CORPUS HISTORIQUE ÉTAMPOIS
 
Georges Oudin, maire
Maisse sous l’occupation allemande et le régime de Vichy
note du 30 novembre 1944
     
Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy
 
     Le 22 septembre 1944, Roger Léonard, nouveau préfet de Seine-et-Oise, adressa à toutes les mairies de Seine-et-Oise une circulaire leur demandant de faire parvenir aux archives de la préfecture un compte-rendu des faits qui s’étaient déroulés sur leurs territoires pendant la guerre, et spécialement à l’occasion de la Libération.
     Voici celui qui est conservé pour ce qui concerne la commune de Buno-Bonnevaux.


     La saisie des documents anciens est une tâche fastidieuse et méritoire et il ne faut pas décourager ceux qui s’y attellent en les pillant sans les citer.
   
Georges Oudin, maire
Maisse sous l’occupation allemande et le régime de Vichy
note du 30 novembre 1944

     Le 22 septembre 1944, Roger Léonard, nouveau préfet de Seine-et-Oise adressa à toutes les mairies de Seine-et-Oise une circulaire enjoignant à tous les maires de faire parvenir aux archives de Seine-et-Oise un compte-rendu des faits qui s’étaient déroulés sur leur territoire pendant la guerre, et spécialement à l’occasion de la Libération. Déjà le sous-préfet de Corbeil avait adressé une circulaire analogue aux communes de sa circonscription le 6 septembre.

     Toutes les communes ne se rendirent pas à cette invitation, loin de là; et, quand ces comptes-rendus existent, ils sont de nature, de longueur et de qualité très variables. Voici celui de Maisse.


Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy
 
Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy

Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy

[Armes de la ville]
MAIRIE DE MAISSE

CANTON DE MILLY
(SEINE-&-OISE)

TÉLÉPHONE 26
ÉTAT FRANÇAIS


Maisse, le [sans date ici]

MAISSE sous l’occupation allemande et le régime de Vichy.



     Rien de saillant ne s’est produit au cours des années d’occupation. La plus grosse formation ennemie qui ait stationné dans la localité fut au début, un convoi de 20 camions automobiles de la Luftwaffe, à l’effectif de 30 hommes sous le commandement d’un capitaine. Cette formation occupa la propriété de M. Oudin du 22 juin au 3 sept. Une autre formation sanitaire pendant quelques mois stationné [sic] en 1941 sur le boulevard du nord.

     Relatons un petit épisode: Le lendemain du jour où Londres annonçait que pour contrecarrer le brouillage des ondes, la B.B.C. émettrait sur 1500 m; le panneau indicateur placé par les boches mentionnant Fontainebleau à 25 klm, fut nuitamment remplacé par un panneau identique portant: LONDRES 1500 mt

     A matin, la population accueillit joyeusement la farce jouée à l’occupant par un jeune résistant déporté depuis en Allemagne. Pendant 8 heures ce fut un défilé devant le poteau indicateur que le Maire, pris de peur, fit enlever et transporter dans un hangar de la Mairie, d’où il fut exhumé le jour de la Libération pour prendre place derrière le tank Renault abandonné par l’ennemi, pour participer au défilé organisé par le Comité de Libération.

     Le jeudi 17 aout, sous la direction de l’Enseigne de Renusson d’Hauteville (dit AIMON) la résistance au jour s’organisait, coïncidant avec une violente attaque de la RAF sur un train d’essence en gare de Maisse. Un char Tigre en panne était gardé par quelques servants attendant en vain un dépannage… Le lendemain ils n’avaient plus d’autres ressources [p.2] que d’en tenter la destruction avec quelques grenades.

     Jusqu’à Vendredi, les convois boches ne cessèrent d’arriver d’Etampes se dirigeant vers Fontainebleau. Les derniers véhicules furent 2 chars équipés d’énormes projecteurs. A 16 heures 4 fantassins épuisés traversaient le pays; à la sortie ils étaient faits prisonniers par les F.F.I.

     Le samedi, 19, d’énormes explosions annonçaient la destruction des ponts de Gironville. Des pièces étaient mises en batterie auprès des ponts de l’Essonne. Après avoir tiré, au cours de la nuit, quelques coups contre des objectifs assez vagues, les artilleurs disparurent.

     Le Dimanche 20, sous la conduite d’un Hoch Feldwebel, 3 tanks se mettent en position de combat dans le voisinage des ponts, ils sont appuyés par 2 auto mitrailleuses. Les servant sont cantonnés dans ma propriété; et du chef de groupe, avec lequel j’eus de longs entretiens au cours de la journée je puis recueillir quelques renseignements interressants [sic]. Sa formation avait quitté Orléans mais un de ses chars avait été démoli la veille dans les environs de Dourdan. Il avait ordre de ne pas faire sauter les ponts tant qu’il y aurait des troupes à évacuer d’Etampes. En cas d’arrivée des Américains il devait se replier. Ce Feldwebel conversait dans mon parc était en pleine confiance [sic], il avait été jusqu’à décharger son révolver pour satisfaire ma curiosité d’en essayer le maniement. Il m’avouait que la guerre était perdue pour eux: «Il y avait trop de fronts, disait-il, nous n’avons plus d’aviateurs, et puis, il y a le MAQUISSE.» Comme je souriais ironiquement, il ajouta avec conviction: «Si je devais être prisonnier du MAQUISSE, je me suiciderais.» Il était 19 h 30, et j’attendais l’arrivée de l’Enseigne de vaisseau pour dîner en famille. Je redoutais, je l’avoue, quelque peu cette rencontre en tête à tête, mais un ordre de repli arrivait au moment même et 15 minutes plus tard, mes occupants de la journée ne laissant d’autres traces de leur passage que celles de quelques tranchées individuelles, creusée hâtivement dans le parc.

     Dans la nuit, aucun mouvement, mais au matin du lundi 27, vers 8 h 30 une nouvelle formation d’artillerie vint occuper les positions abandonnées la veille. [p.3]

     Chefs et hommes sont dans un état d’extrême excitation, ils savent les Américains maintenant à quelques klm seulement. Leur information était bien exacte, car j’avais transmis à nos alliés les renseignement srecueillis la veille. Quelques patrouilles dans le bourg au cours de la matinée.

     A 12h 30, dans le haut du pays, j’acceuille [sic] près du cimeière, la première JEPP conduite par un officier de liaison français. Je lui confirme les renseignements déjà envoyés et lui précise les derniers parvenus.

     Après cette courte apparition, aucun incident à signaler. Les positions occupées depuis le matin, restent tenues toute la nuit, et les occupants pillent les locaux où ils sont cantonnés.

     Le Mardi 22, la défense se déplace progressivement dans la direction de la gare, quelques patrouilles circulent encore dans le pays tandis que les avions d’observation alliés survolent très bas. Les boches se sentent tou[t] tournés, les alliés ont déjà atteints [sic] les fermes du plateau de Milly et par Gironville arrivent à Milly. Toute défense allemande devenait impossiblle, les boches disparaissaient tandis que l’armée américaine dédouchait [lisez: débouchait] de la route du cimetière.

     Maisse de trouvait libéré, sans une victime, sans un dégât. [Trois mots ajoutés à la main:] A 17 heures le coq du clocher était orné du drapeau tricolore.

     Du 17 au jour de la Libération, outre la capture des 4 boches signalés plus haut, plusieurs coups de main assez heureux avaient été tentées [sic] par les FFI sous la conduite du lieutenant d’Hauteville: attaque du château de Bonnevaux, une sentinelle tuée, un boche blessé, mais la formation qui l’occupait était encore trop importante (encore une trentaine d’hommes) pour poursuivre l’opération plus avant; un side car démoli sur la route d’Etampes, ses 2 occupants tués, un capitaine abattu en voiture sur la même route.

     Tel est le bilan des événements qui se sont déroulés à Maisse.

     Il convient de signaler ici la belle conduite de l’Instituteur et Secrétaire de Mairie M. FLAMERY qui a été d’un dévouement sans bornes pour faciliter le camouflage des réfractaires. Son fils Paul qui lui aussi donnait depuis longtemps les plus beaux exemple de résistance, fit partie des FFI et partit avec un corps franc pour la Belgique où il reçut le baptême du feu. M. FLAMERY, que la Résistance a nommé Présidt du Comité local de Libération a bien mérité de la commune de Maisse.

30 nov. 44      Georges OUDIN maire
Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy




Toute critique, correction ou contribution seront les bienvenues. Any criticism or contribution welcome.
Roger Léonard (1898-1987)
Roger Léonard, préfet de Seine-et-Oise en 1944
NOTE SUR CETTE SÉRIE DOCUMENTAIRE
ET APPEL A CONTRIBUTION

     Les originaux de ces communications, d’abord conservés aux archives de la préfecture de Seine-et-Oise à l’initiative de Roger Léonard, préfet de Seinet-Oise, le sont désormais aux Archives départementales des Yvelines sous la cote 1W 418.

     Nous mettons en ligne ceux des communes suivantes: Auvers-Saint-Georges, Boissy-le-Sec, Buno-Bonnevaux, Cerny, Chalo-Saint-Mars, Chamarande, Champcueil, D’Huison-Longueville, Étampes, Étréchy, La Ferté-Alais, Gironville, Itteville, Janville-sur-Juine, Lardy, Maisse, Méréville, Mérobert, Plessis-Saint-Benoist, Puiselet-le-Marais, Pussay, Richarville, Saint-Cyr-sous-Dourdan, Saint-Hilaire, Saint-Sulpice-de-Favières, Souzy-La-Briche, Torfou,
Valpuiseaux, Vayres-sur-Essonne.

     Merci de nous communiquer toute donnée complémentaire qui vous paraîtrait utile pour éclairer ou compléter ces documents: soit témoignage, ou souvenir, ou notes explicatives, ou photographie, ou références bibliographiques, ou tout autre document complémentaire. Nous sommes également preneurs évidemment, de toute donnée concernant celles des communes des environs qui ne sont pas représentées cette série documentaire.

     L’auteur de chaque contribution se verra mentionné comme co-éditeur de la page, sauf désir exprimé expressément par le contributeur de ne pas être mentionné nommément. Merci de citer vos sources éventuelles pour que nous puissions nous assurer de ne pas violer les règles du droit de propriété intellectuelle, ni celles de la courtoisie.

Bernard Gineste, juillet 2009
Source: original photographié et transcrit par Bernard Gineste en juillet 2009.
 
Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy

Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy

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Maisse sous l'occupation allemande et le régime de Vichy

  
BIBLIOGRAPHIE PROVISOIRE 

Édition

     Georges OUDIN (maire), Maisse sous l’occupation et le régime de Vichy [3 feuillets à entête et aux armes de la mairie, dactylographiés], 30 novembre 1944, conservé aux Archives départementales des Yvelines sous la cote 1W 418.

     Bernard GINESTE [éd.], «Georges Oudin (maire): 
Maisse sous l’occupation et le régime de Vichy (note du 30 novembre 1944)», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/che-20-1944cr4044maisse.html, 2009.
 
Sur le pays d’Étampes de 1939 à 1945

     Pour les autres communes avoisinantes qui ont adressé à la préfecture un compte-rendu du même genre (Auvers-Saint-Georges, Boissy-le-Sec, Buno-Bonnevaux, Cerny, Chalo-Saint-Mars, Chamarande, Champcueil, D’Huison-Longueville, Étampes, Étréchy, La Ferté-Alais, Gironville, Itteville, Janville-sur-Juine, Lardy, Maisse, Méréville, Mérobert, Plessis-Saint-Benoist, Puiselet-le-Marais, Pussay, Richarville, Saint-Cyr-sous-Dourdan, Saint-Hilaire, Saint-Sulpice-de-Favières, Souzy-La-Briche, Torfou, Valpuiseaux, Vayres-sur-Essonne), voir les liens ci-dessus.     

     COLLECTIF, «Documents en ligne sur le pays étampois pendant la seconde guerre mondiale», in Corpus Étampois, http://www.corpusetampois.com/index-39-45b.html, depuis 2004. 

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