CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Albert Tordin
Un monteur d’avion à Villesauge
carte postale, 9 mai 1918 
 
Collection Rameau: Etampes, Ecole Militaire d'Aviation de Villesauvage, Route N°20, Direction d'Etampes (1918)
     Collection particulière © 2002 Corpus Etampois
 
     Albert Tordin, qui paraît originaire de Clermont Ferrant, est monteur d’avion Bréguet à Villesauvage en 1918. C’était probablement un employé de la firme Michelin.
B.G.
  
  
Albert Tordin
Un monteur d’avion à Villesauge
carte postale, 9 mai 1918


Albert Tordin, monteur d'avion: Lettre d'Etampes à Georges Richard, 9 mai 1918
Collection particulière © 2002 Corpus Etampois

TRANSCRIPTION
 
 
CARTE POSTALE

   
[A l’envers:] Je termine ma carte en te serrant bien la poigne cordialement ansi qua toute ta familles [sic] Ton copain A Tordin Si tu me répond [sic] ne mets pas de timbre. Voici mon adresse, Albert Tordin Monteur d’Avions Breguet Michelin R.G.A. Etampes. S.O.    
Souhaite le bonjour a Alexsi [sic]
CORRESPONDANCE
ADRESSE 
     Etampes le 9-5-18    
     Mon vieux Georges et Mme    
     Excuse moi de mon long silence car je ne suis pas encore complètement revenu de mon départ. la fête continue mais je me voit [sic] forcé d’arretter [sic] vu le manque de fond. Je te dirai que je ne suis pas très mal ni très bien, mais enfin ces [sic] la guerre. Je donne une vu [sic] du pays ou [sic] je suis, comme un homme des bois. enfin J’espère que tu ne m’en voudras pas. la prochaine fois Je te ferai un lettre [sic] avec plus de détails
Mr et Mme Georges Richard
18 Rue St Rose
Clermont Fd
Puy-de-Dôme
 
 
 
COMMENTAIRE 
 
     J’ai acheté le 8 septembre 2002 cette carte postale à la brocante de la base de loisirs. Merci à toute personne détenant des informations sur Albert Tordin et les monteurs d’avions de Villesauvage pendant la Grande Guerre, de les communiquer à notre Corpus

      Les liens d’Albert Tordin, monteur d’avions Breguet-Michelin à Étampes en 1918, avec la famille Richard, de Clermont-Ferrand, permettent de supposer avec vraisemblance qu’il était un employé de la firme Michelin.
   

     Les frères André et Édouard Michelin, en effet, participaient intensivement à l’effort de guerre, en produisant à Clermont-Ferrand des bombardiers, dont ils avaient acquis la licence de fabrication depuis le début des hostilités, auprès des frères Louis et Jacques Breguet.    
     Voyez ce qu’en disent Gérard Hartmann, ainsi que le site du Lycée professionnel Roger-Claustres de Clermont-Ferrand, cités tous deux plus bas. Il est vraisemblable que ces avions arrivaient en pièces détachées à l’aérodrome militaire de Villesauvage, sur la Nationale 20, où un personnel détaché par Michelin supervisait le montage. En 1918, Tordin monte probablement des BM XIV, que le capitaine Champeaux a surnommé l’avion de la Victoire.  
     Une image que nous empruntons au site du Lycée Claustres permet d’imaginer dans quel cadre pouvait travailler un monteur d’avions Breguet-Michelin pendant la Grande Guerre; Albert Tordin avait probablement d’abord travaillé dans cet atelier clermontois.  
     B.G., 8 septembre 2002

   Tordin est sans doute arrivé à Villesauvage en même temps qu’Aimé Duplaix, mécanicien originaire de la même région, dont nous avons mis en ligne une carte en date du 13 mai de la même année.

B. G., 17 janvier 2007.


   
ANNEXE 1

Gérard Hartmann
 
Les premiers appareils Bréguet [extraits]
 
pgts.free.fr/etudegh/breguet.pdf [en ligne en 2002]
 
     [p.10] [...] Les frères Bréguet avaient étudié un bombardier en 1913, basé sur le biplan U3, avec une nacelle remplaçant le fuselage. La nacelle comporte un poste de mitrailleur à l’avant, suivie du poste de pilotage, le moteur étant monté à l’arrière. Ce nouveau type, qui reçoit un solide train d’atterrissage, est capable d’emporter 250 kg de bombes; il est baptisé BU3. Dès le début des hostilités, les frères André et Édouard Michelin décident d’offrir à l’Armée cent appareils de bombardement. C’est le Breguet BU3 qui est choisi. Une trentaine d’appareils est produite chez Breguet à Villacoublay avant que Louis Breguet ne cède la licence de fabrication du bombardier à Michelin.    
[Ici, une illustration: «Breguet BU-3 militaire (début 1915).»] 
     La firme de Clermont-Ferrand produit une centaine de bombardiers BUM (Breguet-Unné Michelin) en 1915, équipés du moteur Salmson M9 de 130 ch, remplacé en 1916 par un V12 Renault de 200 ch. Sur la version à moteur Salmson, les deux réservoirs d’essence sont placés sous le plan d’aile supérieur. Construits à quelques dizaines d’exemplaires, les bombardiers à moteur Renault sont appelés Breguet Renault-Michelin ou BLM. Il existe deux variantes de ce dernier type, le BLM-1 à réservoirs d’essence placés dans la nacelle fuselage et le BLM-2 avec réservoirs d’essence dans les ailes.   
[«Le Breguet-Michelin type BUM à moteur Salmson de 130 ch. (Musée de l’Air).»]
     En décembre 1914, cinq escadrilles françaises équipées de biplans Maurice Farman et de Voisin se spécialisent dans le bombardement aérien. En janvier 1915, le grand quartier général décide de porter le nombre de ces escadrilles à vingt. Le premier groupe de bombardement français (G.B. I) est formé en mai 1915. Mais les missions de bombardement au-dessus de l’Allemagne sont encore hors de portée des appareils existants.   
[«Breguet-Michelin type B2 à moteur Renault de 200 ch (1916). »]
     Le Breguet-Michelin est choisi en octobre 1915 par l’état-major des Armées à l’issue d’un concours de bombardier pour ses capacités à frapper les usines allemandes de la région d’Essen. Deux versions à moteur Renault 200 ch sont produites, le B2 bombardier biplace (financé et armé par la firme Michelin) capable de porter 40 bombes de 7 kg à 400 kilomètres de sa base, et le M4 type Ca2, un chasseur d’escorte [p.11] des bombardiers biplace, armé d’un canon Hotchkiss de 37 mm placé à l’avant. [...]   
     [p.14] [...] A l’automne [1916] de nombreux bombardiers Breguet tombent sous les balles allemandes. Voler sur un avion de bombardement Breguet devient la hantise des pilotes. Breguet développe une nouvelle version de son chasseur bombardier, basé sur le précédent, propulsé par un moteur plus puissant, le V12 Renault 12Ec de 235 ch, un appareil robuste et très rapide, produit à plusieurs dizaines d’exemplaires. Malheureusement, en octobre 1916, après un raid de bombardement désastreux sur la région d’Oberndorf en Allemagne occidentale où les trois quarts des équipages sont perdus, les Breguet 5 sont interdits de bombardements diurnes. Le 12 octobre au-dessus de Rustenhart, c’est l’occasion pour l’as allemand alors débutant Ernst Udet d’enregistrer sur un Breguet-Michelin sa seconde victoire aérienne.   
[«Le Breguet type XI ou « corsaire » (1916). »]
     En réponse à un programme de bombardiers ultra rapides émis par l’état-major, les frères Breguet proposent en 1916 le Breguet type 11 ou «Corsaire», un très grand biplan de 27,70 [p.15] mètres d’envergure propulsé par trois moteurs Renault 8 Gd de 220 ch. Les essais sont satisfaisants, mais l’état-major hésite à aligner de tels monstres en escadrilles. [...].
Gérard Hartmann, pgts.free.fr/etudegh/breguet.pdf (en ligne en 2002).

ANNEXE 2

Lycée Professionnel Roger-Claustres
 
L’Avion Breguet-Michelin, série IV
 
page web [en ligne en 2002]
   
     Dès 1912, les frères Michelin avaient attiré l’attention des autorités de doter le pays d’une aviation moderne. En août 1914, dès le début du 1er conflit mondial, Michelin propose au Gouvernement français de construire gratuitement, dans ses ateliers de Clermont-Ferrand, 100 appareils équipés de moteurs fournis par l’état. Ces avions devraient avoir une autonomie de 400 km et emporter une charge totale de 800 kg à 2000 mètres d’altitude. Louis Bréguet, constructeur d’avions, réalise l’étude et son projet est accepté.  

     L’hélice des premiers appareils situées à l’arrière de la carlingue était fréquemment endommagée par les projections de terre et de boue. Pour remédier à cet inconvénient, Michelin décide de construire en urgence un ensemble bétonné comprenant une piste bétonnée de 400 m de long et de 20 m de large ainsi que les bretelles d’accès la reliant aux différents hangars.Un vestige de cette piste en dur, la première réalisée au monde, se trouve intégrée au monument commémoratif sur le parvis de l’aérogare.  
   

Montage des nacelles en novembre 1916 (à Clermont-Ferrand)
Montage des nacelles en novembre 1916 [à Clermont-Ferrand]
   
     Les appareils suivants seront cédés à prix coûtant. Quatre types d’avions seront successivement fabriqués par Michelin entre 1914 et 1918: 10 BM I ET BM II, 200 BM IV, 1584 BM XIV. Le premier vol aura lieu le 14 juillet 1915. Dès 1916, un terrain situé à Aulnat sert de piste de décollage aux premières escadrilles. Le premier BM IV, équipé d’un moteur Renault de 240 chevaux, est réceptionné le 24 avril 1916. Le dernier qui sortira des ateliers de Clermont-Ferrand, le 12 mai 1917, sera remplacé par le BM XIV, doté d’une hélice à l’avant, plus performant et sera fabriqué en 1584 exemplaires jusqu’en 1918.
     Site officiel du Lycée professionnel Roger Claustres de Clermont-Ferrand (version de décembre 2001), http://perso.wanadoo.fr/claustres/activites/Breguetmichelin/breguetmichelin.htm (en ligne en 2002, mais non plus en 2007).
 
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
 
Sur Albert Tordin

     Bernard GINESTE [éd.], «Albert Tordin: Un monteur davion à Villesauvage (carte postale, mai 1918)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19180509tordin.html, 2002. 

     SGA (Secrétariat Général pour l’Administration du Ministère de la Défense de la Républicaine française) [éd.], «Les personnels de l’aéronautique militaire 1914-1918», in ID., Mémoire des hommes, http://www.memoiredeshommes.sga.defense.gouv.fr, en ligne en 2006.
      «La base de données du personnel de l’aéronautique militaire de la Première Guerre mondiale résulte de la numérisation et de l’indexation d’un fichier conservé par le département Air du Service historique de la défense au château de Vincennes. Il comprend plus de 74 000 fiches de personnels ayant appartenu à l’aéronautique militaire au cours de la Grande Guerre». Tordin n’est pas répertorié sur cette liste, ce qui signifie probablement qu’il était alors employé civil.
     Bernard GINESTE [éd.], «Aimé Duplaix: Un mécanicien à Villesauvage et Mondésir (carte postale, 13 mai 1918)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19180513duplaix.html, 2007
 
Sur le montage des Bréguet-Michelin
      
     Capitaine Antoine CHAMPEAUX, «Michelin et l’aviation: de l’aéro-cible au Breguet-Michelin XIV B2, l’avion de la Victoire», in Revue Historique des Armées 1 (1995), pp. ?-?.  
  
     LYCÉE PROFESSIONNEL ROGER CLAUSTRES DE CLERMONT-FERRAND, «L’Avion Breguet-Michelin, série IV» [page web], in ID., Site officiel, http://perso.wanadoo.fr/claustres/activites/Breguetmichelin, en ligne en 2001 (n’est plus en ligne en 2007).  
  
     Gérard HARTMANN, «Les premiers appareils Breguet» [15 pages; illustrations], http://www.hydroretro.net/etudegh/breguet.pdf, sans date (en ligne depuis au moins 2002), en ligne en 2007, p. 10-11 & 14-15.  
 
Autres cartes postales anciennes  pendant la Grande Guerre

     Bernard GINESTE [éd.], «J. Genieys, élève-pilote: Lettre à Émile Genieys (6 décembre 1917)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19171206genieys.html, 2001.

     Bernard GINESTE [éd.], «Albert Tordin: Un monteur davion à Villesauvage (carte postale, mai 1918)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-19180509tordin.html, 2002.

     Jean-Michel ROUSSEAU & Bernard GINESTE [éd.], «Dépôt de Prisonniers de Guerre d’Étampes: Cartes postales en franchise (1916-1919)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cpa-es-depotdeprisonniers.html, 2006.


     Bernard GINESTE & François BESSE [éd.], «Max Boucher: Lettres aux Flizot (1913-1918)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-maxboucher1913auxflizot.html, 2006.

     Bernard GINESTE [éd.], «Foyer du Soldat d’Étampes: Cartes postales (1918)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cpa-es-foyerdusoldatdetampes.html, 2007.

     Bernard DUCLOS, Jean-Michel ROUSSEAU & Bernard GINESTE [éd.], «J. Talabot: Un Bonjour de l’Aviation Militaire d’Etampes (carte postale, 1917)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cpa-es-talabot.html, 2007. 
 
Étampes et l’Aviation dans le Corpus Étampois

     Bernard GINESTE, «Étampes et l’Aviation: quelques documents», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-aviation.html, 2006.

Le Pays d’Étampes pendant la Guerre de 1914-1918

     COLLECTIF, «Le Pays d’Étampes pendant la guerre de 1914-1918: documents en ligne», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-14-18.html, depuis 2012.


Toute critique, correction ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
 
Explicit
   
SommaireNouveautésBeaux-ArtsHistoireLittératureTextes latinsMoyen Age NumismatiqueLiensRemerciementsAssociationNous écrire - Mail