-cousin Jean II Ducamel, puis après lui son gendre Damien Provensal en 1599.
     Esprit Ducamel nous est signalé en premier lieu par le registre des baptêmes de Notre-Dame, où il se porte parrain quatre fois de suite l’an 1547. Il ne porte alors pas d’autre titre que “maistre Esperit Ducamel” (2). Seulement il faut observer qu’à cette date ancienne le registre ne mentionne les dignités des parrains, dont il ne donne que les noms. Comme la fréquence de ces parrainages indique un grand rayonnement social, il nous est loisible, mais seulement loisible de supposer qu’Esprit, dès cette année-là, a succédé à son père comme procureur du roi à Étampes.
     (4.1.2) Notre-Dame 22 mars, 14 juin, 25 juillet et 4 septembre.

4.2. Esprit Ducamel procureur du roi

     Le 28 décembre 1550 en tout cas se porte marraine à Notre-Dame d’Étampes “Marie femme de Esprit du Camel procureur du roy”.

     Le 15 avril 1551 se porte lui-même parrain au même lieu “maistre Esprit du Camel procureur du roy”; le 26 juillet s’y portent marraines de concert “Loyse femme de maistre Esprit Hacte et Marie femme de maistre Esperit Ducamel procureur du roy à Estampes”. Il y a bien des apparences que cette Loyse était soit une fille d’Esprit Ducamel, ou bien sa sœur, fille comme lui de Guillaume Ducamel.

     Cette même année 1551 “maistre Crespin [sic] du Camel procureur du roy au bailliage d’Estampes” reconnaît la seigneurie des célestins de Marcoussis sur son Hôtel des Carneaux, au n°8 de l’actuelle rue Louis-Moreau (1). Nous avons précédemment qu’il avait déjà hérité de son père le n°10, relevant de la censive des dames de Maubuisson, et le n°12, relevant des celle des dames de Longchamp.
     (4.2.1) D’après un résumé du XVIIIe siècle dû aux célestins de Marcoussis et conservé actuellement dans les anciennes archives des dames de Maubuisson, qui tenaient l’actuel n°10; le notaire a lu par erreur Crespin au lieu de Esprit (AD95 72H 108).
     Cette même année 1551, le procureur du roi se rendit à Méréville pour y instruire, en compagnie du doyen de la chrétienté d’Étampes, de son clerc et du promoteur, le procès de deux femmes veuves accusées d’hérésie (2). On voit par là que le procureur du roi à Étampes était aussi en charge de veiller à l’ordre public en matière religieuse, en temps que représentant du bras séculier de l’église catholique.
     (4.2.2) AD89 G. 307 (registre 1510-1584). Cf. Inventaire-Sommaire des archives de l’Yonne, Archives ecclésiastiques, série G, tome deuxième, Auxerre, Gallot, 1878, p. 81: “Dépenses faites par le doyen, son clerc, le promoteur et le procureur du roi, d’Étampes à Méréville, pour instruire le procès de deux femmes veuves accusées d’hérésie, 8 livres.” J’éditerai ultérieurement ce texte en latin que j’ai eu le plus grand mal à retrouver, tant les indications de l’Inventaire sont imprécises.
     Le 16 août 1552 se porte parrain à Notre-Dame “maistre Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu”.

     Cette même année 1552 eut lieu un procès  entre l’administrateur de la maladrerie de Saint-Lazare et les détenteurs de plusieurs métairies situées à la Grange-Saint-Lazare. Le procureur du roi, l’avocat du roi et le prévôt constatèrent personnellement les démolitions de ces métairies
(3). Nous voyons en cette occasion, comme le fait remarquer Dupieux, que chaque enquête en vue d’opérer une constatation quelconque, rapportait à ces officiers une somme non négligeable: 20 sols tournois pour le procureur, contre 22 sols 8 deniers pour l’avocat (soit deux testons) et plus de deux livres pour le seul prévôt.
     (4.2.3) Archives nationales. Papiers des Princes. Apanage d’Orléans, R4.941 folio 62: comte de la maladrerie Saint-Lazare. Enquête pour constater les démolitions des métairies sises à la Grange Saint-Lazare (cité par Dupieux, Institutions, p. 85, note 2; p. 86, note 9; p. 93, n. 4; p. 160, note 4).
     De 1552 à 1556 furent tenues des comptes de la maladrerie Saint-Lazare qui nous ont été conservés, et qui précisent notamment que, lorsqu’ils réclamaient chaque année l’autorisation d’exercer le droit de marché qui leur avait été accordé par Louis VII (4), les administrateurs de Saint-Lazare avaient pour coutume ancestrale de régler un teston (c’est-à-dire 11 sols 4 deniers) tant au bailli ou à son lieutenant qu’au procureur et à l’avocat du roi (5).

     En 1553 Esprit Ducamel est encore mentionné comme procureur du roi
(6).

     Le 2 août 1555 se porte marraine à Notre-Dame “Marie femme de maistre Esprit Ducamel procureur du roy”.

     (4.2.4) Marché qui est à l’origine de la toujours vivante foire Saint-Michel.

     (4.2.5) Archives nationales R4.941, folio 48, texte cité par Dupieux, p. 85; texte d’ailleurs édité par Forteau d’après une copie du XVIIIe siècle, Annales du Gâtinais 1903, p. 114: “les maistres et administrateurs de ladicte Maladrerie ont de tous tems et d’ancienneté accoustumé de présenter requeste à M. le Bailly d’Estampes ou son lieutenant, advocat et procureur du Roy pour avoir dellivrance et permission delad. foire et droictz d’icelle ausquels pour répondre lad. requeste les maîtres et administrateurs de lad. Maladrerie ont accoustumé de bailler à chacun un teston”.

     (4.2.6) Selon la Rapsodie de Pierre Plisson éditée par Forteau (Annales du Gâtinais 1909, p. 248).
     Le 27 octobre 1555, Henri II rend un édit important pour la vie du bailliage, où nous voyons qu’il a d’abord consulté pour ce faire son procureur à Étampes, dont l’avis paraît avoir été décisif. Il semble même que ce soit Esprit Ducamel lui-même qui avait saisi le roi de cette affaire.
     Trois ans auparavant, pour désencombrer le Parlement de Paris il avait créé le présidial de Chartres qui devait statuer en dernier appel sur les cas importants des bailliages environnants, notamment celui d’Étampes. Or, par ailleurs, depuis une ordonnance de François Ier, les baillis pouvaient déclarer exécutoires en premier ressort les jugements qu’ils prononçaient sur des affaires purement personnelles lorsque les amendes n’excédaient pas 40 livres parisis ou 10 livres de rente. Seulement les conseillers du présidial de Chartres s’arrogèrent aussi cette faculté, et déclaraient à nouveau exécutoires leurs propres sentences d’appel, de sorte que d’une part les justiciables subissaient doubles frais et double peine, et que d’autre part l’autorité du bailli d’Étampes était comme vidée de toute substance.
     Nous citons donc ci-après les termes de l’édit qui reprend selon toute apparence l’argumentation développée par Esprit Ducamel lui-même, et rend la décision qu’il appelait de ses vœ
ux: 
     “Comme nostre procureur en nostre duché et bailliage d’Estampes nous a faict dire et remonstrer, les conseillers magistratz de nostre bailliage et siège présidial de Chartres s’efforcent de jour en jour infirmer les sentences de nostre bailly d’Estampes ou son lieutenant de la qualité susdicte, en ce qu’ilz les déclairent exécutoires suyvant la dicte ordonnance, nonobstant le dict appel, et révoquer comme attentat tout ce que par luy est faict, condamnant les parties aux despens, dommaiges et interestz, soulz umbre que les appellations pour les sommes susdites contenues aus dictz édictz ressortissent par devant eulx, qui est en ce faisant grandement diminuer l’auctorité de nostre dict bailly d’Estampes, travailler et constituer en fraiz et mises les dictes pauvres parties,
     
“à ces causes, nous, désirans les édictz et ordonnances faictz par nostre dict seigneur et père, que Dieu absolve, sortir leur effect, relever noz subjectz de vexations indeues, à ce que soubz couleur des appellations qui ressortissent par devant noz juges magistratz pour raison des jugements donnez par les juges à eulx inférieurs, au cas de notre dict édict, nos dictz subjectz ne soient consommez en fraiz et mises, ensemble donner reiglement certain à nos dictz juges, magistratz et juges inférieurs,
     
avons dict, déclairé, statué, voulu et ordonné, et de nostre grace spécial, plaine puissance et auctorité royal, disons, déclairons, statuons, voulons et ordonnons et nous plaist par ces présentes que le dict bailly d’Estampes ou son lieutenant puissent doresnavant déclairer leurs sentences exécutoires de la qualité susdicte, subjectes à la dicte ordonnance faicte par feu nostre dict seigneur et père, tout ainsi qu’ilz faisoient et souloient faire auparavant l’édict de la création des dictz magistratz (7). 
     (4.2.7) Archives nationales JJ 2571, n°64, f°31 (cf. Catalogue des actes de François Ier, tome IV, p. 753, n°14502), texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques (1930-1931), pp. 268-270 (n°14); voir aussi Dupieux, Institutions, pp. 162-163. 
     Le 22 septembre 1556 Esprit Ducamel est cité parmi les “officiers du roy” assistant à la rédaction de la Coutume d’Étampes. Si l’on se reporte au récit des auteurs de la coutume, qui étaient trois parlementaires parisiens, on constate qu’ils qualifient bien d’abord notre homme “Esprit du Camel, Procureur du Roy audit Estampes”, sans d’ailleurs lui doner le titre de “maistre”, qu’ils accordent pourtant à une grand nombre de personnages (8); mais dans la suite, lorsqu’ils rapportent les prétentions respectives des procureurs du roi à Orléans et à Étampes, ils qualifient ostensiblement et presque systématiquement chacun d’eux de “substitut du procureur général du roi” de tel ou tel bailliage (9).
     (4.2.8) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557,  f°39r°.

     (4.2.9) Ibid., f°42v°: “pour le substitut du procureur general du Roy du Bailliage d’Orleans”; f°43r°: “à la requeste du substitut dudit procureur general du Roy, oudit bailliage d’Estampes”; f°44r°: “les substituts dudit procureur general du Roy, esdits Balliages d’Orleans & Estampes”, etc.
     C’est un bon indice des forces centralisatrices qui sont alors à l’œuvre dans le royaume. C’est un fait qu’avait déjà noté Dupont-Ferrier: “Le Procureur général du roi au Parlement affectait de considérer tous les procureurs, dans le ressort de la cour, comme de simples substituts par rapport à lui-même; il estimait qu’ils faisaient corps avec lui et que leur pouvoir n’était qu’une émanation du sien. Il n’est pas douteux qu’ils fussent, à certains égards, ses subordonnés. Cela ne les empêchait pas d’avoir le sentiment très vif qu’ils étaient, avant tout, sous la dépendance du roi. Ils recevaient de la Monarchie la qualification de procureur du roi dans tel de ses bailliages; ils prenaient cette désignation eux-mêmes et chacun la leur reconnaissait à l’intérieur du bailliage” (10). Chacune de ces assertions est étroitement vérifiée, sans aucune exception, par le cas des procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle.
     Je n’ai pour l’heure trouvé aucune source locale qui use de cette dénomination de substitut avant 1653, où elle paraît entrer dans l’usage seulement après la catastrophe de 1652, qui a brisé toute fierté locale (
11).
     (4.2.10) Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées, Paris, Émile Bouillon, 1902, p. 150. — (4.2.11) Présence, lors de l’élection d’un nouveau maire en 1653, après les événements catastrophiques de 1652, de “Claude Le Vassor, substitut du procureur du roi à Etampes”, cité par Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), p. 253, note 1, d’après un registre des délibérations apparemment aujourd’hui disparu. Cette qualification est confirmée par un censier de Longchamp, AD91 E. 3906 (daté par l’Inventaire-Sommaire de 1600 à 1661): “maistre Claude Le Vassor procureur ès siege royal d’Estampes et substitut de monsieur le procureur du roy”. La ville n’est plus alors qu’une bourgade dépeuplée, où on n’élit plus que deux échevins au lieu de quatre.
     Nos trois commissaires précisent par ailleurs nettement que les autorités qui ont convoqué à Étampes tous ceux qu’y trouvent en vue de procéder à cette rédaction l’ont été par l’avocat du roi, assisté du procureur“Maistre Claude Prevost, advocat du roi audit lieu assisté du procureur dudit seigneur, a dit & remonstré que suivant le commandement d’iceluy seigneur, & en vertu desdites lettres de commission, il avoit fait adjourner, & donner assignation audit jour vingt uniesme de Septembre, & autres jours ensuivans a comparoir en ladite ville d’Estampes audit auditoire pardevant nous: aux gens de trois estats desdits Bailliage & Prevosté, & anciens ressorts” (12).
     (4.2.12) Ibid., f°31v°/r°.
     On voit alors plusieurs représentants des États émettre des contestations, principalement relatives à leur rattachement au bailliage d’Étampes. On les écoute à tour de rôle. Dès le départ le procureur du roi intervient  pour suggérer aux trois présidents de demander aux premiers de ces requerants s’il n’est pas vrai que les jugements portés dans la châtellenie de Guillerval relèvent bien d’habitude en appel du bailliage d’Étampes; les commissaires s’exécutent alors et consignent les précisions ainsi obtenues (13).
     (4.2.13) Ibid., f°43r°/v°.
     Surtout, lors de cette séance du 22 septembre 1556, si importante pour l’histoire d’Étampes et de ses institutions, Esprit Ducamel prononça un réquisitoire final circonstancié à l’encontre de tous les particuliers et collectivités qui avaient la velléité de se soustraire à l’autorité du bailliage d’Étampes. J’en donne ci-après le texte, tel qu’il a été transcrit dans le Procès verbal édité en 1557 (14).
     (4.2.14) Ibid., f°46v°-f°50v°. Autre édition: Charles A. Bourdot de Richebourg (avocat au Parlement), [éd.], Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, pp. 114-116.
4.3. Réquisitoire d’Esprit Ducamel du 22 septembre 1556

     “Et par le substitut du Procureur general du Roy audit Estampes, a esté dit & maintenu que [lisez: quant] à la Chastellenie du dit Guillerval & Monnarville membre d’icelle, que la Jurisdiction ordinaire appartient audit Abbé de Saint Denys, mais ressortist, & a tousjours ressorty par appel, par devant ledit Bailly d’Estampes.

     Et quant à Angerville, ledit Abbé soubz umbre d’une Jurisdiction fonciere, a usurpé Jurisdiction ordinaire, sur quelque partie des habitans dudit Angerville: combien que tous les habitans soyent de la Jurisdiction ordinaire dudit Estampes. Ont mesmes esté les lettres patentes du Roy, par iceux habitans d’Angerville obtenuës, pour la closture d’icelle ville, enterinées audit Bailliage d’Estampes: & aussi ont esté, & sont tous les habitans desdits lieux de Guillerval, Monnarville, & Angerville, Justiciez pour les cas Royaux, par ledit Bailly d’Estampes, comme estans du ressort d’iceluy Bailliage. Et ont esté tous les subjets desdits lieux, tousjours regis et gouvernez, comme encores sont, notoirement souz lesdites Coustumes d’Estampes.

     Quant au Plessis Saint Benoist, Auton, Sainville, Meronville, & Souchamp (1), ledict procureur du Roy a dit que l’Abbé de Sainct Benoist a Jurisdiction sur les habitans de Sainville, Meronville [Mérouville], & Souchamp [Sonchamp]. Et pour exercer ceste Jurisdiction auroit anciennement, Et a eu, jusques à quarante ans sont, une maison en [f°47r°] la parroisse Saint Gilles dudit Estampes, appellée la Greneterie, en laquelle pend pour enseigne le Cigne, & a une boucle d’arain ou de fer, qui estoit sur le pend de ladite maison: en plaine rue se tenoit sa Jurisdiction, qui s’appeloit, la Justice de la Boucle. Mais depuis ledit temps de quarante ans, un nommé Beauvillier, Juge desdits lieux, a prins & usurpé Jurisdiction sur les habitans dudit Plessis, Meronville & Sainville, & la [l’a] tenuë & exercée audit Plessis: mais n’a jamais ledit Abbé eu Jurisdiction sur les habitans d’Auton, lesquels sont subjets, & Justiciables du Roy: en premiere instance du Prevost d’Estampes, & par appel du Bailly, dudit lieu: & n’ont recongneu ny recongnoissent autres Juges. Est ledit lieu d’Auton, un gros bourg, composé de plusieurs fiefz & seignenries [seigneuries], tenuz par nobles & roturiers: y a séel aux contratz de la Prevosté d’Estampes, Peages pour le Roy, qui se baillent de deux ans en deux ans à ferme, au plus offrant & dernier encherisseur, à la chandelle estainte, par le Bailly dudit Estampes, ou son lieutenant, avec les autres fermes muables du dommaine du Roy, audit Estampes. Et aussi ne dient les Curés, Nobles, & habitans dudit Auton, ne aucun d’eux user, ou avoir usé d’autres Coustumes que de celles dudit Bailliage d’Estampes: & assistent par devant nous, à la redaction desdites Constumes, comme y ayans interestz, sachant qui [qu’ils] sont des ressortz & Coustumes d’iceluy Bailliage d’Estampes. Se sont aussi lesdits habitans d’Auton, comme semblablement ceux des autres lieux & vilaiges, qui sont assis dedans les destroitz [districts] d’iceluy Bailliage d’Estampes, tousjours [f°47v°] regis & gouvernez, selon les Coustumes d’iceluy Bailliage. N’ont esté appelléz les estats ne aucun deux [d’eux] à la redaction des Coustumes d’Orleans, & si lesditz lieux du Plessis, Sainville, Meronville & Souchamp, se sont eclipsez du ressort, & Bailliage d’Estampes, & ressorty à Orleans: ce auroit esté par ce que lors Estampes n’estoit Royal, & que l’Abbé de Saint Benoist sur Loyre, d’ou dependent lesdites terres, avoit par une garde gardienne ses causes commises par devant ledit Bailly d’Orleans.
     (4.3.1) Fleureau a résumé ainsi cette section: “Quand on reforma la Coûtume d’Estampes, en 1556. il y eut une grande contestation pour sçavoir sous quelles Jurisdictions & Coûtumes ces lieux devoient estre reduits; les uns disant qu’ils étoient des Bailliages & Coûtumes d’Orleans: Les autres de Dourdan: & les autres d’Estampes. Le Procureur du Roy en ce dernier Bailliage soutint aussi que l’Abbé de S. Benoist n’avoit que simple Mairie sur les habitans de Sainville, Merouville, & Souchamp, pour l’exercice de laquelle il avoit eu d’ancienneté une maison en la Paroisse de S. Gilles d’Estampes, appellée la Greneterie, où pendoit pour enseigne le Cygne, avec une boucle de fer, ou d’airain, sur le pan, pour marque de cette Jurisdiction, dite de la Boucle, laquelle s’exerçoit en plaine ruë: & que depuis environ 40. ans auparavant un nommé Argenvillier avoit usurpé une jurisdiction ordinaire sur les habitans de tous ces lieux. Quoi qu’il en soit, les choses sont presentement en l’état que j’ay dit: & la boucle reste encore attachée reste encore attachée au pan de la maison qui touche celle du Lion d’or, en la Paroisse S. Gilles, à laquelle pendoit anciennement pour enseigne le Cygne, comme je l’ay appris d’une declaration de cette maison passée au Roy le 10. de Juillet 1527. Le vulgaire dit par erreur que cette boucle est la marque de la franchise de Challo S. Mard, et qu’anciennement elle servoit d’azile” (Antiquitez, pp. 33-34).
     Léon Marquis fait là-dessus ce commentaire: “Tout le monde n’est pas de l’avis de l’historien d’Étampes qui rapporte ces faits, et l’on doit respecter les traditions. Monteil, dans son histoire des Français, où il n’avance rien sans preuves, dit qu’il y avait à Étampes une maison où un descendant de Chalo Saint-Mard donnait l’hospitalité à de nombreux pèlerins. Les armes de la femme de Chalo, qui sont: un serpent entortillé cherchant à mordre sa queue (Montfaucon, Monuments de la monarchie), ressemblent assez à une boucle, et l’hôtellerie du Cygne était sans doute l’ancienne maison des descendants du fameux pèlerin. (Les rues d’Étampes, pp. 116-117)
     Dupieux fait remarquer que ces deux interprétations ne se contredisent pas, vu que, selon le texte de la Coutume, la justice dont il est question se rendait en plein air, ce qui ne préjuge donc pas du propriétaire de l’Hôtel du Cygne (Institutions, p. 61).
     Quant aux villages de Boisseau, Orvau, & Bellesauve, sont les habitans d’iceux lieux de la Jurisdiction du Prieuré Saint Pierre: Faulxbourg d’Estampes & la [là] s’est tenuë de tout temps, comme encores tient, de present la Jurisdiction. Sur [sur] les habitans d’iceux lieux [;] lesquelz sans difficulté se sont tousjours gouvernez selon la Coustume dudit Estampes & l’a ainsi presentement accordé maistre Macé Poylasne Curé dudit Orvau.

     Quant à la comparition pretendue avoir esté faicte l’an mil cinq cens & neuf, à la redaction des Coustumes d’Orleans, les trois estatz des ditz lieux & villages ne aucuns d’eux ne sont comparus, ains seulement maistre Pierre Daniel Bailly de l’Abbaye dudit Saint Benoist, Pierre Foubert, & Estienne Peigne leurs procureurs generaulx, Gervais Belier & Jehan Bouguyer tous demourans en la ville d’Orleans: & ladite comparition, n’ont fait apparoir quils feussent fondez de pouvoir suffisant des manans & habitans de tous lesdits villages.

     Quant à Intreville pretendu estre de la Chastellenie d’Exenville, est iceluy lieu d’Intreville de la Jurisdiction [f°48r°] ordinaire de la Prevosté d’Estampes, & y respondent ordinairement les subjets qui aussi se sont regiz et regissent selon les Coustumes desdits Bailliage & Prevosté.

     Quant à Sermaises en Beausse (2) appartenant a l’Abbaye Sainte Colombe lez Sens, ledit Procureur du Roy a dit, que la Jurisdiction est divisée en telle sorte que la primitive Jurisdiction est & appartient au Prieur dudit lieu, & le Bailliage à l’abbé de Sainte Colombe: est la Chastellenye dudit Sermaises au dedans dudit Bailliage d’Estampes, & ont tousjours les habitans d’iceluy lieu de Sermaises suby Jurisdiction en tout cas de superiorité, dont la primitive congnoissance est attribuée aux Juges Royaux, par devant ledit Bailly d’Estampes: par devant lequel mesmes, dix ou douze ans sont les lettres patentes du Roy, pour la closture dudit Sermaises, ont esté enterinées, & outre que le Conte dudit Estampes a donné auditz Abbé & convent Sainte Colombe, la Seignenurie dudit Sermaises, reservée une pension laquelle il auroit apres l’avoir longuement perceuë, donné au Chapistre de nostre Dame d’Estampes, qui depuis la [l’a] tousjours receuë & reçoyvent. Et pour plus amplement monstrer que à tort ledit substitut dudit Procureur du Roy dudit Orleans, se debat dudit Sermaises, les habitans d’iceluy lieu dient n’estre du ressort ne Coustumiers dudit Orleans, ains dient ressortir immediatement en la court de Parlement à Paris, & user des Coustumes de la Prevosté & Viconté dudit Paris, à la redaction desquelles ou d’Orleans ilz ne furent neantmoins oncques appelléz, & aussi ne se [f°48v°] y regissent, mais au contraire se sont tousjours regis & gouvernez comme ilz font, par ladite Coustume d’Estampes: & n’a ledit Jehan Godin Procureur d’aucuns habitans dudit lieu, procuration des seigneurs ne des principaux manans d’iceluy Sarmaises.
     (4.3.2) Fleureau a résumé ainsi cette section: “Lors que la Coûtume d’Estampes fut reformée, l’an 1556. il y eut grande contestation entre les Substituts du Procureur General du Roy, aux bailliages d’Orleans, & d’Estampes, chacun d’eux pretendant que les appels de celuy de Sermaises devoient être portez à son ressort; mais ils ne furent pas écoutez, parce qu’ils vont directement à la Cour de Parlement, par privilege du Roy Charles VI.” (Antiquitez, p. 60).
     Au regard dudit Brouy pretendu par le Chapitre de l’Eglise de Sens, estre du ressort du Bailliage dudit Sens et des Coustumes de Lorris, a dit que ledit lieu & habitans de Brouy, sont du ressort dudit Bailliage d’Estampes, y a un notaire commis par le tabellion dudit Estampes y recevant tous contratz. Et se sont lesdits habitans tousjours regis & gouvernez selon les Coustumes dudit Estampes. A esté la seigneurie de Brouy qui est assise dedans ledit Bailliage d’Estampes, donnée par le Conte d’Estampes audit chapitre de Sens, comme celles dudit Sarmaises, à l’Abbé Sainte Colombe dudit Sens, reservé pension qui est annuellement receuë & payée.

     Au regard du Mesnil Girault, a dit que la Chastellenye dudit Mesnil Girault, est assise en & au dedans dudit Bailliage d’Estampes: & en ladite ville d’Estampes, ont les officiers d’icelle Chastellenye tousjours exercé, comme encores font, leur Jurisdiction, en la maison appellée la maison du Mesnil Girault: en laquelle ils ont un notaire ou tabellion, recevant tous contratz que lon [l’on] luy offre & presente. Se sont tousjours les habitans de la dite Chastellenye regiz & gouvernez, selon la Coustume d’Estampes. Vray est que depuis quarante ou cinquante ans en ça, ilz ont prins leur ressort à Montargis: & au paravant & de tout temps [f°49r°] ressortissoient les appellations du Bailly de ladite Chastellenie, & se relevoient par devant ledit Bailly d’Estampes, s’en sont exemptez par ce que cinquante ans sont, le Conté dudit Estampes estoit en la main des seigneurs de Fovez: sous la main desquels, & non sous l’auctorité du Roy, s’exerçoit la jurisdiction dudit Estampes: & ont prins ce ressort audit Montargis par simples lettres Royaux, en forme de garde gardienne. Ne sont les habitans de ladite Chastellenie, ne aucun d’eux de quelque estat qu’il soit, comparuz à la convocation & redaction des Coustumes dudit Montargis. Ains les aucuns des villages de ladite Chastellenie de Mesnil Girault comparent & s’offrent comparoir, comme ilz sont tenuz & doivent faire par devant nous, à la redaction desdites Coustumes dudit Estampes.

     Et pour les Chastellenies, Justices & seigneuries de Villiers, Vaires & Duyson, a dit que ces trois seigneuries qui sont pres dudit Estampes de deux lieues, ont appartenu aux seigneurs de Fovez, & unies avec le Conté d’Estampes, ou temps que iceux seigneurs de Fovez en ont esté joussans [joyssans] & proprietaires: & depuis à leurs successeurs & heritiers ont les mesmes officiers dudit Estampes, comme Bailly, Prevost, Advocat, & Procureur, & pareillement le receveur du dommaine dudit Estampes fait & exercé leurs estats & offices, chacun comme à luy appartient, sur les dommaine, seigneurie & habitans desdits lieux en pareille loy & Coustume, que celle d’Estampes, & ce par le temps & espace, de soixante ans & plus: et jusques à ce que le [f°49v°] President de Seve ait acquis les seigneuries de Villiers, & d’Huison & un appelé de Hacqueville, la seigneurie dudit Vaires (trente ans a, peu plus ou moins,) ont changé leurs officiers, mais n’ont immué ne peu immuer, leur loy & Coustume: & neantmoins ont les appellations dudit Vayres ressorty, comme encores font par devant le ledit Bailly d’Estampes, dont est d’accord le seigneur dudit Vayres, & quant aux Coustumes n’y a eu differance aucune.

     Quant à Bouville, Farcheville & Champmoteux, a dit que lesdits lieux sont juxte les portes d’Estampes. Se sont les seigneurs voulu exempter du ressort dudit Bailliage d’Estampes, ou temps que ledit Estampes estoit, & a esté mis hors de la couronne de France & souveraineté du Roy. Mais leurs tiltres bien veuz sont desdits lieux dudit Bailliage d’Estampes, esquels lieux ont eu les seigneurs Contes dudit Estampes, droit de seigneurie qu’ils ont puis aucun temps changé & permuté sans par cela aliener la souveraineté & ressort. Et aussi se sont tousjours les seigneurs desdits lieux pourveuz par devant ledit Bailly d’Estampes: es cas dont la primitive congnoissance appartient aux juges Royaux, mesme l’an mil cinq cens vingt neuf ou environ ce temps, deffunct Claude de Chastillon seigneur desdits lieux se pourveut oudit Bailliage d’Estampes, pour la refection des fourches patibulaires dudit Bouville, lesquelles par ordonnance dudit Bailly furent plantées ou [où] elles sont. Se y est aussi pourveu le dit Jehan de Neuf-Carré, seigneur en partie [f°50r°] dudit Bouville & Farcheville (3), pour informer sur la commodité ou incommodité de l’assiete de son moulin à grain dudit Bouville: lequel a esté dressé ou [où] il est, par ordonnance dudit Bailly d’Estampes, qui se y seroit avecques les officiers du Roy audit Estampes, transporté pour cest effect. Et oultre que Loys, Conte dudit Estampes, seigneur de Lunel, avoit cinq minots d’avoyne annuels, de revenu sur la seigneurie de Champmoteux: que son receveur audit Estampes recevoit par droit foncier et de seigneurie, lequel droit foncier et de seigneurie, il a baillé aux Chantre, & chanoines de l’Eglise nostre dame d’Estampes, pour la fondation d’une messe que lon [l’on] dit en ladite Eglise nostre dame d’Estampes, par chacun jour, à sept heures du matin: avec ce leur a donné plusieurs autres droits qu’il avoit en son Conté, à l’entour dudit Estampes, & sçavent bien lesdits seigneurs & aucun des habitans esdits lieux, comme aussi la verité est, que quand leurs biens & heritages sont tombez en differend, et que jugement s’en est deu faire par Coustume, ont allegué & articulé les Coustumes dudit Bailliage d’Estampes, & icelles par les habitans dudit Estampes prouvées & verifi[é]es en tourbes, sans soy estre aidez d’autres Coustumes, ny en prendre & faire extrait.
     (4.3.2) Ce Jean de Neuf-Carré était personnellement présent lors de la rédaction de la coutume (cf f°37v°: “Jehan de Neuf-carre Escuyer, seigneur, de la Pierre, & de Bouville en partie en personne”; f°45v°: “Iehan de Neufcarré, seigneur de la Pierre, en la paroisse de Villiers, & en partie desdits lieux de Bouville & Farcheville”); ses droits lui venaient de son mariage avec Catherine de Châtillon fille aînée d’Antoine de Châtillon seigneur de Varennes et de Bouville en partie (Fleureau, Antiquitez, p. 615). Il est donc vraisemblable que la visite du site du moulin de Bouville par les officiers du bailliage d’Étampes, au rang desquels étaient évidemment le procureur du roi, devait être récente, et avait été effectuée soit par Esprit Ducamel lui-même, ou bien par son père et prédécesseur Guillaume Ducamel.
     Finalement a ledit substitut dudit procureur general du Roy oudit Bailliage d’Estampes, dit & remonstré que tous lesdits seigneurs temporels & habitans desdites villes, lieux & villages, sont des election & gabelle d’Estampes, y viennent par chacune semaine [f°50v°] se conseiller de leurs affaires & differents qui ont tousjours esté dressez et diffiniz selon la Coustume dudit Estampes, par les practiciens de ladite ville. Comme le confesseront lesdits seigneurs & habitans, bien enquis en leurs sermens & consciences: & declareront qu’ils veulent estre reduits & subjets à ladite Coustume d’Estampes. Ont esté les habitans desdits lieux, villes & villages empeschez de ce faire, & suadez de passer les procurations par aucuns petits Procureurs de village, qui seroient marriz de veoir le populaire hors de trouble sans leur faire entendre & remonstrer les commoditez & soulagement qu’ils peuvent avoir, & prendre sur la redaction desdites Coustumes, & les inconveniens & interests qu’ils porteront cy apres estans exemptez & non comprins en icelles Coustumes.

     “Partant pour les causes susdites & autres qui ont esté plus au long alleguées, & que ledit substitut entend desduire en temps & lieu, a requis que sans avoir esgard aux dires impertinens, alleguez par tous les dessusdits, ils soient à tout le moins par provision, comme ils doivent estre declarez subjects aux Coustumes dudit Bailliage d’Estampes: joint qu’ils, ne aucun d’eux, n’ont esté appelez à la redaction des coustumes, esquelles ils se dient estre subjets: comme il appert par le proces verbal desdites constumes”
(3).
     (4.3.3) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°46v°-f°50v°. Autre édition (sans intérêt pour l’établissement du texte puisqu’elle reproduit celui de la première édition en y ajoutant des coquilles): Charles A. Bourdot de Richebourg (avocat au Parlement), [éd.], Nouveau coutumier general, ou Corpus des coutumes generales et particulières de France et des provinces connues sous le nom des Gaules, exactement verifiées sur les originaux conservez au greffe du Parlement de Paris & des autres cours du royaume, avec les notes de MM. Toussaint Chauvelin, Julien Brodeau, & Jean-Marie Ricard, avocats au Parlement, jointes aux annotations de MM. Charles Du Moulin, François Rageau, & Gabriel-Michel de la Rochemaillet, mis en ordre, & accompagné de sommaires en marge des articles, d’interprétations des dictions obscures employées dans les textes, de listes alphabétiques des lieux régis par chaque coutume, et enrichi de nouvelles notes tirées des principales observations des commentateurs, & des jugemens qui ont éclairci, interprété, ou corrigé quelques points & articles de coutumes. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, pp. 114-116.
4.4. Plaidoyer à Dourdan de son beau-frère et substitut Girard Garnier

     Nous avons déjà signalé, parlant de Girard Garnier, gendre de Guillaume Ducamel (§ 3.5) et beau-frère d’Esprit, que ce personnage était intervenu en cette même occasion comme conseil ou représentant de plusieurs personnages ou collectivités du bailliage.
     Il nous reste à mentionner l’une de ses interventions, le 23 septembre 1556, au nom des nobles en général du bailliage, en laquelle il fut particulièrement appuyé par son beau-frère:
     
“Et continuant la lecture desdits articles, maistre Girard Garnier, pour les nobles a presenté un article de la teneur qui s’ensuit.
     
Quant un heritage censuel est baillé à rente fonciere rachatable, pour tel bail & rente sont deues ventes. Mais pour le rachat de ladite rente ne sont deues ventes.
     
Lequel article ledit Garnier a dit estre fort ancien, & comme tel requis estre inseré au cayer desdites Coustumes, ce que particulierement a requi le substitut dudit procureur general du Roy audit Estampes. Mais pour la diversité des rapports, qui ont esté faits par lesditz estats, officiers & praticiens dudit siege, les avons renvoyez au lendemain des Roys en ladite court de Parlement. (1).
     (4.4.1) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°52v°; Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, p. 117.
     Trois mois plus tard, comme nous l’avons déjà signalé (§ 3.5), lors de la rédaction de la Coutume de Dourdan, le 29 décembre 1556, devant les trois mêmes parlementaires parisiens qui avaient présidé à la rédaction de la Coutume d’Étampes, le beau-frère d’Esprit Ducamel nous est signalé comme son substitut, et prend la parole au nom d’Esprit Ducamel.
     Comme nous venons de le voir, trois mois plus tôt Girard Garnier ne se voit pas attribuer de titre de ce genre, et nous ne ne le voyons plus jamais, à notre connaissance, le porter dans la suite: d’où il faut croire qu’il était plutôt en cette occasion quelque chose comme le procureur du procureur du roi.
     Nous donnons ci-après le texte de son plaidoyer ainsi que celui de la réponse qui lui fut faite par le procureur du roi à Dourdan.


     Par maistre Girard Garnier, Advocat à Estampes, substitut du procureur du Roy, audit Bailliage d’Estampes, a esté remonstré comme le Duché d’Estampes, avoit esté de grande antiquité de la maison de France, tenu par les Roys, & baillé en appanage au enfans de la maison de France, qu’en faisant l’erection d’iceluy en Duché par le feu Roy François dernier decedé, auroient esté adjoustez à iceluy les chastellenies de Dourdan, & la ferté Aleps, pour le tout estre dit & nommé Duché d’Estampes, & une seule seigneurie.
     
Et combien que par ce moyen, les habitans de Dourdan fussent sujects, & se deussent gouverner et reigler par les Coustumes dudit bailliage d’Estampes; & les assises des bailliages de Dourdan: & la Ferté Aleps; eussent esté ou deu estre publiez, comme estans du Duche d’Estampes, tenuz aux sieges de Dourdan, & la Ferté Aleps, toutesfois ceux de Dourdan se seroient ingerez de vouloir faire rediger quelques pretendues Coustumes, & à ce faire appeler les habitans d’Authon, le Plessis sainct Benoist. Congerville, & Sainville, qui estoient de la jurisdiction ordinaire dudit bailliage d’Estampes,
     
icelles Coustumes d’Estampes auroient ja esté reduictes & accordées, & à la redaction et lecture d’icelles, se seroit le procureur du Roy à Dourdan opposé pour raison de Sonchamp, sans pretendre aucun droict de jurisdiction pour raison d’Authon, le Plessis sainct Benoist, Congerville, & Sainville,
     
sur lequel differend de Sonchamp, les parties auroient esté par nous lors procedant à la redaction des dictes Coustumes renvoyées à la Cour de Parlement au l’endemain des Rois,
     
à cette cause protestoit de nullité, de tout ce qui se feroit pour raison desdites pretendues Coustumes de Dourdan, & de faire cy-après contraindre iceux habitans de Dourdan à se reigler selon les Coustumes d’Estampes,
     
aussi que l’évocation qui avoit esté faite à Dourdan, desdits villages d’Authon, le Plessis sainct Benoist, Congerville, Sainville, & Sonchamp, ne peut aucunement prejudi[ci]er audit procureur du Roy à Estampes.


     A quoy par ledit procureur du Roy à Dourdan, a esté dit […], en respondant audit Garnier, que la chastellenie de Dourdan avoit esté anciennement & de tout temps unie à la couronne de France, & jamais n’en avoit esté demembrée, ainsi qu’avoit esté le Comté d’Estampes, n’agueres incorporé au domaine du Roy, par le decez du Comte de Foix dernier decedé sans hoirs de son corps.
     
Que combien que depuis peu de temps ledit Comté ait esté érigé en Duche, & baillé par le Roy François à messire Jean de Brosses, à present Duc d’Estampes. Toutefois il n’auroit jamais jouy de ladite chatellenie de Dourdan, comme estant du tout separée dudit Duché d’Estampe: mais en auroit toujours le Roy jouy comme il faisoit encores à present,
     
et se trouveroit le plaidoyé dudit Garnier impertinent & sans raison, parce que le dit procureur du Roy à Dourdan, s’estoit opposé en personne pardevant nous, procédans à l’émologation des Coustumes d’Estampes, pour lesdits villages de Sonchamp, Sainville, le Plessis Sainct Benoist & Authon, comme estant du domaine du Roy, redevables et cens & rentes, à sa recepte de Dourdan,
     
aussi que les officiers d’Estampes, n’avoient jamais fait appeler à la redaction de leurs Coustumes, les habitans de Dourdan, comme ne recognoissans en rien Estampes.
     
Aussi que la chastellenie de Dourdan n’a jamais recongneu en aucune chose les Comtes ou Ducs d’Estampes, mais au contraire que les habitans d’Estampes avoient autrefois ressorti à Dourdan pour les cas Royaux.
     
Et ont tousjours les habitans dudit Dourdan tenu & gardé Coustumes autres que celles qui estoient à Estampes, lesquelles avoient esté introduictes par Bretons, qui s’estoient habituez audit lieu d’Estampes, à cause que dès longtemps, le Comté d’Estampes avoit esté tenu par les Ducs de Bretagne, ou par leurs enfans.
     
Et pour le regard desdites terres de Sonchamp, Sainville, Authon, & le Plessis sainct Benoist, que des le deuxiesme jour d’Aoust, cinq cens trente-deux, lesdits villages & leurs dependances auroient esté reunis au domaine du Roy à la chastellenie de Dourdan, suivant les lettres patentes du Roy, [p.137] envoyées à cette fin.
     
Quoy que ce soit avoient esté saisies afin de ladite reunion, & n’estoient encores apparu d’aucune main-levée: Que les habitans desdits lieux doivent pour leurs maison & terres plusieurs droicts seigneuriaux au Roy à cause de Dourdan, ainsi qu’il seroit verifié par plusieurs comptes, estans en la chambre des Comptes à Paris, que iceux villages estoient dans les fins & limites dudit bailliage de Dourdan, & près ledit Dourdan:
     
requerant par ces moyens qu’il feust par nous ordonné que lesdits villages se reigneront par les Coustumes dudit Dourdan.
    
Nous sur les dites remonstrances & protestations, avons lesdites parties renvoyées à la Cour de Parlement au lendemain des Roys, pour icelles ouies avec le Procureur general du Roy, leurs estre fait droit ainsi que de raison.
(1).
     (4.4.2) Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, p. 136.
     Le 23 juin 1558 le roi Henri II donne commission à son maître des requêtes Étienne Potier d’aller à Étampes enquêter de commodo et incommodo, sur l’opportunité d’une taxation des bâteau transitant par le port de cette ville que réclame la municipalité pour en financer la réparation.
      Le roi précise qu’une enquête de ce genre a déjà été diligentée sur cette requête et qu’il a déjà reçu sur cette affaire le rapport de son procureur à Étampes. On voit ici cependant les limites du crédit que rencontre à la cour  l’avis de ce magistrat local, puisqu’on juge nécessaire de rexaminer les choses en présence d’un représentant du pouvoir central qui viendra sur place assister le procureur du lieu.
     
“Sur laquelle les aurions renvoyez par devant le bailly du dict Estampes ou son dict lieutenant, pour, oy et appelé nostre procureur du dict lieu, informer de la commodité ou incommodité du contenu en icelle, pour, la dicte informacion faicte et rapportée par devers nous, estre pourveu aus dictz supplians, ce qui auroit esté faict;
     
“toutesfois desirans, attendu qu’il est question d’un bien publicq, estre plus amplement informez et certroiez de la commodité ou incommodité, nous mandons et commectons par ces présentes que, appeliez nos officiers du dict lieu, vous estant sur les lieux, informez derechef, dilligemment et bien du contenu en la dicte requeste et de la commodité ou incommodité, que nous et la chose publique pourrions avoir, faisant ce qui est requis par icelle, pour, la dicte informacion faicte et renvoyée par devers nous, ayans prins conseil, ensemble avis, et celluy de nos officiers au dict lieu, estre pourveu aux supplians, comme de raison. Car tel est nostre plaisir. De ce faire vous donnons pouvoir, mandons et commandons à tous nos justiciers, officiers et subgectz que à vous, ce faisant, obéissent” (
6).
     (4.2.6) Archives municipales d’Étampes AA 127 (non cotée à l’époque de Dupieux), texte édité par Paul Dupieux, in Bulletin philologique et historique jusqu’à 1715 du Comité des travaux historiques et scientifiques (1930-1931), pp. 273-274 (n°16); Dupieux note, ibid., p. 273, note 2, que “ces lettres ne sont pas mentionnées dans la brochure du docteur Justin
Bourgeois, Le port d’Etampes, Etampes, 1860, in-8°, ni dans l’article de Paul
Pinson, Recherches sur la navigation d’Etampes à Corbeil, depuis le XIe siècle jusqu’à
sa suppression en 1676
, dans Bulletin de la Société historique et archéologique de Cor-
beil, d’Etampes et du Hurepoix
, 1899, p. 119-158”.
4.5. Sur la fin énigmatique du mandat d’Esprit Ducamel

    A partir du 4 janvier 1560 (1) se produit une anomalie: nous trouvons mentionné un nouveau procureur du roi, Esprit Hatte, sans qu’Esprit Ducamel cesse de son côté d’en porter le titre.
     (4.5.1) Notre-Dame 4 janvier 1560: “Pierre filz de maistre Esprit Hacte procureur du roy à Estampes”.
     En 1562 sont signalés côte à côte, et sans mention de titre, comme censitaires des dames de Longchamp, Esprit Ducamel et son successeur Esprit Hattes: “Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte” (2). Il faut noter que les montants des cens dus par l’un comme par l’autre ne sont pas mentionnés, ce qui tend à indiquer qu’ils en étaient probablement exempts, par un de ces droits coutumiers informels et variés justement soupçonnés par Dupieux, sur lesquels nous sommes mal renseignés, mais qui, cumulés, devaient constituer des sources de revenu conséquentes pour les détenteurs de cette charge.
     (4.5.2) AD91 E 3900, f°18r°.

     L’année suivante 1563 le même registre n’accorde curieusement son titre qu’à Esprit Hattes: “Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte procureur du roy” (3). Le 10 mars se porte marraine à Saint-Basile “Marie Paulmier femme de honorable homme maistre Esperit Hacte procureur du roy au dict lieu”.

     Que se passe-t-il ? Nous avons vu en effet que les registres de baptême pour leur part continuent à qualifier Esprit Ducamel de “procureur du roy”, et qu’il n’est mort qu’entre février et septembre 1564. Il y a donc bien deux procureurs du roi en titre à Étampes entre 1559/1560 et 1564.


     (4.5.3) AD91 E 3900, f°37v°.
     On pourrait supposer évidemment que, pendant un temps, tout simplement, l’autorité royale considéra comme nécessaire la coexistence de deux procureurs du roi à Étampes. Dupont-Ferrier a montré que c’était le cas de certains bailliages (4), et qu’on en avait parfois davantage ailleurs; mais ils siégeaient alors à chaque fois en des villes différentes du bailliage (5), et l’on voit mal où cela aurait pu être dans le cas d’Étampes; surtout, la cas ne se reproduira plus jamais à ma connaissance.
     (4.5.4) Il cite en ce sens les bailliages de Chartres, Chaumont, Cotentin, Mantes, Orléans, Melun et Gisors.

     (4.5.5) Cf. Les officiers royaux, 1902, pp. 146-147.
     Un autre solution serait de supposer qu’Esprit Hattes ne fut au départ qu’un simple substitut du procureur du roi.
     Nous avons déjà en effet constaté à deux reprises l’existence d’un tel procureur à Étampes
, tout d’abord le 13 janvier 1513, lorsque le prévôt Guillaume Audren est qualifié à titre exceptionnel de substitut du procureur du roi Guillaume Cormereau, puis le 29 décembre 1556 lorsque Girard Garnier, beau-frère d’Ésprit Ducamel, le remplace également à titre exceptionnel à Dourdan lors de la rédaction de la coutume de cette ville. Nous avons déjà fait allusion au fait qu’il existe plusieurs indices qu’Esprit Hattes était lui aussi un beau-frère d’Esprit Ducamel.
     Mais nous avons noté également que Guillaume Audren autant que Girard Garnier n’avaient très visiblement exercé chacun cette fonction qu’à titre exceptionnel: il ne s’agissait en aucun de ces deux cas d’une charge fixe.
     L’existence d’un, voire de plusieurs substituts du procureur du roi, est avérée en ce temps dans plusieurs autres bailliages. Et, à ce que note Dupont-Ferrier, “il est impossible de distinguer toujours entre ces deux appellations, la vanité encourageant d’habitude l’usurpation du titre”
(6).
     Cependant là aussi, il resterait à expliquer pour quoi cette charge usuellement stable, n’a pas d’autre titulaire connu dans la suite à Étampes, du moins à ma connaissance.
     (4.5.6) Cf. Les officiers royaux, 1902, pp. 156-158.

     Il est donc plus vraisemblable donc qu’à partir de 1559 ou 1560 Esprit Ducamel, pour une raison indéterminée, par exemple d’ordre médical, a été empêché d’exercer ses fonctions de procureur du roi, et que son successeur a été nommé de son vivant, de telle manière qu’il a continué à en porter le titre sans vraisemblablement en assumer réellement les fonctions.

     Le 29 janvier 1564, selon Dupieux, Esprit Ducamel est toujours cité comme procureur en activité
(7), et le 28 septembre se porte marraine à Saint-Basile d’Étampes “Marie fille de maistre Esperit du Camel procureur du roy à Estampes”.  

     Cependant le 3 octobre 1564, à Notre-Dame, se porte marraine “Jehanne Ducamel fille de defunct maistre Esprit Ducamel en son vivant procureur du roy à Estampes”.
     (4.5.7) Selon un document autrefois conservé à Orléans (A 1220, liasse 1re, pièce 1re) et cité par Dupieux (Institutions, p. 85, note 6). C’est ce qui sans doute a conduit Dupieux à négliger le témoignage de Plisson sur le fait qu’Esprit Hattes était procureur du roi dès 1560.
     On croit d’abord pouvoir en conclure qu’il est mort précisément entre les 28 septembre et 3 octobre 1564. Mais son décès est peut-être antérieur à cela. Ce qui est troublant en effet, c’est qu’on semble ignorer son décès à Saint-Basile pendant deux ans. Le 19 janvier 1565 en effet s’y porte parrain “Medard du Camel filz de maitre Esprit du Camel procureur du roy à Estampes”; le 18 mars 1566 s’y porte marraine “Jehanne fille de maistre Esprit du Camel” et à nouveau le 20 novembre “Jehanne fille de maistre Esprit du Camel procureur du roy à Estampes”.
     Plus troublant encore, le 7 octobre 1566, le desservant se trompe en mentionnant le même Médard que ci-dessus comme s’il était le fils d’Esprit Ducamel: “Medard Hatte filz de monseigneur le procureur du roy”.
     Bien qu’on se demande comment le desservant de Saint-Basile a pu commettre une confusion aussi étrange, concernant de tels paroissiens, cette confusion n’est pas douteuse en elle-même, d’autant plus qu’Esprit Hattes est mentionné en 1567-1568 comme censitaire des dames de Longchamp en temps que tuteur des enfants de son défunt prédécesseur: “Maistre Esprit Hacte procureur du roy tant pour son non que pour sa femme — Luy comme tuteur des enffens feu maistre Ducamel”
(8).
     (4.5.8) AD91 E 3900, f°83v°.
     Esprit Ducamel n’est clairement signalé comme defunt à Saint-Basile qu’à partir du 10 février 1568, date à laquelle se porte marraine à Saint-Basile “Jehanne fille deffunct Esprit du Camel en son vivant procureur du roy à Estampes”.

     En 1571 ses enfants continuent à sa porter parrains et marraines à Saint-Basile. Ainsi le 4 avril: “Medard filz deffunct maistre Esprit du Camel”, et le 24 mai: “fille de deffunct maistre Esprit du Camel en son vivant procureur du roy à Estampes”.


4.6. Descendance d’Esprit Ducamel

     Quelle a été la descendance d’Esprit Ducamel? Nous avons vu que son épouse s’appelait Marie, et qu’elle se porta marraine à Notre-Dame à quatre reprises, à une époque où le registre de Saint-Basile fait défaut, de 1550 à 1555. Elle lui avait donné au moins quatre enfants, Guillaume, Marie, Médard et Jeanne.

     1. Guillaume Ducamel II, qui se porte parrain à Notre-Dame le 28 juillet 1557 (1), mais dont nous n’entendons plus parler ensuite: il est sans doute mort jeune.

     2. Marie Ducamel, encore jeune fille, est mentionnée comme marraine à Saint-Basile les 28 septembre 1564 et 12 juin 1570
(2). Elle se marie avant le 5 avril 1582 sans qu’on puisse préciser davantage à cause de la grande lacune du registre de Saint-Basile de 1572 à 1588. Elle réapparaît en effet mariée au médecin Gérard François, à partir du 5 avril 1582, marraine à Notre-Dame, puis ensuite régulièrement jusqu’en 1590 tant à Saint-Basile qu’à Notre-Dame, voire à Saint-Pierre (3). Son mari lui-même se porte parrain à Notre-Dame, à Saint-Basile et à Saint-Gilles au moins à dix reprises de 1578 à 1599 (4). Ils eurent au moins deux fils, Jacques et Jean, dont l’un se porte parrain à Notre-Dame en 1593, et l’autre en 1595 (5). Le couple héritera, avant 1593, de l’hôtel des Carneaux au n°8 de la rue Louis-Moreau auparavant détenu par Esprit Ducamel (6), et tient aussi, au moins en 1599, le n°6 de la rue Sainte-Croix, à côté de l’hôtel d’Esprit Hattes (7).

     3. Médard Ducamel est mentionné comme parrain à Saint-Basile les 19 janvier 1565 et 4 avril 1571
(8); il doit être mort jeune, car nous n’en entendons plus parler dans la suite.

     4. Jeanne Ducamel se porte marraine à Saint-Basile encore jeune fille de fin 1566 à début 1568 (9). La même année elle épouse Tristan Charron II, avocat et élu d’Étampes, c’est-à-dire officier de l’élection,
à qui elle donne un fils Tristan III baptisé à Saint-Basile en février 1569.
     Ce gendre posthume d’Esprit Ducamel mérite un développement à part.

     (4.6.1) “Guillaume filz de maistre Esprit Ducamel”.

     (4.6.2) “Maraines Marie du Camel et Katherine Paulmier”. — (4.6.3) Notre-Dame 5 avril 1582: “Marie Ducamel femme de honnorable homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”; Saint-Pierre 27 octobre 1584 [cité par Charles Forteau, Annales du Gâtinais 13 (1907), p. 98); Notre-Dame mardi 18 février 1586: “Marie Ducamel femme de maistre [rayé: Franc] Girard Françoys docteur en medecine”; 15 juin 1586: “Marie Ducamel”; 20 avril 1587: “Honneste femme Marie Ducamel espouse de Girard Françoys medecin à Estampes”; Saint-Basile 29 mai 1588: “dame Marie Du Camel femme d’honorable homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”; 5 mai 1590: “Marie Ducamel femme de honorable homme maistre Gerard François medecin au dict Estampes”. — (4.6.4) Notre-Dame 28 mars 1578: “honneste homme Gerard Françoys medecin à Estempes”; 7 juin 1582, “venerable et discrette personne maistre Girard Françoys docteur en medecine à Estampes”; 28 janvier 1583: “honnorable homme maistre Girard François docteur en medecine”; 20 septembre: “honnorable homme et discrette personne Girard Françoys docteur en medecine”; Saint-Gilles 24 octobre 1584: “honorable et discrete personne maistre Gerard François docteur en medecine”; Saint-Basile 7 septembre 1589: “noble homme maistre Gerard Françoys docteur en medecine”; 18 novembre 1590: “maistre [rayé: Françoys] Girard Françoys docteur en medecine”; 4 septembre 1591: “maistre Girard Françoys docteur en medecine”; Notre-Dame 16 mars 1593: “maistre Girard Françoys docteur en medecine”; Saint-Gilles 25 janvier 1599: “noble homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”. — (4.6.5) Notre-Dame 8 juin 1593: “Jacques filz de maistre Girard Françoys docteur en medecine”; 6 avril 1595: “Jehan filz de maistre Girard Françoys docteur en medecine”. — (4.6.6) D’après un résumé du XVIIIe siècle dû aux célestins de Marcoussis et conservé actuellement dans les anciennes archives des dames de Maubuisson (AD95 72H 108), Girard François reconnaît alors la seigneurie des célestins en temps que gendre et héritier d’Esprit Ducamel. — (4.6.7) Censier de Notre-Dame pour 1599 (extrait édité par par Monique Chatenet, Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 148-149).

     (4.6.8) La marraine étant la fille de son tuteur, “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron”.

     (4.6.9) Les 18 mars et 20 novembre 1566, puis le 10 février 1568. — (4.6.10) Saint-Basile le 21 février 1569: “Tristan filz de honorable homme maistre Tristan Charron esleu d’Estampes et de Jehanne du Camel sa femme; les parrains honorable homme maistre Tristan Charron [rayé: esleu] bailly de [rayé: Dorudan] Dourdan et maistre Gilles Paulmier bailly de la Forest le Roy, la maraine Marie Paulmier à present femme de maistre Esprit Hatte procureur du roy à Estampes”.
4.7. Sur son gendre Tristan Lecharron

     Tristan Charron, ou plutôt Lecharron, apparaît dans le registre paroissial de Saint-Basile en cette même année 1568 où il épouse Jeanne Ducamel, dans le cercle familial d’Esprit Hattes, successeur d’Esprit Ducamel et tuteur de ses enfants mineurs.
      Le 20 septembre 1568 en effet, alors que sa femme est enceinte de leur premier enfant Tristan, il se porte parrain à Saint-Basile de Tristan Delorme, fils “noble homme maistre Jehan de Lorme lieutenant du prevost d’Estampes”; lui-même est qualifié “noble homme maistre Tristan Charron esleu du dict Estampes”; la marraine est la seconde épouse d’Esprit Hattes, Marie Paulmier; l’autre parrain est Gilles Paulmier, bailli de la Forêt-le-Roi, probable père de cette dernière
(1).

     Le 21 février 1569, lorsqu’est baptisé son premier fils, Tristan, la marraine est toujours Marie Paulmier; l’un des parrains Pierre Hattes, fils d’Esprit Hattes, avec lequel a été élevé sa femme; mais surtout le parrain qui donne le nom est “maistre Tristan Charron bailly de Dourdan”, selon toute apparence son père (2).
     (4.7.1) Saint-Basile 20 septembre 1568: “fut baptisé Tristan filz de noble homme maistre Jehan de Lorme lieutenant du prevost d’Estampes; les parains noble homme maistre Tristan Charron esleu du dict Estampes et Pierre Hacte, la maraine Marye Paulmier”.



     (4.7.2). Voir ci-dessus la note (4.6.10).
     On remarquera à ce sujet que le dit Tristan Charron I bailli de Dourdan était présent et  déjà bailli trois ans auparavant, le 29 décembre 1566, lors de la rédaction de la Coutume de cette ville (3); on a d’ailleurs conservé la lettre de convocation à la rédaction de la coutume de Dourdan qu’il avait envoyée quelques jours auparavant (4). On se rappelle qu’à cette occasion Girard Garnier beau-frère et substitut d’Esprit Ducamel, n’avait pas craint de réclamer le rattachement de Dourdan à Étampes, propos que le procureur du roi à Dourdan avait qualifié d’impertinent (§ 3.5). On voit qu’au-delà de ces conflits d’ordre administratif, les liens personnels entre les familles d’officiers de ces deux bailliages étaient en coulisses fréquents et profonds, et que le fils d’un officier de Dourdan pouvait facilement trouver femme et faire carrière à Étampes.
    (4.7.3) “maistre Tristand Le Charron, bailly” (Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, p.135). — (4.7.4) “Tristand Le Charron licencié en loix, conseiller du roy nostre sire, bailly de Dourdan pour le dit seigneur” (Ibid., pp. 133-134).
     Le 5 janvier 1572 nous voyons baptiser un second Tristan Charron, dont le frère aîné est sans doute mort en bas âge. Son père, qui était encore qualifié simple “avocat et eleu d’Estampes en octobre 1570 (5), est désormais “lieutenant du prevost de la marechaussée d’Estampes” ou “lieutenant du prevost des marechaulx à Estampes” (6), à la place de Jean Delorme apparemment décédé dans le cours de l’année 1571, et dont il avait tenu le fils sur les fonts trois ans plus tôt; le parrain de ce nouveau Tristan est Pierre Hattes, fils du tuteur de sa femme, élévé avec elle, et par ailleurs beau-frère du défunt Jean Delorme, puisque mariée en secondes noces à sa sœur Marie Delorme, ainsi que nous le verrons plus bas au sujet des enfants de la descendance d’Esprit Hattes (§ 5.8 n°3).
     (4.7.5) Notre-Dame 11 mai 1569: “maistre Tristan Lecharron advocat et eleu d’Estampes”; 2 octobre 1570: “honneste homme maistre  Tristand le Charron advocat et eleu au dict Estampes”. — (4.7.6) Saint-Basile 5 janvier 1572: “Tristan filz de honneste homme maistre Tristan Le Charron lieutenant du prevost de la marechaussée d’Estampes et de Jehanne Ducamel sa femme”; 8 août 1572: “Jehanne du Camel femme de honorable homme maistre Tristan le Charron lieutenant du prevost des marechaulx à Estampes”.
     En 1575 il est encore qualifié à Notre-Dame: “lieutenant de la prevosté au dict Estampes” (7).
     Mais il passe ensuite, avant avril 1577, 
“conseiller du roi et lieutenant general au bailliage d’Estampes (8); ce n’est pas donc par erreur que vers la même époque le censier de Longchamp le qualifie “lieutenant du bailly à Estampes”, voire “lieutenant du bailliage d’Estampes”. Il gardera cette charge au moins jusqu’en 1580, date à laquelle il est encore signalé avec ce titre comme censitaire du fief de Longchamp, en même temps que son probable frère Girard Lecharron à son tour bailli de Dourdan à la place de leur père Tristan (9).
     (4.7.7) Notre-Dame 6 janvier 1575: “maistre Tristan Lecharon lieutenant de la prevosté au dict Estampes”. — (4.7.8) Notre-Dame 20 avril 1577: “maistre Tristand Lecharron conseiller du roy et lieutenant general au bailliage d’Estampes”. — (4.7.9) AD91 E. 3901 (1571-1576): “mestre Tristan Lecharron lieutenant au bailiage à Estampes; (…) mestre Girrard (sic) Lecharron bailly de Dourdan; mestre Triste Lecharron lieutenant du bailly à Estampes”; E. 3904 (1580): “maistre Girard Le Charron bailly de Dourdan; maistre Tristan Le Charron, lieutenant du bailliage d’Estampes”.
4.8. Un autre gendre remarquable: Gérard François

     Nous avons déjà mentionné un autre gendre posthume d’Esprit Ducamel qui mérite quelque attention, car tous les auteurs qui en ont parlé à ma connaissance l’ont présenté, bien à tort, comme un médecin personnel d’Henri IV (1), alors que c’était, à mon sens, un simple médecin municipal.

     Il nous apprend lui-même en 1583  qu’il est originaire d’Étampes, et que son père était déjà médecin
(2); il prétend même qu’il avait été celui de la famille des Hurault vicomtes de Cheverny, dont le chef est de son temps garde des sceaux (3). Seulement, à mon humble avis, cela peut vouloir simplement dire que son père, à l’occasion, a été consulté quelque membre de cette famille.

     Que savons-nous de sa famille? Peu de choses, et surtout rien de bien cohérent. Un Yvonnet François déjà était censitaire des dames de Longchamp en 1498, également censitaire, une quinzaine d’année plus tard du fief des Longs
(4). Quand commencent les registres de baptêmes étampois, plusieurs membres de cette famille nous sont signalés sans que nous puissions pour l’instant en établir la généalogie. Nous trouvons en 1546 à Notre-Dame un Jean François marié à une Catherine et père d’une Simonne (5); entre 1568 et 1582, un Alexandre François sergent royal, marié à une certaine Nicole, puis à une Noëlle Delorme, et censitaire du fief de Longchamp (6); en 1568, une Anne François, sans doute la fille du précédent mariée au procureur Pierre Provensal (7); en 1575 un Claude François bourgeois et marchand (8).

     Mais c’est sans doute plutôt dans la paroisse de Saint-Basile qu’il nous faut chercher le père de Gérard François. Nous y trouvons, entre 1564 et 1569, un Augustin François mariée à Alison Leprêtre, père au moins d’un Charles et d’un Cancien, et mort avant 1569 (9); il n’est pas impossible qu’il s’agisse du père de Girard François.

     Dans la même paroisse est signalé de 1587 à 1603 un certain Jacques François, marchand qualifié tantôt mercier tantôt épicier, marié d’abord à une Simone, puis à une Jaqueline Bourdon; c’est probablement le frère de Gérard François; nous le voyons en effet choisir pour parrain de son fils Gabriel, en 1587, le chirurgien Julien Dubref (10); or ce Julien Dubref est cité juste après Gérard François dans le registre des censitaires du Bourgneuf de 1580-1585, ce qui indique un partage récent; d’ailleurs, peu après la mort de Gérard François, c’est “Jacques François, marchand épicier” nous trouvons censitaire du Bourgneuf (ainsi qu’une certaine Anne François, peut-être fille de Gérard) (11). Rappelons qu’à cette date celui qu’on appelle l’épicier est une sorte de droguiste qui peut fournir notamment les apothicaires ancêtres de nos pharmaciens.

      La question de la généalogie de cette famille de médecins se complique encore après la mort de Gérard François, lorsque nous voyons en 1602 deux de ses membres installés à Paris venir à Saint-Basile d’Étampes se porter parrains du fils d’une certaine Simone François, mariée à un huissier de l’élection d’Étampes. Ce sont Robert François, maître chirurgien et barbier, et François François, tous deux établis à Paris 
(12): sont-ce des enfants ou des neveux de Gérard François? Et cette Simonne François elle-même est-elle une sœur, une nièce ou une fille de Gérard François?
     (4.8.1)  Claude-Pierre Goujet, Bibliothèque françoise. Tome XIII, Paris, Guérin & Lemercier, 1752, pp. 415-416; Hippolyte Daniel, Biographie des hommes remarquables de Seine-et-Oise, Paris, Angé, 1837, p. 234; Violet le Duc, in Bulletin du bibliophile 10e série (janvier 1851), pp. 1101-1102; Achille Chéreau, Le Parnasse médical français, ou Dictionnaire des médecins poètes de la France, Paris, A. Delahaye, 1874, p.; Léon Marquis, Les rues d’Étampes, Étampes, Brière, 1881, pp. 357-358; Pascal Pia, Bouquet poétique des médecins, chirurgiens, dentistes et apothicaires, Paris, Collection de l’Ecritoire, 1933, p. 106; Étampes-Histoire, Étampes Almanach 2000, Étampes, 1999, p. 3 de “septembre”.
     (4.8.2) Dans l’épître dédicatoire de son premier ouvrage au vicomte de Cheverny. — (4.8.3) Raoul Hurault avait été contrôleur général des finances de François Ier, et son fils Philippe, dédicataire du premier ouvrage de Gérard François en 1583, était garde des sceaux d’Henri III depuis 1578.
     (4.8.4) Censier de Longchamp de 1498, éd. Gineste, n°248 et n°249 (“ung quartier de vigne assis en Antioche, tenant d’une part à Yvonnet François” et “ung quartier de vigne assis en Espinant”); AD91 E. 3930 (1513-1541): “Yvonnet François”. — (4.8.5) Notre-Dame 23 avril 1546: baptême de “Symonne fille de Jehan Françoys et Katherine sa femme”. — (4.8.6) Notre-Dame 28 mars 1568: “Nicolle femme de Alexandre Françoys”; Censier de Longchamp pour 1580 (AD91 E. 3904): “Alexandre François, sergent royal à Estampes”; Saint-Gilles le 6 juin 1582: “Noelle Delorme femme de Alexandre Françoys”. — (4.8.7) Notre-Dame 18 mars 1568 à Notre-Dame, “Bonne fille de honorable homme maistre Pierre Prouvensal procureur et de Anne Françoys” (l’une des marraines est “Nicolle femme de Alexandre Françoys”). — (4.8.8) Notre-Dame 1er septembre 1575: “Claude Françoys bourgeoys marchant à Estampes”.
     (4.8.9) Saint-Basile 11 juin 1564: baptême de “Cancian filz de Augustin Françoys et Alizon Le Prebtre sa femme”; 2 novembre 1565: parrain “Charles filz de Augustin Françoys”; 2 août 1569 “Alizon Leprebstre veufve de deffunct Augustin Françoys”.
     (4.8.10) Saint-Basile 23 août 1587: baptême de “Gabriel filz de Jacques Françoys marchant mercyer et Simonne” (parrain: “honorable homme maistre Julian du Bref maistre cirurgian”); Saint-Gilles 1er mars 1597 “sire Jacques François”; Saint-Basile 16 octobre 1597: “Jacqueline Bourdon femme de Jaques Françoys marchant mercier demeurant à Estempes”; Saint-Gilles 29 août 1599, “Jacqueline Bordon femme de sire Jacques Françoys”; censier du Bourgneuf de 1598-1601 (AD91 E. 3834): “ Jacques François, marchand épicier (…) Anne François, veuve d’Etienne Charpentier”; Saint-Basile 13 août 1603: “Jacques Françoys”. — (4.8.11) Censier du Bourgneuf pour 1580-1585 (AD91 E. 3834*): “Girard François, docteur en médecine; Julien Dubref, chirurgien et barbier”; Censier du Bourgneuf de 1598-1601 (AD91 E. 3834): “ Jacques François, marchand épicier (…) Anne François, veuve d’Etienne Charpentier”.
     (4.8.12) Saint-Basile mercredi 1er mai 1602: au baptême de “Robert filz de Pierre Hervé [rayé: sergent] huissier ordinaire en l’election d’Estempes (…) et de Simonne Françoys”, les parrains sont “honorables hommes Robert Françoys maistre barbier et chirurgien demourant à Paris  et Françoys Françoys demourant au dict Paris”; s’agit-il de fils ou de frères de Gérard François?
     Gérard François dit lui-même avoir composé à Étampes son premier ouvrage, s’étant alors réfugié dans sa patrie pour fuir une peste qui sévissait à Paris; cette peste doit être, plutôt que celle qui a éclaté lors de l’été 1580 (13), la peste noire de 1578, car, ainsi que nous lavons vu, il est déjà mentionné comme médecin exerçant à Étampes le 28 mars de cette année-là (14); c’est alors aussi qu’il a dû épouser Marie Ducamel, fille de l’avant-dernier procureur du roi, pupille du dernier procureur, élevée en même temps que la femme du procureur alors en exercice.
     (4.8.13) Voyez par exemple Sylvie Daubresse, Le parlement de Paris, ou La voix de la raison: (1559-1589), Paris, Droz, 2005, p. 350, qui nous montre en 1580 presque tous les parlementaires fuyant Paris. — (4.8.14) Sur les mentions de Gérard François comme parrain dans les registres d’Étampes, voyez la note (4.6.4).
     C’était un homme cultivé, qui certainement avait fait d’assez longues études à Paris. Il avait dans sa bibliothèque au moins une édition latine d’Avicenne prince des médecins arabes (15), grand in-folio de plus de mille pages publié à Bâle en 1556, qui portait un ex-libris manuscrit: Gerard François Stempanus Senonensis, ce qui signifie “Gérard François d’Étampes au diocèse de Sens” (16).
     (4.8.15) Andreas Alpagus [éd], Avicennae Medicorum Arabum principis, Liber canonis de Medicinis cordialibus et cantica, iam olim quidem à Gerardo Carmonensi ex Arabico sermone in latinum conversa [in-folio, XLII+1104 p.], Basileae (Bâle), J. Hervagius, 1556. — (4.8.16) D’après une page web de bibliophilie, www.bibliorare.com/cat-vent_nantes15-10-05.htm, en ligne en 2009.
     Il a lui même composé deux ouvrages. Dans le premier, publié en 1583, in-16 de plus de 200 pages et intitulé Les trois premiers livres de la santé, il prend le simple titre de “docteur en médecine” (17). Ce sont essentiellement des conseils de diététique en 6000 vers, dont la suite, annoncée par le titre lui-même, n’a jamais été publiée. En voici le résumé donné par l’abbé Goujet en 1752: “Le premier livre traite des élemens, des humeurs, & de la diversité des tempéramens: le second livre, de l’air & de ses qualités, des alimens et de leur usage; le troisiéme des exercices qu’il faut prendre ou éviter, du sommeil, du tems, de la saignée, de l’acte vénérien & de diverses choses qui concernent cet acte; enfin, des passions” (18).
     (4.8.17) Les Trois premiers livres de la santé, par M. Gérard François, docteur en médecine [in-16; privilège du 16 juin 1583; pièces liminaires; 195 p.], Paris, Jehan Richer, 1583. — (4.8.18) Claude-Pierre Goujet, op. cit., pp. 415-416. Autre résumé par Violet le Duc: “Le premier livre de la santé contient de fort bons principes d’hygiène, il donne des conseils applicables à chaque tempérament. Dans le second, il reconnaît d’après Hippocrate, l’influence des lieux, des airs et des eaux. II indique la différente nature et les qualités des divers aliments. Le troisième livre traite de la gymnastique, des travaux qu’il faut éviter, du sommeil, etc.” (op. cit.).
     On ne peut résister au plaisir de citer ici l’extrait qu’en a donné Léon Marquis (19):
Sitôt qu’au matin tu seras descendu
De ton lict, et qu’à Dieu grâces aura rendu,
Pour t’avoir réservé cette nuit de dommage,
Lui offriras ton corps et ton âme en hommage.

………………
Cela fait, aussitôt te faudra-t-il tâcher,
Au lieu le plus secret de ton ventre lâcher;
Et quand tu n’en aurais aucunement envie,
Il faut qu’à tout le moins toi-même t’y convie;
Il n’est pas que nature, en s’y offrant souvent,
Ne se décharge enfin, ne fût-ce que de vent.

     Le second ouvrage de Gérard François est un volume in-octavo de 92 pages publié à Paris par Jamet Mettayer et Pierre Lhuillier en 1595: La maladie du grand corps de la France, des causes et première origine de son mal, et des remèdes pour le recouvrement de sa santé. Après deux épîtres au roi, l’une en prose, l’autre en vers, on y trouve une longue description en vers des maux dont souffre alors la France. L’abbé Goujet, tout en louant la matière de ce poème, y relève cependant ce travers: “Le Poëte a rendu au reste son écrit fort désagréable à lire en le remplissant de termes de Médecine, & de noms de plantes que la plus grande partie de ses lecteurs n’étoit pas en état d’entendre”. Violet le Duc va jusqu’à écrire que son talent poétique est “absolument nul”; mais il s’agit là d’une appréciation purement subjective, portée à une époque où le plus grand reproche qu’on puisse faire à un poète est celui que lui fait Violet le Duc, à savoir d’être “bien terre à terre”.

Maistre Girard François medecin du roi (Saint-Basile 1er mars 1597)

     On relèvera surtout que l’auteur s’attribue la qualité de “médecin de Sa Majesté”. Les registres de baptême d’Étampes ne lui donne qu’une seule fois un titre du même genre, lorsqu’il se porte parrain le 1er mars 1597 à Saint-Basile: “maistre Girard François medecin du roy”
(20). Il prendra aussi la qualité de “noble homme” en 1598 et 1599 (21).

     Les ouvrages de Gérard François ne paraissent pas avoir rencontré un grand écho. La réputation de ce médecin, au reste, ne devait pas dépasser Étampes
(22).
     A mon sens, contrairement à ce qu’ont conjecturé un peu légèrement tous les auteurs qui ont parlé de lui, le titre de médecin du roi qu’il s’attribue seulement à deux reprises, en 1595 et 1597, ni avant cela, ni après, n’était qu’un titre bailliager, voire seulement municipal, comme on le voit clairement vers la même époque à Grenoble
(23), ou à Brive (24). D’autres médecins municipaux ornent leurs ouvrages de ce titre (25); en 1578, un charlatan avait même été poursuivi pour en avoir abusé par la faculté agacée de ce titre ambigu et sans caractère universitaire, qu’on se procurait de manière peu claire, apparemment en jouant de l’influence de ses protecteurs à la cour (26); dans le cas de Gérard François, ce protecteur a pu être Philippe Hurault de Cheverny, rappelé aux affaires en août 1590 par Henri IV qui lui rend alors la charge de garde des sceaux.
     Il semble que, au moins en théorie, les médecins du roi étaient localement en charge de veiller à la santé publique 
(27); il semble aussi que cet office comme bien d’autres entraînait le titre de conseiller du roi. Remarquons d’ailleurs qu’on trouve aussi à Étampes, d’ailleurs, et cela dès le 1er juin 1566, parrain à Notre-Dame, un certain “maistre Pierre Verrier cirurgien du roy nostre sire”, mort en 1570 (28).

     Voilà donc quel était le gendre d’Esprit Ducamel; les très rares auteurs qui paraissent avoir réellement lu ses ouvrages, à savoir l’abbé Goujet puis Violet le Duc, y reconnaissent, une sincère piété catholique, à défaut de véritable poésie, un solide bon sens, hostile à l’astrologie comme aux saignées préventives.





     (4.8.19) Les rues d’Étampes, 1881, p. 457.

     (4.8.20) Saint-Basile 1er mars 1597: “maistre Girard François medecin du roy”; le même registre, le 11 octobre 1598, ne l’appelle plus que: “honorable homme Girard Françoys”. —   (4.8.21) Saint-Gilles 14 octobre 1598: “noble homme maistre Girard Françoys docteur en medecine”; Saint-Basile lundi 25 janvier 1599: “noble homme maistre Girard François docteur en medecine”.

     (4.8.22) Léon Marquis le prétend célèbre, mais lui-même intervertit son nom et son prénom.
Il est possible, dans l’absolu, personnellement consulté par Henri IV en juin ou novembre 1589 ou bien ultérieurement; mais rien ne l’indique positivement et cette supposition est en fait aussi inutile que gratuite. — (4.8.23) “Les prérogatives, les honneurs de l’ancien medicus pecuniarius, de  l’ancien médecin municipal sont attribués en partie au médecin du roi, titre qui implique celui de conseiller d’Etat; c’est le médecin et conseiller ordinaire du roi. (…) Dans les provinces, ce titre était donné à un certain nombre de médecins qui, le cas échéant, eussent pu soigner le roi, mais qui ne l’avaient peut-être jamais vu. Ces médecins du roi étaient, sinon les princes de la science, du moins les princes de la médecine professionnelle dans leur province. Or, en 1550, Lesdiguières avait amené avec lui [à Grenoble] un médecin du nom de Davin, qui ne le quittait jamais. En reconnaissance de ses nombreux services, il le fit nommer conseiller et médecin du roi  pour avoir l’œil et  tenir exactement la main, en ce qui sera à l’assistance et secours des malades et blessés, moyennant quoi Davin recevra, sur tous les butins qui se feront sur l’ennemi, tant par les gens de cheval que de pied, de quelque qualité et condition qu’ils soyent, ung sol par livre, revenant à cinq pour cent. Ces honoraires sentent un peu le brigandage de l’époque et le connétable faisait payer Davin plus militairement que royalement; mais lorsque les troubles seront finis, les médecins du roi auront des prérogatives d’une origine plus pacifique” (Arthur Bordier, La médecine à Grenoble, 1896, p. 26). — (4.8.24) Testament le 17 août 1573 de “Guillaume Feyssac, docteur médicin du roy, habitant de Brive” (Inventaire-Sommaire des archives hospitalières de Corrèze, Tulle, 1911: Hôpital de Brive, série A, A4, f°150). — (4.8.25) Par exemple: Discovrs des Admirables Qualitez et Vertus des Eavx Minerales retrouvvées dans le Terroir de la Ville de Baignolz. Faict par Noble Esprit Defournier, Conseiller et Médecin du Roy de la Ville de Valreas, Lyon, Louis Odin. 1636. — (4.8.26) Roch le Baillif, protégé par le duc de Mercœur,  fut poursuivi devant les tribunaux par la faculté de médecine de Paris en 1578, mais il en fut protégé par son statut de médecin du roi, énoncé dans tous ses ouvrages, et que lui avait sans doute procuré son puissant protecteur. Didier Kahn (Alchimie et Paracelsisme en France à la fin de la Renaissance, 1567-1625, Paris, Droz, 2007, pp. 310-311) note que ce titre était “purement gratuit” car “le nom de Le Baillif n’apparaît à aucun moment sur les état de la maison du roi”; il renvoie à Arch. Nat. KK 139, fol. 16v°-17v°, 42v°-43v° (état de la maison du roi, 1584), et renvoie, sur la possibilité d’acheter la charge de médecin du roi, tout au moins au XVIIe siècle, à H. Baudry, Contribution à l’étude du paracelsisme, 1998, p. 427, n. 26. — (4.8.27) En 1608 Guillaume de Lérisse dédie sa Méthode excellent et fort familière pour guarir la peste (Grenoble Guillaume Verdier) à “Monsieur noble Loys de Villeneuve conseiller et médecin ordinaire du roy habitant Grenoble” (La médecine à Grenoble, p.36). Or ce dernier était surintendant de la santé à Grenoble lorsqu’y éclata la peste de 1597. A son arrivée en ville il était qualifié seulement de “docteur médecin” (ibid. p.32). — (4.8.28) Son fils posthume est baptisé le 2 octobre 1570: “Jehan filz de maistre Pierre Leverryer en son vivant chirurgien du roy nostre sire et de Marie Boyleve”. On notera aussi le 3 juin 1582 à Notre-Dame une marraine sans doute parisienne: “M. Catherine Debeaumont veufve de maistre Françoys Brigart luy vivant sieur des Boulenz (?) conseiller et medecin ordinaire du roy”.
4.9. Sur quelques autres Ducamel

     La généalogie exacte et complète de la famille Ducamel est pour l’instant impossible à reconstituer, car nous trouvons mentionnés à Notre-Dame, en même temps que les descendants avérés de Guillaume et d’Esprit le sont à Saint-Basile, d’autres Ducamel dont nous ne pouvons préciser l’ascendance, mais dont nous pouvons supposer avec une grande vraisemblance qu’ils descendent de François Ducamel frère de Guillaume.

     C’est ainsi que nous trouvons mentionnés dans le registre des baptêmes de Notre-Dame de 1559 à 1582: une Hélène Ducamel, fille probable de Jean I,
qui se porte marraine encore jeune fille en 1559, et y réapparaît en 1570 veuve d’un certain Léon Morin (1); une Perrine Ducamel pareillement marraine encore jeune fille le 19 avril 1577; un Esprit Ducamel II enfin, parrain en 1582 (2), ces derniers tous deux enfants probables de Jean III Ducamel.

     Jean Ducamel III, que nous avons déjà signalé comme fils de Jean Ducamel II, lui-même fils probable de François Ducamel frère de Guillaume, est signalé à Saint-Gilles en 1582 comme contrôleur du domaine d’Étampes (3).

     En 1599 est signalée comme marraine à Saint-Gilles une Marie Ducamel qui doit être sa fille, car elle est alors mariée au nouveau receveur du domaine, Damien Provensal. Elle réapparaît huit ans plus tard marraine à Saint-Basile, en 1607, veuve, alors que le parrain est le successeur de son mari, Jacques de Beauvillier, receveur du domaine; Marie Ducamel, veuve, est alors remariée à un archer de la garde du corps du roi. Il s’agit de Charles de Craffort, alias de Crawford (4); j’ai de fait retrouvé cet archer mentionné par le registre de cette garde royale de 1571 à 1575 (5); il avait déjà eu fils d’une certaine Madeleine Selves, qui n’est pas mentionnée comme son épouse, baptisé à Saint-Basile en 1589, avec pour parrain François Chéron, lui-même gendre du procureur du roi Esprit Hattes (6); et il s’était déjà porté parrain à Saint-Pierre en 1604, en compagnie de la fille du procureur du roi d’alors, Simon Égal, Madeleine.
     (4.9.1) Notre-Dame 22 février 1559: “Heleyne Ducamel”; 21 mai 1570: “Helene Ducamel veufve feu Leon Morin”.— (4.9.2) Notre-Dame 22 septembre 1582: “sire Esprit Ducamel”.

     (4.9.3)  Saint-Gilles 9 juillet 1582: “Le neufviesme jour des dictz moys et an fut baptizée Loyse fille de Jehan Moret et de Marye Haste; son parain honeste personne maistre Jehan du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes, ses mareines Loyse Boutet femme de Jacques Brechemier et Perrine Haste”.

     (4.9.4) Saint-Basile 5 octobre 1606: “le parrain honorable homme Jacques Beauvillier receveur du dommaine d’Estampes, les marraines damoiselle Marie Paulmier [à corriger d’après la signature: Marie Ducamel] femme de noble homme Charles de Craffort nominatifve, dame Helaine Petau femme de noble Musnier esleu en l’election du dict Estampes, tous de ceste paroisse. [signé:] J. Beauvillier — Helaine Petau — M. du Camel — Guyton [paraphe]”; 25 mars 1607: “damoiselle Marie Du Camel femme de noble homme Charles de Craffort”. — (4.9.5) William Forbes-Leith, The Scots men-at-arms and life-guards in France: From their formation until their final dissolution, Edinburgh, William Paterson. Volume second [ouvrage qui par coïncidence fut illustré par le major Henry Babin de Grandmaison, fils du propriétaire de la tour de Guinette], pp. 173 (Charles de Craffort, écuyer, archer du corps en janvier 1571), 177 (1574) et 179 (janvier 1575). Les registres paroissiaux dÉtampes mentionnent d’autres archers de ce corps. — (4.9.6) Saint-Basile 16 mars 1589: “a esté baptizé en l’eglise de ceans ung filz nommé Charles filz de Charles de Crafor archer de la garde du cor du roy et seigneur de Lagrange; la mere Magdelaine Selves (ou nom approchant); les parins François Cheron etc.”
     On voit donc bien ici que toutes les familles dont un membre a tenu la charge de procureur du roi constituent une sorte d’élite de la caste des officiers étampois, qui pratique volontiers l’entre-soi. C’est une chose que nous constaterons à plusieurs reprises en parlant des autres procureurs étampois du XVIe siècle.


Maistre Girard François medecin du roi (Saint-Basile 1er mars 1597)

Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Hôtel des dames de Maubuisson, résidence des Ducamel
Maison seigneuriale des dames de Maubuisson, résidence de Colin puis Guillaume Ducamel (2009)

Généalogie Ducamel
5. Esprit Hattes, l’ancien receveur
(…1560-1571…)


Emblème d'Esprit Hattes sur son hôtel particulier (1554)

5.1 Premières traces de la famille d’Esprit Hattes à Étampes

     Nous avons déjà parlé du successeur d’Esprit Ducamel, Esprit Hattes. Le nom de sa famille (1) connaît différentes graphies (2), dont la plus fréquente à l’époque d’Esprit Hattes est sans nul doute Hacte, fantaisie orthographique caractéristique du XVIe siècle (3).

     La présence de la famille Hattes paraît attesté à Étampes dès avant 1237 où est signalée en ville la maison d’un certain Girard Hattes (4); mais comme la prosopographie étampoises des XIIIe et XIVe siècle reste entièrement à faire, nous ne pouvons pas pour l’instant déterminer s’il existe un lien entre ce premier Hattes étampois et ceux qu’on y retrouvent à partir du milieu du XVe siècle.

     Plus sûrement, on trouve un Jean Hattes censitaires des dames de Longchamp de 1464 à 1498, décédé avant 1509 (5); un Oudin Hattes échevin d’Étampes de 1506 à 1507
(6), ainsi qu’en 1513 (7), et dont la stèle funéraire se voit encore en l’église Saint-Gilles (8); un Julien Hattes enfin mentionné par le censier des Harangeries en 1511 (9).


Mention de Julien Hattes en 1512 (censier des harengeries)
Mention de Julien Hattes (Julian Hacte) en 1512 (Censier des Harengeries)
     (5.1.1) Il s’agit en fait d’un nom de personne germanique qui a connu à date ancienne deux formes, celle du cas sujet, Hattes, et celle du cas régime, Hatton, sur le même modèle que  Gilles et Gillon, Hue (Hugues) et Huon, Yves et Yvon, Guy et Guyon, etc., et qui par suite a donné deux patronymes dont seul le premier est attesté à Étampes à l’époque qui nous occupe. — (5.1.2) Hacte, Hactes, Halte, Haste, Hastes, Hate, Hates, Hatte, Hattes; latin Hato, génitif Hatonis. — (5.1.3) On se souviendra en effet qu’à cette époque on écrit régulièrement mectre et lectre pour mettre et lettre, latin mittere et littera, ces lettres C n’ayant jamais été prononcées.

     
(5.1.4) La charte de création de la paroisse de Saint-Basile donne entre autres pour point de repère la “maison du défunt Girard Hattes” (usque ad domum deffuncti Girardi Hatonis).

      (5.1.5) Longchamp 1464 (AD 91 E. 3894): “Jean Haste le jeune”; 1465 (E. 3894): “Jean Hacte le jeune”; 1477-1478 (E. 3895) “Jean Hacte”; 1482 (E. 3896): “Jean Hacte”; 1498, f°6v° (édition Gineste): “Jehan Hacte, pour une piece de vigne contenant troys quartiers ou environ, assis ou chantier de Barbion, tenant d’une part à messire Loys George, d’autre part aux hoirs de feux Loys Duisy, aboutissant à Jehan Damours et d’autre bout à luy mesmes. Pour ce: IIII deniers obole tournois”; 1509 (E. 3897): “hoirs de Jehan Hacte”. — (5.1.6) Rapsodie de Pierre Plisson éditée par Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 25. — (5.1.7) Au témoignage du moins de Maxime de Montrond qui dit l’avoir trouvé mentionné cette année-là comme échevin, Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2, p. 232, d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres de l’Hôtel de Ville”. — (5.1.8) Léon Marquis, Les rues d’Étampes, 1881, p. 244, a lu par erreur “Oudry”, la stèle étant très abîmée: “Ci gisent / les corps de très honorables p(ers)onnes / Oud[in] Hacte en son vivant marchant bourgeois d’Estampes / qui trespassa le … / personne … sa femme, qui trespassa le … j(ou)r / de décembre l’an mil VC… / Priez Dieu pour leurs âmes.”. — (5.1.9) Archives Municipales d’Étampes AM AA1, f°14r° (n°76), édition Gineste 2010: “Jehan Hacte ou nom et comme procureur de Nicolas Amelot pour la moictié d’un jardin et pré qui fut feu maistre Jehan Guy, tenant d’une part à Jehan Guy bonnetier et d’autre part à maistre Jehan de Villecte, aboutissant d’un bout à la Filliere, d’autre bout aux Murs Neufz. — XII d. p. — Fait ès presences de Jehan Guillotin et Jehan Massue les an et jour dessus dictz [mercredi IXe jour de mars mil Vc et XII ]”.
5.2 Sur les frères ou cousins d’Esprit Hattes

      Cette famille paraît avoir au XVIe siècle constituée deux branches bien distinctes, de sorte que, de tous les Hattes qui paraissent à Étampes de la même génération qu’Esprit Hattes, certains n’étaient peut-être que des cousins éloignés. J’en ai trouvé cinq: François, Louis, Gérault, Pierre I et Marguerite.

     François Hattes qui est mentionné comme censitaire de Longchamp chaque année de 1532 à 1541, à la même époque qu’Esprit, qui l’est de 1535 à 1538; mais le scribe prend soin généralement de les distinguer par des graphies artificiellement différentes: Haste pour l’un, et Hacte pour l’autre
(1). Au reste Esprit y est censitaire seulement “à cause de sa femme”, de sorte que les biens en question ne viennent pas de ses ascendants. François ne paraît donc qu’un lointain cousin d’Esprit Hattes. François Hattes appartient sans doute à une branche lointaine de la famille restée proche de la terre, et c’est sans doute de lui que descend à la génération suivante un Nicolas Hattes vigneron à son tour censitaire de Longchamp, dont le nom est aussi régulièrement et intentionnellement orthographié Haste (2).

     Louis Hattes est procureur du chapitre de Sainte-Croix en 1537 et 1538 lors d’une procédure d’adjudication à Étampes dont tout le dossier nous a été conservé
(3). Nous le trouvons encore, le 21 septembre 1556, lors de la rédaction de la Coutume d’Étampes, procureur de plusieurs membres des trois états, comme d’ailleurs tous ses confrères en cette occasion; il est toujours procureur du chapitre de Sainte-Croix, mais aussi du prevôt d’Auvers; de quatre curés, ceux de Saint-Georges d’Auvers, de Buno, de Gironville et de Duyson; de Louis d’Arbouville, seigneur de Buno; et enfin des manants de quatre villages différents: Boigneville, Prunay, Buno et Gironville (4).

    
Jérôme Hattes I (alias Hiérosme, alias Hérosme, alias Gérault, Girault, Girault) est cité de 1536 à 1576 et mort avant 1579. Il fut échevin en 1536 et à nouveau en 1556. Il eut de sa femme Perrine au moins deux enfants: Jérôme II et Perrine, et peut-être une Marie (5). Son fils Jérôme-Gerault II épousa avant 1583 Barbe Aupe, dont il eut au moins deux enfants, François en 1583 et Barbe en 1586 (6). Sa fille Perrine est signalée comme marraine de 1579 à 1582 (7), notamment à Saint-Gilles en juillet 1582, d’une fille de Jean Moret et de Marie Hattes I; cette dernière étant vraisemblablement sa sœur, est déjà cité comme marraine à Saint-Basile en 1567, puis en 1570 en même temps qu’Esprit Hattes est parrain (8).
     Il n’est pas impossible que ce Jérôme Hacte I ait été le frère d’Esprit Hattes; mais nous n’en avons aucune sorte de preuve pour l’instant.


     Pierre Hattes I, cité de 1546 et peut-être encore en 1567, était mariée à une certaine Charlotte, dont il eut une fille Guillemette baptisée en 1546 (9). Nous retrouverons sa fille Charlotte Hattes veuve du vigneron Claude Belloy entre 1580 et 1604 (10).

     Marguerite Hattes, citée de 1546 à 1579, mariée après 1549 à Cantien Sainsard, dont elle est veuve dès avant 1567 (11).

     A la génération suivante sont signalés deux à trois autres Hattes qui paraissent être de ses neveux et nièces, sans qu’on puisse préciser même leur nombre exact. En effet, d’une part les registres paroissiaux ne sont pas toujours très bavards; d’autre part plusieurs personnages d’une même famille porte souvent à l’époque le même prénom, parfois même entre frère et sœurs; enfin les veuvages et les remariages sont si fréquents et parfois si rapides qu’on ne peut jamais exclure une identification de deux personnages signalés avec un conjoint différent. La situation ne pourra être éclaircie qu’avec des données complémentaires découvertes à l’avenir spécialement dans les études notariales actuellement inaccessibles.

     Y a-t-il eu une ou deux Louise Hattes, outre la Louise Hattes fille d’Esprit Hattes dont nous parlerons plus bas? En 1563 est signalée à Notre-Dame une Louise Hattes épouse de Jean Hue qui lui donne un fils Jean Hue II (12). De 1567 à 1572 est signalée quatre fois à Saint-Basile une Louise Hattes mariée à Michel Moinet, greffier au bailliage d’Étampes, à qui elle donne deux enfants, avec à chaque fois avec pour marraine sa probable cousine Louise Hattes fille d’Esprit Hattes (14). Certains indices tendent à montrer que cette dernière était une fille de Jérôme Hattes I, lui même vraisemblablement frère d’Esprit Hattes. Et, par ailleurs  il n’est pas impossible que Jean Hue ait été son premier mari décédé entre 1563 et 1567.
     Par ailleurs en plusieurs cas  il est impossible de savoir de laquelle de ces Louise Hattes veulent parler nos registres qui ne mentionnent alors ni le père ni le mari de l’intéressée (15).


     Enfin nous trouvons deux fois à Saint-Basile en 1572 un certain Jacques Hattes bourgeois et marchand d’Étampes marié à une certaine
Marguerite Paris, qui se porte parrain le 16 mars du fils de Pierre Hattes, lui-même fils d’Esprit Hattes (15).

     Voilà donc quelques membres de cette foisonnante famille, dont je n’ai pu élucider pour l’instant la généalogie: une étude plus systématique des registres, et surtout des études notariales le permettra sans doute à l’avenir.
     (5.2.1) AD91 E. 3899. — (5.2.2) AD91 E. 3901 (1571-1576): “Nicollas Haste”; E. 3904 (1580): “Nicolas Haste vigneron”; E. 3905 (1592): “Nicolas Haste”.

     (5.2.3) Archives Municipales d’Étampes, AA254 (édition Gineste, 2010), f°19r°, 24r°, 27r°: “Loys Hacte”. — (5.2.4) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°31v°: “Reverand Pere en Dieu Messire Loys Guillard Evesque de Chalons Seigneur Prevost d’Anvers [sic, pour: Auvers], en l’Eglise de Chartres, par maistre Loys Hacte son Procureur assisté de Maistre Barthelemy Marcial advocat au dit Estampes son Conseil”; f°32v°: “Les Doyen, Chantre, & Chapitre de l’Eglise sainte Croix dudict Estampes, par Maistres Pierre Desmons Doyen, Pierre Loreau Chantre, Ioseph Guichart, & Iehan Paris Chanoines d’icelle Eglise assistez de L. Hucte [sic] leur Procureur, & maistre Iehan de Lorme leur Advocat & conseil”; f°33v°-34v° “Aussi les curez qui s’ensuyvent: (…) De saint Georges d’Auvers, par Q. [sic] Hacte. (… ) Dudit Buno, par L. Hacte son Procureur. De Gironville par ledit Hacte. De Duyson par ledit Hacte son Procureur (…) ”; f°35v°: “Messire Loys d’Arbouville Chevalier, seigneur de Buno, Boingueville, Moignanville, Prunay, & Guesteville, par ledit Hacte”; f°40r°/v°: “Les manans & habitans des villes (…) de Boingneville par L. Hacte, & Guillot leurs Procureurs, De la paroisse de Pounay [Prunay] souz Buno par ledit Hacte, dudit Buno par ledit Hacte. De Gironville par ledit Hacte (…).

     (5.2.5) 1) Maxime de Montrond, Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2, p. 232  donne une liste d’édiles d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres de l’Hôtel de Ville” et notamment ceci  “1536. Simon Audren, maire. Jean Allard, Ant. Paris, Gilles Paulmier, Girault Hacte, échevins”; 2) Notre-Dame 5 mai 1546: “Perrine femme Hierosme Hacte”; 3) Coustumes d’Étampes (22 septembre 1556): “Girault Hacte” cité parmi les échevins; 4) Saint Basile 2 août 1567: “le parain Hierosme Hacte”; 5) Censier de Longchamp pour 1571-1576 (AD91 E. 3901): “Herosme Hacte”; 6) Censier de Longchamp pour 1571-1576 (AD91 E. 3904): “Hiérosme Hacte”; 7) Notre-Dame 14 avril 1579: marraine “Perrine fille du deffunct Jerault Hatte”.
     (5.2.6) Saint-Gilles 21 septembre 1583: “Hierosme Hacte”; 12 novembre 1583: “fut baptizé Françoys filsz de Jerosme Hacte et de Barbe Aupe; 17 mars 1584: “Jherosme Haste”; Saint-Gilles ”; 28 avril 1586: “fut baptisée Barbe fille de Jherosme Hacte et de Barbe Upe; ses parrain et marraines Jherosme Sainsart et Loyse Hacte et Perrine Brechemier” — (5.2.7) Notre-Dame 14 avril 1579: “Perrine fille du deffunct Jerault Hatte”; 3 mars 1582: “Perrine Hacte”. — (5.2.8) Saint Basile 13 août 1567: “Marye Hacte”; 20 septembre 1570: “Marie Hacte” (le parrain est alors Esprit Hattes); Saint-Gilles 9 juillet 1582: “fut baptizée Loyse fille de Jehan Moret et de Marye Haste; son parain honeste personne maistre Jehan du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes, ses mareines Loyse Boutet femme de Jacques Brechemier et Perrine Haste”.

     (5.2.9) Notre Dame 31 octobre 1546: “fut baptisée Guillemette fille de Pierre Hacte et de Charlotte sa femme”; Saint Basile 20 septembre 1568: “Pierre Hacte”; à moins qu’il ne s’agisse alors du Pierre fils d’Esprit. — (5.2.10) Censier du fief des Longs (entre 1580 et 1606): “Guillemette Haste veuve de Claude Belloy vigneron” (AD91 E. 3935).

     (5.2.11) Notre Dame 19 février 1546: “Marguerite Hacte”; 2 septembre 1546: “Marguerite Hacte”; Notre Dame 7 juillet 1549: “Margueritte Hacte”; Saint Basile 12 mars 1569: “Margueritte Hatte vefve de Cancian Sainxard”; 12 mars 1569: “Margueritte Hatte vefve de Cancian Sainxard” (le parrain étant “maistre Pierre Hatte advocat”); Notre Dame 3 octobre 1579: “Marguerite Hatte vefve du deffunct Cancian Sinxart”.

     (5.2.12) Notre-Dame 18 juillet 1563: “fut baptisé Jehan filz de Jehan Hue et de sa femme Loyse Hacte”. — (5.2.13) Saint Basile 2 août 1567: “a esté baptisée Loise fille de Michel Moynet et de Loyse Hacte sa femme; les maraines Loyse Bonté et Loyse Hacte, le parain Hierosme Hacte”; 25 sept 1567: “Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet”; 18 août 1568: “Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage”; 5 mars 1572: “fut baptisé Claude fille de honorable homme maistre Michel Moinet procureur à Estampes et de Loyse Hacte; le parrain honorable homme maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes, les marraines Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron et Noelle Fanier femme de Macé Moynet”. — (5.2.14) Saint Basile 23 janvier 1570: “Loyse Hatte” (bis); Saint-Gilles 11 septembre 1585: “Loyse Hacte”; Saint Basile 28 novembre 1588: “honeste femme Loyse Hacte”.
     
     (5.2.15) Saint Basile  16 mars 1572: “Jacques Hactes marchant et bourgeoys d’Estampes”; 8 mai 1572: “Margueritte Paris femme de Jacques Hactes”. 
5.3 Premières mentions d’Esprit Hattes

Première mention d'Esprit Hattes par le censier de Longchamp (1535: "Esprit Hacte à cause de sa femme")      De 1535 à 1538, Esprit Hacte est d’abord cité comme simple censitaire des dames de Longchamp, “à cause de sa femme” (1). Nous avons aussi conservé de cette époque une sentence de la prévôté d’Étampes du 4 janvier 1537 “par laquelle Esprit Hatte et Charles Guettard sont condamnés à se désister au profit de l’hôpital Saint-Antoine de la jouissance d’un arpent et demi de pré situé derrière le clos Saint-Lazare” (2).

     En 1540, Esprit Hattes était déjà au nombre des vassaux du roi à Étampes, d’après une déclaration autrefois conservée à Orléans et aujourd’hui détruite (3). Il détenait donc également des biens relevant du domaine royal, soit en fief, ou en arrière-fief.

     Sa première épouse, à laquelle il est fait allusion dès 1535, s’appelait Louise et nous avons sujet de supposer que c’était une fille de Guillaume Ducamel. Elle est encore mentionnée comme marraine quatre fois de 1548 à 1551
(4). Elle donna à son mari au moins deux filles, Louise (5) et Jeanne (6). Elle est morte sans doute peu après 1551, et en tout cas plusieurs années avant que ne commence ce qui nous reste du registre de Saint-Basile, en 1563. Nous avons plusieurs indices de ce que cette Louise était une Ducamel, et de ce qu’elle est morte avant 1554 (7).

     De 1547 à 1552 nous voyons Esprit Hattes se porter parrain au moins deux fois à Notre-Dame sans autre titre que celui de “maître Esperit Hacte”, et sans que soient mentionnées malheureusement ses fonctions d’alors, ce qui est fréquent au début du registre, assez laconique.
(8).
     (5.3.1) AD91 E 3899, f°40v° (1535); f°49r° (1536); f°54v° (1537); f°62v° (1538).

     (5.3.2) AD91 D. 2 (copie dans un registre), résumé de l’Inventaire-Sommaire de la série D, p. 3a.

     (5.3.3) D’après un registre autrefois conservé à Orléans, AD45 A. 1175 (F. Maupré et Jules Doinel, Inventaire-Sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Loiret. Archives civiles. Série A. Nos 1 à 1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878, p. 267a).

     (5.3.4) Notre-Dame 23 mars 1548: “Loyse femme de Esprit Hacte”; 29 juillet 1548: “Loyse femme de maistre Esprit Hacte”; 12 novembre 1549: “Loyse Hacte fille de Esprit Hacte”; 26 juillet 1551: “Loyse femme de maistre Esprit Hacte et Marie femme de maistre Esperit Ducamel procureur du roy à Estampes”. — (5.3.5) Mentionnée comme marraine à partir de 1549 et mariée peu avant 1564. — (5.3.6) Mentionnée comme marraine à partir de 1552 et mariée peu avant 1569.

     (5.3.7) Voici ces indices: 1) Esprit Hattes détient le n°4 de la rue Sainte-Croix tandis que le n°6 est tenu par maître Girard François gendre d’Esprit Ducamel; 2) Esprit Hattes est cité comme censitaire de Longchamp “à cause de sa femme” toujours  juste avant ou juste après Esprit Ducamel; 3) il l’est pour finir comme tuteur des enfants du défunt Esprit Ducamel; 4) il lui succède comme procureur du roi (comme son propre gendre Pierre Legendre lui succèdera, et comme Guillaume Cormereau avait succédé à son beau-père Pierre de Gilles).

     (5.3.8) Notre-Dame 3 septembre 1547: “maistre Esperit Hacte”; 15 septembre 1552: “maistre Jehan [à corriger en: Esprit] Hacte”.
5.4 Esprit Hattes receveur du domaine

     Avant d’être procureur du roi, Esprit Hattes est signalé comme receveur du domaine du roi. Cette remarque est importante, car nous verrons que son propre gendre, d’abord simple avocat, passe receveur du domaine lorsque lui-même accède au titre de procureur du roi, et qu’il lui succèdera également en temps que procureur du roi après son décès.

     Le 1er décembre 1549 (
1), Esprit Hattes est cité comme receveur du domaine d’Étampes pour le comte de Jean de Brosse, époux d’Anne de Pisseleu, et alors duc d’Étampes (2). Le duc cède “à Esprit Hatte, receveur, tous les profits de fiefs échus, au prix de 500 écus d’or; mais si les sommes à lever excédaient mille écus, Esprit Hatte devait en payer la moitié à Jean de Brosse” (3). Après avoir donné ce précieux résumé de cette pièce aujourd’hui disparue, Dupieux remarque: “On voit par les chiffres que les droits de rachat, de quint et de requint étaient lucratifs” (4).

    Un des indices les plus nets du caractère lucratif de cette charge est aujourd’hui encore sous les yeux de tous le monde: c’est l’hôtel particulier que se fit bâtir en 1554 Esprit Hattes, et dont nous allons parler ci-après.

     Le 22 septembre 1556 nous trouvons cité, parmi les “officiers du roy” qui participent à la rédaction de la Coutume d’Étampes, “maistre Esprit Hacte, receveur du dommaine dudit seigneur” (5). Il est alors cité juste après Esprit Ducamel, procureur du roi.
      (5.4.1) Et non 1543 comme Dupieux le porte par erreur, Institutions, p. 87; cf. Inventaire-Sommaire, p. 268b et Dupieux lui-même, Institutions, p. 200. — (5.4.2) Comte d’Étampes à partir du 23 juin 1534, duc d’Étampes à partir de janvier 1537, jusqu’en 1553 où le duché passe à Diane de Poitiers, avant de faire retour en avril 1562 à Jean de Brosse (dit aussi de Bretagne ou de Pentièvre) jusqu’à sa mort survenue au début de 1565.  — (5.4.3) Selon un document autrefois conservé à Orléans, AD45 A. 1183, cité, résumé Dupieux, Institutions, p. 87, note 2 et p. 200, note 5. Dupieux précise que l’Inventaire-Sommaire des Archives du Loiret, tome 1, p. p. 268b,  commet une erreur en précisant que le prix de la ferme était de 1500 écus. Voici le texte de l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 268b: “Cession par Jean De Bretagne, duc d’Étampes, à Esprit Hatte, receveur du domaine d’Étampes, de tous les profits échus, au pri de 1,500 écus d’or (1549); — obligation subie par Esprit Hatte, au profit de Jean De Bretagne, de lui payer moitié des sommes qu’il recouvrerait desdits profits, dans le cas où ces sommes excderaient 1,000 écus”. — (5.4.4) Je comprends moins sa remarque selon laquelle, par cette disposition, “le duc d’Étampes voulait se prémunir contre l’avidité de son receveur”.

     (5.4.5) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, p. 39.
5.5 L’Hôtel particulier d’Esprit Hattes

     On peut se demander où logeait Esprit Hacte pendant la période. Était-ce déjà dans l’aile du Palais du Séjour opposée à celle de la prison, comme ce sera clairement le cas des receveurs du domaine à l’époque de Fleureau (1)? C’est peu probable, car il habite clairement au n°4 de la rue Sainte-Croix à partir de 1554.

     En 1554 en effet fut bâti un hôtel particulier qui se trouve actuellement au numéro 4 de la rue sainte-Croix. Son ornementation caractéristique de la renaissance bellifontaine confirme la date de 1554 qui est portée nettement et sans doute possible sur sa façade intérieure dans une partie non restaurée. Déjà en 1999, Monique Chatenet avait émis l’hypothèse que la construction en était due à quelque membre de la famille Hattes, soit Esprit Hattes, receveur en 1556, soit Girault Hattes, échevin à la même date, ou Louis Hattes, honorable bourgeois signalé la même année. En effet elle avait trouvé trace dans le censier de Notre-Dame d’Étampes que cet hôtel particulier était tenu en 1599 par une certaine “Jeanne Hacte, veufve de François Cheron, demourant à Estampes”, en ajoutant cette réserve: “On n’a identifié ni François Cheron, ni Jeanne Hacte” (2).

     J’ai démontré en 2009 que le commanditaire de cet hôtel particulier était Esprit Hattes, d’une part en démontrant que Jeanne Hattes était sa fille, et d’autre part en attirant l’attention sur une sculpture insolite et jusqu’alors inexpliquée de la façade intérieure de ce bâtiment. En effet la porte monumentale intérieure de cet hôtel bourgeois est décorée d’une scène de Pentecôte nettement centrée sur le Saint-Esprit et la Vierge Marie. Il s’agit très évidemment d’une sculpture à clef évoquant les prénoms d’Esprit Hattes et de sa seconde épouse Marie Paulmier (3).

     Cet hôtel passera ensuite à leur fille Jeanne Hattes et à son gendre le marchant François Chéron; puis, en l’absence d’héritier de ce couple, au début du XVIIe siècle, à un descendant de la deuxième fille d’Esprit, Louise Hattes (4).

     Les visages de la Vierge et des douze apôtres, dans la scène de Pentecôte que nous venons d’évoquer, ont été consciencieusement martelé, avec un fanatisme méthodique typiquement huguenot. Il faut remarquer que les registres de baptême conservés
Saint-Basile ne commencent qu’après leur premier passage en 1562. Cette église est sans doute du nombre de celles qui leur servit d’étables. On en peut excure cependant que ces dégradations prirent place seulement lors de leurs séjours suivants, soit en 1567 ou en 1568. C’était en tout cas du vivant de leur commanditaire que furent mises dans l’état où elles sont aujourd’hui ces scupltures que Henri Stein a proposé d’attribuer à Jean Goujon.
     (5.5.1) Antiquitez de la ville et du duché d’Estampes, Paris, Coignard, 1683 (ouvrage rédigé en fait vers 1668), p. 26 “Le surplus des bâtimens d’un côté sert à la geole ou prison, & de l’autre côté à loger le Receveur du Domaine, qui joüit aussi des Jardins, qui sont de grande étenduë”. On pourrait supposer que cette disposition est très ancienne, et peut-être même antérieure à la transformation du palais en auditoire, ceci pour garder en lieu sûr la recette des revenus du domaine; mais nous n’en avons pas d’indice positif avant l’époque de Fleureau.

     (5.5.2) Censier de Notre-Dame pour 1599 (extrait édité par par Monique Chatenet, Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 148-149).

     (5.5.3) On notera que par coïncidence l’épouse du prédécesseur d’Esprit Hattes, Esprit Ducamel, s’appelait aussi  Marie; de sorte qu’on ne peut pas exclure a priori une hypothèse plus complexe, dont j’ai fait état dans ma conférence du 21 novembre 2009. Dans le cadre de cette seconde hypothèse, l’hôtel aurait été bâti par Ducamel et serait ensuite tombé entre les mains de Hattes par le biais de sa première épouse Louise, qui aurait été une Ducamel. On notera deux faits en ce sens: l’hôtel voisin du numéro 6 était tenu en 1599 par Gérard François, époux de Marie Ducamel, fille d’Esprit Ducamel; d’autre part, c’est aux seuls enfants de Louise, et non à ceux de Marie Paulmier, que passera cette maison (d’abord à Jeanne Hattes, puis au fils de Louise Hattes, Sébastien Legendre). De fait nous ignorons pour l’instant la date de la mort de la première épouse d’Esprit Hattes, Louise, survenue avant le commencement du registre paroissial de Saint-Basile. Louise est mentionnée de 1535 à 1551. Marie Paulmier, seconde épouse d’Esprit Hattes, est mentionnée de 1566 à 1591, le registre de Saint-Basile ne commençant précisément qu’en 1566. Seulement il faut observer d’une part qu’Esprit Ducamel jouissait déjà de trois hôtels particuliers aux numéros 8, 10 et 10 rue Louis Moreau; d’autre part, si Louise a bien été une Ducamel (ce qui reste une pure hypothèse), elle a été dans ce cas une fille de Guillaume, et non de son fils Esprit. On voit mal donc comment elle aurait pu ainsi hériter de son frère, au détriment de ses neveux et nièces. Le plus vraisemblable donc, et de très loin, reste qu’Esprit Ducamel, devenu veuf en 1552 ou 1553, s’est très vite remarié, selon l’usage, à Marie Paulmier, en 1553 ou 1554, et qu’il a fait édifier cet hôtel, peut-être sur une parcelle qui lui venait de sa première épouse, tandis que la parcelle attenante était échue à Esprit Ducamel, et de celui-ci à sa fille Marie, épouse de Gérard François.

     (4) Il appartient au début du XVIIe siècle aux héritiers mineurs de Sébastien Legendre III, fils de Sébastien Legendre II, fils de Pierre Legendre et de Louise Hattes.
5.6 Esprit Hattes l’un des deux procureurs du roi (1559/1560-1564)

     Dupieux ne mentionne Esprit Hattes qu’en temps que receveur du domaine du roi à Étampes. Il était pourtant signalé en 1560 comme “procureur du roi” par la Rapsodie de Nicolas Plisson, qui avait eu l’occasion de consulter des archives conservées à Étampes et aujourd’hui disparues (1); mais Dupieux, visiblement, n’a pas cru devoir sans doute s’appuyer sur cette source indirecte en l’absence d’autres sources confirmant cette donnée, vu surtout qu’il a trouvé Ducamel mentionné comme encore en activité le 29 janvier 1564, dans un document lui aussi depuis disparu (2).
     (5.6.1) Rapsodie de Pierre Plisson éditée par Forteau (Annales du Gâtinais 1909, p. 248): “Esprit Hatte”. — (5.6.2) AD45 A. 1220, liasse 1re, pièce 1re, cité par Dupieux, Institutions, p. 85, note 6.
     Or, le 4 janvier 1560, se porte bien parrain à Notre-Dame d’Étampes “Pierre filz de maistre Esprit Hacte procureur du roy à Estampes”, alors que comme nous l’avons déjà vu, Esprit Ducamel n’est mentionné comme défunt qu’à partir du 3 octobre 1564.

     En 1562 sont signalés côte à côte et sans mention de titre comme censitaires des dames de Longchamp: “Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte” (
3). Comme nous l’avons déjà signalé, le montant du cens dû par l’un comme par l’autre n’est pas mentionné, ce qui tend à indiquer qu’il en étaient probablement exempts, par un de ces droits coutumiers sur lesquels nous sommes mal renseignés, mais qui, cumulés, devaient constituer des sources de revenu conséquents pour les détenteurs de cette charge. L’année suivante 1563 le même registre n’accorde curieusement son titre qu’à Esprit Hattes: “Maistre Esprit Ducamel. — Maistre Esprit Hacte procureur du roy” (4). Et le 10 mars 1563 se porte encore marraine à Saint-Basile “Marie Paulmier femme de honorable homme maistre Esperit Hacte procureur du roy au dict lieu”.



     (5.6.3) AD91 E. 3900, f°18r°.





     (5.6.4) AD91 E. 3900, f°37v°.
     Que se passe-t-il? Nous avons vu en effet que les registres de baptême pour leur part continuent à qualifier Esprit Ducamel de “procureur du roy”, et qu’il n’est mort que peu avant le 3 octobre 1564. Il y a donc bien eu deux procureurs du roi en titre à Étampes entre 1559 ou 1560 et 1564.

     On pourrait supposer évidemment que, pendant un temps, tout simplement, l’autorité royale considéra comme nécessaire la coexistence de deux procureurs du roi à Étampes. Dupont-Ferrier a montré que c’était le cas de certains bailliages
(5), et qu’on en avait parfois davantage ailleurs; mais ils siégeaient alors à chaque fois en des villes différentes du bailliage (6), et l’on voit mal où cela aurait pu être dans le cas d’Étampes; surtout, la cas ne se reproduira plus jamais à ma connaissance.
     (5.6.5) Les officiers royaux, 1902, pp. 146. Il cite en ce sens les bailliages de Chartres, Chaumont, Cotentin, Mantes, Orléans, Melun et Gisors.— (5.6.6) Comme on s’en convainc en lisant attentivement les notes de Dupont-Ferrier, bien qu’il ne le fasse pas remarquer explicitement lui-même, ibid., pp. 146-147.
     Un autre solution serait de supposer qu’Esprit Hattes ne fut au départ qu’un simple substitut du procureur du roi, comme il en existait de façon stable dans plusieurs autres bailliages, généralement seul à y exercer cette charge; car, à ce que note Dupont-Ferrier, “il est impossible de distinguer toujours entre ces deux appellations, la vanité encourageant d’habitude l’usurpation du titre” (7). Cependant là aussi, il resterait à expliquer pour quoi cette charge usuellement stable, n’a pas d’autre titulaire connu dans la suite à Étampes, du moins à ma connaissance.
     (5.6.7) Op. cit., pp. 156-158.


     Il est donc plus vraisemblable donc qu’à partir de 1559 ou 1560 Esprit Ducamel, pour une raison indéterminée, par exemple d’ordre médical, a été empêché d’exercer ses fonctions de procureur du roi, et que son successeur a été nommé de son vivant, de telle manière qu’il a continué à en porter le titre sans vraisemblablement en assumer réellement les fonctions.
     
     Fin juillet 1563, alors que la peste s’est abattue sur la ville, le procureur du roi intervient en faveur de l’intérêt public et des administrateurs de l’Hôtel-Dieu, contre les chanoines qui voulaient interdire à leur lavandières de passer par le cloître Notre-Dame pour aller laver le linge des malades: “Par sentence rendue au bailliage d’Etampes le dernier juillet [p.115] 1563 — en temps de peste — entre le Procureur du Roy, les administrateurs de l’Hostel-Dieu et quelques particuliers habitans, les administrateurs de l’Hostel-Dieu sont maintenus et gardés en la possession et jouissance dudit lavoir ; il est enjoint auxdits particuliers de faire ôter incontinent et sans délai les pierres et autres empêchemens faits audit lavoir pour que les administrateurs et leurs gens puissent y aller touttefois et quantes que bon leur semblera pour y laver les linges de l’Hostel-Dieu, sous peine d’amende arbitraire ; et sans avoir égard à l’intervention des Sieurs du Chapitre de Notre-Dame et autres particuliers, est ordonné que les serviteurs et servantes dudit Hoste-Dieu laveront leurs linges et drappeaux de tous les malades indifféremment, même des pestiférés étant audit Hostel-Dieu (1) à son lavoir comme le plus commode et le moins dommageable qui se puisse trouver selon l’avis des habitants de la ville, pour ce fait deux fois assemblés, avec défense aux chanoines d Notre-Dame et particuliers habitant et de tous autres généralement de troubler et empêcher lesd. serviteurs et servantes en la possession et jouissance du lavoir, à peine de chacun 100 livresparisis d’amende et par prison, nonobstant opposition ou appel, laquelle amende est, dès à présent déclarée encourue, pour cet effet les laisser et souffrir passer par le cloître Notre-Dame, comme étant le chemin le plus commode, plus sûr et moins dommageable. Défenses auxdits serviteurs et servantes et conducteurs des corps morts d’aller par la ville sans porter une grande verge blanche, de même quand ils porteront les drappeaux laver à leur lavoir, afin que chacun se puisse donner de garde, de ce, sous peine de punition corporelle, et de porter laver les drappeaux aux heures plus commodes et moins dommageables, et avec moins de scandale public que faire se pourra. Laquelle sentence, attendu la matière dont il s’agit sera exécutée nonobstant opposition ou appel.» (8)
     (5.6.8)  Sentence rapportée au XVIIe siècle par Pierre Plisson dans son manuscrit dit la Rapsodie, ce passage étant édité par Charles Forteau in Les Restes de l’Hôtel-Dieu, in Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix (1903), pp. 114-115. Forteau y ajoute deux remarques: 1) Les mémoires de Claude Hatton, cités par M. Léon Marquis, parlent de la peste qui régna à Étampes en 1562-1563 et enleva un grand nombre d’habitans. 2) Quel puissant moyen de propagation de la contagion que d’en envoyer ainsi tous les germes au cours de la rivière! Peut-on s’étonner de la gravité des épidémies qui désolaient alors nos populations?
5.7 Esprit Hattes, seul procureur du roi, et remarié (1564-1571)

     Le 14 septembre 1564 se porte marraine à Saint-Basile “Marie Paulmier femme de honorable homme maistre Esperit Hacte procureur du roy au dict Estampes”. Rappelons que ce registre de cette église ne commence qu’en 1563, et que, par ailleurs, la première épouse d’Esprit Hattes, Louise, est mentionnée comme marraine pour la dernière fois à Notre-Dame en 1551.
     On est donc porté à croire que Louise est morte vers 1552 en lui laissant trois enfants comme nous le verrons ensuite: Louise, Jeanne et Pierre; et qu’Esprit Hattes s’est remarié presque aussitôt, comme il est était alors d’usage, pour donner une nouvelle mère à ces enfants. Cette nouvelle épouse, Marie paraît lui avoir donné deux enfants supplémentaires: Françoise et Esprit II.


     Le 6 octobre 1564 a lieu devant Claude Cassegrain, lieutenant général du bailliage représentant le bailli Nicolas Petau, la prestation de serment du nouveau receveur des deniers communs de la ville, Jean Delaunoy, “le procureur du roy joinct en personne, assisté de l’advocat du dict seigneur”
(1). Il s’agit bien alors d’Esprit Hattes, puisque c’est trois jours avant cela que le registre de Notre-Dame mentionne son prédécesseur comme décédé.

     Le registre paroissial de Saint-Basile fait de fréquentes mentions d’Esprit Hattes ou de membre de sa famille en précisant sa qualité de procureur du roi, de 1565 à 1571, mais présente ensuite une regrettable lacune de mars 1572 à mars 1587. Esprit Hattes y est quatre fois lui-même parrain, plus une autre fois à Notre-Dame (2); sa seconde épouse Marie Paulmier cinq fois
(3); sa fille Jeanne une fois, et son fils Pierre une fois également à Notre-Dame (4).
.

     Le 7 octobre 1566 on y trouve également pour parrain un certain “Medard Hatte (sic) filz de monseigneur le procureur du roy”, mais il s’agit évidemment d’une étourderie du desservant, car ce Médard est en réalité un fils de son défunt prédécesseur Esprit Ducamel, dont Esprit Hattes est désormais tuteur. En 1568 en effet (5), comme on l’a déjà signalé, Esprit Hattes est signalé comme censitaire des dames de Longchamp tant pour lui-même qu’au nom de sa femme (comme en 1535-1538), mais aussi comme tuteur des enfants d’Esprit Ducamel (6).

     Les 9 et 23 décembre 1566, c’est à la requête du procureur du roi que sont rendues et expédiées deux sentences de Nicolas Petau, bailli d’Étampes aux fins d’être procédé au bail à ferme de la terre d’Oinville-Saint-Samson, saisie sur le sieur de Blaizes, comme portant les armes contre le roi
(7). Il s’agissait apparemment de Louis de Clermont d’Amboise, seigneur de Bussy, dit Bussy d’Amboise, homme de guerre, gouverneur de l’Anjou en 1576, premier gentilhomme de la chambre du duc d’Anjou en 1577, assassiné la même année par les spadassins de Charles de Chambes, comte de Montsoreau, dont il avait séduit la femme: épisode qui a inspiré le roman d’Alexandre Dumas, la Dame de Montsoreau.

     Le 27 mars 1570, au lendemain de la Pâques, Esprit Hattes assista avec les autres principaux personnages du bailliage à la reconnaissance officielle des reliques des Corps saints qui avaient été arrachées de leur châsse par les Huguenots en 1567, épisode curieusement tu par Fleureau, mais qui nous est rapporté par la Rapsodie, dont l’auteur, Pierre Plisson, a eu entre les mains le procès-verbal de la cérémonie (8).
     Il apparaît de cette mention, soit dit en passant, qu’Esprit Hattes
, comme le supposait Dupieux (9), était gradué sans pour autant avoir atteint le grade de licencié, à la différence du bailli “docteur ès droits” et du lieutenant et de l’avocat du roi tous deux “licenciés ès lois”: il ne partage avec eux que le titre de “maître”, le seul qui lui soit régulièrement accordé.

     Après cette date, malheureusement, le registre des baptêmes de Saint-Basile fait défaut, car il s’arrête en mars 1572 pour ne reprendre qu’en mars 1587, bien après la mort d’Esprit Hattes et celle de son gendre et successeur Pierre Legendre. La première mention expresse de son décès ne se trouve que dans le registre de Notre-Dame en 1575
(10). Comme il est encore vivant le 17 octobre 1571 (11), et que la première mention de son gendre en temps que procureur du roi du 27 janvier 1572 (12), il faut croire qu’il est mort fin 1571 (13).
     (5.7.1) Archives municipales d’Étampes AA 13, p. 2.

     (5.7.2) Saint-Basile 17 juin 1565: “maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu”; 22 septembre “maistre Esprit Hate procureur du roy à Estampes”; 18 août 1568: “maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu”; Notre-Dame 9 février 1569 se porte parrain à Notre-Dame “honorable homme maistre Esprit Hatte procureur du roy de ceste ville d’Estampes”; 20 septembre 1570: “maistre Esprit Hacte procureur du roy en ceste ville d’Estampes”. — (5.7.3) Saint-Basile 5 août 1565: “Marie [espace blanc] femme du procureur du roy à Estampes”; 5 septembre 1566, “Marie Paumyer femme de discrette personne maistre Esprit Hacte procureur du roy à Estampes”; 21 février 1569: “Marie Paulmier à present femme de maistre Esprit Hatte procureur du roy à Estampes”; 13 novembre 1570: “Marie Paulmier femme de honorable homme maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict Estampes”; 14 octobre 1571 “femme de [honorable] homme maistre Esprit Hacte procureur du roy”. — (5.6.4)  Saint-Basile 7 août 1565: “Jehanne Hate fille de maistre Esprit Hate procureur du roy”; Notre-Dame 4 octobre 1569: “Pierre Hatte filz de maistre Esprit Hatte procureur du roy”.

     (5.7.5) Ou peut-être en 1567. — (5.7.6) AD91 E 3900, f°83v°: “Maistre Esprit Hacte procureur du roy tant pour son non que pour sa femme — Luy comme tuteur des enffens feu maistre Ducamel”.

     (5.7.7) Selon deux documents autrefois conservés à Orléans (A 1213, liasse 1, pièces 9 et 10) cités Dupieux (Institutions, p. 106, note 2). Il s’agissait d’un certain Louis de Clermont, cf. François Dumont, Inventaire des arrêts du Conseil privé. Règne de Henri III et de Henri IV, Paris, CNRS, 1973, n°3347. Voici un acte le concernant édité en ligne par le généalogiste François Bigey (ici), avec ces références: “AD52 EDepot03089 Image 147 Baptêmes des cloches”, et cette transcription: “Du neuf juillet mil six cens quatre vingt dix a esté benite Marie Angelique la grosse cloche de ce lieu et a eü pour parain haut et puissant seigneur messire Louis de Clermont d’Amboise chevalier, marquis de Renel, baron de Blaise, et autres lieux et pour maraine dame madame Marie Angelique de Coustin [?] St Denis, veuve de haut et puissant seigneur messire Louis de Clermont d’Amboise vivant chevalier marquis de Renel comte de Champlite baron de Blaise lieutenant general et maitre de camps general de toutes la cavalerie leger de France qu’estranger, et en leurs place maistre François Cornet maistre de forges et (...) dudit Renel et Damoiselle Marguerite Courtier son epouse par moy curé soussigné. Cornet - M.A. Courtier [?] - Lormier”.

     (5.7.8) Rapsodie, édition de Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), pp. 197-199: “nobles et sages maistres Nicolas Petau docteur ès droits, bailli et gouverneur d’Étampes, Jean Delorme licencié ès lois, lieutenant en la prévôté dudit lieu, Claude Prevost, aussi licencié ès lois, avocat du Roi, juge et maire des justices de ladite église Notre-Dame, Esprit Hatte, procureur au bailliage d’Estampes” (p. 199). — (5.7.9) Institutions, p. 87: “Nous nous croyons en mesure d’affirmer qu’Esprit Hatte, honoré du titre de maître, était gradué”.

     (5.7.10) Notre-Dame d’Étampes “Francoyse Hacte fille de deffunct Esprit Hacte en son vivant procureur du roy à Estampes”. — (5.7.11) Saint-Basile 14 octobre 1571 “femme de [honorable] homme maistre Esprit Hacte procureur du roy”. — (5.7.12) Saint-Basile 9 mai 1571: “honorable homme maistre Pierre Le Gendre recepveur du doumaine d’Estampes”; Notre-Dame 27 janvier 1572: “Jehanne Hatte [sic, pour Louise Hattes] femme de honorable homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”. — (5.7.13) A moins que tous deux n’aient exercé quelque temps la même charge concurremment, comme dans le cas précédent; mais rien n’appuie une conjecture de ce genre, ce précédent paraissant exceptionnel.
5.8 Sur la veuve et la descendance d’Esprit Hattes

     Marie Paulmier est mentionnée comme veuve d’Esprit Hattes jusque dans la dernière décennie du XVIe siècle, soit en temps que marraine (1), ou en temps que censitaire du fief de Longchamp (2) et de celui des Harengeois (3).

Marie Paulmier marraine en 1578 à Notre-Dame
     (5.8.1) Notre-Dame 4 juin 1578: “dame Marie Paulmier vefve deffunct maistre Esperit Hatte en son vivant procureur du roy à Estampes”. — (5.8.2) Censier de Longchamp pour 1580 (AD91 E. 3904): “Marie Paulmier, veuve de Esprit Hacte, vivant, procureur du roy à Estampes”; 1592 (AD91 E. 3905): “Marie Paulmier, veufve de maistre Esprit Hacte, procureur du roy à Estampes”; entre 1591 et 1596 (AD91 E. 3901): “Marie Paulmier, veufve de mestre Esseprit Haste”. — (5.8.3) Censier des Harengeois, à une date non déterminée pour l’instant (AD91 E. 3855): “Marie Paulmier, veuve d’Esprit Hacte, vivant, procureur du Roi au bailliage et duché d’Etampes”; “Marie Paulmier, veuve d’Esprit Hacte, procureur du roi à Etampes, fille et héritière en partie de feu Giles Paulmier, procureur à Etampes”.
     Les enfants avérés d’Esprit Hattes sont au nombre de cinq, comme on peut le constater dans les registres paroissiaux, en prenant garde cependant aux étourderies des desservants, que l’on y constate à plusieurs reprises (4), sans parler de leur imprécision en certains cas. Les trois premiers de ces enfants étaient de Louise, les deux deniers de la seconde épouse d’Esprit Hattes, Marie Paulmier.

     1) Louise Hattes, née sans doute avant 1535, est mentionnée six fois comme marraine de 1546 à 1559, encore jeune fille (5); puis, à partir de 1564 jusqu’au 2 mai 1571, comme épouse de Pierre Legendre successeur d’Esprit Hattes comme receveur du domaine Elle lui donne trois fils: Pierre, avant 1563, Sébastien Legendre II, baptisé à Saint-Basile le 5 août 1565, puis Esprit Legendre, baptisé 18 août 1568 (6). Elle est ensuite citée en 1572 comme épouse du même Pierre Legendre devenu procureur du roi à Étampes (7); et enfin, comme veuve du même, de 1581 à 1597 (8); nous verrons qu’elle en était veuve en fait depuis au moins 1573.

     Sur son époux Pierre Legendre, et sur ses fils, nous reviendrons naturellement dans l’article suivant, puisque ce gendre d’Esprit Hattes fut aussi son éphémère successeur en temps que procureur du roi.

 
Louise Hattes marraine à Saint-Basile en 1549
Louise jeune fille fille d’Esprit Hattes, marraine en 1549 à Saint-Basile

Louise Hattes marraine à Saint-Gilles en 1597
Louise Hattes veuve de Pierre Legendre, encore marraine en 1597 à Saint-Gilles
     (5.8.4) Le Médard Hattes mentionné comme parrain à Saint-Basile 7 octobre 1566 (“Medard Hatte filz de monseigneur le procureur du roy”) doit être en réalité Médard Ducamel, parrain l’année précédente, confusion du desservant de Saint-Basile d’autant plus vraisemblable qu’Esprit Hattes est mentionné en 1567-1568 par le censier de Longchamp comme tuteur des enfants de son prédécesseur. — Pierre Legendre époux de Louis Hacte est appelé une fois par étourderie Pierre Hacte — Louise Hattes est par ailleurs confondue à deux reprises avec sa soeur Jeanne (à Notre-Dame en 1572 et à Saint-Gilles en 1585); etc.

     (5.8.5) Notre-Dame 12 novembre 1549: “Loyse Hacte fille de Esprit Hacte”; 1er novembre 1553: “Loyse fille de Esprit Hacte”; 6 septembre 1556: “Loyse fille de maistre Esprit Hacte”; 25 avril 1557: “Loyse fille de maistre Esprit Hacte”; 4 septembre 1557: “Loyse fille de maistre Esprit Hacte”; 20 février 1559: “Loyse Hacte fille de maistre Esprit Hacte”. — (5.8.6) Saint Basile 1er decembre 1564: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Hacte [à corriger en: Legendre] recepveur d’Estampes”; 5 août 1565: “fut baptisé Sébastien filz de Pierre Le Gendre recepveur du dommaine d’Estampes et Loyse Havet [à corriger en: Hacte] sa femme; les parrains Pierre Pouville et Guillaume Le Gendre; la mareine Marie [espace blanc, à restituer: Paulmier] femme du procureur du roy à Estampes [à savoir Esprit Hatte]”;  28 juillet 1566: “Loyse Haste femme de honeste homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; 18 août 1568: “fut baptisé Esprit [rayé: Legendre environ 2 heures] filz de maistre Pierre Le Gendre [ajouté dans l’interligne: et de Estiennette (sic) Hacte sa femme]; les parains noble homme et saige maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes et maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu, la mar[a]ine Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage”; Notre-Dame 7 juin 1569: “Loyse Hatte femme de Pierre Legendre recepveur d’Estampes”; Saint-Basile 19 mars 1571: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; 2  mai 1571: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur du doumaine d’Estampes”. — (5.8.7) Notre Dame 27 janvier 1572: “Jehanne (sic) Hatte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”. — (5.8.8) Notre-Dame 12 mars 1581: “Loyse Hacte veufve de feu honeste personne maistre Pierre Legendre en son vivant procureur du roy”; Saint Gilles 27 décembre 1585: “Jehanne (sic) Hacte veufve de deffunct Pierre Le Gendre”; Saint Basile 20 octobre 1587: “honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Gilles 6 octobre 1597: “Loyse Hacte veufve Pierre Legendre procureur du roy”.
     2a) Jeanne Hattes, née sans doute vers 1535, est citée comme jeune fille de 1552 à début août 1565 (9), puis comme épouse de François Chéron de début septembre 1565 à 1588 (10), et enfin comme veuve du même de 1597 à 1606 (11).

     On notera spécialement que le 9 décembre 1574 elle se porte marraine en même temps que le procureur du roi Nicolas Guillotin, deuxième successeur de son père Esprit Hattes et successeur de son beau-frère Pierre Legendre (12); que le 30 février 1600 elle est marraine en même temps que le lieutenant de la prévôté Nicolas Prévôt et que l’avocat du roi Simon Chauvin (13); et que le 6 novembre 1606 elle sera marraine d’un fils du même avocat du roi (14).

     Elle est citée à une date indéterminée entre 1601 et 1604 comme censitaire des dames de Longchamp, et à nouveau en 1615
(15). Mais surtout c’est elle qui qui héritera de l’hôtel particulier de son père au numéro 4 de la rue Sainte-Croix, comme le montre clairement le censier de Notre-Dame de 1599: “Rue du carrefour de l’eglise Sainct Basille […] Jeanne Hacte veufve de Françoys Cheron demourante à Estampes pour sa maison assis au dict lieu jouxte et tenant d’une part au dict maistre Gerard Françoys, d’autre à la dicte veufve Cheron à cause d’une petite maison à elle appartenant qui tient en censive d’un autre seigneur, d’un bout à la dicte rue et carrefour, d’aultre sur le dicte ruelle descendant de la dicte rue Sainct Jacques au dict carrefour Saincte Croix” (16).

     En 1999 encore, Monique Châtenet s’interrogeait sur la manière dont cet hôtel était venu en possession de Jeanne Hattes et de François Chéron: “On n’a identifié ni François Chéron ni Jeanne Hacte” (17). Nous pensons avoir avoir comblé cette lacune de notre documentation, en ce qui concerne Jeanne Hacte. Qu’en est-il maintenant de son mari François Chéron, gendre d’Esprit Hattes?

Signature de Jeanne Hattes (1606)
Signature de Jeanne Hattes (1606)

Signature de François Cheron (1590)
Signature de François Chéron (1606)
     (5.8.9) Notre-Dame 15 juillet 1552: “Jehanne Hacte”; Saint Basile 7 août 1565: “Jehanne Hate fille de maistre Esprit Hate procureur du roy”. — (5.8.10) Notre-Dame Jehanne 13 septembre 1565: “femme de Françoys Cheron”; Notre-Dame 13 septembre 1567: “Jehanne Reves (sic) femme de Françoys Cheron”; Saint Basile 15 mai 1569: “Jehanne Hattes femme de Françoys Cheron”; 3 mars 1571: “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron”; 4 avril 1571: “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron”; 5 mars 1572: “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron et Noelle Fanier femme de Macé Moynet” (marraine de Claude fille de Louise sa cousine Louise Hattes); 24 octobre 1572: “Jehanne Hacte femme de Franç[o]ys Cheron”; Notre-Dame 9 mars 1580: “Jehanne Hacte femme de Françoys Cheron et Jeanne fille de Pierre Legendre”; Saint Basile 22 août 1588: “honeste femme Jehanne Hacte femme d’honorable homme Françoys Cheron marchant en ceste ville d’Estampes”; Notre-Dame 16 avril 1596: “Janne Hacte” (on ne sait si elle est alors déjà veuve). — (5.8.11) Saint-Basile 12 février 1597: “honneste femme Jehanne Hatte vefve deffunct honneste personne François Cheron”; 4 novembre 1598: “Honorable femme Jehanne Hacte vefve de honorable homme Françoys Cheron vivant bourgeoys d’Estempes”; dimanche 3 mai 1609: “a esté baptisée Jehanne et Françoise filles de maistre Pierre Parent procureur à Estampes et de [rayé: Jehanne] Marie Hacte; les parrains Cancien Mercier et  […] Lambert filz de Jacques Lambert sergent royal au dict Estampes, les marraines Jehanne Hacte femme de deffunct François Cheron nominatifve, Marie de Lorme femme de deffunct maistre Esprit [confusion du desservant: lisez Pierre] Hacte advocat au dict Estampes, Françoise Martin nominatifve femme de maistre Lambert Lambert procureur au dict Estampes et Marie Boudignon fille de Nicollas Boudignon. [signé:] Lambert [paraphe] — Françoise Martin — Marie Delorme — Janne Hacte — Guyton [paraphe]”. — (5.8.12) Notre-Dame 9 décembre 1574: “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy  à Estampes … Jehanne Hacte femme de François Cheron”. — (5.8.13) Saint-Basile: “Le mercredi XXXesme jour du present moys de febvrier 1600 fut baptizé Nicollas filz de [rayé: Nicol] Didier Nicollas et de Margueritte Jouan ses pere et mere; les parrains noble homme et sage maistre Nicollas Prevost lieutenant de la prevosté d’Estampes et noble homme maistre Symon Chauvin advocat du roy nostre sire à Estampes, et la maraine honorable femme Jehanne Hatte vefve honorable homme François Cheron vivant bourgeoys à Estampes. [signé:] N. Prevost — Chauvin — Vincent.” — (5.8.14) Saint-Basile lundi 6 novembre 1606: “Le lundy VIe de novembre fut baptisé Guillaume filz de honorable homme maistre Symon Chauvin advocat du roy à Estampes et de honorable femme Margueritte Memin ses pere et mere; les parrains honorables hommes maistre Leon Laureau advocat au bailliage d’Estampes et prevosté du dict Estampes, nominatif, Pierre David, la marraine Jehanne Hacte femme de deffunct Françoys Cheron. [signé: ] Laureau [paraphe] — David — Janne Hacte — Guyton [paraphe]”.
     (5.8.15) AD91  E. 3905.2: “Jeanne Halte, veuve de François Chéron”; E. 3908: “honorable femme Jehanne Hatte veuve d’honrable homme François Chéron bourgeois d’Estampes” censitaire de Longchamp entre 1615; voir aussi AD91 3905.1 (mal daté: entre 1580 et 1646). (5.8.16) — Extrait édité par Monique Chatenet, Étampes, un canton entre Beauce et Hurepoix, Paris, Éditions du Patrimoine, 1999, pp. 148-149.
     (5.8.17) Op. cit., p. 149. Elle écrit aussi, p. 148: “Il n’est en revanche pas possible de rendre à la demeure le nom de son constructeur”. La sculpture dont elle a elle-même relevé le caractère “insolite” (p. 151) désigne pourtant clairement Esprit Hattes et sa femme Marie Paulmier.
     2b) François Chéron, gendre d’Esprit Hattes. La présence de la famille Chéron est attestée depuis le XIIIe siècle parmi les censitaires des dames de Longchamp, dans la paroisse Saint-Basile, tout d’abord sous la graphie Chieron.
     François Chéron lui-même est d’abord signalé de 1569 à 1580, comme on l’a vu, en temps qu’époux de Jeanne Hattes lorsqu’elle se porte marraine à Saint-Basile ou Notre-Dame,voire lorsqu’il l’est lui-même; jusqu’alors il est simplement appelé “François Cheron”
(18).

     Le 8 décembre 1583 à Notre-Dame il est lui-même parrain, “honnorable homme Françoys Cheron marchant”, et le sera fréquemment jusqu’en 1592 avec les titres de “honorable homme”, ou de “honnête personne”, voire de “sire”, et avec les qualités de “bourgeois” et de “marchand”.
     O
n remarquera spécialement que le 10 avril 1592, lui-même gendre du défunt procureur Esprit Hattes et beau-frère du défunt procureur Pierre Legendre, il est parrain en même temps qu’est marraine Catherine, fille du défunt procureur du roi Nicolas Guillotin. (19).

     
On conservait autrefois, dans les archives de l’apanage d’Orléans détruites en 1940, des offres de foi de “François Chéron, bourgeois”, pour un bien situé dans la paroisse de Saint-Germain-lez-Étampes, c’est-à-dire à Morigny, au terroir de la Montagne (20).
     
Il est mort, comme nous avons déjà vu en parlant de sa veuve, avant le 12 février 1597 où l’on voit sa veuve se porter marraine à Saint-Basile, visiblement sans laisser de descendance. En effet, au début du XVIIe siècle, nous trouvons l’hôtel d’Esprit Hattes entre les mains des héritiers mineurs d’un certain Sébastien Legendre III. Ce dernier doit être un fils ou petit-fils de Sébastien Legendre II, lui même fils de Pierre Legendre et de Louise Hattes,  sœur de Jeanne (21).
Siganture de Jeanne Hacte (Saint-Basile, 22 août 1588)
Signature de Jeanne Hacte (Saint-Basile 22 août 1588)

     (5.8.18) Saint-Basile, les 15 mai 1569, 3 mars et 4 avril 1571, 5 mars et 24 octobre 1572; Notre Dame le  9 décembre 1574 et le 9 mars 1580
     (5.8.19) Notre-Dame 2 aoust 1585: “Françoys Cheron bourgeois“; 23 janvier 1587: “François Cheron”; Saint-Basile, 19 août 1588, “honorable homme Françoys Cheron marchant d’Estampes”; le lendemain 20 août, “Françoys Cheron marchant d’Estampes”; le 22 août: “honeste femme Jehanne Hacte femme d’honorable homme Françoys Cheron marchant en ceste ville d’Estampes”; le 22 février 1589: “Jehanne Hatte femme de honeste personne François Cheron bourgeois du dict Estampes”; le 16 mars: “François Cheron”; le 9 janvier 1590: “honorable homme Françoys Cheron marchant demourant en la paroisse dessus dicte Sainct Bazille”; Notre-Dame 28 août 1590: “honorable homme Françoys Cheron”; Saint-Gilles le 29 janvier 1592, “sire Françoys Cheron aussy marchant et bourgeois au dict lieu”; Notre-Dame 10 avril 1592: “Françoys Cheron marchant” en même temps que “Katherine fille de deffunt Nicollas Guillotin en son vivant procureur du roy à Estempes”.
     (5.8.20) AD45 A. 1222 (Inventaire-Sommaire de la série A des archives du Loiret, édité en 1878), p. 275b. La pièce n’a malheureusement pas été datée par les archivistes, mais côtoie bien des pièces relatives à ses contemporains.
     (5.8.21) Nous y reviendrons en parlant des descendants de Pierre Legendre, gendre et successeur d’Esprit Hattes.
     3) Pierre Hattes, né sans doute après 1540, parrain sans titre en 1560, titré “maistre” à partir de 1567, et “avocat” à partir de 1569, est mentionné comme vivant jusqu’en 1592, puis comme défunt en 1609 (22).
     Il existe malheureusement des incertitudes sur ce personnage, et il est possible que nous confondions ici deux Pierre Hattes contemporains dont l’un seul était le fils d’Esprit.
     Nous le voyons en 1572 marié à une certaine Jeanne Martial, fille d’un avocat étampois, Barthélémy Martial, qui lui donne un fils baptisé à Saint-Basile le 16 mars, Martial Hattes, avec pour parrain Jacques Hattes, marchand à Étampes
(23).
     Nous le retrouvons en 1588 veuf remarié à une certaine Marie Delorme. C’est la
fille née en 1547 de l’ancien lieutenant du prévôt Pierre Delorme (24) et la sœur du lieutenant du prévôt en activité Jean Delorme (25). Elle lui donne alors un fils baptisé également à Saint-Basile en 1588, Pierre II (26). Il est probable qu’elle lui a donné aussi une fille, Marie Hattes II, mariée avant 1606 à un procureur d’Étampes, Pierre Parent, à qui elle donne en 1609 deux jumelles baptisées avec pour marraines leur tante Jeanne Hattes et leur grand-mère Marie Delorme (27).
     Pierre signe 19 août 1588, avec les autres officiers d’Étampes, le serment commandé par l’édit de Blois (28), et on le trouve encore censitaire de Longchamp en 1592 (29).


Signatures de Marie Delorme et de Jeanne Hattes, 3 mai 1609
Marie Delorme et Jeanne Hattes, 3 mai 1609
     (5.8.22) Notre-Dame 4 janvier 1560: “Pierre filz de maistre Esprit Hacte procureur du roy à Estampes”; Saint Basile 10 février 1567: “maistre Pierre Hate”; 12 mars 1569: “maistre Pierre Hatte advocat” (la marraine est “Margueritte Hatte vefve de Cancian Sainxard”); Notre-Dame 4 octobre 1569: “Pierre Hatte filz de maistre Esprit Hatte procureur du roy”; 5 avril 1571: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes”; 11 avril 1571: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat”; Saint Basile  16 mars 1572: “honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes ”; Saint-Basile 7 septembre 1572: “Pierre Hactes advocat à Estampes”; Saint-Basile: “Pierre filz d’honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes”; Saint Basile 5 mai 1590: “maistre Pierre Hate advocat au dict lieu”; Censier de Longchamp en 1592 (AD91 E. 3903): “Pierre Hacte avocat”; Saint-Basile 3 mai 1609: “Marie de Lorme femme de deffunct maistre Esprit [confusion du desservant: lisez Pierre] Hacte advocat au dict Estampes”.
     (5.8.23) Saint Basile  16 mars 1572: “fut baptisé Marcial filz de honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes et de Jehanne Marcial sa femme; les parrains honorables hommes maistre Barthelemy Marcial advocat à Estampes et Jacques Hactes marchant et bourgeoys d’Estampes, la marraine honorable femme Blaise Haillard veufve deffunct honorable homme Charles Guectard”.
     (5.8.24) Notre-Dame 18 mars 1547: “fut baptisée Marie fille de Pierre de Lhorme lieutenant du prevost d’Estampes”. C’est donc par erreur que la Rapsodie mentionne à ce poste Jean Delorme en 1545 (édition Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 247). — (5.8.25) Forteau a trouvé Jean Delorme mentionné comme lieutenant de la prévôté d’Étampes en 1563 (Annales du Gâtinais, 1909, p. 247, note 1), et moi en 1571: Notre-Dame 16 juillet 1571: “M. Marie D… femme de honorable homme maistre Jehan de Lorme lieutenant du prevost d’Estampes”. — (5.8.26) Saint Basile 19 août 1588: “fut baptizé Pierre filz d’honorable homme maistre Pierre Hacte advocat à Estampes et [rayé: Marie] honeste femme Marye De Lorme ses pere et mere”. — (5.8.27) Saint-Basile 19 octobre 1606: “honeste femme Marie Haste femme de maistre Pierre Parent procureur au dit Estampes” (marraine d’une Marie fille de Cancien Chéron, signant “Marie Hacte”); dimanche 3 mai 1609: texte cité en note (5.8.11).
     (5.8.28) Fleureau, Antiquitez, p. 254: “Hatte”. — (5.8.29) AD91 E. 3903: “Pierre Hacte avocat”.
     4a) Françoise Hattes, né sans doute vers 1553 de la deuxième union d’Esprit Hattes avec Marie Paulmier, mentionnée comme jeune fille de 1575 à 1582, est mariée peu après à maître Siron, commissaire au Châtelet. Nous la retrouvons en effet en 1590 marraine à Saint-Basile d’une fille de son frère Pierre Legendre (30).
     Elle réapparaît censitaire de Longchamp en 1605 et 1615, veuve remariée à un chirurgien parisien, Lucas Cracher, Cacher ou plutôt Crochart, dont elle est à nouveau veuve au début des années 1630 (31). Elle a eu pour fils noble homme maître Jean Crochard, et pour petit-fils Pierre Crochard, bourgeois d’Étampes, à leurs tours censitaires du fief de Longchamp (32).
     (5.8.30) Notre-Dame 1er septembre 1575: “Francoyse Hacte fille de deffunct Esprit Hacte en son vivant procureur du roy à Estampes”; 4 janvier 1579: “Françoisse Hatte”, 7 septembre 1582: “Françoise Hacte fille de deffunct maistre Esprit Hacte procureur du roy”; Saint Basile 25 novembre 1590: “ le parain honorable  homme Jacques Siron grenetier en la ville d’Estampes, ses maraines Françoise Hate femme de maistre??? Siron commissaire du Chastelet” [signé:] J. Syron [paraphe] — Françoise Hacte”. — (5.8.31) AD91 E3905* (1605): “Françoise Halte, femme de Lucas Cracher, maitre chirurgien et barbier, à Paris”; E. 3908 (1615): “Françoise Hatte femme de honorable homme Lucas Cacher maistre chirurgien et barbier demeurant à Paris”; E. 3909 (1630-1640): “Françoise Hacte, veuve de Lucas Crochart” (...). — (5.8.32) E. 3910 (1638-1648): “noble homme maistre Jehan Crochard”; E.3911 (1655): “les héritiers maistre Jean Crochart”; E. 3906 (1600-1661): “honorable homme Pierre Crochard, bourgeois d’Estampes”; E. 3911.1 (1558-1559): “Pierre Crochard, bourgeois”.
     4b) Maître Siron gendre d’Esprit Hattes. La famille du premier mari de Françoise Hattes, qui était commissaire au Châtelet, paraît avoir des attaches tant à Étampes qu’à Paris et Orléans, car nous trouvons parrain, en maême temps que François Hattes en 1590, un Jacques Cyron grenetier de la gabelle à Étampes, de la paroisse Saint-Gilles, déjà parrain avec ce titre en 1588, et alors lié à un défunt Noël Siron dont la veuve réside à Orléans; sans parler d’une Louise Siron femme de Mathurin Berault prévôt des maréchaux d’Étampes, également marraine à Saint-Basile en 1588 (33).
     (5.8.33) Saint-Gilles 10 avril 1588: “honnorable homme Jacques Cyron grenetier an la gabelle d’Estampes”; 3 juillet: baptême de “Mathurin filz de honnorable homme Jacques Cyron grennetier du magazin à scel à Estampes et de Cancienne Cheron sa femme” avec pour parrain “Françoyse Lefaure femme de deffunct Noel Cyron demourant à Orleans”; Saint-Basile 7 novembre 1588: “Loyse Sirron femme de honorable homme maistre Mathurin Berault prevost des mareschaux d’Estampes. (…) [signé:] Loyse Syron [paraphe]”. Notons aussi un Barthélémy Ciron censitaire de Longchamp en 1571-1576 (AD91 E. 3901, lu “Giron” par l’Inventaire-Sommaire de la série E, tome 2, p. 302a).
     5) Esprit Hattes II, baptisé le 10 février 1567 (34), avec pour parrain son beau-frère Pierre Legendre et son frère Pierre désormais avocat, et pour marraine une autre Marie Paulmier fille de Claude Paulmier le tanneur, tandis que sa mère doit l’être de maître Gilles Paulmier. Il doit être mort jeune car nous n’en entendons plus parler dans la suite.
     (5.8.34) Saint Basile 10 février 1567: “fut baptisé Esprit filz de maistre Esprit Hate et de Marie Paumier sa femme; les parrins honorables personnes maistre Pierre Legendre recepveur du dommaine d’Estampes et maistre Pierre Hate, la mareine Marie Paumier fille de honorable homme maistre Claude Paumier marchant de ceste ville”; ce Claude Paiulmier est à distinguer d’un autre Claude Paulmier, parrain à Notre-Dame le 12 octobre 1564, “honorable homme maistre Claude Paulmier licencié ès loix advocat et granetier à Estampes”.
      Citons enfin, parmi les probables descendants d’Esprit Hattes, un Jean Hattes décédé en 1631, “vivant officier du roy et de l’eschansonnerie de la reine” dont la stèle funéraire est à Saint-Gilles (35).
     (5.8.35) Léon Marquis, Les rues d’Étampes, 1881, p. 241; Charles Forteau, “Jean Alleaume maire d’Étampes (1664-1667)”, in Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 11 (1905), p. 7.
5.9 Gendres et brus d’Esprit Hattes

     Il ne sera peut-être pas inutile de résumer ici ce que nous savons désormais des alliances des enfants d’Esprit Hattes, qui avait lui-même peut-être d’abord épousé une fille de Guillaume Ducamel, puis Marie Paulmier, probable fille de l’échevin Gilles Paulmier.

     1. Louise a épousé l’avocat Pierre Legendre, fils d’un échevin Étampois, qui a succédé à son beau-père d’abord comme receveur du domaine, puis comme procureur; mais il est mort prématurément peu après son beau-père, laissant trois enfants: Pierre, Sébastien et Esprit.
     2. Jeanne a épousé un marchand, François Chéron. Ils ont hérité de l’hôtel particulier bâti par Esprit mais ne paraissent pas avoir eu de descendance.
     3. Pierre, devenu avocat, a épousé la fille d’un collègue, Barthélémy Martial, dont il eu un fils, Martial; puis, devenu veuf, s’est remarié à Marie Delorme, fille du lieutenant du prévôt Pierre Delorme et sœur du lieutenant du prévôt Jean Delorme.
     4. Françoise a été mariée à
maître Siron, commissaire au Châtelet, dont le père était probablement Jacques Siron grenetier de la gabelle à Étampes et dont la sœur Louise Siron était la femme de Mathurin Berault prévôt des maréchaux d’Étampes; puis, une fois veuve, elle s’est remariée à un chirurgien parisien, Lucas Cracher, ou Crochart.
     5. Esprit II, enfin, le benjamin, paraît être mort jeune et sans descendance.

     Il faut aussi remarquer que les personnages dont nous avons traité antérieurement comme des gendres d’Esprit Ducamel, l’étaient plutôt, d’une certaine manière, d’Esprit Hattes, dont ils avaient épousé les pupilles:
     Jeanne Ducamel avait été mariée à Tristan Lecharron, fils du bailli de Dourdan, qui fut lui-même à Étampes lieutenant du prévôt puis du bailli.
     Marie Ducamel avait épousé Gérard François, docteur en médecine qui fut un temps médecin du roi, titre probablement bailliager.


Pentecôte (4 rue Sainte-Croix, 1554)
Scène de Pentecôte sculptée sur la façade intérieure de l’Hôtel d’Esprit Hattes et de Marie Paulmier en 1554

6. Pierre Legendre, gendre d’Esprit Hattes
(…1572…)

avec un petit excursus sur les receveurs du domaine d’Étampes

Louise Hattes femme de Pierre Legendre marraine à Saint-Basile le 25 juillet 1566
Louise Hattes femme du receveur du domaine Pierre Legendre, marraine à Saint-Basile le 25 juillet 1566


6.1. Sur la famille de Pierre Legendre

     Ce procureur du roi a déjà été signalé par Charles Forteau pour l’année 1572, dans une note à son édition de la Rapsodie de Pierre Plisson (1). Il a échappé en revanche à l’attention de Plisson comme de Dupieux parce que son ministère a été si bref qu’il laissé fort peu de traces dans les archives.
     (6.1.1) Annales du Gâtinais 1909, p. 248, note 4. Soit cette note a échappé à Dupieux, ou bien n’a-t-il pas voulu tenir compte d’une indication sans référence et donc invérifiable. Forteau l’avait probablement glané dans nos registres qu’il paraît avoir fréquemment consultés.
     La famille Legendre est alors étampoise depuis fort longtemps et divisée en plusieurs branches entre lesquelles il est difficile de se retrouver au milieu du XVIe siècle, d’autant que le prénom Pierre y est alors très fréquent, de sorte que nous trouvons cités à cette époque cinq à six Pierre Legendre différents.
     Trois ou quatre d’entre eux sont de la paroisse Notre-Dame: le premier est curé de Notre-Dame; un deuxième marchand poissonnier et marié à une Anne Loreau; un troisième est marié à une certaine Adrienne; un autre encore est plus tard marié à une certaine Marie, mais c’est sans doute l’un des deux précédents, remarié; enfin, dans la paroisse Saint-Basile, nous trouvons encore un Pierre Legendre tout à fait contemporain de son homonyme gendre d’Esprit Hattes: il est marié à une certaine Françoise Moteux.

     Il est par suite difficile de dire qui était le père de notre futur procureur. Cependant, comme Pierre Legendre appellera son second fils Sébastien, on est fondé à supposer qu’il était lui-même l’un des fils de Sébastien Legendre, receveur des deniers communs de la ville d’Étampes du 1er octobre 1534 au 30 septembre 1536
(2), dont la veuve est encore citée en 1566,  précisément à Saint-Basile (3).


     (6.1.2) Rapsodie de Pierre Plisson éditée par Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 39. — (6.1.3) Saint-Basile 21 mars 1566: “Katherine veufve de feu honorable homme Sebastien Legendre”.
6.2. Pierre Legendre receveur du domaine

     Pierre Legendre est clairement cité comme receveur du domaine du domaine du roi à Étampes pour la première fois le 2 mai 1563, et pour la dernière fois le 9 mai 1571.

     On se souviendra que son beau-père est lui-même signalé comme receveur de 1549 à 1556, puis comme procureur du roi au tout début de 1560. Il est donc probable que Pierre Legendre est passé receveur au moment même où son beau-père est devenu procureur, à une date indéterminée comprise entre 1556 et 1559.

     Pendant cette période, pour autant que les registres paroissiaux alors conservés nous permettent de le savoir, Pierre Legendre se porte parrain six fois
de 1563 à 1571, dont une fois du benjamin de son beau-père Esprit Hattes (1); et sa femme Louise Hattes, pendant la même période, cinq fois (2).

     Peu avant 1563 Pierre Legendre a de sa femme Louise un premier fils, Pierre (3)
.

     En 1565 il fait baptiser
à Saint-Basile son second fils Sébastien; la marraine est la seconde épouse de son beau-père, Marie Paulmier (4); les parrains sont l’avocat du roi Claude Prevôt et son beau-père Esprit Hattes, désormais procureur du roi.

     Le 27 février 1567 le revenu du duché d’Étampes fut confié à Pierre Legendre pour six ans, précisément jusqu’au 24 juin 1473, par un bail sur lequel nous avons conservé quelques détails. En effet, lors de l’évaluation du duché d’Étampes qui fut faite en 1579, où l’on essaya de déterminer quels avaient été les revenus de ce duché de 1568 à 1578, on retrouva deux “baulx à ferme faictz de tout le revenu du dict duché, consistant ès choses qui sont declarées par le menu au premier des dicts baulx, faict et passé le jeudi XXVIIe jour de febvrier mil cinq cens soixante sept, par devant Claude Saillart et Pierre Parent, notaires royaulx à Estampes, par messire Jehan d’Inenville chevalier, sire de Chantelou, lors conseiller du roy et tresorier de France en la generalité d’oultre Seyne et Yonne, Picardie et Champaigne, et maistre Pierre l’Aisné [f°3v°] aussi conseiller du dit seigneur, sur le faict de la justice de son tresor à Paris. […]
     
Par le premier desquelz baulx tout le proffict, revenu et emolumens du domaine du bailliage et duché d’Estampes à la reservation toutes fois des reliefs, rachaptz, quintz et requintz, aubeynes et autres droicts seigneuriaulx, et les amendes contre les usuriers, a esté affermé pour six années finissant au jour sainct Jehan Vc soixante treize, à maistre Pierre le Gendre receveur [f°4r°] ordinaire en tiltre, et Michel Moynet procureur au dict Estampes pour la somme de deux mil huict cens quarante livres tournois payables par chascun an en la recepte generalle de Paris à la charge d’acquitter par les fermiers, par chascune des années la charges ordinaires estans sur la dite recepte d’Estampes.
     
Assavoir, pour le regard des charges en grains: XXXIIII muids bled. — Pour les feifz et aulmosnes en deniers: huict vingtz dix livres dix-huict solz quatre deniers parisis vallans en tournois IIc XIII l. XII s. XI deniers. — Pour les gaiges d’officiers: VIc XXIIII livres. — Pour les deniers payez en acquit du roy, la somme de deux mil soixante six livres treize solz quatre deniers tournois, à savoir, à celluy qui a esté pourveu du greffe du bailliage d’Estampes, la somme de IIIIc XVI livres XIII s. IIII den. tourn.; à celluy qui a esté pourveu du greffe de la prevosté: Vc livres; et à celluy qui a esté [f°4v°] pourveu du greffe du tabellionnage, scel et escripture du dict Estampes, la somme de Xic I livres; et pour ce que les dicts greffes et tabellionnages ont esté remis en tiltre d’office, pour lesquelz pourtant ne se reçoit plus de revenu annuel et semblablement n’eschet pour iceulx payer aucuns deniers en acquit du roy, sinon pour le greffe de la prevosté d’Estampes, comme il sera dict cy après, ne sera la dicte somme de IIm LX.VI liv. XIII s. III d. t. à tirer pour la ditte année et les quatre ensuivantes. — Pour les frais de justice menuz, necessitez de la chambre du conseil et les pain des prisonniers: IIIc LXXV liv. — Pour les ouvraiges et reparations necessaires à faire en l’audience et la geolle des prisons: XXV liv. — Droictz et especes de messieurs des Comptes: XL liv. seulement par ce que semblable somme est par ce [f°5r°] sur la recette generalle de Paris, cy: XL liv. — Et oultre à la charge de payer à la recepte generalle de Paris par chascun an la dite somme de IIm VIIIc XL liv.
     
Somme du revenu d’une année tant en deniers comptans que en charges: IIIIm CLXXIII liv. XII s. XI d. t. et XXXIIII muids de bled. — Et pour les dictes cinq années du dict premier bail la somme de XXm VIIc LXVIII l. IIII s. VII d. t. et VIII.XX.X muids bled” (5).

     Le 5 août 1568 Pierre Legendre fait baptiser son troisième fils Esprit; le parrain est naturellement Esprit Hattes. Le desservant est ce jour-là extrêmement distrait parce qu’il oublie d’abord de mentionner la mère, qui porte les même noms et prénoms que la marraine (sa cousine Louise Hattes épouse de Michel Moinet); puis il la mentionne enfin dans l’interligne, mais en lui donnant bizarrement le prénom d’Étiennette (6).

     Esprit Hattes paraît encore en vie le 14 octobre 1571, mais son gendre Pierre Legendre lui a succédé comme procureur du roi dès avant le 27 janvier 1572 (7).

     Qui succède alors à Pierre Legendre comme receveur du domaine? Nous avons vu qu’il était en charge de cet office théoriquement jusqu’au 24 juin 1573. Il semble donc qu’il cumula les deux offices jusqu’à sa mort, puisque le bail suivant, également de six ans, et accordé à un certain Pierre Turgis, bourgeois de Paris, devait se terminer le 24 mars 1579, ce qui suppose qu’il avait commencé en 1573, date probable de la mort de Legendre
(8).
     (6.2.1) Notre-Dame 2 mai 1563 “honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine du roy à Estampes”; Saint-Basile 7 novembre 1566: “honneste personne maistre Pierre Legendre recepveur du dommaine d’Estampes”; Notre-Dame mercredi 11 novembre 1566: “honneste personne maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; Saint-Basile 10 février 1567 (baptême du fils de son beau-frère Esprit Hattes II): “honorables personnes maistre Pierre Legendre recepveur du dommaine d’Estampes et maistre Pierre Hate”; 20 avril 1568: “maistre Pierre Legendre recepveur”; Notre-Dame 9 mai 1571: “honorable homme maistre Pierre Le Gendre recepveur du doumaine d’Estampes”. — (6.2.2) Notre-Dame: 12 mars 1563: “Loyse femme de honorable homme Pierre Legendre”; Saint-Basile 25 juillet 1566: “Loyse Haste femme de honeste homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 7 juin 1569: “Loyse Hatte femme de Pierre Legendre recepveur d’Estampes”; 19 mars 1571: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur du domaine d’Estampes”; 2 mai: “Loyse Hacte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre recepveur du doumaine d’Estampes”.

     (6.2.3) Les indices de cette filiation sont seulement indirects, mais suffisamment probants.

     (6.2.4) Saint-Basile 5 août 1565: “Le dict jour environ dix heures du matin fut baptisé Sébastien filz de Pierre Le Gendre recepveur du dommaine d’Estampes et Loyse Havet [à corriger en: Hacte] sa femme; les parrains Pierre Pouville et Guillaume Le Gendre; la mareine Marie [espace blanc] femme du procureur du roy à Estampes”.

     (6.2.5) Archives nationales Q1. 1515.1, f°5r°/v°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3.

     (6.2.6) Saint-Basile 18 août 1568: “fut baptisé Esprit [rayé: Legendre environ 2 heures] filz de maistre Pierre Le Gendre [ajouté dans l’interligne: et de Estiennette (sic) Hacte sa femme]; les parains noble homme et saige maistre Claude Prevost advocat du roy à Estampes et maistre Esprit Hacte procureur du roy au dict lieu, la mar[a]ine Loyse Hacte femme de maistre Michel Moynet greffier au dict bailliage.”

     (6.2.7) Saint-Basile 14 octobre 1571: “femme de [honorable] homme maistre Esprit Hacte procureur du roy”; Notre-Dame 27 janvier 1572: “Jehanne Hatte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”.

     (6.2.8) Archives nationales Q1. 1515.1, f°6r°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3, f°4r°.
6.3. Pierre Legendre procureur du roi

     Le mandat de Pierre Legendre en temps que procureur du roi à Étampes a été fort court, et c’est comme nous l’avons déjà dit ce qu’il explique ait échappé à l’attention tant de Plisson que de Dupieux, et qu’il n’ait été remarqué que par Charles Forteau lors de son exploration des registres paroissiaux étampois (1): car il n’a laissé que fort peu de traces dans notre documentation, dont il faut rappeler le caractère extrêmement lacunaire: même le registre des baptêmes de Saint-Basile fait alors défaut, avec sa grande lacune de décembre 1572 à mars 1587.

     Pierre Legendre n’est mentionné que trois fois en temps que procureur, dans les trois premiers mois de 1572 (2). Son décès n’est mentionné explicitement qu’en mars 1581 à Notre-Dame lorsque sa veuve s’y porte marraine, puis à Saint-Basile lorsque recommence peu après le registre de cette église (3).

     Il est cependant clair que Pierre Legendre est mort bien avant cela, puisque nous voyons mentionner son successeur Nicolas Guillotin dès le 12 novembre 1574 (4), et que nous avons des raisons de penser que ce dernier était en place dès le 3 juillet 1573. Nous avons vu aussi que le bail accordé à son successeur Pierre Turgis était de six ans et devait se terminer
le 24 juin 1579, ce qui suppose qu’il avait commencé également en 1573. Il est donc clair que Legendre est mort à une date indéterminée entre le 29 mars 1572 et le 3 juillet 1573. On comprend mieux ainsi que sa carrière de procureur du roi n’ait guère laissé de traces dans le peu qui qui nous reste des archives de cette époque.

     Je n’ai trouvé trace pour l’heure que d’une seule affaire qu’il ait eu à gérer. C’est en cette année 1572 que mourut Jacques II de Paviot, sieur de Boissy-le-Sec.
Sa veuve Jeanne de Brissay lui demanda selon l’usage une souffrance, c’est-à-dire une suspension du rite annuel de l’hommage jusqu’à la majorité des héritiers mineurs.
     Notre procureur la
transmit à la Chambre des Comptes, qui seule était habilitée à accorder ce type de dérogation (5).

     Sa mort apparemment inattendue provoqua quelque désordre dans les comptes qu’il avait à rendre en temps que receveur du domaine, car, en 1579, les gens de la Chambre des comptes qui furent en charge de procéder à une évaluation des revenus du duché de 1568 à 1578 ne trouvèrent pas trace de ce qui dans ces comptes concernait la perception des droits seigneuriaux:
     “Plus il se trouve que par le dict compte du dict de Pouville [receveur des deniers communs de la ville d’Étampes] rendu pour les dictes deux années quatre moys vingt jours [du 3 février 1572 au 24 juin 1573], il est faict recepte à cause des droicts seigneuriaulx reservés par le premier bail de la somme de IIIc IIII.XX.XVII liv. II s. VIII d. parisis vallans à tournois IIIIc.IIII.XX.XVI liv. VIII s. V d. t. de laquelle il convient cy faire recepte. 
     “Et au regard des comptes precedens
[f°5v°] qui ont deu estre renduz pour raison du dict premier bail
[ du 27 février 1567 au 24 juin 1473], il ne s’en trouve aucuns pour cognoistre de la recepte des dicts droictz seigneuriaulx reservez, et sur ce nous avons mandé maistre Jehan Repichon procureur des dictz Le Gendre et Moynet pour sçavoir s’il avoit charge d’eulx pour rendre les dicts comptes, mesmes s’il avoit memoires pour coucher en recepte aucuns droictz seigneuriaulx pour le dict temps.
     
Lequel nous a faict response que iceulx Le Gendre et Moynet avoient baillé leurs acquitz ès mains de maistre [espace blanc] le Roy greffier des tresoriers et generaulx des finances pour en dresser l’estat; et que après avoir iceulx veuz de nostre ordonnance, entre les mains du dict Le Roy, il n’a trouvé aucuns mémoires ny instructions pour coucher aucune recepte pour raison des dictz droictz seigneuriaulx au dict estat à dresser par les dictz seigneurs tresoriers et generaulx, ains [= mais] seulement les acquitz et quittances des payemens par eulx faictz.
     
Et partant n’avons peu faire estat des dictz droits seigneuriaulx s’aucuns y a eu” (6).
     (6.3.1) Annales du Gâtinais 1909, p. 248, note 4.

     (6.3.2) Notre-Dame 27 janvier 1572: “Jehanne Hatte femme de honorable homme maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”; Saint-Basile 15 mars: “honorable homme et saige maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”; 29 mars 1572: “honorable homme et saige maistre Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”. —  (6.3.3) Notre-Dame 12 mars 1581: “Loyse Hacte veufve de feu honeste personne maistre Pierre Legendre en son vivant procureur du roy”.

     (6.3.4) Notre-Dame 12 novembre 1574: “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”.

     (6.3.5) Selon un document autrefois conservé à Orléans (A 1195; cf Inventaire-Sommaire de la série A, 1878, p. 270b) cité Dupieux (Institutions, p. 106, note 4). Jean-Pierre Dobler mentionne aussi cette requête de sauvegarde (Boissy-le-Sec, Écomar, 2002, p. 58). L’union datait de 1552. Leurs enfants Louise, Pierre et Claude étant nés respectivement en 1556, 1559 et dernier à une date inconnue, avaient respectivement en 1572, pour les deux premiers, approximativement 16 et 13 ans. D’après Dobler, la seigneurie de Boissy sera attribuée en 1578 à Pierre (âgé de 19 ans), et Louise ne sera mariée qu’en 1588 (à l’âge de 32 ans).

     (6.3.6) Archives nationales Q1. 1515.1, f°5r/v°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3.
6.4. Sur la descendance de Pierre Legendre

     Louise Hattes comme nous l’avons dit est mentionnée comme veuve à partir du 12 mars 1581; elle sera encore marraine de temps à autre jusqu’en 1597, tant à Saint-Basile qu’à Notre-Dame ou à Saint-Gilles (1). Elle semble s’être installée avec ses fils dans cette dernière paroisse après la mort de son mari.

     1) Pierre Legendre II son fils aîné, né avant le commencement du premier registre des baptêmes conservé de Saint-Basile, c’est-à-dire avant septembre 1563, est ensuite cité continuellement dans la paroisse Saint-Gilles à partir de 1585, où on lui donne le titre d’avocat à partir de 1587 (2).
     Il épousa en premières noces Jaqueline Audren, fille de l’ancien prévôt Simon Audren, et sœur du prévôt Jean Audren alors en exercice (qui fut pendu par la soldatesque deux ans plus tard, en 1589
). Cette Jaqueline lui donna une fille, Marie, baptisée à Saint-Basile en 1587, avec pour marraine sa grand-mère Louise Hattes (3); puis un fils, Pierre III, baptisé à Saint-Gilles en 1592 avec pour parrain son oncle maternel par alliance François Chéron (4); mais elle mourut peu après.
     Pierre se remaria avant 1595 à Marie Paulmier, qui lui donna un autre fils, Esprit, baptisé aussi à Saint-Gilles en 1596 (5).
En 1599 nous le voyons à nouveau remarié à une certaine Anne Doulcet (6).
     A partir de 1597, nous le voyons bailli de la châtellenie de Mesnilgirault, c’est-à-dire de toutes les terres et biens que possédait en Étampois le chapitre de la collégiale de Sainte-Croix d’Orléans, spécialement dans le secteur d’Ormoy-la-Rivière (7).

     2) Sébastien Legendre II, né comme nous l’avons dit en 1565, est encore mentionné comme parrain en 1585, âgé d’une vingtaine d’années (8).

     3) Esprit Legendre, né comme on l’a vu en 1568, ne fait plus parler de lui dans la suite, de sorte qu’il est permis de supposer qu’il est mort jeune et sans descendance. A moins qu’il ne s’agisse ici du même Esprit Legendre avocat que mentionne la Rapsodie comme ayant été emporté par l’épidémie de 1652, qui en cas aurait été âgé de 84 ans (9).

     ?
) Sébastien Legendre IV. Nous entendons parler au début du XVIIe siècle d’un Sébastien Legendre, premier huissier-audiencier au bailliage d’Étampes, mort peu avant  1635, mais nous ne savons pas pour l’instant duquel des trois fils de Pierre Legendre il descendait, même si le plus vraisemblable est qu’il était le fils de Sébastien II.
     Quoi qu’il en soit, c’est lui qui finalement hérita de l’hôtel particulier d’Esprit Hattes, après le décès de Jeanne Hattes, morte sans enfants après 1615, comme nous l’avons vu à son sujet. Ses biens allèrent naturellement aux descendants de sa sœ
ur Louise, c’est-à-dire aux petits-fils de Pierre Legendre.
     Ainsi que je l’ai montré ailleurs, c’est ce qui explique que l’hôtel particulier bâti en 1554 par Esprit Hattes soit revenu en 1635 aux héritiers mineurs de ce Sébastien Legendre IV, et qu’à cette date leur tutrice, Anne d’Aigremont, épouse de Martin Porteau (
10), puisse le vendre au procureur étampois Charles Dupré (11).
     (6.4.1) Notre-Dame 12 mars 1581: “Loyse Hacte veufve de feu honeste personne maistre Pierre Legendre en son vivant procureur du roy”; 28 mai 1582: “honnorable femme Loise Hacte femme de honnorable homme Pierre Legendre procureur du roy à Estampes”; Saint-Gilles 27 décembre 1585: “Jehanne (sic) Hacte veufve de deffunct Pierre Le Gendre”; Saint-Basile 20 octobre 1587: “honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Gilles 6 octobre 1597: “Loyse Hacte veufve Pierre Legendre procureur du roy”.
     (6.4.2) Saint-Gilles mercredi 31 decembre 1586: “parain maistre Pierre Legendre advocat au dit Estampes (...) tous de ceste paroisse”; 24 septembre 1587: “maistre Pierre Legendre advocat à Estampes”; 21 janvier 1592: “parain honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes”; 30 juin 1593: “honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes”; 26 juillet 1594: “honorable homme maistre Pierre Legendre”; 2 mai 1596: “honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au dict bailliage”.
     (6.4.3) Saint-Basile 20 octobre 1587: “Le XXe jour du moys d’octobre fut baptisée Marie fille de honorable homme Pierre Legendre advocat au dict Estampes et Jacquelline Audren sa femme ses peres et meres [sic], et furent les parain et maraine honorable homme maistre Estienne Le Vassor advocat au dict Estampes, demoyselle Marie Saucier veufve de feu noble  homme Begnine le Ragois en son vivant notaire et secretaire du roy seigneur de Guignonville et honorable femme Louise Hacte veufve de deffunct honorable homme et saige maistre Pierre Le Gendre en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes. [signé:] Le Vassor [paraphe] — Marie Saulcier — Loise Hacte — Morin [paraphe]”. — (6.4.4) Saint-Gilles 29 janvier 1592: “Dudit jour et an. Fut baptisé Pierre filz de maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes et de Jacqueline Audren; les parins celluy qui a nommé fut Pierre Pouville marchant et bourgeois au dit lieu et sire Françoys Cheron aussy marchant et bourgeois au dict lieu et la marenne Marie Audren, environ quatre heures après midy”. — (6.4.5) Saint-Gilles 3 janvier 1595: “les marennes celle qui a nommé Jehanne Paulmier [rayé: fille de] femme de maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes”; 6 mai 1596: “Fut baptisé Esprit filz de honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au bailliage d’Estampes et de Jehanne Paulmier sa femme; les parrins celluy qui a nommé noble homme Jehan Lehardy, marechal des logis ordinaire du roy et de ses armées, et Françoys Paulmier; la marenne Catherine Paulmier veufve de deffunct sire Jacques de Croix, environ quatre heures après mydy”. — (6.4.6) Saint-Gilles 20 août 1599: “honorable femme Anne Dosset femme de honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au dit Estampes et baillif de Mesnilgirault”; 18 avril 1603: “Anne Doulcet femme de honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au dict Estampes [signé:] Anne Doulcet”. — (6.4.7) Saint-Gilles 10 août 1597: “honnorable homme maistre Pierre Legendre baillif de Mesnilgirault et advocat au bailliage d’Estampes”; 3 juillet 1601: “honnorable homme maistre Pierre Legendre advocat au bailliage et prevosté d’Estampes et baillif de Mesnilgirault”; 2 mars 1602: “honnorable homme maistre Pierre Le Gendre baillif de Mesnilgirault et advocat au bailliage d’Estampes”.

     (6.4.8) Saint-Gilles 24 août 1585 “Sebastien Legendre”

     (6.4.9) Rapsodie, édition Forteau, p. 257.

     (6.4.10) Et non Forteau comme le porte Maxime Legrand porte par erreur: il s’agit en fait de “noble homme Martin Porteau, valet de chambre du roi” qui nous est connu par plusieurs pièces d’archives conservées à Chamarande. — (6.4.11) Maxime Legrand, Étampes pittoresque. La ville, Étampes, Humbert-Droz et Brière, 1897, p. 104, d’après des documents alors en possession de la Caisse d’Épargne, dont l’érudit étampois Charles Forteau était alors trésorier.
6.5. Sur les receveurs et contrôleurs du domaine qui succédèrent à Pierre Legendre
     Pierre Legendre a plus longtemps exercé la charge de receveur du domaine que celle de procureur du roi. Qui lui succéda dans cette charge, lorsque vers 1571 il passa procureur du roi? Voici la liste que j’ai pu constituer à ce jour des receveurs du domaine du roi à Étampes. J’y ai joint les contrôleurs du domaine, personnages d’autant plus intéressants que ni Dupieux ni avant lui Dupont-Férier ne paraissent connaître cette charge, pourtant attestée ailleurs qu’à Étampes, comme j’ai pu le constater, comme coexistante à celle de receveur. Tout cela reste à éclaircir et mériterait une étude particulière.

     1) Esprit Hattes (...1549-1559...). C’est pour l’instant le premier receveur du domaine du roi à Étampes que j’ai trouvé mentionné nominativement pour ce qui est du XVIe siècle.

     2) Pierre Legendre (...1560-1573). Nous avons vu que sa mort, survenu fin 1572 ou début 1573, interrompit ou empêcha de renouveler le bail qui lui avait été accordé le 22 février en 1567 jusqu’au 24 juin 1573.

     3) Pierre Turgis (1573-1576). Les registres paroissiaux, sauf erreur de ma part, ne mentionnent pas le premier successeur de Pierre Legendre, et pour cause, car c’était un bougeois parisien. Comme nous l’apprenons par l’évaluation du duché de 1579, il lui avait été accordé un bail de six ans qui devait finir le 24 juin 1579, mais, pour des raisons que nous ignorons, il ne semble être resté en charge que jusqu’en 1576 (1).
     (6.5.1) Archives nationales Q1. 1515.1, f°6r°-7r°, dont une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3, f°4r°/v°.
     4) Dreux Fleury ou de Fleury pour la première fois (1576-1582). L’évaluation du duché d’Étampes qui fut faite en 1579 nous apprend que bail des revenus du duché lui avait été accordé le 27 septembre 1576 pour trois ans, à savoir jusqu’au 24 juin 1579 (2). Ce bail fut prolongé de trois ans par lettres patentes du 8 octobre 1579, non sans conflit entre le lieutenant du bailli, qui entretemps avait mis cette ferme en adjudication, et Fleury, qui avait été obligé de monter les enchères pour la conserver, et qui essaya de faire annuler cette procédure (3).

     Le registre des baptêmes de Saint-Gilles le mentionne par ailleurs en 1585 avec le titre de contrôleur du domaine d’Étampes; il lui accorde aussi alors une particule qu’il ne recevait pas dans le texte de l’évaluation du duché en 1579 (
2).

     Je n’en ai pas trouvé d’autre mention de ce Fleury dans les registres
(3). A-t-il un lien généalogique avec le Jacques de Fleury, c’est-à-dire de Fleury-Mérogis, mort avant 1557, dont  l’abbé Lebeuf ne connaît qu’une fille Anne, mariée en seconde noces avec Georges de Vuicardel? (4) Il existait dès 1561 un fief de Fleury dans la paroisse d’Auvers, pour lequel rend alors hommage Baugeois de Wycardel comme héritier de Nicolas de Wycardel (5). Dreux Fleury est-il encore apparenté à un certain Jean de Fleury seigneur de la Bretonnerie, présent lors de la rédaction de la coutume d’Étampes le 22 septembre 1556? (6) A l’époque de Fleureau encore, vers 1668, un Jacques de Fleury est mentionné seigneur de Champigny en qualité de seigneur de Villemartin; le dit  Fleureau nous donne les armes de cette famille: “De Fleury, d’argent à un chêne au naturel; au chef d’azur chargé de deux croissans d’argent montans, supports, deux Lions lampassez de gueules” (6). On conservait par ailleurs autrefois à Orléans, dans une liasse datée de 1485 à 1750, des titres détruits par le bombardement de 1940, dont on ne connaît pas que le résumé fait par l’Inventaire sommaire, un “aveu de Guillaume de Fleuri, écuyer, seigneur de la Grenouillère, pour le manoir de la Maison-Simple, sis au carrefour de Boutarvilliers, les terres et les bois, la censive, la dîme et les champarts et un aveu de François De Fleuri, seigneur de Boutarvilliers” (7). Toutes ces données confuses restent entièrement à débrouiller.
     
     Quoi qu’il en soit de cette question de l’extraction de ce Dreux Fleury, ou de Fleury, il semble avoir été remplacé, au terme de son deuxième mandat de trois ans, en juin 1582, par Jean Ducamel.

     (6.5.2) Ibid, f°7r°— (6.5.3) Ibid., f°7r°/v°.

     (6.5.2) Saint-Gilles 10 mai 1585: “honeste personne sire Dreulx de Fleury controleur du dommaine d’Estampes”. — (6.5.3) Il n’a rien à voir avec le prétendu Jacques de Fleury, en réalité de Fleurigny, cité lors du baptême d’une fille de Pierre de Paviot, seigneur de Boissy-le-Sec et gouverneur de Dourdan, le 9 mars 1589 à Saint-Basile: “demoiselle Marie de Pierre Vive veufve de deffunct noble homme Jacques de Fleury [sic, pour: de Fleurigny] escuier seigneur baron de La Forest le Roy gentilhomme ordinaire de deffunct Monsieur”. Fleureau (qui écrit vers 1668), Antiquitez, p. 51: “les enfans de feu Messire Charles le Clerc de Fleurigny, vivant, Chevalier, Baron dudit lieu, tiennent cette seigneurie de sa succession”; cf. Archives nationales, P 8, n°92: hommage de la terre et seigneurie de Beauvais-sous-Dourdan rendu le 22 juin 1575 par Jacques Hurault, acquéreur de Philippe du Moulin, veuve de Charles Le Clerc, chevalier, seigneur de Fleurigny, bailli et capitaine de Sens. Cf. surtout François-Alexandre Aubert de La Chesnaye des Bois, Dictionnaire de la noblesse, vol. 13, pp. 289-290. — (6.5.4) Jean Lebeuf, Histoire de Paris, tome 12, pp. 23-24, cite de cette famille François de Fleury (aveu du 10 juin 1454), puis Pierre de Fleury, puis son fils aîné François (aveu du 1er février 1512), la terre de Fleury-Mérogis passant ensuite en partie à Jacques de Fleury, qui eut pour fille Anne de Fleury. Cette Anne épousa 1) Fiacre de Saint-Berthevin (aveu du 24 mars 1557 pour Fleury en partie); 2) Georges de Villecardel, seigneur de Saudreville, maître d’hôtel du roi (aveu du 19 juin 1571); 3) François de Rivière, seigneur de Mongrenon (aveu du 1er mars 1584). — (6.5.5) Archives nationales, P 8, n°76: “Hommage des fiefs de Gravelle et de Fleury, paroisse d’Auvers, rendu le 17 novembre 1561 par Baugeois de Wycardel, en son nom et en celui de ses cohéritiers, enfants de Nicolas de Wycardel et d’Adrienne de Coincte”. —(6.5.6) Coustumes, 1557, f°38r°: “Jehan de Fleury, Escuier, pour son fief de la Bretonnerie”. — (6.5.6) Antiquitez, p. 46. — (6.5.7) AD45 A. 1197, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p. 271.
     4) Jean Ducamel II (1582-1585). Né en 1552, il est qualifié en août 1582 contrôleur du domaine, comme nous l’avons déjà signalé (8). Vu que cette charge n’est pas autrement signalée, ni par Dupont-Ferrier dans l’ensemble du royaume, ni par Dupieux au bailliage d’Étampes à l’époque qui nous occupe, et que surtout cette dénomination apparaît seulement à ma connaissance sous la plume du desservant de saint-Gilles en 1582 et 1585, puis 1601, on peut supposer ou bien qu’il s’agit d’une simple erreur ou fantaisie de cette seule personne, ou bien que ces officiers sont seulement en charge de surveiller le travail d’un autre personnage qui tient du roi la ferme de ces revenus.
     (6.5.8) Notre-Dame 13 août 1552: “Le dict jour fut baptisé Jehan filz de Jehan Ducamel et de Cancienne sa femme; les parrins maistre Esprit Ducamel procureur du roy ou dict lieu et Jehan Dallier et la marenne Marie fille de maistre Girard Garnier advocat”; 28 octobre 1577: “Jehan Ducamel”; Saint-Gilles 9 juillet 1582: “honeste personne maistre Jehan du Camel contrerouleur du domaine d’Estampes”.
     5) Jean de Mazeaux (...1585...). On trouve dans les archives du Bourgneuf la déclaration comme censitaire, le 11 novembre 1585, de “Jean de Mazeaux, receveur ordinaire du domaine d’Etampes”.
   (6.5.9) AD91 E 3834.1 (d’après l’Inventaire Sommaire)
     6) Dreux Fleury pour la deuxième fois (1585-1588). Il semble que Jean Ducamel n’ait effectué qu’un mandat de trois ans, et que la charge fit ensuite retour à Dreux Fleury, que nous voyons parrain à Saint-Gilles, comme nous l’avons déjà dit, le 10 mai 1585, qualifié à son tour de contrôleur du domaine.

     7) Simon Compotier (1588-1596...). Marchand de la paroisse de Saint-Gilles, il occupe cette charge au moins d’avril 1588 à avril 1596 (10); il avait pour épouse une certaine Michelle Brière, ou Brier qui lui avait donné un fils, Simon Compotier II, lui même parrain à Saint-Gilles en 1595.

     
Début avril 1596 il est parrain d’un fils de son futur successeur Damien Provensal.
     
     Le 26 novembre 1596, Jean Sanse, bourgeois de Paris et fermier général du domaine d’Étampes, lui donne à bail les censives d’Étampes moyennant 120 écus, pour lui, ses héritiers et ses ayant-causes. Le texte de ce contrat autrefois conservé aux Archives départementales du Loiret, et depuis détruit par le bombardement de 1940, a été heureusement édité par Dupieux en 1931 (
11). On note la présence lors de la signature du bail de Damien Provensal, l’un des successeurs de Compotier. L’année précédente à Notre-Dame, d’ailleurs, Simon Compotier s’était porté parrain d’un fils de Damien Provensal.

     Vers la fin du mandat de Compotier, au moins à partir de 1595, il semble bien qu’il y ait eu deux receveurs du domaine à Étampes, et cette situation, inconnue de Dupieux mais bien documentée dans d’autres bailliages (12
), semble avoir perduré jusqu’à la fin du siècle, comme on va le voir.
      (6.5.10) Saint-Gilles 20 avril 1588: “Michelle Briere femme de Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 27 juin 1588: “Symon Compottier recepveur du domaine d’Estampes; 20 janvier 1589: “sire Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 15 février 1589: “Simon Compotier marchant [ajouté par un appel de croix: recepveur du domaine]; 23 mars 1592: “honnorable homme maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 2 avril 1592: “Michelle Brier femme de maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 29 aoust 1592: “honnorable homme Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 30 octobre 1592: “ maistre Symon Compotier receveur du domaine d’Estampes”; Saint-Gilles 2 avril 1593: “Michelle Brier femme de honnorable homme maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 7 août 1593: “dame Michel (sic) Briet (sic) femme de maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; Saint-Gilles 6 septembre 1593: “Michelle Briere femme de maistre Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 2 mars 1594: “Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 2 mai 1595: “Symon Compotier filz de Symon Compotier recepveur du domaine d’Estampes”; 22 novembre 1595: “maistre Symon Compotier receveur du domaine d’Estampes”; Notre-Dame 1er avril 1595: “mestre Simon Chanpotier (...) [signé:] Compotier”; Saint-Gilles 28 février 1596: “Michelle Brier, femme de M. Symon compotier”; 7 avril: “marenne Michel Briet femme de maistre Symon Compotier recepveur d’Estampes”. — (6.5.11) AD45 A. 1232, pièce 2e (cf Inventaire-Sommaire de 1878, p. 278a), texte heureusement édité par Dupieux, Institutions, pp. 268-269, cf. p. 261. — (6.5.12) Les officiers royaux, 1902, pp. 166-167.
     5) Jacques Beauvillier (...1595-1606...). Il est cité comme receveur du domaine de la fin décembre 1595 à début octobre 1606; la première fois, il se porte parrain d’un fils de Michel Boutevillain, qui lui succèdera en 1610; la deuxième fois, la marraine est Marie Ducamel, fille probable de son prédécesseur Jean Ducamel II, et veuve de son collègue également receveur du domaine, Damien Provensal (13).
     En 1623 nous trouvons sa veuve censitaire du fief de Longchamp, fief où est aussi possessionné son fils et successeur Jean Beauvillier (
14).
     Il est probable que Beauvillier était en fait un subordonné de Compotier, dont le véritable successeur paraît être Damien Provensal.

     9) Damien Provensal (...1599...). Il est receveur du domaine en 1599. Il a alors pour femme une Marie Ducamel qui est sans doute la fille de son prédécesseur Jean Ducamel II (15). En 1595 il avait eu d’une première union un fils Simon baptisé à Notre-Dame avec pour parrain Simon Compotier. Il paraît être mort avant 1606, date à laquelle Marie Ducamel est remariée à un archer de la garde écossaise du roi, Charles de Crawford, ou de Craffort.

     10) Michel Larsonneur
(...1601-1607...). Il est cité comme contrôleur du domaine à Saint-Gilles en 1601 lors du baptême de son fils. La marraine est Marie Ducamel épouse de Damien Provensal. En 1602 et 1603 il est qualifié notaire royal, mais en 1604 il porte ces deux titres simultanément, et encore en 1607 (16).

     11) Michel Boutevillain (...1610-1613..). Nous l’avons déjà rencontré en 1595, lorsque son prédécesseur Jacques Beauvilliers s’était porté parrain de son fils. Il faut le distinguer d’un autre Michel Boutevillain marchand tanneur son contemporain, plus jeune que lui. Il est marié à une certaine Marguerite Lucas, sans doute apparentée à l’épouse de l’ancien procureur du roi Nicolas Guillotin, Ythière Lucas, dont nous allons bientôt parler. Le 29 mai 1610, les parrains à Saint-Gilles de son fils Simon sont alors le procureur du roi en exercice, Simon Égal, et le lieutenant général d’Étampes Nicolas Cousté, qui est aussi bailli de la Ferté-Alais. Il est alors qualifié receveur du domaine, mais curieusement, quelques mois plus tard, en octobre, seulement marchand bourgeois, peut-être par confusion avec son homonyme; en 1613 il est qualifié recepveur general du domaine, ce qui conforte notre hypothèse de la coexistence de deux receveurs du domaine à Étampes à la fin du XVIe siècle, sans parler des contrôleurs dont le statut reste à éclaircir (17).

     12) Jean Beauvillier (...1610-1630...) est cité comme receveur du domaine en temps que censitaire du fief de Longchamp, d’abord à une date indéterminée entre 1604 et 1610, puis en 1615, et encore après 1630 (18); comme nous avons vu qu’en 1623 c’est la veuve de Jacques qui est mentionné par ce censier, il est bien certain que Jean est le fils de Jacques.
     (6.5.13) Notre-Dame 26 decembre 1595: “Jehan filz de Michel Boutevillein et de Marie Berchemier, les parrains honorables hommes Jacques Beauvillier recepveur du domaine d’Estampes et Jacques Boutevillein, la marraine Nicole fille de Marin Jumeline [signé:] Beauvillier [paraphe] — Boutevillain — Jumeline [paraphe]”; Saint-Basile 5 octobre 1606: “le parrain honorable homme Jacques Beauvillier receveur du dommaine d’Estampes, les marraines damoiselle Marie Paulmier [à corriger d’après la signature: Marie Ducamel] femme de noble homme Charles de Craffort nominatifve, dame Helaine Petau femme de noble Musnier esleu en l’election du dict Estampes, tous de ceste paroisse. [signé:] J. Beauvillier — Helaine Petau — M. du Camel — Guyton [paraphe]”. — (6.5.14) AD91 E. 3909 (1623-1624) “la veuve Jacques Beauvilliers”.

     (6.5.15) Saint-Basile vendredi 15 octobre 1599: “honorable femme Marye du Camel femme d’honeste personne Damyen Provensal receveur du domaine du dict Estempes”.

     (6.5.16) Saint-Gilles 18 mars 1601: “Le XVIIIe mars 1601 fut baptisé Marie fille de honnorable homme maistre Michel Larsonneur controleur du domaine d’Estampes et de Marie Siron sa femme; le parrin maistre Michel Cousté procureur au bailliage et prevsoté d’Estampes, les marennes Guillemette Chaulde femme de Esmery Ciron et Marie Ducamel femme de [rayé: Jacques Provensal] Damien Provensal, environ cinq heures après mydy. [signé:] Gamoys [paraphe] — M. Couté [paraphe]”; 6 février 1602: “maistre Michel Larsonneur nottaire royial à Estampes”; 19 novembre 1603: “fut baptisé Michel filz de maistre Michel Larsonneur nottaire et de Marie Cyron; les parrains celluy qui a nommé Damien Hillayt sergent royal au bailliage et prevoste d’Estampes et Pierre Larsonneur nottaire royalen la prevosté d’Estampes, la marenne Michelle Imbault veufve de deffunct Mathurin Cyron, environ cinq heures après mydy”; 6 juillet 1604: “maistre Michel Arsonneur nottaire royal à Estampes et controleur du domaine du dicts Estampes”; Saint-Martin 13 ami 1606, selon Forteau, Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 18 (1912), p. 12: “Michel Larsonneur, notaire royal, contrôleur du domaine”.

     (6.5.17) Saint-Gilles 29 mai 1610: baptême de “Symon filz de Michel Boutevillin recepveur du domayne d’Estampes et de damoiselle Margueritte Lucas”; Saint-Gilles 9 octobre 1610: “damoyselle Marguerite Lucas femme de honnorable homme Michel Bouttevilain marchant bourgeoys demourant en la paroisse de M. Sainct Bazille”; Notre-Dame 29 mars 1612 (baptême de Marguerite fille de Michel Boutevillain marchant taneur et de Marie Brechemier): “Marguerite Lucas femme de Michel Boutevillain recepveur du domaine du dict Estampes et Marguerite Boutevillain femme de François Delisle maistre chirurgien au dict Estampes de la parroisse Sainct Gilles du dict Estampes” (le parrain: “Jacques Boutevillain maistre chirurgien à Estampes de la paroisse Sainct Basille”); 22 novembre 1613: “Damoiselle Margueritte Lucas femme de noble homme Michel Boutevillain recepveur general du domaine du dict Estampes”; 13 janvier 1615: “Damoiselle Magdelaine (sic) Lucas femme de noble homme Michel Boutevillain l’aisné recepveur general du domaine du dict Estampes”; 15 juillet 1617: “Damoiselle Magdelaine (sic) Lucas” (la signature est toujours la même, il s’agit bien de Marguerite).

      (6.5.18) AD91 E. 3905.2 (entre 1604 et 1610; cf. Inventaire-Sommaire de la série E, tome 2, p. 308b): “Jean Beauvilier receveur du domaine d’Estampes”; E. 3908 (1615): “maistre Jehan Beauvillier receveur du domaine d’Estampes”; E.3909 (1630-1640): “maistre Jehan Beauvillier recepveur du domaine d’Estampes”.
     Je ne prétends pas avoir épuisé ce que pourraient nous apprendre les registres paroissiaux, ni surtout les autres sources disponibles, au sujet des receveurs du domaine d’Étampes, et je donne seulement ici ce que j’y ai glané au passage, en laissant échapper probablement de nombreuses autres données intéressantes. Cette matière en effet sort de mon sujet: mais il serait dommage qu’elle se perde, au lieu de donner envie à d’autres de reprendre et de poursuivre ces premières trouvailles.
     Rappelons que Dupieux se plaignait de n’avoir pas trouvé beaucoup de données concernant personnellement les receveurs du domaines d’Étampes. La Rapsodie de Plisson n’avait relevé le nom d’aucun d’entre eux, et Dupieux lui-même n’en a connu que deux, Esprit Hattes et Simon Compotier. Nous avons porté ce nombre à dix et suggéré entre eux des liens et des apparentements qu’il importerait de préciser par des recherches plus poussées.

       Il est temps de revenir à notre sujet principal, qui est la série des procureurs du roi à Étampes, en l’occurence au successeur de Pierre Legendre, qui fut Nicolas Guillotin.


Louise Hattes veuve de Pierre Legendre marraine en 1581
Louise Hattes veuve du procureur du roi Pierre Legendre, marraine à Notre-Dame le 12 mars 1581

7. Nicolas Guillotin, le premier noble
(…1574-1582…)

Acte de baptême de Nicolas Guillotin (Notre-Dame, 4 décembre 1546)
Acte de baptême de Nicolas Guillotin (Notre-Dame, 4 décembre 1546)

Maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d'Estampes (Notre-Dame, 12 novembre 1574)
Maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes (Notre-Dame, 12 novembre 1574)

Maistre Nicollas Guillotin procureur du roy (Notre-Dame, 9 décembre 1574)
 
     Du neuviesme du dict moys. Fut baptisé Thomas filz de Thomas Guestar et Barbe Broussart et les parins maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes et Jehan filz de deffunct Charles Guestart et la marene Jehanne Hacte femme de François Cheron. (Registre des baptêmes de Notre-Dame d’Étampes, 9 décembre 1574).

7.1. Sur les origines et le grand-père de Nicolas Guillotin

     Le nom du procureur Nicolas Guillotin connaît plusieurs variantes orthographiques: Nicolas Guilleton, alias Nicolle Guilleton, alias Nicolas Guillotin, sans compter d’autres fantaisies encore plus étonnantes telles que Guillautin, Guiotin, voire Niquolas Guiliautin, etc. Il était issu lui aussi d’une famille étampoise.
 
     La famille Guillotin, sans être pléthorique à Étampes, nous y est bien signalée par certains documents épars. D’autres sont perdus malheureusement, comme surtout ceux qui se trouvaient à Orléans avant le funeste bombardement de 1940. On y conservait un dossier concernant un arrière-fief dénommé “Guillotin”, que l’Inventaire-Sommaire de 1878 ne fait que citer sans lui donner de date (1); un autre dossier est heureusement mieux résumé.

      Daté précisément de 1502, il concernait un certain “Jean Guillotin, pour l’hôtel de la Couronne, actuellement de l’Homme-Sauvage, rue de la Foulerie”
(2). C’est l’actuelle rue Paul-Doumer, qui se trouvait alors dans le territoire de la paroisse Saint-Basile (3). C’est dans cette même auberge quen 1526 le cortège qui accompagnait les restes de la reine Claude régla “à l’oste du Sauvaige, d’Estampes, pour huict pintes de vin cleret viel, X sols” (4).

     Ce Jean Guillotin est aussi cité en 1512 comme censitaire du fief des Harengeries, rue du Perray (4). Nous savons par ailleurs et surtout qu’il fut l’un des quatre échevins de la ville de 1512 à 1514 (5); il est aussi cité comme tel par une pièce de procédure de 1515
(6), qui le qualifie aussi “Jehan Guillotin bourgois dudict Estampes” (7). Il semble de fait avoir été encore échevin en 1517 (8).

     Le père de Nicolas Guillotin est un personnage qui a laissé moins de traces.
Rappelons que malheureusement le registre des baptêmes de Saint-Gilles ne commence qu’en 1581. Je l’ai repéré cependant dans le registre des baptêmes de Notre-Dame, malgré une graphie particulièrement bâclée mais récurrente dans le registre du G initial.

Acte de baptême de Nicolas Guillotin (Notre-Dame, 4 décembre 1546)
     (7.1.1) AD45 A. 1172 (registre de copies de titres allant de 1380 à 1630), cf. Inventaire de la série A, 1878, p. 265.

     (7.1.2) AD45 A. 1226, “copies de titres relatifs aux cens et rentes perçus sur des maisons sises dans la ville d’Étampes”, document aujourd’hui détruit, d’après l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 276b: “Jean Guillotin, pour l’hôtel de la Couronne, actuellement de l’Homme-Sauvage (1502), rue de la Foulerie”. — (7.1.3) BNF, K. 83, n°18 (“Despence de madame de la Trémoille et aultres dames et damoiselles qui ont accompaigné et conduict le corps de la feue royne Claude, que Dieu absoille, depuis Bloys jusques à Sainct-Denys en France”; extrait édité par Bigot de Fouchères, Tablettes historiques d’Étampes, Étampes, Auguste Allien, 1876, p. 97). Léon Marquis, Les rues d’Étampes, 1881, p. 101, l’identifie à l’auberge du Sauvage qui existait encore au faubourg Saint-Martin, rue des Belles-Croix en 1842. On voit ici qu’il avait tort (Ce n’en est pas d’ailleurs le seul exemple, car il suppose trop facilement, d’une manière générale, que les enseignes des siècles passés étaient locailsées aux mêmes endroits qu’au XIXe siècle). De l’autre côté d’Étampes, rue Évezard, a existé aussi une auberge du Sauvage qui fit même appeler un temps sa rue du Sauvage (Marquis, p. 183). Selon Gatineau, Étampes en lieux et places, 2003, p. 63, le nom de Grand Sauvage (par opposition sans doute à l’autre auberge du Sauvage) serait aussi attesté en 1702 (AD91 1J 23). Ce qui est troublant, c’est qu’on a appelé aussi la porte Evezard, en 1776, porte de la Couronne (Gatineau, p. 42, alléguant AD 136J 16): mais c’est sans doute un coïncidence, tous ces noms d’auberge étant stéréotypé et ayant pu être repris par différents établissements à différentes époques. — (7.1.4) Archives municipales d’Étampes AA 1, f°14r° (édition Gineste n°75): “Jean Guillotin ou nom et comme procureur de Cancian Tartarin, pour ung arpent de pré assis en la prairie d’Estampes, tenant d’une part à la riviere, d’autre part à Jehan Da[illisible] et au dict Cancian, aboutissant d’un bout et d’autre auxdits [nom effacé]. — V solz parisis. — Faict le mercredi IXe jour de mars mil Vc et XII ès presences de [illisible] Garsonner et Pierre Dufour. — Jehan Hacte ou nom et comme procureur de Nicolas Amelot pour la moictié d’un jardin et pré qui fut feu maistre Jehan Guy, tenant d’une part à Jehan Guy bonnetier et d’autre part à maistre Jehan de Villecte, aboutissant d’un bout à la Filliere, d’autre bout aux Murs Neufz. — XII d. p. — Fait ès presences de Jehan Guillotin et Jehan Massue les an et jour dessus dictz”. — (7.1.5) Rapsodie, édition Forteau, pp. 112. — (7.1.6) Archives municipales d’Étampes, AA 227, f°29v°. — (7.1.7) Ibid., f°46r°. — (7.1.8) Maxime de Montrond, Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2, p. 231, donne une liste d’édiles d’après ce qu’il a pu trouver, de son temps “dans les registres de l’Hôtel de Ville” et notamment ceci: “1517. Jean Guillotin”.
7.2. Sur les parents de Nicolas Guillotin

      Voici ce que nous lisons au registre de Notre-Dame le 3 décembre 1546: “Le dict jour fut baptisé Nicolas filz de deffunct Nicolas Guillotin et de Gabrielle sa femme; les parrins Jehan Hue et Michel Sainsart, la marrine Marie Cheron”.

     Il s’agit ici de la naissance de notre futur procureur, et que nous ayons là l’explication du curieux silence de nos sources sur son père: c’est qu’il serait jeune mort très peu de temps après son mariage avec une certaine Gabrielle, avant même la naissance de son fils. Deux faits confirment cette identification.
     D’une part on trouve à la même époque dans la même paroisse
une “Perrine Guillotin” alias “Perrine Guillotin femme de Jacques Paulmier” (1), qui était certainement fille de Jean Guillotin: on la retrouve ensuite en effet censitaire à son tour du fief des Harengeois  (2).
     D’autre part et surtout les parrains de cet enfant appartiennent tous deux à des familles d’échevins, comme celle des Guillotin. Jean Hue descend de toute apparence d’un Jean Hue échevin en 1504 
(3); il est sans doute le fils de Ferry Hue échevin en 1556 (4) et 1558 (5); lui-même surtout, cité simple bourgeois en 1556 (6), sera échevin en 1562 (7). Quant au second parrain, Michel Sainsard, également présent en temps que simple bourgeois (8), il sera lui aussi échevin en 1562 (9).
     Il apparaît donc que Nicolas I Guillotin, père de Nicolas II, était prédestiné à être échevin mais qu’il mourut jeune en 1546 avant même la naissance de son fils aîné Nicolas II, notre procureur.
     (7.2.1) Notre-Dame les 18 octobre 1545 et 5 mai 1546. — (7.2.2) AD91 E. 3855 (de 1493 à 1648): “Perrine Guillotin, veuve de Jacques Paulmier, tanneur; Claude Paulmier, tanneur”; rappelons que la famille Paulmier est elle-même très proche de la famille Hattes.

     (7.1.3) Montrond, Essais, tome 2, p. 231. — (7.1.4) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°39v°: honorables hommes Ferry Alleaume Maire, ledit de Lambon, Girault, Hacte [lisez Girault Hacte], Ferry, Hue [lisez Ferry Hue], & Simon de la Luccaziers [lisez: de la Lucasière], Eschevins de la ville d’Estampes.— (7.1.5) Montrond, Essais, tome 2, p. 232. — (7.1.6) Coustumes, 1557, f°40r°. — (7.1.7) Clément Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes, Archives Municipales, 2002, p. 36. — (7.1.8Coustumes, 1557, f°40r°: “Michel Sinxart” — (7.1.9) Wingler, ibid..
    Nicolas II, orphelin dès sa naissance, grandit donc dans le milieu et sous la protection des familles qui à Étampes se partageaient le pouvoir municipal. En juillet 1552, agé de sept ans, il est parrain à Notre-Dame (10).
     Il fit vraisemblablement ses études au collège, et les poursuivit à Paris, puisque, la première fois que nous réentendons parler de lui, apparemment en 1573, il est qualifié
“avocat en Parlement”, ce qui constituait en ce temps-là, plutôt qu’une charge à proprement parler, un titre universitaire, que pouvait seul arborer un étudiant liencié ès lois qui, au terme de ses études, avait prêté serment à Paris (11).
     (7.2.10) Notre-Dame le 23 juillet 1552: “Le dernier jour du dit moys fut baptisé Katherine fille de Jehan Bruslart et de Barbe sa femme. Le parrin Nicolas Guillotin, les marrines Cancianne Aupert et Katherine Sainsart”.
     (7.2.11) AD45 A. 1222, d’après l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 275b: “Offres de foi de Nicolas Guillotin, avocat au Parlement”.
7.3. Nicolas Guillotin procureur du roi

     Le premier auteur à signaler qu’un “Nicolas Guillotin” avait été procureur du roi à Étampes fut Charles Forteau qui l’avait trouvé mentionné comme tel en l’année 1575 (1); Dupieux de son côté l’avait trouvé mentionné dans un document orléanais aujourd’hui perdu, et qui aurait porté selon lui la date du 3 juillet 1578 pour la nomination de ce procureur du roi, date problématique qui doit constituer une erreur (2).

     En fait les registres paroissiaux étampois signalent bien notre homme comme procureur du roi à Étampes dès novembre 1574 et sans interruption jusqu’en octobre 1583 (3). Il est donc clair que Dupieux s’est trompé, dans la note de bas de page où il porte cette date de 1578.
La source disparue à laquelle il renvoie, d’une manière malheureusement bien elliptique, était, selon l’Inventaire-Sommaire un ensemble de liasses contenant surtout des “offres de foi”, dont celle, non datée par l’Inventaire, de “Nicolas Guilleton, avocat au Parlement” (4). Il s’agissait donc sans doute, vu le résumé qu’en donne Dupieux de son côté, d’une offre de foi de Guillotin à l’occasion de sa nomination comme procureur du roi. Mais la date en est évidemment erronnée, et doit être corrigée en 1573. Dupieux n’est pas exempt de ce genre d’erreur (5).

     C’est donc très probablement le 3 juillet 1573, et non 1578, que Nicolas Guillotin, âgé de 27 ans, rendit hommage au roi à l’occasion de sa nomination comme procureur du roi. Cette nomination marque une rupture dans la transmission héréditaire de la charge, due sans doute au fait que Pierre Legendre n’avait pas laissé d’héritier en âge de lui succéder, son fils cadet Sébastien n’ayant que huit ans en 1573, et son fils aîné Pierre ne devant être plus guère âgé.

     En 1574, c’est certainement sur la réquisition de Nicolas Guillotin qu’est opérée une saisie féodale du fief de Dommerville à l’encontre de Charles de La Villeneuve
(6), sans doute pour retard d’hommage, car nous le voyons toujours “seigneur de Dommerville” en mars 1578 (7).

     Le 12 novembre 1574 se porte parrain à Notre-Dame d’Étampes “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”, et à nouveau le 9 décembre de la même année; par un fait remarquable, la marraine est alors “Jehanne Hacte femme de François Cheron”, belle-sœur de son prédécesseur Pierre Legendre, et fille de leur prédécesseur Esprit Hattes.  Les registres nous le montre parrain à onze reprises de 1574 à 1583 (2).

     Le 21 octobre 1576, le roi accorde à son procureur à Étampes une somme annuelle de 80 livres sur le revenu des défauts et amendes (8). On peut s’étonner d’une telle générosité royale à une époque où les caisses de l’État sont vides. Mais il faut se représenter que cette mesure ne lui coûte rien. En effet il vient de donner Étampes au comte protestant Jean Casimir du Palatinat, le 24 mai pour acheter son départ de France, et les émoluements des officiers du bailliage sont prélevés sur les revenus du comté (9); augmenter ses officiers, c’est donc à la fois diminuer les ressources de cet inquiétant personnage et s’assurer la fidélité de ses agents locaux dans cette période difficile. D’ailleurs l’administration du territoire est alors tellement perturbée, et les revenus du duché d’Étampes tellement aléatoires et diminués, que Jean Casimir en viendra à y renoncer de lui-même le 17 janvier 1579.

 
     Le 6 novembre 1576 nous voyons pour la première fois Nicolas Guillotin qualifié “noble homme”, alors qu’il se porte parrain à Notre-Dame. Ce titre lui est ensuite régulièrement accordé, comme après lui à ses successeurs (10). Nous y reviendrons.

     Le 10 septembre 1577 nous trouvons pour la première fois mentionnée à Saint-Basile  “damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton procureur du roy au dict bailliage” Elle citée  cinq fois comme son épouse de 1577 à 1581, puis  au moins trois fois comme sa veuve de 1596 à 1603 (11). Nous parlerons plus loin particulièrement de cette noble épouse et de la famille de procureurs du roi dourdannais dont elle était issue.

     En 1579 eut lieu une Évaluation du duché d’Étampes et du comté de Senlis qui venaient d’être engagés à Catherine de Lorraine, dame de Montpensier (12), évaluation à laquelle notre procureur prit part pour ce qui concernait le duché d’Étampes, comme avant lui Guillaume Ducamel pour l’évaluation de 1543. Le 17 janvier 1579 le roi commanda à ses gens de la Chambre des comptes d’y procéder en s’associant ses lieutenants et procureurs des dits lieux (13).

     A cette occasion nous voyons que “les gages ordinaires du procureur s’élevaient à trente livre tournois. Cette somme s’ajoutait en fait à une pension ancienne du même montant, et à une autre somme de 80 livres, que le roi avait déjà récemment accordée au procureur, le 21 octobre 1576” (14).

     Le lundi 22 février 1580, Nicolas Guillotin assiste à la rédaction de la coutume de la prévôté et vicomté de Paris, en la grande salle de l’évêché de Paris. Il est là pour y protester que c’est sans fondement qu’ont été convoqués en cette occasion les représentants de localités frontalières relevant selon lui du bailliage d’Étampes.
     “Et par maistre Nicolas Guillotin, substitut du procureur general du Roy à Estampes, a esté remonstré, que les manans & habitans de la chastellenie de la Ferté Aleps, ont esté appellez, combien qu’ils ne soient de la prevosté & vicomte de Paris, & que lors que le défunt Roy François, premier de ce nom, érigea la comté d’Estampes en Duché, par ses lettres patentes vérifiées en la cour de Parlement, & chambre des Comptes, pour embellissement & augmentation dudit Duché, il y a annexé & comprins les chastellenies de Dourdan, & la Ferté Aleps. Tellement que faisant ladite chastellenie de la Ferté Aleps, part et portion du duché d’Estampes, il est bien plus raisonnable qu’ils soient regis & gouvernez sous les coustumes d’Estampes que de Paris.

     (7.3.1) En note à son édition de la Rapsodie de Pierre Plisson (Annales du Gâtinais 1909, p. 248, note 4); sa source doit être comme d’habitude un registre paroissial, mais lequel? — (7.3.2) Institutions, p. 85, note 6. On voit mal l’occasion d’une telle confirmation. Le comté, donné par Henri III au prince Jean Casimir le 24 mai 1576, avait été rendu par ce dernier au roi dès le 8 mars 1577; il fut ensuite engagé à la duchesse de Montpensier le 17 janvier 1579.

     (7.3.3) Notre-Dame 12 novembre 1574: “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy d’Estampes”; 9 décembre: “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy à Estampes”; 11 février  1575: “maistre Nicollas Guillotin procureur du roy au dict Estampes”; 16 mars 1576: “maistre Nicolle Guilleton procureur du roy au dict Estampes”; 24 avril 1577: “noble homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au bailliage et duché d’Estampes”; 1er avril 1577: “maistre Nicolle Guilleton procureur du roy à Estampes”; 24 avril 1577: “noble homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au bailliage et duché d’Estampes”; 1er avril 1577: “maistre Nicolle Guilleton procureur du roy à Estampes”; Saint-Martin 20 janvier 1582: “Nicolas Guillotin procureur du roy” (Charles Forteau, La paroisse de Saint-Martin d’Étampes, Étampes, Libraire historique, 1912, p. 33); Notre-Dame 4 octobre 1583: “honnorable homme maistre Nicolas Guillotin procureur du roy au bailliage d’Estampes”. — (7.3.4)  AD45 A. 1222, d’après l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 275b: “Offres de foi de Nicolas Guillotin, avocat au Parlement”; Dupieux, Institutions, p. 85, note 6: “Nicolas Guillotin est nommé procureur du roi le 3 juillet 1578. Arch. Loiret, A 1222, liasse 1re, pièce 5e”. — (7.3.5) Par exemple il date la première mention d’Esprit Hattes comme receveur de 1543 à la page 87, et plus justement de 1549 à la page 200, en accord avec le témoignage de l’Inventaire-Sommaire, p. 268b; on constate aussi çà et là des erreurs de cotes archivistiques, nul n’étant parfait.

     (7.3.6) AD45 A. 1206, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p.  272b: “1529-1743. — Paroisse de Domarville. — Domarville: — ordonnance de réception d’aveu; — saisie féodale (1574) sur Charles de Villeneuve; — déclaration de 1574; — renonciation à la garde noble des mineurs de La Villeneuve (1583); réquisition de souffrance pour les mêmes mineurs; — offres de foi de Charles de Languedoue à la reine de Navarre, duchesse d’Étampes; — vente par Noël Duret, au sieur de Languedoue, d’une petite grange; — états du fief et mémoires; — saisie féodale (1602) des fiefs de Domarville et l’Aleu; — nouvelle saisie (1618), à la requête de madame de Boiville; —etc.” — (7.3.7) Charles Forteau, Annales du Gâtinais 17 (1899), p. 269,  l’a trouvé parrain à Angerville, “seigneur de Dommerville”. D’après l’Inventaire-Sommaire il ne paraît être vers qu’en 1583, voire 1582.

     (7.3.8) Archives nationales, Q1.1515.1, f°11, cité par Dupieux, Institutions, p. 85.

     (7.3.9) Cela n’est pas précisé dans les termes de la donation de 1576 (Fleureau, Antiquitez, pp. 243-244), mais l’était expressément dans celui des donations précédentes, qui faisaient évidemment jurisprudence, tant celle de 1526 à Jean de la Barre (Antiquitez, p. 222: “en payant  & acquittant par luy les fiefs, & aumônes, gaiges d’Officiers, & autres charges ordinaires estant par icelluy Comté, ainsi qu’il appartiendra”) que celle de 1534 à Jean de Penthièvre (Antiquitez, p. 225: “Les gaiges d’Officiers, fiefs & aumônes, & autres charges ordinaires, & anciennes, estant sur ledit Comté, & grenier, terre, & Seigneurie d’Estampes, toutefois, préalablement payées, & acquittées”); cette condition n’avait pas non plus été explicitement reformulée en 1543 ni 1562 (Antiquitez, pp. 229-230 et 231-232).

     (7.3.10) Notre-Dame 24 avril 1577: “noble homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au bailliage et duché d’Estampes”; Saint-Gilles 1er mai 1587: “noble homme Nicolas Brejoneau procureur du roy au bailliage et prevosté et marechaussé d’Estampes”; Saint-Basile 8 janvier 1593: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy pour le roy au bailliage d’Estampes”.

     (7.3.11) Saint-Basile 10 septembre 1577: “damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton procureur du roy au dict bailliage”; 15 octobre: “noble demoyselle Ythiere Lucas”; le 7 janvier 1578: “damoyselle Ithiere Lucas femme de Nicollas Guillotin procureur du roy à Estampes”; Notre-Dame 24 octobre 1579: “la femme de maistre Nicolas Guilleton procureur du roy à Estampes”; Saint-Gilles 9 novembre 1581: “damoysele Ytiere Lucas femme de honorable Nicollas Guillotin procureur au baliage (sic)”; Saint-Gilles 8 mai 1596: “demoyselle Ytiere Lucas vefve de deffunct noble homme maistre Nicolas Guilleton procureur du roy au dict bailliage d’Estampes”; Notre-Dame 7 mars 1599: “damoyselle Ytiere Lucas fame de deffunct noble homme mestre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Basile 3 février 1603: “Ythiere Lucas veufve de feu noble homme maistre Niquolas Guiliautin vivant procureur du roy au baillage d’Estampes”.

     (7.3.12) On en a une excellente copie manuscrite du XIXe siècle aux archives municipales d’Étampes, AA 3: “Evaluation du duché d’Étampes et Comté de Senlis, engagés à dame Catherine de Lorraine, dame de Montpensier, 1579” (16 p.). L’original est aux Archives nationales, Q1. 1515.1. — (7.3.13) AN Q1. 1515.1. f°2v° = Étampes AA 3,: “en vostre presence et de nos lieutenant et procureur des lieux” — (7.3.14) Résumé de Dupieux, Institutions, pp. 84-85. Voici le texte: “Au procureur du roy pour ses gaiges: XXIIII l. p. — A luy pour sa pension antienne: XXIIII l. p. — Audit procureur du roy la somme de quatre vingtz livres tournois par forme de pension à luy accordée par lettres patentes du roy en date du XXIème jour d’octobre mil Vc soixante-seize veriffiées en la chambre et par le trésorier de la charge les XXVIIème mars et IIIe juillet Vc LXXVII à prendre sur les deniers qui proviendront des deffaultz et amendes qui seront adjugées ès sièges du bailliage et prévosté d’Estampes. Pour ce cy: LXIIII l. p.” (AN Q1. 1515.1. f°11r° = Étampes AA 3, f°6v°).
     Et quant aux seigneuries de Veres, Villiers & d’Huison, a soustenu qu’elles sont assises dedans ledit bailliage d’Estampes, à deux lieues près dudict Estampes. Lesquelles seigneuries ont appartenu anciennement au seigneur de Foix, & ont esté unies avec le comté d’Estampes, au temps que les seigneurs de Foix en estoient propriétaires. Et depuis ont les officiers dudit Estampes, comme bailly, prevost & procureur, & pareillement le receveur du domaine dudit Estampes, fait & exercé leurs estats & offices sur le domaine & seigneuries desdits lieux. Et ce par le temps & espace de soixante ans, & jusques à ce que le president de Selve ait acquis les seigneuries de Villiers & d’Huisson, & un appellé de Hacqueville la seigneurie dudit Veres, lesquels ont changé les officiers, mais n’ont pas immué la coustume: Et ont les appellations dudit Veres longuement depuis ressorti par-devant le bailly d’Estampes, & usé des mesmes coustumes que ceux d’Estampes.
   
 “Et au regard de Bouville, & Farcheville, dit que lesdits lieux sont près les portes d’Estampes enclavez de toutes parts, au dedans dudit bailliage, se sont voulu les seigneurs exempter du ressort dudit bailliage, lors qu’Estampes estoit hors de la couronne de France, mais leurs tiltres y résistent. Et aussi se font tousjours les seigneurs desdits lieux pourveus par-devant le bailly d’Estampes, és cas dont la premiere cognoissance appartient aux juges Royaux.
     
A ces causes soustient, que lesdits lieux & habitans d’iceux n’ont peu ne deu estre appellez à la reformation des coustumes de Paris, & qu’ils doivent estre gouvernez selon les coustumes d’Estampes.
    
Et par ledit Marion, pour ledit procureur general de Monsieur, seigneur de la Ferté Aleps, a esté soustenu, que c’est un bailliage à part; ne recognoissant aucunement en ressort, ny en coustume la prevosté de Paris, ny le bailliage d’Estampes; protestant que leur evocation en celle assemblée, ny la remonstrance des officiers d’Estampes puissent préjudicier aux droits de Monsieur.” (15)
     (7.3.15) Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général: ou corps des coutumes générales et particulières de France, et des provinces connues sous le nom des Gaules. Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 72. Source inconnue de Dupieux, à ce qu’il semble.
     On aura remarqué que dans ce texte, dû à des parlementaires parisiens, comme dans le suivant, Guillotin n’est pas qualifié proprement de procureur du roi à Étampes, mais de substitut du procureur général du roi à Étampes, comme avant lui Esprit Ducamel en 1556. Nous renvoyons à ce que nous en avons déjà écrit  (§ 4.2).

     Le lundi 11 avril 1583, nous le trouvons à Orléans, à l’occasion de la rédaction de la coutume des duché, bailliage et prévôté d’Orléans. Il s’oppose à nouveau, cette fois de concert avec le maire d’Étampes Étienne Poignard (16), à ce que soient soustraites du bailliage d’Étampes et annexées à celui d’Orléans certaines localités frontalières et litigieuses.
     (7.3.16) Nous verrons que ce maire, qui dirigea aussi l’Élection d’Étampes en 1588, donnera sa fille Françoise en mariage au successeur de Guillotin, Nicolas Berjonneau.
     “Par M. Nicolas Guillotin, Procureur du Roy à Estampes, & Estienne Poignard, Maire de ladite ville, pour les habitans d’icelle, a esté remonstré que les habitans d’Arbouville, Boisseaux, Angerville, Guillerval, Merouville, Sonchamp, Sainville, Authon, le Plessis et Ezarville, ont esté appeliez à cette présente reformation, combien qu’ils soient notoirement du Bailliage d’Estampes, enclavez de toutes parts au dedans d’icelui; et ne furent onques les habitans susdits appellez à la redaction ancienne de la coustume d’Orléans, s’estans tousjours gouvernez selon la coustume d’Estampes, requerans que les assignations et comparutions, si aucunes y a, soient rayées du roolle: Protestant que tout ce qui sera fait en cette presente reformation ne puisse nuire ne prejudicier au Roy, & à son duché d’Estampes.
     “Par ledit Chenu pour le procureur du Roy, a esté protesté au contraire, & que les declarations et remonstrances desdits Substitut du procureur du Roy d’Estampes, & Maire de ladite ville, & généralement que toutes les remonstrances ci-dessus faites ne puissent prejudicier aux droits du Roy, ressort, & jurisdiction dudit bailliage, et à chacune d’icelles pouvoir respondre particulièrement en temps & lieu, & quand il appartiendra.” 
(17)
     (7.3.17) Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général: ou corps des coutumes générales et particulières de France, et des provinces connues sous le nom des Gaules. Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 816.
     Cette même année 1583 c’est certainement à notre procureur du roi que fut adressée une réquisition de souffrance en faveur des héritiers mineurs de Charles de La Villeneuve, seigneur de Dommerville (18).
     (7.3.18AD45 A. 1206, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p.  272b, texte cité ci-dessus, note (7.3.6).
     Bien que son décès ne soit pas mentionné explicitement avant 1596, Nicolas Guillotin paraît être mort avant le 1er mai 1587, première mention connue à ce jour de son successeur Nicolas Berjonneau.

7.4. Sur un annoblissement des procureurs du roi à Étampes en 1576

     Nous avons vu qu’à partir de 1576, Nicolas Guillotin commence d’être qualifié “noble homme”, titre que n’avait porté aucun de ces prédécesseurs, et qu’en revanche porteront aussi ses successeurs Nicolas Berjonneau, Simon Égal et Isaac Blanchard.

     Voici les faits:
du 12 novembre 1574 au 16 mars 1576 il est mentionné sans titre de noblesse; à partir du 24 avril 1577 il est assez régulièrement qualifié “noble homme”.

     Il est deux explications possibles à cette promotion. La première est que ce titre de noblesse lui serait venu de son mariage avec demoiselle Ithière Lucas, qui, comme nous allons le voir ensuite, descendait du fameux Eudes de Chalo. Comme on le sait, les descendants de ce fiscalin du roi Philippe Ier, maire, c’est-à-dire régisseur, de Chalo-Saint-Mars, prétendait alors à une noblesse très particulière qui se transmettait par les femmes, et même par les épouses. Cette prétention exorbitante et disons même 
tout à fait extravagante, si on veut bien lire le texte sur lequel ils fondaient cette prétention, ne leur était pas encore contestée.
     En faveur de cette explication, on notera que précisément, dans ce qui nous est conservé des registres paroissiaux étampois, Ithière Lucas n’est citée comme l’épouse de Guillotin qu’à partir de cette époque: c’est l
e 10 septembre 1577 que se porte marraine à Saint-Basile pour la première fois, sauf erreur, “damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton procureur du roy au dict bailliage”.
     Par ailleurs, ce que nous savons de leurs deux enfants (dont nous parlerons ensuite) n’est pas incompatible avec un mariage datant de 1576. Nicolas II est parrain en 1589: il aurait eu alors une douzaine d’année; et Catherine est marraine à partir de 1592: elle pouvait très bien alors être âgée d’une quinzaine d’années.
   

     Cependant il est bien difficile avec cela d’expliquer pourquoi et comment les successeurs de Nicolas Berjonneau et surtout Simon Égal portèrent eux aussi ce titre de “noble homme”. On peut en effet imaginer, comme il en est des indices, que Nicolas Berjonneau était le fils d’un échevin de la ville de Cognac, dont les officiers municipaux étaient nobles depuis 1471; mais Simon Égal, ainsi que nous le verrons, était le fils d’un simple bourgeois d’Étampes, qui fut bien receveur des deniers communs de la ville, mais ne fut pour autant jamais lui-même qualifié de noble.
     Le soudaine noblesse des procureurs du roi à Étampes découle donc presque certainement d’un édit assez célèbre que Henri III rendit à Paris en juin 1576.
     Les finances du royaume sont alors à sec. Le mois précédent, le roi pour acheter le retrait dans ses États du Palatinat du prince protestant Jean Casimir, n’a pas trouvé d’autre expédient que de lui donner le duché d’Étampes.
     Aussi le roi crée-t-il alors, moyennant finances, mille nobles d’un coup, par cet édit de juin 1576, suivi par des déclarations des 20 janvier et 10 septembre 1577 (1), édit où il exposait clairement la nécessité où il trouvait de trouver de l’argent pour acheter le départ des troupes étrangères (2).
      Plusieurs auteurs citent des cas où l’on dut forcer la main des intéressés, à qui l’on extorquait pour cela jusqu’à mille écus
(3), dans toutes les généralités du royaume, et spécialement dans celle de Paris qui comprenait Étampes. Dans cette circonstance, les procureurs du roi des différents bailliages étaient des candidats tout désignés pour se porter volontaires, de gré ou de force.
     Quoique je n’ai pas trouvé pour l’instant de preuve absolument décisive en faveur de cette hypothèse sur l’origine de l’anoblissement des procureurs du roi à Étampes, il faut tout de même relever un parallèle troublant au moins en Lorraine, où nous voyons bien un certain Mengin Warnot, tabellion et substitut du procureur général à Prény, anobli précisément en 1576 
(4).

     (7.4.1) Gilles-André de la Roque, Traité de la noblesse, Paris, Estienne Michallet, 1678, p. 68: “Henry III. en créa mille par l’Edit donné à Paris en Juin 1576. & par des Déclarations données à Blois le 20. Janvier, & à Poitiers le 10. Septembre; L.-N.-H. Chérin, Dictionnaire héraldique [...]: Suivi de L’Abrégé chronologique d’édits [...] concernant le fait de la noblesse, Montrouge, Migne, 1861, colonne 878: Édit du roi, juin 1576. Anoblissement de plusieurs personnes dans les généralités de Paris, Rouen, Caen, Amiens, Châlons, Tours, Bourges, Poitiers, Riom,.Lyon et Orléans, pour jouir par elles et leurs enfants nés en loyal mariage, de tous les privilèges dont jouissent les nobles du royaume; et à la charge par eux de contribuer au ban et arrière-ban, pour les fiefs qu’ils tiendront, et de payer les sommes pour lesquelles ils scrdieut taxés par les commissaires à ce députés (cf. Armorial de France, registre 1, seconde partie, p. 635). — (7.4.2) Extrait du texte: “Henry... Comme par la longue calamité des troubles de nostre royaume soit grandement diminué le nombre de personnes et plusieurs bonnes maisons et familles yssûes de personnages qui ont suivi les armes et ont fait service à nos prédécesseurs roys et à nous; ou d’officiers qui ont tenu les premiers lieux, tant en nostre justice qu’en nos finances, continuent la même vocation de leurs pères et ancestres, soient à présent en possession et jouissance des exceptions et immunitez de noblesse laquelle, comme la principale force de nostre royaume, nous désirons augmenter et conserver; estant aussi advertis qu’il y a en cestuy nostre royaume, un bon nombre de personnes non nobles recommandables toutes fois de leurs vertus et qualitez, qui auraient à grande gratification et faveur d’être honorez du titre de noble moyennant quelque honeste secours en deniers comptans, en l’urgente nécessité de nos affaires et finances, telles que chacun sait, avons anobly et anoblissons èz provinces et généralitez établies à Paris, Rouen, Caen, Amiens, Chaalons, Tours, Bourges, Poictiers, Ryon, Lyon et Orléans, le nombre de personnes contenu au roolle et cahier sur ce fait pour jouir par eux et leurs enfanz nais et à naître, etc., etc à la charge aussi pour le regard de ceux qui tiennent ou tiendront des fiefs, du service ou contribution au ban et arrière-ban, comme ceux qui tiennent fiefs en nostre royaume, y subjects et contribuables et en payant la finance à laquelle chacun d’eux sera pour une fois seulement taxé pour ledit anoblissement tous lesquels deniers nous avons affectez au paiement des sommes promises et accordées aux estrangers par la dernière pacification des troubles.” (extrait édité Le Spectateur militaire. Recueil de science, d’art et d’histoire militaires n°XLII (15 octobre 1846-15 mars 1847), pp. 650-651. (7.4.3) Un exemple en est célèbre, celui de Richard Graindorge, marchand de bœufs du pays d’Auge obligé de payer 1000 écus, donné par La Roque en 1678, repris par l’Encyclopédie, à l’article Noblesse, et par Ernest Lavisse, Histoire de France illustrée depuis les origines jusqu’à la révolution, Paris, Hachette, 1911, tome 7, p. 375. (7.4.4) Dom Ambroise Pelletier, Armorial général de la Lorraine et du Barrois, p. 839.

7.5. Sur son épouse, demoiselle Ithière Lucas
     Nous avons vu que les registres baptismaux conservés signalent à partir de septembre 1577 “damoyselle Ythiere Lucas femme de maistre Nicollas Guilleton procureur du roy au dict bailliage”, qui survivra à son défunt mari au moins jusqu’en 1603. Il est intéressant de se demander qui était cette noble personne.

     Le plus ancien membre de cette famille que j’ai trouvé pour l’instant à Étampes, est un certain Pierre Lucas, qui tenait en 1500 une maison sise au bout de la rue d’Enfer et touchant à la porte Saint-Martin, paroisse Saint-Gilles (1). Il avait épousé une demoiselle Pétronille Boutet de la lignée de Chalo-Saint-Mars (2), et par suite avait fait enregistrer le 9 mars 1517, par un arrêt du Parlement, les privilèges qui en découlaient pour lui et pour sa descendance (3).

     Nous savons par ailleurs, grâce aux travaux de Joseph Guyot, que le dit Pierre Lucas, époux de la dite Pétronille, ou Perrine (qui sont l’un la forme savante et l’autre la forme vernaculaire du même prénom) est enterré à Dourdan sous la lampe du chœ
ur de l’église Saint-Pierre; le reste de sa famille a été enseveli dans la chapelle dite de la Conception de l’église Saint-Germain de la même ville, tant ses grands-parents et ses parents que certains de ses descendants. Son grand-père, qui fit son testament en 1484, était Léger Lucas, seigneur de Douaville: il s’agit de Paray-Douaville, actuellement dans la pointe sud du dépatement des Yvelines; son père était Guillaume Lucas, élu de Rochefort et procureur du roi à Dourdan; sa sœur Marie-Anne Lucas était l’épouse de Balthazar Govin, prévôt de Corbreuse. On trouve aussi dans cette chapelle la tombe d’une Marie Lucas femme de Louis David, premier receveur des tailles de Dourdan, décédée en 1570 (4). Guyot précise par ailleurs que Pierre Lucas et sa femme Perrine auraient demeuré vers 1510 dans leur maison des Châteaupers”, fief situé à Roinville-sous-Dourdan (5).

     A la génération suivant celle de Pierre Lucas, on trouve mention à Dourdan, le 13 juin 1538, de “honorable et sage personne maître Giles Lucas, procureur du roi en tous les sièges royaux de Dourdan
(6), et, à Étampes d’un vassal du roi dénommé Jean Lucas, en 1540 (7).

     A l’époque d’Ithière, où commence le registre de Saint-Gilles, le nombre des Lucas mentionnés est plus important sans qu’on puisse malheureusement établir leur généalogie, ni être certain que tous descendent de Pierre Lucas; mais on peut remarquer qu’ils marient leurs filles soit à des marchands soit à des officiers du lieu.
     Un Lucas Lucas mentionné en 1579; un Charles Lucas  en 1582; un François Lucas, marchant d’Étampes, apparemment de la paroisse Notre-Dame, mentionné au moins de 1582 à 1591, marié à Jeanne Charron, père au moins d’un Étienne Lucas; un Mathurin Lucas, mentionné de 1585 à 1601, marchand hôtelier et tonnelier de la paroisse Notre-Dame, censitaire des dames de Longchamp, et lui-même père d’au moins quatre garçons, Étienne, François, Mathurin et Pierre; une Marie Lucas mentionnée au moins de 1581 à 1588, mariée à Jean Lesage l’aîné, dont deux enfants sont baptisés à Saint-Gilles en 1582 et 1584 
(8).
     Signalons enfin une une Marguerite Lucas, qui était peut-être une sœ
ur ou nièce d’Ithière, mentionnée en 1601 comme épouse du greffier de la prévôté Simon Simonneau; quelques années plus tard nous la retrouvons remariée avant 1610 au receveur du domaine Michel Boutevillain; son fils Simon reçoit pour parrain le procureur du roi Simon Égal (9).

     Notre 
demoiselle Ithère Lucas descend évidemment de cette famille d’origine dourdannaise dont un ancêtre tenait déjà au XVe siècle la seigneurie de Douaville, et qui jouit depuis 1527 des privilèges d’exemption fiscale reconnus à tous les descendants avérés du fameux Eudes de Chalo. Elle était certainement soit la fille ou la sœur du Gilles Lucas que nous trouvons procureur du roi à Dourdan en 1583, et descend à coup sûr du Guillaume Lucas que nous y avons vu également procureur du roi à la génération précédente.

     On se rappellera, dans un même ordre d’idée que huit ans plus tôt, en 1568, le procureur du roi Esprit Hattes avait marié Jeanne Ducamel, fille de son défunt prédécesseur Esprit Ducamel, dont il était tuteur, à Tristan Lecharron II fils de Tristan Lecharron I bailli de Dourdan, qui d’ailleurs fit carrière ensuite à Étampes. Les liens entre les officiers d’Étampes et ceux de Dourdan étaient évidemment étroits, et dans chacune de ces villes on n’hésitait pas à rechercher un parti présentable dans l’autre, pour éviter toute mésalliance. C’était d’ailleurs l’usage général de cette époque.

Signature d'Ithière Lucas (Saint-Basile, 3 février 1603)
Signature d’Ythière Lucas (Saint-Basile, 3 février 1603)
     (7.5.1Censier de Notre-Dame pour 1500, éd. Gineste 2010, n°248: “Pierre Lucas demourant en la voulte de la porte de la Barre à present appellée la porte Sainct Martin du costé de vers le chastel”. — (7.5.2) Un Guillaume Boutet est signalé en 1498 par le censier de Longchamp tenant une pièce de terre au chantier d’Épinant près du chemin d’Étampes à Boissy-le-Sec (éd. Gineste 2010, n°166); un Noël Boutet fut à Étampes “procureur et receveur des deniers communs pour deux années” du 1er octobre 1502 au 30 septembre 1504 (Rapsodie, édition Forteau, p. 24); un certain Ferry Boutet est élu avec Pierre Legendre aux fonctions de gardes de la Franchise de Chalo le dimanche 2 juin 1624 (Archives nationales, V.4 1498, fol. 2 r°., cité par Noël Valois, Annuaire Bulletin de la Société de l’Histoire de France Un 23/2, 1886, p. 213); cette lignée des Boutet d’Étampes descendant d’Eudes de Chalo est encore représentée en 1700, comme le montre un factum rédigé à cette date par un certain Thibault, Mémoire pour damoiselle Anne Boutet, veuve de M. Sébastien Bredet,... conseiller au baillage d’Etampes,... contre Sébastien Bredet, son fils..., conservé à la BNF. (7.5.3) Fleureau, Antiquitez, pp. 81-82: “Il faut dire qu’elles affranchissoient, & annoblissoient leurs mari; & c’est en ce sens là, que le Parlement qui est l’organe, & l’interprete des Volontez de nos Rois, a entendu ce privilege, & l’a confirmé par ses Arrests rendus en divers temps du 9. Mars 1516 au profit de Pierre Lucas, & de Petronille Boutet sa femme à cause d’elle: du premier Avril 1522. au profit de Claude Besnard, & de Marie Bedeau sa femme, à cause d’elle, & de plusieurs autres en tres-grand nombre, qui sont dans les Archives de cette franchise”. Je corrige 1516 en 1517, car Fleureau ne prend jamais garde à la différence des deux styles. — (7.5.4) Joseph Guyot, Chronique de Dourdan, 1869, pp. 196-197: Chapelle de la Conception. — La chapelle que l’on voit dans le bas-côté sud, avant la sacristie, et qui est aujourd’hui dédiée au Sacré-Cœur, remonte au XVe siècle. C’est la fondation et le caveau mortuaire d’une ancienne famille de Dourdan. En 1484, par testament, Léger Lucas, seigneur de Douaville, et sa femme fondent une messe par semaine le mercredi, ordonnent deux tombes être mises devant le crucifix et donnent une rente de quatorze setiers de blé à prendre sur le moulin de Malassis, savoir 2 à la fabrique et 12 au sieur prieur; plus 10 sols aux marguilliers le jour saint Etienne, à prendre sur terres et maisons des Maillets. — Suivant titres, leur fils, Guillaume Lucas, procureur du roi à Dourdan, élu de Rochefort, et Marie Hardy, sa femme, ont fait bâtir la chapelle de la Conception où ils ont fait inhumer leurs père et mère fondateurs de ladite messe. Ils y sont inhumés eux-mêmes sous la grande tombe où sont écrits leurs noms et qualités, avec leurs armes, conformes à celles de la voûte, de 3 roses sans queue. [p.197] — Le fils, Pierre Lucas, qui acquiert par son mariage avec Périne Boutet le privilège de Châlo-Saint-Mard, a sa sépulture sous la lampe du chœur de Saint-Pierre; mais la fille Marie-Anne Lucas, épouse de Balthazar Gouin, prévôt de Corbreuse, vient avec toute sa descendance peupler de cercueils le caveau de la nouvelle chapelle de Saint-Germain. Marie Lucas, femme de Louis David, premier receveur des tailles de Dourdan, y est enterrée en 1570. Après elle y descendent: Geneviève, épouse d’André Le Roux, receveur des tailles à Dourdan, mort à Potelet pendant les grandes maladie, etc. Voir aussi Bulletin monumental 38 (1872), p. 622. — (7.5.5)  Chronique de Dourdan, p. 360 (il ne cite pas sa source).— (7.5.6) Il est témoin d’un contrat cité par Guyot, Chronique de Dourdan, p. 85. En 1556, lors de la rédaction de la Coutume de Dourdan, le procureur du roi à Dourda, était un certain Jean Govin (Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier general. Tome troisième, Paris, Théodore Legras, 1724, p. 134: maistre Jehan Gouyn, procureur du Roy audit bailliage”), plutôt que Gouyn comme le comprend Guyot. — (7.5.7) Vassal du roi en 1540 à Étampes pour un fief ou arrière-fief non identifié, d’après un registre autrefois conservé à Orléans, AD45 A. 1174 (F. Maupré et Jules Doinel, Inventaire-Sommaire des archives départementales antérieures à 1790. Loiret. Archives civiles. Série A. Nos 1 à 1799. Tome premier, Paris, Paul Dupont, 1878, p. 266b). — (7.5.8) Notre-Dame 26 décembre 1579: “Lucas Lucas”; — Notre-Dame 26 février 1582: “Charles Lucas”; — 7 novembre 1582: “Françoys Lucas”; 17 octobre 1583: “Jehanne Charron femme de Françoys Lucas”; 22 août 1587: “François Lucas”; 1er octobre 1588: “Estienne Lucas filz de François Lucas”; Saint-Basile: “Estienne Lucas filz de Françoys Lucas marchant d’Estampes”; Notre-Dame 8 janvier 1591: “Françoys Lucas”. — Notre-Dame 17 octobre 1585: baptême de “Mathurin filz de Mathurin Lucas et de Janne sa femme”; 21 novembre 1588: “Mathurin Lucas”; censier de Longchamp de 1592 (AD91 E. 3905): “Mathurin Lucas”; Notre-Dame 29 mars 1595: baptême de “Pierre filz de Mathurin Lucas et de Jehanne sa femme”; Saint-Basile 28 septembre 1597: “P. Mathurin Lucas tonnelier demeurant à Estempes”; Saint-Basile vendredi 15 septembre 1600: “François Lucas filz de Mathurin Lucas”; censier de Longchamp pour 1600-1610 (E. 3905*): “Mathurin Lucas, marchand hôtelier- tonnelier”. — Saint-Gilles 1er novembre 1581: “Marie Lucas”; 29 septembre 1582: baptême de “Michel filz de Jehan Le Sage et de Marie Lucas”; 21 octobre: “Marie Lucas”; 24 avril 1584: baptême de “Perrine Lucas fille de Jehan Le Sage et de Marie Lucas”; Notre-Dame: “28 septembre 1586: “Marie Lucas femme de Jehan Lesage”; Saint-Gilles 17 janvier 1588: “Marie Lucas femme de Jehan Lesage l’esné”; 10 mars 1589: “Marie Lucas”. — (7.5.9) Saint-Basile 29 janvier 1601: “Marguerite Lucas femme de maistre Simon Simoneau greffier de la prevosté”; 29 mai 1610: baptême de “Symon filz de Michel Boutevillin recepveur du domayne d’Estampes et de damoiselle Margueritte Lucas” avec pour parrain “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy du roy au dict Estampes”; Saint-Gilles 9 octobre 1610: “damoyselle Marguerite Lucas femme de honnorable homme Michel Bouttevilain marchant bourgeoys demourant en la paroisse de M. Sainct Bazille”.
7.6. Sur la descendance de Nicolas Guillotin

     Nous avons vu que la veuve de Nicolas Guillotin se porte marraine à Saint-Gilles le 8 mai 1596, à Notre-Dame le 7 mars 1599 et encore à Saint-Basile le 3 février 1603. Combien d’enfants lui avait-il laissés?

     Sans parler de trois autres enfants dont le cas est douteux (1), Nicolas Guillotin a eu au moins un fils, Nicolas III, mentionné comme parrain en 1589, apparemment mort jeune (
2), et surtout une fille, Catherine, fréquemment mentionnée après la mort de son père. Elle se portera marraine à neuf reprises, de 1592 à 1605 au moins (3).

     Il est instructif de remarquer qui se porte parrain en même temps que la veuve, puis que la fille de Nicolas Guillotin.
     A
Notre-Dame, voici ces parrains et marraines, le 7 mars 1599: “Furent parins noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes et noble homme Loys Le Vassor aussi  procureur du roy en l’election du dict Estampes, maraine damoyselle Ytiere Lucas fame de deffunct noble homme mestre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes.”
     Il en va souvent de même pour sa fille Catherine. Une fois, le parrain est François Chéron, pour sa part gendre de l’ancien procureur Esprit Hattes et beau-frère de son successeur Pierre Legendre; une autre fois, c’est le procureur du roi en exercice lui-même, Simon Égal; une autre encore, c’est le lieutenant particulier du bailliage, Nicolas Cousté ; et la dernière enfin, la fille de Nicolas Guillotin se porte marraine d’une fille du bailli lui-même, Jean Camus de Saint-Bonnet.

     Il est par là manifeste, une fois de plus, que la charge de procureur du roi à Étampes fait accéder la famille de son détenteur, et ses descendants, à une sorte de sous-caste nettement déterminée au sein de la caste des officiers royaux de la ville.
     (7.6.1) Trois jeunes Guillotin sont signalés à Notre-Dame sans mention de filiation: “Estiennette Guilotin” (27 décembre 1585); “Madeleine Guilotin” (28 octobre 1595) et “Pierre Guillotin” (15 mai 1596, avec signature). — (7.6.2) Saint-Gilles 21 mai 1589: “Nicolas Guillautin fils de deffunct Nicolas Guillautin procureur du roy à Estampes”. — (7.6.3) Notre-Dame 10 avril 1592: “Katherine fille de deffunt Nicollas Guillotin en son vivant procureur du roy à Estempes” (en même temps que “Françoys Cheron marchant”); Saint-Gilles 7 janvier 1594: “Catherine Guillotin fille de deffunct maistre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Notre-Dame 1er mai 1595: “Katherine Guiotin fille de deffunct noble personne maistre Nicollas Guiotin procureur du roy au dict bailliage”; Saint-Basile 13 décembre 1599: “Chaterine Guillotin fille deffunct noble homme maistre Nicollas Guyllotin vivant procureur du roy au dict Estampes”; Saint-Martin lundi 3 janvier 1600: “Catherine, fille de Nicolas Guillotin, vivant procureur du Roy”; le parrain est alors son deuxième successeur, “Simon Egal, procureur du Roy” [cité par Charles Forteau, in Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Etampes et du Hurepoix 19 (1913), p. 28]; Saint-Basile 27 mars 1600: “Damoiselle Katherine Guillrautin (sic) fille de [2e main: deffunct] noble homme Nicollas Gilrautin (sic). [signature: C. Guiletin]”; Notre-Dame 16 mars 1602: “Damoyselle Chatherine Guillotin fille de deffunct noble homme Guillotin en son vivant procureur au bailliage et prevosté d’Estampes”; Saint-Basile vendredi 2 septembre 1605: “Damoyselle Catherine Guillotin fille de noble homme Nicollas Guyllotin vivant procureur pour le roy au balliage et prevosté du dict Estampes”.
     Il est temps de parler maintenant du seul de ces procureurs qui n’ait pas été lui-même étampois, et qui surtout n’ait pas fait souche à Étampes, Berjonneau, dont la brève carrière marque une nette parenthèse dans la série des procureurs du roi étampois du XVIe siècle.


Demoiselle Itière Lucas veuve de de deffunct noble homme maistre Nicolas Guillotin procureur du roy au dict Estampes (Saint-Gilles, 1596)
Demoiselle Itière Lucas vefve de de deffunct noble homme maistre Nicolas Guillotin procureur du roy au dict bailliage d’Estampes (Saint-Gilles, 1596)

8. Nicolas Berjonneau, le poète supplicié
(…1587-1589…)

Avec un petit excursus sur les procureurs du roi en l’élection d’Étampes

Signature de Berjonneau (Saint-Basile, 9 mars 1589)
Signature de Berjonneau (Saint-Basile, 9 mars 1589)
Le bon roi Henri IV, qui fit pendre Nicolas Berjonneau le 23 juin 1589
Signature de Berjonneau (Saint-Basile, 5 avril 1589)
Signature de Berjonneau (Saint-Basile, 5 avril 1589)
Le bon roi Henri IV, qui fit pendre Berjonneau le 23 juin 1589

8.1. Origine cognaçaise de Nicolas Berjonneau

     Ce procureur a été négligé par Dupieux, bien qu’il ait déjà été signalé Pierre Plisson dans sa Rapsodie: “1588. Nicolas Bergeonneau” (1). Le personnage ne manque pourtant pas d’intérêt: ses débuts furent aussi poétiques que sa mort fut dramatique, car il fut pendu sur ordre du roi, dans des circonstances rocambolesques qui ne semblent pas jusqu’ici avoir été portées à la connaissance des Étampois.
     (8.1.1) Édition Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), p. 248.
    Le patronyme Berjonneau, formé sur un mot caractéristique de la langue d’oïl de l’Ouest est surtout représenté à date ancienne dans le territoire de l’actuel département de la Charente (2). De fait Nicolas Berjonneau ne semble pas avoir été d’Étampes, où il paraît le premier représentant de sa famille. Il y a visiblement été parachuté, comme on dit aujourd’hui, à l’instar de son contemporain, collègue, et probablement ami Claude Mignault, avocat du roi à Étampes, et comme lui poète: sans doute dans le cadre d’une reprise en main du bailliage d’Étampes par l’administration centrale du royaume.
     (8.1.2) Un berjon y est un angle, un recoin. D’où les patronymes Berjon, Bréjon, Berjonnel, Berjonnelle, Berjonneau, Bergeonneau, Bréjonneau, etc.
      Il n’est pas impossible qu’il ait été originaire de la région de Cognac, où nous voyons une famille homonyme occuper plusieurs offices depuis la génération précédente et jusqu’au siècle suivant.
     Un André Berjonneau est signalé échevin de Cognac en 1514 et maire en 1519 (3); un Adam Berjonneau, échevin en 1525 (
4), est nommé lieutenant particulier de la ville et principauté de Cognac le 20 novembre 1546 (5); un Jean Berjonneau est maire en 1559 (6); un Henri Berjonneau est reçu conseiller municipal le 21 décembre 1572 et maire en 1581 (7);  un Adam Berjonneau II est cité à la fois échevin et lieutenant particulier en 1621 (8), 1627 et 1631 (9); un Michel Berjonneau est maire en 1654 (10).

     Il est à espérer que quelque érudit local cognaçais, en lisant cette page, aura l’heureuse idée d’essayer de trouver trace de sa naissance, et de nous faire savoir précisément auxquels de ces personnages il était apparenté.
     En faveur de cette origine charentaise de Nicolas Berjonneau, il faut encore remarquer que les échevins de la ville de Cognac avaient collectivement été anoblis par Louis XI en 1471 et que cette dignité ne fut retirée à leurs descendants qu’en 1600
(11). Or Nicolas Berjonneau est bien toujours qualifié “noble homme” par les registres paroissiaux d’Étampes, même s’il est vrai que cette noblesse a pu lui venir, comme dans les cas de son prédécesseur et de son successeur, de l’édit de juin 1576 dont nous avons parlé au sujet du procureur du roi précédent, Nicolas Guillotin.
     (8.1.3) François Marvaud, Études historiques sur la ville de Cognac et l’arrondissement, Niort, Clouzot, 1870, tome 1, p. 239 (échevin le 6 décembre 1514), 233 et 275 (maire le 16 juin 1519, d’après “Comptes des receptes et despences” conservés aux archives municipales de Cognac). — (8.1.4) Marvaud, Études historiques, t. 1, p. 249. — (8.1.5) Collection des ordonnances des rois de France: 2 janvier 1546-mars 1547, Paris, Impr. nationale, 1892, p. 305; Marvaud, Études historiques, tome 1, p. 242 et 268: “Adam Berjonneau licencié en droit, lieutenant par autorité royale de la ville et principaulté de Coingnac”. — (8.1.6) Cf. Bulletin de la Société archéologique et historique de la Charente (1883), p. 218. — (8.1.7) Marvaud, Études historiques, tome 1, pp. 275-276, note 1; tome 2, p. 4, 65, 81 et 157. — (8.1.8) Revue de Saintonge & d’Aunis. Bulletin de la Société des archives 25 (1905), p. 190. — (8.1.9Marvaud, Études historiques, tome 2, pp. 56, 70, 74, 75, 80, 83 et 157). Cf. Revue de Saintonge et d’Aunis 30 (1910), p. 292: “feu Adam Berjonneau, lieutenant particulier, assesseur civil et criminel à Cognac, père de Michel et Étienne”.— (8.1.10) Marvaud, Études historiques, tome 2, p.214, note 1. Cf. aussi Revue de Saintonge et d’Aunis 2 (1886), pp. 207-208: “Les Berjonneau de Cognac (1559-1668)”.

     (8.1.11) Gilles-André de la Roque, Traité de la noblesse, Paris, Estienne Michallet, 1678, p. 148.

8.2. Antécédents de Nicolas Berjonneau

     Il n’est pas impossible non plus que Nicolas Berjonneau ait fait ses études de droit soit à Paris ou à Orléans et qu’il ait rencontré dans l’un de ces deux lieux son futur collègue avocat du roi à Étampes, Claude Mignault, dont nous savons que, fuyant la peste qui sévissait à Paris vers 1578, il alla faire ses études de droit à Orléans. Berjonneau était en effet un homme cultivé à qui l’on doit au moins deux pièces de vers, composé sans doute alors qu’il était encore un étudiant en droit, avant d’être nommé à Étampes, comme avant lui son ami Claude Mignault, avocat du roi à Étampes au début des années 1580, et poète d’un plus grand renom.

     Nicolas Berjonneau se fait remarquer en 1579, alors que son  prédécesseur Nicolas Guillotin est encore en place à Étampes, par une pièce de vers latins publiée dans un ouvrage de Jean-Édouard du Monin (Ioannis Edoardus du Monin) intitulé Cyani Beresithias sive Mundi Creatio, publié à Paris par Hilaire Le Bouc en 1579 et dédié au garde des sceaux Philippe Hurault, le même que nous avons soupçonné d’avoir été le protecteur de Gérard François et de lui avoir procuré le titre de médecin du roi (1).

     Il faut remarquer que cet ouvrage contient aussi un éloge par l’auteur principal de “notre ami Minos” (amicus noster Minos), qui n’est autre que Claude Mignault. Ce dernier, poète assez connu en son temps pour son immense érudition, et sa prolixité, signait en effet ses ouvrages latins du pseudonyme de Minos. Il fut au début des années 1580
avocat du roi à Étampes, où il reste connu pour avoir composé la traduction en français de son œuvre principale, comme il raconte lui-même en 1583, lors de ses allées et venues par voie d’eau de Paris à Étampes (2).

     En 1585 on trouve encore des vers signé de “Nicolas Berjonneau” parmi les pièces préliminaires d’un ouvrage à succès de Philbert Boyer, procureur en la cour de Parlement, intitulé Le Stille de la cour et justice des requestes du Palais. Cet ouvrage tout d’abord publié à Paris par la veuve Lucas connut un vif succès, puisque nous voyons qu’il fut réédité au moins huit fois (3). On y trouve, de Berjonneau, un sonnet dédié à l’auteur, plus un quatrain à l’adresse du lecteur (4).

     Ce n’est qu’ensuite, semble-t-il, que nous trouvons notre poète procureur du roi à Étampes, à partir du printemps 1587.
Ouvrage de 1579 contenant des vers de Berjonneau      (8.2.1) Je ne l’ai pas eu pour l’heure entre les mains, et serait reconnaissant à toute personne qui y aurait accès de me communiquer la teneur du poème latin de Berjonneau qu’il contient.

     (8.2.2) Claude Mignault, né en 1536 à Talant près Dijon, se fait remarquer dès 1574 à Paris par ses éditions commentées d’auteurs classiques. “Fuyant la peste, il quitta la capitale vers 1578 pour gagner Orléans où il étudia le droit et fut pourvu de la charge d’avocat du roi au bailliage d’Étampes. [….] On le retrouve à Paris en 1597 devenu professeur de droit canon et doyen de la faculté de droit” (Jean Paul Barbier-Mueller, Ma bibliothèque poétique: Éditions des 15e et 16e siècles des principaux, Volume 4, Partie 4, Paris, Droz, 2008, p.151, note 600), Paris ou il meurt en 1606.

     (8.2.3) J’ai trouvé mention d’au moins neuf éditions de cet ouvrage: Galiot Corrozer, 1584; Paris, veuve Lucas, 1585;  Félix le Mangnier, 1586; Tours, C. de Montr’oeil, 1591; Tours, S. Moulin, 1594; 1596; Paris, J. Houzé & Robinot, 1600; J. Richer, 1602; Paris, P. Pautonnier & G. Robinot, 1606. Je n’ai eu pour l’heure accès à aucune d’elle, et serait reconnaissant à toute personne qui pourrait et voudrait bien me communiquer la teneur du bref poème en français de Berjonneau que contient cet ouvrage.

     (8.2.4) Trevor Peach & Béatrice Drecq, Catalogue descriptif des éditions françaises, néo-latines et autres, 1501 501-1600 de la Bibliothèque municipale de Poitiers: un fonds renaissant, Bibliothèque municipale de Poitiers, Genève, Delon-Biblio, 2000, pp. 118-119.
8.3. Sur sa femme et son beau-père, le maire Étienne Poignard

     Avant que d’évoquer ce que j’ai pu reconstituer de la brève carrière de procureur du roi de Nicolas Berjonneau, et des circonstances rocambolesque de sa mort par pendaison sur ordre du bon roi Henri IV, disons ici quelques mots de son épouse et de son beau-père.

     Nicolas Berjonneau, arrivé semble-t-il au printemps de 1587 à Étampes, où il venait d’être nommé dans des circonctances que nous ignorons, y épousa peu après, sans doute en 1588, une fille du pays, Françoise Poignard, comme nous l’apprenons seulement après sa mort, quand elle est mentionnée comme sa veuve (1).

     La famille Poignard est fort représentée à Étampes au XVIe siècle, où elle donne à la ville un échevin signalé en 1510, 1517 et 1523
, Jean Poignard (2), mort entre 1545 et 1549 (3).

     Elle lui donne ensuite un deuxième échevin
, Pierre Poignard, presque certainement fils du précédent, receveur des deniers communs du 1er octobre 1550 au 30 septembre 1552 (4), encore échevin en  1555 (5) , mais non plus en 1556 (6) et toujours vivant en 1567 (7).

     Elle lui donne enfin un maire, Étienne Poignard (
8), à nouveau sans doute fils du précédent, que nous avons vu en 1583 à Orléans aux côtés du prédécesseur de Berjonneau, Nicolas Guillotin (§ 7.3), pour y défendre les intérêts du bailliage (9).

     Les registres de baptême nous permettent heureusement d’établir la généalogie de cette Françoise Poignard épouse de Berjonneau. Elle nous est signalée en 1583 encore jeune fille, comme une fille d’Étienne Poignard; et nous voyons avant cela que sa mère s’appelait Jeanne Fleureau
(10). Cette Jeanne Fleureau était sans doute elle-même, comme l’a supposé Charles Forteau, une grand-tante de dom Basile Fleureau, père de lhistoriographie étampoise, lui-même né en 1612 (11).

     En 1588, alors que l’année précédente Étienne Poignard avait été remplacé à la mairie par Guillaume Vincent (12), nous entendons parler d’une
sœur de Françoise appelée Marie, et nous voyons que leur père Étienne Poignard est désormais élu, c’est-à-dire officier de l’Élection d’Étampes (13). Remarquons au passage que cette sœur de François Poignard est plus tard qualifiée “noble femme” et qu’elle est mariée à un “noble homme” (14). Étienne et Françoise sont aussi qualifié “noble homme” et “noble noble femme” en 1588 (15); il s’agissait vraisemblablement de la noblesse que l’on contractait à Étampes en s’alliant à des familles reconnues pour descendre d’Eudes de Chalo.

     Ainsi que l’a montré Dupieux, la circonscription fiscale qu’était l’élection d’Étampes comprenait alors soixante-treize paroisses; en 1556, elle n’avait qu’un seul élu, deux à partir de 1557, cinq à partir de 1583
(16). Étienne Poignard est donc, sans doute depuis 1587 l’un des cinq principaux officiers de l’élection d’Étampes. La tâche était des plus délicates, parce que les besoins de la guerre civile avaient amené une élévation considérable de la taille, tandis que, simultanément, la population vivait dans une misère et une insécurité croissante. Nous le retrouvons plus tard, en 1600, onze ans après l’exécution de son gendre, simple bourgeois (17).

     Voilà quel était le beau-père de notre nouveau procureur. Revenons à la carrière de son gendre.
Signatures d'Etienne Poignard et de sa fille Françoise e Françoise Poigrad épouse de Nicolas Berjonneau (Saint-Basile, 23 mai 1588)
Signatures d’Etienne Poignard et de sa fille Françoise
(Saint-Basile, 23 mai 1588)


     (8.3.1) AD91 E. 5047, cf. Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4. Nous y reviendrons.

     (8.3.2) Fleureau, Antiquitez, p. 216 (en 1517); Maxime de Montrond, Essais historiques sur la ville d’Etampes, Étampes, Fortin, 1836-1837, tome 2, pp. 57 (en 1517), 231 (en 1510) et 232 (en 1523). — (8.3.3) “Jehan Poignard” est parrain à Notre-Dame 11 octobre 1545, et “Marion veufve de deffunct Jehan Poignard” le 28 juillet 1549. — (8.3.4) Rapsodie, édition Forteau, p. 39. — (8.3.5) Montrond, ibid., p. 232. — (8.3.6) Lors de la rédaction de la Coutume le 22 septembre 1556 il n’est pas rangé avec les échevins mais avec les autres bourgeois: “Pierre Ponignard” (édition de 1557, f°40r°), “Pierre Ponignarg” (édition de 1724, qui n’est pas retourné au manuscrit contrairement à ce qu’elle prétend, p. 111); le manuscrit portait évidemment “Pierre Poingnard”. — (8.3.7) “Pierre Poignart” est parrain à Notre-Dame le 6 mai 1565 de “Jehanne fille de Hierosme Poignard”; “Marie femme de Pierre Poignard” est marraine à Saint-Basile le 20 mai 1566 (et le 15 août de la même année “Margueritte femme de Pierre Poignard le jeune”); au même lieu “Pierre Poignard” (sans doute l’ancien) les 21 mai  et 13 août 1567.

     (8.3.8) Montrond, ibid., p. 233 (en 1583); Clément Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes, Archives Municipales, 2002, p. 36. — (8.3.9) Charles A. Bourdot de Richebourg, Nouveau coutumier général: ou corps des coutumes générales et particulières de France, et des provinces connues sous le nom des Gaules. Tome 1, Paris, Brunet, 1724, p. 816: “M. Nicolas Guillotin, Procureur du Roy à Estampes, & Estienne Poignard, Maire de ladite ville, pour les habitans d’icelle”.

     (8.3.10) Saint-Basile 28 avril 1571: “Jehanne Fleureau femme de maistre Estienne Poignard”; Saint-Gilles 21 janvier 1572: “honorable Estienne Poignard”;  3 mars 1582: “Françoise fille de honorable maistre Estienne Poignard”. — (8.3.11) Bulletin de la conférence des sociétés savantes de Seine & Oise (1908), p.

     (8.3.12) Montrond, ibid., p. 233 (en 1583); Clément Wingler, Hôtel de Ville et Institution municipale 1150-1850, Étampes, Archives Municipales, 2002, p. 36. — (8.3.13) Saint-Gilles 11 novembre 1588: “Marie Poignard fille de honorable homme maistre Estienne Poignard esleu au dict Estampes”. — (8.3.14) Saint-Gilles le 25 mai 1600: “noble femme Marie Poygnard femme de noble homme Phillibert Hafflin”. — (8.3.15) Saint-Gilles le 27 mai 1587: “noble homme Estienne Poignard esleu à Estampes et damoiselle François Poignard femme de noble homme maistre Nicollas Berjonneau procureur du roi au dict Estampes”.

     (8.3.16) Institutions, pp. 202-211. — (8.3.17) Saint-Gilles 28 mai 1600: “sire Estienne Poygnard bourgeois au dit lieu”.
8.4. Nicolas Berjonneau procureur du roi

     Nicolas Berjonneau avait déjà été signalé comme procureur du roi à Étampes en poste en 1588 par la Rapsodie de Pierre Plisson (1).

     Les registres paroissiaux de Saint-Gilles et de Saint-Basile nous le montrent en charge au moins du 1er juin 1587 au 5 avril 1589, à six reprises (2); le registre  de Notre-Dame en revanche a connu d’importantes perturbations toujours visibles en 1589 et ne conserve pas de traces de lui.

     Le 28 octobre 1587, Nicolas Berjonneau hébergea chez lui le président Brisson, venu à Étampes organiser le ravitaillement en blé de la ville de Paris; c’est là que le rencontra le général de l’armée royale venu défendre la ville contre des bandes de pillards huguenots, François Rivière de Sainte-Marie. Voici le récit d’un témoin oculaire que je n’ai pu identifier, arrivé lui-même à Étampes le 23 octobre depuis Montargis, apparemment en mission de renseignement.
     “Or le mercredy vingt huictiesme octobre, j’entendis que messieurs les presidens Brisson sieur de Gravelle 
(3) & Chandon sieur de saint Escobille (4) pres ladite ville, estoient arrivez sur les cinq heures du soir: j’entendis aussi que le mesme jour le sieur Alphonse de Corse envoyé de la part de la royne mere du roy, & messire [p.7] François de la Riviere gentilhomme de la chambre du roy, sieur de sainte Marie & gouverneur des ville & chasteau de Dourles, arriverent en ceste ville, sans que je peusse rien entendre au vray de la cause de l’arrivée de ces seigneurs, jusqu’au lendemain: vray est que je sceu bien que les sieurs de sainte Marie & de Corse furent visiter les sieurs presidens qui soupoient ensemble chez le procureur du roy, où le sieur president Brisson estoit logé lors.
     “Le lendemain sceu que les mesmes sieurs estoient arrivez à Estampes pour y commander, le sieur de sainte Marie de la part du roy, & l’autre de la part de la roine sa mere, & que le sieur de sainte Marie y demeuroit gouverneur pour sa majesté, & que le sieur de Corse s’en retournoit à la royne mere du roy
[p.8] qui l’avoit envoyé, avec lettres des sieurs presidens, pour la mercier au nom des habitans d’Estampes, du soin & bonne souvenance qu’elle avoit eu d’eux en telle necessité. D’autre part, j’entendis que les sieurs presidens y estoient arrivez pour faire battre les grains qui se trouveroient en gerbe en la ville & au plat pays, & de là les faire enlever & conduire en la ville de Paris: ce qu’ils executerent fort dextrement, comme je l’ay apprins depuis”
(5).

     Un baptême à Saint-Basile le 27 mai 1588 est particulièrement instructif sur l’environnement dans lequel évolue notre procureur, somme toute assez limité:
“Fut baptisé Nicollas filz de honorable homme maistre Mathias Bonault et Geneviefve Sevestre ses pere et mere, et sont les parains et maraine noble homme Nicollas Petau lieutenant general d’Estampes et noble homme Estienne Poignard esleu à Estampes et damoiselle François Poignard femme de noble homme maistre Nicollas Berjonneau procureur du roi au dict Estampes”. Suivent les signatures de tous ces personnages (dont je donne une photographie à la fin de cette notice). De même le 5 avril 1589 il est parrain d’une fille de Pierre des Mazis seigneur de Brières-les-Scellés.

     On doit remarquer la qualification singulière qu’il reçoit dès la première de ces occurences: “noble homme Nicolas Brejoneau (sic) procureur du roy au bailliage et prevosté et marechaussé d’Estampes”. Pourquoi tant de précision sur l’étendue exacte de ses domaines de compétence?

     C’est qu’il semble que dans cette période troublée il y ait eu dune part une vacance de l’office de procureur du roi à Étampes, et que, par ailleurs, un autre office ait pris alors une place croissante dans la vie du bailliage, celui de procureur du roi en l’élection d’Étampes. On remarque en effet alors dans les registres paroissiaux un grand rayonnement social de deux tenants de cet office, Pierre Thibault de 1556 à 1576, puis Esprit Thibault de 1577 à 1590. En certains cas ces officiers aux compétences uniquement fiscale sont simplement qualifiés “procureur du roy à Estampes, ce qui naturellement pouvait occasionner une certaine confusion. Nous consacrerons ci-après un petit excursus à ces officiers.

Signature de Berjonneau (Saint-Basile, 9 mars 1589)
       (8.4.1) Edition Forteau, in Annales du Gâtinais 23 (1909), p. 248: “1588. Nicolas Bergeonneau”.

     (8.4.2) Saint-Gilles 1er juin 1587: “noble homme Nicolas Brejoneau procureur du roy au bailliage et prevosté et marechaussé d’Estampes”; 3 juin 1587 (baptême de Nicolas fils de Louis Pelletier, greffier du prévôt): “honnorable homme maistre Nicolas Berjonneau procureur du roy au bailliage et prevosté et marechossé d’Estampes”; 3 janvier 1588 (baptême de Nicolas fils de Jean Fouldrier marchand étampois): “noble homme et sage maistre Nicolas Bergeoneau procureur du roy”; Saint-Basile 27 mai: “Nicolas Berjonneau procureur du roy”;  9 mars 1589: “noble homme maistre Nicolas Brejonneau procureur du roy au bailliage, prevosté et marechaussée d’Estampes” parrain de “Elisabet de Paviot fille de Pierre de Paviot escuier seigneur de Boissy le Sec et gouverneur de Dourdans et de demoiselle Suzanne de l’Isle”;  mercredi 5 avril (baptême de Susane fille de Pierre Desmazis seigneur de Brières-les-Scellés) “maistre Nicollas Berjonneau procureur du roy à Estampes”.

Portrait supposé de Barnabé Brisson      (8.4.3) Barnarbé Brisson, dont on donne un portrait ci-contre, seigneur de la Boisière, alors président à mortier, c’est-à-dire président de la Grand’Chambre du Parlement de Paris, fut promu par les Ligueurs en 1589 premier président du tribunal de Paris, c’est-à-dire troisième magistrat de France après le roi et le chancelier; mais il fut ensuite pendu par les mêmes après un simulacre de procès, le 15 novembre 1591, soupçonné de mener un double-jeu
.
     Sur les liens de ce personnage avec Étampes, il importe de relire Noël Valois (Annuaire Bulletin de la Société de l’Histoire de France 23/2, 1886, p. 207, note 4): “D. Fleurean [Antiquitez, p. 87] prétend qu’en 1575, le président Brisson fit révoquer le privilège de Chalo-Saint-Mard parce qu’il était irrité contre les habitants d’Étampes, qui, l’étant venus visiter en sa maison de Gravelle, ne lui avaient pas rendu tous les honneurs dus à son rang. Peut-être veut-il parler des lettres du 29 janvier 1578, qui ne sont pas une révocation, mais une restriction de la franchise. M. Guizot a reproduit cette anecdote, en la reportant par mégarde à l’année 1598, c’est-à-dire environ au septième anniversaire de [p.208] la mort du président Brisson (Histoire de la civilisation en France, t. IV, p. 335).

     (8.4.4) Jean Chandon (1535-1610), sieur de la Montagne et de Saint-Escobille,  conseiller au présidial de Lyon (1555-1556) et avocat au Parlement (v.1559) puis maître des reqêtes (1578), président du grand-conseil (1586), conseiller d’État (1586) et premier président des Aides (1592-1597) (Loris Petris, La plume et la tribune. Michel de l’Hospital et ses dicours, 1559-1562, Genève, Droz, 2002, p. 185, note 33).

     (
8.4.5) Discours veritable de ce qui s’est passé en la ville d’Estampes, & ès environs, depuis le vingt troisiesme octobre jusques au cinquiesme de decembre mil cinq cens quatre vingts sept [42 p.], Paris, Jean Richer, 1588, pp. 6-8. Voyez aussi Fleureau, Antiquitez, p. 250:
     Outre qu’il est marié à la fille du maire, comme nous l’avons vu, Nicolas Guillotin paraît donc en première analyse bien intégré à la petite société des officiers et nobliaux du lieu. Ainsi, 19 mars 1589 nous le voyons à Notre-Dame parrain de “Elisabet de Paviot fille de Pierre de Paviot escuier seigneur de Boissy le Sec et gouverneur de Dourdans et de demoiselle Suzanne de l’Isle”.

     Le 19 août de la même année cependant, Berjonneau n’est pas au nombre des officiers d’Étampes qui se liguent en application du serment de Blois par lequel on jurait de ne jamais se soumettre à l’autorité d’un roi protestant (6).  Nous allons voir en effet qu’il a été pendu haut et court le 30 juin 1589.
     (8.4.6) Fleureau, Antiquitez, p. 254. Voici le début donnée la liste donnée par Fleureau, qui a eu l’original entre les mains: “Petau. Chardon. Andren [lire Audren]. N. Prevost. Vincent. Bastard. Bezault. Guectard. etc”; le premier est le bailli Nicolas Petau, le second le lieutenant de la prévôté Étienne Chardon, le troisième le prévôt Jean Audren, le troisième l’avocat du roi Nicolas Prevôt (encore en fonction en 1594 selon Pierre Plisson). On peut se faire une idée des officiers alors absents (sans doute pendus en juin) en comparant cette liste à celle des officiers présents lors de la rédaction de la Coutume d’Étampes en 1556: le bailli, son lieutenant général, son lieutenant particulier, le prévôt, son lieutenant, le procureur du roi, le procureur du roi, le receveur du domaine, le greffier du bailliage, le greffier de la prévôté, etc. On constate que les deux lieutenants du bailli ont disparu ainsi que le prévôt et le procureur.
8.5. Comment il fut pendu

     Pour mieux comprendre les circonstances de sa disparition, il faut se replacer dans le contexte de cette année 1589 si troublée que même Dupieux s’y est embrouillé (1), se souvenir quHenri II a été assassiné le 23 décembre 1588, que Henri IV ne reniera le protestantisme quen 1593 et ne sera sacré quen 1594; se représenter que les Étampois sont partagés entre leur loyauté pour le roi et leur fidélité au catholicisme; et savoir enfin que la ville d’Étampes a été prise en 1589 quatre fois de suite: une première fois par les Ligueurs, en février (2); une deuxième en 30 juin par Henri IV (3); une troisième le 24 octobre par les Ligueurs menés par le duc du Maine; et enfin à nouveau le 5 novembre, définitivement, par Henri IV.

     Lorsque les ligueurs prirent la ville pour la première fois, ils emprisonnèrent le bailli Nicolas Petau ainsi que ses enfants, et que le prévôt Jean Audren, suspects d’être des “politiques”, et non pas de “bons catholiques”
(4). La deuxième fois qu’ils la prirent, Petau trouva la mort dans des circonstances indéterminées (5), et nous savons plus précisément que Jean Audren fut pour sa part “pendu par les gens de guerre le 24 octobre 1589” (6).

     Ce qui est moins connu, c’est que Berjonneau avait lui été exécuté par pendaison sur ordre personnel de Henri IV dès le 30 juin 1589. C’est que nous raconte d’une manière des plus pittoresques Pierre-Victor Palma Cayet, dans sa Chronologie novenaire, publiée pour la première fois en 1606; cela paraît être le seul récit conservé de cet événement, récit qui à ma connaissance n’a jamais encore été signalé aux Étampois.
Pendaison de Berjonneau      (8.5.1) Dupieux croit que Petau et Audren ont été massacrés par des protestants, alors qu’ils le furent par des ligueurs («La Défense militaire d’Etampes au XVIe siècle» in Revue de l’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise 32 (1930), p. 288; Institutions, p. 191). Ces événements ont été résumés plus clairement par René de saint-Périer, La grande histoire d’une petite ville, Étampes, Étampes, Caisse d’Épargne, 1938, pp. 45-48, mis en ligne par le Corpus Étampois ici. — (8.5.2) Fleureau, Antiquitez, p. 255. — (8.5.3) Pierre Plisson, Rapsodie, édition de Forteau, in Annales du Gâtinais 23 (1909), pp. 66-67: “Or j’ai appris que la ville, théâtre funeste et perpétuel des guerres civiles, le vendredi 30 juin 1589, fut prise et pillée par les gens de Henri de Valois, roi de France, et les habitants pris à rançon”.

     (8.5.4) Fleureau, Antiquitez, p. 255. — (8.5.5) Pierre Plisson, Rapsodie, édition de Forteau, p. 67: “Et le vendredi 20 octobre 1589, le sieur de Rosne, commandant et lieutenant de M. du Maine, entra en ville et chassa les troupes du roi. Et fut tué M. le bailli Peteau. M. le prévost Jean Audren fut encore plus maltraité”. — (8.5.6) Plisson, Rapsodie, édition Forteau, p. 246.
     “Tout d’une suitte l’armée s’achemina à Estampes. M. de Mayenne y envoya le baron de Sainct Germain, et manda à M. de La Chastre qu’il s’allast jetter dedans Chartres, ce qu’il fit. Ceux d’Estampes, sommez de se rendre, respondirent mille villenies, comme c’est l’ordinaire des peuples mutinez, et crioient que le canon du Roy avoit les gouttes, que l’on avoit creuzé des moyaux de charrue pour leur faire peur. Ceste ville est assez grande et à my-chemin d’Orleans et de Paris, située au bord d’une petite riviere fort estroite et creuze. Cependant que l’on parlementoit après quelques volées de canon qui furent tirées, les gens du roy de Navarre trouverent l’invention, par le moyen de quelques arbres coupez, de traverser la riviere, et, en un endroit du costé de l’eau où les murailles estoient fort basses, entrerent dans la ville, crians, pour espouvanter les habitans, que leurs compagnons estoient desjà entrez par la bresche. Ainsi Estampes se vid prins et pillé en une heure, sans qu’en toutes ces prises de villes le Roy perdist un homme.

     “Le baron de Sainct Germain, qui avoit esté nourry page du Roy, devalé du chasteau avec une corde, pensait se sauver par le moyen de quelques amis qu’il avoit en l’armée royale; mais, amené à Sa Majesté, il eut la teste tranchée (7). Bergeroneau [sic], procureur du Roy audit bailliage d’Estampes, fut aussi pendu avec quelques autres. Il avoit usé d’une finesse pour se sauver, et s’estoit fait mettre en la prison dans une basse fosse les fers aux pieds, où il fut trouvé. Amené au Roy, il dit que les mutins l’avoient mis en tel estat pour avoir voulu soustenir le service de Sa Majesté. Plusieurs habitans prisonniers et les gentils-hommes du pays ayans asseuré le Roy du contraire, et qu’il estoit la cause de la perte du pays (8), Sa Majesté, qui avoit ouy parler de ses comportemens, commanda qu’on en fist justice” (9).
     (8.5.7) Saint-Périer, Grande histoire d’une petite ville, 1938, p. 46, croit que cet ancien page fut épargné, parce qu’il évita la pendaison en faisant valoir sa condition de noble: “ le seigneur de Saint-Germain, capitaine du château, qui avait été page d’Henri III, eût été pendu, quoiqu’il fût gentilhomme, si le duc d’Épernon, son ami, ne lui eût obtenu la grâce du roi”; les nobles de France avaient hérité des citoyens romains de l’Antiquité le privilège de ne pouvoir être exécutés que de cette manière, et d’être exempts de tout supplice.

     (8.5.8) Sans doute par son engagement du côté des Ligueurs. — (8.5.9) Nouvelle collection des mémoires pour servir à l’histoire de France. Première série. Tome XXIX, Paris, 1824, p. 185, ou bien: Tome XII, Paris, 1838, p. 145.
8.6. Descendance de Nicolas Berjonneau

     Après l’exécution ignominieuse de son mari, Françoise Poignard quitta Étampes et se remaria à un certain “noble homme Antoine Rivière”; elle emmenait avec elle le fils peut-être posthume que lui avait laissé Nicolas Berjonneau, et qui avait reçu le prénom de son aïeul Étienne Poignard, maire d’Étampes.

      Nous retrouvons donc Françoise Poignard et son fils
Étienne Berjonneau à Brétigny-sur-Orge en juin 1609 (1).

     
Étienne Berjonneau, devenu un temps marchand à Paris, puis à Brétigny, se marie en juin 1612 avec Madeleine, fille de Jacques Lerahier, porte-caban du Roi, et de Françoise Lamy, demeurant à Brétigny (2).

     
Quelques années plus tard, devenu veuf, il se remarie à Jeanne Dubois, qui lui donnera plusieurs enfants, dont on peut assez précisément retracer l’histoire grâce à un important dossier conservé actuellement aux archives départementales de l’Essone. Étienne Berjonneau meurt à la fin de 1654 ou dans les premiers mois de 1655. L’un de ses fils, Nicolas, portant le prénom de son aïeul procureur du roi à Étampes, sera la souche d’une famille de bourgeois parisiens marchands bouchers au XVIIe siècle (3).


Signatures d'Etienne Poignard et de sa fille Françoise e Françoise Poigrad épouse de Nicolas Berjonneau (Saint-Basile, 23 mai 1588)
Signatures d’Etienne Poignard et de sa fille Françoise
(Saint-Basile, 23 mai 1588)

     (8.6.1) AD91 E. 5047: “Procuration générale et spéciale donnée à X. Decimbielle, marchand et bourgeois de la Roch(elle), par noble homme Antoine Rivière et Françoise Poignard sa femme, veuve de Nicolas Bréjonneau, vivant procureur du Roi en la ville d’Étampes, et par Etienne Bréjonneau, fils du susdit Nicolas et de ladite Poignard” (Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4). —  (8.6.2) AD91 E. 5077 (entre le 1er juillet et le 5 août 1612): “ Contrat de mariage entre Etienne Berjonnau, marchand à Paris, fils de feu Nicolas Berjonneau, vivant, procureur du Roi à Étampes, et de Françoise Poignard, remariée à Antoine Rivière, écuyer, d’une part, et Madeleine Lerahier, fille de Jacques Lerahier, porte-caban du Roi, et de Françoise Lamy, demeurant à Brétigny, d’autre part”; voir aussi AD91 E. 5081 (décembre 1612): Étienne Berjonneau, marchand cette fois localisé à Brétigny même, cède à bail 11 quartiers de terre à Brétigny à un vigneron et vend trois chevaux à son beau-père; E. 5089 (septembre 1613): qualifié maintenant “marchant et laboureur à Brétigny”, il prend lui-même une terre à bail; E. 5093 (décembre 1613): qualifié “laboureur à Brétigny”, il y donne lui-même à bail 9 arpents de terre; etc.; E. 5110 (mai 1615): “marchand hôtelier audit Brétigny”; etc.; E. 5135 (3 juillet 1617: “Bail d’une maison sur le pont de Chastres (…) par Antoine Rivières, écuyer, tuteur de François Rivières, son fils, et se portant fort de Marie et Isabelle de Fornicon, ses belles-filles, et Etienne Berjonneau, marchand à Brétigny, tous héritiers de feue Françoise Poignard, sœur [sic, lisez: veuve] dudit Antoine Rivière.”; etc.; E. 5188 (janvier 1622: Berjonneau marguillier de l’église saint-Philibert de Brétigny); etc. (Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4). —  (8.6.3) AD91 E. 5233 (décembre 1625): remarié à Jeanne Duboys; etc. E. 5304 (mars 1636): contrat de mariage de sa fille Jeanne fille de Jeanne Duboys avec Jean Bourdon, marchand boucher à Montlhéry; etc.; E. 3557 (1646): “marchand tavernier à Brétigny”; E. 5412 (octobre 1654): dernière mention; E. 5418 (avril 1655): Jeanne Dubois, veuve d’Etienne Berjonneau, demeurant à Montlhéry; E. 5433 (août 1656): Jacques Berjonneau marchand à Montlhéry; E.5439 (1657): Jeanne Dubois est bien sa mère; E.5443 (février 1658): “Bail d’un demi-arpent de vigne, vignoble de Brétigny, fait (…) à Etienne Berjonneau marchand à Brétigny par Jean Berjonneau, maître barbier et chirurgien au même lieu”; E.5445 (avril 1658): “Lots et partage entre les enfants et héritiers de feu Etienne Berjonneau, vivant, laboureur à Brétigny, et de Jeanne Dubois, sa veuve”; E. 5447 (juin 1658): “Jean Berjonneau maître barbier et chirurgien à Brétigny, fils et héritier, pour un sixième, des feus Etienne Berjonneau et Jeanne Dubois”; etc. La suite monte qu’un des fils d’Etienne, nommé aussi Étienne, sans doute l’aîné, est à son tour hôtelier à Brétigny, et qu’un Nicolas Berjonneau est boucher à Paris, où il est la souche d’une famille de marchands bouchers parisiens (Inventaire-Sommaire de la série E, tome 4).
8.7. Excursus: les procureurs du roi en l’élection d’Étampes

     En même temps que Nicolas Guillotin, puis que son successeur Nicolas Berjonneau, nous trouvons mentionné par les registres de baptême, à plusieurs reprises, un autre “procureur du roi” qui le sera au moins jusqu’en 1589, Esprit Thibault.

     Il faut prendre garde que ce personnage occupe une tout autre charge que celle de Nicolas Berjonneau, car son domaine d’intervention est limité à ce qui concerne les deux circonscriptions fiscales qui ont leur siège à Étampes: l’élection d’une part, dont relève l’imposition directe appelée taille; et le grenier à sel dont relève l’imposition indirecte appelée gabelle. Aussi le titre complet de ces officiers est-il, bien qu’il soit souvent abrégé,
“procureur du roi en l’élection et gabelle”.

     Il ne saurait être question ici de traiter de cet office, et mon but est seulement de donner ici brièvement ce que j’ai trouvé sur ces officiers au hasard des registres paroissiaux, sans prétendre être exhaustif, pour éviter que cette matière ne se perde, comme j’ai fait précédemment pour  ce qui concerne les receveurs du domaine du roi à Étampes (§ 6.5).
     
     1) Anonyme (...1505...)
. L’existence à Étampes d’un office de procureur du roi pour l’élection est attestée depuis au moins 1505 (
1) et 1543 (2), mais je n’ai pour l’heure trouvé le nom d’aucun de ceux qui le détinrent avant l’année 1556.

     2) Robert Chassecuillier (...1515....) Les Comptes de la paroisse Notre-dame d’Étampes mentionnent l’achat d’ardoise fin 1514 ou début 1515 à à un certain Robert Chassecuillier, alors procureur du roi aux aides, zet antérieurment édile municipal (2).

     3) Anonyme (...1543...). On trouve mention en 1543 d’un procureur du roi pour l’élection, sans qu’on connaisse son nom pour l’heure (4).

     4) Pierre Thibault (...1556-1576). Le 22 septembre 1556 on trouve parmi les “officiers du roy” assistant à la rédaction de la Coutume d’Étampes “maistre Pierre Thibault Procureur du Roy es Election & Magazin d’Estampes”, c’est-à-dire comme précisé plus haut du “Magazin et Grenier à sel dudit Estampes” (
4). Le registre paroissial de Notre-Dame mentionne en 1571 son fils Esprit Thibault, mais il est encore lui-même en activité le 10 janvier 1576 (5).
     (8.7.1) Archives nationales, Cour des Aides Z.1a 33, folio 113v°, cité par Dupieux, Institutions, p. 204, note 3. — (8.7.2) Comptes de la paroisse de Notre-Dame d’Étampes pour 1513-1515, édition Gineste 2012 (ici), §:  “Robert Chassecuillier, procureur du roy aux aydes nagueres procureur et eschevin de ceste ville d’Estampes”. — (8.7.3) Selon un document autrefois conservé aux Archives du Loiret, AD45 A1236, f°255, cité par Dupieux, p. 204, note 4.



     (8.7.4) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, p. 40. — (8.7.5) Notre-Dame 2 mai 1571: “Esprit filz de maistre Pierre Thibault procureur”; 10 janvier 1576: “Pierre Thibault procureur du roy en l’eslection d’Estampes”.
     5) Esprit Thibault (1577-1590...). Les registres paroissiaux nous montrent que son fils Esprit lui a succédé dès avant le 3 mars 1577, et qu’il conservera cette charge au moins jusqu’à la fin de l’année 1590 (6)

     Il est intéressant de remarquer certaines des personnes qui se portent parrain ou marraine en même temps que lui. En 1583, c’est le médecin Gérard François, gendre du procureur du roi Esprit Ducamel; en 1588, c’est un sergent de la gabelle et la femme du receveur des tailles (
7).

     Nous le voyons marié au moins depuis avril 1580 à une certaine Rose Sergent (
8); cependant sa fille Marie, marraine en 1586, était peut-être issue d’une première union (9). Rose Sergent lui donne au moins trois enfants: Agathe baptisée en 1584, Michel baptisé en 1587, Marguerite baptisée en 1590 (9).

     C’est alors qu’Esprit Thibault exerçait cette charge qu’un édit de Henri III fixa en décembre 1583 la rémunération du procureur de l’élection à 33 écus un tiers (11).

     La première mention explicite du décès d’Esprit Thibault est du 7 novembre 1594, lorsque sa fille Agathe, âgée de dix ans, se porte marraine à Notre-Dame (
12). Sa veuve Rose Sergent sera mentionnée jusqu’en 1627 tant comme censitaire du fief du Bourgneuf (13) que de celui de Longchamp (14).

     6) Louis Levasseur (...1595-1601...). Le 25 janvier 1595 se porte parrain à Saint-Gilles “honnorable homme maistre Loys Levassor procureur du roy en l’élection d’Estampes”, et le 17 septembre 1601, à Saint-Martin, “Louis Le Vassor procureur du roy en l’élection”.

     Il est temps maintenant de revenir à notre sujet principal, et de conclure cette série des procureurs du roi étampois du XVIe siècle par l’étude du dernier d’entre eux, Simon Égal.
     (8.7.6) Notre-Dame 15 mars 1577: “maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’eslection d’Estampes”; 1er mars 1580: “maistre Esprit Thibault procureur du roy à Estampes”; 2 décembre: “honorable homme maistre esprit Thibault procureur du roy en l’election d’Estampes”; 20 janvier 1582: “maistre Esprit Thibault procureur du roy en la dicte election”; 4 mars: “honorable homme maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election d’Estampes”; 28 janvier 1583: “honnorable homme  maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election”; 21 novembre 1584: “maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election”; 26 juillet 86: “honnorable homme maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election”; Saint-Basile le 25 août 1587: “Esprit Thibault procureur du roy en l’élection et gabelle”; 9 mai 1588: “Esprit Thibault procureur du roy à Estampes”; Notre-Dame 22 mai 1588: “honorable personne maistre Esprit Thibault procureur du roy à Estampes”; 23 janvier 1589:, “Esprit Thibault procureur du roy”; 12 octobre 1590: “honorable homme maistre esprit Thibault procureur du roy en l’election”. — (8.7.7) Notre-Dame 28 janvier 1583: “honnorable homme maistre Girard François docteur en medecine et honnorable homme  maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election”; 22 mai 1588: “honorables personnes maistre Esprit Thibault procureur du roy à Estampes et Mathurin Thirouyn sergent royal en la gabelle d’Estampes (...) Anthoynette Boudon femme de maistre Françoys Hue recepveur des tailles au dict Estampes”. — (8.7.8) Notre-Dame 4 avril 1580: “Rose femme de maistre Esprit Thibault procureur en l’election d’Estampes”. — (8.7.9) Notre-Dame 26 avril 1586: “Marie fille de Esprit Thibault”. — (8.7.10) Notre-Dame 4 août 1584: “Le IIIIe d’aoust au dict an, Agathe fille d’honnorable homme maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election d’Estampes et de Rose Sergent; le parrin honnorable homme Jehan Harsent marchant boourgeois d’Estampes, les marrennes Alyson femme de Jacques Genest, Marie femme de Joachin Hareau”; 21 aoust 1587: baptême de “Michel filz de maistre Esprit Thibault procureur au dict bailliage”; 3 novembre 1590: baptême de “Marguerite fille de maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election de ceste ville et de Rose sa femme”. — (8.7.11) A. Hardy, Recueil d’édits, p. 66, cité par Dupieux, Institutions, pp. 205-206. — (8.7.12) Notre-Dame 7 novembre 1594: “Agatte Thibault fille deffunct Esperit Thibault”. — (8.7.13) AD91 E. 3834 (entre 1598 et 1601): “Rose Sergent, veuve d’Esprit Thibault”; et encore jusqu’en 1627. — (8.7.14) AD91 E. 3908 (1615): “Roze Sergent veuve de maistre Esprit Thibault procureur du roy en l’election et Gabelle d’Estampes”; AD91 E. 3909 (de 1623-1624 à 1626-1627): “la veuve Esprit Thibault; (...) la veuve maistre Esprit Thibault; la veuve masitre Philippe (sic) Thibault; (...) la veuve maistre Esprit Thibault”.

Nicolas Berjonneau parrain le 3 juin 1587 à Saint-Gilles
Honnorable homme maistre Nicolas Berjonneau procureur du roy au bailliage et prevosté et marechossé d’Estampes (Saint-Gilles 3 juin 1587)

Signatures d'Etienne Poignard et de sa fille Françoise e Françoise Poigrad épouse de Nicolas Berjonneau (Saint-Basile, 23 mai 1588)
Signatures du lieutenant général Nicolas Petau, de l’élu et ancien maire Étienne Poignard et de sa fille Françoise épouse de Nicolas Berjonneau

9. Simon Égal
(…1591-1613…)

mître Simon Egal fils de défunt Daniel Egal (Notre-Dame 19 octobre 1581)
Maistre Symon Egal filz de defunct Daniel Egal  (Notre-Dame, le 19 octobre 1581)

maître Simon Egal advocat en la cour de Parlement à Paris (Notre-Dame 14 août 1583)
Maistre Symon Egal advocat en la cour de Parlement à Paris  (Notre-Dame, le 14 août 1583)

maître Simon Egal procureur du roi (Saint-Basile 26 décembre 1591)
Les parrains maistre Nicolas Prevost advocat du roy à Estampes
 et maistre Simon Egal procureur du roi au dict Estampes
(Saint-Basile, le 26 décembre 1591)

9.1. Sur le père et la mère Simon Égal

      Avec ce Simon Egal, ou Esgal, que nous trouvons mentionné pour la première fois comme procureur du roi le 26 décembre 1591, nous reprenons la série des procureurs du roi étampois issus de familles locales.

     Son père Daniel Égal était un marchand (1) de la paroisse Notre-Dame, où il se porte parrain au moins quatre fois de 1551 à 1570 (2). Il fut présent lors de la rédaction de la Coutume le 22 septembre 1556 (3). Il fut aussi été receveur des deniers communs de la ville du 1er octobre 1574 au 30 septembre 1576; mais le compte fut rendu par sa veuve Catherine Bidault
(4).

     Cette Catherine Bidault, mère de Simon Égal, apparaît deux fois dans le registre de Notre-Dame comme jeune-fille de 1545 à 1546 (5). On l’y retrouve ensuite
au moins quatorze fois en temps qu’épouse de Daniel Égal,  de 1564 à 1570, dont une fois en compagnie de la femme d’un descendant du procureur du roi Pierre de Gilles, et une autre fois en compagnie de la fille et du gendre du procureur du roi Esprit Hattes (6). Enfin elle y est mentionnée comme sa veuve, au moins à quatre reprises, de 1578 à 1588 (7). Elle nous est également connue par une rente constituée en sa faveur en 1580 (8), ainsi que, vers la même époque, comme censitaire du fief du Bourgneuf et de celui des Longs (9).

François Bidault et Catherine Bidault femme de Daniel Egal (Notre-Dame, 21 janvier 1569)
21 février 1569: Françoys Bidault... Katherine Bidault femme de Daniel Esgal
     (9.1.1) Cette profession n’est mentionné par qu’après sa mort, AD91 E. 4392. — (9.1.2) Notre-Dame 2 juin 51: “Daniel Egal”; 25 mars 1564: “honorable homme Daniel Egal”; 12 octobre: “Daniel Egal”; 22 novembre 1570: “Danyel Esgard”. — (9.1.3) Coustumes des bailliage et prevosté d’Estampes, Paris, Jean Dallier, 1557, f°40r°: “Daniel Egal”; Nouveau coutumier général, édition de 1724, tome 1, p. 227. — (9.1.4) Rapsodie de Plisson éditée par Forteau, Annales du Gâtinais 1909, p. 53.

     (9.1.5) Notre-Dame 30 septembre 1545: “Katherine Bidault; 8 avril 1546: “Katherine Bidault”. — (9.1.6) Notre-Dame 27 août 1564: “Katherine Bidault femme de Daniel Egal”; 16 juin 1565: “Symone femme de sire Pierre de Gilles et Katherine femme de Daniel Egal”, 27 août et 13 octobre 1565 et 16 février 1566: “Katherine femme de Daniel Egal”; 2 janvier et 9 juin 1567: “Katherine Bidault femme de Daniel Esgard (sic)”; 29 septembre: “honorable femme Katherine femme de Daniel Egal”; 9 février 1568: “Katherine Bidault femme de Danyel Esgard”; 21 janvier 1569: “Françoys Bidault… Katherine Bidault femme de Danyel Esgal”; 7 juin 1569: “Katherine Bidault femme de Danyel Egard, Loyse Hatte femme de Pierre Legendre recepveur d’Estampes”; 16 février 1570: “Katherine Bidault femme de Danyel Esgard”; 17 mars: “Katherine Bidault femme de Danyel Esgard”; 21 octobre: “Chatherine (sic) Bidault femme de Danyel Esgard”. — (9.1.7) Notre-Dame, vendredi 29 octobre 1578: “dame Katherine Bidault vefve de deffunct Daniel Esgal”; 9 janvier 1581 “M. Katherine Bidault veufve de defunct Daniel Egal”; 19 septembre 1584: “Dame Katherine Egal”; 3 août 1588: “Catherine Bidault”. — (9.1.8) AD91 E. 4392: “Constitution d’une rente annuelle de 8 écus sol et 1/3 d’écu faite, au profit de Catherine Bidault, veuve de Daniel Égal, vivant, marchand à Étampes, par Jean Pampin, marchand et vigneron à Lardy, et Françoise Coustellier, sa femme” (Inventaire sommaire de la série E, tome 3) — (9.1.9) Censier du Bourgneuf en 1580-1585 (AD91 E. 3834.1); Censier du fief des Longs pour 1580-1606 (AD91 E. 3935, bis): “Catherine Bidault, veuve de Daniel Egal / Esgal”.
9.2. Simon Égal neveu de François Bidault?

     Une question qui se pose, au sujet de cette Catherine Bidault mère de Simon Égal, est de savoir quels étaient ses liens familiaux avec un certain François Bidault, personnage assez notable de la ville, dont j’ai déjà eu l’occasion de parler en 2008 dans mon édition du Traicté des noms et surnoms des rues de la ville et fauxbourgs d’Estampes d’Étienne Chardon (1).
     (9.2.1) Bernard GINESTE [éd.], «Étienne Chardon: Traité des noms et surnoms des rues de la ville et faubourgs d’Étampes (vers 1590)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-chardon1590traicte.html, 2008.
   L’auteur, qui fut lieutenant de la prévoté, explique ceci, vers 1590, au sujet de la porte Évezard: “Les anciens l’appellent la porte Bidault à raison que François Bidault notaire à Estampes demeuroit de son temps joignant la ditte porte”. Le registre des baptême de Notre-Dame, dont relevait ce secteur, permet de compléter ce que j’en ai déjà écrit.

    Ce registre qui commence fin 1545 mentionne François Bidault du début de 1546 à 1563 (2); il fait baptiser son fils François II en 1547 (3); ses enfants, Cancienne, Claude, puis François II sont aussi mentionnés sans que lui-même soit déclaré défunt jusqu’au 18 mai 1564 (4); il décède avant le 20 août 1565, première mention de sa veuve (5).
     De leur côté les archives du fief des Longs, alias de Saint-Bonnet mentionnent “François Bidault, bourgeois d’Étampes” comme l’une de leurs censitaires, puis “la veuve François Bidault” à une date comprise entre 1565 et 1572 (
6). De même les archives municipales d’Étampes conservent une Procédure contre François Bidault et autres propriétaires de bateaux, condamnés à tenir la rivière navigable à leurs frais, en date de 1561, ainsi qu’une Sentence du bailliage contre la veuve Bidault, Girard et autres marchands relative au curage de la rivière, en date de 1569 (7).
     (9.2.2) Notre-Dame 11 février 1546: “Françoys Bidault”; 5 novembre 1557: “le sire  Françoys Bidault”; 26 octobre 1560: “honorables hommes maistre Girard Garnier advocat ou bailliage d’Estampes et le sire Françoys Bidault”; 31 octobre 1563: “Françoys Bidault”. — (9.2.3) Notre-Dame 2 février 1547: “fut baptisé Françoys filz de Françoys Bidault et de Jehanne sa femme; les parains Helye Baudequin et Jehan Guectard filz de Nicolas Guectard, la marenne Jehanne femme de Jehan Paris”. — (9.2.4) 29 avril 1555: “Cancianne fille de François Bidault”; 28 mars 1556: “Cancienne fille de François Bidault”; 25 mars 1557: “Cancianne fille de François Bidault”; 10 mars 1559: “Claude filz de François Bidault”; lundi 3 juin 1560: “Claude filz de Françoys Bidault”; vendredi 17 janvier 1561: “Claude filz de Francoys Bidault”; 26 mars 1563: “Francoys filz de François Bidault”; 18 mai 1564: “Françoys Bidault filz de Françoy (sic) Bidault”. — (9.2.5) Notre-Dame 20 août 1565: “Jehanne Pierre veufve de deffunct Françoys Bidault”. — (9.2.6) AD91 E. 3933 (1565-1572), cf. Inventaire sommaire de la série E, t. 2, p. 330a;  E. 3934.1 (1565-1572), cf. Inventaire-Sommaire, p. 332a. — (9.2.7) AA 131 (3 pièces en parchemin) et AA 132 (2 pièces)
     Vu que Catherine Bidault encore jeune fille apparaît dans le registre des baptêmes de Notre-Dame en même temps que François Bidault I, et comme lui sans mention de filiation, à la différence des enfants du dit François, il faut croire qu’elle était plutôt sa sœur que sa fille. Nous trouvons d’ailleurs aussi mention à cette époque d’un Jean fils de Simon Bidault (8). Il y a donc toute apparence que François I, Catherine et Simon étaient trois Bidault de la même génération, et probablement frères et sœur. Vers la même époque, en 1540, on entend aussi parler d’une Jeanne Bidault tenant un fief du roi dans le secteur (9). Par suite, Simon Égal paraît bien avoir été un neveu du notaire François Bidault.
     (9.2.8) Notre-Dame 7 juillet 1561: baptême de “Jehan filz de Symon Bidault”. — (9.2.9) AD45 A. 1174 (registre de déclarations des fiefs et arrière-fiefs faites au bailliage d’Étampes en l’an 1540), d’après l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p. 266b.


9.3. Sur la fratrie de Simon Égal

     Nous connaissons trois et peut-être même quatre enfants de Daniel Égal et de Catherine Bidault. L’aîné nous intéresse particulièrement parce qu’il mourra jeune et que sa fille sera visiblement dans la suite protégée par son oncle Simon Égal.

     Barthélemy Égal, qui fut marchand, est signalé en 1566 (1), mais il est mort assez jeune avant 1597, laissant une fille, Catherine.
Cette Catherine, nièce de Simon, est fréquemment sollicitée comme marraine, alors que son oncle, qui est très probablement aussi son tuteur, est déjà procureur du roi: d’abord jeune fille, de 1597 à 1602, où elle est notamment maraine de Simon, fils de son oncle; puis mariée au sergent Mathurin Genest, de 1605 à au moins 1609, dont elle est veuve en 1616 (2).

     Jacques
Égal, sept fois parrain de 1567 à 1587, paraît être mort jeune et sans descendance (3).

    
Cancienne Égal, veuve entre 1580 et 1585 d’un certain Jean Meslin (5).

     Simon Égal, qui suit.
     (9.3.1) Notre-Dame 17 juin 1566: “Berthelemy Egal filz de Daniel Egal”. — (9.3.2) Saint-Basile 1er janvier 1597: “Chaterine Egal fille de feu Berthelemy Egal luy vivant marchant du dict Estampes”; Notre-Dame 20 juillet 1597: “Khaterine Egal”; jeudi 9 décembre 1599: “Katherine Egal fille de deffunct honorable homme Berthelemy Egal”; Saint-Basile 14 avril 1602 (marraine Simon Égal en compagnie du bailli Jacques Petau et de la femme du lieutenant général Jacques Petau): “Katherine Egal fille d’honorable homme Berthelemy Egal bourgeois d’Estempes”; mercredi 26 octobre 1605: “Catherine Egal femme de Mathurin Genez”; 25 février 1608: “Catherine Egal femme de Mathurin Genetz sergent au dict Estampes”; 13 août 1609: “Catherine Egal femme de Mathurin Genest sergent au dict Estampes”; Saint-Basile 28 août 1616: “Catherine Egal veufve feu Mathurin Genest vivant sergent”; Notre-Dame 18 mars 1618: “Catherine Egal veufve feu Mathurin Genest vivant sergent royal au dict Estampes”.

     (9.3.3) Notre-Dame 11 octobre 1567: “Jacques filz de Daniel Esgard”; 18 juillet 1580: “sire Jacques [rayé: Eg] Esgal”; 2 juillet 1581: “Jacques Egal”; 27 octobre 1583: “Jacques filz de defunct Daniel Egal”; 18 décembre 1583, 7 juin 1585, 18 décembre 1586: “Jacques Egal”.
 
     (9.3.5) Censier du Bourgneuf en 1580-1585 (AD91 E. 3834.1): “Cancienne Egal, veuve de Jean Meslin”.
9.4. Antécédents de Simon Égal

     Simon Égal n’apparaît dans le registre des baptême de Notre-Dame que le 19 octobre 1581 à Notre-Dame, où il reçoit déjà le titre de “maistre” (1). On baptise alors Catherine fille du sergent Claude Pasquier, et la marraine nominative est Catherine Lhuillier femme du bailli Nicolas Pétau.

    Plus tard, après semble-t-il qu’il a terminé ses études, il est cité, de 1583 à 1586, avec le titre universitaire de “advocat en la cour de Parlement à Paris”
(2), ce qui, rappelons-le, ne désigne pas un office, mais signifie seulement qu’il a fait des études de droit, qu’il est précisément licencié en droit, et qu’il a prêté serment à Paris.

     Vers la même époque, et en tout cas avant 1587, Simon Égal épouse Geneviève Bonnard, qui lui donne alors ses deux premiers enfants,
Madeleine, marraine dès 1597 (3), et Michel, qui sera plus tard prévôt d’Étampes. Le couple réside dans la paroisse Saint-Basile (4). A cause de la grande lacune du registre de cette paroisse de 1572 à 1587, nous sommes assez mal renseignés sur cette période.
     (9.4.1) Notre-Dame 19 octobre 1581: “maistre Symon Egal filz de defunct Daniel Egal”.


     (9.4.2) Notre-Dame 14 août 1583: “honnorable homme maistre Symon Egal advocat en la cour de Parlement à Paris”; 21 août 1586: “maistre Symon Egal avocat en la court de Parlement à Paris”.

     (9.4.3) Saint-Basile 12 janvier 1597: “Magdalainne Egal”; Saint-Gilles 8 mai: “Magdeleine Egal fille de honnorable homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes” — (9.4.4) Saint-Martin 1598 [cité par Forteau, Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais 19 (1913), p. 28]:“Geneviève Bonart, femme de maistre Simon Egal, procureur du Roy dudit Estampes, de la paroisse de Saint-Basile”.
9.5. Simon Égal procureur du roi

Signature de Simon Egal (Saint-Basile 26 décembre 1591)

     Après l’exécution sommaire de Nicolas Berjonneau le 30 juin 1589, il est possible que le roi lui-même lui ait donné un successeur; mais les circonstances mouvementées de cette période (puisque la ville fut à nouveau prise par les ligueurs du 24 octobre au 5 novembre), ainsi que les carences de notre documentation, ne nous permettent pas de préciser si ce fut dès ce moment celui que nous trouvons ensuite à ce poste, et qui y restera pendant près d’un quart de siècle, à savoir Simon Égal.

     La première mention que j’ai trouvée de lui en temps que procureur du roi à Étampes est du 26 décembre 1591 lorsque se portent simultanément parrains à Saint-Basile “maistre Nicolas Prevost advocat du roy à Estampes et Simon Egal procureur du roy au dict Estampes”. Il est parrain au moins vingt et une fois de 1591 à 1611 (1), et probablement au-delà, car je n’ai pas exploré les registres plus avant.

     Le 14 avril 1602, Simon Égal fait baptiser dans sa paroisse de Saint-Basile une autre fille, Geneviève, avec pour parrain le bailli du temps, et pour marraine l’épouse de son lieutenant particulier, la deuxième marraine étant sa nièce Catherine:
     “Le jeudy  quatorziesme jour  dict mois d’apvril mil six cent et deux a esté baptisée Geneviefve fille de noble homme Symon Egal procureur du roy à Estempes et de damoiselle Geneviefve Bonard ses pere et mere; le parrain Jehen Pierre Le Camus filz de noble homme Jehan Camus  syre de Sainct Bonnet bailly d’Estempes, les maraines damoisele Geneviefve Le Verrier femme de noble homme Jacques Petau lieutenant general au bailliage du dict Etempes qui a nommé, et Katherine Egal fille d’honorable homme Berthelemy Egal bourgeois d’Estempes.”

     Cette même année 1602, c’est certainement à la réquisition de notre procureur du roi que fut opérée une nouvelle saisie féodale des fiefs de Dommerville et de l’Aleu à l’encontre de Charles de Languedoue (2), qui en était seigneur depuis 1593 (3).

     En 1604 Simon Égal est signalé par ailleurs comme censitaire du fief de Longchamp (4).

     En 1613, il est encore en fonctions selon la Rapsodie de Plisson
(5).

     Le 27 janvier 1616, nous voyons son fils Pierre se porter parrain à Notre-Dame, alors que sa mère Geneviève Bonnard est semble-t-il récemment décédée
(6).

     Il meurt au cours de la même année 1616, son successeur Isaac Blanchard étant mentionné comme parrain à Saint-Basile dès le
17 septembre 1616 (7).

     Curieusement, malgré la longueur de son mandat, soit près sinon plus d’un quart de siècle, c’est le seul des procureurs du roi à Étampes que je n’ai pas encore trouvé mentionné explicitement dans le cadre d’une affaire précise. Cette lacune sera comblée ultérieurement, sans doute assez facilement, par tous ceux qui voudront se lancer dans des recherches de ce genre.
Signature de Simon Egal (Saint-Basile 22 juin 1595)        (9.5.1) Notre-Dame 2 septembre 1592: “maistre Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 16 octobre, “maistre Symon Égal procureur du roy à Estampes”; Saint-Basile 8 janvier 1593: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy pour le roy au bailliage d’Estampes”; 16 octobre 1594: “noble homme maistre Simon Es[g]al procureur du roy”; 22 juin 1595: “nobles hommes maistres Guillaume Lesmelain conseiller du roy au siege presidial de Chartres et Symon Egal procureur du roy à Estampes”; Notre-Dame 20 avril 1596: “mestre Symon Egal”; Saint-Gilles 1er mai 1596: “Symon Egal procureur du roy au bailliage et en la marechaussée d’Estampes”; Saint-Basile 12 (ou 20 ?) août 1596: “venerable et discrete personne Symon Egal procureur du roy à Estampes”; 13 octobre 1596: “nobles hommes Nicollas Prevost advocat pour le roy nominatif et Simon Egal procureur du dit seigneur” (la marraine étant la femme du lieutenant général Jacques Petau); Saint-Gilles 13 octobre également: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage et marechaussée d’Estampes”; Saint-Basile samedi 8 septembre 1597: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”; 16 octobre: “maistre Nicolas Prevost advocat du roy au baliage d’Estempes et maistre Simon Esgal procureur du roy au dict baliage”; 9 janvier 1598: “honorable homme maistre Symon Egal procureur du roy à Estempes”; Notre-Dame “7 mars 1599: “noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes (…) maraine damoyselle Ytiere Lucas fame de deffunct noble homme mestre Nicolas Guillotin en son vivant procureur du roy au bailliage d’Estampes”; Saint-Basile 21 janvier 1600: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy nostre sire à Estampes”; 21 février 1600: “noble homme Symon Egal procureur du roy nostre sire à Estampes”; 23 mars 1600 (baptême d’Accurse, fils du prévôt Accurse Cassegrain): “nobles hommes maistre Simon Chauvin advocat du roy et Simon Egal procureur du dict seigneur au bailliage et prevosté du dict Estampes, ledict Egal parrain nominatif”; Notre-Dame 17 avril 1600: “noble homme messire Simon Egal procureur du roy au bailliage et prevosté d’Estampes”; Saint-Basile 17 décembre 1602: “honorable homme Simon Egal procureur du roy de la ville d’Estampes”; Saint-Gilles: 14 novembre 1603: “honnorable homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage, prevosté et marechossée d’Estampes”; Saint-Basile 29 décembre 1609: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy au dict Estampes”; 29 mai 1610: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy du roy au dict Estampes”; 19 février 1611: “noble homme maistre Symon Egal procureur du roy au dict Estampes”; etc.

     (9.5.2AD45 A. 1206, d’après l’Inventaire-Sommaire de la série A, tome 1, 1878, p.  272b, texte cité ci-dessus, note (7.3.6). — (9.5.3) Selon Fleureau, Antiquitez, p. 48, Jeanne du Ru “eut Mary Charles de la Villeneuve, Escuyer: ils laisserent seulement trois filles, Marie, Jeanne, & Antoinette. Marie épousa Charles de Languedoüe, Escuye, & recuëillit la succession de ses deux sœurs. Acte de foy donné au Roy le 8. de Novembre 1593”.
     (9.5.4) AD 91 E. 3907: “maistre Symon Egal”. — (9.5.5) Première translation ndes Corps-Saints: Rapsodie, éd. Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), p. 203: “Simon Chauvin avocat du roi, Isaac Blanchard procureur du roi”. — (9.5.6) Notre-Dame 27 janvier 1617: “la parrin Pierre Egal filz de Symon Egal procureur du roy à Estampes et de feu Geneviefve Bonard”. Il est des plus rares que la mère d’un parrain soit mentionnée. — (9.5.7) Saint-Basile 17 septembre 1616: “noble homme maistre Isaac Blanchard procureur du roy au bailliage et prevosté de ceste ville”.
9.6. Sur la femme et la belle-famille de Simon Égal

     Nous avons vu que Simon Égal avait épousé Geneviève Bonnard dès avant 1587. Elle se porte marraine au moins quatre fois de 1591 à 1604 (1). Nous ne savons rien pour l’heure de son extraction, sinon qu’elle était d’une noble famille, puisqu’elle porte le titre de demoiselle.

     Nous trouvons bien déjà Étampes en 1498 deux Jean Bonnard distincts censitaires des dames de Longchamp
(2), et  vers 1536 un Antoine Bonnard mentionné par le censier du Bourgneuf (3). Rien cependant ne permet d’en conclure à une filiation, et la question de l’origine de cette Geneviève reste ouverte, d’autant que nous ne voyons pas Bonnard cité parmi les notables présents lors de la rédaction de la Coutume d’Étampes en 1556. Il est donc bien possible qu’elle n’ait pas été d’origine étampoise.
       (9.6.1) Notre-Dame 31 décembre 1591: “honneste dame Geneviefve Bonart femme de honorable homme Simon Esgal procureur du roy au dict Estempes”; Saint-Basile le 31 octobre 1596: “Geneviefve Bonard”; Saint-Martin 1598 [cité par Forteau, Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais 19 (1913), p. 28]:“Geneviève Bonart, femme de maistre Simon Egal, procureur du Roy dudit Estampes, de la paroisse de Saint-Basile”; Saint-Basile jeudi 26 février 1604: “damoiselle Geneviefve Bonard femme de noble homme Simon Egart procureur du roy à Estampes”. — (9.6.2) AD91 E. 3895 (édition Gineste 2010): “(103) Jehan Bonart l’esné. (…) (132) Jehan Bonart le jeune”. — (9.6.3) AD91 E. 3834 (1535-1537): “Cancianne Pichelou, femme d’Antoine Bonnard”.
9.7. Sur la descendance de Simon Égal
     Nous connaissons trois enfants de Simon Égal et Geneviève Bonnard.

     Madelaine Égal doit être l’aînée, certainement née avant 1587. Nous la trouvons très souvent marraine de 1597 à 1608, date à laquelle elle n’est toujours pas mariée (1).

     
Michel Égal aussi est certainement leur fils, également né avant 1587. Il succèdera à Accurse Cassegrain comme prévôt d’Étampes de 1621 (2), et le restera jusqu’au-delà de 1633 (3).
     En 1632 il est qualifié “prévôt, lieutenant criminel pour le roi”
(4); en 1633, plus précisément, “Michel Égal, conseiller du Roy, nostre sire, prévost, juge ordinaire civil et criminel, commissaire enquesteur et examinateur des ville, duché et prévosté d’Estampes pour nostre dict seigneur Roy et monseigneur le duc dudict Estampes (5); et après sa mort, “conseiller du roi, président prévôt d’Etampes” (6).
     Il avait épousé
Madeleine Defourcroy, fille du seigneur d’Arrancourt, dont il eut au moins un fils, Guillaume Égal (7).
     Madeleine Defourcroy, veuve, est signalée censitaire de Valnay ou de Courtmeunier à une date indéterminée postérieure à 1640 (6). Il a eu lui-même apparemment deux fils Michel et Pierre, dont les héritiers sont signalés censitaires au Bourgneuf après 1676 (8). On signale aussi une Catherine Egal épouse de Gabriel Drappier censitaire du fief des Harengeois après 1625 (9). A ce qu’il me semble, le lieu-dit “La couture Égale”, encore signalé en 1791 près de Bois-Renaud par Frédéric Gatineau (10), doit avoir été tenu par quelque membre de cette même famille.

     Geneviève
Égal enfin, comme nous l’avons vu a été baptisée en 1602. Nous n’en savons pas davantage, et il est probable, dans l’état actuel de notre documentation, qu’elle est morte en bas-âge.
       (9.7.1) Saint-Basile 12 janvier 1597: “Magdalainne Egal”; Saint-Gilles 8 mai: “Magdeleine Egal fille de honnorable homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”; 3 mars 1599: “Magdeleine Egal fille de honorable homme maistre Symon Egal procureur du roy au bailliage et prevosté d’Estampes”; Saint-Basile 2 septembre: “Magdelaine Esgal fille de noble homme Simon Egal procureur du roy au baillage d’Estempes”; vendredi 16 juin 1600: “Magdeleine Egal fille de noble homme Simon Egal procureur du roy à Estempes”; Notre-Dame 1er juillet 1600: “Madaleine fille de honorable homme Symon Egal procureur du roy en ceste ville”; Saint-Basile 30 septembre 1600: “Magdellaine Egal fille de noble homme maistre Symon Egal procureur du roy à Estempes”; Notre-Dame 11 octobre 1600: “damoyselle Madelaine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal procureur du roy à Estampes”; vendredi 16 mars 1601: “damoyselle Magdaleine Leguare (sic) fille de noble homme maistre Symon Laguare (sic) procureur du roy”; mercredi 20 mars 1602: “Magdaleine Esgal fille de maistre Symon Esgal procureur du roy au dict Estempes”; Saint-Pierre 5 août 1604 [cité par Forteau, Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Gâtinais 13 (1907), p. 99]: “Madeleine Egal fille de noble homme Simon Egal procureur du roi”; Saint-Basile 3 octobre 1604: “Magdaleine Egal fille de noble homme maistre Egal procureur du roy au bailliage d’Estampes”; mercredi 6 avril 1605: “Magdelaine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal procureur du roy à Estampes”; lundi 16 mai: “Magdeleine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au dict Estampes”; 2 mars 1607: “Magdaleine Egal fille de noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au dict Estampes”; 22 septembre 1608: “damoiselle Magdaleine Egal”.

     (9.7.2) Il assiste à la deuxième translation des Corps Saints le 12 avril 1621 (Rapsodie, éd. Forteau, p. 202: “Michaele Egal Prætore, Claudio Prevost proprætore”), tandis que lors de la première, le 13 juillet 1620, il n’était pas encore en poste (Fleureau, Antiquitez, p. 362; Rapsodie, éd. Forteau, p. 203: “Accurse Cassegrain prévôt”). — (9.7.3) Forteau l’a trouvé mentionné comme prévôt en 1624, sans doute dans quelque registre de baptême (Annales du Gâtinais 1909, p. 246, note 4); Plison l’a trouvé mentionné en 1632 (Rapsodie, éd. Forteau, p. 246), et moi en 1633. — (9.7.4) Rapsodie, éd. Forteau, p. 246. — (9.7.5) AD91 G. 431. — (9.7.6) Censier de Valnay pour 1640-1701 (AD91 E. 3941): “Madeleine Defourcroy, veuve de noble homme Michel Egal, vivant, conseiller du roi, président prévôt d’Etampes”. — (9.7.7) Charles Forteau, in Bulletin de la Société historique et archéologique de Corbeil, d’Étampes et du Hurepoix 9 (1903), p. 121. — (9.7.8) Censier du Bourgneuf pour 1676-1707 (AD91 E. 3839): “les hoirs maistre Michel Egal et Pierre Egal”. — (9.7.9) AD91 E. 3856 (1625-1782): “Gabriel Drappier, ayant épousé Catherine Esgal, 1 arpent de pré”. — (9.7.10) Étampes en lieux et places, 2003, p.43, alléguant Archives municipales d’Étampes 1G 2.
9.8. Sur le successeur de Simon Égal, Isaac Blanchard

     Je n’ai pas proprement mené de recherches sur Isaac Blanchard mais j’ai rencontré plusieurs données le concernant en cherchant à dater plus précisément le moment précis où il succéda à Simon Égal. Je les donne ici pour conclure, à l’intention de toute personne qui voudrait poursuivre ces recherches.

     On trouve des Blanchard à Étampes depuis le XIIIe siècle, parmi les censitaires de Longchamp (
1). Les registres des baptêmes, surtout celui de Notre-Dame, ne nous font connaître semble-t-il qu’une seule famille de Blanchard à la génération précédente:
     — Bon Blanchard, prêtre en 1564 (
2).
     — Louis Blanchard, marchand, cité de 1568 à 1583 (
3); sa fille Denise, jeune fille en 1568, mariée vers 1569 à Michel Bonnier, dont elle est clairement veuve avant 1590, et peut-être dès avant 1582 (4); sa fille Marie, jeune fille en 1570 (5); son fils Louis II, jeune homme en 1570 (6); sa fille Catherine, jeune fille 1580, mariée ensuite à Étienne Simonneau, dont le fils Louis est baptisé à Saint-Gilles en 1583 avec son grand-père pour parrain (7); plus une certaine Perrine, sans doute également sa fille, en 1590 (8).

     Je n’ai pas pu déterminer pour l’heure déterminer avec certitude si le procureur du roi Isaac Blanchard descendait de ce Louis Blanchard I, par le biais de son fils Louis Blanchard II.

     (9.7.1) Censiers de Longchamp (édition Gineste 2009) pour 1268: “(77) Matheus Blanchart”; pour 1271: “(66) Maci Blanchart”; pour 1274: “(101) Macy Blanchart”; pour 1292: “(15) Jehanne Blanchart (...) (151) Vincent Blanchart”; pour 1298: “(146) Vincent Blanchart”; pour 1300: “(55) Jehennot Blanchart (...) (126) Maci Blanchart et Vincent son frere”; pour 1306: “(48) Adelot fillie Jehan Blanchart”; pour 1323: “(45) Item, Michiau Blanchart (...) (163) Item, les anfans feu Maci Blanchart, de Bruieres.” — (9.7.2) Notre-Dame 9 juin 1564 “venerable et discrette personne maistre Bon Blanchart”. — (9.7.3) Notre-Dame 2 janvier 1568: “Denyse Blanchard fille de Loys Blanchard”; 15 août 1569, “Loys Blanchard”; 1er mai 1570: “Loys Blanchard”; 1er mars 1580: “Loys Blanchart”; 13 février 1582: “honneste personne Lois Blanchard”; 19 juillet 1583: “sire Loys Blanchard marchant”; Saint-Gilles 19 juillet (baptême de Louis fils de sa fille Catherine et d’Étienne Simonneau): “Loys Blanchard”. — (9.7.4) Notre-Dame 2 janvier 1568: “Denyse Blanchard fille de Loys Blanchard”; 6 août 1570: “Denyse Blanchard femme de Michel Bonyer”; 24 mai et 5 septembre 1582: “Denyse Blanchard”; 26 septembre 1586: “Denisse Blanchart”; 20 juin 1590: “Denise Blanchard veufve de defunt Michel Bonnier”. — (9.7.5) Notre-Dame 27 avril 1570: “Marie Blanchard fille de sire Loys Blanchard”. — (9.7.6) Notre-Dame 19 décembre 1570: “Loys fils de Loys Blanchard”. — (9.7.7) Notre-Dame 30 mars 1580: “Katherine fille de Loys Blanchart”; 26 août 1581: “Katherine Blanchart”; Saint-Gilles 19 juillet 1583: baptême de “Loys filz de Estienne Simmoneau et de Katherine Blanchard”, parrain “Loys Blanchard”. — (9.7.8) Notre-Dame 14 mai 1591: “Perrine (?) Blanchard”.
     Quoi qu’il en soit cet Isaac Blanchard est signalé comme procureur du roi à Étampes dès le 17 septembre 1616. Je n’ai relevé que ses trois premières occurences dans les registres paroissiaux, à savoir à Saint-Basile deux fois, puis à Saint-Gilles. Il est toujours qualifié “noble homme”, comme ses trois prédécesseurs, et semble évoluer dans un milieu restreint qui est celui de la noblesse de robe (9).

   C’est probablement sur sa réquisition que fut opérée en 1617 une saisie féodale du Petit-Boinville (10), et, sans nul doute une autre saisie à Boutervilliers pour défaut d’hommage en 1618, “sur réquisition du procureur du roi” (11).

     Le 12 avril 1620, Isaac Blanchard assiste à une translation des reliques des saint Cant, Cantien et Cantienne appelées Corps Saints
(12), puis à une autre, le 13 juillet 1621 (13).

      Plisson signale aussi qu’il a trouvé Blanchard mentionné comme procureur du roi en 1624 (14). Cela nous suffira, et je laisse à d’autres le soin de prolonger des recherches qui seraient certainement passionnantes, le XVIIe siècle étampois semblant réserver lui aussi de belles découvertes à ceux qui voudront l’explorer.

Isaac Blanchard parrain à Saint-Gilles (17 mai 1617)
Signature d’Isaac Blanchard
     (9.7.9) Saint-Basile 17 septembre 1616: “Le samedy XVIIe du dict mois a esté baptizée Anne fille de noble homme maistre Charles Ursin advocat en Parlement et de Marie Pinot ses pere et mere ; le parren (sic) noble homme maistre Isaac Blanchard procureur du roy au bailliage et prevosté de ceste ville, et les marrenes damoiselle Anne Naudet femme de noble homme Jehan Hardy mareschal des logis du roy, laquelle a donné le nom, et Jacqueline Ursin femme de maistre Cancien Charron greffier des presentations de la prevosté de ceste ville d’Estampes. [signé:] Blanchard [paraphe] — Anne Naudet — J. Ursin — Thirouyn [paraphe]”; 26 novembre: “noble homme maistre Isaac Blanchard procureur du roy aux bailliage, prevosté et marescaussée de ceste ville d’Estampes, lequel a donné le nom. [signé:] Blanchard [paraphe]”;  Saint-Gilles 15 mai 1617 : “Le lundy quinziesme du dict moys de may fut baptizé Jacques filz de Jehan Roux et de Marie touchart ses pere et mere;  les parrains Jacques Reucart escuier sieur du Val et prevost des mareschaux de ceste ville qui a tenu et nommé l’enfant et noble homme Isaac Blanchard procureur du roy du dict Estampes, la marenne damoyselle Margueritte Lucas femme de honnorable homme Michel Bouttevilain. [signé:] Reucart. — Blanchard [paraphe] — M. Lucas”. — (9.7.10) AD45 A. 1197, document ainsi résumé par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 271a: “Le Petit-Boinville: — saisie féodale (1617); — offre de foi d’Henri Desmazis, lieutenant d’artillerie à Strasbourg; — etc.” Ce dernier était né en 1624. — (9.7.11) AD45 A. 1196, document aujourd’hui ainsi résumé par l’Inventaire-Sommaire de 1878, p. 271a: “sentence rendue au bailliage d’Étampes, sur l’opposition formée, par le fermier de la terre de Boutarvilliers, au bail judiciaire poursuivi de ladite terre saisie féodalement, à la requête du procureur du roi, sur M. Hennequin: — mainlevée de la saisie (1618)”; cette pièce est à mettre en relation avec une autre, A. 1197, ainsi résumée (p. 271b): “brevet de la remise accordée par le duc de Vendôme, aux enfants et héritiers du sieur Galoppe (Gallope), de Boutarvilliers, Madeleine Galloppe, dame de Verdilly, et Louis Galloppe, des droits de fief par eux dûs, faute d’avoir porté la foi au temps convenu (1618). Signé César De Vandosme”. — (9.7.12) Pierre Plisson, Rapsodie, éd. Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1909), p. 203: “Simon Chauvin avocat du roi, Isaac Blanchard procureur du roi” (cet événement paraît curieusement inconnu de Fleureau). — (9.7.13) Pierre Plisson, Rapsodie, éd. Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1910), p. 202: Pierre Plisson, Rapsodie, éd. Forteau, Annales du Gâtinais 23 (1910), p. 203: “D. Simon Chauvin advocato regio (…) Jacobo (sic) Blanchard procuratore regio”; Fleureau, Antiquitez, p. 362 (avec un texte latin différent): “Simone Chauvin, & Isaaco Blanchard Advocato, & Procuratore Regiis”. — (9.7.14) Rapsodie, éd. Forteau, p. 248: “Isaac Blanchard”.
Simon Egal parrain le 16 avril 1600 à Notre-Dame d'Etampes
Noble homme maistre Simon Egal procureur du roy au bailliage et prevosté d’Estampes (Notre-Dame, 16 avril 1600)

Isaac Blanchard parrain à Saint-Gilles (17 mai 1617)
Noble homme Isaac Blanchard procureur du roy du dict Estampes (Saint-Gilles, 15 mai 1617)

Conclusion
Synthèse provisoire



Article à paraître très prochainement, dès que la mise en page en sera terminée.





     Introduction. — 1. Pierre de Gilles (…1491-1495…) — 2. Guillaume Cormereau (…1500-1518…) — 3. Guillaume Ducamel (…1511-1544…) — 4. Esprit Ducamel (…1550-1566…) 5. Esprit Hattes (…1560-1571…) — 6. Pierre Legendre  (…1572…) — 7. Nicolas Guillotin (1573-1582…) — 8. Nicolas Berjonneau (…1587-1589) — 9. Simon Égal (…1591-1616) — Conclusion et synthèse provisoire.

SOMMAIRE PLUS DÉTAILLÉ

     Introduction. — 1. PIERRE DE GILLES (...1491-1495..)  1.1. Origines et antécédents de Pierre de Gilles1.2. Pierre de Gilles procureur du roi1.3 Descendance de Pierre de Gilles 2. GUILLAUME CORMEREAU (...1500-1518...)  2.1. Origines et antécédents de Guillaume Cormereau 2.2 Guillaume Cormereau dernier procureur du comte  2.3. Guillaume Cormereau premier procureur du du roi  2.4 Sur la veuve de Guillaume Cormereau  2.5. Descendance de Guillaume Cormereau3. GUILLAUME DUCAMEL (...1511-1544...) 3.1. Sur Colin Ducamel père de Guillaume 3.2. Sur les frères de Guillaume Ducamel 3.3 Antécédents de Guillaume Ducamel 3.4. Guillaume Ducamel procureur du roi 3.5. Descendance de Guillaume Ducamel3.6. Sur son gendre Girard Garnier 3.7. Sur son petit-fils Girard Garnier II  3.8. Sur l’hôtel particulier de Guillaume Ducamel 4. ESPRIT DUCAMEL (...1550-1566...) 4.1 Antécédents d’Esprit Ducamel 4.2. Esprit Ducamel procureur du roi — 4.3. Réquisitoire d’Esprit Ducamel du 22 septembre 1556 4.4 Plaidoyer à Dourdan de son beau-frère et substitut Girard Garnier I et sur son petit-fils Girard Garnier II 4.5. Sur la fin énigmatique du mandat d’Esprit Ducamel4.6. Descendance d’Esprit Ducamel 4.7. Sur son gendre Tristan Lecharron   4.8. Un autre gendre remarquable: Gérard François4.9. Sur quelques autres Ducamel  — 5. ESPRIT HATTES (...1560-1571...) 5.1. Premières traces de la famille d’Esprit Hattes à Étampes 5.2. Sur les frères ou cousins d’Esprit Hattes 5.3. Premières mentions d’Esprit Hattes 5.4. Esprit Hattes receveur du domaine 5.5. L’Hôtel particulier d’Esprit Hattes   5.6. Esprit Hattes l’un des deux procureurs du roi 5.7. Esprit Hattes, seul procureur du roi, et remarié 5.8. Sur la veuve et la descendance d’Esprit Hattes 5.9. Gendres et brus d’Esprit Hattes 6. PIERRE LEGENDRE (...1572...) 6.1. Sur la famille de Pierre Legendre — 6.2. Pierre Legendre receveur du domaine 6.3. Pierre Legendre procureur du roi  6.4. Sur la descendance de Pierre Legendre — 6.5. Excusus: Sur les receveurs du domaine qui succédèrent à Pierre Legendre7. NICOLAS GUILLOTIN (1573-1582...) 7.1 Sur les origines et le grand-père de Nicolas Guillotin7.2. Sur les parents de Nicolas Guillotin 7.3. Nicolas Guillotin procureur du roi 7.4. Sur un annoblissement des procureurs du roi à Étampes en 15767.5. Sur son épouse, demoiselle Ithière Lucas 7.6. Sur la descendance de Nicolas Guillotin 8. NICOLAS BERJONNEAU (...1587-1589) 8.1. Origine cognaçaise de Nicolas Berjonneau 8.2. Antécédents de Nicolas Berjonneau 8.3. Sur sa femme et son beau-père, le maire Étienne Poignard 8.4. Nicolas Berjonneau procureur du roi8.5. Comment il fut pendu 8.6. Ascendance de Nicolas Berjonneau 8.7. Excursus: les procureurs du roi en l’élection d’Étampes 9. SIMON ÉGAL (...1591-1616) 9.1. Sur le père et la mère Simon Égal 9.2. Simon Égal neveu de François Bidault? 9.3. Sur la fratrie de Simon Égal 9.4. Antécédents de Simon Égal 9.5. Simon Égal procureur du roi 9.6. Sur la femme et la belle-famille de Simon Égal 9.7. Sur la descendance de Simon Égal 9.8. Sur le successeur de Simon Égal, Isaac Blanchard ÉLÉMENTS DE SYNTHÈSE
 



BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE

Édition

     Bernard GINESTE [éd.], «Les procureurs du roi à Étampes au XVIe siècle (étude prosopographique,)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-16-procureursduroi.html, 2010.

Sur ce sujet

     Gustave DUPONT-FERRIER, «Procureur, in ID., Les officiers royaux des bailliages et sénéchaussées et les institutions monarchiques locales en France à la fin du moyen âge [25 cm; XXXIV+1043 p.; 2 folios de cartes dont 1 dépliant], Chartres, Émile Bouillon [«Bibliothèque de l’École des hautes études. Sciences historiques et philologiques» 145], 1902, pp. 146-158
     Dont une réédition: [23 cm], Genève, Slatkine, 1974.
     Dont une réédition numérique en ligne sur le site Archive Archive, http://www.archive.org/details/lesofficiersroy00fergoog, en ligne en 2010.

     Paul DUPIEUX, «Le Procureur», in ID., Les Institutions royales au pays d’Etampes (Comté puis Duché: 1478-1598), par Paul Dupieux, architecte-adjoint de la Seine. Ouvrage couronné par l’Institut [in-8°; XIX+288 p.; gravure; carte], Versailles, Mercier [«Bibliothèque d’histoire de Versailles et de Seine-et-Oise, publiée sous les auspices de la Société des sciences morales, lettres et arts de Seine-et-Oise (Académie de Versailles)»], 1931, pp. 84-85.

Sur le XVIe siècle étampois

     COLLECTIF, «Le Seizième siècle étampois (documents mis en ligne par le Corpus Étampois)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-16esiecle.html, depuis 2008.



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