CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Dom Basile Fleureau 
Du siege d’Estampes en 1652.
Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, I, 44. 
1668
 
Etampes au XVIIe siècle (gravure de Tassin)
 Etampes vers 1636 (gravure de Tassin)

     Voici le récit par Fleureau des événements de 1652 à Étampes, dans une deuxième édition numérique illustrée (mai 2007). On donne en note des notices sur les personnages cités par Fleureau, notices qui seront ultérieurement complétées. Le Corpus Étampois a déjà mis en ligne également le témoignage de René Hémard et la magnifique élégie latine de Pierre Baron, alors maire, éditée et traduite par Pinson.
 
     La saisie des textes anciens est une tâche fastidieuse et méritoire. Merci de ne pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
      
Les Antiquitez de la Ville et du Duché d’Estampes
Paris, Coignard, 1683
Première Partie, Chapitre XLIV,
pp. 267-283
Du Siege d’Estampes
 
CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT

 
PREMIERE PARTIE. CHAPITRE XLIV.
Recit veritable de ce qui s’est paßé au siege
de la Ville d’Estampes en l’année 1652.
Édition 2a (mai 2007)
 
 
Loüis XIV. Roy de France.
Cesar de Vendôme.
Loüis de Vendôme.
Ducs d’Estampes.
 
Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé (peint par David Teniers le jeune)       L’Histoire generale nous apprend les causes, le commencement, le progrez, & la fin des mouvemens de la France, en 1652. Pour moy je remarqueray icy seulement ce qui regarde la Ville d’Estampes, faisant un recit succint de ce qui s’y est passé pendant ces mouvemens. Le Prince de Condé, & les Ducs de Beaufort, & de Nemours, qui s’étoient tous rendus à Montargis avec leurs troupes, après le combat de Bleneau, laissans leur armée sous la conduite de leurs Lieutenans Generaux, se rendirent en diligence auprés du Duc d’Orleans à Paris, pour prendre Conseil, sur ce qu’il devoient faire, & sur tout, pour trouver les moyens de maintenir toûjours la Ville de Paris dans leurs interests, dont il y avoit quelque apparence qu’elle se vouloit separer; le peuple commençant à supporter avec impatience l’absence du Roy, & écoutant volontiers qu’on parlât de procurer son retour. Ils se resolurent de faire approcher leurs troupes de Paris, & ils envoyerent les ordres necessaires pour les faire venir: & la nuit du vingt-uniéme jour d’Avril toute cette armée, qui commençoit à souffrir beaucoup faute de pain, & qui n’avoit subsisté que par l’abondance du vin, qu’elle avoit trouvé dans les Ports de Montargis, décampa, & prit sa marche vers Paris, pour s’y rendre au plûtôt, si elle n’en eût esté empéchée par celle du Roy, qui étoit aussi en marche le long de la riviere d’Yonne & de Seine pour prendre le devant. Cette armée étant arrivée de Montargis le mardy au soir, aux environs de Milly, & de Maisse, l’avant-garde s’avança vers la Ferté Aalés pour s’en saisir: mais les premiers qui se presenterent à la porte ayant appris que l’armée du Roy étoit de l’autre costé de la Ville, & que déjà quelques troupes commençoient à y entrer, ils retournerent au plus viste en donner avis à leurs Chefs, lesquels s’assemblerent aussi-tôt au Conseil, pour voir ce qu’ils avoient à faire en une rencontre si imprevûë. Les avis furent divers, les uns opinerent de retourner d’où ils étoient venus, ou vers Orleans, & les autres proposerent de venir à Estampes pour se tenir, au [p.268] moins, à couvert des murailles de la ville. Cet avis souffrit des difficultez, à cause du peril qu’il y avoit d’arriver de nuit aux Portes d’une ville, dont ils n’étoient point assurez. Neanmoins sur la remontrance que le sieur de la Boulaye fit, qu’il étoit connu de quelques-uns d’Estampes: qu’il y étoit venu, & y avoit passé pendant les mouvemens de Paris, & qu’apparemment on ne luy refuseroit pas l’ouverture de la Porte, lors qu’il la demanderoit de la part de Monsieur de Beaufort, seulement pour y faire passer l’Armée, pour la mettre à couvert de la riviere. Cet avis fut agréé, & aussi-tôt on marcha du costé d’Estampes: sur les dix heures du soir, le sieur de la Boulaye, suivy des Chefs de l’Armée, se presenta à la barriere du Faux-Bourg de saint Pierre, la plus proche de l’Eglise, où, par mal-heur, le Capitaine n’étant pas au Corps de Garde, les Païsans qui la gardoient, aussi-tôt qu’ils oüirent le nom de la Boulaye, qui parloit de la part de Monsieur de Beaufort, ils la luy ouvrirent.
Les ducs d'Orléans et de Beaufort devant le jeune Louis XIV
Louis XIV et les ducs d’Orléans et de Beaufort
(à gauche in texto: portrait du Grand Condé)

Gaston duc d'Orléans, par Antoon van Dyck
Gaston, duc d’Orléans
 
     Au premier bruit de l’arrivée de cette armée, tous les habitans tant du Faux-Bourg que la Ville se mirent sous les armes sans y avoir esté excitez par aucune alarme, & coururent du côté où l’ennemy paroissoit, pour luy resister, comme il avoit resolu en une assemblée de ville tumultuairement faite, où l’on avoit dit qu’il n’y avoit qu’une partie de l’Armée aux Portes. Deux Officiers du Roy, habitans de la Ville, l’un des Gardes du Corps du Roy, & l’autre de l’Artillerie, aussi-bien qu’un Bourgeois Capitaine d’une des Parroisses de la Ville furent des premiers, & s’opposerent autant qu’ils pûrent [sic], pour empêcher l’entrée de cette Armée, remontrant aux Chefs, qu’il leur seroit plus facile de passer la riviere par d’autres lieux qu’ils offroient de leur enseigner, que par dedans la ville; à cause de quelques ruës étroites par où il falloit de necessité passer. Ce qui fut aussi fortement soûtenu par quelques autres habitans, survenues un peu après lesquels du depuis se moquant du peril qu’il y avoit d’y resister, & ne pouvant se resoudre d’abandonner leur ville & leurs familles en cet état, se virent obligez de continuër leur zele, & resistance avec moins de bruit, pour tâcher aux occasions, de servir avec plus de fruit, ne craignant rien moins que de se perdre, pourveu que ce fût en gens de bien & d’honneur, & utilement pour leur Patrie & le service de leur Roy, mais ce n’étoit pas le dessein de ces troupes de passer seulement, elles sçavoient qu’il y avoit des bleds dans la ville, pour les faire subsister long-temps: & que l’Armée du Roy, qui les poursuivoit, viendroit [p.269] difficilement les attaquer. C’est pourquoy leur Canon étant arrivé pendant ce pourparler assez long, on n’usa plus de prieres mais de menaces, si bien que n’ayant point de nouvelles de l’armée du Roy, ny de garnison, ny d’esperance de secours, il falut ceder à la force & à la surprise de ces troupes, qui ne cherchoient, particulierement les étrangers, que des pretetes de vol & de pillage. Il fut neanmoins accordé avec les Chefs, qu’on ne logeroit dans la ville que l’Etat major, & les Soldats dans les Faux-Bourgs. Mais comme ceux-cy entroient de jour dans la ville, ils y faisoient tant de desordres, que pluieurs habitans furent contrains d’abandonner leurs maisons, & leurs biens pour se retirer ailleurs. 
François, duc de Beaufort
François de Beaufort, dit le roi des Halles
     L’armée du Roy s’avança de la Ferté Aalés à Châtres sous Montl’hery, où elle campa, ostant par ce moyen l’esperance à ceux qui estoient à Estampes de se rendre aux environs de Paris, comme ils avoient projetté. Les Maréchaux de Turenne & d’Hoquincourt [sic], qui sçavoient bien que l’Armée des Princes se vantoit d’avoir remporté de l’avantage sur celle du Roy à Bleneau, cherchoient les moyens d’avoir leur revanche. Pour y parvenir plus aisément, à cause qu’ils ne pouvoient la venir attaquer, qu’en faisant tenir à leur armée le chemin de Chartres, ils semerent le bruit que les vivres leur manquoient au Poste de Châtres, & qu’ils étoient contraints de décamper pour aller vers Chartres, où il y avoit abondance de bleds. Pendant que l’on entretenoit tout le monde de ce bruit, qui étoit commun dans Estampes même, ces Generaux firent reconnoître les postes, les fortifications, & l’ordre de la garde que tenoit jour & nuit l’Armée qui étoit à Estampes, en attendant quelque occasion pour executer leur dessein. Mademoiselle, par un élève de Pierre Mignard Mademoiselle avoit toûjours sejourné à Orleans, depuis qu’elle s’y transporta de Paris, pour maintenir cette ville dans le party des Princes. Sur l’avis que le Roy s’étant rendu à Saint Germain en Laye, l’on avoit donné ouverture à un accommodement, elle se resolut d’aller à Paris. Elle arriva à Estampes le deuxiéme jour de May: les Lieutenans Generaux, & les Chefs des troupes qui y étoient, allerent, pour luy faire honneur, au nombre d’environ huit cent chevaux, la recevoir bien loin hors de la ville. Aussi-tôt qu’elle fût [sic] arrivée à Estampes elle depécha un Courier à Monsieur de Turenne pour obtenir de luy un sauf-conduit pour passer à Paris. Ce General qui se comportoit en tout avec beaucoup de prudence, fit reponse qu’il n’en pouvoit donner qu’auparavant il n’eût donné avis au Roy de ce qu’on luy demandoit: [p.270] & qu’il alloit depécher un exprés à la Cour, & que le lendemain il envoieroit la reponse, comme il fit, envoiant à Mademoiselle le Passeport qu’elle avoit souhaité. Il proposa à monsieur d’Hocquincourt, & aux autres Officiers, qu’il jugeoit à propos d’executer ce qu’il y avoit long-temps qu’ils meditoient, & qu’il leur seroit facile d’en venir à leur honneur: parce que si les seuls Chefs sortoient d’Estampes pour accompagner Mademoiselle, comme ils avoient fait pour la recevoir, ils pourroient les couper entre la ville, & les empécher d’y entrer: ou s’ils mettoient toute l’armée en bataille pour la luy faire voir, il tenoit pour infaillible, que sur les avis que les Chefs recevroient de leur marche, & de leur approche, ils feroient défiler l’infanterie pour reprendre ses quartiers, & dans cette confusion, ils auroient bon marché de la cavalerie, & emporteroient facilement le quartier S. Martin, qu’ils avoient fait reconnoître: ou qu’en tout cas, s’ils faisoient ferme, ils se battroient genereusement.  
Turenne par Philippe de Champaigne
Turenne

Mademoiselle peinte en Minerve par Louis Elle
Anne-Marie de Montpensier, dite Mademoiselle
peinte ici en Minerve par Louis Elle
     Tous ceux qui étoient au Conseil conclurent d’une commune voix qu’il n’y avoit rien à differer. Les ordres furent donnez à l’infanterie, & à la cavalerie de se mettre en estat de marcher, avec six pieces d’artillerie. La garde du camp fut donnée aux Regimens de Ralle, de Bourlemont, & à celuy de la Couronne, d’infanterie, & à ceux de Marcoussi, & de Lamet de cavalerie. De Châtres à Estampes, il y a cinq lieuës; de sorte que pour y arriver le matin, l’armée marcha une partie de la nuit prenant son chemin par le village de Villeconin, & Folleville; & aussi-tôt qu’elle fut hors des chemins creux, & des défilez, à mesure que les troupes entrerent dans la plaine, qui est entre le village de Boissi-le-sec, & celuy de de Chesnay [sic], elles se mirent en ordonnance de bataille: puis elles prirent leur marche, & la continuerent par toute cette plaine, de plus d’une lieuë, & demi de long, jusques au bout le plus proche du fauxbourg qu’ils vouloient attaquer. On mit le canon sur le bord de la colline, dont la pente est fort roide, & la largeur de la plaine au bas, n’est pas de plus de cinquante à soixante pas; de sorte que les bataillons d’infanterie, qui devoient attaquer ne purent pas se redresser facilement. On assigna les postes aux escadrons de cavalerie, & dans les intervalles, on y mit des hommes tirez de tous les corps de l’infanterie. Monsieur de Turenne, prit la charge d’attaquer par le bout le plus proche de la ville, pour se saisir du pont, par dessus lequel on entre dans le reste du fauxbourg; & Monsieur d’Hocquincourt se chargea d’attaquer [p.271] par l’autre bout du côté d’Orleans, où l’on fit passer un gros de cavalerie, qui se posta sur l’éminence opposée à la porte.  

La porte de Paris, les murs et la Tour de Guinette au début du XVIIIe siècle
     L’armée des Princes étoit sortie dés le matin, & s’étoit mise en bataille sur la plaine qui est devant, & aux environs du lieu appelé Guynette.  

     La porte de Paris, les murs et la Tour de Guinette au début du XVIIIe siècle (huile sur toile conservée au Musée d’Étampes, qui passe pour une copie XIXe siècle d’un tableau perdu du début du XVIIIe siècle, par Philippe Delisle) (B.G.)
     Les desseins des Lieutenans Generaux étoient de faire ce jour-là, une reveuë generale de leurs troupes: mais comme ils receurent avis que l’armée du Roy étoit en marche: Et qu’aussi-tôt ils l’apperçeurent [sic] dans la plaine, qui marchoit en diligence, & en bel ordre, ils connurent bien que ce n’étoit point pour aller à Chartres, comme le bruit en avoit couru, mais qu’elle avoit dessein de les venir attaquer. Le Baron de Clinchamp proposa de disposer les troupes au combat, considerant qu’elles étoient en un lieu fort avantageux: mais le Comte de Tavannes, qui avoit en tout le principal commandement s’y opposa, disant qu’il n’avoit point d’ordre de combatre; mais seulement de se deffendre, si on l’attaquoit: & à l’instant il fit défiler, & rentrer les troupes dans la ville, bordant toutes les murailles d’infanterie. Les regimens de Condé, & de Bourgogne, avec sept autres Allemans d’infanterie se retirerent dans le fauxbourg de S. Martin, qui étoit leur quartier; & les regimens de Vitemberg, & de Brouk de cavalerie passerent au de-là, dans la plaine du petit saint Mard, où ils se mirent en bon ordre, pour soûtenir autant qu’ils pourroient leur infanterie. Toutes les choses étant en l’état que j’ay dit, le Vicomte de Turenne fit donneur [sic] entre neuf et dix heures du matin, dans le poste qu’il avoit entrepris d’attaquer, par des hommes du regiment de Picardie, soûtenus du reste de leurs corps, & de celuy d’Uxelles, & de Turenne. Les enfans perdus conduits par un Officier de Picardie, tous l’épée à la main donnerent d’abord avec tant de vigueur, par la ruë qui passe au long du moulin qui est au dessus du pont, qu’ils couperent les regimens de Condé, & les Allemans: forcerent le regiment de Bourgogne: & entrerent jusques à l’Hôpital de saint Jean, d’où ils furent puis après repoussez, jusques vers les moulins où ils furent si bien soustenus par les corps qui les suivoient, qu’ils demeurerent maîtres de l’entrée du fauxbourg par ce bout-là: & de la place qui est entre le pont des moulins, & la porte; dans les maisons de laquelle place ils mirent des fusiliers, qui empêchoient, par le grand feu qu’ils faisoient, d’y entrer, & de paroître le long de la ruë du haut pavé, où plusieurs Officiers sortis de la ville, furent tuez, à mesure qu’ils paroissoient sur le penchant.  

     [p.272] D’autres troupes donnerent en même-temps par la porte, dite de Chaufour, directement opposée au lieu où l’armée estoit campée: Et Monsieur d’Hocquincourt descendant de son poste comme un foudre, jetta une partie de son gros, contre la porte du côté d’Orleans, & l’autre partie se lança dans la plaine où étoit la cavalerie ennemie, qui lâcha le pied, & peu après se rallia le mieux qu’elle pût, & avec ce qui étoit aussi de cavalerie dans le haut pavé, traversa la ville au grand trot, & s’alla mettre en bataille sur la colline du côté de Pluviers, dite communément les Grouës de Vaurou, d’où elle put voir le retour triomphant de l’armée du Roy, après le combat. La partie de la cavalerie du Roy qui étoit entrée dans l’enclos, poussa vigoureusement tout ce qu’elle trouva d’ennemis devant elle, les contraignit de se reserrer dans des maisons, dans le cimetiere, & dans l’Eglise même, comme dans un dernier reduit, aux approches de laquelle il y eut un rude combat, qui dura longtemps, & à plusieurs reprises; ceux qui étoient dedans, au nombre d’environ cinq cent bons hommes, se deffendans avec beaucoup de cœur jusques à ce que se voyant assiegez de toutes parts des assaillans, sans esperance d’être secourus, ils se rendirent tous prisonniers de guerre. Ce ne fut pas seulement à l’Eglise, où les troupes du Roy trouverent de la resistance; mais elles furent contraintes de combatre en plusieurs maisons, & jardins, où des soldats s’étoient retranchez, dont il y en eut, qui n’ayant plus de munition de guerre, se servirent de pierres contre ceux qui les attaquoient. Enfin les gens du Roy demeurerent entierement victorieux, & pillerent tout le bagage de ceux qui y étoient logez.  
Louis d'or dit à la mèche longue (Rouen, 1652)
Louis XIV sur un louis de 1652
     D’abord que les troupes du Roy furent entrées dans le fauxbourg, la plus part des soldats, au lieu d’observer l’ordre qui leur avoit esté donné, & de se saisir des postes les plus avantageux, se jetterent dans des maisons pour y piller; ce qui auroit pû causer de la confusion & faire perdre l’avantage que l’on avoit sur les ennemis si au premier avis de ce desordre, le sieur de Varannes, qui servoit en qualité de volontaire auprés du Vicomte de Turenne, n’y fût venu par son commandement, & n’eût fait sortir des maisons les soldats, en les mettant tous en bon ordre dans le carrefour, & dans la place, qui est devant l’Eglise. Ayant rencontré sur ces entrefaites des soldats du Comte de Broglia, qui avoient pris prisonnier le Comte de Briole, il dit à ce Comte qu’il commandât aux soldats de son party, qui se deffendoient dans l’Eglise, de [p.273] se rendre, mais il n’en voulut rien faire. Pendant toute cette action qui dura depuis neuf à dix heures du matin jusques sur les quatre heures du soir, Monsieur de Tavannes, & les autres Lieutenans Generaux firent tout ce qu’ils pûrent pour secourir leurs gens; mais ceux du Roy, qui gardoient l’entrée de ce Faux-Bourg du côté de la ville, leur resisterent toûjours, avec tant de vigueur, qu’ils ne purent avancer jusques au pont qui est entre les moulins. Ils firent mettre pied à terre à la Cavalerie, mais inutilement. 

     Le Baron de Clinchamp qui commandoient les Etrangers, comme le plus interessé, s’y employa de tout son pouvoir, & se jetta hardiment au feu, où il receut un coup de mousquet tres-favorablement; car la balle demeura attachée dans son bufle, & s’applatit contre l’argent qu’il avoit dans son bourson, sans luy faire autre mal qu’une legere contusion. Le Regiment de Bourgogne, qui avoit été d’abord chassé de son poste, ne voulut plus retourner au combat. On fit sortir de la ville celuy de Languedoc, qui regagna quelques maisons de la place où est l’Ecce Homo; mais c’étoit sur le tard, & les gens du Roy se disposoient à leur retour, ayant déjà retiré tous leurs hommes du Fauxbourg, excepté ceux qui en gardoient l’entrée, & la place, que Monsieur de Turenne envoya retirer par un gros escadron de cavalerie. Il y eut plusieurs Officiers, & soldats tuez de part, & d’autre. Du côté du Roy le jeune Prince de Quincé, & le Comte Charles Broglia, qui avoient été plu avant dans la mêlée, furent blessez. Et de la part des Princes entr’autres le Colonel Brouk, Liegeois, fut tué d’un coup de mousquet au front. Il fut extremement regreté des siens, qui en faisoient une particuliere estime, pour sa bonne conduite, son experience, & sa generosité, jusques à dire, que par sa mort, leurs troupes étoient diminuées de deux mille hommes.
Tête de l'Ecce Homo conservée au Musée d'Etampes
     L’armée du Roy s’étant remise en bataille, sur les quatre heures du soir, reprit son chemin pour s’en retourner par la même plaine qu’elle étoit venuë, emmenant plus de quinze cent prisonniers, avec de tres-amples, & riches depouïlles. Elle alla camper aux environs d’Estrechy, & deux jours après elle arriva à Palaiseau, d’où nous la verrons bien-tôt revenir.

     Une si grande perte donna bien à penser aux Lieutenans Generaux, qui étoient à Estampes. Ils appliquerent tous leurs soins à rallier leurs troupes, qui diminuoient tous les jours, tant par les maladies, dont plusieurs mouroient, que par la desertion de plusieurs, tant soldats, qu’Officiers, qui se reiroient les uns par lâcheté, [p.274] & les autres, parce qu’ils ne croioient pas pouvoir avec justice, combatre contre leur Roy, & aussi parce que les païsans tuoient beaucoup de ceux qui alloient au fourage, particulierement des Allemans. Et pour conserver ce qui leur restoit, craignans que l’armée du Roy, ne les vint attaquer une seconde fois, voyans que la premiere luy avoit si bien reüssi, ils resolurent de retirer tous leurs gens, infanterie, & cavalerie au dedans des murailles de la ville, ce qui se fit le lendemain, cinquiéme jour de May. Les Allemans qui soupçonnoient qu’il y eût eu de l’intelligence en la defaite de S. Martin, voulurent avoir le poste le plus couvert: tellement que pour les contenter, on mit leur infanterie du côté des prez, depuis les porteraux, jusques vers le coing de Cocquerine: & on luy confia la garde de la porte de saint Pierre, qui étoit la seule par laquelle on pouvoit sortir pour se retirer, si l’armée du Roy fût venuë une seconde fois. La cavalerie Allemande fut logée dans les jardins, & le reste de la ville fut distribué à la cavalerie, & à l’infanterie Françoise: de sorte que les Etrangers étoient couverts d’un côté du marais, & de l’autre des François.  

     L’abondance de grains qui se trouva dans Estampes, où l’on en avoit amené de toutes parts, sous l’esperance, & le bruit que l’on avoit fait courir par la Beausse, que tout y seroit en assurance, & que cette ville seroit protegée par le duc de Mercœur qui étoit avec le Roy, & par le Duc de Beaufort, qui étoit du party des Princes; parce qu’elle étoit au Duc de Vendôme, & d’Estampes leur Pere, fut tres avantageuse à ces troupes refugiées, qui n’en pûrent être chassées par la faim, comme on l’esperoit; & encore plus aux Espagnols, qui eurent, à cause de cette abondance, le loisir de pourvoir aux moiens de retirer le reste de leurs troupes, qu’ils se repentoient d’avoir engagées si avant dans la France.
Plan de Melun vers 1644 par Tassin
César de Vendôme, duc de Mercoeur, par Balthazar Montcornet (1663)
César de Vendôme
, duc d’Étampes (1598-1665)

      Louis, fils aîné de César de Vendôme, qui portait du vivant de son père le titre de Duc de Mercœur.
Louis de Vendôme, duc d'Etampes à la suite de son père César

 
     Le Roy en son Conseil ne pouvant plus souffrir que l’armée ennemie se fût saisie d’une ville si proche de Paris, resolut de l’en faire sortir, ou de l’exterminer entierement. Le delay n’en pouvant étre que tres-prejudiciable à l’Etat; car l’on avoit déjà avis que les Espagnols traitoient avec le Duc de Lorraine pour venir dégager leurs troupes. Le Conseil trouva bon que l’on allât assieger, esperant de l’emporter avant l’arrivée du Duc de Lorraine. Pour le faire avec plus de commodité, le Roy passa de saint Germain à Melun, qui est plus prés d’Estampes, pour de là pourvoir avec plus de facilité aux choses necessaires au siege. Au premier avis de cette resolution, les Chefs de l’armée qui étoient à Estampes, [p.275] appliquerent toute leur industrie, & tous leurs soins à fortifier la ville tant dedans que dehors, aux postes qu’ils jugeoient  à propos de deffendre. Ils firent faire des palissades au long des fossez, & de fausses brayes en plusieurs endroits, specialement dedans le Port. Ils éleverent devant la Porte du Faux-bourg qui conduit à Paris, dite communément la Porte Evezard, une forte barricade de tonneaux. Le Regiment de Bourgogne eut ce poste à garder; la Porte de saint Jacques fut couverte d’une demi-lune, qui servoit aussi à favoriser les sorties de la Cavalerie par dedans le fossé. Le Regiment de Condé étoit à ce poste. La Porte du Château étoit défenduë au dehors d’un ouvrage en forme de demi-lune, & l’on avoit monté dessus deux Coulevrines qui tiroient au quartier du Roy, le Regiment de l’Altesse gardoit ce poste.
Louis d'or dit à la mèche longue (Rouen, 1652)
Louis XIV sur un louis de 1652
     Les Regimens de Valois & de Langeron étoient à la Porte dorée, qui étoit couverte aussi d’une demi-lune, par le flanc de laquelle on faisoit souvent des sorties. Le Regiment de Languedoc étoit à la Porte de saint Martin. L’angle de la Courtine de ce costé-là étoit couvert d’une demi-lune qu’on avoit élevée au delà du fossé.  

    Tous les Edifices tant dedans que dehors la ville proche des murailles furent rasez, même les murailles des clôtures des Cimetieres, quoy qu’elles fussent fort basses. Ceux qui entreprirent d’abatre la Chapelle de saint Jacques de Bedegon, qui est au bout du Cimetiere, du côté de Paris, furent par un effet visible de la divine Justice, écrasez sous les ruines. Le Comte de Tavannes fit mettre le feu dans les Faux-bourgs, au premier avis qu’il reçut que l’Armée du Roy venoit assieger Estampes. Et le Dimanche vingt-sixiéme de May, qu’elle s’approcha jusques à Estrechy, il fit derechef mettre le feu dans ce que la première incendie [sic] avoit épargné. Il y eut ce jour-là des escarmouches dans la Plaine des Sablons, entre les Coureurs du party du Roy & les Corps-de-gardes avancez des Princes. Le lendemain vingt-septiéme, le Vicomte de Turenne s’avança, & sur les dix heures du matin fit ouvrir une tranchée, depuis les Capucins jusques à la ruelle au Loup, qui aboutit devant l’Ecce Homo, ceignant ainsi toute la ville par le haut, d’une tranchée. Toute la Cavalerie sortit de la ville, & fit en plusieurs endroits, de grands efforts pour empécher les travailleurs, qui furent vigoureusement soûtenus par leurs gens. La premiere escarmouche se fit sur la Coline de Machefer, où ceux d’Estampes tenoient ordinairement un Corps-de-garde avancé de Cavalerie. [p.276] Cornelius, Bombier du Roy fut fait prisonnier, & amené dans la ville, où on le retint jusques à la sortie de l’Armée. On escarmoucha aussi vers le lieu de Guinete, où le Vicomte de Turenne, après s’en être rendu le maître, fit mettre du Canon avec lequel on bâtit quelque temps la vieille Tour du Château, mais inutilement à cause de la solidité de sa muraille. Les Assiegez eurent toûjours sur cette Tour un homme, qui découvroit ce qui se passoit au Camp du Roy, dont il donnoit incessamment avis.  

     Le Mardy au matin, Monsieur de Turenne fit dresser une batterie au droit de l’Eglise de saint Gilles: les Soldats du Regiment de Valois qui gardoient le poste le plus proche, sortirent sur les travailleur, & les contraignirent de quiter leur travail, auquel ils furent aussi-tôt ramenez par ceux qui les soûtenoient, & acheverent ce qu’ils avoient entrepris, en sorte que l’on y logea cinq pieces de gros Canon, qui ne fit pas grand effet contre la Courtine, parce que l’eminence de la coline empéchoit de le bien pointer. Sur les trois heures du soir, la Cavalerie sortit de la ville, & s’étant mise en Escadrons au dessus des fossez, alla deux fois à la charge contre ceux qui gardoient les trenchées [sic], qui les receurent avec  tant de vigueur que les assaillans n’en remporterent que des blessures: & quelques-uns resterent sur la place.  
     On notera que Fleureau semble ignorer que le roi a visité le camp de son armée le jeudi 29 mai et qu’un coup de boulet fut tiré dans sa direction par les assiégés (B.G.).
      Le Jeudy suivant, jour de la Fête du Saint Sacrement après midy, on fit une sortie generale de Cavalerie & d’Infanterie. Le bruit courut le matin que le Prince de Condé devoit arriver ce jour-là, & qu’on l’iroit recevoir. D’autres dirent qu’on iroit enlever le Canon de la batterie, ou du moins l’encloüer, & que la nuit precedente, un Officier de Valois, qui étoit sorty avec quelques Soldats, l’eût fait, s’il eût eu les choses necessaires ayant penetré jusques dans le lieu de la batterie. La Cavalerie se mit en bataille au dessus des fossez: dans les intervalles on mit l’Infanterie au milieu, tous s’avancerent genereusement, comme s’ils eussent voulu entrer par les embrazures, & neanmoins ils s’ouvrirent quand ils virent le feu du Canon  qui alloit tirer dans leur gros. Ils firent ferme environ à huit ou dix pas de la batterie dans laquelle un seul Gentil-homme, Franc-Comtois, qui commandoit une Compagnie de Cavalerie, entra à cheval, fut blessé de plusieurs coups de fusils & d’épées, & trois jours après mourut de ses blessures, fort regreté des siens, pour sa valeur. Les autres après avoir essuyé plusieurs décharges de mousqueterie, dont cette batterie, & les tranchées étoient garnies à double rang, se retirerent au lieu, d’où [p. 277] ils étoient partis. Ils se redresserent & allerent donner contre le petit Guinette, où ils ne gaignerent aussi que des coups. Le Vicomte de Turenne qui avoit esté averty par une Vedette, qui avoit découvert dés le matin que l’on se disposoit à une sortie, ayant, par sa prudence, & sa prevoyance ordinaire, garny de bonne heure ses lignes d’Infanterie, & fait monter à Cheval toute sa Cavalerie; il y eût [sic] plus de deux cent de ceux qui sortirent ce jour-là ou blessez ou tuez. Le Marquis de la Londe, Guidon des Gendarmes de l’Altesse mourut un ou deux jours après, des blessures qu’il avoit receuës.  
Le Grand Condé sculpté par Antoine Coysevox
Louis II de Bourbon-Condé dit le  Grand Condé
     Le samedy premier jour de Juin, le Vicomte de Turenne voiant l’incommodité que son Camp souffroit sur les hauteurs, à cause de la disette d’eau, il l’étendît [sic] du côté de saint Martin, où il logea de ses Regimens dans le Faux-bourg. Il fit aussi changer la baterie, & en dresser deux, chacune de quatre Canons, pour tirer contre la Porte de saint Martin, & contre la courtine qui est vers l’angle d’enhaut, afin que si l’on y eût pû faire une breche raisonnable, on y donnast [sic] l’assaut, dans l’esperance de se rendre maistre de deux grandes Places qui n’en sont pas éloignées. On tira ce jour-là deux cent soixante coups de Canon, qui n’eurent pas tout l’effet qu’on en esperoit: & parce que de la demi-Lune gardée par le Regiment de Languedoc, on auroit battu en flanc ceux qui seroient venus à l’assaut, Monsieur de Turenne, pour s’en rendre maistre, fit sur les onze heures du soir du même jour, donner dedans avec tant de vigueur, que ceux qui la gardoient furent contraints de l’abandonner aux assaillans, qui y logerent des hommes des Regimens de Picardie, & de Turenne. Ils en furent bien-tost repoussez, & comme ils se retiroient, ce Maréchal qui venoit à leur secours avec son Regiment, & ceux de Navaille, & de Picardie, leur commanda de regaigner le poste qu’ils avoient quitté, & à son Regiment de les soûtenir. Ceux qui étoient dans la demi-lune faisoient si grand feu, que les assaillans ne le pouvoient supporter, & se retiroient en quelque confusion, lorsque Betbesé, qui étoit à la tête du regiment de Turenne, entra dedans, planta sur le parapet l’Enseigne de son Bataillon, qui emporta cette demi-lune. Aussi-tôt on mit des travailleurs pour fortifier ce poste, en ce qui en dependoit: mais les assiegez ne pouvans souffrir les gens du Roy si prés d’eux, firent dés le matin une grande sortie de vingt Escadrons de Cavalerie & de trois gros Bataillons d’Infanterie, qui donnerent sur les travailleurs, en tuerent quelques-uns, repousserent ceux qui les [p.278] soûtenoient, & auroient forcé les lignes, si le Vicomte de Turenne n’y fût promptement accouru avec quelques Volontaires, suivis des Regimens de Trassy, de Nanteüil, de Navailles, & des Gardes du Roy, qui repousserent les Ennemis, & conserverent le poste que l’on avoit gaigné: de sorte que cette demi-lune fut prise et reprise jusques à trois fois, depuis les onze heures du soir jusques à sept heures du matin, que les gens du Roy l’abandonnerent, à cause qu’elle étoit trop commandée de la courtine, derriere laquelle les Assiegez avoient logé des Soldats du Languedoc, qui faisoient continuellement feu; mais ils n’abandonnerent pas le fossé de devant, où ils se logerent & tirerent une ligne jusques à leurs tranchées pour y venir à couvert. 
Turenne par Philippe de Champaigne
Turenne
     Il y eut bien des hommes tuez & blessez à ces prises & reprises: du côté du Roy, le sieur de Schombert Volontaire, étant proche le Duc d’York, fut blessé de deux mousquetades, & le Chevalier de Vieville, Fils du Sur-Intendant des Finances, fut aussi blessé & mourut de ses blessures. Le Marquis de Vardes, & Mancini Neveu du Cardinal Mazarin, eurent aussi leurs chevaux blessez. Du côté des Assiegez le Marquis de l’Eschelle, qui commandoit le Regiment de Valois fut tué, & deux ou trois autres Capitaines avec des bas Officiers.

     Les Assiegez n’eurent pas plûtôt reconnu que l’on avoit dessein de les forcer par le côté de saint Martin, qu’ils s’appliquerent à le fortifier: ils renverserent les maisons qui étoient prés de la Porte, terrasserent les murailles, & firent des retranchemens par derriere. La Cavalerie étoit emploiée à porter des Faleines; à quoy l’étrangere servit le mieux & l’Infanterie, & toute autre sorte d’hommes indifferemment, à remuër la terre, & à porter des fumiers. Quantité des plus considerables Habitans de la ville furent aussi contraints de travailler, ou de se racheter à prix d’argent. Le reste de ce jour-là, & partie du lendemain, & du Mardy quatriéme de Juin, furent emploiez à battre à coups de Canon la Porte & la Courtine: après quoy le Vicomte de Turenne fit sommer les Assiegez de se rendre, sinon que dans six heures il feroit donner l’assaut, avec menace de ne point donner de quartier. A cette sommation les Assiegez repondirent qu’ils recevroient l’assaut & qu’ils ne donneroient point aussi de quartier. Ils se mirent incontinent sous les armes, & chacun prit ses Postes, pour defenndre la breche que le canon avoit fait ans la Courtine, l’on y mit cinq cens Cavaliers à pied, armez de Faux emmenchées à l’envers. Le reste de la [p.279] Cavalerie fut distribué en divers endroits le long des remparts, pour passer sur le ventre à l’Infanterie du Roy à mesure qu’elle entreroit.  

     Le Mercredy cinquiéme on fit une batterie de quatre gros Canons au milieu de la ruë du Faux-bourg, à trente pas de la Porte, contre laquelle il fut tiré ce jour-là plus de deux cent coups de Canon. Le Pont-levis fut abbatu, & aussi-tôt les Assiegez y firent mettre le feu, & barricarder [sic] la Porte. On les somma une seconde fois de se rendre, avec de pareilles menaces que la premiere, & on répondit de même. Le lendemain sixiéme après quelques coups de Canon contre la Courtine, à laquelle il paroissoit une bréche suffisante pour passer six hommes de front, le Vicomte de Turenne commanda qu’on donnât l’assaut, l’Armée se mit en prieres, mais les Officiers des vieux Corps, ayans reconnu la bréche, representerent à ce General qu’elle étoit si haute qu’il étoit impossible d’y monter sans échelles. La Cavalerie de son côté, luy representa qu’elle ne pouvoit se batre à pied en ce lieu-là, & que si on combloit le fossé, elle entreroit à cheval par la bréche, si bien qu’il n’y eut point d’assaut donné.  

     Le lendemain septiéme les Assiegez firent une sortie, le combat dura environ une heure & demie, quelques troupes du Roy furent repoussées, puis l’on rentra; & incontinent après on vit de la ville, les chariots de l’armée du Roy chargez, & tout le Camp en feu, ce qui fit croire aux Assiegez qu’on levoit le siege. Ils envoyerent par tout de l’Infanterie pour escarmoucher: mais le General avoit mis son armée en si bon ordre, qu’il fut impossible de luy nuire, si ce n’est que l’on fit quelques prisonniers sur l’arriere-garde. Cette Armée campa à Estrechy, passa le lendemain la riviere d’Estampes & alla camper à Iteville prés de la Ferté Aalés, où elle sejourna jusques à ce qu’elle en partit pour aller à Ville-neuve S. George sur la riviere de Seine, charger les troupes du Duc de Lorraine, comme je diray dans la suite, & quelle fut la cause de la levée du siege, lequel si on eut continué encore huit ou dix jours, sans doute que les Assiegez eussent esté contrains de se rendre, non pas faute de vivres pour les hommes; mais faute de fourage pour les chevaux, ce qui mettoit les étrangers au desespoir, à cause de leurs femmes & de leurs enfans qu’ils avoient avec eux. 

     Dés le commencement du siege les habitans furent contraints, par les Chefs de l’Armée de porter leurs armes à la Maison de [p.280] Ville, où ils les firent prendre par leurs Valets, desarmant par ce moyen les habitans, & grossissans leurs troupes. Ils se saisirent du grenier à Sel, & en distribuerent aux soldats, ils se saisirent aussi des greniers où il y avoit des bleds, qu’ils firent conduire aux Cordeliers, dans leur magazin de vivres: ils tenoient leur poudres, & autres munitions de guerre, dans l’Eglise de sainte Croix. Pendant le siege on fit toutes les nuits des feux dans les ruës, en sorte qu’elles en étoient parfaitement éclairées, & tant la Cavalerie que l’Infanterie alloit commodement à la sourdine en tous les endroits où l’on jugeoit qu’il y avoit du peril. On jetta dans les fossez des fascines poissées toutes allumées, pour voir si les Assiegeans y décendoient: & souvent l’on fit décendre des soldats pour connoître s’il n’y avoit point de mineurs attachez en quelque endroit. Les principaux Chefs visitoient aussi pour ce sujet les caves de la ville qui aboutissoient prés des murailles. Durant les treize jours que la ville d’Estampes fut assiegée, on tira contre les endroits dont j’ay parlé, prés de huit cent coups de Canon. Les Assiegez firent vingt-deux sorties par diverses issuës, & en divers endroits, qui ne servirent qu’a faire connoître qu’ils ne manquoient pas de courage, ny de conduite en leur défense, ayant employé tout ce que la prudence humaine, & l’art de la guerre peuvent enseigner. 

     Les Princes n’étoient pas moins fâchez de la perte de leurs troupes, qui diminuoient tous les jours, que les Espagnols de l’entiere ruine des leurs qu’ils prevoioient inévitable, si elles n’étoient pas secouruës: de sorte que la méme raison qui obligea les Princes à demander aux Espagnols d’envoier le Duc de Lorraine à leur secours, porta ceux-cy à le leur accorder volontiers aussi, pour leur propre interest. Le Duc Charles de Lorraine avoit accoûtumé de faire tous les ans, un traité avec les Espagnols en Flandres, & de s’obliger à les servir moiennant une somme, dont ils convenoient au commencement de chaque Campagne. Il s’obligea donc au commencement de l’année 1652, d’entrer en France, & de venir faire lever le siege d’Estampes, pour degager leurs troupes. Son Armée étoit composée de quatre mille hommes de pied, & de cinq mille Chevaux avec quelques pieces d’artillerie. Il prit sa marche par la Champagne, pour passer la riviere de Seine au dessus de Paris. Le Duc d’Orleans, le Prince de Condé, & tous les autres Seigneurs de leur party allerent au devant de luy jusques au Bourget, & l’accompagnerent à son entrée à Paris. Le Roy, aux premiers [p.281] avis des approches du Duc de Lorraine, envoya le sieur d’Almeraz, Marêchal de Camp, avec cinq cens fantassins, & deux cent chevaux, se jetter dans Corbeil, pour conserver cette place, comme tres-importante au bien de ses affaires. On pourveût aussi aux autres places que l’on crût estre necessaire de conserver.
Plan de Corbeil vrs 1644 par Tassin
Charles IV de Lorraine
Charles IV de Lorraine
     Le Duc de Lorraine étant à Paris, visita plusieurs Seigneurs, & dames, entr’autres la Duchesse de Chevreuse sa parente. Cette Dame doüée d’un bel esprit, & adroite à se déméler d’une grande affaire, se prévalut de la jalousie qui est naturelle à la maison de Lorraine, contre les Princes du Sang, sur tout contre le Prince de Condé, qui étoit alors plus consideré que les autres par les Espagnols, pour faire comprendre à ce Duc qu’il ne devoit point secourir ceux, pour lesquels il étoit venu, parce qu’il n’en retireroit aucun avantage pour ses interests. Les discours de cette Dame penetrerent si avant dans l’esprit de ce Prince, qu’il resolut de s’en retourner sur ses pas: pourveu qu’on levât le siege d’Estampes. Monsieur de Châteauneuf ayant esté averty de la bonne disposition du Duc, en donna aussi-tôt avis à la Cour, d’où on luy envoya un pouvoir, en vertu duquel il traita secretement avec luy, que pour le mettre à couvert de sa promesse, & de tout le blâme qu’il pourroit encourir des Espagnols, on leveroit le siege d’Estampes, sous pretexte que l’état present des affaires du Roy l’y obligeoit: & que le lendemain de la levée du siege il partiroit, aussi, pour s’en retourner à la frontiere; & qu’on luy fourniroit des estapes convenables. Ce traité fut executé de la part du Roy, mais le Duc de Lorraine, au lieu de se retirer dés le lendemain de la levée du siege, comme il avoit promis, temporisa pour complaire aux Princes, qui luy firent entendre qu’encore que le siege fût levé, neanmoins leurs troupes qui étoient à Estampes, ne pouvoient passer vers eux; à cause que l’armée du Roy, étoit campée en un lieu, d’où elle les pouvoit beaucoup incommoder en leur marche, ou les défaire, si elles quittoient Estampes pour se rendre à Paris.
Marie de Rohan duchesse de Chevreuse, peinte par Claude Deuet en Diane chasseresse
Marie de Rohan, duchesse de Chevreuse
     Le Conseil du Roy ennuyé des delais du Duc de Lorraine, resolut de le contraindre à vive force de se retirer. L’ordre fut donné pour cela au Vicomte de Turenne, qui se mit aussi tôt en marche avec l’armée du Roy, après avoir laissé dans le camp d’Iteville quelques troupes pour la garde du bagage.

Plan de Melun vers 1644 par Tassin

     Un parti d’étrangers qui étoit allé d’Estampes vers Melun, où
[p.282] tous les principaux Officiers de l’armée du Roy étoient aussi allez au Conseil, rencontra le Comte Broglia, & deux autres Seigneurs François, qui en revenoient, & les amenerent à Estampes le vingt-deuxiéme jour de Juin au soir. Ces Officiers dirent au Comte de Tavannes, & aux autres Chefs, qui se trouverent avec luy, la resolution qui avoit esté prise au Conseil du Roy, & qu’assurement son armée marchoit contre le Duc de Lorraine. Les Chefs qui étoient à Estampes avoient receu ordre peu de jours auparavant, de se retirer à Paris, d’abord que l’armée du Roy seroit partie du lieu où elle étoit campée. Ils crurent, sur l’avis qu’elle avoit assurement decampé, qu’il devoient au plûtôt se retirer aux environs de Paris, suivant leur ordre: mais le Baron de Clinchamp n’en fut pas d’avis, disant que c’étoit croire trop legerement que de s’assurer à la parole d’un prisonnier: & que pour avoir plus de certitude de ce qu’ils devoient faire, il falloit envoier reconnoître le camp des ennemis; & depêcher aussi un Officier vers les Princes à Paris, pour sçavoir s’ils n’avoient point changé de sentiment, depuis quatre ou cinq jours qu’ils avoient envoyé l’ordre. Cet avis fut suivi; On commanda un party pour aller reconnoître le camp, & l’on depêcha en même-temps un Officier aux Princes. Mais avant que l’un, & l’autre fussent de retour, un Courrier du cabinet du Duc d’Orleans arriva sur les onze heures du soir, avec ordre au Comte de Tavannes de décamper au plûtôt pour se rendre avec ses troupes aux environs de Paris, que l’on esperoit par ce moien maintenir dans leur party, & en faire éloigner le Roy. Sur la minuit toutes choses furent disposées au depart, que l’on differa jusques après le retour du party que l’on avoit envoié le soir, reconnoître le camp, pour pouvoir, sur les nouvelles qu’il apporteroit, regler la marche. A huit heures du matin la cavalerie partit seule, laissant l’infanterie, & le bagage à Estampes. Puy l’ordre arriva vers une heure aprés midy, à l’infanterie de suivre avec le bagage: ce qui fut promptement executé, de sorte que le vingtroisième  jour de Juin à cinq heures du soir la Ville d’Estampes fut entierement vuide de cette armée, qui y avoit sejourné deux mois entiers. Elle se trouva aussi presque vuide d’habitans, parce que plusieurs étoient morts, & d’autres s’étoient absentez, & de ceux qui restoient la plus grande partie étoient languissans, & malades. Et il y a de l’apparence que cette miserable ville se ressentira encore long-temps des desordres de cette guerre, dont les funestes marques restent sur [p.283] les mazures de beaucoup de maisons qui étoient auparavant habitées.
Gaston duc d'Orléans, par Antoon van Dyck
Gaston, duc d’Orléans

   Etampes au XVIIe siècle (gravure de Tassin)

CHAPITRE PRÉCÉDENT
TABLE DES MATIÈRES
CHAPITRE SUIVANT
Source: Basile Fleureau, Les Antiquitez de la ville et du Duché d’Estampes, pp. 267-283. Saisie: Bernard Gineste, août 2002.
NOTES (EN CONSTRUCTION)
avec appel à contribution: qui a des données sur les personnages secondaires mentionnés par Fleureau?


1. Quelques frondeurs
(notices essentiellement tirées pour l’heure de celles de Wikipédia)

Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé (peint par David Teniers le jeune)
Le Prince de Condé. Louis II de Bourbon-Condé dit le Grand Condé est né à Paris le 8 septembre 1621 et mort à Fontainebleau le 11 décembre 1686. Premier prince du sang, il fut connu d’abord sous le titre de duc d’Enghien. Voici ses titres: prince de Condé, duc de Bourbon, duc d’Enghien, duc de Montmorency, duc de Châteauroux, duc de Bellegarde, duc de Fronsac, comte de Charolais (à partir de 1684), Pair de France, premier prince du sang. Il participa comme général français à la guerre de Trente Ans.
     Pendant les troubles de la Fronde, il adopta une attitude ambiguë. Il avait d’abord défendu la cour de l’enfant roi Louis XIV régenté par sa mère Anne d’Autriche et par le Cardinal Premier Ministre Mazarin, puis pris ensuite parti contre Mazarin. Son soutien à la reine mère Anne d’Autriche permit d’abord la signature de la paix de Rueil. Néanmoins, en 1649, par rivalité avec Mazarin, il se tourna vers la Fronde.
     Le 18 janvier 1650, lui, son frère le Prince de Conti Armand de Bourbon et son beau-frère le duc de Longueville Henri II d’Orléans furent jetés en prison et subirent une détention de treize mois. Le 7 février 1651, devant l’union des Frondes, Mazarin s’enfuit et libéra les princes. Condé prit la tête de la Fronde des princes, malgré la majorité de son grand cousin, Louis XIV. Il négocia avec le roi Philippe IV d’Espagne et du Lord Protecteur Anglais Oliver Cromwell.
     Il leva des troupes, marcha sur Paris. Contre lui, Louis XIV âgé de 14 ans réussit à gagner le Vicomte de Turenne Henri de la Tour d’Auvergne-Bouillon qui pris la tête des troupes royales et défit le prince à la Bataille de Bléneau le 7 avril 1652, à Étampes en mai puis au faubourg Saint-Antoine à Paris.
     La duchesse de Montpensier Anne Marie Louise d’Orléans (la Grande Mademoiselle) fit tirer le canon sur les troupes royales pour permettre à son cousin de se réfugier dans Paris.
     Condé gagna ensuite le Comté de Flandre passa du côté espagnol et prit part en 1658 à la bataille des Dunes, où Turenne triompha. Le traité des Pyrénées de 1659 lui assura le pardon royal, proclamé à Aix-en-Provence, peu avant le mariage de Louis XIV et de l’infante Marie-Thérèse d’Autriche.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Louis_II_de_Bourbon-Cond%C3%A9
, en ligne en 2007.

François, duc de Beaufort Le Duc de Beaufort. François de Bourbon-Vendôme, deuxième duc de Beaufort (à partir de 1665), fils de César de Bourbon-Vendôme et de Françoise de Lorraine, est un petit-fils de Henri IV né le 16 janvier 1616 et mort le 25 juin 1669. Il est resté célibataire et décédé sans postérité.
     Il entra très jeune dans l’armée puisqu’il participait à l’expédition de Savoie dès 1628, âgé de douze ans seulement. Il se distingua aux sièges de Corbie, de Hesdin et d’Arras.
     Suivant l’exemple de son père, il conspira contre le cardinal de Richelieu et dut s’exiler un temps en Angleterre. En 1643, il fut le chef d’une des principales actions contre Jules Mazarin, la «Cabale des Importants». Anne d’Autriche le fit arrêter et incarcérer au château de Vincennes, dont il s’évada en 1648. Il se câcha d’abord au château de Chenonceau puis dans le Vendômois. Il joua un rôle important pendant la Fronde en 1649. Les Parisiens le surnommèrent le « Roi des Halles ».
     S’étant soumis, il se réconcilia avec la Couronne en 1653, et fut chargé de plusieurs expéditions importantes. Nommé à la charge de grand maître, chef et surintendant général de la navigation, il commanda en 1662 la flotte francaise et remporte de nombreux succès contre les Turcs en Méditerranée. En 1665, il battit deux fois sur mer les Algériens. En 1669, il conduisit des secours aux Vénitiens contre les Turcs, et dirigea les troupes françaises défendant Candie contre les troupes ottomanes. Il fut tué durant un assaut après s’y être couvert de gloire.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Fran%C3%A7ois_de_Vend%C3%B4me, en ligne en 2007.

Le duc de Nemours. Charles Amédée de Savoie-Nemours est né à Paris le 12 avril 1624 et mort à Paris le 30 juillet 1652. Il était fils d’Henri Ier, duc de Genève et de Nemours, et d’Anne de Lorraine, duchesse d’Aumale. Il fut duc de Genève, de Nemours et d’Aumale de 1641 à 1652.
     
Il avait épousé à Paris au Louvre le 11 juillet 1643 Elisabeth de Bourbon (1614 † 1664), dite mademoiselle de Vendôme, fille de César de Bourbon, duc de Vendôme et de Françoise de Lorraine, duchesse de Mercœur et de Penthièvre.
     Il prit une part active dans les troubles qui agitèrent la minorité de Louis XIV, et commanda l’armée des princes avec le duc de Beaufort, son beau-frère. Mais la discorde s’étant mise entre eux, ils se battirent en duel, et Charles Amédée fut tué à Paris le 30 juillet 1652
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9gorie:Duc_de_Nemours, en ligne en 2007.

Gaston d'Orléans peint en 1634 pat Anton van Dyck Le Duc d’Orleans. Gaston Jean Baptiste de France, parfois appelé Gaston d’Orléans, duc de cette ville, est né en 1608 à Fontainebleau et mort en 1660 à Blois. Troisième fils d’Henri IV (1553-1610) et de Marie de Médicis, il est fils de France et prince de sang.
     Benjamin du roi Louis XIII, titré duc d’Anjou, à la mort du deuxième fils d’Henri IV Nicolas de France (1607-1611), Gaston devient l’éternel second. Comme plus proche héritier du trône, il est aussi appelé Monsieur, puis, à partir de 1643, le Grand Monsieur par opposition au Petit Monsieur, Philippe, son neveu, frère de Louis XIV. En 1638, la naissance inespérée du futur Louis XIV le prive du rang de premier héritier de la couronne. Il perd son crédit financier, et ne peut poursuivre la reconstruction du château de Blois qu’il a entrepris.
      Cultivé et raffiné mais velléitaire et inconstant, Gaston de France passa sa vie à intriguer, d’abord contre le cardinal de Richelieu, puis contre le cardinal Mazarin. Ces conspirations échouèrent toujours, faute de réel projet politique. Gaston dénonça souvent ses complices, puis les vit périr. En 1630, il participe à la révolte du duc de Montmorency. À la tête d’une armée de mercenaires, il appelle le royaume à la révolte, avant de s’enfuir après la défaite de Montmorency à Castelnaudary. En 1634, il conclut un traité secret avec l’Espagne. En 1642, la conjuration de Cinq-Mars, qui vise à faire de Gaston le lieutenant général du royaume, échoue.
Gaston duc d'Orléans, par Antoon van Dyck      À la mort de Louis XIII, Gaston de France est tout de même nommé lieutenant général du royaume. Pourtant Anne d’Autriche s’impose au Parlement de Paris, et prend les rênes du pouvoir. Chef de l’armée, Gaston mène contre les Espagnols une campagne victorieuse et rapide. Il conquiert une bonne partie de la Flandre dont la ville de Gravelines le 28 juillet 1644.
     Gaston participe encore dans la Fronde, et Mazarin le fait exiler dans son château de Blois en 1652, où il meurt en 1660. Il est inhumé à la basilique de Saint-Denis, ultime privilège attaché au sang royal. Louis XIV, confére alors le titre de duc d’Orléans à son propre frère Philippe.
     En 1626, après une conspiration manquée, Gaston avait accepté à regret d’épouser la richissime Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, que lui impose Richelieu. Il reçoit alors en apanage les duchés d’Orléans et de Chartres, augmentés du comté de Blois. De ce mariage naquit l’année suivante Anne Marie Louise d’Orléans de Montpensier, future Grande Mademoiselle. La duchesse de Montpensier mourut en couches, laissant sa fortune non à Gaston mais à leur fille (voir ci -essous).
     En 1629, Gaston projeta en vain d’épouser Marie de Gonzague, fille du duc de Mantoue. En 1632 il tomba amoureux et épousa Marguerite de Lorraine, sœur de Charles IV de Lorraine, duc de Lorraine; un prince aussi fantasque que lui, alors en guerre contre la France et dont il fréquente la cour (voir ci-dessous).
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Gaston_de_France_%281608-1660%29, en ligne en 2007.

Mademoiselle, par un élève de Pierre Mignard
Mademoiselle. Anne Marie Louise d’Orléans, dite la Grande Mademoiselle, duchesse de Montpensier et cousine germaine de Louis XIV, est née le 29 mai 1627 et morte le 3 avril 1693. Elle était la petite fille du roi Henri IV, étant la fille de Gaston d’Orléans, frère cadet de Louis XIII et de Marie de Bourbon, duchesse de Montpensier, richissime et unique héritière d’une branche cadette des Bourbons.
Mademoiselle peinte en Minerve par Louis Elle      Jaloux de la richesse de sa fille, Gaston d’Orléans lui porte peu d’affection, alors que beaucoup de soupirants sont attirés par le meilleur parti d’Europe. Malgré son physique plutôt ingrat, plusieurs projets de mariages furent envisagés avec divers souverains, mais échouèrent, car la duchesse souhaitait un mari de son niveau et semble même avoir songé à son cousin Louis XIV, de onze ans son cadet. L’opposition de Mazarin à cette union l’a sans doute poussée à rejoindre son père et le parti de la Fronde.
     Exilée ensuite sur ses terres de Saint-Fargeau de 1652 à 1657, elle y commença ses Mémoires qu’elle poursuivit au château d’Eu en Normandie, qui constituent un temoignage important sur son époque.
     L’épisode le plus célèbre de sa vie fut son aventure, à partir de 1670, à l’âge de 43 ans, avec Lauzun, un gentilhomme, bellâtre et volage, de six ans son cadet, incarcéré dix ans dans la citadelle de Pignerol. Pour l’en faire sortir et l’épouser secrètement, la Grande Mademoiselle dut promettre de léguer ses biens au fils naturel de Louis XIV, le duc du Maine. Elle fut inhumée dans la basilique Saint-Denis, où sa tombe fut profanée en 1793.

     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Anne_Marie_Louise_d’Orl%C3%A9ans,_duchesse_de_Montpensier, en ligne en 2007.

Charles IV de Lorraine Le Duc Charles de Lorraine. Charles de Vaudémont, duc de Lorraine, est né le 5 avril 1604 et mort à Bernkastel le 18 septembre 1675. Il était fils de François de Lorraine, comte de Vaudémont puis duc sous le nom de François II de Lorraine, et de Christine de Salm. Il fut lui-même duc de Lorraine et duc de Bar en droit de 1625 à 1675 et en fait de 1625 à 1634, en 1641, puis de 1659 à 1670, sous le nom de Charles IV (ou III selon une autre numérotation).
     Charles de Vaudémont passa son enfance à la Cour de France et fut compagnon de jeu du futur Louis XIII. Revenu en Lorraine, il laissa entendre qu’il se considérait comme l’héritier du duché, en vertu du testament de René II qui spécifiait que les duchés devaient se transmettre en lignée masculine. L’hostilité de son oncle Henri II, qui entendait laisser le duché à sa fille Nicole, l’incita à s’éloigner de la Lorraine. Il combatit pour l’empereur en s’illustrant notamment à la bataille de la Montagne Blanche, le 8 novembre 1620 et montra ses compétences de chef de guerre. Après de longues tractations, il épousa en 1621 sa cousine Nicole. Après avoir laissé des dispositions prévoyant que Charles de Vaudémont ne tiendrait son autorité que de par sa femme, Henri II mourut le 31 juillet 1624.
     Charles ne se contentait pas d’une position de prince consort et entreprit avec son père d’arriver au pouvoir. En novembre 1625, François de Vaudémont, s’appuyant sur le testament de René II, revendiqua le duché. Les États généraux de Lorraine estimèrent sa requête légitime et François de Vaudémont devint duc le 21 novembre 1625 sous le nom de François II de Lorraine. Cinq jours plus tard, il abdiqua en faveur de son fils, qui devint de plein droit le duc Charles IV, ayant ainsi écarté sa femme la duchesse Nicole du gouvernement du duché.
     Les relations entre la France et la Lorraine se dégradèrent, car Louis XIII refusait de reconnaître les principes du droit qui avaient ammené Charles IV au pouvoir. De plus Charles soutenait discrètement les ennemis de Richelieu et accueillait les comploteurs qui pouvaient ainsi échapper à la justice royale. D’ailleurs la politique de Louis XIII et de Richelieu était d’amener la frontière est du royaume au bord du Rhin, ce qui impliquait l’annexion de la Franche-Comté, de l’Alsace et de la Lorraine. Mal soutenu par la Bavière et l’Autriche, il chercha d’autres alliances et, rompant avec la politique ultra-catholique de ses prédécesseurs, s’allia avec les huguenots français, les Anglais et le duc de Savoie. En septembre 1629, Gaston d’Orléans, frère du roi, se réfugia en Lorraine, et, sans le consentement du roi, y épousa en 1632 Marguerite, sœur du duc Charles.
Charles IV de Lorraine      Au printemps 1631, Gustave Adolphe, roi de Suède, débarqua et la guerre embrasa toute l’Europe. Charles envoya son armée pour soutenir l’empereur. Au mois de juin 1632, Louis XIII envahit et occupa la Lorraine, et Charles fut contraint de signer un traité qu’il ne respecta pas. En septembre 1633, les troupes françaises envahissent de nouveau la Lorraine et Charles jugea plus favorable aux intérêts de la Lorraine d’abdiquer le 19 janvier 1634 en faveur de son frère Nicolas François, et alla prendre un commandement dans les troupes impériales. Il combattit les Suédois, puis les Français, sur qui il remporta plusieurs succès.
     Il subit des revers en 1635 alors qu’il tentait de reconquérir le duché, puis remporta plusieurs victoires de 1638 à 1640, malgré la mollesse de ses alliés bavarois et autrichiens. A cause d’eux, il entreprit de négocier de nouveau avec la France et, par le traité de Saint-Germain-en-Laye du 2 avril 1641, récupéra la Lorraine en acceptant le protectorat français et s’engageant à ne pas avoir d’alliances avec la maison d’Autriche. Cependant, il soutint le complot du comte de Soissons. Richelieu, après avoir maîtrisé les coupables, décida d’arrêter Charles IV qui réussit à s’enfuir fin juillet 1641. Il reprit les combats contre la France.
     Les traités de Westphalie du 24 octobre 1648 marquèrent officiellement le rattachement des Trois-Évêchés à la France. Exclu de ces traités et ayant échoué dans ses négociations avec Mazarin, Charles IV reprit la guerre et fut en position de menacer Paris en 1652. Il perdit son avantage et sa crédibilité en cherchant à négocier à la fois avec Mazarin et les princes frondeurs. L’Espagne lui reprocha d’être la cause de l’échec et il fut arrêté à Bruxelles le 25 janvier 1654 et transféré à l’Alcazar de Tolède. L’intervention et les efforts de son frère Nicolas François lui permirent d’être libéré le 15 octobre 1659, et de récupérer ses duchés par le traité de Vincennes du 28 février 1661.
     Mais Charles IV ne renonça pas à ses activités militaires et continua à combattre au profit de ses voisins. Il engagea des travaux pour remettre en état les routes lorraines, mais dut accabler d’impôts ses sujets. Il refusa en 1669 de licencier ses armées sur la demande de Louis XIV et les troupes françaises envahirent à nouveau les duchés au cours de l’été 1670. Charles IV dut à nouveau s’enfuir et, sans ressource, licencia son armée. Il tomba malade dans le Palatinat et mourut.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_IV_de_Lorraine, en ligne en 2007.

Le Comte de Tavannes. Jacques de Saulx, comte de Tavannes, est né en 1620 et mort en 1683. Tavannes est une commune suisse du canton de Berne, située dans le district de Moutier. Elle fait partie de la région du Jura bernois, la partie francophone du canton de Berne. Le comte de Tavannes suivit le Grand Condé dans ses campagnes, devint maréchal de camp et grand bailli de Dijon. Ayant pris part aux troubles de la Fronde, il fut disgracié. On a de lui de curieux Mémoires sur la Fronde, de 1650 à 1653, imprimés à Paris en 1691 et réimprimés en 1858.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Jacques_de_Saulx, en ligne en 2007.

L
e sieur de la Boulaye. La Boulaye est une commune française, située dans le département de Saône-et-Loire et la région Bourgogne. Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

Le Baron de Clinchamp. Clinchamp est une commune française, située dans le département de la Haute-Marne et la région Champagne-Ardenne. Nous reproduisons ci-après ce que nous apprend de ce personnage l'Agrégé de la Gazette de France paru en 1766. Notons qu'il est plus connu sous le nom de baron ou sieur de Clichant.

     CLINCHANT. Année 1635. Le sieur Clinchant figure dans un grand ballet donné au Louvre le 18 Février par le Roi & les seigneurs de la Cour
 (21 Fév. Ext.) — 1652. Le sieur Clinchamp, officier, se distingue le 7 Février à la défaite de dix-huit cens Espagnols auprès de Stenay. (21 Fév. Ext.) — 1682. Le sieur de Clinchant est mentionné comme concierge du palais des Thuilleries. (19 Août Ext.) — 1706. Le sieur de Clinchamps est fait enseigne de vaisseau. (8 Janv.)


     Source: Edme-Jacques GENET [éd.], «Briolle et Briord», in ID., Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765. Tome premier (Abadie-Colard) [415 p.], Paris, Gazette de France, 1766, p. 409.)


Le Comte de Briole.  Nous reproduisons ci-après ce que nous apprend de ce personnage l'Agrégé de la Gazette de France paru en 1766. Notons qu'il est en fait beaucoup plus connu sous le nom de comte ou sieur de Briord (ultérieurement ambassadeur de Louis XIV en Savoie et Hollande).

     BRIOLLE ET BRIORD. Année 1637. Le sieur de Briolle-Lassera commande la compagnie des gendarmes du marquis de Thianges & contribue à la défaite de deux mille ennemis qui font le siege des châteaux de Cornaud & de Vaugrigneuse en Bresse. (26 Mars Ext.) — 1638. Le sieur de Briole est chargé du commandement de quatre compagnies de gentilshommes formées pour la garde de la province de Bugey. (29 Oct. Ext.) — 1652. Le sieur de Briolle est mentionné comme commandant le régiment de cavalerie du prince de Condé. (24 août). — 1674. Le comte de Briole, député par le prince de Condé, apporte au Roi la nouvelle de la défaite totale de l’arrière-gaarde des ennemis au combat de Senef. (18 août). — 1680. Le comte de Briord est député des Etats de Bourgogne auprès du Roi pour la Noblesse. (10 Janv.) — 1692. Le comte de Briole est chargé de la même commission. (23 Fév.) — 1697. Le comte de Briolle, premier écuyer du prince de Condé, est nommé ambassadeur de France près du duc de Savoir. (16 Fév.) — 1698. Le comte de Briord, ambassadeur de France à Turin, fait son entrée dans cette ville le 8 Décembre 1697. (4 Janv.) — 1699. Il prend congé du duc de Savoir et quitte cete Cour pour aller remplacer en Hollande le sieur de Bonrepaus en qualité d’ambassadeur extraordinaire du Roi. (19 Déc.) — 1700. Il arrive à la Haye le 18 Mars. (25 Mars). — 1701. Il y fait son entrée publique le 28 Décembre 1700. (8 Janv.) — Il part de la Haye le 30 Mars pour retourner en France. (9 Avril). — Le 4 Juillet, il prête serment entre les mains du chancelier pour la charge de conseiller d’état d’épée, & il prend le même jour séance au conseil en cette qualité. (9 juillet) — 1703. Le comte de Briord se distingue beaucoup au combat du 30 Juin près d’Etreren. (9 Juillet Ext.) — Le comte de Briord, ci-devant ambassadeur vers le duc de Savoye & ensuite en Hollande, meurt à Versailles le 25 Décmbre. (29 Déc.).

     Source: Edme-Jacques GENET [éd.], «Briolle et Briord», in ID., Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765. Tome premier (Abadie-Colard) [415 p.], Paris, Gazette de France, 1766, p. 257.)


Le Colonel Brouk, Liegeois. Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

2. Quelques royaux
(notices essentiellement tirées pour l’heure de celles de Wikipédia)

Turenne par Philippe de Champaigne Le Maréchal de Turenne. Henri de La Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, est né le 11 septembre 1611 au château de Sedan, et mort à la Bataille de Salzbach le 27 juillet 1675. Nommé maréchal de France en 1643 et maréchal général des camps et armées du roi en 1660, il fut un des meilleurs généraux de Louis XIII puis Louis XIV.
     Il était le petit-fils de Guillaume le Taciturne par sa mère Élisabeth de Nassau, et le fils d’Henri de la Tour d’Auvergne, vicomte de Turenne, premier gentilhomme de la chambre d’Henri IV, maréchal de France en 1592, duc de Bouillon par son premier mariage avec Charlotte de la Marck.
     Élevé dans la religion réformée, il se convertit sous l’influence de Bossuet, et la pression royale, et accède aux plus hautes dignités: il est fait prince étranger en 1651, maréchal de France et maréchal général. Pendant la Guerre de Trente Ans il a participé aux batailles de Fribourg (1644) et Nördlingen (1645), avec Condé.
     D’abord proche des Frondeurs en 1648, il se rallie à Mazarin et obtient le commandement des armées royales. À la Bataille de Bléneau le 7 avril 1652, il bat l’armée espagnole commandée par Condé, et obtient définitivement le pardon de Louis XIV. En 1658, il bat de nouveau les Espagnols de Condé à la Bataille des Dunes (Dunkerque).
     Sur son rôle important dans la guerre de Hollande de 1673 à 1675, où il trouve la mort, voyez la notice de Wikipédia .
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Henri_de_la_Tour_d’Auvergne-Bouillon
, en ligne en 2007.

Le Maréchal d’Hocquincourt (variante: Hoquincourt). Charles de Monchy d’Hocquincourt, maréchal d’Hocquincourt, est né en 1599 et mort en 1658. D’une ancienne famille de Picardie, il se distingua dans les différentes campagnes contre les Espagnols, sous Louis XIII, notammenet à La Marfée et à Ville-Franche. Il commanda l’aile gauche de l’armée royale à la bataille de Rétbel où Turenne, alors rebelle, fut défait (1650), et reçut le bâton de maréchal l’année suivante.
     Il fut en 1652 battu à Bléneau par Condé, qui était alors dans les rangs des Espagnols. Envoyé en Catalogne en 1653, il assiégea inutilement Girone. Rappelé peu après en Flandre, il força les lignes de l’ennemi devant Arras.
     Mais bientôt on le vit, pour plaire à des femmes qui étaient du parti de la Fronde, Medames de Montbazon et de Châtillon, abandonner en 1655 la cour et se joindre aux Espagnols, qui lui confièrent la défense de Dunkerque. Il fut tué devant cette place en 1658.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Charles_de_Monchy_d’Hocquincourt, en ligne en 2007.

Marie de Rohan duchesse de Chevreuse, peinte par Claude Deuet en Diane chasseresse La Duchesse de Chevreuse. Marie Aimée de Rohan, dite Mademoiselle de Montbazon, est née en 1600 et morte le 12 août 1679. Fille de Hercule de Rohan, duc de Montbazon, elle est restée célèbre pour son grand charme et ses nombreuses intrigues politiques.
     La famille de Rohan, issue des premiers souverains de Bretagne, posséda longtemps une partie considérable de la Bretagne et de l’Anjou.En septembre 1617, Marie de Rohan épousa en premières noces le duc de Luynes, favori et grand connétable de Louis XIII. Son mari lui donna pour instruction de s’appliquer à gagner les bonnes grâces de la reine et du roi. Elle y réussit à merveille, et en décembre 1618, Louis XIII la nomma surintendante de la maison de la reine Anne d’Autriche à la place de la connétable de Montmorency.
     Veuve à 21 ans, Marie de Rohan se remarie le 21 avril 1622 avec Claude de Lorraine, duc de Chevreuse, à qui elle ne donne que des filles (L’une d’elles, Charlotte-Marie de Lorraine, née en 1627, après avoir failli épouser le Prince de Conti, devint la maitresse du cardinal de Retz avec qui elle a joua un rôle dans la Fronde, avant de mourir en 1652).
     Cette même année 1622, elle est exclue de la cour par Louis XIII suite à un incident survenu en poussant la Reine à courir dans les couloirs du Louvre. Celle-ci se blesse et sa grossesse de 6 semaines est avortée. Le duc de Chevreuse usera alors de son influence auprès du roi pour la faire réintégrer la cour. La duchesse de Chevreuse participe ensuite à différentes affaires et conspirations: l’affaire Buckingham (1623-1624) dont elle est l’instigatrice avec son amant, le Comte de Holland; la conspiration de Chalais organisée par son amant, le comte de Chalais en 1626; les négociations avec le duc de Lorraine et l’Espagne menée par son amant Charles de l’Aubespine, marquis de Châteauneuf en 1633; les échanges secrets de correspondances entre Anne d’Autriche et l’Espagne en 1637; la conspiration du comte de Soissons en 1641; la cabale des Importants contre Mazarin en 1643. Elle fut plusieurs fois chassée de la Cour mais y revint à chaque fois.
     Après la mort de Louis XIII, Anne d’Autriche assure la régence avec Mazarin et la duchesse de Chevreuse perd tout pouvoir. Elle prend alors le parti de la Fronde et, durant les années suivantes, intrigue pour assurer la fortune de sa famille. Elle fait notamment épouser à son petit-fils, Charles de Luynes, la fille de Jean-Baptiste Colbert, l’homme le plus influent de l’époque après Louis XIV. En 1679, à 79 ans, elle se retire dans un couvent à Gagny pour y mourir loin de sa famille.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Duchesse_de_Chevreuse, en ligne en 2007.

César de Vendôme, duc de Mercoeur, par Balthazar Montcornet (1663) Le Duc de Vendôme, & d’Estampes. Il s’agit de César de Vendôme, né le 7 juin 1594 à Coucy et mort le 22 octobre 1665. Fils illégitime d’Henri IV, roi de France, et de Gabrielle d’Estrées, il fut légitimé en 1595, fait duc de Vendôme et d’Étampes en 1598, avec le titre de duc de Beaufort.
     Il passa une bonne partie de sa vie à intriguer, notamment contre Marie de Médicis, puis contre son demi-frère Louis XIII. Impliqué dans la conspiration de Chalais, visant Richelieu, il fut emprisonné en 1626 avec son frère Alexandre au Château de Vincennes. Il ne fut libéré qu’en 1630 et exilé en Hollande. Il en revint en 1632 et participa, avec son second fils, à la Cabale des Importants. À nouveau exilé, cette fois en Angleterre, il n’en revint qu’en 1642. Ce n’est qu’avec le mariage de son fils Louis, duc de Mercœur avec Laure Mancini, nièce du cardinal Mazarin qu’il s’assagit et resta fidèle à Anne d’Autriche durant toute la Fronde. Il fut nommé grand amiral de France (1651), et surintendant général de la Navigation (1655).
    César de Vendôme épousa la plus riche héritière du royaume, Françoise de Lorraine, comtesse de Penthièvre, fille de Philippe-Emmanuel de Lorraine, duc de Mercœur, et nièce de la reine Louise de Lorraine, veuve d’Henri III.
Il eut de cette union trois enfants:
     1) Louis (1612-1669), duc de Mercœur du vivant de son père: voyez ci-dessous;
     2) François (1616-1669), duc de Beaufort, dit le Roi des Halles, qui prit le parti de la Fronde.
     3) Elisabeth (1614-1664), mariée à Charles Amédée de Savoie, duc de Nemours, qui lui aussi fut de la Fronde, comme on l’a rappelé plus haut.


Louis de Vendôme, duc d'Etampes à la suite de son père César Le duc de Mercœur. Louis II de Vendôme (1612-1669), duc de Mercœur (1612), puis deuxième duc de Vendôme (1665-1669), duc d’Étampes (1665) et comte de Penthièvre (1665). Il était le fils aîné de César, duc de Vendôme, bâtard légitimé d’Henri IV et de Françoise de Lorraine.
     Il porta le titre de duc de Mercœur du vivant de son père. Fidèle au roi pendant la Fronde, il épousa même en 1651 Laure Mancini, nièce de Jules Mazarin, qui lui donna trois fils, dont l’aîné fut Louis Joseph (1654-1712), duc de Vendôme  
     Il eut d’abord une carrière militaire et fut nommé gouverneur de Provence en 1640. En 1657, il fut fait cardinal de Vendôme et légat de France.

Mancini Neveu du Cardinal Mazarin. Paul Mancini (1636-18 juillet 1652), neveu de Mazarin (frère de Laure-Victoire, Olympe, Marie, Philippe, Hortense, Alphonse et Marie Anne Mancini). Beau-frère du Duc de Mercœur qui avait épousé en 1651 sa sœur Laure, et proche ami de Louis XIV, capitaine de chevau-légers, il fut mortellement blessé, le 2 juillet 1652, lors des combats de la porte Saint-Antoine à Paris à la fin de la Fronde.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Paul_Mancini, en ligne en 2007.

Le Chevalier de Vieville, Fils du Sur-Intendant des Finances. Ce personnage, dont le prénom reste pour l'instant inconnu, fut selon Fleureau mortellement blessé dans la nuit du 1er au 2 juin lors du siège d'Étampes. C'était l'un des fils cadet de Charles 1er de La Vieuville.
     Ce dernier, né en 1582 et mort le 2 janvier 1653 à Paris, était baron de Rugles, seigneur de Pavant, châtelain de Sy-en-Réthélois, marquis puis duc de La Vieuville (écrit aussi Viéville ou Viefville). Il fut selon Étienne Pattou chevalier des Ordres du Roi, capitaine des Gardes du Corps, maître d’hôtel du duc de Nevers (futur duc de Mantoue), Lieutenant général en Champagne et Réthélois (vers 1616), Grand Fauconnier de France par survivance.
     Il fut aussi surintendant des Finances de France de 1623 à 1624, puis à nouveau de 1651 à 1653. Entretemps, il avait été évincé par Richelieu en 1624, gracié en 1626, exilé en 1632 et gracié à nouveau en 1642.
     Il avait épousé le 7 février 1611 Marie Bouhier de Sainte-Geneviève, fille de Vincent Bouhier, seigneur de Beaumarchais, trésorier de l’Epargne, et de Marie Lucrèce Hotman, qui lui donna deux fille et trois filles, dont notre chevalier, et mourut le 7 juin 1663.
     Source: Étienne PATTOU, « Guillaume de La Vieuville & autres familles de La Vieuville, La Viefville, etc.», in ID., Racines et Histoire, http://racineshistoire.free.fr/LGN/PDF/La-Vieuville.pdf, 2003, en ligne en 2007, pp. 8-9.


Le Comte Charles Broglia. La Maison de Broglie est une illustre famille noble française d’origine piémontaise (Chieri), installée en France depuis le XVIIe siècle à la suite de Mazarin. Il s'agit ici de Carlo di Broglia, frère du plus célèbre François-Marie, comte de Broglie, alias Francesco-Maria di Broglia, conte di Revel. Ce dernier, né le 1er novembre 1611 à Turin et mort le 2 juillet 1656 à Asti, à l'âge de 44 ans, fut comte de Revel et marquis de Senonches, après avoir été naturalisé français en 1654. Il fut la souche de la glorieuse famille des Broglie.

Le Marquis de Vardes. François-René du Bec-Crespin, marquis de Vardes et seigneur engagiste de Moret, mort en 1688.
Appel à contribution sur ce personnage. Complétez cette notice!

Le sieur de Varannes.
Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

Cornelius, Bombier du Roy. Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

U
n seul Gentil-homme, Franc-Comtois. Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

Betbesé, qui étoit à la tête du regiment de Turenne. Nous reproduisons ci-après ce que nous apprend de ce personnage l'Agrégé de la Gazette de France paru en 1766.

     BETBEZAY. Année 1648, Le sieur de Betbezay, commandant le régiment de Turenne, infanterie, est blessé le 17 Mai à la défaite des Impériaux & des Bavarois à Summerhausen près d’Ausbourg. (4 Juin Ext.) — 1658. Le sieur de Betbezet, lieutenant-colonel du régiment de Turenne, meurt des blessures qu’il avoit reçues à la bataille des Dunes. (29 juin).

     Source: Edme-Jacques GENET [éd.], «Betbezay», in ID., Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765. Tome premier (Abadie-Colard) [415 p.], Paris, Gazette de France, 1766, p. 171.)


Le sieur de Schombert Volontaire. L'Agrégé de la Gazette de France paru en 1766 (pp.267-269) parle longuement mais sans les distinguer toujours  clairement de plusieurs Schomberg dont celui qui nous occupe.

        [p.267] […] SCHOMBERG. […] [p.268] […] 1652. Le sieur de Schomberg reçoit deux blessures à l’affaire du 2 juin entre les troupes du Roi & celles des princes près d’Estampes. (8 Juin). [p.269] […]

     Source: Edme-Jacques GENET [éd.], «Schomberg», in ID., 
Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765. Tome III (Longueil-Zurlauben) [364 p. + 16 p. d’index], Paris, Gazette de France, 1768, p. 268.

Le Duc d’York.
Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

Le sieur d’Almeraz, Marêchal de Camp. Nous reproduisons ci-après ce que nous apprend de ce personnage l'Agrégé de la Gazette de France paru en 1766 (qui paraît parler ici confusément d'au moins trois personnages différents.

     ALMÉRAS. Année 1637. Le sieur d’Alméras, prêtre: ci-devant contôleur général des postes, meurt le 22 Février à Paris. (28 Fév.) — 1646. Le sieur d’Alméras commande le vaisseau la Madaleine au combat naval entre la flotte espagnole & celle du duc de Brézé le 14 Juin sur la côte de Toscane. (29 Juin Ext.) — 1647. Le sieur d’Alméras commande le vaisseau le Cygne dans l’arée navale du Roi, destinée à aller à Naples. (6 Déc. Ext.) — 1649. Le sieur Alméras, maréchal de bataille, est cité avec éloge dans la relation du passage del’Escaut. (12 Août Ext.) — Le sieur d’Alméras, sergent de bataille: sert avec distinction ai siege de Condé. (3 Sept. Ext.) — 1650. Le sieur d’Alméras, cap. D’un vaisseau du Roi, prend un vaisseau Espagnol [p.23] chargé de munitions pour l’armée navale de cette nation. (10 Mai Extraord.) — Le sieur d’Alméras, cap. Au régiment des gardes, commande mille mousquetaires au siege de Rhétel & y sert avec distinction. (29 Déc. Ext.) — Année 1651. Le sieur d’Alméras, cap. Se distingue à la défaite des troupes du prince de Condé devant Coignac. (28 Nov. Ext.) Il est blessé devant la tour S. Nicolas à la Rochelle le 27 Novembre. (7 Déc. Ext.) — 1654. Le sieur d’Alméras, mestre de camp, contribue beaucoup à la défaite d’un parti considérable des ennemis le 26 Juillet près de Verges en Catalogne. (12 Août Ext.) — 1667. Le chevalier d’Alméras est nommé pour commander douze vaisseaux dans la Méditerranée. (15 Oct.) — 1669. Il va en Thessalie avec trois vaisseaux pour amener un ambassadeur que Sa Hautesse envoie auprès du Roi. (22 Juin). — Il joint avec ses vaisseaux l’armée navale commandée pour secourir Candie. (27 Juil.) — 1671. Lieutenant-général des armées navales, il est désigné pour commander une escadre de douze vaisseaux qu’on arme dans le port de Toulon. (4 Avril). — 1676. Il commande l’avant-garde de l’armée navale au combat donné le 22 Avril entre le sieur du Quesne & le lieutenant amiral Ruyter, & il y est tué. (16 Juin Ext.)

     Source: Edme-Jacques GENET [éd.], «Alméras», in ID., Table ou abrégé des cent trente-cinq volumes de la Gazette de France, depuis son commencement en 1631 jusqu’à la fin de l’année 1765. Tome premier (Abadie-Colard) [415 p.], Paris, Gazette de France, 1766, pp. 22-23.


Monsieur de Châteauneuf. Appel à contribution sur ce personnage. Rédigez cette notice!

3. Quelques circonstances

Après le combat de Bleneau. Bléneau est une commune de l’arrondissement d’Auxerre dans l’Yonne. La Bataille de Bléneau fut une bataille de la Fronde qui opposa le 7 avril 1652 les armées de Louis II de Bourbon, prince de Condé aux armées royales de Turenne à Bléneau (France). Condé détruisit une partie de l’armée royale mais échoua à exploiter sa victoire. Turenne regroupa ses forces et fit le siège des rebelles à Étampes.
     Source: Wikipédia, http://fr.wikipedia.org/wiki/Bataille_de_Bl%C3%A9neau, en ligne en 2007.


4. Notes topographiques

La porte de Paris, les murs et la Tour de Guinette au début du XVIIIe siècle
A gauche, la porte Saint-Jacques; à droite, la tour de Guinette

 Pluviers. C’est Pithiviers.

Depuis les porteraux, jusques vers le coing de Cocquerine. On notera cette orthographe intéressante de Coquerive, qui n’est peut-être pas une faute de frappe, et qui nous oriente vers une autre étymologie du toponyme que celle qu’en avait proposée Léon Marquis.

La Porte de saint Jacques. C’est la porte du côté de Paris, qu’on voit sur cette vue copiée sur un original du début du XVIIIe siècle.


Toute critique, correction ou contribution sera la bienvenue. Any criticism or contribution welcome.
         
 
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE
 
Éditions

       Édition princeps, posthume: Dom Basile FLEUREAU (religieux barnabite, 1612-1674), Les Antiquitez de la ville, et du Duché d’Estampes avec lhistoire de labbaye de Morigny et plusieurs remarques considerables, qui regardent l’Histoire generale de France [in-4°; XIV+622+VIII p. (N.B: les pages 121-128 sont numérotées par erreur 127-134); publication posthume par Dom Remy de Montmeslier d’un texte rédigé en réalité vers 1668], Paris, J.-B. Coignard, 1683. Réédition en fac-similé [23 cm sur 16], Marseille, Lafittes reprints, 1997.

     
Ce chapitre: Bernard GINESTE [éd.], «Dom Fleureau: Du siege d’Estampes en 1652 (1668)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b44.html, 2003. Deuxième édition numérique, illustrée et annotée: mai 2007.

Autres sources
       
     René HÉMARD, Les Restes de la guerre d’Estampes, par le sieur Hémard [in-12; 17 ff.+145 p.], Paris, L. Chamhoudry, 1653. 

     Paul PINSON [éd.], Un disciple de Montaigne: fragments inédits de René Hémard,... publiés d’après le manuscrit autographe de l’auteur et précédés d’une introduction, par Paul Pinson [in-8°; 24 p.; extrait de l’Abeille d’Étampes], Paris, A. Aubry, 1868 

     Paul PINSON [éd.], La prise d’Etampes, poëme latin inédit de Pierre Baron, maire de la ville en 1652, traduit en français avec le texte en regard et des notes, et précédé d’une notice biographique sur l’auteur par Paul Pinson [in-18; 45 p.], Paris : L. Willem, 1869. 

     Paul PINSON [éd.], Les Restes de la guerre d’Estampes, par le sieur Hémard, précédés d’une notice sur la vie et les écrits de l’auteur, par Paul Pinson [in-16; XXIX+150 p.; avec une «Notice sur la vie et les écrits de l’auteur»], Paris, L. Willem, 1880. 

1652 dans le Corpus Étampois

     Bernard GINESTE [éd.], «Petrus Baron: Stemparum Halosis (texte latin de 1654)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis.html, janvier 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Baron: La Prise d’Étampes (édition bilingue annotée de Pinson, 1869)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cls-17-baron-halosis-bilingue.html, janvier 2004. 

     Bernard GINESTE [éd.], «Pierre Baron: La Prise d’Étampes (traduction Pinson seule)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-baron1654prisedetampes.html, janvier 2004. 

     François JOUSSET & Bernard GINESTE [éd.], «René Hémard: La Guerre d’Estampes en 1652 (édition 1884 de Pinson)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/cle-17-renehemard-guerre.html, janvier 2003.   
 
     Bernard GINESTE [éd.], «Basile Fleureau: Recit veritable de ce qui s’est passé au siege de la Ville d’Estampes en l’année 1652 (édition de 1681)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-fleureau-b44.html, janvier 2003. 2e édition illustrée et annotée: mai 2007.

     André BELLON, «Antoine Pecaudy», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-1652pecaudy-bellon.html, 2003.

     Bernard GINESTE [éd.], «Turenne: Lettres relatives au siège d’Étampes (avril-mai 1652)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-17-turenne1652lettres.html, 2007.


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